La froide clarté lunaire perçait à travers la voûte en verre, baignant la spacieuse salle de bal d'une aura glaçante. Elle dessinait des ombres sur le visage et le cou de ma partenaire tandis que nous évoluions lentement au rythme de la mélodie d'un orchestre fantôme. Laysa portait une robe noire qui dégageait ses épaules et soulignait sa taille mince avant de s'évaser dans un jupon qui se dégradait dans un camaïeu de gris qui caressait mes chevilles. J'ignorais comment j'avais atterri ici mais le sourire confiant flottant sur le visage d’albâtre de ma Créatrice me fit oublier la confusion qui envahissait mon esprit. Il devait s'agir une nouvelle fois de nos sessions pour m'apprendre à maîtriser parfaitement les danses de salon. Satisfaire Laysa n'était pas dans mes priorités mais je devais me soumettre aux codes des Enfants de la Nuit si je souhaitais m'intégrer parmi ma nouvelle famille. La salle de bal où nous dansions était déserte et semblait à l'abandon. Nous soulevions des nuages de poussière à chaque mouvement. Ici pas de chandelles aux murs pour guider les pas des danseurs et le luxueux lustre qui devait autrefois répandre une chaleureuse lumière gisait au sol, ses diamants brisés en mille morceaux scintillants. Je sentais inconsciemment que j'aurai du me poser des questions sur ce lieu étrange et mélancolique. L'orchestre était dans le ton et jouait une valse qui éveilla un sentiment nostalgique en moi. Perdu dans mes pensées, je perdis ma concentration et trébucha sur mes propres pieds, j'allais nous faire basculer par terre mais Laysa me soutint. Sa structure frêle en apparence cachait une force bien supérieure à la mienne. Elle sourit et je lui rendit un visage impassible en reprenant le contrôle. J'avais suffisamment appris les bases pour me permettre de conduire moi-même la valse. La tête penchée en arrière, légèrement sur le côté, elle était beaucoup plus gracieuse que moi qui restait raide dans mes gestes. Je ne faisais pas d'erreurs mais mes mouvements étaient à peu près aussi expressifs que mon visage. Je regardai autour de nous, cherchant à apercevoir les musiciens mais je ne voyais sur l'estrade que des ombres sans visage à la silhouette tremblotante. Mon regard fut alors attiré par d'autres ombres envahissant la piste de danse. Nous n'étions plus seuls. De leurs visages, je ne percevais que de larges sourires qui me mirent mal à l'aise. Tous les danseurs sans visage semblaient me sourire et rire d'une plaisanterie qu'ils étaient les seuls à connaître et un frisson monta dans mon dos. «Dorian...» Mon coeur rata plusieurs battements quand j'entendis une voix que je croyais ne plus jamais entendre. Je baissai les yeux lentement, la peur griffant ma gorge et je crispai mes mains autour de la taille plus voluptueuse de ma nouvelle partenaire. Je tentai de parler mais la main qui reposait sur mon épaule remonta jusqu'à ma bouche pour me faire taire. Elle rit et m'entraîna sur la nouvelle mélodie de l'orchestre.
Elle portait pour tous vêtements une simple chemise de nuit en coton grossier, qui avait du être blanche autrefois. Pieds nus, elle m'entraînait dans des tourbillons sans fin, me faisant tourner la tête et m'empêchant de me concentrer, je n'étais plus maître de mes pensées ni de mes mouvements. Il y avait quelque chose qui clochait mais je ne parvenais pas à mettre le doigt dessus. J'avais l'impression d'avoir plongé la tête sous l'eau, chaque bruit était un écho qui meurtrissait mes tympans et ma bouche était du coton. Je suivis distraitement du regard les longs cheveux bouclés châtains qui tournoyaient, je sentais qu'elle n'aurait pas du être là mais je ne me rappelai plus pourquoi. Je remarquai du coin de l’œil que de plus en plus de silhouettes dansantes envahissaient la piste, leurs sourires devenant narquois plus que malicieux et ils nous bousculaient fréquemment. Au bout d'un moment, nous arrivâmes près du lustre brisé et l'odeur du sang monta à mes narines avant que je ne puisse guider nos pas pour nous éloigner des fragments acérés. La Soif brûlait mes veines mais je me maîtrisais, elle était intouchable. Elle riait, riait et riait comme si elle ne ressentait pas la douleur de ses pieds blessés et notre couple laissait un sillon sanglant dans la salle de bal. La musique s'amplifia et je sentis sa taille devenir squelettique sous mes mains, je vis ses joues devenir creuses, ses yeux ternes, ses cheveux perdre leur volume pour pendre tristement dans son dos. Elle continuait de rire et les ombres riaient en écho. J'avais un goût de cendre dans la bouche et un insidieux sentiment de déjà-vu. Elle gloussait tant qu'elle se mit soudain à tousser et cracha du sang à mon visage ce qui augmenta son hilarité malsaine. Je me raidi, mes pulsions s'éveillant, ma mâchoire se crispant douloureusement. Horrifié, je voulais l'arrêter pour tenter de reprendre le contrôle mais mes membres ne m'obéissaient pas.
