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 Avoir toutes les cartes en main, c'est important - Noël de Dagobert

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Lun 07 Déc 2020, 22:42

Zoé
Avoir toutes les cartes en mains, c'est important
Zoé renifla bruyamment avant d’essuyer son nez avec sa manche. A cause du temps humide, il coulait et c’était chiant. Elle et son équipage avaient pris la mer pour quelques jours. Ils n’avaient pas de but précis. Zoé aimait naviguer sans objectif, un peu comme ces cons d’Elfes qui faisaient volontiers des randonnées et des bivouacs pour reconnecter avec la natuuure-han. Mais elle, c’était différent. Elle, elle était une guerrière, son navire était un colosse et elle se figurait davantage ces promenades comme une aventure plutôt qu’une quelconque reconnexion avec les poissons, le sel ou les Sirènes. A la barre, regardant droit devant, la Réprouvée bâilla. Aujourd’hui il n’y avait pas beaucoup de vent et encore moins de vagues, ça n’avançait pas et en plus, il y avait de la brume. C’était un peu nul. Sur le pont, Tir et Zull faisaient le ménage pour s’occuper. Lokar se trouvait dans le nid-de-pie perché sur le grand mât. Cette pièce ne se trouvait pas sur le navire de base, mais Zoé avait tenu à avoir ce poste comme les pirates, pour que son bébé, le Draakul, ait encore plus de gueule et qu’il fasse peur.

-Astique-moi ce sol un peu mieux, Zull ! Brailla-t-elle alors que le concerné passait la serpillère.

-Tu vas voir ce que je vais astiquer bientôt ! Répondit-il avant d’éclater de rire, fier de sa blague.

Tir le rejoignit dans l’hilarité, mais pas Zoé. Elle s’ennuyait trop pour trouver du drôle dans cette grossière blague de cul. A nouveau de bonne humeur, Zull reprit son travail avec enthousiasme, commençant à entonner une chanson en Zul’Dov :

-Jul, din arhk baald heyv do Zaahin | Lovaas gon hasharr ol pagaas ol mu gildarr ! …

Tir l’accompagna, puis bientôt Lokar lorsque les échos atteignirent le sommet du mât. Par dépit, Zoé s’y mit aussi. Elle allait l’avoir dans la tête de toute manière, alors autant y aller à fond. Progressivement, Zull haussa le ton et tous le suivirent. En quelques minutes à peine, les quatre matelots se retrouvèrent à hurler à plein poumons ce refrain – parce qu’ils ne connaissaient pas les couplets – sur la beuverie et les douceurs de la vie, au beau milieu d’un océan gris et monotone. C’était tellement stupide que tous avaient à présent retrouvé le sourire. Zoé dansa un peu, entamant une confrontation gestuelle et maladroite avec Tir et Zull, s’applaudissant mutuellement pour s’encourager et donner le rythme.

Plus haut et tout seul, Lokar avait repris le travail. Accoudé sur le rebord en bois de son point de vue, il scrutait l’horizon avec plus ou moins de rigueur lorsque bientôt, il aperçut un point noir au milieu de l’étendue d’eau.

-Hé, y’a un bateau. Constata-t-il à haute voix, conscient que si personne n’était apte à l’écouter plus bas, on ne l’entendait même pas.

Il se dit que c’était chouette : ils n’étaient pas tout seul comme des cons à errer dans le brouillard. De ce qu’il voyait, ce n’était qu’une petite embarcation. Un marchand, peut-être ? S’il avait de la bouffe, ça lui disait bien de l’accoster parce que cette chanson lui avait donné faim et soif.

-Zoé ! Appela-t-il pour lui faire part de sa proposition.

Mais cette abrutie n’entendait pas, trop occupée à inventer des pas de danse ridicule.

-Zoé ! ZA’EIAH !

-HE COMMENT QU’TU M’AS APPELEE SALE RAT D’CALE ? DESCEND UN PEU POUR VOIR, DIDIOU ! QU’EST-CE T’ATTENDS ESPECE DE…

Mais Lokar n’écoutait déjà plus. Les yeux rivés sur le point qui se rapprochait, il attendait que sa capitaine arrête son cirque. Plus bas, Zoé tapait du pied et donnait des coups dans le mât en espérant peut-être que ça délogerait cet abruti qui se prenait pour un goéland. Puisque ça n’avait aucun effet, elle s’accrocha aux cordages et grimpa jusqu’au sommet pour aller lui casser la gueule sur place. Arrivée au nid-de-pie, Lokar lui pointait déjà une direction pour attirer son attention sur sa trouvaille.

