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Objectif : Kaahl se rend à la réception en l'honneur du mariage de Clémence Senghor. Il discute des dernières actualités avec son père, le Comte, avant l'arrivée de Val'Aimé qui avance que du poison a été versé dans les eaux qui parcourent la montagne de l'Edelweiss. Un peu plus tard, il est appelé pour aller voir sur place.
Rps liés : Rumeurs et poison et il y aura un rp pour la suite avec Devaraj et Latone.

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« Hop ! » fis-je, avec un sourire espiègle, en faisant légèrement sauter Gustine à la fin de la danse. La vieille femme se mit à rire. « Baron, voyons ! Ce n’est plus de mon âge tout ça ! » « Vous avez peur que je vous lâche ? » « J’ai peur pour votre jambe, surtout. » reprit-elle avec un ton plus sérieux, tout en m’entraînant vers le buffet. C’était une façon élégante de me tirer de la piste de danse sous couvert d’avoir faim et soif. Elle s’inquiétait. Moi aussi. Je pouvais mourir à tout moment. Néanmoins, je n’avais pas envie que mon cas fût sur toutes les langues. Les rumeurs concernant Laëth et moi, qui ne cessaient de se réduire et heureusement, me suffisaient amplement.

« Bonsoir, Baron Paiberym. » Je tournai les yeux vers le propriétaire des lieux. Son sourire était sincère. Il salua Gustine également. Cet homme m’estimait, si bien qu’il m’avait écrit un courrier, quelques mois plus tôt, pour essayer d’arranger une rencontre avec sa fille, Clémence, dont nous fêtions les noces prochaines. J’avais décliné, faute de disponibilités. Nous nous étions parlés à de nombreuses reprises et pouvions échanger sur différents sujets en toute discrétion. « Bonsoir, Comte Senghor. Je suis heureux de voir que votre fille a trouvé quelqu’un. Le Vicomte est un très bon parti et un homme que l’on dit agréable. » « Oui. La rencontre qui a été arrangée pour eux a porté ses fruits et j’en suis heureux. J’ai entendu dire que vous étiez, vous aussi, sur le point de vous marier. » Je souris. « Au risque de vous décevoir, ce n’est pas le cas. Je n’ai rencontré Laëth Belegad qu’une seule fois et ai eu le malheur de parler d’elle en bien à quelqu’un qui a cru déceler bien plus qu’il n’y a réellement entre elle et moi. » « Les rumeurs… » soupira le Comte. « Je comprends votre désarroi. Ce n’est pas toujours évident de faire face aux commérages, même si vous y êtes habitué. J’ai aussi entendu beaucoup d’histoire sur les élans du cœur d’une de vos anciennes élèves, aujourd’hui mariée, à votre égard. » « Un homme et une femme ayant des relations amicales nourrissent souvent les racontars les plus extravagants. » « J’en ai entendu beaucoup sur le Nylmord et vous, également, mais voyons le bon côté des choses : ces fantasmes sont dignes de Déchus de la Luxure et devraient contribuer à rapprocher nos deux peuples. » Je ris, en jetant un coup d’œil au concerné, plus loin. Le Comte le regarda à son tour, souriant.  « Parfait. Vous devriez d'ailleurs faire attention. Nous pourrions devenir, nous aussi, la source de rumeurs sulfureuses. » Il était plutôt bel homme, et divorcé. Je passai ma langue sur mes lèvres, afin de reprendre mon sérieux, et repris. « J’imagine que ça part d’un bon sentiment et comme je connais une merveilleuse commère, je ne jetterai pas la pierre. Gustine est toujours là pour me raconter ce qu’il se dit, n'est-ce pas ? » La concernée, qui était restée silencieuse jusqu’ici, sourit tendrement. « C’est important de se tenir au courant. Cependant, Baron, ne doutez jamais du fait que je vous défends corps et âme lorsque mes amies disent n’importe quoi sur vous ! » « Je n’en ai jamais douté. » Le Comte me regarda un instant, amusé, lui-aussi.