862 mots
Je te laisse décider comment introduire Leandra dans le rêve de Dorian, il/elle peut prendre la place de ma partenaire de danse ou juste amplifier le cauchemar ou au contraire l'arracher à son cauchemar pour l'amener dans un rêve, tu es libre de faire ce que tu veux 8D
L’Appel résonnait comme l’écho lointain d’une voix envoûtante. Avec sa sonorité profonde et pénétrante, il s’apparentait à une douce mélopée. Les mots qui composaient cette berceuse entêtante n’existaient pas et - pourtant - je comprenais toutes les subtilités de ce langage imaginaire. Elzédor m’invitait à accomplir sa volonté. Docile, je ne lui opposai aucune résistance. Je me contentai d’errer dans les flux mystiques qui composaient le monde onirique, à la recherche de ma tendre victime. La tonalité s’amplifiait au fil de mon voyage empruntant aux monstres des grognements effroyables ; je ne tardai pas à apercevoir le rêveur à plonger dans la tourmente. Je goûtai ses songes paisibles et fouillai sa mémoire endormie qui ne m’opposa nulle résistance. J’humai le parfum exécrable d’un chagrin d’amour. Je détestais ce sentiment dont les écueils brisaient l’esprit simpliste de ces mortels. Un contentement m’envahit entièrement.
“ Ta terreur sustentera les abîmes de la Cité des Merveilles. ”
Mon corps s’immergea dans le bassin d’eau noire. La complainte du cauchemar m’apparut plus clairement et je fermai les yeux pour me délecter de sa mélodie. Les visions affluaient en moi comme l’oxygène dans les poumons d’un nouveau-né. Je m’accoutumai aux affres de son coeur, caressant leurs détails les plus lugubres. Le décor se modela autour de moi sous l’impulsion des pensées du Rêveur. Je découvris l’immense salle de bal plongée dans les ténèbres d’une nuit glaciale. Dissimulée par les vestiges d’un somptueuse lustre en cristal, j’observai le spectacle avec délectation.
Premier temps. La créatrice posait des yeux aimant sur sa progéniture. Sa robe virevoltait au rythme des pas de danse que son guide lui imposait. Elle souriait malgré les maladresses de son élève préféré. Sa peau livide contrastait avec le carmin de son regard pétillant. Tout en elle reflétait l’élégance et le charme. Elle aurait pu être parfaite si cet excès de volupté ne masquait pas une inextinguible soif de sang.
Deuxième temps. Un murmure. La mère s’évanouit, ce fut l’épouse qui prit sa place. Ses yeux noisettes dévisagèrent tendrement ce visage appartenant au passé. Elle posa sa tête contre son épaule frêle. Aucune chaleur ne s’échappa du corps de son amant perdu. Elle le serra un peu plus fort de peur de le perdre à nouveau.
Troisième temps. Les ombres accusèrent l’amant de n’avoir pu sauver sa dulcinée. Ses boucles poisseuses tombaient en cascade sur sa figure déformée par une hilarité macabre. Elle se gaussait de ce médecin sans valeur qui n’avait pu la sauver. Ils tournoyaient de plus en plus vite, délaissant la cadence illusoire rythmée par l’orchestre. Ses pieds nus frappaient le sol glacé recouvert de bris de verre. Les débris des pendeloques se coloraient de vermeil, libérant une odeur métallique qui attisait la soif du vampire. Ses quintes de toux irritaient sa gorge, déversant le fluide vital sur sa chemise de nuit souillée de sueur. De sa main décharnée, elle attrapa la nuque de son mari pour l’attirait vers elle. Elle s’offrait à lui une dernière fois, l’invitant à s’abreuver à sa source. « Dorian… Tu m’as tuée… » gémit-elle dans un râle fantomatique.
Rideau. Le prélude s’ouvrit sur le premier acte, emportant avec lui l’ambiance malsaine de la scène.
