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 [Q] - Renonce à ton humanité, deviens le Monstre | Solo

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Dim 14 Fév 2021, 17:27

[Q] - Renonce à ton humanité, deviens le Monstre | Solo 781j
« Le monde serait ennuyeux sans les idiots comme toi pour m'amuser. »


Objectif : Faust reçoit la visite de Dimitri, Créateur de Zoya et prestigieux tacticien de la lignée des Thanos. Ce dernier décide de lui faire subir un entrainement drastique pour se préparer à la guerre à venir.


Allongé sur le sol, j'observais les allées et venues des fourmis trop mignonnes qui travaillaient. J’aurais bien aimé être une fourmi moi aussi, pour soulever ces petites brindilles et construire de belles maisons, toujours impeccables et si graaaaande. Depuis un petit moment, j’arrivais à communiquer avec. Elles me comprenaient. Pas seulement elles, ni les insectes de manière générale, mais tous les animaux. Il me suffisait de parler dans ma langue pour qu’elles comprennent mes intentions en répondant à mes demandes. Ou pas du tout. Certains faisaient mine de m’ignorer ou me trollaient, comme c’était le cas pour Mireille par exemple. Une vraie chipie celle-là, car quoique je fasse, elle finissait toujours par me rendre soucieux. Je pense qu’elle entrait dans sa phase d’adolescence, et que sans la présence de sa mère — ma Grendelou — elle se rebellait comme pour appeler à l’aide. En qualité de père un peu paumé, je faisais de mon mieux, mais comment aborder les problèmes de filles alors que j’étais même incapable de fermer les boutons de ma veste correctement ? Pour Coquin, les choses me paraissaient plus simples puisqu’il se comportait exactement comme moi la plupart du temps ; avec beaucoup de discernements. Mais pour en revenir à la découverte de mon nouveau talent, j’avais dans l’idée de le mettre à profit en tant qu’appui lors de mes sessions de chasse. Le seul hic, c’est que je parvenais à peine à formuler quelques ordres aux petites espèces, ce qui compliquait légèrement la tâche. Immobiliser mes proies avec une armada d'asticots me séduisait assez, sauf qu’ils étaient incapables de bondir à la manière des chevreaux. Si je le sais, c’est parce que j’avais mis au point une stratégie à base de vers de terres et de serpents. Résultat : je me suis retrouvé à fuir pour ma survie avec des crotales au cul, soi-disant parce que les lombrics cherchaient à asseoir leur autorité sur la race des rampants. En tant qu'héritier des débats les plus absurdes, celui-là méritait de figurer au sommet de la liste, devant celui qui consistait à comparer la taille de son chibre par égo masculin.

Le bilan de l’affaire, c’est qu’il me faudrait sûrement entraîner davantage ce don pour parvenir à prendre l’ascendant sur la faune. Si je me débrouillais bien, je n’excluais pas de contrôler des phacochères pour les faire foncer dans des bûches. Ou encore me servir du flair d’un cabot afin de retrouver la trace de ma bien-aimée. Dans tous les cas, je devais retourner au repaire avant de provoquer la colère de Zoya. Je devais être à l'heure sous prétexte qu’un grand festin nous attendait et que nous devions nous préparer au pire, surtout moi. Mon rapport avec les surprises fluctuait pas mal depuis que je travaillais sous son influence. C’est vrai qu’elle me dupait parfois avec de bonnes intentions, mais il arrivait régulièrement que je me fasse gronder à cause de mes prises de décisions, souvent mauvaises et mes actes irréfléchis.

Toutefois, en rentrant dans la zone où se trouvait notre cabane, une odeur pas du tout familière chatouilla mes narines. Le plus étrange, c’est que j’avais beau me savoir en sécurité du fait que nous étions dans la forêt de Myngrimu, j’éprouvais subitement un malaise. Je m’imaginais au milieu d’une toile géante, enveloppé par la soie d’une araignée aussi grosse qu’un arbre. Engourdi par sa morsure, ses mandibules me dévoraient vivant, mon équilibre chancelant lorsque je repris connaissance. Mes pupilles masqués par l’effroi, je m’aventurais finalement à l’intérieur de notre foyer. « Je suis de retouuuu… » Je m’arrêtais immédiatement quand je vis le visage d’un homme que je ne connaissais pas, son teint pâle et livide, à l’instar de ses cheveux d’albâtre m’assurant qu’il appartenait à la même espèce que nous. Assis en bout de table avec un verre de sang entre les doigts, il respirait la haute société. Ses vêtements, propres et élogieux, provenaient d’une lignée aristocratique. Il ne m’accorda aucun regard, pas plus qu’il ne se laissa distraire par un sourire amical.

Quant à Zoya, elle me fixa du coin de l’œil avec froideur, les bras croisés en dessous de sa poitrine. Je me demandais au bout de combien de temps ils allaient osés m’annoncer qu’il s’agissait de mon père, venu réclamer ma garde ou quelque chose comme ça. J’aurais voulu que ce soit si simple, mais lorsque le silence se brisa, la nouvelle qui parvint jusqu’à mes oreilles ne me disait rien qui vaille. « Faust, je te présente Dimitri Lazarus. Je t’en ai déjà parlé, il s’agit de mon Créateur. Un des plus puissants Vampires qui soit chez les Thanos. Son nom est synonyme de terreur. Il existe une règle tacite le concernant : quiconque croise son chemin est prié de le rebrousser ou d’appeler du renfort. Ceux qui ont l’audace de traverser sa tanière ont pris l’habitude d’invoquer un démon avant d’intenter cette folie, c’est pourquoi on le nomme l’antre des pactes. » Ce qui expliquait pourquoi sa gorge se nouait maintenant qu’il se trouvait en face de lui. Elle avait effectivement déjà mentionné son nom, souvent craintive lorsqu’elle ressassait ses péripéties en sa présence. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il en imposait rien que par sa prestance et du calme qu’il dégageait. Un animal féroce libéré de ses cages, voilà ce qu’il inspirait. J’appréhendais d’entendre sa voix, mais d’un autre côté la curiosité me rattrapait, ne serait-ce que pour savoir la raison de sa venue. D’après le comportement de ma mentore, je peinais à croire qu’il se contentait d’une simple visite de courtoisie. On me prêtait souvent la réflexion d’un enfant de cinq ans, et pourtant je savais discerner à quel moment je me trouvais dans la panade. J’hésitais même à croiser son regard par précaution, me retrouvant avec la même appréhension qu’un gamin qui avait fait la plus grosse connerie de sa vie et qui attendait son châtiment pour avoir versé la famille dans le déshonneur. Je ne savais comment réagir jusqu’à ce qu’il prenne la parole, sa voix m'apaisant autant qu’elle me troublait.

Envoûtante au-delà de l’imaginaire, je compris en l’écoutant ce que représentait un Vampire avec des défauts moindres. Il devait tutoyer la perfection de par ses décennies d’expérience. Malgré ça, je ne parvenais toujours pas avancer, même d’un millimètre. « C’est flatteur que de recevoir des compliments de son enfant préférée. Tu n’es pas en reste, Zoya, car tu as accompli beaucoup de choses au nom des Thanos. C’est tout naturel puisque je t’ai donné la meilleure éducation possible à ce jour. Cependant, il arrive occasionnellement qu’en dépit d’un enseignement rigoureux, des erreurs se glissent dans la matrice, donnant naissance à des fruits pourris. » Pour la première fois depuis que je me tenais là, il m’accorda son attention. Étrange, car il s’opposait au sentiment d’amour et de bienveillance que j’avais pris l’habitude de recueillir. Il me toisait comme un ennemi sur lequel il était prêt à fondre. Je voyais d’ici sa puissante mâchoire s’accrocher à ma gorge afin d’arracher ma carotide, mon âme s’éteignant la seconde d’après. En imposant ce silence interminable, il porta le verre à ses lippes, engloutissant la substance restante. Il s’essuya ensuite les mains à l’aide d’un torchon, puis se leva en poussant sa chaise. Il me semblait encore plus grand de près, une montagne de charisme se dressant devant moi. Ses doigts, puissants, se posèrent sur le dessus de ma tête. Pour ne rien changer aux myriades de sensations qu’il imprégnait dans mon esprit, j’avais l’impression de me noyer sous un flot torrentiel continu d’eau. Heureusement qu’il n’affectait pas réellement le taux d’oxygène présent dans l’air, sans quoi j’aurais déjà quitté ce monde. « J’ai entendu parler de toi. Et pas en bien. Toute création se doit d’imposer la fierté de son artisan. Elle doit permettre à ce dernier de se transcender afin de faire perdurer son œuvre dans le temps. Mais que se passe-t-il quand une fausse manœuvre se mêle aux autres compositions ? Soit on s'en débarrasse, soit on améliore ses imperfections. Tu as de la chance, car je ne recours à la première option qu’en cas d’ultime palliatif. Les miens me connaissent comme un faiseur de miracles. Là où je passe, tous se surpassent. » Sa paume lâcha ma boite crânienne, ses foulées gracieuses le faisant passer dans mon dos. Je peinais à croire qu’il était comme moi. Comme nous. Sa bestialité, peu évidente sur l’instant, laissait transparaitre au contraire le caractère d’un individu paisible, à la limite du bienfaiteur. C’est tout juste si je ne me méfiais pas de lui par crainte qu’il s’empresse de détacher la tête de mon buste si je baissais ma garde.

Toutefois, il me suffisait de jeter un regard à Zoya pour me rassurer, son visage ne révélant aucune inquiétude empreinte de violence. Je ne savais quoi faire ou quoi dire, l’intimidation qu’il exerçait sur moi battant tous les records. J’aurais tant souhaité me changer en petite souris pour prendre la poudre d’escampette en fuyant dans un trou, mais d’un autre côté, j’étais fasciné par le talent passif de cet homme à m’éblouir. Je rêvais d’en apprendre plus sur lui, sur son histoire, sur sa façon d’être. La question qu’il me posa vint d’ailleurs troubler mes tympans, l’écho se répandant au travers de ma chair. « Veux-tu devenir plus fort, petit ? » « OUI ! » Aucune hésitation dans ma voix, aucun tremblement dans son timbre. Rien d’aussi futile ne m’empêchait de lui révéler mes intentions alors que je peinais à m’exprimer jusqu’à maintenant. J’ignore si c’était lié, mais son aura sulfureuse m’avait encouragé dans ce sens. Un infime rictus commença à poindre sur le coin de ses lèvres. « Bonne réponse. Ta vie se serait achevée si tu avais affiché une énième déception. Tu n’es pas sans savoir qu’une guerre nous opposera bientôt aux Béluas, ces fauves sans dignité. Il n’est pas question que l’on ploie le genou devant ces animaux, mais pour y parvenir, nous aurons besoin de façonner des guerriers d’exceptions capables d’activer le gène des super prédateurs qui sommeille en eux. Le traitement que je te réserve dépasse l’entendement. Tu échouerais à plusieurs reprises. Tu sueras larmes et sang du crépuscule jusqu’à l’aurore. Tu flancheras tellement que tes jambes s’useront à force de céder sous le poids des épreuves. Quoiqu’il arrive cependant, je t’interdis de baisser les bras, même si pour survivre il te faudra dévorer ton propre bras pour ça. Est-ce bien clair ? » Pour faire court, il me proposait de vivre l’enfer dans le seul but de progresser et de faire de moi une machine de guerre. Les conditions énoncées me mèneraient irrémédiablement à ma perte à la moindre étourderie. D’un autre côté, il m’offrait la possibilité de devenir quelqu’un et pourquoi pas de me faire un nom en marquant la différence. Je partais de loin, de très loin, mais j’acceptais de gaieté de me sacrifier pour la cause. « Faust. Bonne chance. » Je me tournais vers ma Créatrice, heureux de recevoir son soutien. Le supplice pouvait commencer.


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Lun 22 Fév 2021, 21:16

[Q] - Renonce à ton humanité, deviens le Monstre | Solo 781j
« Le monde serait ennuyeux sans les idiots comme toi pour m'amuser. »



Attiré vers lui comme un mioche attiré par l’odeur alléchante de la gelée, je le suivais silencieusement au cœur de la grande forêt de Myugiru. Ça me rassurait de venir jusqu’ici, déjà parce que ce coin m’était familier dû aux nombreuses heures de chasses que j’avais derrière moi, mais aussi, car je connaissais désormais l’endroit aussi bien que ma poche. Tiens, je ne me rappelais pas avoir emporté ce biscuit au goût sang Alfar avec moi. Ni avoir mis ce galet au fond de celle-ci non plus par ailleurs. J’avais la fâcheuse habitude de ramasser tout et n’importe quoi, c’est pourquoi je me retrouvais souvent surchargé sans raison. Mon manteau faisait facilement le poids d’une Grendel ou deux ; une unité de mesure conçue par mon esprit audacieux qui me permettait de savoir combien j’arrivais à soulever sans craindre la hernie discale. Toutefois, ces informations n’auraient bientôt plus aucune raison d’être étant donné qu’elles allaient être obsolètes d’ici la fin de ma formation. Contrairement à moi, Dimitri n’était pas très bavard. Il se contentait de me donner deux,trois instructions par-ci par-là sans m’en dire davantage sur notre destination et sa finalité. J’aurais aimé pouvoir lire ses intentions, mais même si j'en avais eu les capacités, je peinais à croire que cela aurait suffi à le décoder tant il me semblait protéger ses arrières. À côté de lui, je ne valais vraiment pas grand-chose, son aura écrasante effaçant en un rien de temps ma présence jugée trop infantile. Même les éléments de la nature — pourtant si dense et majestueux — s’agenouillaient devant sa grandeur. Il lui suffisait de brandir son bras en avant pour écarter les branches, les feuillages ou encore les marécages. Rien ne lui résistait, sinon le ciel qui restait fidèle à lui-même, impassible. D’un autre côté, j’avais l’impression de compter plus d’étoiles que par le passé. Allez savoir, si ça sa trouve, les billets se vendaient à foison pour assister à ma déchéance de là-haut.