« Ce qui a alimenté la rumeur concernant Laëth et vous est sans doute ce déplacement sur Iyora. » Je le fixai. « Les Anges ont une vision différente des choses et, même si Laëth et moi ne nous connaissons que très peu, je n’avais pas envie que ces histoires lui portassent préjudice, ce qui fut malheureusement le cas. » Gustine ne disait rien mais je sentis un vent de révolte en elle. Elle aimait beaucoup l’Ange et l’idée que l’on pût lui faire du mal aurait pu la mener droit sur un champ de bataille. « C’est vrai. Cette demoiselle a dû se sentir bien mal d’être ainsi le centre de l’attention sans aucune raison. Vous l’avez rencontré où, aux Jardins de Jhēn ? » « Non, lors d’une réception hors du territoire magicien. Nous avons dansé ensemble et échangé quelques mots. » Le Comte sourit. « Comme quoi, beaucoup de rumeurs sont réellement basées sur n’importe quoi. » « Oui. » « Vous comptez la revoir ? » « Je ne sais pas. J’aimerais en savoir plus sur elle et sur son mode de vie. Ça ne doit pas être facile de venir d’un territoire comme Lumnaar’Yuvon et de devoir s’acclimater parmi les Anges. Néanmoins, je n’ai pas envie que d’autres rumeurs circulent à notre sujet. Je viens d’adopter des enfants et ces histoires de grossesse hors mariage pourraient resurgir. Même si je possède tous les certificats d’adoption, la raison trouve rarement sa place dans ce genre de folies. » « Oui, c'est vrai. Il est plus simple d'inventer une histoire de toutes pièces plutôt que de prouver un fait avéré. Quant à vos adoptions, les félicitations s'imposent. J’ai vu que vous aviez amené l’un de vos fils, si je ne me trompe pas. » Je tournai les yeux vers Ilias qui se trouvait avec Cendre, plus loin. « C'est ça. J’essaye de les acclimater au bruit et de leur faire voir du monde. » « C’est une bonne chose. »

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« Baron, aimeriez-vous danser ? » « Peut-être plus tard. » déclinai-je d’une voix douce, avant de reporter mon attention sur le Comte Senghor. Il sourit et me tendit un verre de champagne. « Entre nous, je préfère parler d’autres sujets que les cancans amoureux. » « Je partage votre avis. » dis-je, en prenant la coupe. « L’Ordre d’Hébé s’est illustré auprès des Orishas dans le Désert de Mow récemment. Ces attaques de Goleds ont été problématiques, sans parler des viols qui ont été perpétrés. » Je soupirai. Plus je réfléchissais à la question, plus j’entrevoyais la possibilité que le Sceau du Lys y fût pour quelque chose. L’arme avait fait disparaître les géants de Volatys mais ce qui disparaissait à un endroit, réapparaissait souvent à un autre. « Oui, j’en ai entendu parler. Leurs actions se multiplient actuellement et c’est une bonne chose. Les Anges ont été réellement affaiblis par le Génocide et ils ne sont plus en mesure de tenir le cap, aujourd’hui. Ils ne le seront pas avant d’avoir retrouvé une démographie plus importante. » « Je pense la même chose. D’autres initiatives voient le jour. La nature a horreur du vide. » Je souris et bus une gorgée. « La Section Marivaux de l’armée a déjà eu à travailler quelques fois avec l’Ordre d’Hébé mais il serait bon de renforcer les alliances d’après moi. Nous nous battons pour la même chose, ou presque. L’Empire est neutre d’après ce que j’ai entendu dire mais s’entraider sur les problématiques qui portent sur nos valeurs communes me semble préférable que de rester chacun de son côté du chemin. » « Oui sans doute. Néanmoins, rien n’indique qu’Hébé ne se battra pas pour les Démons demain. La conception de la justice varie d’un groupe à l’autre. » « C’est vrai. C’est pour cette raison qu’une alliance véritable, sur le long terme, dans tous les domaines, ne sera certainement pas possible. Je pense que des peuples peuvent s’entendre sur certains points et pas sur d’autres. Le peu d’entente qu’il peut y avoir permet d’éviter la guerre, même si c’est minime. Nous en avons l’illustration aujourd’hui avec les Sorciers. Nos modes de vie diffèrent mais, pour l’instant, l’Empereur Noir ne semble préparer aucune attaque contre nos territoires. C’est déjà ça pour la population. Plus nous avons d’accords, plus nous possédons de pistes de négociations et de moyens de pression. » Il but à son tour, tout en observant la venue d’une jeune femme brune.

« Bonsoir, Baron. Est-ce que vous m’accorderiez cette danse ? Ou la suivante ? » Je souris et réfléchis. « Comptez dix danses et je serai à vous. » Le Comte attendit qu’elle fût partie pour me gratifier d’un sourire amusé. Je repris la conversation comme si de rien n’était. « Si nous nous rendons indispensables au bon fonctionnement de l’économie des autres peuples, que nous nouons des relations politiques et des liens plus… » Mes yeux se posèrent sur la Comtesse Aliénor Vaughan. Je grimaçai. « Je préférerais que ce genre de liens se forment avec davantage de consentement mais vous voyez où je veux en venir, n’est-ce pas ? » Il resta silencieux un moment. « Pourquoi est-ce que vous avez décidé d’entrer dans l’armée ? Vous auriez été plus adapté en diplomatie. » Je ris. « Non. Je n’ai pas assez d’humour pour ça et, en réalité, je pense que je perdrais patience rapidement. Sans parler du fait que je ne maîtrise que très peu de langues. Judicaël Halloy est capable de se fondre dans n’importe quel peuple et de faire face à n'importe quelle situation sans aucun problème. C'est un vrai diplomate. Ce n’est pas mon cas. » Le Comte attarda son regard sur le roux, qui se tenait plus loin. « C’est vrai qu’il possède un certain talent. » admit-il. Je le regardai à mon tour. Il ne s’occupait pas de la question des Sorciers et je trouvais cela bien dommage, même si mon ascension dans la hiérarchie des Magiciens n’aurait pas été possible dans ce cas-là. Seule la présence de l’Ashiril au Temple de Lyre me permettait de passer entre les mailles du filet. Quoi qu’il en soit, j’aurais beaucoup aimé recevoir le Sirigon en entretien à Amestris.

