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 [Q] - Jeux d'ombres

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Kaahl Paiberym
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◈ YinYanisé(e) le : 25/06/2015
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Kaahl Paiberym
Sam 23 Jan 2021, 12:26



Jeux d'ombres

Rp précédent : Le poison qu'est l'autre
Intrigue : La cité de Hautmanoir et ses alentours sont actuellement entièrement plongés dans un brouillard persistant. Les sections De Laclos et Marivaux de l'armée ont été appelées sur les lieux pour essayer de résoudre le problème et aider la population.
Objectifs : Acquisition de la carte du Tarot Maître : le Brouillard.

« C’est l’Ange de Volatys. » Les murmures me parvenaient avec une précision magiquement calculée. « Pourquoi est-ce qu’il ne monte pas sur son cheval ? » « Arrête de fantasmer sur les hommes à cheval ! » « Non mais ça n’a rien à voir ! Il irait plus vite, c’est tout. » Effectivement, en partant du principe qu’il fût mon seul moyen de déplacement. Néanmoins, je ne faisais pas confiance audit cheval. Je l’avais amené uniquement parce que le Nylmord me l’avait conseillé. Je n’avais pas demandé la raison. Mon empressement à terminer notre dernière conversation n’avait pas été joué. L’homme m’insupportait. Il était bien plus clairvoyant que Judicaël et il n’y avait entre nous aucune attirance qu’il m’aurait été possible d’utiliser à mes fins. Les derniers événements n’allaient pas en ma faveur et je savais que si l’armée et les espions commençaient à m’observer de trop près, je devrais redoubler de prudence. L’Eorane était, pour le moment, dans mon camp. Cependant, rien ne me garantissait qu’elle le serait encore si elle voyait que ma situation devenait de plus en plus périlleuse.

Une fois arrivé à l’auberge, je laissai mon cheval aux mains d’un professionnel et me renseignai sur la chambre qui m’avait été attribuée. Je possédais des terres sur Volatys mais pas en tant que Kaahl. Elias détenait une propriété, avec plusieurs serviteurs, don reçu pour sa victoire à la Coupe des Nations magicienne. Ces derniers devaient prier pour ne jamais le croiser. Pour l’instant, je leur laissais un répit. « Baron Paiberym ? » Je suivis le chemin de la voix, pour arriver sur une haute silhouette. L’homme portait un costume beige, sous lequel un gilet tirant entre le jaune et l’orange accompagnait une cravate d’un goût douteux. Ça lui allait bien, il fallait le reconnaître, mais jamais je ne me serais risqué à une telle extravagance. Je détaillai son faciès. Ses yeux étaient très pâles, d’un bleu presque transparent. Ses cheveux, quant à eux, possédaient une blondeur éteinte. Il semblait à l’aise et ses manières me laissèrent penser qu’il n’était pas n’importe qui. Pourtant, curieusement, je ne le connaissais pas. « Oui, c’est bien moi. » répondis-je, calmement. Il avait pris le même soin à m’observer. Je savais ce qu’il avait dû se dire à mon sujet. Je redoutais cependant que mon aura laissât percevoir les travers de ma psyché. Contenir la Magie des Ténèbres n’était pas une chose aisée. La Couronne des Rêves Maudits ne me permettait pas d’apparaître en dehors du Monde des Rêves pour l’instant. J’étais donc seul face à la noirceur de mon âme, à hésiter fortement sur l’utilisation, appropriée ou non, de la potion angélique. Cyrius me manquait. Quant aux deux autres… « Je suis Résaire Monteverdi. » Il me sourit et me tendit la main. Je la serrai dans la mienne. « Je suis l’homme du Nylmord, celui qui est censé vous surveiller. » Il me fit un clin d’œil. « Enchanté. » « De même. » Il semblait être léger et enfantin, très peu enclin à se plier aux codes rigides du rang qu’il devait probablement avoir. « Ma chambre est juste à côté de la vôtre. » Je restai silencieux. « Mais ne vous inquiétez pas, je ne viendrai pas vous observer pendant votre sommeil. » « Vous seriez déçu. » « Pourquoi ? » « Je ne dors pas beaucoup. » « Hum ? C’est à la suite de ce qu’il s’est produit ? » « Non. Ça a toujours été comme ça, sauf lorsque j’étais jeune. » « Parfait ! Nous allons pouvoir discuter ensemble toute la nuit ! Vous savez ce que j’aimais faire, quand j’étais jeune ? » « Non mais je suppose que vous allez m’éclairer. » « Des camps de vacances ! Quand nous étions tous regroupés dans la même pièce, le soir, à nous raconter des histoires ou à discuter de l’avenir. À l’époque, je voulais être explorateur ! » Il me fixa d’un œil lumineux. « Mais je vous laisse vous installer ! Nous n’allons pas accaparer le couloir à nous deux quand même ! Faites-moi signe lorsque vous aurez rangé vos affaires ! Je dois également vous entretenir sur ce qu’il se passe ici. C’est assez étrange, vous allez voir ! » Il tourna les talons et se ravisa deux fois avant de me dire : « Demain vous pourrez rencontrer les autres soldats ! J’espère que vous avez amené votre cheval, sinon elle va vous en vouloir ! »

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Kaahl Paiberym
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Kaahl Paiberym
Mar 01 Juin 2021, 16:30



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Je rangeai minutieusement mes affaires. Puisque nous allions rester ici un temps indéfini, celui qui serait nécessaire à la disparition du problème, j’avais amené diverses tenues : mon uniforme en plusieurs exemplaires, ainsi que des vêtements décontractés pour les moments de repos. Volatys se développait doucement mais surement. Les terres n’avaient pas encore été parcourues entièrement. Les Mages Blancs étaient prudents. La Magie Bleue pouvait s’avérer dangereuse à bien des égards et, puisque c’était elle qui avait créé l’endroit, il refermait forcément quelques mystères, à l’image du Cœur Bleu. En retirant mon haut, je pensai que c’était ici que j’avais décidé de rejoindre l’armée. Aujourd’hui, je regrettais ce choix. Trop de facteurs extérieurs à ma personne rendaient incertains mes objectifs. De plus, le Nylmord s’avérait être plus intelligent que ce que j’avais cru au début. J’avais sous-estimé l’homme, pour une raison qui échappait totalement à ma compréhension. J’enlevai le bas de mon uniforme et le pliai. Avant que les Anges et les Magiciens ne se missent d’accord à propos de la Terre Blanche, j’aurais pris deux siècles. L’île ne pourrait être rendue autrement que par ce biais. Je devais faire partie de la campagne de reprise, afin d’évoluer, et trouver un moyen d’éliminer Alistair d’un même temps. Mon plan était celui-ci. Arranger les affaires d’Elias en éliminant le gouverneur de la Terre Blanche et arranger les affaires de Kaahl en faisant de lui un héro de guerre. Ça ne se passerait pas comme ça, surtout pas après les récents événements. Pour peu qu’Alistair parlât de ce qu’il s’était passé entre nous et jamais le risque de me placer à la tête de l’armée ne serait couru par le gouvernement, quand bien même venait-il à mourir.