Au bout d’un moment, l’homme s’arrêta enfin au milieu de nulle part. Je ne remarquais rien de particulier, les arbres étant absolument identiques aux autres. Il se tourna vers moi et me fixa avec cette condescendance paralysante. « Ta première leçon se situe juste sous nos pieds. » « Sous nos… » Je baissais instinctivement la tête pour observer le sol de plus près. Au même moment, je sentis une vibration naître sous la plante de mes pieds, les tremblements s’accentuant à une vitesse folle. Et puis soudain, la terre s’effrita, ma silhouette longiligne se laissant porter par une chute interminable, mes fesses en subissant les ardeurs. La douleur mise de côté, je réalisais rapidement avoir été mené dans une fosse. Contre mon gré avec ça. Mes lèvres ne demandaient qu’à remuer pour lui demander ce qu’il prévoyait de faire, mais l’appréhension mêlée à la peur m’en empêcha. Je craignais de réaliser qu’il allait mettre fin à mes jours en dépit de sa promesse. Il en avait largement les capacités, même si ça ne rimait à rien de prendre autant de précautions pour si peu. « Pas d’inquiétudes. Tu vas beaucoup souffrir, c’est un fait. Mais tu ne vas pas mourir. Du moins, si ton corps le permet. » Qu’est-ce qu’il prévoyait de faire ? De m’enterrer vivant et de voir si je trouvais un moyen de sortir avant le manque d’oxygène ? Ou bien me laisser être gangréné par la faim de sorte que je perde tous mes moyens et que je devienne fou ? Quoi que puisse être sa décision, j’avais peu de chance de passer un bon moment. Mes espoirs impliquant de siroter un petit verre en sa compagnie s’envolèrent aussitôt. Du haut de sa tourelle, il me toisa avec condescendance. À croire qu’il se pensait supérieur à moi. Oh, c’était on ne peut plus vrai, mais de là à m’exposer la vérité en pleine face, je trouve que ça manquait un peu de tact. Sa voix, toujours aussi glaciale, finit par m’immobiliser. Il me prenait de haut, je le voyais par rapport au mouvement de ses paupières insidieux.

D’une certaine façon, je comprenais son opinion à propos de moi. Je la tolérais même. Parce que j’étais comme ça, un gars bien qui respectait l’avis de tout le monde. De plus, j’avais accepté qu’on me traine dans la boue dans l’espoir de me faire devenir quelqu’un de meilleur. Me relevant par la seule force de mes bras, je levais le visage vers le principal intéressé de ma condition physique. Dimitri respirait l’émoi de la virginité. À mes yeux, il faisait partie de ces hommes extrêmement rares à qui il suffisait de hausser légèrement le ton pour réussir à faire mouiller les petites culottes. Si je l’évoquais, ce n’était pas à cause d’une piètre intuition sortie du placard, mais bien parce que je ressentais des palpitations semblables dans le bas ventre. Attiré par ses prunelles autant que par le timbre viril de sa voix, je me surprenais à vouloir le suivre jusqu’au bout de la terre, quitte à y laisser ma vie. Sans que je m’en rende compte sur le coup, je me retrouvais dans une posture de domination, mon genou et mon poing fermement ancré dans la vase, le regard fuyant. « Bien. Tu es conforme à recevoir mon traitement, le même que j’ai utilisé pour soigner tous mes enfants indisposés, comme toi, à accepter la chance qui leur a été offerte. » Il plia ses jambes de sorte à s’accroupir, tordant ses doigts laiteux dans ma direction. « Nous ne naissons pas tous égaux, c’est un cycle immuable. Cela dit, j’aime à penser que tout n’est pas figé, que les personnes dénuées de talents peuvent changer si elles le désirent ardemment. Autant te prévenir tout de suite, cette étape ne fera pas de toi un Vampire nouveau, intelligible, puissant et redouté. De tels miracles ne se produisent pas dans un délai aussi court. Cependant, tu auras tellement progressé que la suite de ton aventure s’en verra nettement facilitée. Tu deviendras alors le seul maitre de ton destin. Tu devras choisir entre subir la vacuité de tes intentions déficientes ou bien exulter de l’insatiable cupidité de tout ce qui t’entourera. » S’imposant un court entracte, l’homme à la longue chevelure de topaze argentée referma ses phalanges en un poing, causant l’apparition d’une infinité de lierres qui vinrent me ligoter de toutes parts. Mes chevilles furent les premières victimes de ces attaches, me retenant d’une fugue de dernière minute. Me surestimait-il au point d’envisager que je puisse le faire ? Si tel était le cas, il se fourvoyait, car jamais je n’avais frôlé l’espoir de m’extraire de cette fosse par mes propres moyens.

Mes bras et mon buste furent les suivants à être offensés de ces lianes épineuses qui broyèrent ma chair durant leurs balades sinueuses sur mon corps. Ma peau partait en lambeaux alors même que je n’avais encore commis aucune faute. « Est-ce que… vous voulez éprouver mon endurance ? Le but, c’est de me défaire de ces liens c’est ça ? » Son visage dépourvu d’empathie personnifiait l’intolérance dans toute sa splendeur. De par cette question, il me méprisait davantage. Ce n’est pas tant qu’il trahissait ses émotions, mais plutôt qu’il les exhibait fièrement, divulguant une fois de plus de sa suprématie. « Ta naïveté n’a donc aucune limite ? Tu as cent ans de retard pour avoir l’outrecuidance de te soustraire à mon pouvoir. Ne laisse pas ton impatience te dévorer, la réponse viendra à toi bien assez tôt. Et à ce moment-là, tu regretteras de savoir. » Implacable. Les coups qu’il portaient n’étaient pas physiques, et pourtant, ce sont ses mots prononcés qui m’insufflaient le plus de souffrance. J’aurais tant souhaité lui rétorquer quelque chose d’aussi incisif, mais en ouvrant à peine les lèvres, le symbole de la mort plana au-dessus de ma tête, alors je me tus. « Nous avons suffisamment fait trainer les choses. Je dois te laisser, d’autres préoccupations m’attendent. Si j’ai un conseil à te donner, laisse-toi aller. Abandonne-toi complètement à tes Démons, et tout devrait bien se passer. Enfin, ça reste du conditionnel. » Il s’éclipsa la seconde d’après, sa silhouette s'éteignant dans une volute de fumée noirâtre. Ça y est, je me retrouvais désormais seul, pour de bon, prisonnier par les ronces occlusives qui éraflèrent mes omoplates avec une précision scrupuleuse. De plus, elle écrasait mes parties génitales avec une étreinte encore plus affligeante, de quoi m’arracher quelques supplices que j’avais réussi à retenir jusqu’ici. Toutefois, j’arrivais plus ou moins à le supporter, la douleur n’étant qu’une information que je m’efforçais de faire passer au second plan. Au terme de plusieurs minutes à me laisser asservir par l’inaction, j’entrepris de remuer de droite à gauche avec la même frénésie qu’un poisson pris dans les filets.

Les cordages naturels ne remuèrent pas d’un pouce, alors j’essayais autrement en manipulant le sang qui s’écoulait des mes plaies, le but étant de les consolider suffisamment afin de créer des ruptures sur les lianes et ainsi pouvoir les rompre plus facilement, mais là encore, rien ne se produisit. La magie contenue dans ces dernières dépassait l’entendement alors qu’elle n’en comportait qu’une toute petite part. Plus je le voyais à l’œuvre, plus ce gars m’effrayait. Est-ce que le Seigneur de la Nuit jouait avec les mêmes préceptes ou bien le distançait-il largement ? Moins j’en savais, mieux je me portais. Surtout que j’avais d’autres préoccupations en tête, à commencer par l’arrivée inopinée de quelqu’un qui tomba subitement dans la fosse. « Euh… bonjour. J’ignore ce que vous cherchez monsieur, mais à mon avis vous vous êtes trompés de chemin. Ce n’est pas une boulangerie ici. » Pas à ma connaissance en tout cas. Ce dont je pus témoigner avec certitude, c’est qu’il ne m’entendait pas, ou qu’il feignait de ne pas comprendre. Il avançait d’une démarche chaloupée, titubant chaque fois qu’il parcourait un mètre. Quand il fut assez proche de moi, je reconnus immédiatement les symptômes de l’aliénation. « Monsieur ? » L’ignorance se poursuivait. Arrivé à ma hauteur, il leva son poing et me cogna le visage de toutes ses forces, ma joue héritant d’une marque aiguë. Puis j’entendis un autre bruit sourd mêlé à celui d’une flaque. Un autre individu nous rejoignit peu de temps après, et comme son confrère, il me dota d’un méchant coup sur l’autre joue. Comme si ça ne suffisait pas, un troisième suivi d’un quatrième bougre se manifesta. Inutile de s’attendre à des accolades de leurs parts puisque tous me frappèrent sans distinction à tour de rôle. Les yeux vitreux - cause indirecte de la fatigue - qui me minaient me permettaient à peine de percevoir les visages obscènes de mes oppresseurs. Le sang qui se dérobait de ma bouche manqua de m’étouffer à plusieurs reprises. J’avais du mal à respirer et des difficultés à prendre conscience de ce qui était en train de se passer. De plus en plus persistant, le symbole de la mort se dressait perceptiblement devant moi.


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Dim 28 Fév 2021, 19:05

[Q] - Renonce à ton humanité, deviens le Monstre | Solo 781j
« Le monde serait ennuyeux sans les idiots comme toi pour m'amuser. »



Toujours coincé entre les ronces et de son étreinte sanguinolente, je ne parvenais plus à réfléchir convenablement sur la signification de ce que j’endurais. Progressivement, les épines s'infiltrèrent davantage dans ma chair. D’un autre côté, elles m’apaisèrent aussi beaucoup, mes membres engourdis par une potentielle injection d'une substance de leurs part. De grands bras oniriques m’appréhendèrent, me menant dans un monde limpide où les songes étaient rois. Mes sens se troublèrent l’espace d’un instant, puis se décuplèrent ensuite. Je perçus la silhouette de ma truie favorite qui fuyait son foyer ; le mien. Elle s’éloignait de moi, toujours plus. Au plus je m’efforçais de m’approcher d’elle, au plus la distance se creusait, l’horreur au diapason. Quelle que soit mon entreprise, son ombre devint moins distincte avec le temps. Une voix perça mes tympans. Je la reconnaissais, elle appartenait à l’un des hommes dont la fonction était de me torturer. « Personne ne croit en toi, ducon. Y compris ceux que tu prenais pour des camarades. Ils te méprisent et te fuient tous. » Je refusais de donner crédit à ces menteries. Elles ne m’atteindraient pas, à aucun moment. « Tu déconnes ? Je suis trop sûr que c’est pas vrai. En plus Mireille ne me ferait jamais ça, c’est pas son genre. » La sensation d’une main percutant violemment ma joue retentit. Elle me laissa pantois, mais je ne vis rien qui sortait de l’ordinaire, sinon les ténèbres m’envelopper et me saisir les hanches. Je tendis les bras, désespéré. Reviens, je t’en prie. « T’es complètement taré, même pour un Vampire de cette lignée. J’vais te dire une bonne chose. J’sais vraiment pas pourquoi notre boss perd du temps avec toi, mais j’peux pas laisser passer ça. J’vais augmenter la difficulté pour que tu crèves, et ensuite j’irais m’occuper de ta cochonne. » La tuer ? Mais pourquoi faire ? Elle ne renoncerait pas à moi aussi facilement. Pas de cette façon. La cruauté n’existait pas au point de tordre mes boyaux de douleur. Je devais croire en elle, sinon plus rien ne m’accrocherait à l’espoir d’une conscience sans répressions.

J’aurais voulu l’empêcher de prendre de l’avance, mais il prit de l’avance sur moi et disparut dans les cieux obscurs. « Ah non, certainement pas. Je te laisserais pas faire ! Bon, je te laisse un peu d’avance pour des raisons techniques, mais je te rejoins. Je sais pas du tout ce que je fous ici. Il fait noir et ça sent la pisse. Mamie, t’es là ? Ah ben non, je l’ai mangé peu de temps après être devenu Vampire. Cherchons ailleurs. » Je déambulais dans le néant à la recherche d’une issue favorable. Quelqu’un ou quelque chose finirait par m’extraire de cet abominable cauchemar, sans quoi je ne donnais pas cher de ma peau. Soudain, une personne apparut de nulle part, assis confortablement derrière une table de jeu. Je pris place sur le traversin se situant à l’opposé. J’imaginais que c’était le moment idéal pour le confronter à l’un de mes jeux préférés, un cru de mon invention. « On va jouer à un jeu. Ça s’appelle "le petit flamby". Bon, normalement ça sa joue à un nombre pair, mais on va se démerder. T’as des pièces sur toi ? » Nous étions deux, mais j’allais l’adapter pour faire comme si nous étions trois. « Euh… non. » « Tant pis, on va s’en passer. Prenons ces noisettes à la place, ça fera l’affaire. » Il existait beaucoup de versions, mais elles avaient l'apanage de préserver les mêmes rudiments. « Je t’explique. Le but c’est de chanter trois chansons en raie mineure avec une composition de deux ou trois slanbard. Mais tu peux aussi crier pataquès au moment de la mise ça marche aussi. À condition d’avoir au moins un accord de juste avant de crier aux petits oignons. Dans ce cas je te suggère de frapper six fois d’affiliés dans tes mains si tu veux contrer, ou éventuellement en remettre une couche. Si elle est propre bien sûr, sinon tu dois recommencer le tour à cloche-pied en jetant un dé et deux baies. Après j’ai simplifié pour toi, mais si tu te sens d’attaque on peut tabler sur la vraie variante pour crack. » D’après l’expression de son visage proche de celui de la peur et du jugement, il n’en avait pas saisi toutes les subtilités.

En même temps je le comprenais. Pas de place pour les amateurs dans une partie destinée aux hommes, aux vrais. « Sans façon merci. En fait je suis juste le fruit de ton inconscient, sauf qu’à cause de tes conneries je suis paumé. C’est dire si on est dans la mouise. » Un produit et donc une multiplication. Jusqu’ici, je suivais à peu près. « Ne dis pas n’importe quoi. Si on était ennemis, ça se saurait. Et puis mes seuls ennemis sont les livres sans images. Pas moyen de biter ce qu’ils racontent sans une ou deux gorgées de sang alcoolisé. » Il me fixa avec de gros yeux. « Tout ce que j’sais c’est que ton esprit subit une rude épreuve en ce moment. Le but étant de te rendre assez fou et détraqué pour déchaîner tes émotions refoulées, mais c’est pas gagné. Même moi en tant que subconscient j’ai envie de me barrer et de me rouler sous un lit en PLS. J’sais pas quel est ton pouvoir, mais il craint un max. » Mon regard fut subitement attiré par le dandinement d’une amie à moi. « Une minute, c’est Grendel qui crapahute là-bas ! Qu’est-ce qu’elle fiche ici ? » Elle sautillait telle une petite guenon en m'exhibant fièrement son majeur. Habile. « Grendel ! Ma chérie ! Viens voir papa ! » Quelle rapidité dans son exécution. Elle courait très vite. « Arrête de faire la sotte et viens ici ! Je t’ai cherché partout ! Notre amour ne peut être rayé avec autant de pondérance. Si nous l’acceptons, il nous fera grandir ! Il suffit de tendre les fers en l’air et de me laisser faire tu verras. » Rien à faire, elle s’éloignait et me tirais la langue. Même quand je parvenais à la toucher du bout des ongles, elle partait en fumée pour réapparaitre au loin et me narguer indéfiniment.  « Tu es d’un ridicule mon garçon. Cette fille. Enfin, cette chose ne t’as jamais aimé et ne t’aimera jamais. J’ose même te dire qu’elle te hait profondément. » La main de Dimitri me sortit de ma stase. « Non c’est faux ! Je sais qu’elle m’apprécie pour ce que je suis ! » Des larmes commencèrent à perler sur mes joues. La tristesse s’emparait des derniers fragments de ma poitrine.  

