Rumeurs et poison

Objectif : Aliénor est conviée chez l'un des Comtes du Duché de Virial. Elle essaye de faire face aux nombreuses rumeurs qui courent sur elle depuis son alliance avec l'Empereur Noir. Accompagnée d'un garde du corps Sorcier, elle ne passe plus inaperçue. Cependant, au milieu de la soirée, un Archimage Noir fait irruption et prétend que du poison a été versé dans l'une des rivières de la Montagne de l'Edelweiss. Le Sirigon et le Nylmord font ensuite preuve de diplomatie pour réussir à le faire parler.

Musique

Azélie courait partout dans la salle de bal. L’un des Comtes du Duché de Virial avait décidé de donner une célébration en l’honneur du mariage prochain de sa fille, Clémence. Cette dernière était au centre de l’attention, une petite blonde dans une robe qui faisait au moins quatre fois sa largeur. Pourtant, l’on parlait aussi beaucoup d’une autre jeune femme qui était présente, accompagnée de l’un de ses gardes du corps : Aliénor Vaughan. Cette dernière était en train de danser avec le Sorcier en question, le Marquis Lhéasse Taiji, un homme que tout le monde disait être sur le point de devenir Chancelier des Ténèbres. Les langues les plus bavardes lui prêtaient néanmoins quelques tensions avec l’Archimage Elzagan. Personne ne savait ce qu’il en était exactement. Les questions sorcières étaient bien souvent floues et le jeu politique ressemblait à un dédale de pièges et de traîtrises. « C’est elle l’Épouse Maudite ? » demanda Azélie à l’une des grandes personnes qui se trouvait près du buffet. « Oui… Ne vous approchez pas d’elle. » « Pourquoi ? » « Parce que l’homme qui est avec elle est un très vilain monsieur… » Une autre femme entra dans la conversation. « L’on dit qu’il a cassé le poignet d’un jeune homme qui lui faisait la cour. » « La cour ? Mais… voyons, ce n’est pas raisonnable de faire la cour à l’épouse de l’Empereur Noir… » « Surtout qu’elle est plutôt quelconque. » « C’est vrai. Le Roi des Sorciers a dû être bien déçu de constater que le hasard ne l’avait pas gâté. » « Et puis quoi, encore ? Il ne manquerait plus que ça, que les Mages Noirs soient gâtés. » « Au Bal des douze cycles lunaires, ils l’ont été. Le Prince a dansé la première danse avec l’Ultimage et… » « Je sais, ma chère, j’étais présente. Ça m’a tant choquée ! Surtout qu’il a gagné la Coupe des Nations. » « On ne sait d’ailleurs toujours pas en quoi celle-ci consistait. » « Ça ne devait pas être très bénéfique si l’héritier de la Couronne l’a remportée. » « Vous parlez d’Elias Salvatore ? » « Oui. » « Il paraît que Lord lui cédera le trône lorsqu’il aura fait ses preuves… » « Peut-être qu’il pourra récupérer toutes ses femmes ! » ricana l’une. « Lord est quand même plus séduisant que son héritier. » « Aliénor se retrouverait à devoir contenter un vieillard. » Elles rirent. Au fond, elles le trouvaient toutes les deux très bien, le Prince Noir. Elles ne voulaient juste surtout pas l’avouer. Azélie les regarda un instant et fit une petite moue. « C’est bizarre quand même… » « Qu’est ce qui est bizarre ma poupette ? » « Ben… Si le Prince Noir est si puissant qu’on le dit, vous ne pensez pas qu’il pourrait prendre une autre apparence s’il le voulait ? » « Euh… » Cette gamine était vraiment étrange. Les deux femmes se regardèrent. C’est vrai qu’elles n’y avaient jamais pensé auparavant. Beaucoup de Mages puissants pouvaient faire des miracles. Avoir la possibilité de changer d’apparence n’était pas si rare, surtout dans les hautes sphères. « Peut-être que… » « Peut-être que c’est ce qu’il fait déjà ! » les coupa Azélie avec un grand sourire avant de voler quelques gâteaux au chocolat et de partir en courant, voir ce qu’il se passait ailleurs.