Les problèmes s’accumulaient et je manquais de solutions. Le sommeil de Gustine. La mort d’Adélie et sa fille. Ârès et ses meurtres en série. La reprise de la Terre Blanche. Le Temple de Lyre. Adam et Laëth. Les soupçons du Nylmord. Mon incapacité à m’occuper de mes enfants. Les soupçons de l’Ordre des Justes. La crucifixion. Ces foutus mariages. Le problème de ma descendance. L’impatience de Val’Aimé. Lux in Tenebris. Les identités multiples qui se battaient en moi. Mon incapacité à atteindre le trône blanc. La folie de Devaraj. L'assassinat de l’Impératrice Blanche, celui-là même j’avais désiré par jeu. Pourtant, maintenant, le spectre de sa mort me faisait trembler. J’attendais la suite de la liste avec impatience, tout en me demandant jusqu’à quand mon esprit serait assez résistant pour tenir. L’abandon au mal était tentant. Il serait plus simple, en tout cas. Cependant, je savais aussi que c’était exactement ce qu’Ârès voulait. Son mode opératoire, ce qu’il avait fait, me rendait la simplicité impossible. Je ne lui donnerais jamais ce qu’il désirait, sauf à avoir la certitude de l’éliminer en devenant un monstre complet à mon tour.

Alors que je terminais d’enfiler un pantalon en lin, l’on frappa à la porte. Je pris un haut, que je n’enfilai pas tout de suite. « Oui. Entrez. » dis-je. La porte s’ouvrit sur l’homme que j’avais croisé dans le couloir plus tôt : Résaire. Il n’avait pas perdu de temps. Je finis de m’habiller. « Oui ? » demandai-je. « Je voulais vous dire que nous allons devoir discuter. Je ne crois pas que le Duc Vaughan vous en ait touché mot mais je ne suis pas qu’un gardien censé vous surveiller et lui faire mon rapport. Si vous avez le temps, nous pourrions commencer maintenant. » Dans la pièce, il n’y avait qu’un unique fauteuil. Il me fit signe de m’asseoir sur mon lit si je le désirais. « Maintenant ? » « Le plus tôt serait le mieux. » Je fis mine de réfléchir avant d’acquiescer et de m’asseoir. Comme il disait : le plus tôt serait le mieux ou, plutôt, plus vite nous commencerions, plus vite nous terminerions.

« Parlez-moi de vous Baron Paiberym. Aimez-vous les fraises ? » Je le regardai, un air incrédule sur le visage. Il sourit et je lui rendis son sourire. Était-il un enquêteur ou un psychologue ? Les deux ? Je le saurais facilement. « Assez. » « Et la viande ? » « Non. Je n’en mange pas. » « Pourquoi ? » Parce que je trouvais les animaux répugnants et impropres à la consommation. « Je ne supporte pas que l’on puisse disposer de la vie d’un être vivant comme bon nous semble. » « Mais si vous n’aviez pas le choix ? » « On a toujours le choix. » Il y avait toujours un choix, même si celui-ci comportait la mort. « Vous mourriez de faim ? » « Je trouverais une solution. » Il resta silencieux. Je décidai de lui montrer. « Je souhaite un repas dénué de viande. » Une boîte ne tarda pas à apparaître à côté de moi. « Oh. Je vois… » fit-il. « Pouvez-vous faire apparaître des fraises ? » « Avez-vous réellement été mandaté pour parler de mon régime alimentaire ? » « Le sujet peut être celui que vous voulez, tant que nous parlons. » dit-il, avant de laisser planer un silence auquel il ne tarda pas à mettre fin. « Le Nylmord m’a fait part de quelques difficultés qu’il avait avec vous. »

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Kaahl Paiberym
Mar 01 Juin 2021, 18:05



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« Quelle est votre relation avec votre magie ? » Elle me terrifie. Elle cherche à étouffer la lumière en moi. Elle veut me rendre fou, pour que le Chaos prenne pleinement possession de moi, pour que je sois son outil et son image. « Je dirais que les choses ont été difficiles au début. Lorsque je suis devenu Magicien, des changements importants sont survenus et j’ai eu du mal à me faire à la Magie Bleue. Je me suis beaucoup entraîné. Sans doute plus que les autres. » C’était vrai. Je m’étais acharné, parce que c’était la seule solution. Personne ne peut se faire passer pour un Magicien sans posséder le cadeau de Sympan. La Magie de la Lumière m’avait également donné des difficultés mais penser à ma mère avait rapidement été le moyen le plus sûr de faire naître la douceur en moi, d’éveiller la bonté jusqu’à rendre la capacité de soigner opérante. Les Ténèbres s’étaient senties bafouées, là où la Magie du Sang était restée de marbre. « C’est comme ça que vous avez excellé par la suite, j'imagine. » « Je ne sais pas si exceller est le mot. » dis-je. De mon point de vue, je n’excellais pas. Je n’excellerais que le jour où la Magie des Ténèbres me serait soumise. Lux In Tenebris découlait d’elle et ce pouvoir était comme vivant, capable du pire. Ses chuchotements ne cessaient de me pousser au pire. Ses paroles provoquaient chez moi des sueurs froides, des frissons qui partaient du bas de mon dos pour remonter. J’avais peur de mes capacités, parce que je ne les contrôlais presque plus. « Le Nylmord a été surpris par vos capacités en tout cas. » Je regardai Résaire. « Le Nylmord ne peut être que surpris de ce qu’il ne connaît pas. Lui et moi n’avons eu que très peu d’opportunités d’échanger avant ce qu’il s’est passé. » « Tout de même, il ne vous pensait pas si performant, sinon il vous aurait sans doute proposé d’évoluer plus vite. » « Et ça aurait été injuste pour le reste des soldats. » « L’injustice, ce n’est pas ça. L’injustice c’est lorsqu’à situations égales, le traitement est inégal. » Certes. « Avoir vos capacités magiques n’est pas donné à tout le monde. Vous êtes une force pour l’armée. » Je ris. « Une force qui essaye de tuer son supérieur hiérarchique. » Il y eut un silence. « Comment vous sentez-vous par rapport à ça ? » Mal. « Mal. »