« Collins a raison. Ce clown que tu admires tant t’a abandonné à ton sort. Les Faes sont dotés d’une telle sensibilité qu’elle aurait pu te retrouver à n’importe quel moment si elle l’avait souhaité. Elle t’as lâché comme les autres, et si tu veux en avoir le cœur net, laisse-moi te montrer une partie de ce que l’on nomme la vérité dans ce bas monde. » Il me releva le menton et me tendit sa main. Je l’acceptais. Elle était douce et accueillante. La tristesse se substitua lentement à la colère. Une colère noire et latente. « Je ne peux plus supporter les trahisons. Que dois je faire ? S’il vous plaît, aidez-moi à me reconstruire. Je renonce à l'humiliation et à la tolérance. Apprenez-moi à être comme vous. » Je ne reculerais plus. Le changement devait se produire. « Tu réalises enfin ce que nous sommes. Ce que tu es. Il n’est pas trop tard pour se racheter une conduite. Tu t’es longtemps fourvoyé sur les attentes erronées d’un monde chaotique qui ne suit plus les règles outrancières qu’elle exècre. Tu estimais que ta naïveté suffirait à toucher le peuple qui te condamne. Il n’en est rien. Pour survivre, tu n’as pas le choix, il faut dominer. La bonté est perçue comme une faiblesse que les autres se font une joie de choir pour mieux l'écraser. Il n’est pas trop tard pour se réveiller. Accepte cette main qui t’est tendue et fais de ces hommes qui se sont moqués de toi ton butin. Accède au bonheur en asservissant ceux qui t’ont offensé. Réduis-les en cendres ou fait en tes esclaves. À partir de maintenant, relève-toi, dis adieu à la victime et endosse le costume de bourreau. » Il posa sa main sur mon crâne comme un père bienveillant avec son fils.  « C’est drôle. Je n’ai plus aussi peur qu’auparavant. La tristesse qui serrait mon cœur, elle a comme disparu. Elle a été remplacée par l’excitation, par le besoin intrépide de montrer aux autres ce que je vaux réellement. Non, de me le prouver à moi. Oui, voilà. Je me sens libre d’être qui je veux. » « Voyons si ce que tu proclames est vrai. Donne-t’en à cœur joie. » Un humain prenant ses jambes à son cou dans les bois, son corps frêle, mais néanmoins athlétique se soustrayant derrière les arbres immenses. Avant les changements qui venaient d’opérer dans ma petite tête, j’aurais seulement voulu l’attraper pour faire plaisir à ma Créatrice et pour me nourrir. Dans un sens, je l’avais toujours fait par nécessité. Mais pas cette fois. Là, c’était différent. Mes senseurs en marche, je prenais plaisir à voir ma proie s’éloigner, car je souhaitais m’amuser un peu. C’est pourquoi je lui laissais prendre de l’avance, un sourire orgueilleux arquant mes lèvres. Mon impatience commençait à sa faire ressentir. Je trépignais à l’idée de partir. Mais je devais faire durer le suspense encore un peu, jusqu’à ce qu’il échappe mon champ de vision.

Oh, parfait, voilà ce que j’attendais. Cette palpitation dans le corps, elle me traversa de part et d’autre comme un courant électrique. Jusqu’à la dernière seconde je me résignais à partir, et puis ni une ni deux, mon buste tomba en avant, mes muscles antérieurs sollicitant mon départ. Je fondis à toute allure dans les bois, instinctivement alléché par l’odeur qui chatouillait mes narines. Lorsqu’il entra de nouveau dans ma zone périphérique, je glissais mon index dans la fente d’un couteau relié à ma ceinture. Sans vraiment calculer mon coup, je la lançais de toutes mes forces dans sa direction, le tranchant de la lame effleurant son épaule qui se mit immédiatement à saigner. Je m’arrêtais un moment devant cette flaque pour m’y accroupir, tâtant la mousse pour y recueillir le produit de mes fantasmes et le porter sous mes narines. Ma langue s’apprêta de sa douceur, le goût exquis de celui-ci me causant une légère vibration dans la mâchoire. Je le désirais davantage. Il m’appartiendra, c’est un fait auquel il ne peut plus se dérober. Ancré dans mon esprit, il ne pourra plus en sortir à moins de combler mon palais jusqu’à l'écœurement. Je me redressais sans aucune précipitation, car maintenant que j’avais assimilé une partie de lui, il ne parviendrait plus à m’échapper, même en consentant à tous les efforts du monde. Une sorte de capteur olfactif se présentait à moi. Je visualisais des effluves avec une grande précision. À partir de là, ma proie fut incapable de se soustraire à mon emprise. Je la possédais déjà dans le creux de ma main. J’utilisais l’effroi en ma faveur de sorte à la tourmenter, à lui faire subir mon courroux. Et en moins de temps qu’il en fallut pour le réaliser, mes canines s’enfoncèrent profondément dans la gorge de l’homme acculé. Il n’avait su résister à mon autorité incontestée. J’appréciais ce goût de prestige dans ma bouche. J’en redemandais. Oui. Je voulais une nouvelle fois l’éprouver.



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Ven 05 Mar 2021, 00:05

[Q] - Renonce à ton humanité, deviens le Monstre | Solo 781j
« Le monde serait ennuyeux sans les idiots comme toi pour m'amuser. »



Un émissaire en plus dans mon palmarès. Cet homme avait beau eut essayé de me faire face, j’avais le privilège d’être un Vampire, et donc d’habiter une force bien plus grande que la sienne. De plus, je connaissais cette forêt par cœur à présent, les sentiers n’ayant plus aucun secret pour quelqu’un qui se frottait régulièrement à ses écueils. Maintenant que la marque était disposée sur sa nuque, il devint rapidement un soldat à ma solde. À l’endroit où se trouvait ma morsure se dressait quelques veines bien apparentes, symbole clairvoyant de son appartenance à ma cause. En revanche, il restait un autre individu dans les parages. Quelqu’un qui croyait pouvoir rester inaperçu encore longtemps alors que mon féroce appétit était loin d’être étanché. On ne gâchait pas la nourriture, et certainement pas celle qui espérait vaincre les lois de la jungle en échappant au sort qui lui était convié. Il me suffisait de quelques foulées pour le rattraper, le pourchassant dans les bois avec la condescendance du chasseur. « Bien sûr, je sais que je suis loin d’être le plus malin. La lignée à laquelle j’appartiens est considérée comme étant désastreuse, même au sein de notre race. On m’a souvent traité d'incapable, à raison. Mais vous savez quoi ? J'en ai ma claque d’être le dernier de la classe. Je dois accepter qui je suis sans me fondre en excuses pitoyables. » S’opposer à qui je suis me causait beaucoup de torts, car je pensais trahir mes principes en étant quelqu’un qui m’était étranger. Alors que rien ne me retenait à la vie à l’époque de mon vivant, je continuais souvent de croire qu’être un Vampire me tuait à petit feu. Comment pouvais-je me leurrer à ce point alors même que je m’accrochais péniblement à un filin au-dessus d’un précipice ? Aussi loin que je m’en souvienne, le bonheur ne s’était jamais immiscé chez moi, encore moins lorsque je jouissais d’un corps frêle et symptomatique d’une dépendance que j’aurais dû haïr du plus profond de mes entrailles.

Je le réalisais tardivement, mais Zoya avait toujours souhaité faire naitre en moi ce sentiment de plénitude, celui-là même que je taisais par peur. Durant cette course entre le bien et le mal, je jetais un bref coup d’œil à ma main blafarde. « Il est trop tôt pour affirmer que je m’accepte comme je suis. En me regardant ainsi, je me déteste encore pour tout le mal que j’ai causé. Pire encore, je me déteste pour aimer ça. » La raison principale pour laquelle je m’échappais continuellement de ce cercle vicieux. Rester dans la peau d’un enfant platonique privé de ses joies et d’un avenir radieux, mais non moins respectueux des biens moraux ou bien se laisser engloutir par la réalité et supporter l'emprise de cette bête sanguinaire qui me renforçait chaque jour durant ? Une question rhétorique dont je connaissais la parfaite réponse, puisque c’est depuis que j’agissais sous ces traits que j’eus fait des rencontres fantastiques. L’on trouvait bien sûr Grendel dans mes contacts, mais aussi mon meilleur ami et mon idole ; Dorian. Je riais d’avance d’avoir le luxe de jouer avec lui ainsi qu'avec ses nerfs. Cet homme me plaisait. Je le voyais de plus en plus comme un rival qu’il me fallait surpasser. Il ne le savait surement pas, mais il m’apportait beaucoup de soutien en ce moment même. Quand nous nous reverrons, je me ferais un plaisir de le remercier à ma manière. Glissant mon pouce sur la commissure de mes lippes pour l’essuyer, je me délectais encore de mon repas précédent. « Ce sang qui butine mes lèvres, il est exquis. Je ne suis pas assez fort pour m’en passer. Non. Même si je le pouvais, je ne voudrais arrêter pour rien au monde. » Soudain, l’homme que je pourchassais se stoppa au milieu de la plaine, sans arbre pour se camoufler, hormis deux conifères assez proches qui ne lui procuraient aucune protection. Je ne fis pas un pas de plus et abattit ma cape devant moi. Je me surprenais à fricoter avec la prestance ce soir-là. « Je ne crois pas m’être présenté. Faust Hentforioss. Je suis le Vampire qui dominera un jour les Thanos. » Une promesse orgueilleuse ? Qui sait. Parfois, on avait l’impression que l’impossible devenait possible. On se persuadait de détenir ce qu’il fallait pour voler par-delà les nuages. Des croyances, ou bien des rêves ? J’imagine que la nuance était faible.

Je ne m’étais encore jamais autorisé à aspirer à quoique ce soit jusqu’ici, donc je ne niais pas manquer d’informations à ce sujet. « Le chemin va être extrêmement long. Je ne peux pas complètement annihiler ma bêtise qui est sans aucun débat la plus grande obstruction à mon épanouissement, mais j’ai cru comprendre que l’adrénaline faisait surgir en moi un comportement de prédateur impulsif auquel s’ajoute une profonde capacité d’adaptation. » C’est que j’irradiais en éloquence avec ça. Je m’adressais à lui avec le même langage qu’un de mes confrères expérimentés. Corporellement, je me sentais aussi plus à l’aise, mes expressions étant presque dramaturgiques. Aussi, je m’étais arrêté pour une bonne raison, car je soupçonnais ma proie de me la faire à l’envers.  « Je le perçois à votre attitude. Vous m’avez tendu un piège. J’entends d’ici votre cœur battre la chamade, mais depuis que vous vous êtes positionné là où vous vous tenez, ils sont devenus plus réguliers. Votre stress s’est donc atténué. De plus, j’ai remarqué que vous aviez volontairement levé votre pied en arrivant. » J’ignorais comment tout ceci se chamboulait dans mon esprit. Je ne recourais à aucun pouvoir en particulier. En fait, depuis un petit moment, certains endroits passaient en surbrillance dès que je portais un regard dessus, ce qui attirait indéniablement mon intérêt sur les généralités que je pointais du doigt. « Si ce n’était que ça, je vous aurais talonné sans me poser de questions. Ce qui m’a interrompu, c’est cette seconde odeur qui court dans l’air. Vous n’êtes pas seul, c’est pourquoi vous vous sentez en confiance. » Pareillement, des motifs aux couleurs dissemblables se propageaient ici et là. Ces mélanges succincts d’informations me permettaient sans aucun scrupule de différencier les particules fastidieuses de l’environnement. Je n’estimais pas avoir gagné une habileté spéciale. Ma concentration était simplement plus aboutie. « C’est drôle, car avant de subir ce choc psychologique, je vous aurais très certainement pardonné de me déprécier de la sorte. J’acceptais aisément les critiques, surtout qu’elles étaient fondées. » Je me faisais facilement victimiser en effet, surtout pour une créature de ma trempe qui ne connaissait aucun prédateur. « Les choses en un peu évoluées depuis. Je me sens très, très en colère. En fait, je n’ai plus seulement envie de me nourrir. » Ce serait bien trop expéditif. Personne n’aimait mettre un terme aussi abrupt à ses effervescences. « Pour récompenser votre assurance, je vais jouer un peu avec vous, mes chères proies. » J’en salivais d’avance, mes crocs se heurtant aux rayons lunaires. Je venais de poser le pied en dehors de la limite ; cette ligne invisible qui séparait les hommes des monstres. Activant ma magie de sorte à décupler ma vitesse, je jetais mon membre d’un coup sec en direction du sol afin de couper la corde qui reliait les deux troncs les plus proches.

