Les Portes
Troisième Partie

Passant le dos de sa main sur son front, l'Alfar enlevait une partie de la sueur sur sa peau. Elle n'osait pas imaginer l'état de ses cheveux, collants contre sa tempe et sur sa nuque. Ses mains douces étaient délabrées, collantes, au point que le vernis semblait vouloir gravé dans ses chairs le sang qui s'y trouvait encore, comme des marques indélébiles. Peut-être devraient-elles les embaumées à leur tour pour dissimuler cet état ? Pourquoi le cacher, exactement ? Ce n'était pas une criminelle. Plus personne ne daignerait se moquer de sa personne après son retour à Drosera. Marquant une pause, reprenant son souffle, elle senti le petit coup sur son épaule, le comparant à la morsure d'une piqûre sur l'instant, mais sans que ce ne doit douloureux, avant que le tintement sourd d'une bille tombant au sol n'agite ses oreilles. Éberlué, elle clignait des yeux en se demandant si elle avait fait tomber une des billes oculaires, avant d'entendre un éclat de rire franc émanant de son dos. L'Autre, là ... ! Comprenant qu'il s'agissait de son méfait, l'Alfar eu un léger froncement de sourcils.

— Ah ! Tu veux t'amuser ?

Contrairement à son ton habituellement méprisant, Juvelian avait opté pour une voix amusée. Comme si une bataille de petites billes allait faire oublier l'horreur de ces dernières heures, cet endroit morbide dans son intégralité, ainsi que la mission qui lui avait été confiée. Sans doute voulait-elle la ralentir et lui ravir la victoire ? Si l'une d'elles échouait, une chose terrible risquerait de lui arriver, mais en cet instant, l'Alfar s'en moquât. Qu'est-ce qui serait pire que tout ceci ? C'était infernal depuis le tout départ ! Saisissant entre ses doigts une des sphères si situant dans la jarre ramenée auprès d'elle, elle levait sa main pour en relancer une, même sans trop de force, la boule transparente filait presque droit.

— Je suis douée pour bazardée des choses, attention !

Nulle menace dans sa voix, totalement relâchée. Quelle curieuse sensation que d'avoir l'impression d'être revenue sur terre, enfin, sous terre en l'occurrence, mais on n'allait pas pinailler sur les détails. Un début de migraine semblait la saisir, comme pour la punir de se détourné de sa tâche ; encore une fois, elle choisit de l'ignorer. À l'inverse, une des billes atterrit au milieu de son front, alors que son réflexe avait été de fermer les yeux en crispant son corps pour encaisser du mieux qu'elle put.

— Mais c'est que tu vises bien ! dit-elle en massant son front.

À cet instant, cette ambiance de folie se brisât en même temps que la voix de Kitoe résonnât dans la salle. Juvelian se retournait vers elle, suspendant son geste et, par extension, sa respiration durant quelques secondes en voyant son indignation et sa colère croissante. Les deux casse-pieds semblaient désormais se quereller et la Démone ne lui faisait aucun cadeau. En général, l'Alfar n'écoutait les cris que d'une oreille, car elle ne voulait pas s'en mêler pour s'éviter des ennuis - et c'était toujours le cas -, mais la voir saisir l'instrument dans l'unique but de le détruire lui arrachait un énième frisson. Sa voix lui foutait les jetons, son geste eu pour effet de lui rappeler ses petites vengeances contre les idiotes de son établissement ; elle n'avait jamais été jusqu'à tourmenter physiquement, même en générant des chutes et des situations honteuses. Néanmoins, ce qui l'inquiétait, c'était surtout la réaction de Katzuta. Elle n'était pas sûre que sa patience tienne devant celle qu'il avait déjà menacée ouvertement et qui respirait encore selon son bon vouloir ... Si ça tournait en carnage, elle n'avait pas trop envie d'être au milieu.

— Hum ! toussa-t-elle. Nous devrions reprendre ...

Ce n'était pas comme s'ils risquaient d'avoir une énième mauvaise surprise s'ils mettaient encore du temps à terminer la préparation des corps. Qu'est-ce que ce serait, cette fois ? Être brûlé à mort par les flammes ? Dévorer vivants par des verres de terre ? Perdre la vue ? Tout était possible, n'importe quoi et son contraire ; dans cet endroit, rien ne semblait avoir de limite, pas même la sortie.