Je marchais à côté de Nyellë. C’était son nom, le même que le cheval de Priam. Je ne l’appelais pourtant jamais par ce pseudonyme, jugeant que l’animal se fichait bien des considérations identitaires de mes semblables. Ses ailes étaient repliées sur ses flancs. Je me demandais qui était cette fameuse « elle » que Résaire avait déjà évoquée. Je ne tardai pas à avoir la réponse. « Baron Paiberym ! » La voix appartenait à une jeune femme. Je levai les yeux vers elle et rencontrai pour la première fois ses yeux verts. Je ne l’avais pas eu comme élève ou, si tel avait été le cas, elle ne m’avait pas marqué. Non, je ne lui avais jamais rien enseigné. Je me serais souvenue d'elle. « Mademoiselle ? » Elle semblait jeune mais cela se ressentait surtout dans sa façon d’être. Le sourire qui illuminait ses traits la rendait juvénile. « Votre cheval ! Qu'il est beau ! » s’exclama-t-elle, sans tenir compte de mon trouble. Elle porta la main sur Nyellë, ravie, avant de se tourner vers moi. La proximité de nos deux corps m’apparut vite inconvenante. Je lâchai légèrement la bride pour avoir la possibilité de reculer d’un pas sans perdre le contrôle de mon cheval. Elle émit un rire, comme si elle trouvait mignonne ma façon de retarder l'inéluctable. Pourquoi ? « J’avais tellement hâte de vous rencontrer, même si je vous imaginais plus grand. » Elle me détaillait comme si je lui appartenais, ce qui me semblait à la fois curieux et déplacé. « Excusez-moi mais… Qui êtes-vous ? » « Mirabelle Vaughan ! Je suis la fille de la Duchesse Juvénilda Vaughan ! C’est moi qui ai insisté pour que vous veniez ! J’espérais qu’Alistair… Enfin… Que le Duc Vaughan vous demanderait d’amener votre cheval ! Il faudra que je le remercie ! » Comme je voyais qu’elle allait continuer sur sa lancée, je l’interrompis. « Je suis vraiment désolé mais nous connaissons-nous ? » « Pas encore ! » Elle me tendit la main et, comme je ne bougeais pas, elle finit par préciser son envie. « Baron Paiberym, je suis la fille d’une Duchesse. Vous devriez faire les choses correctement. » Son ton était léger mais, dans ses yeux, il y avait la lueur d’une espièglerie qui était armée de sérieux. Embarrassé, je pris sa main, baissai le buste et frôlai le dos de celle-ci avec mes lèvres. Elle sentait bon, sans que je ne parvinsse à savoir si c’était le Vampire qui désirait son sang ou si c’était simplement moi qui trouvais son odeur attrayante. Elle me sourit et attendit. Cette scène me semblait presque irréelle. Autour de nous, d’autres soldats nous regardaient. Certains chuchotèrent même quelques paroles que j’aurais préféré ne pas entendre. « Qu’attendez-vous de moi ? » « Je veux que vous me représentiez. » « Vous représenter ? » Elle passa sa langue sur ses lèvres, comme si expliquer serait long. « Voilà… Ma mère étant de la vieille école, elle a décidé d’accorder ma main à l’homme qui remporterait un duel à cheval. Chaque candidat possède une lance et, sans faire preuve de magie, il doit faire tomber son adversaire de son destrier. Seulement, c’est avec vous que je désire me marier alors j’aimerais que vous soyez mon champion. Vous faites tomber les autres cavaliers et ma main reste libre de toute attache. » Je n’étais pas sûr d’avoir correctement entendu. « Mais ne répondez pas tout de suite. » ajouta-t-elle. « Tant que le brouillard persistera à Hautmanoir, il n’y aura pas de duel. Ça vous laisse le temps de réfléchir. »

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Kaahl Paiberym
Mar 01 Juin 2021, 20:03



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« Vous semblez pensif. » Je l’étais. « Vous avez rencontré Mirabelle, n’est-ce pas ? » « Oui. » Résaire acquiesça, comme s’il réfléchissait d’un même temps à ce qu’il pouvait me dire. « Depuis qu’elle est enfant, elle clame à qui veut bien l’entendre qu’elle se mariera avec vous. » « Je ne comprends pas. » Ce que je ne comprenais pas non plus était mes pensées la concernant. Lorsqu’elle avait avoué désirer se marier avec moi, même peut-être avant ça, j’avais repensé au dessin que m’avait fait Othaline, à l’orphelinat. J’avais songé à sa prédiction, selon laquelle je serais Roi, aurais quatre-vingts enfants, élèverais des dragons, irais libérer une princesse et serais marié à une femme blonde. Depuis, cette idée ne me quittait plus. Elle m’inquiétait bien plus que le brouillard que nous avions constaté quelques longues minutes après ma rencontre avec Mirabelle. « Personne n’a jamais compris. » avoua le psychologue. « Sa mère non plus. » « Sait-elle que je suis engagé ? » « Oui mais elle a déclaré que personne ne pouvait lutter contre le Destin. » Je dus faire un effort monumental pour ne pas paraître plus surpris que ce que j’aurais dû être. Il sourit et haussa les épaules « C’est un argument comme un autre. » « Pourquoi ce duel ? » demandai-je. « La Duchesse tient aux traditions. Elles se sont beaucoup perdues mais elle veut le meilleur pour sa fille. Ça a été le cas avec les précédentes, sur d’autres épreuves. Mirabelle est d’une constitution physique plutôt frêle. Sa magie est grande et elle est intelligente, malgré sa tendance à se laisser emporter par un côté enfantin qu'elle possède depuis toujours. La Duchesse a donc décidé que les prétendants s’affronteraient dans une épreuve physique. » « Si elle voulait le meilleur pour sa fille, elle lui permettrait d’épouser l’homme qu’elle aime. » « C’est vous qu’elle dit aimer. » Il y eut un silence. « Comment vous sentez-vous par rapport à ça ? » m’interrogea-t-il. Je ne préfère pas y penser. « Je ne sais pas quoi vous dire, surtout que cette histoire n’a rien à voir avec ce qu’il s’est passé entre le Nylmord et moi. » « Je ne suis pas tenu de vous parler que de ça. » « Je sais. J’ai bien vu que vous cherchiez à m’analyser. » « Je cherche à vous aider. » J’inspirai et soupirai. Mes paumes se placèrent sur mes cuisses. Je frottai un instant, lentement, le tissu de mon pantalon. « Je me sens… Je ne sais vraiment pas. » « Êtes-vous heureux d’attirer cette femme ? » « Non. Je n’ai jamais été un séducteur. Je ne comprends pas ce qu’elle me trouve. Surtout que nos chemins ne s’étaient jamais croisés auparavant. » « Vous diriez que les femmes n’ont aucune raison de s’intéresser à vous ? » Le silence reprit ses droits. « Je… Disons que… Oui, je ne me sens pas digne d’intérêt. De mon point de vue, je ne suis qu’une source de problèmes. Je fais souffrir ceux qui m’aiment. Regardez ce qu’il s’est passé… » « Vous n’êtes pas la cause directe de ce qu’il s’est produit. » « Et alors ? C’est facile de toujours reporter la faute sur autrui, comme si les autres étaient la réponse à tout. » « Vous sentez-vous maudit ? » « Vous vous sentiriez comment, dans mon cas ? » « Honnêtement, je serais anéanti. » Nous ne parlâmes plus.




