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 [Q] - Les cent-cinq anneaux

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Kaahl Paiberym
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Kaahl Paiberym
Lun 14 Juin 2021, 19:01



Les cent-cinq anneaux


Objectif : Lucius et Kaahl se rendent à Volatys dans l'objectif de récupérer les anneaux cachés par le Dragonnier.

« Apolliiiiinnnnneeee ! » Apolline, qui était précédemment tranquillement en train de jouer, releva la tête vers moi. Ses yeux cherchèrent les miens et se mirent à pétiller en écho. « J’ai reçu le signal ! » dis-je, fier comme un coq. Elle ne chercha pas longtemps avant de comprendre de quoi il en retournait. Depuis que papa et moi avions rencontré le Dragonnier, je ne faisais que parler de ça du matin au soir. Nous avions joué au Dragon et au Dragonnier mille fois. J’étais totalement obsédé. J’avais chevauché mon amie autant qu’elle l’avait fait avec moi. Toujours, nous nous servions de nos bras pour imiter les ailes et faisions des bruits de bouche dignes des plus grands metteurs en scène. « Fais voir ! Fais voir ! » Le signal en question n’était qu’une simple lettre mais, pour moi, c’était le plus merveilleux trésor au monde. Le contenu nous invitait à nous rendre à Volatys pour chercher les anneaux qui venaient d’être placés. « Il faut que je prévienne papa ! » m’exclamai-je. Depuis des jours, je guettais la boîte aux lettres avec une détermination pleine et entière. « Je viens avec toi ! » me confirma la fillette. J’étais certain qu’elle viendrait, et j’avais envie. « Lorsque je serai Dragonnier et qu’un Dragon aura accepté que je monte sur son dos, tu seras la première que j’inviterai ! Promis ! » « Trop bien ! J’ai trop hâte ! » Mais ce jour ne viendrait pas. Cette promesse, jamais je ne pourrais la tenir.

Lorsque nous arrivâmes à l’étage, nous entendîmes du bruit dans la chambre de papa. Il y avait de la musique mais ce n’était pas la mélodie d’un piano ou d’un violon. Constantine était avec lui. Nous nous regardâmes et jetâmes un œil par l’embrasure de la porte. « Pourquoi est-ce que tu me demandes ça ? » Nos yeux s’agrandirent devant le spectacle. Mon père et l’Ange étaient collés. Dans son dos, ses lèvres étaient proches de sa nuque et ses mains liées aux siennes. Cette scène devrait rester marquée dans mon esprit à vie. Des années physiques plus tard, je me prêterais moi-même à ce jeu-là avec la première vraie femme de ma vie. Mon regard croisa celui d’Apolline qui me fit signe de me taire pour ne pas interrompre le moment. Au fond de moi, il y avait des pensées contradictoires. Je ne savais pas comment interpréter ce qu’il se passait. « Parce que tu es la seule qui me connais bien. » murmura mon père, en brisant le contact d’un mouvement qui me parut brutal. Il ne la lâcha pourtant pas, le corps de l’Ange revenant vivement vers le sien, de face cette fois. Il avança, conquérant. Je n’avais jamais vu quelque chose de semblable. J’étais comme hypnotisé par cette proximité. Avait-il le droit de faire ça ? Je comprendrais plus tard que oui, car là était le langage de cette danse toute particulière. Ses doigts se posèrent sur son cou. Constantine pencha la tête en arrière, avant de la relever vers lui. Elle était maladroite, sans que je ne susse pourquoi. Peut-être était-ce parce qu’elle était une Ange et qu’être si proche de mon père la rendait mal à l’aise. Surtout, la danse appelait la séduction et elle était mauvaise pour ça. Le dominant, c’était lui, parce qu’il la manipulait avec une précision parfaite. Il semblait dans son élément et la scène me fascinait malgré moi. Ce fut la première fois que j’envisageai mon père autrement que comme mon père. Je l'envisageai comme un homme. La notion était alors assez floue dans ma tête. Je ne le pensai pas ainsi, mais en le regardant bouger, avec Constantine dans ses bras, je ne voyais pas la même personne que celle qui jouait avec moi et m’aidait à faire mes devoirs. Son regard était différent, sa posture différente. Dans les yeux de Constantine, je voyais exactement la même fascination. Et ses mains la parcouraient, les caresses fugaces autorisées par les codes de la danse. Il la violentait même parfois, en faisant de son corps une poupée entièrement sous son contrôle. Ses doigts se plaçaient autour de sa gorge de temps en temps, il la repoussait et l’attirait, attrapait l’une de ses cuisses, approchait sa bouche bien trop près de sa peau, trop près pour les mœurs qui étaient les miennes. Je ne pouvais pas comprendre. Je n’étais jamais allé à Nementa Corum, malgré la forte présence familiale. Ses doigts s’enroulèrent autour des cheveux de l’Ange qu’il maintint fermement. « Que veux-tu savoir ? » « Comment est-ce que j’étais avant ? » « Mais… » « N’objecte pas. J’ai vraiment besoin de savoir. »