Post XVII - 730 mots
Joker - 02 | 10

Résumé:

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Le Tombeau d'Amsès

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J'étais assez satisfait de ma vitesse, narguant quelque peu mon adversaire désigné avec un sourire. On ne me la faisait pas, à moi. J'étais un légiste et avec les siècles, j'en étais même devenu un expert. Plus ou moins. Ça ne voulait pas dire que j'étais le meilleur, mais je me débrouillai admirablement lorsqu'il s'agissait de disséquer des choses, de temps en temps plus dégueulasses qu'un être humain.

— Et si si si, j'ai terminé, confirmai-je.

Elle n'en était pas loin d'avoir conclu non plus, surtout lorsqu'on voyait l'état du corps, atteignant presque mon niveau ; c'était pour dire à quel point cette Démone était douée ! Sa réaction, néanmoins, me laissait un goût amer en bouche. J'étais déçu de son manque d'enthousiasme !

— Comment veux-tu que je tri ... ?

Qu'est-ce que c'était que cette accusation sans fondements ? Sa poigne se refermait contre le col de sa chemise, avant même que je ne puisse soupirer devant son illogisme, me contraignant à me pencher dans sa direction. Elle avait l'air furieuse, mais pourquoi voyait-elle inutilement de la provocation ? Nous étions des professionnels avant tout, du moins, je le croyais.

— Je ...

Je ne parvenais même pas à lui répondre avant qu'elle ne saisisse un des instruments comme une arme. J'écarquillais les yeux, avant de lever mes bras et d'intercepter sa tentative avec mes mains en m'emparant de ses poignets. Qu'allait-elle me faire ? Je ne craignais pas la mort, même dans cet endroit. Si elle me blessait, m'arrachais un membre ou me privait de ma vue, la médecine de chez moi me rendrait mon autonomie. Par contre, je n'avais pas vraiment envie de souffrir inutilement. Je penchais ma tête sur le côté pour éviter qu'elle n'atteigne son objectif, même si cela me causait une entaille en-dessous de l'oeil, sans parler que mes poignets souffraient lentement de ses mutations. C'était donc cela, un Démon.

— Mais c'est qu'elle est en colère, la tigresse là !

J'esquivais de peu le mouvement de ses dents.

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Quelque chose le travaillait, comme s'il ne s'agissait pas de sa volonté d'agir. Comme si quelque chose dans ses tripes remuait une crainte exagérée, mais il demeurait concentré sur sa tâche et ce, malgré les rares hésitations qui étaient siennes. S'aidant des reliefs pour poursuivre, il trouvait cette méthode à la fois comparable et divergente des techniques des Humains. C'était étrange. Qu'est-ce qu'il lui arrivait ? Pourquoi se trouvait-il lui-même si glacial, au point de ne pas se soucier des autres ? Nerveux, comme si ses sens de Gardien étaient en alerte. Pourquoi, dans une telle situation, la vision de Mancinia s'imposait ? Relâchant un soupir, Neah se sentait moins nerveux d'avoir accompli le rituel sur un autre corps, avant de se retourner vers l'Ange non loin. Helsinki lui avait dit être présente depuis le tout début. Sans manger, sans boire, en ayant cette sensation d'être là pendant des heures, voire des jours ... alors que des mois entiers passaient au-dehors.

— Helsinki.

Le Capitaine s'était de nouveau rapproché d'elle.

— Ma question va vous paraître surprenante, mais ... Avez-vous vu Mancinia ? Est-il possible qu'elle soit dans un autre groupe ?

C'était curieux qu'il ressente leur Lien de manière si nette, comme si elle se trouvait dans une des salles environnantes.

— Vous vous souvenez d'elle ? Elle était à mes côtés durant le Dîner, avec une robe rouge ... Grande, cheveux bruns ondulés et des yeux bleus.

Son Humaine avait paru impériale dans cette tenue. Cet endroit lui avait valu la chance déroutante de croiser la route du Chancelier Windsor, même si cela ne lui avait pas particulièrement plu qu'il lui en dédie une musique. À l'autre bout de la salle, un autre sujet agaçant vint l'ennuyer.

— Elle ne veut pas fermer sa gueule, l'autre, là-bas ? demanda-t-il en passant une main dans ses cheveux. Comment peut-on être aussi bruyante ?

