Le deal à ne pas rater :
Display Pokémon japonaise Terastal Festival Ex : où la ...
Voir le deal

Partagez
 

 Comme si le monde brûlait | Lilith

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Kaahl Paiberym
~ Sorcier ~ Niveau VI ~

~ Sorcier ~ Niveau VI ~
◈ Parchemins usagés : 4087
◈ YinYanisé(e) le : 25/06/2015
◈ Activité : Professeur
Kaahl Paiberym
Dim 03 Mai 2020, 10:33


Objectif : Après la prise de la Terre Blanche, Kaahl se trouve sur la Terre d'Edel où il subit la Mue. Il va y rencontrer sa sœur, Lilith, et entreprendre de faire quelque chose d'utile pour passer le temps avant de rendormir les Momies.

J’étais étendu sur le côté, recroquevillé sur moi-même. Deux grandes ailes noires étaient déployées dans mon dos. Des plumes tombaient douloureusement de mes appendices dorsaux. Mon corps n’était plus qu’une souffrance sourde. J’étais incapable de faire quoi que ce soit. Je m’étais renseigné sur la Mue plus d’une fois auparavant. Le phénomène était plutôt connu dans sa généralité par les autres peuples : les plumes des ailes des Déchus s’effeuillaient jusqu’à ce qu’il n’en reste plus et de nouvelles se formaient, leur rendant leur beauté originale. Ce n’était néanmoins pas tout. Des recherches plus approfondies m’avaient fait comprendre que la Mue soignait le corps des Déchus, qu’elle en recréait un, neuf et dénué de tout handicap. C’était pour cette raison que j’avais fait des recherches sur les artefacts permettant la transformation. Depuis, plusieurs fois, j’avais essayé de provoquer le phénomène, en vain. Cependant, dès que Devaraj avait passé l’anneau à mon doigt, la Mue avait commencé son œuvre. Plus le Pécheur était aux portes de la mort, plus il y avait de chances que celle-ci se déclare. Elle n’était jamais agréable à vivre. Adam m’avait parlé longuement des siennes : courbatures, fièvre, mal de ventre, fatigue profonde, irritabilité, douleurs diverses et variées. Généralement, elle durait une semaine. Ce ne serait pas le cas de la mienne. Plus le corps était touché, plus elle était longue. Puisqu’il me manquait plusieurs membres et que ma chair était toujours rongée par une magie néfaste et puissante, j’allais rester aliter un certain temps. Mon apparence féminine n’avait pas repris le dessus, cette fois. Je ressemblais à un Alfar. Peau foncée, cheveux longs et blancs, mon corps était tatoué à plusieurs endroits, ce qui cachait les cicatrices et les séquelles. J’alternais entre plusieurs états. Parfois, je transpirais à grosses gouttes sous l’effet de la chaleur qui m’étreignait. D’autres fois, je grelotais, tant j’avais froid. Je savais que personne ne pouvait mourir sur la Terre d’Edel mais, plus d’une fois, les premiers jours, dès que les Momies avaient atteint leur objectif et que j’avais repris conscience de moi, j’avais cru que ce serait le cas. Mes membres repoussaient douloureusement. Ma chair se déplaçait, se reformait, et la sensation était pire qu’une dent crevant la gencive pour prendre sa place. Ça immobilisait ma rage et ma magie pour le moment, si bien que je n’avais pas encore détruit quoi que ce soit. J’étais trop mal et, surtout, j’utilisais beaucoup mes mains pour provoquer mes sorts. La gauche en moins, il ne m’était plus aussi aisé d’agir par pulsions inconsidérées. J’observai le moignon entre deux râles. Je haïssais le Monarque Démoniaque avec une force qui faisait vibrer l’ensemble de mon corps. Je tenais à mes mains, plus qu’à d’autres parties de mon anatomie. J’étais pianiste et, même si je savais que la Mue me rendrait de nouveau parfaitement opérationnel, j’avais peur de perdre en dextérité. Cette peur était injustifiée mais j’étais seul la majorité du temps, souffrant, délirant. Elle se nourrissait du silence.