À ce moment-là, la musique changea, pour une valse. Constantine sembla à la fois soulagée et peut-être attristée. C'était une porte vers des possibles qui se fermait. Pendant quelques minutes, elle avait cru qu'il la désirait. Moi, je fus simplement rassuré. La valse était une danse que je connaissais et qui me semblait convenable. Je n’aurais plus cette impression étrange d’être spectateur de quelque chose que les enfants ne devaient pas apercevoir. Apolline ne semblait pas avoir les mêmes démons. Ça la faisait sourire et je voyais bien qu’elle pensait à quelque chose d’autre. À quoi ? « Tu étais semblable à maintenant. » Leur valse était lente. « Gentil. » Elle n’était pas celle qui le connaissait le mieux. Beaucoup plus tard, je me rendrais compte de cette particularité de mon père de toujours rechercher la véritable nature de son âme. Personne ne pourrait jamais lui répondre. Au fonds, je pense qu’il l’a toujours su sans oser se l’avouer.  

Lorsque je sentis que tout était bon, qu’il n’y avait plus aucun risque à interrompre la danse, je frappai à la porte et entrai, retrouvant mon dynamisme habituel. « Papa ! Papa ! J’ai reçu la lettre ! » Ce qui signifiait que nous allions nous rendre à Volatys.


Nous avions déjà récupéré quatre anneaux sur les cinq que je devais obtenir pour réussir l’épreuve. À chaque fois que j’avais buté, papa m’avait conseillé sur la façon de m’y prendre plusieurs longues minutes après le début de mes difficultés, comme s’il cherchait à éprouver ma clairvoyance et mon esprit d’analyse. Sans doute avait-il conscience qu’il ne me servirait à rien de faussement réussir. Il voulait que je progressasse par moi-même et que ma détermination transparût dans mes actions. Personne n’apprenait sans se tromper ou échouer. Il le savait mieux que quiconque et, malgré sa position et sa puissance, il serait amené à toujours commettre des erreurs.

« Lucius ? » « Oui ? » Son regard se leva vers la cime d’un arbre. Je venais juste de l’apercevoir aussi. Il baissa les yeux vers moi. « Je vais te laisser seul pour le dernier anneau. » Il s’approcha de moi, s’accroupit et me sourit. « Il faut que tu sois prudent, d’accord ? » Il posa la paume de sa main sur ma tête et je me sentis empli d’un sentiment étrange. C’était comme s’il s’apprêtait à m’avouer que ma vie allait changer, ce qu’il fit. « Bientôt, tu ne vivras plus avec moi. Bien sûr, on se verra de temps en temps et tu auras besoin de moi parfois. Je serai toujours là pour toi mais ça ne sera plus comme avant. Je ne pourrai pas venir si facilement et tu devras apprendre à être autonome et à t’entourer de nouvelles personnes. » Il marqua un temps, avant de me sourire. « Mais j’ai confiance. » D’un mouvement lent mais décidé, il retira le bracelet qu’il gardait toujours autour du poignet. « Laëth m’a offert ce bijou et j’aimerais que tu le gardes un temps. » Je n’avais aucune idée de ses propriétés magiques. Je ne savais pas qu’il aurait été préférable qu’il le gardât, qu’il en aurait bien plus besoin que moi dans un avenir proche. J’étais simplement heureux qu’il me le donnât. « Il compte beaucoup pour moi. Je te le confie alors fais-y attention. Ne le perd pas, d’accord ? Et quand tu te sentiras bien intégré chez les Dragonniers alors tu me le rendras. » « D’accord ! » dis-je, en lui tendant mon bras pour qu’il l’y accrochât. « Tu vas aller où maintenant ? » demandai-je, tout en admirant les reflets bleutés de l’objet. Je me sentis encore mieux et eus l’impression qu'une vague de chaleur venait de se former autour de moi. « Je vais me promener. Je reviendrai lorsque tu auras terminé. » « Comment tu sauras quand j’aurai terminé ? » Il sourit en se redressant. « Ha ha ! Mystère ! » Je ris.