« Pourquoi vous ne montez pas sur votre cheval ? » La question m’avait été posée plus d’une fois. « Je peux marcher. » dis-je simplement. Parfois, l’on formulait autrement. « Vous devriez vous entraîner pour le duel. » Je n’avais pas accepté. La conversation s’était terminée sur les politesses d’usage. Pourtant, depuis, je n’arrivais pas à m’enlever cette femme de la tête. Pourquoi ? « Baron Paiberym ? » Sa voix. Je ne la sentais jamais arriver. Je me tournai vers elle, alors que le soldat s’éloignait, comme s’il avait pris l’initiative de nous laisser de l’intimité. Je ne voulais aucune intimité avec elle. « Marquise Vaughan. » Seule sa mère était Duchesse. Elle me sourit. « Que faites-vous ici ? » Elle ne portait pas de robe, cette fois. « Je me suis dit que vous auriez peut-être besoin d’aide pour ce brouillard. » « Vous devriez rentrer chez vous. » « Je préfère rester avec vous. » « Ce n’est pas recommandé. Ce brouillard pourrait être dangereux. » « S’il l’est pour moi, il l’est pour vous aussi. » « Ce n’est pas la question. » Ses yeux se détournèrent et se posèrent sur Nyellë. « Je pourrais grimper sur son dos ? Il me protégerait. » « Il a mauvais caractère. » « C’est pour ça que vous marchez ? » dit-elle, en riant. Je fus étonné lorsque je constatai la chaleur qui était en train de se répandre au niveau de mes joues. « Vous rougissez. C’est curieux. » « J’ai chaud. » Cette femme m’ensorcelait, d’une manière ou d’une autre. Sa magie. Il n’y avait que ça. Je ne rougissais jamais. « Vous devriez vous découvrir, dans ce cas. » argumenta-t-elle, en grimpant sur le dos du cheval. Il ne fit rien. Les soldats qui pouvaient nous apercevoir riaient sous cape.

Au lieu de continuer à m’embêter, elle regarda droit devant elle et changea de sujet. « Ce brouillard n’est pas normal. Des Mages contrôlant la météo et d’autres maîtrisant l’air ont essayer de le dissiper, en vain. » « Êtes-vous entrée dans la ville ? » « Non. Heureusement, le château est dans la campagne. » Elle baissa les yeux vers moi. « Vous aimeriez cet endroit. » « Qu’en savez-vous ? » « Je n’en sais rien. C’est simplement une intuition. » « Vous me mettez dans une position délicate. » « Pourquoi cela ? » « Il y aura des rumeurs infondées sur notre compte. » « Avec le temps, elles ne seront plus infondées. » « Je vais me marier à Laëth Belegad. » « Si vous en étiez si sûr, vous ne feriez pas attention à mes dires. » « Je ne peux pas vous ignorer. » « Pourquoi ? » « Parce que vous êtes bruyante. » Elle sourit et je crus détecter une lueur lubrique dans ses yeux, comme si elle était en train de penser que je n’étais pas au bout de mes surprises, puisqu’elle était aussi bruyante au lit. Elle était vierge, je le savais. Alors pourquoi ? J’avais l’impression horrible d’être impuissant. Avais-je inventé ce regard ? Devenais-je fou ? « Vraiment… » murmurai-je, entre mes dents. Je ne la comprenais pas et, pire, je ne comprenais pas pourquoi elle avait ce pouvoir sur moi, le pouvoir de faire tomber certaines barrières et de me rendre bougon.

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Mar 01 Juin 2021, 21:45



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« Nous y sommes. » Les mots avaient été prononcés par un soldat, plus loin. Ils s’étaient répercutés sur les autres. Nous l’avions tous pensé. Néanmoins, contrairement à la veille, le brouillard semblait s’être intensifié. « Bien. Restez sur vos gardes. Je ne veux personne… Où est la Marquise Vaughan ? » Mon visage se déplaça rapidement vers la gauche. Elle était là, il y avait à peine cinq secondes. « » Je fis quelques pas. « Soldat Paiberym, restez ici. » Ta gueule, pensai-je si fort qu’un sourd aurait pu comprendre le message. Mes jambes me portèrent dans la zone ténébreuse. Je n’avais pas peur des ombres. Mon cœur en était rempli. « Marquise Vaughan ? » appelai-je. Le nuage gris était si dense que ma voix se perdit à quelques mètres seulement. J’avais l’impression d’être entré dans un autre monde, où la brume aurait été vivante. Pourquoi diable cette femme avait-elle jugé bon de pénétrer la zone ? Je n’y voyais rien et étais mal renseigné sur la situation exacte. Les habitants avaient-ils fui la ville ? Étaient-ils enfermés à l’intérieur ? L’ordre avait-il été donné de rester chez soi ? N’avaient-ils pas le choix ? Mes sens étaient troublés et ma pensée n’arrivait pas à se former. J’avais l’impression de me trouver à l’intérieur de ma propre existence, comme si ce brouillard représentait mon horizon actuel. Il n’y avait plus aucun soleil dans ma vie. Ma confiance s’était étiolée dès que j’avais appris la formation du Lien entre Laëth et Adam. Il y avait Cyrius mais il s’agissait d’autre chose. Ça n’en était pas moins puissant. C’était simplement différent. Honnêtement, j’avais conscience que je préférais en vouloir à l’Ange et au Déchu. C’était plus facile de tout rejeter en bloc. Ça m’arrangeait d’être seul. Je cherchais cette peine. Elle me plaisait peut-être, même. À moins que ce ne fût là qu'un moyen de nier mon état actuel. Je ne faisais que m'accrocher à mes fonctions désespérément, en tentant de survivre.

« Marquise Vaughan ? » appelai-je de nouveau, après avoir contourné un mur. Mains devant moi, je préférais ne pas user de magie pour le moment. Je ne savais pas ce que cachait le brouillard, ni depuis combien de temps j’errais à l’intérieur de celui-ci. Le temps me paraissait s’écouler avec une lenteur insupportable. Je n’avais aucun moyen de savoir qu’à l’extérieur, les Magiciens avaient pris une décision : celle d’appeler les Gardiens des Cartes.

Perdu dans les méandres de cette magie inconnue, mon regard capta un mouvement. Un instant, il me sembla percevoir une forme, quelque chose. Une silhouette peut-être ? « Marquise Vaughan ? » Un sourire fugace. Ce n’était pas elle. C’était autre chose. Étrangement, la forme me sembla familière. Où l’avais-je déjà perçue ? Peut-être étais-je réellement en train de perdre l’esprit. Il y a du brouillard. Ce brouillard est inexpliqué et donc non naturel. S’il s’est abattu ici, c’est qu’il doit y avoir une explication. Quelqu’un ou quelque chose en est à l’origine. La question est de savoir pourquoi ? Dans quel but ? Je savais parfaitement que certains agissaient sans objectif mais je n’aimais pas cette hypothèse. Les non-sens me déplaisaient et, ce, depuis toujours. Si je voulais retrouver Mirabelle, je devais me débarrasser de ce brouillard. Mais comment ? Plusieurs magies avaient été utilisées dessus sans qu’aucune ne semblât fonctionner. Peut-être que… Prudemment, je laissai la Valse Destructrice s’étendre. La matière commença à se désagréger. Je ne pouvais pas continuer, sous peine de supprimer la ville. Je voulais simplement vérifier une théorie. Si je visais juste alors…

J’eus à peine le temps de constater un mouvement vif sur ma droite qu’un puissant flot de magie se déversa sur mon flanc. Je traçai rapidement un pentacle basique de défense avant de faire face à la créature. Je la voyais mieux. Elle ressemblait à une Ygdraë et était à moitié noyée dans le brouillard. C’était étrange, de pouvoir l’apercevoir elle alors que je ne voyais strictement rien aux alentours. « Qui es-tu ? » lui demandai-je. Une pierre précieuse bleue recouvrait son front. En essayant de découvrir son identité, je fus stupéfait : elle n’était pas nommée. Elle n’était ni une Orisha, ni une Ygdraë. Elle était autre chose, quelque chose de magique. Et elle avait ce regard… Je n’arrivais pas à le définir. Comme Mirabelle, elle semblait certaine de quelque chose qui m’échappait. Je voulus user d’Obéissance mais elle disparut de nouveau, me laissant seul.