Je me tournai légèrement lorsque j’entendis la porte de l’habitation s’ouvrir. C’était assez rustique mais, à vrai dire, je n’avais pas eu le temps de vraiment détailler le mobilier. Si je supportais d’être couvert de sueur, c’est que mon monde était ébranlé dans son ensemble. La lumière me fit mal aux yeux. J’avais la migraine. Le moindre son m’était insupportable. J’étais tombé plusieurs fois en voulant sortir de mon lit pour aller aux toilettes ou me laver. Les chutes avaient toujours été douloureuses et ridicules. Je n’avais pas encore eu le temps de me réjouir pour la prise de la Terre Blanche. J’avais dû accepter que de purs inconnus me viennent en aide chaque jour, une humiliation particulièrement éprouvante. Heureusement, la figure familière de Delawam était une ancre. Je comprenais la bizarrerie de la situation puisque le Draugr ne me connaissait pas, lui, pas plus que Raoni d’ailleurs qui avait quelques comportements similaires à ceux d’Adam. Pourtant, la silhouette qui apparut à l’embrasure de la porte n’appartenait ni à l’homme à la peau foncée, ni à son homologue vénérant la Vie. C’était une femme. Je grognai, n’arrivant pas à la détailler à cause de la luminosité qui l’entourait. Quelque chose me chuchota néanmoins de me détourner d’elle, ce que je fis, mon regard vide s’attachant au mur avec un intérêt tenace. Je ne voulais pas la voir. Sourcils froncés, je poussai un nouveau râle alors que des plumes se détachaient encore de mes ailes pour tomber sur le sol.

741 mots

Revenir en haut Aller en bas
http://lesterresdesympan.forumactif.com/t38028-kaahl-paiberym-el
Jun Taiji
✞ Æther de la Mort ✞

✞ Æther de la Mort ✞
◈ Parchemins usagés : 5285
◈ YinYanisé(e) le : 02/02/2012
Jun Taiji
Sam 16 Mai 2020, 10:37



Comme si le monde brûlait




Lilith avançait dans le nouveau quartier, créé spécifiquement pour un homme : son frère. Elle avait reçu la lettre de Devaraj la veille et, depuis, elle était d’autant plus curieuse. Delawam lui avait conseillé de ne pas se rendre au chevet du blessé mais… eh bien, elle n’écoutait jamais rien. L’avantage de la grossesse était de pouvoir faire peser sur cette dernière le moindre comportement problématique. Planter l’ennuyait ? Que cela ne tienne, elle pouvait avancer avoir mal au ventre, se sentir trop lourde ou être fatiguée. De toute façon, les Ombres et les Chamans étaient suffisamment occupés ces derniers temps. La créatrice de la Terre d’Edel avait, vraisemblablement, autorisé Ezechyel à y pénétrer et les conséquences étaient terribles pour celles qui étaient sous la gouvernance de l’Esprit de la Mort. La jeune femme avait aussi croisé son père, plus tôt, mais avait préféré se détourner. Il n’avait pas l’air d’humeur à parler, bien qu’aucune rage ne noircît son regard. Si des théories diverses et variées avaient vu le jour après son intervention, Lilith n’était pas dupe. Elle doutait très clairement qu’Edel ait soudainement décidé de se montrer plus conciliante avec Ezechyel, surtout pas après tant de temps à le défier. Elle ne savait ni comment, ni pourquoi, mais il avait très certainement fait plier cette dernière, voire l’avait brisée.

La Chamane ouvrit la porte. Une odeur de renfermé et de transpiration vint heurter son nez. La pièce était plongée dans l’obscurité et seule la lumière de la porte permettait de distinguer les contours du mobilier. Lilith ne ferma pas le battant derrière elle. Elle s’avança lentement, le temps que ses yeux s’habituassent à l’obscurité. Elle trouva une bassine avec de l’eau fraîche et un tissu. Elle la prit. Ses yeux fixèrent le sol un instant. Il était couvert de plumes. Elle les remonta sur son frère. Elle ne l’avait jamais vu. Il ressemblait à un corbeau à l’article de la mort, avec ses grandes ailes noires déployées. Silencieuse jusqu’ici, elle laissa un léger soupir se frayer un chemin en dehors de ses lèvres. Le monde, au-delà des territoires chamaniques, lui manquait. Elle s’assit sur le lit. Il était de dos mais elle l’avait vu bouger. Elle savait qu’il ne dormait pas. Elle se pencha pour s’en assurer. Il avait les yeux ouverts et fixait le mur. Pourquoi ? « Bonjour. » murmura-t-elle. « Devaraj m’a prévenue de votre arrivée. » Elle parlait doucement, dans un murmure. Il lui manquait des morceaux et sa peau était transpirante. Elle se pinça les lèvres et finit par tremper sa main dans la bassine. Elle essora le tissu et entreprit de le passer sur son visage et sur son corps. Il ne semblait pas disposé à lui adresser la parole. Il était musclé pour un Sorcier. Elle remarqua la Bague qu’il portait à son doigt et soupira de nouveau, en posant ce qu’elle tenait par terre. Elle se releva. « Je reviendrais plus tard. » dit-elle avait de s’éloigner.

