Invité Invité | Mer 23 Déc 2020, 21:50 | |
| [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] « Le véritable artiste est celui qui simplifie tout. »
Intrigue : Deccio expérimente plusieurs inventions qui lui seront utiles (ou pas) à l'avenir.
La casserole en ébullition frissonna, augurant ainsi que la concoction était prête. Autour de ce fumet fort appétant, deux figures que rien ne rapprochait à cause de leurs trop nombreuses divergences d’opinions. D’un côté, le blond à la ruse la plus finaude des quartiers chauds. De l’autre, un scélérat connu pour ses querelles avec les artisans de la gastronomie dû au fait des cuisines déplorables qu’il visitait. Tulipe, le roi de la frite, au-delà d’être le brillant concepteur d’une nouvelle recette à base de pomme de terre usait en effet de son temps libre pour apporter son aide aux restaurants en difficulté. Avec son œil avisé, rien ne lui échappait. En revanche, de par sa grande gueule sans doute un poil trop directe, l’homme se faisait un paquet d’ennemis dans le secteur.
« Tu crois pas que t’abuses un peu ? Cracher dans une soupe tout ça parce que le cuistot a oublié de la saler ? Et encore, si ce n’était que ça. Mais pourquoi l’avoir déversé dans sa tronche ensuite ? »
Grommelant comme un petit rat des prairies qui s’apprêtait à ronger tout le bois à disposition pour se passer les nerfs, le cordon-bleu jeta sa louche — celle qu’il baladait partout — au sol. Celle-ci ricocha et lui retourna au nez, lui arrachant un saignement malvenu. Déjà bien en colère, elle se décupla davantage. Jamais Deccio n’avait entendu autant d’insultes en si peu de temps. Avec un peu d’imagination et de bons accords, peut-être pouvait-il en faire un nouveau style de musique qu’il nommerait Rabâchage Agacé Primitif. Non. C’était trop long. Il s’en tiendrait à son abréviation ; le RAP. Nul doute qu’un nouveau public émergerait.
« Fais chier ! Spèce de c*** d’*** de sa grosse ****. »
Pour des raisons purement éthiques, la censure s’incrusta sans aucune invitation préalable. Le blondinet se contenta d’approuver d’un mouvement continu de la tête. Il n’écoutait rien, mais il savait à merveille faire semblant. Il avait appris ça auprès de certaines amantes, mais pas que. L’hypocrisie est un talent qui servait beaucoup les corrupteurs. Tout comme le fait de respirer était mécanique au sein des organismes vivants, celui de simuler l’était tout autant chez eux. Quoiqu’il en soit, son regard se perdit sur un instrument de musique qui sévissait dans son salon ; une lyre nantie des plus belles cordes de la région. Fabriqué sur mesure, Deccio avait intimement exigé à recevoir un tel bijou auprès des personnes concernées ; un trio d’artistes qui brillaient dans leurs domaines de prédilection. Ce dernier se leva pour la saisir, ses phalanges épousant ses formes. Ses doigts commencèrent à flatter les cordes dans le but de faire jaillir une envoûtante mélodie. On disait que la musique adoucissait les mœurs. Ça n’avait jamais été plus vrai qu’en cet instant. Le gueulard reprit néanmoins de plus belle à la fin de la composition.
« Qu’est ce que c’est que cette daube ? Ça se mange pas ta merde ! J’ai le bras long, tu sais ! Le service de l’hygiène va te coller au cul, ça t’apprendra à me fourguer ta saloperie ! »
« Mais enfin, calme-toi Tulipe. Je sais combien les hôtels Etroubête que tu tiens sont couronnés de succès, mais ce n’est pas le propos. Il se trouve que cet objet à été conçu par un instrumentaliste. Mais aussi un dessinateur, et un enchanteur. De prime abord, ce truc ne paie pas de mine, mais écoute bien. Hm. Dis-moi, harpie chérie, où puis-je trouver un couteau ? » Demanda-t-il en en jouant un do.
Au bout de quelques secondes de silence, le montant se mit à irradier. S’en suivit la caisse de résonnance qui vibra, avant que l’ensemble ne lâche quelques sons jusqu’à produire sa propre ballade de façon autonome. Bientôt, de véritables notes — palpables et colorés — dansèrent autour de l’individu. Une voix sortie d’outre-tombe libéra à son tour sa parole en un couplet improvisé.
« Oh, mon gars, s’teu plait lèèèève-toi ♪. Un petit touuuur, plus qu’un détouuuuur, six paaaas en avaaaant équivaut à prendre les devaaants ♪ Si tu vois le tiroir alors accomplis ton devoir. Tire le dans ta direction, et place à la dégustation. Le couteau, le voilà prêt à découper du gâteau ♪. »
En touchant l’une des notes, celle-ci se changea expressément en brioche qu’il dévora aussitôt.
« Bon, là la chanson est pourrave parce que ma question l’était tout autant. Mais ça fonctionne du feu de Dieu. »
Seulement voilà, Deccio n’en voyait pas l’utilité. C’est pourquoi il ferait don de charité. Juste pour voir.
871 mots | Post I
- Cadeau pour Eiko:
Quand la musique est bonne : Si cette lyre a l’air somme toute banale, il n’en est rien. Qu’importe si vous avez l’oreille musicale ou non, car il suffit de poser une question et d’interpréter quelques notes pour que la mélodie se mette naturellement en marche. S’en suivra la manifestation d’une voix qui chantonnera un couplet, un refrain ou même une partition complète en rapport avec ce qui lui sera demandé. Si elle dispose de toutes les réponses, les paroles seront toutefois plus nébuleuses si la question posée s’avère complexe ou si la solution comporte des zones d’ombres. Aussi, des notes tangibles sortiront de l’instrument avec des mots de la chanson qui lui est associé. En perçant cette bulle de musique, le mot en question surgit pour un temps plus ou moins limité selon la magie et l’intelligence de son détenteur.
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