Comme je m’y attendais, ceci déclencha l’amorçage d’un piège qui fit pleuvoir sur moi plusieurs armes de jet. Anticipant cette réaction en chaine, j'élançais mon bras au niveau de mes épaules, soulevant ainsi un bouclier d'hémoglobine qui me protégea de la plupart des assauts. Ce dernier ne tint pas longtemps, toutefois, la vitesse de mon essor m’aida à réchapper à la cascade. « Bel effort. J’apprécie votre engagement. » Ils savaient comment me prendre à revers, je devais au moins leur reconnaitre cette combattivité. Sans se laisser dissuader par ma maitrise, ils tentèrent le tout pour le tout en m’attaquant simultanément à l’aide de hachoirs qui découpaient la chair comme du beurre. « Plutôt bien joué. » Ils parvinrent à me toucher à quelques reprises. Sans la consolidation du sang, j’y aurais sans doute perdu une main. « Mon sang est de qualité supérieure depuis la dernière fois que je me suis noyé dedans. » La plus grosse erreur de ce calcul résidait dans ma faculté à manipuler le sang. Plus les plaies se traçaient sur moi, plus la quantité de munitions augmentait considérablement. En outre, un allié de circonstance se taisait dans l’ombre. À mon signal, il surgit des méandres des fourrés, s’en prenant aussitôt à l’un des deux hommes. Saisissant le timing, je décochais mes flèches écarlates au même moment, terrassant brutalement mes adversaires. « Vous avez bien lutté. Impressionnant pour des petites pointures. Par contre mes convictions sont désormais plus fortes que les vôtres, c’est pourquoi je ne peux pas perdre. » Cependant, l’un d’entre eux se releva en dépit de ses blessures, manifestement plongé dans une colère qu’il peinait à étourdir.

Il se rua vers moi sans réfléchir aux conséquences. Il me rappelait moi, dans ma jeunesse incrédule. « Tu prends le risque de te précipiter face à ton prédateur ? Quel dommage, tu étais pourtant si bien parti. Tu as perdu ton sang-froid, c’est trop tard pour reculer. » Ma rapière fila tout droit dans sa clavicule, extirpant un cri à ma victime. Je me faufilais vélocement dans son flanc, lui saisissant le bras pour l’immobilier à l’asséner d’une vorace morsure. Je lui brisais enfin la nuque lorsqu’il perdit de son utilité. Dimitri me rejoignit peu de temps après, des applaudissements en guise d’encouragements. « Tu t’es admirablement débrouillé. Pour être sincère, je ne m’attendais pas à un résultat aussi flatteur. Ça me rassure de voir qu’il y a moyen de te rendre terrifiant aux yeux des hommes. Si tu continues sur cette lancée, la guerre ne sera qu’une formalité pour toi. » « Ah ah. Merci. Ça me gêne un peu de recevoir de tels compliments de votre part. Je ne suis qu’un nourrisson et vous m’accordez quand même votre attention. Dites, est-ce que je pourrais vraiment faire du bon travail si je m’y mets sérieusement ? » Il se tut un instant, puis repris avec enthousiasme.   « Aucun doute. Tu disposés déjà de facultés étonnantes compte tenu de ton piètre niveau. Tu es grand et naturellement fort. Ce sont des qualités indispensables pour asservir d’autres Vampires. Je commence à comprendre pourquoi ma fille chérie t’a accordé ce privilège. » « Je ferais de mon mieux pour être le plus utile à notre peuple durant cet affrontement. Formez-moi comme bon vous semble. Je suis à votre entière disposition. » « De toute évidence, nous n’en comme qu’aux balbutiements de ta transformation. Pour poursuivre, tu vas devoir te confronter à mon fils, Niraam. Il est le petit dernier de ma descendance. Il est à peu près aussi jeune que toi, mais ne le prends pas à la légère pour autant. » « Aucune chance. Je crois que j’ai compris à quoi je m'exposais. » Je n’étais pas stupide au point de me risquer à me révolter contre un Seigneur de son acabit.



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Mar 09 Mar 2021, 19:43

[Q] - Renonce à ton humanité, deviens le Monstre | Solo 781j
« Le monde serait ennuyeux sans les idiots comme toi pour m'amuser. »



Nigraam hein ? Il avait l’air fort. Et au demeurant charmant. Les gens devaient vouloir le sucer autant qu’il suçait. Si ça se trouve, il pratiquait tellement la succion que ses lèvres avaient le don d’aspirer l’âme des gens. Et donc la mienne. Mais il tomberait malade s’il se confrontait au trou béant qui la composait. J’aurais bien entretenu un rapport intime avec lui plutôt que de le combattre. Déjà parce que j’étais sûrement le plus mauvais de ma famille dans ce milieu. Dans les autres milieux aussi, là n’est pas la question, mais sportivement parlant, mes chances avoisinaient le zéro pointé, et ce même si je bénéficiais d’une belle souplesse intestinale. Je savais me battre à l’aide d’un fenouil, mais seulement contre des adversaires en armure de façon subrogative. De ce fait, je partais avec un net désavantage puisque de tels courges ne se cultivaient pas dans la forêt de Myngrimu. On ne trouvait que des glands. Quelle plaie. Avant de faire des plans sur la comète, encore fallait-il le voir passer à l’action. Si ça se trouve, le mec semblait balèze, mais puait du cul. Parfois, les apparences étaient trompeuses ; une remarque qu’on me faisait d’ailleurs souvent. De prime abord, on me considérait grand-guignolesque, presque inquiétant, puis on se marrait. Certains mourraient littéralement de rire. De surcroit, on appelle ça un choc post-traumatique tant l’écart entre la croyance et la véracité est immense. Je vais vous faire un aveu, mais j’y comprends absolument rien à la magie. Quand j’essaie d’utiliser mes pouvoirs, ça foire la plupart du temps, et quand j’essaie de ne rien faire, ça fonctionne. Alors quoi, c’est ainsi que ça marche ? Il me suffit de m’asseoir calmement sur une souche et de regarder le temps défiler en mangeant des baies ? Oui, mais c’est gonflant, et les baies, ça donne la chiasse. Sûrement parce que les Vampires ne les digèrent pas, j’en sais trop rien. Tout ceci est bien cryptique. J’ai souvent l’impression de constituer un puzzle dans ma tête, mais qu’à la place des pièces je n’ai à disposition que des cubes. Et pas de la même taille en plus. Bref, j’en ai marre de réfléchir pour rien, alors place à la boucherie. Ah ben tiens, pourquoi je peux déjà plus bouger moi ? Si j’ouvrais les yeux, ça irait peut-être mieux. Ah non. J’ai la gerbe en fait. C’était comme si j’avais la tête dans le vide et que le sang dans mon cerveau circulait mal. Sans commentaire.

En plus, la pesanteur a été inversée ou une connerie dans le genre. Ou alors j’ai bel et bien la tête privé de tout, ce qui serait relativement fou dans le contexte. Après réflexion, le fait que le sol se trouve au-dessus de ma tête ne m’inspirait qu’à moitié confiance. Et mes cheveux noirs qui bravaient la gravité, quel drôle de comportement. Et ben. Je me retrouvais vraiment suspendu dans le vide en fait, avec mon corps saucissonné comme un jambonneau pas frais. Ouaaaah, la rapidité de ce type devait tellement être hors norme. En revanche, la grosse tarte qui suivit dans ma face aurait pu être dispensable. Largement ouais. « Qu’est-ce qui se passe, on a perdu la guerre ? Je vous jure j’y suis pour rien, j’ai couru après le matou comme convenu. J’ignorais qu’il faisait pas partie de l’armée ennemie, moi. Vers le chat, c’est pourtant ce qu’on a cessé de me répéter des jours durant. » « Pfiou. T’es un sacré phénomène, toi. Je m’attendais pas à ça. Tes fusibles ont grillé pendant ou après l’opération ? » « J’suis pas une balance. Je dirais rien, même sous la torture. » C’est pas du tout ce que je voulais dire. Erreur du joueur Vampire en plein match. Marche arrière toute, je vous prie. Ce fou encombra son index d’un courant électrique qu’il me planta dans le torse. Ça picotait grave sa mère, tellement que je faillis m’étouffer. « Bon OK ! J’ai caché l’arme du crime dans le pot de miel. » « Mais qu’est-ce qu’il raconte, nom d’un Rahzdens? » « Voici la théorie de mes rares observations. Quand Faust subit un choc psychologique ou physique assez véhément, le fil de ses émotions s’en trouve si soudainement ébranlé qu’il devient une autre personne. L’hippocampe et le cortex sont simultanément dopés par une molécule proche de l'endorphine, ce qui débloque une sorte de porte dans son circuit cérébral. Autrement dit, notre frère dispose de deux eccéités. » « Je fais confiance à votre lecture, père. Si tel est le cas, alors laissez-moi interpeller son alter ego. S’il passe près de la mort, je suppose que ça devrait suffire à le faire venir. » Ils voulaient manifestement convoquer un de leurs nouveaux amis alors que je me trouvais déjà dans une impasse pas très sympa. Je me débattais comme je pouvais en essayant de gratouiller les petites cordes avec mes ongles manucurés, sans succès. Quant à l’autre zouave, il accumulait une importante quantité d’énergie dans la paume de ses mains qu’il tendit dans ma direction. Si j'éprouvais une telle éjaculation à bout portant, j’allais crever à coup sûr. Tandis que je si la subissais à distance, et bien je succomberais tout pareil, mais un peu nous tard. Ça changeait tout.

Soulevant une grande inspiration, je priais une dernière fois Lubuska de m’accorder son pardon et sa force. En tant qu’élu, elle m’octroierait sûrement une petite faveur. Avec tous les gaz que je lâchais, j’allais finir par m’envoler dans les cieux. Ou pas. La lumière de la technique de désintégration partielle de moi surgit de plein fouet dans ma mouille. Adieu monde cruel, j’ai apprécié chaque moment passé ici à vos côtés. Vous allez me manquer, mais on se retrouvera là-haut. Je fermai les yeux, acceptant mon sort tel qu’il aurait toujours dû être. Mais qu’est-ce je racontais moi ? Pas question d’abandonner en si bon chemin. N’espérez pas me voir continuer à rester un perdant, car le goût de la victoire ragoûtait trop mes pupilles. L’explosion cataclysmique eut bien lieu, sauf qu’elle n’emporta aucune partie de mon corps dans son souffle, juste des bribes de ma tenue qui partaient en lambeaux. Je pris une grande inspiration derrière ce mur de flamme qui dévorait la végétation sans compassion. Nigraam aspira le feu, celles-ci s’évanouissant entre ses phalanges. J'étais chaud bouillant. « Tu n’aurais pas dû m’invoquer, tu vas le regretter maintenant. » « Au contraire. La victoire n’aurait pas la même saveur si je me contentais d’éliminer un sot. » « Oh ! Je ne serais pas aussi conciliant que toi. Tu mourras en idiot pour m’avoir forcé à venir. » « On verra bien qui rira vers celui qui rira vers la fin. Hein ? » Surpris par la bêtise contagieuse de mon alter ego, j’exploitais de cette brèche pour m’immiscer dans son angle mort et lui porter un coup entre les côtes en repliant mes doigts. Il flancha légèrement, se réceptionna et déclencha une volute d’électricité au-dessus de ma tête pour me la verser dessus. Je ne mangeais pas de ce pain-là, désolé camarade. J’avais trouvé la plage nécessaire pour me faufiler en dehors de ce déferlement, traçant aussitôt un arc de cercle avec mon pied droit afin de lui projeter des résidus de végétaux. Je raidis ensuite mon bras en avant pour créer un arc cruenté composé de sa sagette en vue de lui décocher dans le thorax.

Cette flèche changea de direction au tout dernier moment, contournant sa riposte avec brio pour se vacher dans ses omoplates. Quelle ingéniosité de ma part. Plongé dans l’écran de fumée que mon assaut suscita, Nigraam ria à gorge déployée. « Fascinant. Tu n’es plus du tout le même homme. Le dérèglement est si drastique que je ressens du respect pour mon adversaire. Un peu d’admiration aussi, je le concède. » « Hmpf. Si tu as le temps d’encenser ton bourreau, sers-t’en pour chercher une échappatoire. Enfin, si tu t’en sens capable. » L’orgueil ; un sentiment de supériorité si renforcé qu’une voix nous soufflait sans cesse notre suprématie. Je l’entendais régulièrement depuis tout à l’heure. Elle m’encourageait à aller toujours plus loin, à engager de sérieuses représailles envers ce moins que rien. Toutefois, j’allais désormais me confronter au vrai Nigraam. Ses prunelles changèrent de teinte. Il lisait en moi comme dans un livre ouvert. « La respiration est indispensable pour donner au corps l’oxygène dont il a besoin pour se mouvoir. Et bien sache que je suis capable de la prédire en observant la circulation sanguine. » Autrement dit, il attendait l’inspiration que j’allais inconsciemment prendre, et frapper au moment opportun. Ce n’est pas tant le fait d’avoir été pris de court qui m’effraya, mais bien le sentiment étrange que me procurait la vision de Nigraam qui avançait vers moi. Cette posture, la paume de la main tournée vers le haut comme si elle présentait une offrande au ciel, elle me fit instinctivement reculer.

Une rapière naquit du néant, transperçant l’atmosphère en un estoc foudroyant qui perfora l’un des mes poumons. Tcha. La surconfiance : une arme à double tranchant. J’aurais dû me méfier de l’enfant d’un prodige. Cela dit, je lui retournais rapidement le compliment en lui énonçant mon pied dans le tibia. « Pas mauvais. Tu peux faire beaucoup mieux n’est-ce pas ? T’es encore loin d’être au max, je le sens. Me manque pas de respect, ordure. » « Bien vu. Tu as raison. Tu as admirablement combattu malgré ta condition. Les dégâts que j’ai subis de par ton niveau désastreux m’ont surpris à plus d’une reprise. Pour te féliciter, je vais te révéler la technique ultime du clan Lazarus. » Une scission se déroula à hauteur de son poignet, ce dernier se dénouant subitement pour laisser entrevoir les vaisseaux sanguins qui frétillaient d’excitation. Ils ressemblaient à des vers se regroupant concomitamment, intenables et insatiables. Une merveille visuelle. Portés par une prestesse sans second, les artères se ruèrent sur moi de toutes parts. Profitant des effets similaires à des fouets, elles me clouèrent sur place. Couvert d’hématomes en quelques secondes à peine, je fus balancé telle une vulgaire poupée de chiffon à l’autre bout du terrain. J’arrivais cependant à réduire l’impact de ma chute en implorant un trampoline raisiné sous mes pieds, mais c’était sans compter la violence des coups suivants qui m’accabla d’autant plus ardemment. La quantité d’armes qui se prifilait devant mes yeux ébahis ne me laissait pas la moindre opportunité pour protester. En dépit de ma volonté d’y réchapper, je n’en avais tout simplement pas les moyens. Le deuil de mon incapacité à réagir me mura dans le silence. Toutefois, j’acceptais la punition avec le sourire, car je m’étais tout de même bien amusé. Ce combat m’avait apporté plus qu’un assouvissement personnel. Grâce à lui, je réalisais combien le monde était vaste, et aussi qu’il me faudrait trébucher un nombre incalculable de fois avant de gagner le droit d’être appelé un Vampire. Cette leçon renforça ma volonté d’écrire mon nom dans l’histoire.