« Le Comte Worth m’inquiète un peu oui. Il est tellement égocentré ! Ce ne serait pas étonnant qu’il finisse Sorcier. » « Allons, ça ne veut rien dire. Nous ne sommes pas des Anges. Il a bien le droit d’avoir des défauts. » « Et puis il a des qualités aussi… » « Oui. » rit une jeune fille. « Il n’est toujours pas marié ! » « Oh voyons ! Clarence ! » « Quoi ? Sa moustache me fait craquer… J’aimerais tellement le rencontrer… » « On dit qu’au bal il s’est amouraché d’une blonde. » « Ah oui ? Hum… » « D’un autre côté, je ne crois pas que le Comte Worth soit vraiment sérieux dans ses prétentions. Il devrait faire attention. Il pourrait entacher sa réputation à force de trop courir les jupons. Et toi, jeune fille, je t’interdis formellement de l’approcher, tu m’entends ? Enceinte à dix-sept ans, sans même avoir fini tes études ! » « Moi ça ne me dérangerait pas. » dit la jeune fille. « Non. Les études d’abord, le mariage ensuite, c’est comme ça chez nous ! » « Et vous avez bien raison ! Moi aussi je veux faire des études ! » glissa Azélie, haute comme trois pommes. Son intervention fit rire les commères qui se demandèrent à qui appartenait ce petit ange.

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Rumeurs et poison

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Aliénor dansait avec Lhéasse. Il ne la lâchait presque jamais. C’est à peine si elle pouvait conserver une intimité. Parfois, il s’éloignait un peu pour la laisser discuter avec ses amis mais ceux-ci se faisaient rares, ces derniers temps. Lorsqu’elle se changeait, il se retournait mais elle se doutait qu’il n’était pas si respectueux. Son monde s’était effondré et elle se sentait couler. Elle avait l’impression de se noyer. Elle faisait tout ce qu’elle pouvait pour se rattraper à quelque chose et, paradoxalement, Lhéasse en faisait partie. Elle avait commencé à développer des sentiments paradoxaux à son égard. Quoi qu’elle fasse, quoi qu’elle dise, il ne pouvait pas l’abandonner. Il était obligé de rester avec elle. Toujours. « Vous n’êtes pas très bavarde. » lui fit-il remarquer. « Je n’ai rien à dire. » murmura-t-elle, un peu contrainte. « Vous m’en voulez d’être réticent à vous laisser danser avec d’autres ? Vous savez comment les choses ont fini la dernière fois. » Aliénor jeta des coups d’œil autour d’eux. « Ils parlent de nous. » dit-elle. « Nous pouvons partir si vous voulez. » « Non, après ça sera pire. » Il fit une légère grimace. Il en avait marre de jouer les pingouins ici. « Bien… Puisqu’ils parlent de nous, nous n’avons qu’à faire comme eux. Je suis sûr que vous êtes au courant de quelques rumeurs, vous aussi. Par exemple, la Baronne De Hauteplaine trompe son mari avec un Sorcier. » « Qu… ? » Il sourit. « Vous ne le répéterez pas, n’est-ce pas ? » dit-il. « C… C’est vous, le Sorcier ? » « Non. » Il rit, comme si elle venait de lui raconter une blague excellente. « Alors Comtesse. Quelles rumeurs pouvaient vous me raconter ? Nous n’avons qu’à alterner. Je vous donne des rumeurs sur les Sorciers et vous m’en donnez sur les Magiciens. » Il cherchait un moyen de rompre son ennui. « D’accord… » susurra-t-elle. Il l’ensorcelait. Il dégageait quelque chose qu’elle n’avait pas. Le mal en lui était visible. Il ne s’en cachait pas. Pourtant, ça créait un contraste étonnant. À chaque fois qu’il se montrait charmant, l’inattendu de la chose l’étonnait tellement que ça lui semblait miraculeux. Ça accentuait ses bons côtés, ses petites attentions. Peut-être qu’il n’était pas si maléfique que ça ? « J’ai entendu dire que Laëth Belegade était enceinte du Baron Paiberym. » « Vous pensez que cela est vrai ? » « Pas vraiment… La rumeur semble s’éteindre progressivement. Une Ange… enceinte ? Sans être mariée ? Je ne crois pas que cela soit possible… Je croyais qu’ils étaient stériles, les Anges… » « Pas exactement. Ils ne peuvent juste plus enfanter d’Anges. Ils peuvent encore procréer mais leurs coutumes promettent le pire à ceux qui le feraient sans être mariés. » « Oh je vois. Je suis ignorante… » Elle glissait lentement dans la dépression. Il lui sourit. « Non. Vous êtes juste inattentive en cours. Vu les récents événements, je pense que personne ne pourra vous en blâmer, même si je préférerais garder une femme plus cultivée, c’est vrai. » Elle le prit mal. Ça la blessa. « À vous. » dit-elle, le rouge aux joues, fuyant son regard à cause de sa contrariété. « Jun Taiji aurait embrassé Aylivæ Song durant le dernier bal au château. » « … Et ? » « Un Sorcier et une Sirène, ce n’est pas du meilleur goût, même s’il ne doit rien y avoir de sérieux. Les Sorciers d’Amestris n’arrêtent pas d’en parler. » « Mais… Lord s’était entiché de Vanille… » Elle parlait de son mari. « Et il semble qu’il ne soit toujours pas désintéressé. » ajouta-t-elle. « Êtes-vous jalouse ? » « Surement pas ! Je préférais ma vie d’avant ! Lorsque les gens racontaient des rumeurs sur mon dos pour des faits stupides, comme ma chute depuis l’estrade lors de la représentation théâtrale aux Palais de Coelya ! » Il renforça un peu sa prise sur elle. « Baissez d’un ton… » « Sinon quoi ? Vous allez me frapper ? » « Non. Il y a pleins d’autres manières de vous faire taire. » Elle tourna son regard courroucé vers lui et, sans savoir vraiment pourquoi, elle imagina des choses inavouables. Il pouvait la faire taire en l’embrassant et… plus que ça. Il pencha la tête sur le côté, soudain plus sérieux. « Ne pensez pas à ce genre de choses, pauvre folle. » Elle serra les dents. « Je… » Il lisait dans ses pensées. Les sourcils froncés, elle alla à l’encontre de son ordre, continuant à songer à des choses brûlantes.