J’essorai le linge humide une nouvelle fois avant de l’apposer sur le front du Lyrien. J’espérais que cet apport de fraîcheur aiderait à diminuer la température de son corps.
«Dorian…»
Je l’examinai d’un air inquiète. Il était brûlant de fièvre depuis quelques jours et enchaînait les délires. Dans ses rêveries, il annonçait ma mort et se prenait pour un vampire. J’étais mortifiée et impuissante face à ce mal qui le rongeait de l’intérieur. Chaque jour, il semblait plus virulent.
« Dorian ! » répétai-je plus vigoureusement dans l’espoir de le sortir de sa torpeur.
Après un long moment, il finit par ouvrir les yeux à demi. Un sourire timide se dessina sur mes lèvres rosées.
« Tu as encore fait ce cauchemar, n’est-ce pas ? »
Malgré moi, ma voix trahit le sentiment d’inquiétude qui me rongeait depuis sa soudaine maladie. Je l’aidai à se redresser tant bien que mal dans le lit conjugal de notre cocon. La chambre était rustique et sans fioriture. Nous nous contentions du peu que cette vie avait à nous offrir. Les rayons du soleil filtraient à travers le vitrail surplombant le bureau, nous baignant de sa lumière tamisée. Je caressai le visage humide de mon patient et repoussai une mèche collante derrière son oreille.
« Ne m’abandonne pas s’il te plaît. »
Je plongeai mon visage dans le creux de son épaule et l’entourai de mes bras délicats. L’odeur de lessive n’arrivait pas à masquait celle de la mort qui empestait la pièce.
800 mots
Astriid ~ Ygdraë ~ Niveau II ~ ◈ Parchemins usagés : 2604 ◈ YinYanisé(e) le : 03/04/2020◈ Activité : Empoisonneuse
Au plus profond des limbes de mon esprit, je sens vaguement qu'on m'applique un tissu humide et je frissonne violemment. Aussi faible qu'un nouveau-né, je cherche à échapper au contact mouillé et insupportable sur ma peau brûlante mais je ne réussis qu'à gémir faiblement. Des lambeaux de souvenirs cherchent à percer le brouillard de mes pensées, une mélodie glaçante, un jeu de cartes étalé sur une épaisse nape rouge, une femme au visage blafard et familier qui me sourit tendrement, les ruelles sombres et froides d'une forteresse où se promènent des vampires, Suna qui danse dans une salle de bal abandonnée et ne cesse de cracher du sang sur elle et sur moi... Une culpabilité que je ne comprend pas me saisit à la gorge et j'ouvre les yeux malgré mes paupières lourdes, à la rechercher d'un point d'ancrage pour apaiser mes souffrances. Suna me regarde avec amour mais une ombre d'inquiétude voile la chaude couleur marron de ses yeux. Un cauchemar... Oui tout ça n'était qu'un mauvais cauchemar. Soudain soulagé, je cherche à la toucher pour m'assurer qu'elle est tangible mais je laisse retomber ma main sans force. Comprenant mon intention, elle m'aide à me redresser et je retiens la nausée qui m'envahit et fait chavirer mon estomac à ce simple effort. Ma gorge est en feu mais je met ça sur le compte de mon cauchemar où j'étais un buveur de sang. Je peine à garder les yeux ouverts mais une volonté tenace me donne la force pour continuer à regarder ma femme. J'embrasse des yeux sa silhouette comme pour être sûr de me rappeler de cette vision de Suna, souriante, ses joues rondes et rosées, ses yeux immenses, sa jolie robe en coton marron qui peine à masquer les formes que j'aime tant découvrir encore et encore comme au premier jour. Elle me prend dans ses bras, sa peau fraîche contre la mienne. Je sens battre son coeur contre mon torse, le muscle charriant son sang que j'entend presque cheminer dans les délicats entrelacements de ses veines. Ma machoire se fait douloureuse et je sens mes dents s'allonger. Je cligne des yeux, cédant presque à la panique et partagé entre le bonheur que je ressens à la sentir vivante et l'envie de déchirer la peau tendre de son cou, de fouiller ses délicieuses entrailles de mes longs doigts, j'en ai tellement envie même si je sais que c'est mal. Une migraine atroce fend ma tête et je gémis encore, pétrissant la peau moelleuse des bras de mon épouse comme pour me forcer à me rappeler que je ne suis pas supposer manger ma femme. Je me sens épuisé par les pensées contradictoires qui m'envahissent et je fonds en larmes comme un enfant. Un rire sonore et sarcastique éclate et un echo le répercute dans notre maison. «Bouhou Dorian, comme c'est touchant. Tu n'étais pas un bon Lyrienn alors tu as voulu être