Seul au pied de l’arbre, j’étudiai les distances. Il n’était pas difficile d’accès. L’endroit où le tronc devenait des branches se situait à ma taille et l’arbre était suffisamment garni et solide pour permettre à n’importe qui d’y grimper aisément. Je n’étais pas très adroit mais je m’étais déjà entrainé sur les arbres du jardin et dans la cabane que papa nous avait faite. Ça n’empêcha pas un air concentré de poindre sur mon visage. Je pinçai mes lèvres et commençai mon ascension, gardant bien à l’esprit les conseils de mon père. Il fallait que je fusse prudent, parce que sinon je risquais de tomber. Mon regard se posa sur le bracelet. L’impression revint, celle de ne pas être seul. J’avais le sentiment que quelqu’un se trouvait à mes côtés. Cette personne me donnait plus de force, me soutenait et me guidait.

À mi-chemin, je m’arrêtai un instant pour reprendre mon souffle. De la sueur coulait de mon front. Je n’étais peut-être pas un aussi bon cascadeur que ça. Pourtant, je ne pouvais pas abandonner. Au-dessus de ma tête se trouvait ce que je désirais plus que tout au monde : la clef vers l’univers des Dragonniers. Si, d’un point de vue extérieur, l’épreuve aurait pu paraître banale et aisée à n’importe quel adulte, elle représentait un vrai défi pour moi. À mon niveau, elle était dure, et pas seulement parce que grimper brûlait mes muscles. C’était dur parce qu’en cas d’échec, je ne pourrais pas réaliser mon rêve. Mon cœur battait la chamade et les émotions dans mon ventre étaient un mélange de peur d’échouer et de peur de réussir. C’était un événement charnière. J’avais peur de faire partie des Dragonniers et de quitter ma vie d’avant. Paradoxalement, j’avais aussi peur de ne pas réussir et de rester bloqué dans cette vie passée. Plusieurs fois, l’idée de renoncer me prit, me torturant malgré mon jeune âge. Pourtant, à chaque fois, je me rappelai, grâce aux paroles de papa et au bracelet, que c’était ce que j’avais toujours voulu. Kaahl n’avait émis aucun doute pendant notre conversation sur le fait que les choses changeraient. Il avait dit « Bientôt, tu ne vivras plus avec moi. » et pas « Bientôt, peut-être, tu ne vivras plus avec moi. ». Mon regard s’intensifia et je gravis les derniers mètres me séparant de l’anneau. Je l’attrapai comme s’il avait été la chose la plus convoitée de l’univers.

Lorsque nous donnâmes notre butin au Dragonnier, ma joie était intense. J’avais du mal à rester sur place. Je trépignais, heureux et aussi admiratif. Papa avait réuni les cent anneaux. Il les avait placés dans un sac de toile et l’avait tendu à l’homme sans plus de cérémonie. Un instant, je nourris l’espoir inouï qu’il pût venir avec moi et qu’on pût continuer à vivre ensemble mais il refusa une nouvelle fois l’offre, acceptant néanmoins de se rendre au Royaume d’Aidoha pour m’accompagner dans l’ultime étape de mon admission.

1912

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