« Devaraj.

Je ne saisis que trop bien. Fais attention, les souhaits ne sont jamais gratuits.

Pour le reste, tu es peut-être déjà au courant mais notre père a posé les pieds sur la Terre d’Edel il y a quelques jours. Les informations que j’ai sont les suivantes : les Ombres retourneront s’occuper du Cycle mais pourront venir par roulement sur la Terre d’Edel afin de se reposer et mener une vie paisible. Des discussions sont en cours. Visiblement, il serait question d’élire un représentant des Ombres sur la Terre d’Edel pour mener à bien un projet de vie pérenne et le développement d’une économie qui apporterait aux deux peuples. Apparemment, la Terre d’Edel reste une terre sur laquelle il est impossible de mourir. Je n’en sais pas plus pour le moment.

Je suis allée voir notre frère aussi. Il semble se murer dans un mutisme étrange à mon égard. Que lui as-tu dit ?

PS : Pour l’accouchement, compte une lune environ. J’ai légèrement accéléré les choses sous les conseils de Delawam. J’ai un mauvais pressentiment, pas sur les enfants mais me concernant plus spécifiquement. J’ai bu la fiole pour essayer et, oui, je reconnais que les effets sont efficaces, même sur quelqu’un qui a grandi presque sans la présence des Ætheri. Pourtant, le retour de bâton a été particulier. Je t’en dirai plus lorsque j’aurai déterminé ce qu’il se passe avec moi. Ce sont peut-être simplement les hormones. »


Quelques jours plus tard, Lilith entra de nouveau dans la pièce où se trouvait son frère. Il avait été déplacé. Plus son autonomie revenait, plus les prévisions du Suprême de l’Au-Delà se réalisaient. Pourtant, peu importe les rumeurs de destruction, elle n’avait toujours pas peur de lui. Elle avait vécu des décennies aux côtés de Devaraj. Elle était donc vaccinée contre les fous, les paranoïaques et les possessifs. Elle avança, une main sur son ventre. La pièce était mieux éclairée. Il n’avait plus l’apparence qu’elle lui avait vu plus tôt mais il était toujours étendu sur le lit. Elle ne put retenir une pensée de la traverser : il ressemblait à leur père. Elle avait connu Jun lorsqu’il était un Sorcier et s’en souvenait très bien puisqu’il était la dernière chose qu’elle avait vu avant de mourir. « Je suis revenue. » dit-elle. Peut-être ne se souvenait-il pas de sa première visite. « Vous avez l’air d’aller mieux. » ajouta-t-elle. « Je m’appelle Djoulhya. Je suis l’ancienne femme et la sœur du Suprême de l’Au-Delà. »

910 mots
Si tu pouvais ne pas répondre avant lundi, ce serait gentil <3

Revenir en haut Aller en bas
http://lesterresdesympan.forumactif.com/t34795-jun-taiji#679068
Kaahl Paiberym
~ Sorcier ~ Niveau VI ~

~ Sorcier ~ Niveau VI ~
◈ Parchemins usagés : 4087
◈ YinYanisé(e) le : 25/06/2015
◈ Activité : Professeur
Kaahl Paiberym
Lun 18 Mai 2020, 11:05