-J’ai faim et on n’a plus de sauciflard, on va voir ce qu’ils ont ?

Son intention n’était en rien belliqueuse. Le Réprouvé voulait simplement procéder à un échange en bonnes et dues formes. A défaut d’avoir de quoi contenter son envie de charcuterie, il s’agirait juste d’une interaction sociale, et en mer, c’était toujours ça de pris.

-Un bateau ! S’écria la capitaine, les yeux grands ouverts. MOUSSAILLONS PREPAREZ-VOUS ! ON VA ATTAQUER C’TE NAVIRE DE PACOTILLE !

Devant la mine éberluée de son matelot, qui n’avait jamais voulu partir dans de tels extrêmes, Zoé ne fit qu’exprimer de la rancune.

-T’avais qu’à pas m’appeler comme ça t’aleur et p’tet qu’ils auraient vécu un peu plus longtemps.

Oh non, son coup de sang était loin d’être terminé. Lokar avait réveillé la partie sombre qui sommeillait en elle. Elle voulait détruire, voir la terreur dans les yeux de ses victimes et piller tout ce qu’il était possible de piller.

-A TRIBOOOOORD TOUTE ! Beugla-t-elle.

Vite, elle descendit et reprit son poste à la barre. Zull et Tir s’activaient pour régler les voiles. Draakul vira de bord et se dirigea droit vers sa future victime. Cependant, le problème restait toujours le même depuis le début : la mer était particulièrement calme alors le bateau n’avançait pas un pâté. Durant le trajet, Zoé eut trois fois le temps de se calmer complètement, alternant entre une envie altruiste de faire connaissance avec de nouvelles personnes et le besoin de les zigouiller violemment. Ces deux idées contraires étaient de plus en plus prononcées alors qu’elle constatait la petitesse de l’embarcation en s’approchant. Avait-elle vraiment envie de détruire le peu que possédaient déjà ces pauvres bichons ? Ou allait-elle passer devant sans leur montrer que c’était elle qu’était la plus forte ? En plus, Lokar avait raison : y’avait plus de sauciflard. La Réprouvée fit une moue. Elle dût prendre une décision lorsqu’ils s’abordèrent. Rejoignant le pont tandis qu’ils s’immobilisaient, la Bipolaire se pencha par-dessus la rambarde pour apercevoir les modestes navigateurs. Son équipage la secondait.

-Bonjour ! Vous faites quoi dans le coin ?

Elle avait l’air sympathique. Ce fut un homme d’une quarantaine d’années qui lui répondit.

-Oh, bonjour ! Nous sommes une famille itinérante. Nous voyageons à travers le monde, moi, ma femme et nos enfants. Nous vendons des bijoux, vous voulez voir ?

Zoé zieuta ses camarades, qui la zieutèrent en retour, attendant ses ordres. Pour elle, la réponse était claire.

-On les déglingue.

La jeune femme s’empara de la hache qui pendait à sa ceinture et poussa un cri de guerre. Aussitôt, elle passa par-dessus bord et sauta sur le bateau, désormais ennemi. Le père de famille se réfugia à l’intérieur de sa maison flottante alors que les quatre Réprouvés envahissaient son pont. Ils s’engouffrèrent eux aussi à l’intérieur, Zoé la première.

La cale était incroyablement plus spacieuse que ce qu’elle avait imaginé. La femme l’étudia quelques seconde avant d’en revenir à l’homme, qui s’était armé d’une épée. Derrière lui, ses deux enfants en bas âge blottis dans les bras d’une mère aussi terrifiée qu’eux.

-Allez-vous-en ou je serai obligé de vous tuer. Cette phrase fit rire les pirates intermittents. Prenez ce qui vous fait plaisir, mais laissez-nous en vie.

-Lâche ton arme et y’t’arriv’ra rien.

C’était faux, mais qui ne tente rien n’a rien.

-Pas tant que vous n’aurez pas quitté notre bateau.