En vérité, il était le seul en mesure de s'assurer qu'elle la boucle. Définitivement. Usant de sa magie, le sort d'Imaginaery matérialisât une arme de jet à ses côtés, avant que sa maîtrise du vent ne l'envoie en direction de Kitoe. Il visait un peu à côté pour ne pas blesser l'homme qu'elle agressait ouvertement sans que personne n'intervienne, mais en lui créant une entaille assez grande pour laisser du sang s'en extraire.

— C'est moi qui vais te tuer.

Sa voix était glacial, c'en était tellement évident qu'un souffle givré sortait de ses lèvres, accentuant sa menace. Entre les Anges et les Démons, la guerre ne s'était jamais réellement conclue ...

Post XI - 760 mots

Résumé:

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Le Tombeau d'Amsès

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Ce qui pulsait dans son corps était au-delà de la Colère. C'était une haine viscérale, sourde et glaciale. Sa réaction violente n'était qu'une réponse à l'agression subie d'une personne innocente et tous ici savaient que les Démons n'étaient que des chiens. Si cela avait créé une cascade de questions sur la tête de chacun, menant la situation tendue au bord de l'implosion, avant que quelques cassures ne se dévoilent. Les paroles d'Helsinki lui semblaient vides de sens, sa raison était instable en raison de sa longue présence entre ses murs et loin de lui l'envie de remettre en doute ses souffrances actuelles, mais son intervention ne changerait rien. Il allait l'annihiler. Son coup avait sonné Kitoe le temps de la tirade de l'Ange dont elle partageait le visage, mais cela ne durerait pas. Il avait visé à côté exprès pour lui montrer la différence de niveau et lui faire comprendre, avant sa mise à mort, que ce serait un gouffre qu'elle ne comblerait jamais plus ... Ses insultes dans son hurlement firent relever ses yeux d'Helsinki dans sa direction.

Si elle voulait épargner une Démone, tant mieux pour elle, mais cela ne voulait pas dire qu'elle était à la hauteur de ses prétentions. Il ne s'était arrêté que parce qu'ils étaient de la même race et cet endroit ne retrouverait son importance que lorsqu'il se serait débarrassé des nuisances, comme celle qui beuglait à son encontre. Neah ne répondit rien. Sa magie l'entourait et suffisait à lui donner la réponse. Si elle n'était pas soignée, elle allait se vider de son sang. Peut-être devrait-il attendre ce moment. Celui où personne ne lui tendrait délibérément la main pour la sauver, ce moment où elle mourrait seule, sans aucun espoir, comme elle devait l'avoir fait subir à tant d'innocents. Sa pensée morbide quant à son sort semblait lui avoir laissé le temps de puiser dans ses dernières ressources pour le confronter avec sa propre apparence. Voilà autre chose, pensa-t-il. Qu'espérait-elle soudainement avec sa démarche chancelante ? Son injonction aux autres ne faisait que confirmée ses pensées ; personne ne lui viendrait en aide.

— Vous avez un sacré sens de l'humour chez les Démons.

Aucun ton diverti, aucun sourire troublant son visage. Rien ne trahissait ses émotions, comme s'il avait agi par automatisme. Sans doute était-il mû d'une logique implacable, tant il n'y avait aucune envie de rire de ses paroles lorsqu'il repensait à tout ce qu'avait subi sa race entre leurs griffes. Lui, tout lui prendre ? Il ne faisait que commencer ... Ses amis disparus au combat, tous ses Soldats sacrifiés dans la préservation des Anges. Son peuple qui avait tant bramé ses peines, tant pleurer en silence, tous ceux qui s'étaient baignés dans leur sang par amusement. Si le monde oubliait, lui ... Lui, il n'oublierait jamais ce qu'il avait vu et vécu. Une chose était certaine, Kitoe savait imiter son apparence et sa voix, mais l'éclat était moins reluisant et la malveillance se lisait aisément sur ses traits. La violence de sa voix ne permettait pas de les confondre. Par contre, évidemment, elle franchit cette limite. Celle que personne n'avait jamais osé traverser. En se détournant de lui pour essayer de charmer Helsinki, qui semblait ne plus savoir où ils en étaient, la Démone avait émis la plus grave erreur de sa vie.

— Il n'est pas question que tu sortes d'ici en vie.