médecin. Tu n'étais pas un bon médecin alors tu nous as rejoins. Tu n'es pas capable non plus d'être un bon vampire. Tu es une tare, une tâche sur la Lignée de Douria. Montre-nous que tu es digne de cette Lignée. Tu en as tant envie, goûtes donc la tendre chair de ton épouse.». Je lève des yeux mouillés de larmes vers le mur où un immense visage blafard est apparu. Le visage est typiquement féminin, son rire n'atteint pas ses yeux froids comme un serpent. Trop choqué pour réagir, je cherche à me rappeler où j'ai déjà vu ce visage qui appartient à une femme que je suis sûre de connaître. Je ne comprend pas comment il est possible qu'un visage apparaisse ainsi dans notre maison et j'ignore pourquoi elle parle d'une Lignée mais ses propos sur Suna m’emplirent d'effroi. Je ne veux pas que Suna pense que je cherche à lui faire du mal même si pendant une seconde, j'ai imaginé... Les lèvres carmin de l'apparition dessinent un sourire cruel, dévoilant des canines acérées aussi démesurées que la taille de son visage sur le mur. Suna ne semble pas s'apercevoir de l'apparition ni de l'entendre et elle me secoue en m'appelant. Je ne lui réponds pas, horrifié et fasciné. «Très bien, je peux le faire moi-même si tu n'en es pas capable, je vais te montrer comment les Enfants de la Nuit festoient.». Sur ces mots, elle ferme les yeux sous l'effort et son visage s'avance comme pour sortir du mur. Bientôt, ses longs cheveux noirs suivent le mouvement et encadrèrent son visage devenu monstrueux. Déformé, il s'est élargi et allongé pour laisser la place à ses dents qui ont doublé de volume et dans ses yeux désormais ouverts brûlent un feu rouge de désir de sang, une promesse pour Suna. Lentement, ses bras sortent également du mur, ses doigts formant des serres et se posent sur le sol pour aider le reste du haut du corps à se dégager de sa prison. Ses longs cheveux en touchant le sol forment des flaques noires et le magma sombre s'étend pour recouvrir tout le sol de la pièce, des bulles éclatant parfois, éclaboussant Suna qui est la plus proche du monstre. Elle ne réagit pas, toujours occupée à me secouer et je la regarde, elle ne se rend donc pas compte de la situation ? Je devrai la protéger, faire quelque chose mais la maladie me cloue dans mon lit, simple spectateur morbide et pathétique.
848 mots
Du coup j'ai rajouté Selyne (sa soeur vampire) puisqu'elle lui empoisonne déjà la vie quand il est réveillé, autant qu'elle en fasse autant quand il dort hein.
De légers soubresauts parcoururent son corps moite. Je quittai la chaleur de notre étreinte pour observer son visage délicat. Une lueur d’effroi scintillait dans son regard embué de larmes. Je m’inquiétais pour cet homme qui sombrait un peu plus dans la folie. La terreur étirait ses traits morbides en une grimace hideuse. Je suivais ses yeux élargis par la peur mais n’aperçus qu’un mur dénué de tout ornement.
« Dorian, qu’est ce qui se passe ? » m’enquis-je d’une voix soucieuse
Derrière moi, la silhouette avançait toujours. Son pas était lent et déterminé. D’un geste plein de grâce, elle dégagea une mèche de cheveux qui lui barrait le visage. Le contraste entre ses canines ivoirines et le carmin de ses lèvres témoignaient d’un danger imminent. Elle s’assit calmement au bout du lit et commença à me caresser langoureusement, dénudant mon cou de mes boucles auburn.
’Boum Boum’Un refrain rythmé et entêtant résonna dans la pièce, brisant le silence pesant - presque malsain - qui y régnait auparavant. ’Boum Boum’ Faisant écho aux battements de mon coeur, le bruit que je ne percevais pas sonnait de plus en plus fort. Mon sang battait mes tempes avec violence. Sous son passage, les artères de mon cou - désormais visibles - pulsaient intensément. ’Boum Boum’ La mélopée cardiaque vibrait de plus en plus vite à mesure que l’adrénaline infusait le corps du malade. Un sourire carnassier se dessina sur la bouche de l’entité invisible. Elle se lécha la lèvre supérieure comme l’aurait fait un lion affamé par des mois de disette. Elle pencha sa tête vers ma gorge. Ses longs cheveux noir de jais tombèrent en rideau autour de sa figure sans rien entraver de la scène. Elle huma longuement le parfum de coriandre qui émanait de sa victime.’Boum Boum’ Une langue anormalement longue caressa ma peau fragile sans que je ne remarquât sa présence.