Je tournai la tête en direction de Gustine. La Magicienne s’était excusée dès que nous avions commencé à parler de choses sérieuses et était en pleine conversation avec deux jeunes femmes, plus loin. J’étais restée vague sur ma relation avec Laëth, même avec elle. Je savais qu’elle s’en doutait, parce que mes silences étaient assez éloquents et que mon mode de vie avait légèrement changé. Elle comprenait sans peine que je n’apprenais pas le Zul’Dov pour plaire à Erza Taiji Stark. Elle nous pensait en couple mais je n’avais pas officialisé. Je n’en avais pas envie. Je n’étais sûr de rien, en plus de ça. Je devrais aborder le sujet, plus tard, en compagnie de la principale concernée. Je savais qu’elle m’aimait mais ça ne voulait pas dire que nous étions ensemble. Et, si oui, elle n’avait peut-être pas envie que ça se sût, pas tout de suite. Elle n’avait pas encore répondu à ma lettre.

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« Je crois que dix danses sont passées. Vous n’allez plus pouvoir retarder le moment de rejoindre la piste. » Je souris. « Je crois aussi. » La jeune femme de tout à l’heure avait minutieusement compté les musiques et me faisait un signe de tête, depuis un coin de la pièce. Je la regardai, ses cheveux surtout. « Ça a été un plaisir de discuter avec vous. » « Le plaisir était partagé. » me répondit-il, tout en me laissant partir pour les bras de la brune. « Je savais que vous ne m’aviez pas oubliée. » me dit-elle lorsque j’arrivai enfin devant elle. Je boitais légèrement. Je la questionnai, préférant ne pas m’attarder sur cette phrase. Ma réponse, qu’elle fût oui ou qu’elle fût non, n’aurait pas été appropriée, tout comme son affirmation, prononcée sur ce ton en particulier. « Et vous êtes ? » « Je suis la fille de l’un des Marquis d’Eliassen, Etolbert Vaughan. » Elle prit ma main et je la guidai au milieu des danseurs. « Je m’appelle Ismérie. » « Je connais votre père ou, du moins, j’ai lu ses écrits. Il a beaucoup voyagé et c’est un homme très ouvert d’esprit. Son article sur la relation entre les Sorciers et les Magiciens a attiré mon attention. J’ai trouvé ça très pertinent. » « Je suppose que vous êtes bien placé pour commenter ce genre d’articles, puisque vous venez d’Amestris, n’est-ce pas Marquis ? » Je la regardai. « Vous êtes au moins aussi bien renseignée que votre père. Laissez-moi deviner : vous avez dû voyager, à ses côtés, petite et rencontrer mon père. Si c’est le cas, vous devez être éternelle. » À l’observer plus en détails, elle n’avait pas cette saveur enfantine et superficielle qu’avaient la plupart des Magiciennes de son âge. Ses yeux noisette reflétaient une intelligence aiguisée. « Vous êtes intelligent. » Elle sourit. « Je ne devrais pas vous le dire mais je suis un peu voyante. » « Ah oui ? » « Oui. C’est pour cette raison que j’ai voulu vous rencontrer. » « Vous souhaitez m’avertir d’un danger ? » demandai-je, sans me départir de mon calme. « Non, simplement vous dire que nos destins sont liés. » « C’est une demande en mariage ? » dis-je, en plaisantant. En réalité, elle me donnait simplement envie de lui tordre le cou. Je détestais aborder le sujet du destin, plus depuis que j’avais dû mettre enceinte ma mère par la volonté de ce dernier. Ma haine à son égard n’avait pas fini de se renforcer. « Non, je vous rassure. Je n’en sais pas plus de mon côté. J’ai la sensation que je porterai votre enfant un jour. » « Vous me gênez. » répondis-je, ne sachant que dire exactement. Lui écraser le visage contre un mur ne serait pas une réaction appropriée, malheureusement. « Pardonnez-moi. Ce n’est pas évident pour moi non plus. » Je soupirai. « Je vous pardonne mais, si vous voulez un conseil, évitez de dire ce genre de choses à quelqu’un d’autre. Si, vraiment, vous voyez l’avenir ou des morceaux de celui-ci, dîtes vous qu’il se réalisera quoi qu’il arrive. N’effrayez pas le futur père de votre enfant. Laissez-le dans son ignorance, à croire qu’il maîtrise son existence. » L’idée saugrenue de l’enfermer avec Ârès me prit. Il la tuerait sans hésitation. Ce serait tout ce qu’elle mériterait.