En un instant, ses ailes déployées et sa maîtrise sur l'air ambiant suffirent à l'envoyer contre le mur le plus proche. Main tendue et paume levée vers le plafond, Neah rabattait ses doigts dans sa direction, du métal surgit du mur pour maintenir ses membres, son tronc et sa gorge, contre sa pierre dure. Il n'y avait personne d'assez puissant pour le retenir, ou l'arrêter tout court. S'il voulait resserrer son emprise, Kitoe mourrait asphyxiée, mais il était clair que cette solution serait trop simple. D'une démarche assurée, le Capitaine venait dans sa direction. Ses ailes aux plumes parsemées d'or pur montraient qui il était. Il n'y avait qu'un seul Neah Katzuta. Un seul Oiseau Doré, le dernier des survivants de ces équipées imprévues. Sa Foi et son Allégeance envers les Anges n'étaient qu'évidence. Il s'approchait de celle qui se débattait en l'insultant et en tentant de lui cracher dessus.

— Tu vas comprendre pourquoi on m'appelle la Canine Blanche.

Son sourire soudain avait quelque chose d'angoissant. Se penchant dans sa direction, de sorte à ce qu'elle soit la seule à l'entendre.

— Ne t'en fais pas pour Mancinia, elle est loin de se taire quand c'est moi qui la touche.

Se reculant en douceur, sa magie ne manquât pas de suivre ses pensées.

— Je crois que tu vas crier aussi.

Ce ne serait pas pour la même raison. Des pics de glace se matérialisèrent et grandirent rapidement jusqu'à transpercer chacun de ses membres à plusieurs endroits. Il regardait Kitoe agoniser en perdant son sang. L'action du froid ralentissait le processus.

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Assis, le Capitaine observait les alentours en restant droit. Il était dans son bureau, à la Caserne. Il reprit son souffle, tandis que l'action l'avait suspendu brièvement, tandis qu'il reposait sur le bois la feuille dans sa main. Il ne s'était pas endormi. En dehors de ses souvenirs très nets, l'écart entre la veille du thé et cet instant précis fût comblé de ses souvenirs manquants. Sa conversation avec Isiode, sa rencontre avec le Chat-Dessin, la trahison de l'Ordre d'Hébé et le Siège d'Arcadia ... Tout était si précis et clair que l'événement n'aurait pu être remis en question. Ce devait être exactement ce dont il avait discuté avec Helsinki, sur deux lignes de temps parallèle. Était-ce possible ? Est-ce que la Magie permettait de tels écarts ? À moins que ce ne soit autre chose ? Helsinki. Neah était certain que son geste ne lui avait pas convenu, mais peu lui importait. À partir du moment où on voulait soigner un Démon, en tant qu'Ange, on se retrouvait perdu et on avait besoin de quelqu'un pour se remettre sur le droit chemin. Les Ailes Blanches avaient été asservis trop longuement par les Vils et la peur devait changer de camps. En observant sa main, loin d'être tâchée de liquide carmin, une question demeurait. Avait-il tué Kitoe pour de bon ? Qu'avait-elle cru en prenant son apparence, qu'il l'épargnerait soudainement ? Certainement pas. Ce n'était qu'une Démone sans intérêt qui pensait le blesser en parlant mal de son épouse. Lui, faire du mal à Mancinia ? Quiconque aurait ris fortement. Lui, ça le rendait malade ... S'il avait envie d'elle, il ne la contraindrait jamais. Poussant un long soupir, l'Ange ne comprit pas pourquoi il avait été guidé là-bas. Néanmoins, une chose était certaine.

Neah avait l'impression d'avoir tué la part de lui qui restait concentré sur ce passé morose.

Et il la massacrerait autant de fois que nécessaire ...

Post XII - 1147 mots | Merci pour le RD & merci Kitou

Les Portes
Troisième Partie

En entendant le bruit sourd d'un choc non loin d'elle, Juvelian se retournait pour voir le corps dévasté et sanglant de Kitoe s'étendre au sol. Elle restait d'abord bouche entrouverte, incapable de crier ou de réagir, les mains suspendues au-dessus du corps dont elle se chargeait. Sidérée de l'action de l'Ange à l'encontre de son ennemie, celle qui avait perdu le contrôle et menacé quelqu'un en oubliant le statu quo précaire entre eux. Ce n'était visiblement pas une erreur que ce dernier pardonnerait. Encore du sang, encore des morts ...C'était la mélodie macabre de cet endroit. Ce serait au tour de la Démone d'en être victime.