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Lun 22 Mar 2021, 00:44

[Q] - Renonce à ton humanité, deviens le Monstre | Solo 781j
« Le monde serait ennuyeux sans les idiots comme toi pour m'amuser. »



Bon, ce qu’on foutait ici en cercle à se regarder dans le blanc des yeux me dépassait. La dernière fois que l’on m’avait contraint à assister à ce type de réunions, elle mettait en avant différents alcooliques venus se plaindre des conséquences de leurs beuveries. On m’avait pris pour l’un d’entre eux, donc dans la panique, j'avais dû raconter n’importe quoi. Suite à mon histoire, ils s'étaient tout de suite mieux sentis et m’ont souhaité bonne chance pour la suite. Une attitude attendrissante que je ne détectai pas vraiment dans l'immédiat. « Tu as enduré la souffrance mentale. Désormais, c’est la physique que tu devras supporter. Je te présente mon second fils, Hanks. Il n’existe pas meilleur Vampire dans l’étude de la torture. Tu vas vite comprendre pourquoi. » Qu’est-ce à dire que ceci ? J’étais persuadé que la maltraitance prenait place depuis l’épisode un. Or nous étions au chapitre six et ils ne me parlaient de ça que maintenant. Mes genoux grelottaient impunément. Impossible qu’ils soient sérieux. « Est-ce vraiment nécessaire toute cette violence ? Je m’amusais un peu au début, mais je sais pas pourquoi je le sens mal ce coup-ci. On ne va pas un peu trop loin ? » Le point de non-retour avait été franchi depuis belle lurette, je le savais bien, mais ça n’empêchait pas de faire les victimes. Qui sait, en émouvant les hommes, on obtenait parfois beaucoup plus qu’en s’insurgeant contre le système en cours.

Adoptant la posture de l’œuf soumis à la gravité, je cherchais à lui inspirer de la pitié. Étonnamment, il m’ignora. Je m’y attendais, un si grand professionnel savait surement parer toutes les ruses. « Tu as pris trop de retard sur tes frères, il n’y a donc rien que nous puissions faire qui nous amène à aller trop loin. Actuellement, ton corps ne s’est pas encore adapté aux changements, car il a forgé une sorte de protection autour de toi. Sans cette barrière, tu t’écroulerais sous le joug de l’épuisement et tu t’endormirais probablement pour l’éternité. Une fin trop rude, même pour toi. Et puis, je n’ai aucune envie de combler les autres lignées. C’est pourquoi tu vas faire un effort et survivre. Quelles que soient les pensées qui traverseront ton esprit à ce moment-là, accroche-toi à la vie. Ne meurs sous aucun prétexte. Si tu cèdes maintenant, tu donneras raison à tous ceux qui t’ont méprisé. Or, s’il y a une qualité qui mérite d’être épargnée chez toi, c’est ta volonté inébranlable. » Survivre, ça paraissait si simple venant de sa bouche, alors que pas du tout. Imaginer qu’il prenait les choses très au sérieux me fit froid dans le dos. Je me contraignais à garder la face, adoptant une pose qui ne laissait pas le moindre doute interagir sur mon aisance naturelle. « Vos mots me touchent, j’ai envie de chialer. Ah non, j’ai juste une poussière dans l’œil. » Je restais quelqu’un de raisonnable qui ne se laissait guère dominer par ses sentiments. Ce cri intérieur ne signifiait rien, je le jure. Je le saluais donc, enroulé dans ma cape. « Enchanté Hanks. Je suis prêt. Enfin, pour être sincère avec toi, c’est faux, je tremble comme une feuille morte et j’ai l’impression d’entrer dans le royaume de la mort pour aller jouer aux osselets. Je suis conscient que cette provocation me coûtera cher, mais tant pis. Quand faut y aller, faut… faire gaffe. Mais y aller quand même. » Pour une raison qui me dépassait, il me fascinait moins que Nigraam. Je n’irais pas jusqu’à prétendre qu’il me souhaitait le meilleur, car ses intentions ne semblèrent pas moins pernicieuses que celles de son frère. Cependant, il m’inspirait davantage confiance. « Je respecte ton courage. À partir de maintenant, c’est entre toi et toi seul. Ce que je vais te faire subir dépasse l’entendement. Normalement, je recours à cette méthode pour exercer le pire châtiment qui soit sur ceux qui l’ont mérité. J’ignore s’il fonctionnera comme nous l’espérons. C’est un pari audacieux qui t’amènera soit directement vers des sommets soit dans le néant. Respire un bon coup, prépare-toi mentalement et n’oublie pas : n’abandonne sous aucun prétexte. » Mes entrailles me titillaient de l’intérieur comme s’ils essayaient de me transmettre un message. Ces sensations étranges qui sillonnaient mes nerfs pour me prévenir d’un danger imminent me laissèrent entrevoir le visage de la faucheuse. Elle portait de vieilles sandales, bien moche avec ça. Et que dire de son collier en dents de castor d’un mauvais goût sidéral ? Sans doute qu’ils envoyaient quelqu’un en fonction du gars à moissonner, ce qui en disait long sur la considération qu’ils avaient pour moi.

J’aurais aimé me préserver de ses grands bras émaciés qui avançaient vers moi avec l’intention de m’étreindre. Non monsieur, je refuse votre invitation à danser. De toute façon, je dispose déjà d’une cavalière qui attend sagement mon retour, alors foutez le camp. La brume noirâtre se volatilisa, appelant la recrudescence de mon bourreau, qui doté d’une saillance sans commune mesure me fixa droit dans les yeux. Je flippais tellement que j’aurais pu me pisser dessus, là tout de suite, mais ça aurait été du plus mauvais effet dans ces circonstances. Quoiqu’il en soit, la tension grimpa en flèche maintenant que je me retrouvais au milieu de la plaine sans savoir ce qu’ils me réservaient. Avec du recul j’aurais aimé ne jamais le savoir. Un coup d’œil sur le côté me fit réaliser bien trop tardivement qu’un bras me manquait. Le sang s’échappait de mon amputation tel un énorme geyser, ses éclaboussures peignant l’herbe fraîche de ce rouge incandescent. Mon cri de douleur transperça les cieux, poussant les animaux à fuir devant la terreur inculquée par ma souffrance. J’étais à deux doigts de tomber dans les pommes, mes jambes flageolantes peinant à rester accrochés. Mon buste pencha vers l’arrière, fluctua en avant et sur les côtés, et puis… et puis mon bras fut de nouveau accordé à mon épaule comme s’il ne s’était jamais rien passé. Quel Enfer sur terre. Le responsable de ce mal-être et de cette bénédiction était le même que depuis le début. Sans que je puisse ouvrir les lèvres pour porter mon message, mon second bras flotta dans les airs à côté de moi, empruntant les mêmes conséquences que tout à l’heure. Je me tordis de douleur dans tous les sens, disposant ma main gauche sur mon moignon dans l’espoir d’atténuer cette effroyable hémorragie. J’avais le sentiment de n’être rien d’autre qu’un verre de terre qu’on s’amusait à couper au couteau avant d’essayer de recoller les morceaux. Cette douleur, indescriptible par les séquelles qu’elle me laisserait me déstabilisaient au plus haut point. La sueur perlait de mon front, s’étalant sur tout mon visage avant de suinter de tous mes pores. Une nouvelle fois, il répara mon bras pour mieux m’en dessaisir, me soigner encore et compléter sa torture par d’autres amputations.

Je perdis tantôt ma jambe, tantôt mes doigts, tantôt un morceau de ma clavicule, tout cela dans un énième tourment indicible. À l’instant T, le désir d’abandonner devint de plus en plus fort. Je ne voyais pas l’intérêt de continuer à vivre dans cet état dans le seul but de devenir un tantinet plus fort. Tout ça pour correspondre aux standards qu’on attendait de notre lignée, pour faire de moi une bête assoiffée du sang de mes ennemis. Ça n’avait aucun sens, alors pourquoi me refusaient-ils ce droit ? Même en renonçant à cette vie qui ne me plaisait plus, on ne me laissait y accéder selon ma propre vision. Visant le souhait de m’empaler contre la branche d’un arbre, Hanks m’en éloigna pour mieux m’y étendre et me régénérer en échange. Le souffle coupé par l’interruption de mon cœur, il reprit aussitôt son activité, soigné séance tenante en retour. Les minutes suivantes se ressemblaient et se variaient pour mon bourreau, heureux de satisfaire sa démence par des coups toujours plus injurieux. Successivement, je pris part à toutes les morts les plus cruelles ; des pointes effilées me perforant les globes oculaires, passants derrières moi avec de me charger d’une nouvelle technique qui perça mes organes aussi précisément qu’une aiguille aux mains d’un couturier. Mes crachats de sang furent de plus en plus fréquents et rapprochés, je ne comptais plus le mal qui me rongeait ici et là. Qu’importe où je juchais mes doigts, je ne trouvais rien d’autre que la déchéance d’un Vampire sur le point de craquer. Il se jouait de moi avec autant d’irrespect qu’une poupée de chiffon, ma chair ne valant pas mieux qu’un morceau de viande qu'on donnait en pâtures aux chiens. Malgré ce traitement, il me laissa me reposer pour la première fois depuis le commencement de cette phase.

À terre, inerte et sans aucune volonté, je ne cherchais plus à me relever. Je n’en avais que faire, cette détermination m’ayant poussé jusque là ne gardant plus aucune trace de ce qu’elle avait réussi à forger chez moi. « Tu vas renoncer en étant aussi proche du but ? Ne me fais pas rire. Il en fait beaucoup plus pour venir à bout des idiots. Puise au fond de ton orgueil et sors-nous le grand jeu. C’est maintenant ou jamais. » Renoncer en si bon chemin, personne ne ferait quelque chose d’aussi regrettable. Je ne me voyais pas non plus lâcher du leste dans un moment aussi critique. Si je m’y mettais sérieusement en redoublant d’efforts, il serait fier de moi. Lui et tous les autres qui me sous-estimaient. Frappant du poing sur la terre meule, je me ressaisissais. Je n’étais pas prêt de me résigner à larguer mon titre de Vampire le plus stupide de tous les temps. À dessein de respecter cette tradition que je me ferais une joie de transmettre à mes futurs enfants, il n’était pas question de céder. Penché, crispé sur moi-même, je joignis les mains sur le manche de ma rapière. Mettre fin à ce périple de victime m’apparaissait clair. Fusant dans sa direction, je voyais clairement les attaques se ruer sur moi, ce qui me permit de les esquiver sans peine. Les articulations de mes coudes se mirent à craquer lorsque le bourreau se cramponna à ma ceinture et au fourreau de l’épée que je revêtais en bandoulière. Extirpant ce dernier de sa maison, je portais un coup latéral au-dessus de la hanche et, exécutant une brusque pirouette pour contrer la latte de mon pourfendeur, j’évitais sans difficulté le coup imprécis et désordonné que le monstre attribua en désespoir de cause. Je rejetais le meurtrier avec la véhémence d’une parade qui se termina par un coup de lame porté à la joue gauche de mon adversaire. Hanks chancela en se saisissant le visage. Enfin, je pivotais d’un demi-tour en jetant tout mon poids sur la jambe droite et d’une courte botte lui sectionner la carotide. Inondé de sang, il se recroquevilla et tomba à genoux avant de basculer la tête la première dans le sable. Je me retournais lentement vers Dimitri. D’un signe silencieux, il approuva ma réaction, esquissant un sourire perceptible uniquement sur ses lèvres.




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Lun 29 Mar 2021, 23:36

[Q] - Renonce à ton humanité, deviens le Monstre | Solo 781j
« Le monde serait ennuyeux sans les idiots comme toi pour m'amuser. »



Mon corps en ébullition ne réclamait qu’une chose : passer à la suite. L’adrénaline causée par toutes ces situations rocambolesques me forgeait une résistance à l’humiliation hors du commun. Mes trippes hurlaient à la mort, mes poumons recrachant en contrepartie tout ce poison disséminé dans mes organes. Peut-être étais-je en train de contracter une maladie bizarre qui m’amenait à aimer la souffrance, je ne sais pas. D’une certaine façon, j’éprouvais une affection toute particulière pour le sadomasochisme depuis le début de ma carrière, sans quoi je ne serais jamais allé aussi loin. L’homme chargé de la suite de ma formation se ramena alors, ses iris marquant une pointe d’admiration. Je commençais à avoir l’habitude. Tous m’idolâtraient plus ou moins, conscients de la contribution que j’apportais aux autres personnes dans le besoin. D’une voix claire et audible, il se manifesta. A ses côtés se tint une autre entité que je reconnus instantanément comme un homologue. De par son faciès équivoque, il me rappelait mes plus belles années. Sans hésitation, je le classais dans le haut du panier, là où la garniture est la plus savoureuse. « Changement de programme, un autre gars va t’accompagner. Il a besoin d’apprendre les ficelles du métier comme toi. Aujourd’hui, on va vous enseigner l’art du combat. S’il y a bien un conseil que je peux vous donner, c’est de ne pas faire les cons. » Des yeux en billes magnifiées par sa candeur, des oreilles mi-pointues, mi-arrondies agrémentés par un léger frétillement qui mimait celui des poissons lorsqu’ils mouraient. Et cette jolie crête de jais — identique à la mienne — peaufinait son attitude que je jugeais excellente.