« Pourquoi avoir désobéi aux ordres et être entré dans le brouillard seul ? » « Je voulais retrouver la Marquise Vaughan avant qu’il ne lui arrivât quelque chose. » « Vous auriez pu vous faire tuer. » Je ne répondis pas. « Kaahl… Excusez-moi de vous demander ça comme ça mais… Pensez-vous au suicide, parfois ? » Mes iris remontèrent et se figèrent dans ses prunelles. Oui.

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Mer 02 Juin 2021, 20:04



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Je serrai les dents. Je n’aimais pas que l’on m’échappât. Si cette chose avait été vivante, faite de chair et de sang, j’aurais placé au sommet de mon crâne la Couronne du Sang. Dans le brouillard ou non, elle n’aurait pu m’échapper. Guidé par mon instinct, je l’aurais traquée jusqu’à la trouver et la faire mienne. La solution la plus simple me paraissait évidente. Dangereuse pour moi mais évidente. En réalité, il existait des dizaines d’autres alternatives. J’étais poussé vers celle-ci par une force inconnue. Je m’en rendais compte, ce qui était bien pire que d’être plongé dans le déni. Je savais que le risque était particulièrement élevé. Pourtant, j’allais vers lui. Non pas par orgueil mais par volonté de tout arrêter. Cette même volonté n’était pas pleine et entière. Elle vacillait. Je m’en voulais d’être aussi lâche. J’avais honte de désirer la fin de tout ceci sans être capable de me présenter devant le palais de Cael et de clamer être l’Empereur Noir. Je culpabilisais de ne pas réussir à plier les genoux devant la mort. Cette opposition grandissante entre mes pensées et mes actes me perdait petit à petit. Rien ne m’enchaînait à la réalité. J’avais pensé me perdre dans le Monde des Rêves à jamais. Peut-être qu’en vérité, si je ne me tuais pas et si je ne laissais pas les autres me tuer non plus, c’est parce que je savais parfaitement ce qui m’attendait dans l’un ou l’autre cas. Et je ne voulais pas que ça continuât. Je désirais que ça s’arrêtât. Il me fallait donc de quoi tuer ma pensée tout en gardant mon corps en vie. C’était la vraie solution, celle qui ferait disparaître les pensées qui encombraient mon cerveau. Le prix du savoir était cruel. Avant, je devais débarrasser le monde d’Ârès. Il était mon seul but véritable. Je me raccrochais aux autres par pur automatisme. Au fond, je n’en avais rien à faire. Je me contais des fables pour rester debout malgré tout. Je ne pouvais pas me permettre de tomber maintenant, même si je le désirais. La question restait : jusqu’à quand mes obligations me paraîtraient-elles plus importantes que ma volonté ?

Alors que j’allais utiliser l’extinction, je sentis une présence contre mon dos. Je m’immobilisai, conscient de celle qui avait passé ses bras autour de moi. Je ne la sentais jamais venir. Je me retournai et réussis à attraper ses poignets. « Pourquoi être entrée dans le brouillard ? » lui demandai-je, plus agacé que ce que j’aurais dû être. « Vous voulez mourir, c’est ça ? » Ma poigne était rude. « Vous croyez que ça m’amuse de constater la mort autour de moi ? » Jamais elle ne lutta. « Ce n’est pas un jeu, Mirabelle. » Il y eut un silence, avant que ça voix ne résonnât. « Je suis désolée. » Désolée pour quoi ? Pas pour être entrée dans la ville. C’était autre chose, des excuses beaucoup plus profondes et générales. Je le sentais. C’était différent. Ça allait au-delà de l’instant présent.

Mes sens en alerte, j’écoutais ce qu’il se passait autour de nous tout en desserrant les doigts que j’avais repliés sur elle. Ses mains glissèrent avec douceur jusqu’à m’échapper. « Je crois qu’elle est venue ici à cause de moi. » avoua-t-elle enfin. « À cause de vous ? » « Je sais que vous ne le répéterez pas, c’est pour ça que je vous ai attiré ici. Je savais que vous viendriez me chercher. » « Pourq… Non. Qu’importe. Je connais la réponse que vous allez m’apporter. » Que nous nous marierons et qu’elle sentait ces choses-là. Je préférais ne pas l’entendre. « Je ne le répéterai pas, sauf si vous avez enfreint la loi. » « Ce n’est pas le cas. » Elle s’approcha, je reculai. Elle réitéra. Je ne bougeai pas. « Le brouillard a commencé lorsque je me suis rendue à Hautmanoir. J’y ai caché une boîte et j’ai souhaité que celle-ci ne soit jamais trouvée. Je voulais qu’elle se perdît dans les abysses, qu’elle disparût pour toujours. » « Que contient cette boîte ? » Ce n’était pas la bonne question. « Où est-elle ? » fis-je, d’un ton qui visait à annuler ma question précédente. « À l’intérieur du temple de Suris. » « Guidez-moi jusqu’à elle. » « Dans ce brouillard ? » « Nous y arriverons bien et il n’y a que ça à faire. » La certitude qu’elle ne mentait pas et que ce vœu pût être à l’origine de ce brouillard était déjà ancrée en moi.

Sa main s’attacha à la mienne. Je l’imaginai sourire. Elle souriait vraiment, bien que son visage ne m’apparût pas. « Mettons-nous en route. Plus vite nous y serons, plus vite ce sera terminé. » Maintenant, j’imaginais sur son visage un tout autre sourire, celui qui me demandait si j’avais réellement envie que ça se terminât. Je trouvais mes pensées agaçantes. J’avais l’impression de désirer m’accrocher à elle, pour combler le vide en moi. À une autre époque, j’aurais accepté de l’épouser sans la moindre résistance. À présent, les choses étaient différentes, bien que la pensée de punir Laëth ainsi m’avait déjà traversé l’esprit, comme mille autres punitions possibles. Ce qui foisonnait dans ma tête était très loin d’être bénéfique lorsque je songeais au Lien. J’avais conscience de la stupidité de ce foisonnement. Je savais que je ne ferais rien mais ça me faisait du bien de l’envisager. Du mal aussi.




« Je mentirais si je disais que je n’y avais jamais pensé. » finis-je par lui répondre. « Qu’est-ce qui vous retient ? » La certitude qu’une vie continuerait après, que je ne pourrais jamais avoir de fin. « Mes proches. Mon devoir. Ce fou qui est toujours en liberté. La peur peut-être. » « C’est pour cette raison que vous vous en êtes pris au Nylmord ? La volonté de mourir ? » Je fermai les yeux un instant. « Je… Je ne me suis jamais posé la question. » Bien sûr que si. « Posez-la vous. Dîtes-moi ce que vous avez ressenti au moment de l’attaque. » De la haine, pure. Une volonté de détruire tout, lui, mon double, le monde, moi-même.