L’encens brûlait dans la pièce. Il y en avait beaucoup ici et Delawam m’en avait amené plusieurs fois. Il avait fini par paraître évident que m’offrir un présent tous les jours apaisait mes ardeurs destructrices. Je restais mal luné mais beaucoup moins à-même de faire de mes pulsions internes des pulsions externes. Néanmoins, cet encens là n’était pas en provenance des Chamans. Gustine m’avait fait parvenir une lettre dans un colis qui contenait toutes les autres missives que l’on m’avait envoyées durant mon absence. Lorsque je partais, je lui préparais toujours quelques potions à verser sur le courrier qui, après en avoir été imbibé, m’apparaissait à l’endroit où je me trouvais, dès que j’acceptais l’envoi. J’avais passé la journée d’hier à répondre à la lettre de la Marquise Leenhardt, pas qu’il me soit pénible de communiquer avec elle mais plutôt parce que le Déchu en moi n’aimait ni écrire ni être poli. Le sort des Anges m’importait actuellement autant que celui des Démons et, si je souffrais moins de la mue qui avait fini de faire repousser mes membres depuis quelques jours, celle-ci était toujours aussi désagréable. J’avais donc recommencé une bonne trentaine de fois, la mauvaise humeur ayant bien trop souvent pris le pas sur le calme. De ce fait, il y avait des morceaux de lettre un peu partout, entre de grosses ratures où j’envoyais se faire voir les Anges, où je faisais remarquer à Mancinia que j’avais une idée très efficace pour lui éviter de colporter de fausses rumeurs à l’avenir, et qui impliquaient mon pantalon baissé et elle à genoux devant moi, et où je lui disais qu’elle pouvait se coller son encens où je pensais. Néanmoins, une fois ma Colère calmée, j’avais réussi à réunir des bouts de phrases pour donner la lettre finale.

À la Marquise Mancinia Leenhardt

C’est avec grand plaisir que je contribuerai à soutenir les Anges revenus de la Terre Blanche. Je ferai envoyer quelqu’un aux Jardins de Jhēn pour mesurer les besoins réels et adapter mes dons.

Mon état ne cesse de s’améliorer grâce à la magie mais je vous remercie de votre proposition. Quant à Laëth Belegad et moi, je tiens à vous préciser que vous vous fourvoyez sur la nature de notre relation. Les rumeurs nous concernant ne sont que des fantaisies qui ne reflètent en rien ce qu’il en est réellement.

En vous souhaitant une agréable journée.

Kaahl Paiberym, Baron de Darin et Marquis de Sabnac.


J’étais décidé à lui envoyer la lettre lorsque je pourrais fabriquer de nouveau un élixir. J’avais également répondu à Gustine, avec plus de facilité étant donné la tendresse que je portais à la vieille femme. Elle m’avait raconté que, le lendemain soir, se tiendrait une réception au sein du château. Elle était impatiente. Elle savait s’occuper en mon absence. Je devrais également prendre contact avec Laëth bientôt mais ne cessais de retarder l’échéance. Néanmoins, pour l’heure, j’étais couché dans mon lit, loin de ces considérations.

Je fus tiré de la douleur qui me scindait le ventre par l’arrivée d’une personne. Je me tournai et grimaçai légèrement. Je ne voulais pas la voir. Lors de notre dernière rencontre, j’étais resté immobile, tendu au possible sous la caresse du tissu froid. Cette femme était un poison pour moi. Pourtant, alors que j’étais bien décidé à me plonger dans un silence pesant jusqu’à ce qu’elle partît, un détail attira mon attention : l’état de son ventre. Je la savais déjà enceinte mais la rondeur de ses formes m’apprit qu’elle arrivait bientôt au terme de sa grossesse. Je me redressai, écoutant sa voix avec attention, tout en regardant son nombril. Je remontai doucement les yeux jusqu’à apercevoir les premières boucles brunes qui tombaient sur ses vêtements et son teint halé. La vision de cette femme nue, à se tordre de plaisir sous les assauts de « ma » langue, tendit la totalité de mon corps d’une seule traite. Je la détestais, comme je détestais cette sensation. Elle avait essayé de « me » tuer, « je » n’avais pas réagi plus que ça. Je serrai les dents, me souvenant que trop bien de ses cheveux suivant le mouvement de ses hanches dans une vision magnifiée par le désir qu’elle éveillait en moi et les idées sauvages et violentes que Devaraj avait eu pendant l’amour concernant l’autel de notre père et cette femme, plaquée contre. Je fermai les yeux quelques secondes et laissai mes mains s’avancer vers son ventre. Je trouvais ces souvenirs répugnants, qu’il s’agît d’elle comme des sensations éprouvées par notre frère à ce moment-là. Je les avais partagées, comme toutes celles qu’il avait nourri avant ce jour à son égard. Et ces enfants à naître, qu’elle portait actuellement, me semblaient être à la fois ceux du Suprême de l’Au-Delà et les miens. « Je sais qui vous êtes. » murmurai-je en l’attirant à moi fermement. Je posai ma tête contre son ventre, l’oreille collée à ses vêtements. « Vous devriez repartir avant qu’une idée tordue ne me vienne à l’esprit. » L’étrangler, l’enlever, la plaquer contre ce lit, l’épouser, l’aimer peut-être. Je n’en avais aucune idée. Elle me dégoûtait. La vision de notre père et d’elle fit apparaître un goût âpre sur ma langue, tout comme sa demande de la transformer en Chaman. Des années durant, elle ne l’avait pas désiré et, du jour au lendemain, pleine de rancœur et sans se préoccuper de mon état, elle avait…