J’avais l’impression de me trouver devant un miroir qui gommait tous mes défauts, une vraie perle. Je lui tendis la main afin de le saluer, car nous étions deux êtres hermétiques, sous-entendant un respect mutuel. « Enchanté copain, comment tu t’intitules ? » « Mes amis m’appellent Speedy. » « Tu as des amis ? Trop cooool. » « J’en avais. Qu’ils reposent en paix. » Surement les conséquences d’une boulette. Je ne connaissais que trop bien. Je perdais la plupart de mes alliés par inadvertance, souvent au détour d’une ruelle, quand ils arrivaient à se soustraire à ma vigilance. Les salauds. « Quel est ton vrai nom alors ? » « Speedy. Mais mes autres copains m’appellent Drittsekk. Ça signifie “espoir” en langue ancienne. » « "Cause perdue" exactement. C’est ça que ça veut dire. » « C’est pas gentil. » « C’est même carrément méchant. » Les traductions de nos jours, en plus d’être invectives, ne rimaient quasiment à rien. Je voyais mal comment il était possible de perdre une cause, à supposer en avoir trouvé une un jour. Je ne rentrais pas dans cette case, personnellement. Je préférais poser mes mains sur l’amour. Une bonne pêche d’amour, bien ronde et dodue. « Vous débâterez plus tard à ce sujet. Dans un premier temps, j’aimerais me faire une idée de votre niveau actuel. Vous voyez ces bois d’entraînement ? Allez-y, frappez dedans. » J’étais pas très futé, mais j’émettais de sérieux doutes quant à l’utilité de frapper des rondins de bois. Animés par des rotations en tous sens, il suffisait d’esquiver et de frapper à notre tour au moment le plus propice. En théorie, ça semblait être un jeu d’enfants, mais en pratique, on se fit tous les deux rapidement bolosser par cet appareil du démon. C’est donc ça qu’on appelait de la souille en bonne et due forme ? « Il contre-attaque, AOUUUUH ! » Mon confrère ne s’en sortait pas mieux que moi. À l’inverse, il se prenait tous les revers du mannequin, ses bras et ses jambes l’expulsant conjointement tête la première dans la gadoue.

Il affrontait cet adversaire comme si sa vie en dépendait, mais malgré toute sa volonté, il perdait sur toute la longueur. « Prends ça, gredin ! » Je n’étais pas mieux loti, ses coups me revenant en pleine face avec la même vélocité qu’un boomerang jeté de toutes ses forces. J’allais tout perdre dans cette bagarre, à commencer par ma virginité. Notre instructeur observa la scène les yeux écarquillés, estomaqués par le rendu de notre étalage qui frôlait le néant, et le terme choisi était encore bien trop pauvre pour déterminer notre échelon actuel. « Ah ouais on part de loin. De très loin, même. Mon évaluation vous porte au même rang qu’un enfant de six ans. Je m’excuse envers ces enfants, ils ne méritent pas d’essuyer de telles comparaisons. Approchez. » Soudain, tandis qu’il ne s’attendait probablement pas à ça de notre part, nous obéîmes et nous nous rapprochâmes, car nous voulions à tout prix éviter de repartir avec des carreaux d’arbalètes dans le cul en témoignage de notre insubordination. Les paumes collées ensemble, nous le saluâmes. « T’es vachement fort. Quand t’as esquivé le retour là, ça m’a scotché. » « Tu déconnes ? Je me le suis pris en pleine tronche, j’ai failli perdre conscience. » « Ouais, mais c’est bien déjà. » « Question subsidiaire, quel… » Mon camarade leva le doigt par politesse et lui coupa aussitôt la parole. On appelait ça une contradiction. « On va aller sous l’eau, déjà ? Ooooh. J'sais pas nager. » « Moi non plus. Mireille m’a sauvé cinq fois de la noyade, je suggère de revoir votre plan, chef. » Sans même évoquer le fait que rester dans l’eau plus de cinq minutes me faisait atrocement puer des pieds. « Y’a pas de plan qui tiennes, je vous parle pas de ça bande de cons. Subsidiaire, c’est qui accapare l’attention sur autrui. Non attendez, je me suis gouré. Vous êtes en train de me contaminer avec vos idioties. Allez dans le métro, satanas ! Putain merde, c’est puissant votre merde. Respiration. Expiration. Bien, comme je le disais, subsidiaire ça signifie que vous devez fermer votre mouille et répondre. Voilà. Du coup je réitère ma question… Putain j’ai oublié. » « Vous êtes sûr que ça va chef ? On vous sent un peu dans les choux là. Dans un forêt, c’est relativement rare. » Mon camarade s’absenta, sa silhouette se dissipant dans le cœur de la sylve.

Il ne revint que quelques minutes plus tard, le visage couvert de terre. « J’ai vérifié, pas de choux à l’horizon, chef. Faust a raison, vous voulez vous asseoir, prendre un verre ? Qu’on aille vous chasser un belet ? Ou son alternative moins consistante, une belette ? » Frappant du pied pour calmer nos ardeurs, je le vis serrer des poings tellement forts que je pris soin de reculer d’un pas ou dix. « Arrêtez surtout de me faire chier avec vos conneries et laissez-moi reprendre le cours des choses. Je vous demandais si vous aviez une idée, globale ou non, de ce que vous feriez pour commencer. Par exemple, toi Speedy. Si tu devais choisir une arme pour te battre, laquelle prendrais-tu en dehors de ton arme habituelle ? » « Une chaise. » « Est-ce que tu vois l’ombre d’une chaise dans cette forêt ? Réfléchis et regarde autour de toi bon sang. La nature t’offre un large éventail de possibilités. Il ne tient qu’à toi de l’interpréter et de t’en servir correctement. » « Ah. Un fenouil alors. On en trouve dans la nature, notamment dans les potagers et en plus ça contient beaucoup de fers. Un coup de fenouil avec la partie contondante peut causer beaucoup de dégâts, surtout si on frappe du côté droit de la tempe. Je sais de quoi je parle, j’ai déjà assommé quelqu’un en lui balançant un fenouil dans la tête. » « Tu te fous de ma gueule, c’est ça ? Tu cherches juste à me pousser à bout ? Pas de chance, gamin, mon mental est durement formé aux pires tortures. Quelqu’un comme toi ne me fera jamais craquer. AH AH AH AH ! » Son comportement dictait tout le contraire. Tous les symptômes conduisaient vers la crise d’épilepsie. Allez savoir ce qu’il nous couvrait. « T’as déjà cassé notre instructeur, Speedy. Comment on va s’y prendre pour le réparer maintenant ? » « Mais non, il va très bien regarde. La machette qu’il a dans les mains va surement lui servir à couper court à ce dialogue de sourds. » Effectivement, il aurait pu s'il ne l'avait pas faite valdinguer dans les airs pour abattre un piaf. « Et toi Faust, comment tu t’y prendrais ? Essaie de pas me sortir une ânerie aussi conséquente que ton collègue. Selon ce que tu baves, il est possible que je sorte de mes gonds. » « Les Gonds sont un peuple de l'Est, non ? » « Rien à voir, ce sont des machins métalliques qui maintiennent les portes. » « Mais je vois pas le rapport dans le contexte, là. Vous êtes une porte, chef ? » Son poing s’écrasa sur nos visages respectifs, nous remémorant la vraie corrélation à la douleur. Sacré nom d’une biquette, notre visage en sang portait désormais les stigmates de notre crétinisme. « Celle-là, elle picote un peu fort. Par précaution, je vais me résoudre à la garder en sourdine. » « Hm. Personnellement je prendrais un bout de bois. Genre je sais pas, euh… » Je m’approchais des souches autour de moi, arrachant de gros morceaux en le fendant de ma magie.

J'énumérais les composants un à un, en fonction de leur degré utilitaire. « Pas ça parce que c’est trop long, et pas ça non plus parce que ça file des échardes. Pour le manier, c’est pas très agréable, donc je suppose que je prendrais quelque chose comme ça dans la précipitation. Ouais, ça me semble être un bon compromis. » Je ramassais une branche semée sur le sol aride. « Une brindille ? Tu te battrais avec une brindille ? Et t’espères causer du tort à qui avec un truc aussi rincé ? Bon écoutez, c’est pas grave, on va laisser tomber l’utilisation des objets pour cette fois, compris ? Je vais vous enseigner ce que je peux, sans armes, avec seulement votre puissance de Vampire. De toute façon, vous aurez la plupart du temps vos armes avec vous. Quant à votre force, elle est suffisante pour écraser la majorité des types qui vous feront chier. Et vos divagations feront fuir les érudits. À partir de maintenant, silence radio. Vous ne sortirez d’ici que lorsque vous aurez maitrisé les arcanes. » Il en avait de bonnes lui. Travailler sans parler, ça ne rimait à rien, de la même façon que nous ne mordions pas sans ouvrir la bouche car devenant bien trop fastidieux. J’étais curieux de savoir comment il allait s’y prendre pour nous faire taire. D’autres étaient passés avant lui sans jamais aboutir au résultat escompté. De plus, je ne me battais plus seul à présent, mon partenaire possédant des capacités similaires aux miennes sinon supérieures. Nous étions invincibles, nous pouvions conquérir la raison au profit… ah merde. Malgré mes efforts, mes lèvres restèrent scellées. Cousus par un sort magique, nous fûmes dès lors condamnés au silence. Je le félicitais intérieurement. Réussir à réaliser le fantasme international d’autant de personnes au détour d’une rencontre, ça frôlait l'insolence. Dans ces conditions, nous nous concentrâmes sur le cours. Étonnamment, étant moins distrait par les nos divagations, nous fûmes largement plus à même de comprendre ce qu’il exigeait de notre part.



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Lun 05 Avr 2021, 00:32

[Q] - Renonce à ton humanité, deviens le Monstre | Solo 781j
« Le monde serait ennuyeux sans les idiots comme toi pour m'amuser. »



De fil en aiguille, je me sentis beaucoup plus fort qu’au départ. J’avais le sentiment de pouvoir soulever n’importe quoi, comme la montagne qui perçait les cieux de Myngrimu. Bon, peut-être pas à ce point, mais le caillou qui gisait à mes pieds, ça oui, je le lèverais sans soucis, contrairement à mon mat qui ne se dressait pas beaucoup ces temps-ci, hormis lorsque je pensais à certaines personnes de mon entourage. En attendant qu’il se manifeste de toute sa longueur, Dimitri recouvra le chemin de la plénitude en popant devant nous. Une canne au teint reluisant se matérialisa entre ses longs doigts blancs et effilés. « Nous sommes sur la bonne voie. Votre bêtise est épidémique, quelque peu délétère, mais elle s’en tient à vos facultés intellectuelles. D’une certaine façon, je plains vos futurs ennemis. S’ils ne se suicident pas avant la fin, c’est qu’ils mériteront mes considérations. Dans ce cas, je leur soumettrais de plates excuses. » Quand il avança d’un pas, une subite aura recouvrit sa silhouette, à présent versée d’une sorte d’oriflamme brûlante. Sous ses pas, l’herbe aux alentours se désagrégeait, lentement, sans virulence. Cette lune dans le ciel, cette nature assoupie, cette sylve soulagée, cette végétation au halo reposant, l’instant présent et le silence ajoutaient je ne sais quoi de solennel et d'indicible à la vénérable sérénité de ce cet érudit. Magnifié d'une sorte d'auréole impériale, sa crinière blonde et ces yeux clos sublimaient cette figure où tout était espérance et où tout était confiance

Ses lèvres tremblèrent de paroles presque insidieuses, affermies par sa transe. Sans la savoir, nous avions déjà perdu, ses ongles traçant un cercle insipide, sa gestuelle invoquant une paire de clochettes autour de son cou. « Par Lubuska, j’ai promis statutairement de faire de vous de fiers soldats. En cela, je me révoque de ce contrat. Qu’à cela ne tienne, vous ne serez pas de piètres vétérans, car l’un comme l’autre vous êtes devenues des adhérents à ma cause. » Tout en parlant ainsi, il semblait que le Asharg, la prunelle attachée sur Speedy, cherchât à enfoncer les pointes aiguës qui sortaient de ses yeux jusque dans la conscience de sa subconscience. Ou quelque chose dans le genre. « Une consigne : attraper la clochette. Je me défendrais si j’en vois la pertinence, sans quoi je me contenterais de me sauver sans vous prêter l’ombre d’une opportunité. » Un combat à un plus un contre un, ça ne me disait rien qui vaille. Depuis le début, Dimitri défonçait absolument tout, et sûrement même sa propre mère. La finesse de ses muscles était proportionnelle au traitement drastique qu’il m'infligea lors de notre première rencontre. Je pensais Zoya dure, mais elle ne tenait pas la comparaison devant cet être infâme. Pour autant, je ne le détestais pas. Il arrivait à me subjuguer en parlant peu, mais bien, c’est pourquoi il me plaisait indirectement. L’étrange envie de le voir à poil me turlupinait. Pour autant, je me retins de lui en faire la demande, peut-être à cause de mon intuition qui me criait dans les oreilles « Fais pas ça, pauvre con ! » Nous entamions la phase finale de mon entraînement, sauf que je n’étais plus seul à présent. Mon compagnon d’infortune serait là pour m’épauler et m’aider à le l’atteindre. J’avais hâte de voir jusqu'à quel point il se tenait hors de ma portée, hors de la nôtre. « Qu’importe le temps que ça prendra ni les méthodes que vous emploierez pour y parvenir, il vous suffit de me le dérober. Retenez bien que tous les moyens sont bons pour réussir. » Quelle classe ! Sa prestance me rendait cécite, du verbe céciter. De légers picotements parcoururent mes doigts, passant par mes poignets et ma jugulaire pour se propager dans le haut du corps et terminer leurs progressions au cœur de mon bassin. Voilà donc à quoi ressemblait une érection. Je trouvais cela beaucoup moins désagréable que dans mon imaginaire. La joie de cette découverte m’amena à produire un étrange sourire. La brise qui se leva suite à cela souleva une de mes mèches, révélant le regard prude d’un combattant prêt à passer à l’acte. Je me délectais de la promesse de cette danse que j’espérais charnelle.

Quelque part en moi, un feu brûlait de mille couleurs. Bouillant et bouillonnant, je me réjouissais à l’avance de la sécrétion que j’allais déverser sur lui une fois mon but rempli. Ma lance finirait par l’embrocher de l’intérieur, car telle se traduisait mon impitoyable volition. Pressé d’en découdre, je me jetais sur lui accompagné d’une ardeur au moins égale à celle d’une nymphomane qu’on délivrait du mal après un an de confinement strict. Autant dire que je ne contrôlais plus grand-chose, mes mains baladeuses cherchant désespérément à atteindre le fourreau de mon adversaire. Elles se firent éconduire en un instant par la pointe de son pied qui perça ma paume d’une décharge électrique à me rendre aussi bronzé qu’un Humain. Bien qu’engourdi, je n’en avais cure, mon autre bras s’abaissant d’un naturel déconcertant vers sa ceinture tandis que ma crinière noire se tordait dans tous les sens, dégageant la hâte de son propriétaire. Mon deuxième bras vola en éclat, mon corps suivant la même poussé jusqu’au fin fond de je ne sais où. Ce n’est que maintenant que mon dos épousait le sol que je remarquais l’absence d’un tout ; mes os partaient en miettes, probablement réduits à cet état à cause de mon empressement. Dans ce cas, comment se fait-il que la douleur ne me répondît pas ? Elle ne me soufflait plus rien ni ne m'effleurait l’esprit de ses dissuasions. D’habitude, elle me brusquait, me réprimandait, ne serait-ce que pour dénoncer ma folie. Pas cette fois. Elle me laissait maître de mes choix, délivrés à moi-même. Quelle hérésie. À défaut de mes membres, ce sont les ombres qui me soulevèrent, ses prises noires me replaçant dans la compétition. Pendant ce temps, mon frère se battait à ma place, supportant des coups d’une intensité inégalable. Il se jouait de lui, et cela sans même le frapper. Tout ce qui nous arrivait découlait de notre seule capacité à le suivre. Il nous narguait clairement de par son aisance naturelle à se mouvoir, le vent le portant dans son sillage. Il avait l’approbation de l’environnement, d’où la difficulté croissante de le saisir.