« Tu es sûr de vouloir me laisser cet honneur, mon frère ? » l'interrogea la vampire d’un ton amusé.
Sans attendre de réponse, elle transperça mon cou de ses crocs acérés. Un liquide vermeil s’écoula de la lésion ; elle se hâta de s’y abreuver.
« Dorian ! » hurlai-je
Un mélange d’épouvante, de douleur et de chagrin se mêlait à mon cri. Je remuai docilement tel un pantin sous les mouvements brutaux mon agresseur. Mon visage se figea dans une feinte expression de souffrance. Elle extirpa sans ménagement ses dents de ma carne, arrachant un morceau de chair, avant de me lancer vers Dorian.
« Tu devrais goûter, elle est délicieuse ! »
Un éclat de malice pétillait dans les prunelles grenat de la créature tandis qu’elle frémissait d’extase. D’un revers de la main, elle essuya sa bouche ensanglantée avant de laper les restes du précieux liquide qui tâchait désormais son poignet. En cet instant, elle ressemblait à un gros chat sanguinaire.
J’étais penchée contre les bras de mon bien-aimé. Un fluide chaud ruisselait le long de ma plaie, souillant les draps jusque là immaculés. Je me sentis faible tout à coup. Le trou béant dans ma carotide expulsait le sang par à-coups. Mes narines accueillaient l’odeur métallique teintée de mort. A nouveau, un contact chaud aspira ma force de vie.
« Do…rian…» murmurai-je péniblement
L’illusion se dissipa au profit d’une sinistre réalité. J’étais toujours dans les bras de mon amant. Il avait récupéré ses forces. Ses canines étaient profondément plantées dans ma chair rongée. Ses lèvres formaient un tube autour de la plaie qu’il suçait avec avidité. Mon liquide vital filait à toute vitesse, emportant avec lui les forces qui me maintenaient consciente. Le décor disparaissait par intermittence sous la lourdeur croissante de mes paupières. Je sentais l’étreinte glacée de la mort se reserrer de plus en plus contre mes frêles épaules.
« Pour…quoi ?»
Je m’extirpai du corps sans vie pour refléter l’apparence du meurtrier. Je l’examinai d’un air plein de reproches.
« Tu l’as tuée. La seule femme qui t’ai jamais aimé. La seule qui comptait vraiment à tes yeux. Tu l’as tuée. Et désormais, tu es et restera seul. »
Le dernier mot sonna comme une condamnation à mort. Il fût repris en choeur par des milliers de voix accusatrices. Elles se moquaient de lui et de son malheur. Il venait de sacrifier son âme soeur au profit d’un repas bien amer. S’il pourrait toujours trouver des proies pour étancher sa soif, plus rien dans ce monde n’arriverait à calmer son désespoir. Et ça, il ne le savait que trop bien. Le réquisitoire des censeurs dénonçait ses agissements. Il lui reflétait ses pensées les plus noires, anéantissant le peu d’estime que le médecin avait encore de lui. Le spectacle était pitoyablement jouissif.
Mon imagination fertile m’avait offert mille et un dénouement permettant de torturer mon rêveur. Ils se bousculaient dans ma tête, arguant chacun être meilleur que le précédent. J’inspirai profondément pour goûter leurs saveurs. Malheureusement pour ma victime, cette journée de supplice ne faisait que commencer.
Le décor disparut dans un puissant rire machiavélique et la scène se répéta.
« Ne m’abandonne pas s’il te plaît. »
Je plongeai mon visage dans le creux de son épaule et l’entourai de mes bras délicats. L’odeur de lessive n’arrivait pas à masquait celle de la mort qui empestait la pièce.
Cette fois-ci, ce fût l’image d’un homme qui se dressa dans l’encadrement de la porte.