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Kaahl Paiberym
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Kaahl Paiberym
Jeu 03 Juin 2021, 13:32



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« Et qu’avez-vous fait, dans ce brouillard, avec la Marquise ? » « Rien de particulier. Nous avons cherché une solution. »




Je sentais ses doigts entre les miens. J’avais beau tenter de museler mes pensées, une partie d’elles étaient portées sur ce contact. J’avais l’impression que ça faisait une éternité que personne ne m’avait tenu la main. Le brouillard ne m’inquiétait pas. Maintenant que je l’avais retrouvée et qu’elle était saine et sauve, faire cesser la brume ne m’importait plus. J’allais tenter de le faire, oui, mais sans aucune motivation. Hautmanoir pouvait bien disparaître à jamais sans que cela ne me fît rien. « Je crois reconnaître cet endroit… » dit-elle, pensive, en utilisant sa main libre. « Vous devriez me lâcher. » lui conseillai-je. « Non merci. » « Lâchez-moi. » « Non. » J’hésitai à utiliser Obéissance mais ne le fis pas. « Votre entêtement nous ralentit. Je pourrais vous tenir d’une autre façon. » « Je sais. Mais je préfère celle-là. » Elle attendit un instant, avant d’ajouter, amusée. « Je profite du brouillard. Je sais que lorsque nous en sortirons, vous me sermonnerez avec le regard d’autrui. Ici, personne ne peut nous voir. » Je tirai mon bras vers moi, pour la ramener là où je le désirais. Je ne la voyais pas mais je savais qu’elle était là. « Que les choses soient claires : il n’y aura jamais rien entre vous et moi. Nos mains liées n’ont aucune symbolique. Je vais me marier et vous aussi, à un autre que moi. » Un instant, je me demandai si je n’avais pas créé la tristesse chez elle. J’étais loin du compte. « Ce n’est pas vous qui décidez. » dit-elle. « Et quand bien même, je ne vais pas arrêter de vouloir me marier avec vous uniquement parce que vous êtes engagé. La vie est trop courte pour que je m’écrase au profit d’une autre, alors que je suis convaincue du bien fondé de ma prétention. » « Mais votre prétention ne repose sur rien ! Nous ne nous connaissons pas ! Comment pouvez-vous désirer un mariage avec un homme que vous n’avez jamais côtoyé ? » La raison aurait voulu qu’elle se rende compte du fait qu’elle se fourvoyait totalement. Pourtant, sa réponse me surprit. « Je vous connais. » Mes doigts se resserrèrent de nouveau sur elle. « Ce n’est pas un jeu. » lui assénai-je pour la deuxième fois. Je me sentais vieux de tenir de tels propos mais sans doute avais-je toujours été aussi sérieux, même à douze ans. Dès que j’avais commencé à mentir, à me construire un rôle, ma vie s’était divisée en deux et j’avais été obligé de faire autant d’efforts d’une identité à l’autre. La difficulté de la tâche m’avait rendu plus performant que d’autres, qui restaient uniques. Vivre deux existences sans qu’aucune n’en pâtissât n’était pas aisé. J’avais dû faire une distinction précise entre Elias et Kaahl, sans qu’aucun d’eux ne fût moi pour éviter les soupçons. Finalement, avec le temps, ceux qui me connaissaient réellement n’existaient plus et ceux qui m’aimaient n’aimaient qu’une partie de moi. « Je suis sérieuse. C’est vous qui ne donnez aucun crédit à mes paroles. » Vaincu, je soupirai. Je la convaincrais autrement. « Concentrons-nous sur la boîte. »

Finalement, lorsque nous arrivâmes à l’intérieur du temple, nos mains étaient toujours liées. « Elle est là. » dit-elle, en fouillant dans ce qui devait être une armoire. Elle attrapa l’objet et me le tendit, jusqu’à ce qu’il touche mon torse. « Il y a quoi à l’intérieur ? » demandai-je, en le réceptionnant. « Mes secrets. » « Quel genre de secrets ? » « Vous pouvez l’ouvrir si vous voulez. » « Ce ne seront plus des secrets, ensuite. » « Peut-être qu’ils n’ont pas tant que ça besoin d’être protégés. » Mon refus était sur le point de franchir mes lèvres. Pourtant, j’acceptai. Si le brouillard était apparu pour protéger le contenu de la boîte, il disparaîtrait probablement une fois ouverte. « Je vous donne cette boîte. » ajouta-t-elle. « Vous la garderez pour moi. » Que veux-tu que j’en fasse ? pensai-je. « D’accord. » murmurai-je, avant de l’ouvrir. Autour de nous, le brouillard commença à muter. Aucun de nous ne pouvions savoir que les Gardiens des Cartes étaient à l’œuvre depuis de longues minutes. Ils n’arrivaient à rien. La solution était si compliquée et si facile à la fois. À partir du moment où les secrets n’eurent plus besoin de protection, la créature magique décida de mettre un terme à sa mission. La visibilité ne tarda pas à revenir, la brume faisant place à un soleil étincelant. Une carte se forma à l’intérieur même du coffret, illustrée par la forme que j’avais aperçue plus tôt. Mes yeux remontèrent vers ceux de Mirabelle. Un sourire éclairait ses lèvres, malgré son éblouissement soudain. Mon regard descendit sur la boîte. Je restai impassible un instant, avant de rire. « Ne vous moquez pas ! » Dedans, il y avait ce qui ressemblait à un journal intime et plusieurs babioles et lettres pliées. « Je n’oserais pas. » dis-je, dans un sourire qui niait mes paroles.

Elle posa ses doigts sur le dessus de ma main. « Oui ? » « Vous ne m’avez pas donné votre réponse pour le duel. » Je la fixai. « Je crains de ne pas être à la hauteur de vos attentes. Je suis un bien piètre cavalier et Nyellë ne m’obéit pas. » « Il vous obéira si vous le faîtes pour moi. » « Les choses ne marchent pas ainsi. » « Pourquoi pas ? » « Je… » Elias aurait coupé court à cette conversation bien avant qu’elle ne commence. Kaahl aurait accepté pour que cette femme ne se retrouve pas mariée à un homme qu’elle n’aimait pas. Moi j’étais pris de court, parce qu’elle avait toujours réponse à tout. Chaque argument trouvait un contre-argument, parfois totalement dénué de logique. Pourtant, dans ses yeux aussi verts que la pelouse après un mois de pluie, il n’y avait que des certitudes. Je passais ma vie à douter et, elle, n’était que fermeté. Elle était bien plus stable que ce que les autres pouvaient penser. « Et si vous participez et que Nyellë vous obéit ? » « Eh bien ? » « Vous aurez un gage ? » « Les choses ne marchent pas ainsi. » répétai-je. « J’ai décidé que si. Vous aurez donc un gage. » « Je n’ai pas accepté. » « Mais vous allez le faire. » Non. « Il n’y a pas que ma main en jeu. » « Qu’y a-t-il d’autre ? » « Vous le saurez en participant. » Mes épaules s’affaissèrent légèrement. Elle se mit à rire, bien heureuse de sa petite mise en scène. Elias l’aurait fait écorcher. « Acceptez… S’il vous plaît. » Elle m’avait rendu curieux. Je soupirai. « Bien. J’accepte. » « Super ! » fit-elle. « Mais je vous préviens que je ne me marierai pas avec vous. Je participe uniquement pour éloigner les prétendants. C’est bien ça, n’est-ce pas, que vous avez derrière la tête ? » « Oui. Certains se décourageront rien qu’en sachant que vous me représentez. » « Et étant donné que je viens de subir une perte, d’autres n’oseront pas me porter le moindre coup. » « Exactement. » Elle sourit. Sa façon de penser était digne des plus grands stratèges, à son niveau. Si elle commençait à réfléchir à d’autres considérations, elle pourrait être redoutable. Pour le reste, ça ne me dérangeait pas qu’elle se servît de la mort pour tirer son épingle du jeu. Je saluais la performance. J’étais le premier à profiter des autres.