La fièvre me colla au front de son emprise, les pulsations de mon cœur ne cessant d’augmenter ses cadences. J’ignorais si c’est cela qu’on appelait l’amour ou la peur, mais ce qui se déroulait sous mes yeux ébahis me transcendait. Les poils hérissés par l’euphorie, l’envie d’en découdre se renforçait. Et puis soudain, mes bras regagnèrent leur souplesse d’antan, une lueur bleutée recouvrant la surface terne de ma peau qui scintillait du même éclat qu’une boule à facettes. Plutôt élégant. Le Vampire spécialisé dans les soins se chargeait donc de nous rétablir en cas de besoin, j’en pris note. De nouveau en pleine possession de mes moyens, je m'approchai du cercueil géant, ma démarche se couplant d’une impertinente désinvolture. Mon ami prenait cher, c’est bien le moins qu’on puisse dire. Sans pression, j’observais son corps se morfondre de chutes toutes plus désastreuses les unes que les autres. Rapidement, il leva un épais nuage de poussière juste à côté de moi, le tracé de son passage m’indiquant avec justesse où il se trouvait. Je le rejoignis, mon esprit toujours embrumé par cette étonnante accalmie. « Nous ne l’aurons jamais de cette manière, copain. Il est plus fort, plus habile, plus malin, plus précis, plus robuste. Bref, il nous éclate sur tous les plans, et pas qu’un peu. À côté de lui, nous ne sommes rien de plus que des insectes. » « Mais les insectes, ça pique et c’est chiant. » « Mais les insectes, ça pique et c’est chiant, tout à fait. Certains le sont plus que d’autres en tout cas. Quel genre d’insectes devrions-nous être selon toi ? » « Le genre qui agace beaucoup et qui pique, le genre qui peut transmettre des maladies. » « Exactement ! C’est ça qu’il nous faut, devenir des saloperies qui vont suffisamment l’agacer pour lui faire perdre un peu de son sang-froid. Même si ça ne dure qu’une seconde et moins encore, nous pourrons nous emparer de ces foutues clochettes. » « Je marche à fond ! Puis c’est pas comme si j’avais une autre idée. Si je continue à le poursuivre comme ça, je vais y laisser ma peau. Il me fait froid dans le dos, j’ai vu la mort de très près. Et ben devine quoi, j'suis pas pressé d’y retourner. » Je lui tendis ma main se sorte à l’aider à se relever. Ce contact me permit de comprendre ce qu’il éprouvait et je ne pus que compatir. En tant que moins que rien, j’ai vécu avec la honte et l’échec pendant très longtemps, je ne souhaitais ça à personne. Je me suis toujours remis en cause et je pensais bien le vivre. Du moment que je m’acceptais tel que je suis, tout allait bien, non ?

Qu’importe comment les autres me traitaient si je m’aimais. C’est ce que je croyais oui. Mais en te rencontrant, toi, j’ai compris que la solitude ne convenait pas non plus aux Vampires. En croisant ta route, mon frère, j’ai réalisé combien mon bonheur était factice. Compter sur quelqu’un et gagner un but en retour ; celui de protéger, ça n’avait pas la même saveur. Pour y parvenir, je devais arrêter de me morfondre dans la stupidité. Les bonnes décisions ne naissaient pas du néant, elles se formaient aux bénéfices du savoir et du savoir-être. Pris d’un vertige à faire pâlir les angelots, je me propulsais par le biais d’une colonne de sang, le ciel me comblant de sa candeur. Je volais au même rythme que mon excitation, mon champ de vision se marquant de l’empreinte de Dimitri. Sa grâce se destituait à sa volupté, ses jambes se promenant de branche en branche comme s’il avait toujours vécu dans les hauteurs de ses cimes. Toutefois, nous étions désormais deux à poursuivre ce même rêve, traçant ses flancs de manière à ne pas lui laisser une seconde de répit. Nous nous calquions l’un sur l’autre sans le faire exprès, suivant de près ses élans, la mouvance de ses doigts, de ses pieds. Et puis dès que nous le sentions, sauf erreur de notre part, nous sautâmes sur notre proie exactement au même moment. Et puis, nous nous renfermâmes sur nous-mêmes telles deux coquilles vides, nos bustes supportant la synergie de deux boulets de canon qui se croisèrent. Surpris comme le laissait suggérer le trépas de son expression, il se dissipa avant l’impact, réapparaissant au-dessus de nos têtes avant de nous frapper avec une certaine impertinence. Néanmoins, ses orteils si délicats ne touchèrent que du vent ; un espace de rien auguré par mes bons soins. Renonçant à cette illusion que je m’étais efforcé de créer en recourant à l’entièreté de ma réserve de magie, nos âmes s’entremêlèrent en une position qui excellait. En cette fusion euphorique, nos phalanges enveloppèrent les clochettes. Elles se refermèrent délicatement dessus et puis… plus rien. Le noir sidéral. La respiration coupée, je me réveillais en sursaut. Aucun grelot ne se trouvait dans mes mains, pas plus que je ne détectais la présence de mon ami.  



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Mer 14 Avr 2021, 00:20

[Q] - Renonce à ton humanité, deviens le Monstre | Solo 781j
« Le monde serait ennuyeux sans les idiots comme toi pour m'amuser. »



Speedy, va donc chez Speedy ♪. Cet aparté musical me trotta dans la tête pendant une bonne partie de mon rétablissement. Je me retrouvais seul au milieu de nulle part, séparé de mon compagnon de toujours – de deux heures. Il me manquait déjà, avec sa tête de premier de la classe, ses gambettes de poulet et ses abdos d’athlètes ; mon type masculin idéal. Oh, je ne mangeais pas de ce pain-là, d’ailleurs je ne mangeais d’aucun pain. La texture caoutchouteuse et l’odeur faisandée ne me plaisait pas des masses. Ce que j’affectionnais prenait tout son sens lorsque je levais mon regard vers les étoiles. Elles évoquaient mon passé, mon présent et parfois même mon futur. Les deux premières brillaient à pleine puissance, tandis que la troisième, imperceptible, s’éteignait chaque jour un peu plus, comme renonçant à tout espoir. J’avais déjà eu l’occasion de voir des êtres organiques succomber de cette manière, ces derniers ne s’accrochant qu’à un fil avec beaucoup d’impertinences. J’aurais aimé découvrir le sens de ce signe que le ciel essayait de me transmettre. Devais-je à mon tour abdiquer et me convertir à une vie plus saine, plus approprié pour quelqu’un de mon niveau ? Je n’en avais pas la moindre idée. J’aurais sans doute baissé les bras si je n’avais été amené à faire cette rencontre bouleversante récemment. Je me souviendrais toujours du visage de cette femme. Cette tignasse violacée qui suintait le parmesan, et ces traits raffinés par une asymétrie irréprochable qui lui donnait l’aspect d’une statue détérioré par le temps. Isayama resterait sans cesse dans mon esprit pour l’histoire qu’elle avait su me conter durant notre échange. Lorsque je fermais les yeux en pensant à elle, je l’imaginais nimbée de gens bizarres qui se déplaçaient d’arbre en arbre à l’aide de cordes. Parfois, des Zihaags l’encerclaient, abattant leurs colossales paume sur elle. Et puis plus rien, le trou noir.

Il se passait de drôles de choses à l’intérieur de cette caboche, c’est pourquoi je ne cherchais jamais à les interpréter plus que ça. Si la chance me permettait à nouveau de croiser sa route, alors je la harcèlerais de questions sur sa nature, ce qu’elle représentait et quel genre de prophète se baladait ainsi vêtus d’une serpillère. Non pas que je critiquais le style vestimentaire d’autrui, ça ne me viendrait jamais à l’esprit, mais de là à venir s’adresser à un élu en pyjama, ça frôlait un peu l’insolence. Quoiqu’il en soit, j’aurai tout le loisir de rêver d’elle plus tard, quand tout ça serait derrière moi. Pour l’instant, je devais retrouver mon précieux ami, et aussi Dimitri. Si le premier avait le potentiel suffisant pour disparaitre derrière un buisson en trébuchant sur un caillou, pour le second cette théorie me paraissait moins probable. Ce grand dadais manigançait sûrement quelque chose. Depuis qu’il m’eut pris en main, je ressentais de la frustration, non par car il se jouait de moi, mais parce que tout ce qu’il me faisait subir fonctionnait. Malgré le fait que je prenais cheros, je devenais de plus en plus fort. La lune, auditrice de cette transition graduelle, pouvait en attester. Peu importe la façon dont j’étais susceptible de le qualifier, sa monstruosité témoignait d’une vérité contre laquelle je ne saurais jamais me défendre ; c’est ainsi que les Vampires se comportaient, à plus forte raison ceux qui résidaient au sommet de la chaine alimentaire. La conclusion de cette remarque m'incitais à le voir comme un père de substitution plus qu’un bourreau. Les règles qu’il appliquait — aussi drastiques soient-elles — visaient uniquement à me rendre meilleur, à sortir de ce cercle infernal de la nullité.

Quelle que soit la manière dont je tournais le problème, je pris conscience qu’il n’existait tout simplement pas. En raisonnant ainsi, je pus faire mon deuil et passer à autre chose. Au Diable les méprisants, car au bout du compte, c’est moi et moi seul que ça regardait. Revenant à la dure réalité qui m’attendait de pied ferme, un détail jusqu’ici anodin attira mon attention. En me baissant près d’un arbre, je récupérais l’étoffe d’un vêtement. Aucun doute, ce dernier appartenait à mon partenaire de crime. Contrairement à ce que laissaient suggérer ses compétences au moins égales aux miennes, Speedy n’avait pas péri à cause de sa maladresse. Les fragrances émises par le morceau de tissus me révélèrent plusieurs informations, et pas des moindres. Tout d’abord, je sentis la marque de notre professeur, insinuant par défaut l’implication de ce dernier. Durant tout le combat qui avait précédé, c’est nous qui avions pour but de l’attraper et non l’inverse. En travaillant mes souvenirs, je ne me rappelais pas l’avoir vu poser ses mains sur lui. De plus, les lignes traçant les deux odeurs me conduisirent à affirmer mes propos puisqu’elles se superposaient. Autrement dit, Dimitri se jouait de moi, il avait sciemment capturé mon collègue afin de confronter à ce qui semblait être la finalité de notre face-à-face. Ça ne me surprenait pas davantage. Au final, cela suivait parfaitement le fil rouge de ses prévisions, et en cela, je me surprenais à pouvoir lire une partie de son plan. Il m’attendait et c’est la raison pour laquelle je ne le fis pas maronner. Familier de ses excès, je savais combien il détestait faire le pied de grue. Ça tombait bien, nous étions deux à nous consterner d’impatience. Partageant de la vigueur à mes mollets, je me mis immédiatement en route, valsant dans la forêt avec une aisance toute particulière. Je connaissais ses secrets comme ma poche, plus rien ne m’échappait, ni ses pièges, ni ses raccourcis.

Sans m’en rendre compte, je m’étais tellement habitué à me confronter à l’intérieur, à parader, à minauder, que la trajectoire que je choisis se fit le plus intuitivement du monde. Transfert à gauche sur mes appuis, ressort à droite, et ainsi de suite. La souplesse et la force ne me manquaient plus, à moins qu’il ne s’agît d’une prise de conscience liée à ma nouvelle forme d’intelligence ? Qu’importe quel odieux sortilège s’imprégna dans mes veines, car celui-ci m’amena à optimiser toutes mes décisions sans recourir à la peine de faillir. J’utilisais chaque petit muscle, chaque posture, chaque élan de la meilleure des façons possibles. Si bien qu’en à peine quelques minutes — là où l’investigation m’aurait communément réclamé quelques heures voire quelques jours — je freinais ma course devant la bête sanguinaire. En équilibre sur une branche, il me toisait d’un air défiant. Lui non plus ne laissait entrevoir aucune stupeur, décelant visiblement cette évolution comme étant quelque chose de relativement légitime. « Tu n’es plus le même qu’autrefois, Faust. Je peux le certifier par la véhémence de ton regard. Il dégage une lueur intense que l’on ne trouve que chez certaines espèces. As-tu seulement idée de quoi il est question ? » Ma réponse ne se fit pas attendre, mes lèvres remuant presque indépendamment de ma volonté. « Les prédateurs. J’ai acquis une force que je ne soupçonnais pas jusqu’à présent, et pour ça je tiens à te remercier, Dimitri. Zoya est une maitresse qui excelle partout. Vraiment. Toutefois, en dépit de ce que je représentais, elle m’a toujours préservé à cause de son affection pour moi. » « Même dans l'au-delà, les femmes conservent un semblant d'instinct maternel. Ce sentiment est d’autant plus fort envers les idiots. Durant mon enseignement, j’ai tout mis en œuvre de sorte à briser ton mental pour mieux le reconstruire. Il fallait que tu cesses de raisonner comme un sauvageon. Pour ce faire, tu as suivi le monitorat de mes enfants, tu t’es confronté à des puissances qui te dépassaient et je t’ai présenté quelqu’un avec des défauts similaires aux tiens. Désormais, le reste est entre tes mains. Tu peux récupérer ton ami, mais pour y parvenir, tu devras me passer dessus. Ou tu peux renoncer et retourner d’où tu viens. À toi de voir. » Il mentait. Et mal, avec ça. Si j’avais le malheur de franchir cette ligne, je me ferais massacré sans aucune forme de procès. La vraie question consistait donc à savoir si je comptais arrêter mon ascension ici et mourir bêtement dans l’insignifiance.