Je me redressai vivement et vis ma main partir et s’écraser violemment contre sa joue avant même que je n’ai pu la retenir. Je m’arrêtai presque de respirer, incapable de prononcer des excuses. Je n’étais pas désolé, pas complètement. Je l’ignorais, en réalité. C'était flou. Je m’inquiétais surtout pour les enfants.

940 mots
Revenir en haut Aller en bas
http://lesterresdesympan.forumactif.com/t38028-kaahl-paiberym-el
Jun Taiji
✞ Æther de la Mort ✞

✞ Æther de la Mort ✞
◈ Parchemins usagés : 5285
◈ YinYanisé(e) le : 02/02/2012
Jun Taiji
Lun 23 Nov 2020, 20:45



Comme si le monde brûlait




« Ne t’approche plus de lui. » Lilith avait entendu ces mots un nombre incalculable de fois après leur dernière rencontre. La claque avait résonné avec une force vive. Elle en avait souffert quelques jours. Raoni avait dû intervenir. L’histoire ne s’était pas arrêtée là. Elle aurait pu mais la Chamane n’était pas femme à se laisser frapper sans rétorquer. Elle avait été soumise à Devaraj trop longtemps. Elle avait tremblé à l’idée qu’il pût un jour l’enfermer quelque part. Elle avait ressenti la possessivité maladive de son frère à plusieurs reprises. Elle avait pourtant décidé de reprendre sa liberté et ses droits. Certes, cela ne l’avait pas conduite là où elle aurait pu l’espérer, mais elle en était sortie grandie.  Grandie et enceinte de leur père. « Ne t’approche pas de lui. » Elle s’était approchée, bien trop, faisant fi de son état de grossesse et du reste. Elle avait voulu le frapper en retour et s’était littéralement jetée sur lui. L’effet qu’il lui avait fait à ce moment-là, elle ne pouvait pas l’oublier. Cet homme était étrange. Dans ses mouvements acharnés pour prendre le dessus sur le Sorcier, elle avait ressenti une pulsion malsaine qui ne cessait de la hanter, à présent. Il la rendait curieuse. Il semblait… trop proche de Devaraj, sans qu’elle ne pût en expliquer les raisons. De ce sentiment naquit la volonté de le revoir, malgré toutes les recommandations. Elle n’avait cessé de faire des rêves étranges où elle collait sa peau à la sienne dans une ambiance moite et charnelle. Dans ses songes se rejouait la scène de son coït avec le Suprême de l’Au-Delà. Avec lui, son autre frère. Elle ne comprenait pas. Elle ne pouvait pas comprendre et heureusement. Sans doute aurait-elle été blessée qu’un autre qu’elle, un Mortel, la supplantât dans la compréhension du Fou des Dieux. Elle ne l’aurait pas accepté. Elle ne tolérait déjà qu’à peine l’existence de Léto. Imaginer que Kaahl pût avoir vécu l’entièreté de la vie du blond lui donnerait des envies de meurtre. Ce n’était pourtant pas ce genre d’envies qui lui trottaient dans la tête.