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Rumeurs et poison

Musique

« J’ai entendu dire que le chevalier Ogum… » « Ogum ? » questionna une Magicienne. « Oh tu sais bien… » Il y eut un petit silence, le temps pour celle qui parlait de se préparer. Elle inspira, et commença à chanter les premières phrases d’une chanson qui était bien connue ici. « Ça c’est une Reine, une Reine comme je les aime ! Son parfum m’enivre, il me livre au blasphème ! » « Oh ! Je vois oui ! Je n’étais pas née à ce moment-là mais j’en ai entendu parler. » « Bon, eh bien il paraîtrait que le chevalier Ogum soit de retour sur les Terres du Lac Bleu, bien décidé à ravir l’Ultimage à son époux ! L’on dit qu’il s’est renforcé avec le temps… » « J’en ai entendu parler aussi. » dit une troisième protagoniste. « Depuis que l’Impératrice Blanche est revenue, plusieurs personnes l’ont vu disparaître à l’intérieur du palais. » « On dit même qu’il a grimpé à son balcon ! » « Ah bon ? Parce que moi j’ai entendu dire que le Prince des Sorciers et l’Impératrice Blanche… » La jeune femme fit un petit mouvement explicite avec ses doigts.

« Oui et puis le Prince des Sorciers doit aussi se taper la Marquise Leenhardt, tant qu’on y est. » La voix était plutôt agréable à entendre mais la magie à l’œuvre plongea la salle dans des ténèbres glacées. « Il n’y a que les Magiciens pour envisager de pareilles hypothèses. » Un petit sourire en coin, Val’Aimé Taiji se tenait au milieu de la pièce. Les morsures de Lux In Tenebris étaient visibles sur sa peau, bien plus qu’elles l’étaient sur celle de Lhéasse. « Eh bien ? » questionna-t-il. « Moi qui pensais que depuis le Bal, nos deux Nations étaient de nouveaux réconciliées. Je suis peiné par ce manque de chaleur. Les Magiciens ne savent-ils dont plus accueillir leurs invités ? » « C’est-à-dire que… » Il porta sa main à son oreille. « Pardon ? Vous voulez dire que je ne suis pas invité ? Vous voulez me contrarier ? » « Non. Il y a de la place pour tout le monde. » « Parfait. » dit-il. « Je voulais simplement vous signaler ma présence. Et puisqu’il semble que les rumeurs soient au goût du jour, il semblerait que quelqu’un – je ne sais pas qui – ait empoisonné l’eau d’une rivière de l’Edelweiss. Ce serait bien dommage qu’il y ait des morts, s’il s’avérait que c’était vrai. » « Val’Aimé… » « Oui Lhéasse ? » Le Sorcier avait quitté Aliénor pour poser une main sur l’épaule de son confrère. Le silence s’était installé, pesant. « Calme-toi. » « Mais je suis calme. » Il sourit méchamment. « Ce qui ne semble pas être ton cas. Que dirait l’Empereur s’il savait que sa femme a envie que tu la prennes contre un mur ? Il faut vraiment être tordu pour éveiller ce genre de désirs chez une Magicienne. » Quelques regards se tournèrent vers la Comtesse qui se mit à rougir puis à pâlir, ses yeux illustrant une profonde détresse. Elle recula de quelques pas. « Certains murmurent que tu pourrais devenir l’Isekel. Je demande à voir. » « Ce n’est pas l’endroit pour laver ton linge sale. » « Si patient. Presque un Magicien. Fais attention, Lhéasse, tu pourrais franchir la frontière. » « Si tu ne te calmes pas, je vais te montrer que je suis très loin de franchir la frontière. » murmura-t-il si bas que personne ne put entendre. Lhéasse eut un tic ignoble. Un temps assez long passa. Les deux hommes avaient une histoire commune, ça ne faisait aucun doute. Val’Aimé haïssait prodigieusement le statu quo qui sévissait entre Mages Noirs et Mages Blancs. Chef de l’armée, il avait envie de tous les annihiler. En ce moment, aucune opération d’envergure n’était accomplie et il avait envie de se défouler. Il était tellement intenable et invivable au quotidien, qu’on lui avait donné quelques missions mais ça ne le satisfaisait pas. Il voulait détruire un continent, raser des Cités entières. Les Sorciers et les Magiciens n’étaient pas faits pour s’entendre et se faire des courbettes. Les deux peuples devaient se battre. Les Sorciers devaient essayer de tuer ces saletés de faiseur de Paix et les Bâtisseurs devaient, en retour, essayer d’annihiler les Destructeurs. C’était ainsi que le Monde avait toujours marché et il emmerdait parfaitement cet Ère de la Conciliation.