— Par Dothasi, souffla-t-elle. Est-ce que ça n'aura jamais de fin ?

Ses murmures donnaient la sensation qu'elle parlait seule, devenant comme celle qu'elle moquait encore quelques minutes auparavant. Helsinki, décidément plus courageuse qu'elle ne l'était - à moins qu'elle ne s'en moquât de leur sort ? - tentait d'arrêter ce carnage avant qu'il n'aille plus loin, mais aux yeux de l'Alfar ... la limite avait été franchie. Tout ce qu'ils avaient vécus n'équivaudrait en rien à la haine qu'il redirigeait sur elle. Reposant ses mains sur le corps, Juvelian hésitait à se reculer, tant elle ne désirait pas être dans la zone qui subirait l'ire de l'En Lyn Irrinol. Maintenant qu'elle voyait des sentiments aussi violents dans ses yeux, elle comprenait d'où venait sa réputation. Au-delà de tout ce qui aurait pu lui faire ressembler à un adolescent idiot se dressait une forme de menace terrifiante. Son âme sombre aurait dû être enchantée d'une telle situation, mais son impuissance lui déplaisait d'autant plus. Au summum de l'inconscience, il y eu ... deux Neah Katzuta. Sa mâchoire manquait de se décrocher. Comment voulait-elle qu'on l'aide devant ses actions insensées ?! Personne n'avait envie de la suivre dans la tombe, cette folle ! Ce devait en être assez pour l'Ange qui décidât de mettre un terme à cette mascarade insensée où il tolérait la présence d'un Démon dans le même espace que lui. Juvelian mis ses mains devant ses yeux pour ne rien voir de ce qu’il se passait, même si elle ne pouvait dissimuler le son à ses longues oreilles ... C’était atroce. Avait-elle défailli ?

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Jetant violemment le livre qu'elle détenait dans ses mains par terre, Juvelian eu un sursaut de terreur pur. Son souffle était erratique, son cœur s’était emballé et ses yeux parcouraient la vaste bibliothèque du manoir familial sans que l’information ne lui parvienne véritablement. En constatant ne plus être dans ce souterrain maudit, l’Alfar tentait de se remettre en reprenant le contrôle de sa respiration. C’était terminé ? ... Oui, c’était enfin fini. Une main sur son front, toute la fatigue accumulée semblait s’être envolé, mais l’anxiété et la colère qui s’étaient accumulés était encore bien présents, reliquat de cette « aventure » qui lui paraissait bien plus réel qu’une simple rêverie éveillée. Maintenant que sa lucidité était revenue, elle prit conscience de s’être fait peur seule. D’ailleurs ... N'était-elle pas revenue dans la boutique d'où elle avait disparue ? Il semblait qu'elle soit au sein de l'écrin familial. Si elle n’était pas dans un lit, cela voulait dire qu’elle ne s’était pas évanouie ? Des souvenirs qui semblaient lui appartenir lui revinrent en mémoire, lui sautant aux yeux et la laissant découvrir que sa vie ne s’était pas arrêtée suite à sa « disparition » inattendue. Comment était-ce possible ? Quelqu’un avait-il prit sa place temporairement ? Cela avait l’air si vrai. Par Dothasi, elle n’y comprenait rien ! Reprenant l’ouvrage si injustement traité, sans même prendre le temps d’en observer la tranche pour savoir de quoi il en retournait, Juvelian prit la direction de sa chambre en prenant grand soin que personne de la maisonnée de puisse la voir dans cet état décevant. Son corps était étendu sur ce lit trop mou, tout ce qui venait de se produire avait percuté sa vie sans demander son avis. Son regard se focalisait sur le plafond de cette chambre assombrie d'un Soleil vespéral. Qu’il était bon de revoir cet éclat, tant elle avait eu l’impression de tourner en rond tout en se dirigeant dans la gueule ouverte des Ténèbres. Elle se sentait si fatiguée. Fermant brièvement les yeux en se tournant sur le côté, elle les rouvrit pour lire ce qui était inscrit sur la composition manuscrite qu’elle avait mis sur sa table de nuit. Elle cligna des yeux.

— Préparatifs des bouquets floraux ? ...

Post XVIII - 750 mots