Lorsqu’elle entra de nouveau dans l’habitation, il était endormi. Elle pensa brièvement que ça commençait à devenir une habitude. Elle s’approcha sans un bruit et se pencha sur son corps. Sa main caressa son torse et remonta dans son cou. Elle sourit, en se demandant s’il dormait vraiment. Elle ne le pensait pas. Peut-être n’avait-il pas envie de la voir, comme les fois précédentes. Allait-il la frapper, encore ? Elle inspira et se mordit la lèvre inférieure. « Je me suis dit que ce serait bénéfique de vous emmener en promenade. Vous êtes cloîtré ici depuis trop longtemps et marcher vous fera du bien. » Elle s’humecta les lèvres et passa son autre main dans ses cheveux. Les boucles tombaient en cascade. Il se dégageait de lui quelque chose qui l’attirait bien trop. Elle ne comprenait pas pourquoi son instinct la poussait à penser que Devaraj et lui étaient semblables. Elle aimait le blond. Elle le désirait. Ses émotions se répercutaient sur le brun avec une force inouïe. « Cela ne se voit probablement pas mais j’étais une Ange auparavant. J’ai aidé des gens plus que je ne me suis aidée moi-même. Ironique, non ? » Si elle avait appliqué ses propres conseils, jamais elle ne serait venue ici. Jamais elle n’aurait continué à fréquenter son frère. Elle l’aurait fui et aurait refait sa vie, loin. « C’est pour cette raison que je pense que nous devrions prendre le soleil. C’est une belle journée et je sais que vous ne dormez pas. » Elle n’en était pas sûre. Elle attendit, et continua. « La Terre d’Edel est un endroit récent. Les Chamans s’y sont installés et ont commencé à bâtir des infrastructures. La tribu à laquelle j’appartiens s’occupe de la fertilité, celle de la terre mais également celle des hommes et femmes. Peut-être pourrais-je vous montrer comment nous plantons ? » Sa main descendit pour rejoindre de nouveau son torse. Elle la plaça sur son cœur. « Oublions ce qu’il s’est passé la dernière fois. Vous pourriez contribuer aux constructions ici, au lieu de rester allongé. » Elle plissa les yeux devant le silence et finit par lever légèrement le menton. Elle inspira, agacée. « Très bien. » Sa main descendit jusqu’à sa ceinture. Elle hésita puis entreprit de la faire glisser plus bas encore.

736 mots

Revenir en haut Aller en bas
http://lesterresdesympan.forumactif.com/t34795-jun-taiji#679068
Kaahl Paiberym
~ Sorcier ~ Niveau VI ~

~ Sorcier ~ Niveau VI ~
◈ Parchemins usagés : 4087
◈ YinYanisé(e) le : 25/06/2015
◈ Activité : Professeur
Kaahl Paiberym
Mer 13 Jan 2021, 14:02



Comme si le monde brûlait



« Arrête ! » Mes doigts maintenaient fermement le dos de sa main, pour l’empêcher d’aller plus loin. Mes yeux s’étaient ouverts sous l’effet de l'agacement. Je pensais qu’en faisant semblant de dormir, elle finirait par s’en aller. Pourtant, cette femme était têtue. Mes prunelles se relevèrent vers les siennes. Le vert de ses yeux me fit vaciller. En moi, deux êtres totalement différents se battaient. J’avais envie de la faire mienne. J’avais envie de la voir s’éloigner à jamais. Le besoin de fusion se faisait aussi pressant que la répulsion créait chez moi un besoin d’éloignement. Je sentais le trouble en elle, l’attirance entre nous. Je n’étais pas le seul à l'éprouver et l’attrait de la réciprocité rendait insupportable le fait qu’elle fût ma demi-sœur. J’avais cette impression étrange, celle que ses mèches brunes tombaient en cascade sur son buste juste pour me tenter. Elle était un fruit défendu. Devaraj ne me pardonnerait pas. Je ne me pardonnerais pas. J’avais envie de la tuer, elle et ses principes angéliques, elle et sa faculté à se faire passer pour une victime. Non, elle ne s’était pas aidée en restant là. Oui, elle aurait dû partir, me… le quitter. Qu’avait-elle imaginé ? Que rester avec un fou la sauverait ? Que faisait-elle, à la fin ? Ne comprenait-elle pas que je… qu’il, bordel ! Qu’il risquerait sa vie pour elle ? « Ne me touche plus ! » La vouvoyer encore m'était insupportable. Je repoussai sa main avec une virulence telle que je me demandai un instant si je n’allais pas la blesser, moralement et physiquement. J’avais envie de le faire dans le premier cas, pour qu’elle ne tentât plus, à l’avenir, ce genre de choses. Je n’étais pas sa marionnette. Je… « Tu… Je… » Je fermai les yeux un instant. J’avais peur que l’envie de la tuer prît le dessus sur le reste. Elle me plaçait dans une situation intenable moralement. Mes pensées à son égard étaient confuses. Je lui en voulais, à cause de Devaraj, à cause de moi. Elle était comme une pièce à deux faces. Elle pouvait m’apparaître comme une Ange, attirante et bienfaisante mais aussi comme une Démone, tentatrice et malfaisante. Je ne savais pas comment la prendre. Et ces enfants, qu’elle portait, me posaient un problème. J’avais envie qu’ils fussent à moi, parce qu’ils étaient, en quelque sorte, à moi. Je… J’avais envie de l’embrasser, de la supplier de rentrer avec moi et de ne plus me quitter. Pourtant, je ne comprenais pas son attrait pour ma personne. C’était difficile. Elle était folle.