912 mots (dont 39 mots recopiés du poste précédent)
Astriid ~ Ygdraë ~ Niveau II ~ ◈ Parchemins usagés : 2604 ◈ YinYanisé(e) le : 03/04/2020◈ Activité : Empoisonneuse
J'ouvre les yeux dans notre doux cocon, mal en point, mon coeur tente laborieusement de continuer à faire son travail à renforts de pulsations erratiques et irrégulières qui répandent une grande douleur dans tout mon torse. Mais qu'importe alors que ma femme me serre dans ses frêles bras aussi doux que du velours ? Je ressers mes bras sur elle en souriant quand les souvenirs affluent soudain. Un hideux cauchemar que je peine à comprendre. Je jette avec appréhension un regard vers le mur, craignant d'y retrouver le monstre glaçant de mes songes, prêt à se jeter sur nous pour nous torturer. Soulagé je n'y trouve que le mur nu et je me promet d'acheter un jour un joli tableau qui habillera le mur, probablement une représentation de chevaux au galop, je sais combien Suna aime ces animaux et je ferai tout pour lui faire plaisir. Je caresse les cheveux soyeux de ma femme, cherchant à oublier le cauchemar que je ressens encore physiquement. Un profond malaise m'habite, non pas lié à l'horreur de la vision que j'ai eue mais parce qu'à un certain point, je désirai repousser le monstre pour à mon tour m'abreuver du sang de Suna, de plonger mes dents dans la petite pliure entre le cou et l'épaule, là où je la savais si chatouilleuse. Au souvenir du flot carmin s'écoulant des plaies de ma femme dans mon cauchemar, je sens avec stupéfaction mes canines s'allonger et je passe lentement et avec précaution ma langue dessus, surpris de sentir leur protubérance anormale. Au même instant, je pus sentir, mélangé à son parfum de coriandre, l'odeur métallique du sang, mon nez était si proche de son cou, je n'avais qu'à ouvrir la bouche pour... Je repousse brusquement et violemment Suna en arrière en plaquant une main sur ma bouche, les yeux agrandis d'effroi. Elle tombe du lit en arrière, se réceptionnant douloureusement sur son postérieur et je vois de l'incompréhension et de la surprise dans ses yeux tandis qu'elle murmure d'une petite voix : «Dorian ? Je t'ai fait mal ? Qu'est-ce qu'il y a ?» Je ne comprends pas ce qu'il m'arrive, suis-je vraiment réveillé ? Ça ne colle pas avec les souvenirs qui tentent de m'atteindre, cognant vainement sur les barrières de mon esprit en plein déni. Des informations me reviennent par flash. Une jeune femme au teint d'albâtre qui prend ma main dans un bar, murmurant les mots que j'ai besoin d'entendre, une promesse. Ses lèvres cerises déposant un frais baiser dans mon cou et je frissonne. Le baiser devient brûlant et je ne vois plus qu'un voile rouge puis les ténèbres. Une douleur indescriptible mais supportable comparée à la douleur de mon coeur. Je plonge avec plaisir dans cette distraction pour oublier mes malheurs, me complaisant dans la douleur qu'éprouve une Créature de la Nuit qui ouvre les yeux pour la première fois, démunie comme un nouveau-né, aussi impulsive qu'un louveteau qui découvre la vie. Je regarde Suna en tremblant : «Tu ne devrais pas être là... Tu es morte... ». Elle me rend mon regard, interloquée et avec un début de sourire, croyant à une plaisanterie de ma part, elle réplique d'une voix tremblante: «Mais non enfin tu vois bien que je suis là. Par contre si tu ne te calmes pas et que tu ne te reposes pas, c'est toi qui va y passer alors rallonges-toi. Je vais bien m'occuper de toi et quand tu iras mieux, nous irons faire un tour au marché, ça te fera le plus grand bien.». Elle sourit faiblement, les paroles semblant être pour la réconforter elle plutôt que moi. Elle s'inquiète et elle a bien raison. J'ai peur de céder à des pulsions que je ne comprends pas. Je n'arrive plus à faire la différence entre ce qui est réel et ce qui relève du rêve. Suis-je un vampire ou un lyrienn ? Suis-je ici avec Suna ou bien avec Laysa ? Oui ça me revient, Laysa est celle qui m'a transformée, qui était là quand j'étais au plus bas lorsque Suna est morte. Me rappellerai-je de son nom si ce n'était pas réel ? Je me rallonge à moitié dans le lit qui dégage une odeur musquée de maladie et de sueur tout en suivant des yeux Suna qui s'occupait à faire la vaisselle pour occuper ses mains fébriles. J'ai du lui faire peur à la repousser ainsi, je n'avais jamais été brutal avec elle auparavant. Je devrais m'excuser mais je n'ose plus ouvrir la bouche de peur qu'elle ne remarque mes canines et qu'elle ne s'effraie complètement et me fuis. Un bruit à la porte nous fait sursauter tous les deux tandis que la porte s'ouvre, déversant