Le repas était servi et les sujets défilaient et s’assombrissaient à mesure que la soirée avançait. Tout y était passé. Du douloureux passé jusqu’à la dernière actualité.
« Tu te souviens de cette participante ? » Une moue de dégoût déformait le visage de l’ailé tandis qu’il portait sa tasse à ses lèvres.
« Comment l’oublier ? Elle a mangé son adversaire ! » -
« On pourrait éviter d’aborder ce sujet pendant qu’on mange ? Sérieusement… En plus c’était clairement pas la plus mémorable. » -
« Saleté de démon. » railla le premier.
« T’as raison. C’était pas la plus mémorable. Rien à voir avec la Iya Sọnu. Elle, c’était vraiment quelque chose ! » -
« Tu as vraiment eu un coup de cœur, toi. » le vertueux se fendait d’un sourire taquin.
« Pas toi ? » A croire qu’il s’agissait de l’évidence même. Peut-être Shanxi aurait-elle, elle aussi, été séduite par l’ondine si elle avait assisté à la Coupe des Nations. Heureusement, les commérages de ces messieurs pourraient lui donner une vague idée de ce qu’elle avait pu manquer.
« C’est vrai qu’elle était épatante. J’avais presque de la peine pour elle. J’ai cru qu’elle allait l’épargner à la fin. » -
« Ça a vraiment dû être difficile pour elle. Il n’y avait pas que de la haine, c’est sûr. Autrement, elle n’aurait pas hésité un seul instant. » Tous semblaient d’accord sur ce point.
« J’aimerais beaucoup savoir ce qui s’est réellement passé entre ces deux-là. » -
« Et moi donc. ».
Durant de longues minutes, les trois ailés s’évertuaient à imaginer la nature du lien qui pouvait unir la Mère perdue à son adversaire. Le temps filait d’histoires en histoires sans pour autant conclure par la vérité. Toutes fantaisies avaient beau être divertissantes à entendre, elles commençaient à ne plus suffire à la jeune femme. Il fallait à présent satisfaire cette curiosité qui n’avait fait que grandir au fil des heures.
« Tu aurais fait quoi à sa place ? » -
« Je ne sais pas. Sans contexte, c’est difficile à imaginer. » Le curieux semblait s’exaspérer du manque d’imagination de son confrère.
« Allez réfléchis… Si tu t’étais retrouvé dans cette arène face à quelqu’un que tu aimes… Tu aurais fait quoi ? » -
« Ce ne serait jamais arrivé puisqu’ils pouvaient que se retrouver face à un ennemi. » -
« Oui mais imagines ! » Le silence qui était retombé fut de courte durée.
« Je n’aurais pas pu tuer quelqu’un que j’aime. C’est impossible. » Cette réponse n’avait rien de surprenant. L’Okan en venait à s’interroger sur les conditions de l’épreuve de cette Coupe des Nations. Les élus avaient-ils eu le choix ? Et si on leur posait cette même question, leur réponse serait-elle fidèle à ce qu’ils avaient pu montrer dans cette arène ?
« Elle était effondrée à la fin. » -
« Qui ne le serait pas à sa place ? » Les trois vertueux avaient le regard niché sur leur table.
« Je pense que pas mal de monde s’est sentit mal après ça. » A nouveau, le silence pesait sur les ailés et contrastait avec l’ambiance conviviale et festive de l’auberge.
« Excuse-moi, je suis en retard. Tu n’as pas trop attendu j’espère ? » Gizja arrivait à bout de souffle. Il avait dû courir jusqu’ici.
« Non, ne t’en fais pas. J’ai trouvé de quoi m’occuper. » -
« Ah oui ? » La jeune femme acquiesçait d’un geste de la tête.
« Tu as entendu parler de cette Ondine qui a participé à la Coupe des Nations angélique ? » -
« Qui n’en a pas entendu parler vraiment ? Il me semble qu’elle s’appelle Aylivae, ou quelque chose comme ça. »634 mots.