Je craquai momentanément, rattrapant ce que j’avais au préalable rejeté pour l’attirer sur moi. Le mouvement, rapide et brusque, me permit de la surprendre. J’échangeai nos positions et lui grimpai dessus. Mes lèvres se collèrent aux siennes. Je perdais pieds. Je ne savais plus ce que je faisais. C’était confus et étonnement plaisant et malaisant à la fois. J’avais envie de l’attacher, de l’enlever et de l’enfermer. Le dégoût n’en fut que plus brutal. Je me détachai et me relevai. Je voulais vomir, fuir. Elle n’était pas bonne pour moi. Elle me rendait fébrile. La colère m’envahit un bref instant. Je ne voulais plus la voir tout en désirant ardemment m’abreuver d’elle et parcourir son corps. Ma respiration, saccadée, devait me faire passer pour un dément. Peut-être commençais-je à l’être, peut-être la Terre Blanche avait-elle initié un processus qui ne s’arrêterait plus jamais ? « On sort. » finis-je par murmurer. C’était une solution, ne pas rester seul avec elle. Le monde limiterait les risques, même si je savais que nous n’étions de toute façon pas seuls. Les Esprits auraient tôt fait de prévenir Devaraj de mes agissements. Pourrait-il réellement m’en blâmer ? Je portais son fardeau. Je portais ses souvenirs. Je portais ses sentiments. J’aimais Lilith comme j’aimerais Léto, à sa manière. Ça me tuerait, ça me tuait déjà.

D’un geste désordonné, je me frayai un chemin à l’extérieur de l’habitation. Mes membres avaient repoussé grâce à la Mue. De la prise de la Terre Blanche ne restaient que les dommages collatéraux, les failles psychologiques, tout ce qu’il me faudrait combler avant de pouvoir repartir.

Je ne l’attendis pas. Je marchai, marchai, jusqu’à arriver à un chantier. Elle avait parlé de travaux. La matière première était là, comme si elle m’attendait. J’avais besoin de me vider l’esprit, de me concentrer sur quelque chose de concret, quelque chose qui me ferait momentanément oublier ma sœur et le reste. Alors, je plaçai mes mains devant moi et laissai la Magie Bleue m’envahir. Elle entoura la matière pour créer quelque chose de nouveau, des bâtiments qui prirent forme devant mes yeux. J’ignorais si je remettrais les pieds ici mais, pour ce que mon frère avait fait pour moi, je pouvais au moins avancer les constructions, bâtir pour son peuple, que je ressentais aussi comme étant le mien. J’aimais les Chamans et j’avais l’impression de pouvoir, moi aussi, donner ma vie pour eux. Ma tendresse à leur égard était aussi puissante que la haine que je nourrissais pour les Dieux. Je me sentais responsable, d'eux et des ravages que les Ætheri leur avaient fait et leur feraient endurer.

857 mots
Revenir en haut Aller en bas
http://lesterresdesympan.forumactif.com/t38028-kaahl-paiberym-el
Jun Taiji
✞ Æther de la Mort ✞

✞ Æther de la Mort ✞
◈ Parchemins usagés : 5285
◈ YinYanisé(e) le : 02/02/2012
Jun Taiji
Lun 22 Fév 2021, 11:46



Comme si le monde brûlait




Lilith resta un temps, assise sur le lit, une expression neutre sur le visage. Puis, comme si la folie à l’intérieur de son esprit venait de pointer le bout de son nez, un sourire se dessina sur ses lèvres. Par les Ætheri, que cet homme était compliqué à saisir. Il y avait, entre eux, l’illustration de l’adage « Fuis-moi je te suis, suis-moi, je te fuis ». Son propre corps n’était pas clair quant aux désirs qu’elle nourrissait envers lui. Il lui donnait des envies assassines mais il l’attirait aussi. Dans le marron de ses yeux, elle avait l’impression d’entrevoir autre chose, quelque chose ressemblant à de l’émeraude, quelque chose d’un vert empli de folie. Il l’électrisait mais elle doutait que ce fût pour ce qu’il était vraiment. C’était autre chose. Il était attirant et elle n’en avait jamais douté depuis leur première rencontre. Les lignes de sa mâchoire, cette façon agacée de la fixer, ses pertes de contrôle, toutes ces petites choses le rendait particulier. Pour quelqu’un d’aussi instable qu’elle, il semblait merveilleux, un digne membre de la Dynastie des Cauchemars. Il ressemblait à leur père et cette évidence sautait aux yeux comme le nez au milieu de la figure. Bien sûr, comme elle savait, peut-être était-elle légèrement biaisée. Pourtant, à bien l’observer, ça ne faisait aucun doute. Jun avait simplement un regard propre à ceux qui avaient trop vécu, avec un brin de malice supplémentaire. Il avait le visage plus doux également, en plus d’une propension à aimer les vêtements d’Orines et les matières soyeuses. La peau de Kaahl était dénuée du moindre tatouage. Celle de Jun en était recouverte. Lilith plissa les yeux. Il y avait autre chose. Mais quoi ?