Il finit néanmoins par se calmer. Il n’ajouta rien et se dirigea vers le buffet pour se servir un verre de vin. Petit à petit, les discussions reprirent, certaines conversations entièrement tournées vers l’arrivée de Val’Aimé et ses desseins. Disait-il la vérité lorsqu’il avait avancé que quelqu’un avait tenté d’empoisonner une rivière ? Était-il responsable ? Devait-on appeler la garde pour l’évacuer ? Est-ce qu’agir ainsi ne créerait-il pas des tensions entre les deux peuples, pour rien ? Certains avançaient que c’était son attention et qu’il ne valait mieux pas répliquer, juste l’ignorer. D’autres disaient, au contraire, qu’il fallait chasser ce Sorcier d’ici et alerter les autorités.

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Rumeurs et poison

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« Vous êtes pas très beau. » dit Azélie, depuis le dessous de la table, à l’attention de Val’Aimé. Le Mage Noir souleva la nappe pour dénicher la fillette. « Sors de là. » fit-il. « Vous ne pouvez même pas m’attraper ! » ajouta-t-elle. Son index vint tirer la peau en dessous de son œil et elle lui tira la langue dans un « Pbrrr » insouciant, avant de partir en courant. L’homme inspira vivement. Il allait lui tordre le cou à cette gamine. « Salut beau brun. » La voix était celle d’un homme, tout comme le bras qui venait de passer sur les épaules du Sorcier. La mine de l’Archimage Elzagan changea, se faisant soudainement dégoûtée. Il n’était pas très expressif d’ordinaire. Beaucoup lui prêtaient même une absence d’émotions. C’était à se demander s’il ne forçait pas le trait, à présent. « Chancelier Sirigon, quel déplaisir de vous voir. Je préférais lorsque c’était un Sorcier qui était à votre place. » « Oh bien sûr je comprends. C’est dommage parce que, moi, je vous ai toujours trouvé très à mon goût. N’est-ce pas Alister ? N’étais-je pas en train de te murmurer l’autre jour que j’aimerais bien le voir à quatre pattes devant moi, ce si ténébreux et tempétueux Chancelier Elzagan ? » « C’est vrai. » confirma un deuxième homme qui, lui, plaça son bras autour de la taille de Val’Aimé. « Qu’en dîtes-vous, Val’Aimé ? » demanda le roux aux yeux bleus. Le Sorcier ferma les yeux quelques secondes et ses lèvres semblèrent disparaître tant il les serra l’une contre l’autre. Il finit par regarder son interlocuteur. « Cela aurait été avec plaisir Judicaël. Malheureusement, vous connaissez ma réputation. Mon lit n’est guère habité par personne d’autre que moi. » « Qui a parlé de lit ? » l’interrogea le roux. « Ne me dîtes pas que vous faites partie de ces hommes qui préfèrent le faire au lit, dans le noir complet ? » « Ce serait dommage de cacher de telles veines noirâtres… Je suis sûr que beaucoup de femmes rêvent de les toucher. » « Et pas que des femmes. » Les deux hommes qui entouraient l’Archimage Noir se donnaient le change avec une facilité déconcertante. Ce n’était peut-être pas très professionnel mais, après tout, l’Elzagan était le seul fautif. Il était apparu au milieu d’une soirée sans y être invité pour semer un doute horrible dans l’esprit des convives.