Derrière elle, Zull lança impulsivement sa hache. L’homme se prit le manche en pleine poire, ce qui l’étourdit. Sa femme poussa un cri d’effroi. Le Réprouvé avait probablement voulu tuer l’inconnu en plantant sa lame entre ses deux yeux comme dans les récits héroïques. Il avait lamentablement raté, mais au moins, il avait atteint sa cible. Par sûr que la capitaine aurait pu en faire autant. Vite, Zoé en profita pour lui mettre un coup de pied dans les dents. L’homme s’effondra, les enfants se mirent à pleurer.

-Fermez-là. Imposa-t-elle.

Cela n’eut pas trop d’effet, alors elle donna un nouveau coup de pied dans le ventre de sa victime. Puis un nouveau, et un autre. Déployant davantage sa rage, elle lui cassa le nez et lui marcha dessus. C’était de l’acharnement, mais elle en avait besoin. Chaque coup qu’elle lui faisait subir était un soulagement profond, chaque goutte de sang qu’il expulsait était un plaisir. Lorsqu’elle estima avoir terminé de le dévisager, elle se tourna vers la femme. Celle-ci la suppliait, le visage trempé de larmes. Elle l’assomma d’un coup de pommeau avant de poser ses yeux sur les enfants. Morveux.

-Y’a que’quchose d’intéressant dans c’t’épave ?

-Un coffre avec leur marchandise et la trésorerie. Annonça Tir.

-On prend. On prend la bouffe, aussi. On s’tire.

***

Une heure plus tard, après avoir abandonné la famille et s’être suffisamment éloigné pour ne pas qu’on les retrouve, l’équipage évaluait la valeur du butin.

-C’est de la merde. Estima Zull d’un oeil expert alors qu’il balançait des colliers de coquillage à la mer.

-Au moins, ils avaient du fric. Et du saucisson. Relativisa Lokar qui entamait déjà ce dernier. Par contre c’est quoi cette merde ?

Il brandissait un rouleau de parchemin.

-File-moi ça. Et le saucisson.

Elle lui arracha le tout des mains, s’éloigna de quelques pas, mordit dans le bout de charcuterie et examina le papier. Elle le déroula.

-Pook… Edmund… Gol… ? Lut-elle difficilement entre d’autres termes qui lui paraissaient déjà plus cohérents.

Progressivement, un plan s’afficha sur le parchemin. Un point était marqué au centre de celui-ci, légendé de son nom – le vrai. Cela l’agaça, d’autant plus que le reste du papier était entièrement coloré en bleu. L’eau. Rien d’autre.

-C’est écrit quoi ?

-J’sais pas. J’sais pas lire, t’es con ou quoi ?

Bien sûr que si elle savait lire, tout ça à cause de ses péteux de parents qui avaient voulu lui offrir une « bonne éducation ». Quelle bande de tocards. Grognon, elle ré-enroula la carte.

-C’est d’la merde. Ajouta-t-elle.

-On peut jeter alors ?

Comme un enfant de cinq ans, Zull semblait avoir pris plaisir à lancer des trucs dans l’eau.

-Nan. Touche pas.

Gardant précieusement le parchemin sous son bras, elle rejoignit sa chambre. Elle réexamina l’objet magique au calme, à plat sur sa table de nuit. Sur l’en-tête, elle lisait que ça parlait de baston mais elle ne comprenait pas bien le lien avec ce qu’elle avait vu. Ça lui avait paru important. Mais bizarrement le papier était redevenu vierge. Elle referma la carte, puis la rouvrit, pour constater que cela n’avait aucun effet.

-Putain.

Ouais, c’était vraiment de la merde. Agacée, elle s’empara d’une bouteille vide qui passait par là et fourra le rouleau de papier à l’intérieur avant d’obstruer le goulot à l’aide d’un bouchon. En sortant, elle prit de l’élan et lança la bouteille le plus loin possible. Elle la regarda chuter dans l’eau, puis s’effacer doucement avec les vagues.

-Pourquoi t’as fait ça ?

Zull était un peu triste. Il aurait aimé la lancer lui-même. Zoé haussa les épaules.

-C’était de la merde qui pourrait servir à quelqu’un d’autre.

Les énigmes, c’était pas pour elle. Elle préférait laisser les péteux s’en charger.


~1845 mots~




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