la chaude lumière de l'astre du jour à l'intérieur de notre chaumière, m'empêchant de discerner les traits du nouvel arrivant. «Eh bien bonjour. Je vois qu'il y a une bonne ambiance ici. Suna ma belle, laisse ça, je vais m'en occuper, tu tiens à peine debout.». Je plisse les yeux de dégoût en reconnaissant la voix de Payh Teuh et je serre les poings sur les draps en le voyant entrer librement comme s'il était chez lui. Il prend Suna par la taille pour la déplacer sur le côté et terminer de laver la vaisselle. Il sifflote gaiement tandis que Suna reste désœuvrée au milieu de la pièce, ne sachant pas trop où se mettre. Je retiens un grognement, le gueux profite que je sois cloué au lit pour s'immiscer à nouveau dans ma vie, enfin surtout celle de Suna. Un beau lyrienn blond à qui tout réussissait, les études, une famille riche, il avait toutes les faveurs des parents de Suna quand il avait commencer à lui tourner autour. C'est donc naturellement que nous nourrissons chacun pour l'autre une profonde haine. Malheureusement pour lui, Suna avait déjà jeté son dévolu pour moi mais loin de respecter son choix, il avait continué ses avances entêtées jusqu'au jour où nous nous sommes mariés et où il avait finalement accepté de reculer lorsque Suna avait brûlé les sourcils du jeune Lyrienn de colère. Elle avait menacé de continuer avec ses vêtements pour le ridiculiser devant tout le monde s'il ne cessait pas et il s'était enfui de la cérémonie de mariage, son ego surdimensionné en miettes.
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Je déposai la dernière assiette sur l’égouttoir avant de m’essuyer les mains sur ma veste bleutée. Le contact de l’eau contre ma peau était détestable. Je répudiais cet élément autant que l’homme qui avait ravi le coeur de la belle Suna. Mes doigts glissèrent le long de mes sourcils touffus ; je me rappelai la caresse de son essence sur mon visage. La douleur fût vive mais ne laissa aucune cicatrice. Les souvenirs se bousculèrent dans ma tête si bien qu’ils réussirent à aviver en moi une colère sourde. Elle paierait très cher cet affront.
« Cela fait bien longtemps que nous ne nous étions pas vu, n’est-ce pas ? La dernière fois, il me semble que c’était à votre mariage. »
Je prononçai ce dernier mot avec un dégoût manifeste. Je n’avais jamais accepté que la lyrienne de feu épousât cet incapable. J’étais convaincu qu’elle n’avait accepté que par pitié pour l’homme le plus méprisé de la nation. Suna était du genre à défendre la veuve et l’orphelin. Ses parents m’avaient encouragé à interférer durant le mariage afin que je l’arrachasse à ce nigaud. Mais cette truie avait refusé avec violence. Pourtant, chacun de ses gestes, chacune de ses formes, chaque mouvement de son corps plantureux me priait de la culbuter. Ses yeux de braise m’observaient avec une envie non feinte. Elle se refusait à moi par peur d’éprouver du plaisir. Elle rejetait son bonheur tout en me détournant du mien.
« J’en reviens pas que tu sois encore avec ce déchet !, lançais-je à son attention
— Ce déchet comme tu dis, c’est mon mari ! Et qu’est-ce que tu fous là d’ailleurs ? Tu n’es pas le bienvenu ici ! »
Je m’avançai vers la jeune femme d’un pas nonchalant. Elle ne bougea pas. Les mains sur les hanches, elle me toisai du regard. Je sentais sa colère déferler par chacun des pores de sa peau. Pourtant, elle ne fit aucun geste pour me chasser. Elle se contenta de me dévisager avec cet air furieux.
« Allons, chérie, essayes de te maîtriser.
— Dégages d’ici ! » me réprimanda-t-elle
Cette impétuosité ne faisait qu’animer mon désir. L’état de son mari la convaincrait peut-être de céder à ses pulsions. Depuis quand n’avait-elle pas eu un homme entre les jambes déjà ? Cette pensée m’excita davantage.
L’atmosphère était lourde et tendue. Je continuais d’avancer vers la jeune femme. Sans réfléchir, elle me lança un trait de feu. Ce dernier disparut à mon contact sans me laisser la moindre trace.
« Tu pensais vraiment que j’étais assez bête pour que ton petit tour de passe-passe fonctionne à nouveau sur moi ? »
Une vague de peur traversa son regard. Elle commença à reculer vers le lit. Un sourire satisfait illumina ma figure. Je savais qu’elle en avait envie ; je n’avais qu’à la forcer un peu. Pourquoi se réfugier sur la couche si ce n’était pour s’offrir à moi ? Ce n’était pas pour implorer la protection de son amant : dans son état, il était incapable du moindre mouvement. J’accélérai le pas avec triomphe. Mes agissements lui donneraient tout le loisir de profiter de notre étreinte sans jamais culpabiliser.