D’aucuns s’en préoccuperaient. Étonnamment, je trouvais cette fin peu divertissante et loin d’être amusante. Avec tout ce que je venais de traverser, revenir au point de départ aurait été la pire décision de ma vie. Rester un perdant et continuer de se faire railler dans l’insouciance générale, il fut un temps où je l’aurais accepté sans compromis. Plus maintenant. J’exacerbais de plus en plus ma propre faiblesse, elle me rendait malade. Aussi souffrant que ces hybrides qui contractaient toutes sortes d’infections. Nous autres, les Vampires, nous étions largement au-dessus du lot. En tant que charognards, nous ne nous soumettions à rien, sinon à nos tares qu’il nous fallait apprendre à assimiler. Je ne prétendais pas encore m’accepter tel que j’étais, mais si je continuais de travailler éperdument comme je le faisais, et bien… mon issue ne serait sans doute pas aussi défavorable que je le pensais. D’un pas ferme, je m’avançais, le flottement de ma cape m’assurant une démarche bien plus auguste qu’auparavant, et sans dire un mot, pour ne point paraitre superflu, ma silhouette se dissipa dans l’ombrage de mon manteau. Si je transparaissais avec autant de désinvolture, c’est parce que je ne devais pas laisser l’hésitation me ralentir.

Ce n’est pas la première fois que je me confrontais à un Asharg de cet ordre. Ils excellaient dans tous les domaines, c’est pourquoi si je manquais ma chance de le prendre par surprise, il me terrasserait sans même lever le petit doigt. La seule tâche qui m’incombait était celle d’ouvrir la cage sans qu’il ne me remarque. Devant la confiance qui régulait mon élan, je me jetais avec une impertinence modérée à ses pieds. Mon but : l’attraper par les chevilles et le heurter si fort qu’il en perdrait l’équilibre. Toutefois, on ne le déconcertait pas aussi aisément et je le savais, d’où mon approche un tantinet falsifiée qui consistait à me changer en brume au tout dernier moment. Je maitrisais ce pouvoir depuis peu, si bien que l’expérience pour le manier ne m’était pas entièrement acquise. S’il me permit d’échapper à son emprise, il m’amena surtout à prendre le relai par le biais d’un objet que je lui avais tantôt subtilisé. Son faciès déformé attesta de la justesse de mon action. Je ne connaissais rien des propriétés de cet orbe, mais sa valeur devait conduire à excéder l’attention du gardien. « À quel moment tu… » J’aurais aimé lui répondre avec un semblant d’arrogance : « Lors de notre précédent duel. » Ce que j’ignorais, lui le savait. Et ce réflexe visant à prendre de la distance en disait long, mais ce fut trop tard. Au moment où l’impulsion fut saisie sous la plante de ses pieds, l’orbe se déchira en un tintement effroyable. La seconde suivante, un ouragan s’empara de l’espace, créant une brèche intersidérale qui… non, en vrai, rien de tout ça. Une secousse et deux maux de tête plus tard, il revint à lui. Il me fixa longuement, moi ainsi que le corps inerte de Speedy derrière moi. Aucun commentaire ne déborda de ses lèvres. En revanche…



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Jeu 22 Avr 2021, 23:36

[Q] - Renonce à ton humanité, deviens le Monstre | Solo 781j
« Le monde serait ennuyeux sans les idiots comme toi pour m'amuser. »



Pourquoi ?! Pourquoi être aussi corrompu ?! Putain ! Éducation de merde ! Aucun honneur ! Aucune dignité ! Ce sont les mots qui me venaient à l’esprit actuellement. Je n’avais aucune idée du pourquoi ni du comment, les tenants et les aboutissants m’échappant de A jusqu’à quarante-neuf. Je n’étais pas loin de comprendre ce qui m’attendait si je dépassais cette ligne, ce qui m’effrayait pas mal. Beau comme un Dieu, le Dimitri qui m’avait sermonné se présenta devant moi. Il brillait du même éclat qu’un Ange. Ce n’était pas une métaphore, il brillait vraiment, les rayons du soleil qui se répercutaient sur lui le transformant en une boule à facette au sens littéraire du terme. C’est la première fois que je voyais un tel phénomène se produire sur l’un de mes confrères. Je devais concéder une chose : même moi et mes gouts particuliers trouvions cela extrêmement moche. Au-delà de l’esthétisme douteux, cette représentation semblait tout droit sortir d’une mauvaise pièce de théâtre, du genre comédie dramatique à l’eau de rose. Personnellement, je restais statique, inexpressif et un peu somnolent par derrière, sans doute car je commençais à ressentir le trépas de ma fatigue me clamer son indépendance. Le sommeil et moi, nous n’étions pas très copains, donc je comprenais plus ou moins son acte de rébellion. Toutefois, j’avais encore besoin de lui pour clôturer cette ultime confrontation. Cette entité devant était tout ce que je souhaitais devenir dans un futur lointain. Sarcastique, mégalomane, doté d’une assurance à toute épreuve, d’un humour noir et d’un goût prononcé pour le cuir et les belles moustaches, il incarnait en tous points la perfection que je me faisais des Vampires. Au passage, il s’écartait énormément des traits aussi bien spirituels que physiologiques de mon meilleur ami. Je me demande si ça signifiait quelque chose dans mon sombre esprit tordu.

La patience étant une vertu que je ne possédais absolument pas, j’attendrais le temps qu’il faudrait, mais pas trop. Atteindre le dernier niveau pour vaincre le boss final exigerait un paquet de sacrifices. Peut-être devrais-je finir par faire une offrande à Lubuska en lui présentant ma douce Grendel ou mon enivrante Mireille, j’en savais trop rien. Pour le moment, j’étais incapable de m'adonner à un tel rituel. Tout comme j’étais incapable de m’impliquer autant émotionnellement que physiquement pour ma personne avant l’entrée de Dimitri dans mon cercle social. À l’aide d’une petite introspective, je me rendis compte de certaines choses. À propos de ce que je croyais acquis ou de ce qui ne l’était pas, mais surtout vis-à-vis de mes désirs personnels. Je me découvrais l’âme d’un ambitieux, tant par la soif nouvelle de pouvoirs que je désirais acquérir que par l’envie irrépressible d’atteindre les hautes sphères de la lignée des Thanos. Aussi, je refusais de me laisser devancer par mon cher et honorable frère d’armes, mais aussi mon rival. Désormais, qu’il le veuille ou non, cet homme devra tôt ou tard rentrer en compétition avec moi. Et je ne parlais pas de Speedy, qui se réveilla délicatement de son sommeil prolongé. « Oh ben alors, qu’est-ce qui a bien pu se… bonjour. Speedy, enchanté. » M’adressa-t-il en me tendant la main pour que je le salue. Ce que je fis par principe, car j’étais un mec cool. « Enchanté. » « Rappelle-moi ce qui est censé se produire incessamment sous peu. Bonjour, je m’appelle Speedy, et vous ? » Nous échangeâmes une nouvelle poignée de main, car pour mémoire, je tutoyais les étoiles de ma classe semi-légendaire. « Je suppose qu’il faut juste rester ici et attendre. Attendre que le pan du scénario se mette en marche ou un truc du genre. Si tu tends bien l’oreille, tu entendras des sons de tambours. C’est signe que la tension est à son paroxysme. » Depuis ma chute apocalyptique, je percevais des émotions qui m’étaient jusque là inconnues.

Inutile de tergiverser toutefois, nous devions laisser la parole à mon maitre à penser. Son chara design sortait tellement de l’ordinaire qu’il suffisait d’un coup d’œil pour comprendre qu’il était le personnage central de l’histoire. Sous ses paupières se trouvaient de petites poches qui laissaient croire qu’il n’avait pas dormi depuis plusieurs nuits. A croire qu’il n’avait pas fermé l’œil depuis qu’il me surveillait. C’était à n’y rien comprendre compte tenu de la sobriété avec laquelle je m’étais présenté. En tout cas, il me tendit un objet aux formes singulières, formant un rectangle avec des feuilles à l’intérieur. Je crois que ça s’appelait un livre. « Oooooh. C’est de toute beauté. Qu’est-ce à dire que ceci ? » « Si ma mémoire ne me joue pas des tours, il s’agit d’un oreiller. » « O-ré-yé. Ça sert à quoi ? » « A faire taire les cons. » « Et ça marche bien ? » Dimitri ignora les provocations de Speedy, le parrain de la patience ayant d’autres chats à fouetter, à commencer par son fidèle élève : bibi. « Ceci est l’ouvrage qui te liera pour de bon à ton futur toi, ton alter ego intelligible qui changera la face de cette guerre. Il contient tous les savoirs de notre lignée, et tous les secrets enfouis dans les mémoires de nos prédécesseurs. Autrement dit, en le consultant, la religion du tout s’ouvrira à toi. Débarrassé de tes chaines, tu marcheras enfin dans les pas de ta Créatrice. Il n’y a que toi pour accomplir cette ultime volonté et devenir l’élu que tu souhaites tant devenir. Parcours-le et imprègne-toi, Faust. Imprègne-toi de notre sève. » En dehors du côté complètement crado du processus, ça sonnait plutôt bien.

A un détail près et pas des moindres. « J’sais pas lire. » Autant le lui dire cash, après tout, il n’allait pas me fustiger du regard. À part présentement, je veux dire. L’aspect théorique m’évoquait l’ennui dans la plupart des cas, c’est pourquoi je me sentais assez chanceux de n’avoir jamais appris. Les lectures apportaient la souffrance aux indécis, et les disputes s’enclenchaient en grande partie à cause de ça. J’avais vu maintes fois des couples se taper dessus lors d’un diner car ils hésitaient sur la composition de leurs menus. Un vrai fléau que je ne souhaitais pas reproduire avec ma dulcinée. Bon, après, la séparation commençait à s’éterniser. « On a plus le temps pour ça. Approche. » Puisque je devais me référer au script dans tous les cas, je me pliais à ses ordres et avançais d’un pas. Vu comment l’histoire trainait en longueur, ça ne m’aurait pas surpris qu’il m’embroche la poitrine avec son bras pour attirer de nouveaux lecteurs. Mais non, rien d’aussi mélodramatique. Il se contenta de coller sa paume sur mon visage, libérant de petites étincelles autour de ses phalanges. Celles-ci se logèrent dans mon crâne et… Ooooh. Une révélation me survint tout à coup. Ouais. Il faisait nuit et les Vampires craignaient le soleil. Diiiingue. Hormis ça, les inscriptions sur le livre me semblèrent tout de suite plus accessibles. Sans réaliser ce qui permettait la connexion, les mots s’assemblèrent pour former des phrases, ces dernières s’amassant à leur tour pour former des paragraphes qui se délectaient d’un sens profond. Sans être devenu plus intelligent, ce support m’accordait néanmoins un plus que je n’aurais jamais soupçonné avant ça.

Selon la conviction de mon professeur, il me suffisait donc de terminer les mille huit cents pages présentes dans ce livre pour parfaire ma formation. J’espère que l’auteur avait prévu de petits dessins et que le scénario était plus abouti que l’actuel, sans quoi je ne promettais pas de m’y tenir. Quoiqu’il en soit, je donnais une accolade à Dimitri afin de lui faire sentir tout l’amour que je lui portais. Une petite larmichette s’écoula de mes prunelles, je détestais les adieux. Heureusement, il me repoussa aussitôt, sûrement dans le but d’éviter des censures de la part de la Shueisha. « Malgré que nous sommes partis de très loin, je crois en toi. J’ai fait tout ce que j’ai pu pour te rendre apte à ce qui t’attend. Ne me déçois pas et fais savoir à tous ce que la lignée Thanos représente. Dès lors que tu te seras familiarisé avec la stratégie martiale, tu auras toutes les cartes en main pour faire ce que bon te semble. Dans l’éventualité où tu ne traines pas notre nom dans la boue, bien entendu. » Ça allait de soi. On me prêtait des réflexes qui ne m’appartenaient pas avant même que je ne tente quoique ce soit, comme si j’avais habitué mon entourage à tout faire foirer. Il est vrai que je me foutais un peu de tout en temps normal, mais là je ne voyais pas l’intérêt d’avancer d’une case pour en reculer de trois. J’étais conscient de ce qu’il me restait à faire pour m’affranchir. En ce sens, je ne faillirais pas avoir d’avoir atteint mon but. Gravir les échelons jusqu’aux berceaux des Seigneurs de la Nuit me paraissait bien plus accessible qu’autrefois. En jetant un coup d’œil à cette main blafarde qui m’appartenait, les lignes qui traçaient son horizon m’annoncèrent un bon présage.

Remuant timidement la tête, je lui proposais une poignée de main. Rien qui ne puisse être interprété comme de la fraternité. Juste de l’estime que je me gardais de vociférer tel un clebs affamé par l’attention de son maitre. Nos chemins se séparaient ici, pour le moment. Aussi indiscutables que l’est la noirceur de la nuit, nos routes seraient amenés à se recroiser. Quand viendrait ce jour, je ne serais probablement le même qu’aujourd’hui, pas plus que je ressemblais à celui d’hier. La brise effleurant mes omoplates découvertes me ramena quinze jours en arrière, où ma tolérance m’avait couté de me terrer dans un coin, à l’abri des villageois qui eussent cherché à m’empailler après m’avoir empalé sur des fourches ; une humiliation que je devais essentiellement à ma couardise de ce jour. Un sourire s’empara de ma bouche onctueuse. Je n’aurais pu imaginer que le besoin d’y retourner de sitôt me brûlerait à ce point la chair. Le mot vengeance ne me disait rien, et encore maintenant son sens me semblait incertain. Exiger des réparations ou mettre en place une réciprocité ? Non plus. Je crois que m’y rendre me ferait juste du bien, un peu de la même façon que les hommes qui s’enlaçaient dans les bras de quelqu’un qu’ils affectionnaient. J’imagine que c’est un peu ce même discernement que je cherchais à entrevoir. En tout cas, l’heure du départ sonnait son glas. Sans en dire davantage, nous nous éloignâmes, moi et Speedy. Lié par cette épreuve, mon ami prit la décision de m’accompagner dans mon aventure. Est-ce que lui aussi, d’une certaine manière, correspondait avec les messagers divins ? Je demandais à voir. Rabattant ma cape, nous quittâmes la forêt, nos silhouettes s’émoussant quelques secondes plus tard. Je n’avais pas l’intention de retrouver Zoya dans l’immédiat, car il me restait une quête à accomplir. Les mêmes qui m’avaient châtié par le passé allaient voir le monstre.




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[Q] - Renonce à ton humanité, deviens le Monstre | Solo

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