Avant de se lever, elle passa doucement son index et son majeur sur ses lèvres, comme si elle désirait se rappeler du baiser, ou l’éliminer de sa mémoire. Elle avait commencé à jouer. Lui n’en avait pas envie, il luttait contre les pulsions qui le parcouraient. Son comportement en était la preuve. Peut-être que, au fond, elle avait envie de le faire tomber et de l’attirer entre ses bras. Ce n’était pas elle que l’inceste rebuterait. Elle s’était longtemps questionnée jadis, elle avait eu honte, avait été prise d’horreur. Pourtant, ce n’était plus le cas aujourd’hui. Elle croyait simplement que certains Destins étaient liés et qu’il ne servait à rien de lutter contre l’inéluctable. Si les Ætheri voulaient le voir entre ses cuisses alors la chose se produirait, aujourd’hui ou demain. Ils n’étaient tous que des marionnettes dans le grand spectacle de la vie.

Alors qu’elle aurait pu chercher à lui fausser compagnie pour le reste de la journée, elle s’appliqua à marcher dans ses traces, jusqu’à arriver au chantier et constater le changement. Les Magiciens avaient cela de particulier qu'ils pouvaient faire vivre la matière, en quelque sorte. Elle pliait sous leur magie, se mouvait et prenait vie jusqu’à donner l’exact reflet de leurs envies. De vulgaires cailloux pouvaient muter et devenir un château majestueux sous le joug de la Valse Créatrice. Mais il n’était pas un Magicien, pas qu’elle sût. Aussi, elle s’approcha doucement et passa lentement sa main gauche dans son dos. « J’ai du mal à déterminer si vous êtes un Rêve déguisé en Cauchemar ou si vous êtes un Cauchemar qui aimerait devenir un Rêve. » Elle laissa un silence s’installer. « Notre père est le Prince des Cauchemars depuis l’Ère du Chaos du Cristal, lorsqu’il se trouvait à une place que vous convoitez. Pourtant, parfois, lorsque mes songes deviennent des visions, je prends conscience du fait qu’il n’a jamais souhaité être un Cauchemar. Je me demande si vous êtes pareil, à jouer un rôle dont vous ignorez tout du script ou même simplement de l’existence. » Elle se déplaça, jusqu’à tendre les mains et les poser sur ses joues. « Peut-être que, vous aussi, vous êtes un Prince des Cauchemars finalement. » Elle sourit, le lâcha et s’écarta. « Nous nous reverrons, plus tard. » De cela, elle en était convaincue. Plus le temps passait et plus ses songes devenaient des fragments de vérité. Aujourd’hui, l’on viendrait lui annoncer qu’elle ferait bientôt partie des Oracles Kaori. Plus tard, elle donnerait naissance à deux enfants : un brun aux yeux noisette et un blond aux yeux émeraude, un enfant des rêves et un enfant des cauchemars.

725 mots
Fin

Revenir en haut Aller en bas
http://lesterresdesympan.forumactif.com/t34795-jun-taiji#679068
Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas
 

Comme si le monde brûlait | Lilith

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

 Sujets similaires

-
» La peau blanche comme la neige, les joues rouges comme le sang, les cheveux aussi noirs que l'ébène [Pv Saül]
» Le monde est cruel, le monde est méchant ///solo///
» La bienveillance - Lilith
» Infirmière - PV Lilith
» De toi à moi. [PV Lilith Arkendar]
Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Les Terres de Sympan :: Zone RP - Mers :: Mers - Ouest :: Mer Maudite :: Terre d'Edel-