« Oh, j’y pense. » commença-t-elle. « Si vous le désirez, nous pourrons parler de ce qui vous est arrivé. » Je fus surpris, encore. Généralement, les gens se contentaient de paroles creuses. Ils demandaient si ça allait, promettaient d’être là en cas de besoin mais se parjuraient rapidement. Ils évitaient sciemment le sujet ou s’éloignaient. « Il se trouve que le Nylmord m’a trouvé un psychologue. » « Résaire ? » « Oui. » Elle réfléchit. « Vous pourriez en avoir deux. Lui et moi. Bien sûr, je serais tenue au secret professionnel, sauf si vous avez enfreint la loi. » Je souris. Elle s’était approprié ma réplique. « Vous êtes une drôle de femme. » dis-je. « Vous ne devriez pas vous intéresser à m… » « Marquise Vaughan ! Baron Paiberym ! » Je détournai les yeux. Mirabelle décala sa main, de façon que ses doigts ne touchassent plus la mienne. Je fermai le couvercle de la boîte. Je n’étais pas ravi. « Je vous l’avais dit que vous n’auriez pas envie que tout ceci se termine. » me souffla-t-elle, avant de sourire face au soldat.




« Je crois qu’au moment de l’attaque, je ne réfléchissais pas. J’avais mal. Je ne comprenais pas pourquoi personne ne faisait rien pour retrouver ce monstre. Je me sentais responsable et je voulais que ça s’arrête. » « Que quoi s’arrête ? » « Tout. » Rosaire me fixa. « Tout quoi ? » « Je ne saurais pas le formuler avec exactitude… Je voulais que la cruauté s’arrêtât, que l’intolérance cessât. Les frustrations que je gardais en moi depuis quelques temps ont décidé d’exploser en même temps. Je trouvais le monde injuste. Je trouvais même les Anges injustes. » « Pourquoi les Anges ? » « De ne pas accepter les étrangers en ayant un système marital stupide qui ne tolère ni la faute ni le divorce. De ne pas reconnaître les mariages étrangers. De rendre difficile le simple fait d’aimer. Je ne devrais pas dire ça mais les Anges, pour moi, sont tout sauf bénéfiques et l’image de clarté que les Terres en ont me semble un concept depuis longtemps erroné. » « Avec le Génocide… » « Lorsque l’on est si bénéfique, on pardonne. » « Allez-vous pardonner à celui qui a tué Constantine et Apolline ? » « Non mais je ne suis pas un Ange. »

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Kaahl Paiberym
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Kaahl Paiberym
Jeu 03 Juin 2021, 13:33



Jeux d'ombres


J’enlevai une poussière sur ma manche et soupirai. J’écoutais les rumeurs qui s’élevaient. Pourquoi moi ? Qu’y avait-il entre la Marquise et moi ? Défendais-je sa vertu ? Pour quelle raison ? Allions-nous nous marier ? Cette dernière théorie était la plus controversée. Beaucoup n’y adhéraient pas. Mon histoire d’amour avec Laëth Belegad avait bien trop défrayé la chronique pour que quiconque pût penser que notre mariage ne fût que de l’histoire ancienne. Surtout, hormis ces derniers jours, personne ne m’avait jamais vu en compagnie de Mirabelle Vaughan. Cela dit, comme les habitants de Volatys connaissaient ses intentions à mon égard, le doute restait possible. L’hypothèse la plus probable, selon les Magiciens, était celle-ci : j’avais accepté de défendre l’honneur de la Marquise après sa demande officielle. Rien d’autre de mon côté. Un espoir du sien.

Cette histoire n’était pas la seule à se promener de lèvres en lèvres. Le brouillard de Hautmanoir avait disparu et les Gardiens des Cartes, en nous retrouvant, avaient compris assez rapidement que l’un de nous deux possédait la carte qu’ils étaient venus récupérer. Je le leur avais confirmé, ne faisant pas le lien entre celle qui m’avait été attribuée lors de la Coupe des Nations magicienne et celle qui avait décidé de me choisir en tant que propriétaire. Lorsque j’aurais le temps, je devrais m’entretenir avec les Gardiens. Je le leur avais promis. En attendant, mon insubordination ne m’avait valu aucun blâme mais j’étais certain que le meurtre de Constantine et de sa fille ainsi que l’endormissement de Gustine y étaient pour quelque chose. Un soldat normal aurait été mis à pied. Ça se produirait de toute façon, tôt ou tard. Tous ces éléments réunis, en plus de ma participation au duel, faisait de moi, sans conteste, la personne du moment sur Volatys. Mirabelle me partageait la vedette. Partout, l’on vantait sa beauté et la chance qu’aurait celui qui gagnerait sa main. J’étais l’ombre au tableau de beaucoup de prétendants. En acceptant à la dernière minute, j’avais rebattu les cartes. Le favori avait perdu sa place.

Le jour du duel, j’étais donc vêtu aux goûts de la blonde. Elle avait choisi mes couleurs et, en tant que champion de sa liberté, je devais me prêter à ses fantaisies. Ce serait en bleu marine que je chevaucherais Nyellë et perdrais mon honneur. Je souris à cette pensée. Le cheval et moi n’avions aucun atome crochu. Il devait sentir que je ne l’appréciais pas et la réciproque était vraie. Je le soupçonnais de déjà comploter contre moi. Il tenterait probablement de m’éjecter de son dos à la seconde même où je m’y serais installé. Ce ne fut pourtant pas le cas. Étrangement calme, il ne broncha pas, même lorsque l’on m’équipa d’une lance légère au bout arrondi. Le but était de faire tomber l’autre, pas de le tuer. Je refusai le casque. J’avais déjà refusé une armure plus conséquente. J’avais besoin de bouger et de voir pleinement. Je n’avais jamais aimé les tenues trop lourdes et, de toute façon, ironiquement, je me disais que mourir lors d’un duel pour la main d’une femme serait parfait. Si l’on découvrait à titre posthume que j’étais l’Empereur Noir, mon nom ne serait jamais oublié. Elias Salvatore, le Roi qui mourut pour la main d’une Magicienne qu’il n’avait aucunement l’intention d’épouser. Oui, parfait. Le chaos qui en résulterait serait total.