« Qu’est-ce que tu fais, Payh ? Tu n’est pas comme ça !» m’interpela-t-elle d’une voix chevrotante.
Je refusai de voir la peur qui ravageait son visage, je la voyais telle que je l’imaginais : entreprenante et aguicheuse.
« Je ne fais que te donner ce que ton corps réclame depuis tant d’années. »
Le lit l’empêchait de fuir. Mes doigts se glissèrent dans les cheveux de sa nuque. Prenant appui sur son crâne, je l’attirai à moi. Nos lèvres s’effleurèrent mais je voulais plus. Elle me repoussa de ses bras frêles. Je tirai sa chevelure vers l’arrière pour lui faire cesser sa mise en scène. Si elle souhaitait que nous arrêtions, elle n’avait qu’à le dire clairement.
« Dorian ! s’écria-t-elle
— Appelle-moi comme tu veux, chérie »
Ma main libre serra avec force sa mâchoire crispée. Finalement, sa bouche s’entrouvrit afin que j’y glissasse la langue. Elle tenta d’éviter son contact râpeux mais céda bien vite devant ma fougue. Je raffermis ma prise lorsque je la surpris à tenter de me mordre. Elle avait du répondant la salope.
D’un geste dédaigneux, je la jetai sur le lit. Je n’avais pas vu les larmes qui ruisselaient le long de son visage meurtri. Elle bascula à moitié sur la couche tandis que ses genoux heurtèrent le sol avec violence. De fines flammèches parcoururent aussitôt le long de son échine trahissant l’ardeur de sa concupiscence. Je déboutonnai mon pantalon avant de la libérer du feu qui la consumait. Je me couchai sur elle, la plaquant de tout mon poids contre le matelas. Mes doigts s’immiscèrent à travers le tissus de sa culotte chaude. Je caressai ses lèvres avec vigueur. Mon sexe nu se gonflait à chacun de ses gémissements sans que je ne les associasse au dégoût que lui inspirait notre étreinte. Lorsque mon index pénétra son intimité, Suna se contracta. J’eus du mal à maîtriser la secousse qui l’ébranla. De mon bras libre, je la repoussai violemment face au sol. Quelques va-et-vient suffirent à lubrifier le passage. Cette cochonne cachait bien son jeu. Je relevai sa robe et me faufilai en elle sans grande douceur. La chaleur de son entrejambe contre ma verge attisa mon excitation.
« Non ! Dorian ! » hurla-t-elle dans un son à peine audible
C’est la dernière fois que je l’entendis parler. L’ultime fois qu’elle s’ébroua. L’achèvement de sa rébellion. Docile, elle se laissa aller. Je ne vis pas son visage. Je n’aperçus pas ses yeux s’éteindre et perdre leur éclat si particulier. Ce n’était plus qu’une marionnette accomplissant le moindre de mes désirs.
Je la chevauchai brutalement. Mes va-et-vient brutaux ravageaient son intérieur. Son corps me répondait sporadiquement par quelques soubresauts de plaisir, m’invitant à davantage de bestialité. Je n’eus plus besoin de la maintenir pour qu’elle fût calme. Mes mains rêches lui saisirent les hanches. Profitant de l’appui, j’accrus la cadence. Mes testicules claquaient en rythme sur son fessier rebondi. Je la martelai toujours plus vite, toujours plus fort. Ma jouissance était de plus en plus intense. Mes gémissements de plus en plus sonores. Mes yeux se levèrent pour croiser le regard haineux de Dorian. La maladie l’empêchait d’intervenir. Ses efforts ne lui avaient permis que d’effleurer la crinière de sa bien-aimée. Il avait crié, hurlé même, mais je n’y avais prêté aucune attention.
« Elle est bonne ta femme ! »
Un sourire malsain défigura mon visage alors que je la remplis de mon foutre. Mon désir assouvi, je me retirai sans attendre.
« Ah, ça fait du bien ! Bon je reviendrais demain si tu n’y vois pas d’inconvénient Suna ? »
La jeune femme ne réagit pas ; elle devait encore vivre l’extase du moment. Sans un regard en arrière, je haussai les épaules et quittai les lieux.
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Astriid ~ Ygdraë ~ Niveau II ~ ◈ Parchemins usagés : 2604 ◈ YinYanisé(e) le : 03/04/2020◈ Activité : Empoisonneuse