« Que voulez-vous ? » finit par demander Val’Aimé. Il avait parfaitement compris le message. « Que vous nous en disiez plus sur ce fameux poison… » « À moins que vous ne souhaitiez sortir d’ici avec une réputation… » Le Nylmord baissa un peu sa main ce qui le conduisit facilement proche des fesses du Sorcier. « … sulfureuse. » « Arrêtez ça. » « Bien sûr. Nous sommes des Magiciens, voyons, nous ne ferions rien contre votre gré. » « Même si au fond nous sommes sûrs que vous en avez envie. » « C’est ça. » souffla le Mage Noir, les traits de son visage montrant à quel point il était exaspéré par le comportement puérile de ses homologues Magiciens. Qui se comportait ainsi, hum ? Personne. « Dites-nous. » « Les Sorciers ne sont pas à l’origine de la chose. J’en ai entendu parler il y a quelques jours. Surement des Démons en manque. » « Des Démons qui utiliseraient le poison ? Cela m’étonnerait fort. Ils ont l’intelligence d’une théière. » Le Mage Noir sourit. Ce n’était pas lui qui allait les contredire sur le sujet. « Ou des Alfars. C’est bien leur genre. » « Ou des Mages Noirs qui agissent contre la volonté du gouvernement. Ce besoin de Chaos… Vous aussi vous aimez utiliser le poison, n’est-ce pas ? » Val’Aimé regarda le Nylmord. « Ce que je ferai surement si vous ne remontez pas votre main vers une aire de mon corps plus convenable. » « À croire que mon contact ne vous est pas si dérangeant, si ce n’est qu’un changement de position que vous demandez. » Il lui fit un clin d’œil. D’un point de vue extérieur, la scène était un peu étrange. On ne savait pas trop s’ils étaient de vieilles connaissances en train de discuter gaiment, s’ils étaient tous les trois en train de prévoir leur prochaine partie de jambes en l’air ou si les deux Magiciens menaçaient le Sorcier sous couvert de grands sourires. La dernière version était la plus probable mais les rumeurs ne s’encombraient pas forcément de la logique. « J’aurais demandé plus si j’étais convaincu que vous me donneriez satisfaction. » « C’est vrai. » « Cela dit, nous sommes quand même de chics types, nous aurions pu vous faire enfermer pour l’esclandre que vous avez failli créer. Au lieu de quoi, nous préférons discuter. » « En laissant traîner vos sales mains sur moi. » « Vous vous en remettrez. » « Ce n’est pas grave de ne pas assumer sa sexualité. Ça viendra sans doute plus tard. » « J’ai entendu des rumeurs sur Lhéasse et vous… C’est pour ça ce froid entre vous, n’est-ce pas ? » Le Sorcier sourit, un air mauvais figé sur ses traits. « Je vous déconseille à tous les deux de vous rendre à Amestris dans les prochaines lunes. Nous verrons si vous vous amusez autant à mes dépends. » « Bonne chance pour nous briser. » « Nous sommes incassables. » s’amusèrent les deux Archimages, sachant pertinemment, l’un comme l’autre, qu’il vaudrait mieux, effectivement, ne pas mettre les pieds chez les Sorciers quelques temps, ou pas avant de s’être assurés que Val’Aimé n’y était pas.

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