En position, j’attendis le signal. Nyellë ne sembla pas avoir besoin de moi pour savoir quoi faire puisque dès qu’il le put, il s’élança au gallot vers la cible. Je m’intéressais si peu à la bête que je n’avais aucune idée de son sexe. Je découvrirais plus tard qu’il s’agissait en réalité d’une femelle, une femelle particulièrement rapide et précise. Durant ce duel, elle et moi connûmes une forme de communion. Elle répondit parfaitement à mes attentes, sans que je ne les formulasse. Dès que mon œil se fixait sur une zone laissée libre, j’avais l’impression que l’animal faisait son maximum pour que je pusse l’atteindre. Un à un, nous fîmes tomber les prétendants sans qu’aucun ne me touchât. Ce ne fut qu’à la fin, lorsque ma victoire fut annoncée, que Nyellë se cabra dangereusement. Je manquai tomber mais tins bon, préférant descendre de la monture avant qu’elle ne recommençât. Je détestais ce cheval.

L’homme qui s’occupait d’animer se rapprocha de moi, afin de me guider vers Mirabelle Vaughan. Celle-ci, debout dans une robe digne de son rang, m’attendait tranquillement. « Baron Paiberym, nous sommes tous impatients d’entendre votre décision concernant la main de la Marquise. » Le brouhaha général cessa petit à petit, jusqu’à ce que le silence s’installe. Seul le bruit de la nature demeurait encore, imperturbable par nos jeux. « Marquise, je me suis battu pour la seule liberté de votre main. Vous pouvez à présent en disposer comme bon vous semblera et choisir l’homme qu’il vous plaira d’épouser quand le moment sera venu. » déclarai-je. Certains candidats défaits, par moi ou un autre, n’en croyaient pas leurs oreilles. Pourquoi refusais-je ? Surtout, pourquoi avoir combattu pour quelque chose que je ne désirais pas, au point de priver les autres d’un mariage avantageux ? Je décelai soudain une lueur dans le regard de Mirabelle. Il y avait quelque chose qu’elle ne m’avait pas dit. Alors que l’homme allait reprendre la parole, elle lui fit signe de se taire. « Baron Paiberym, sachez que votre victoire me remplit de joie. Néanmoins, en refusant le pacte de ce duel, vous devenez redevable envers ma famille car vous me laissez sans mari. » Petite maline. « Accepteriez-vous de devenir mon chevalier afin de réparer votre outrage ? » « Si tel est votre désir, Marquise Vaughan. » répondis-je, avec dans l’idée de la mettre face à ses responsabilités dès que nous ne serions plus en public. « Bien. À genoux, dans ce cas. » De mieux en mieux. Je m’exécutai. « Kaahl Paiberym, Baron du Duché de Darin, Marquis du Duché de Sabnac. » Il y eut quelques murmures. Chez les Magiciens, mon véritable rang nobiliaire n’était que très peu connu. « En ce jour, je vous nomme chevalier du Duché d’Iten, à mon service exclusif. » Elle me tendit la main. Je la pris et effleurai sa peau de mes lèvres. « Votre honneur est mon honneur, ma Dame. » Elle se baissa et prit mon visage entre ses mains. Elle apposa un baiser sur mon front, un baiser sur mon nez et un baiser sur mes lèvres. « Relevez-vous, à présent. » Je me redressai.

Lorsque nous entrâmes tous les deux dans le château, après que les lourdes portes se furent refermées, elle éclata de rire. Je n’étais pas dans le même état d’esprit. « Vous auriez vu votre tête. » me lança-t-elle, sans aucun état d’âme. Mon regard était sombre. Lorsqu’elle se retourna, elle ne sembla pas s’en formaliser et, comme si elle avait prévu de le faire sans attendre, elle me rassura. « Ne vous inquiétez pas, je ne vous demanderai rien de spécial, que des petites choses. » « Comme ? » « Me ramener des souvenirs de vos voyages ou venir me voir de temps en temps. » « C’est déjà beaucoup. » Elle rit. « Vous m’avez piégé. » « C’est vrai. » dit-elle, toujours ravie. « J’étais sûre que vous vous laisseriez faire. Le regard des autres est trop important pour vous. C’est à se demander pourquoi. » « J’ai simplement voulu vous éviter un réel outrage. » « Bien sûr. C’était prévisible. » « Profiter des autres, ce n’est pa… » « Chut. » me fit-elle, en plaçant son index sur mes lèvres. Elle avait de la chance. Je n’incarnais pas Elias. « Et vous avez eu votre cadeau. » « Devenir Chevalier ? Je m’en serais passé. » « Mon baiser. » Je restai silencieux un moment. « Je m’en serais passé aussi. » répétai-je. « Avez-vous aimé ? » « Marquise ! Enfin ! » m’insurgeai-je. Elle rit. « Avouez que lorsque je suis avec vous, vous ne pensez pas à ce qui vous attriste d’habitude. » Étrangement, elle avait raison. Son visage n’était relié à aucun événement négatif. Je n’avais pas à lutter. Je ne voyais pas ma souffrance se refléter dans ses yeux. Maintenant qu’Adam était lié à Laëth, il devenait une partie du problème. Les choses ne seraient plus jamais simples. « Et donc ? Que dois-je en conclure ? » « Que je suis efficace comme psychologue. » « Vous n’y connaissez rien en psychologie. » dis-je, avec un sourire. « Voyez, vous souriez ! » « C’est votre bêtise qui me fait sourire. » « Tenez votre langue. Maintenant, je suis votre Dame et vous êtes mon Chevalier. » « Je ne viendrai pas vous sauvez du dragon. » « Qui vous dit que je suis la princesse en détresse ? » « C’est vrai que vous ressemblez plus à un vilain ogre. » « Et vous plus à une princesse qu’à un chevalier. » Je levai les yeux vers elle. Elle rit un instant, avant de s’approcher. « Je vous enlèverai à votre chevalier et il aura beau se battre pour vous récupérer, jamais je ne vous rendrai. » Elle vint chercher ma main. « Je vous tiendrai toujours la main, qu’importe l’obscurité. Même dans les temps sombres, je vous aimerai. Je ne vous mentirai jamais et je serai prête à mourir pour vous. Alors épousez-moi. » Le silence s’installa entre nous. Son air était sérieux. De sérieux, il passa à rieur. « C’est joli n’est-ce pas ? Je l’ai lu dans un livre. » Je ne dis rien.




« C’est maintenant que vous rentrez ? » me demanda Rosaire, en s’alignant sur mon pas. « Vous avez raté notre séance d’hier soir. » « Je suis désolé. » « Où étiez-vous ? » « Je prenais possession de ma demeure. » « C’est vrai que vous êtes Chevalier maintenant. » Il rit et se tut un instant. « Vous savez, le Nylmord aime beaucoup Mirabelle. » « Et ? » « Si vous passez vos nuits avec elle, il risque de… » Je m’arrêtai et le regardai d’un air qui voulait tout dire. Il retira. « Je suppose qu’elle a dû vaquer à ses propres occupations après que vous vous soyez séparés à une heure décente. » « Exactement. » « Et que vous a-t-elle confié comme mission ? » « Je dois lui ramener un souvenir de Lyscenni et lui écrire une lettre. » Il rit. « Quand je pense qu’elle a réussi à vous avoir… » « Je ne préfère pas y penser. » Ni au fait que j’allais devoir repartir de Volatys et que mes sombres réflexions ne tarderaient pas à m’accabler de nouveau. Il y avait cette carte aussi… Le Brouillard…

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Fin
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