Heureusement, l’apparition de Val’Aimé me sauva de cette situation. Sa phrase m’arracha un sourire. Bien sûr, la Marquise puis son Ange Gardien. La bêtise de ce qu’il avançait n’était néanmoins pas beaucoup plus importante que certaines rumeurs magiciennes. Lhéasse ne tarda pas à intervenir auprès de mon frère. Le garde du corps de la Comtesse Vaughan était un Sorcier modéré ou, plutôt, il savait le paraître. Val’Aimé ne faisait aucun effort, lui. Je fronçai les sourcils, bien obligé de jouer mon rôle. Néanmoins, voir les deux, ensemble, était intéressant. En tant que Kamtiel, je savais certaines choses sur leur relation. Il y aurait eu de quoi alimenter les bruits de couloir pour au moins un bon siècle. « Qu’est-ce que ce Sorcier fait là ? » me questionna ma cavalière, que j’aurais volontiers préféré oublier. « Aucune idée. Il répand le chaos. » L’ambiance dans la salle était à présent morbide. J’aimais assez. Cette histoire de poison ne me plaisait néanmoins pas. J’espérais réellement qu’il n’y fût pour rien, sinon, lui et moi allions avoir un petit souci à régler. Mon frère avait un goût prononcé pour la guerre. Il était tel un animal en cage, actuellement, à attendre de pouvoir exercer ses talents sur un champ de bataille.

Lorsque Val’Aimé se dirigea vers le buffet, mon regard, comme celui de beaucoup de monde, l’y suivit. « Je sais que Magiciens et Sorciers se sont rapprochés mais ça ne lui donne pas le droit de s’inviter dans ce genre de célébrations. » murmura ma cavalière avortée. « Les rumeurs sur la puissance de sa magie lui donnent le droit de s’inviter où il veut. Il vaut mieux ne pas intervenir et laisser cette tâche à des membres du gouvernement plus habitués à ce genre de choses. » « Vous manquez de courage, Baron Paiberym. » me dit-elle. Je tournai les yeux vers elle. Cette femme n’avait-elle donc aucun filtre ? « À ce stade, ce ne serait pas être courageux mais téméraire. » lui dis-je sèchement. « Ce n’est pas ce que je voulais dire. Je pense juste que vous pourriez maîtriser Val’Aimé aussi bien que les Archimages. » Ces derniers venaient de faire leur apparition aux côtés de l’Elzagan. « Vous fabulez. » conclus-je, avant de m’éloigner après un « Excusez-moi. » de rigueur. J’espérai ne jamais le revoir.

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« Baron Paiberym ? » Je tournai la tête vers le Nylmord. Le Sirigon se trouvait à ses côtés et me gratifia d’un sourire énigmatique. Je m’inclinai légèrement. « Duc Vaughan. Duc Halloy. Que me vaut le plaisir ? » « Le capitaine Bétina Vaughan m’a informé de votre entrée dans la Section Marivaux. Compte tenu de ce qu’a révélé Val’Aimé Taiji, je compte réunir un groupe demain pour aller voir ce qu’il en est. Vous joindrez-vous à nous ? » Je le fixai. «  Vous devriez y aller. » ajouta Judicaël. Je tournai les yeux vers lui. « Certainement. Que dois-je faire et où dois-je me rendre ? » répondis-je en passant du roux au brun. L’un et l’autre dégageaient une aura séduisante. Je savais qu’ils couchaient ensemble. « Je vais fixer une réunion au palais pour discuter de l’opération. Rendez-vous y, déclinez votre identité et vous serez guidé dans la salle qui aura été réservée. » Il était sérieux, ce qui jurait avec le petit jeu qu’il venait d'interpréter, en compagnie du Sirigon, auprès de Val’Aimé. « Bien. » « Parfait. » Le Nylmord se détourna et s’éloigna, ce qui ne fut pas le cas de Judicaël qui posa son bras sur mes épaules. Je m’immobilisai. « Je me pose une question sur vous, Kaahl. Je peux vous appeler Kaahl ? » commença-t-il. « Oui. Je vous en prie, posez-la. » « Comment ça se fait que vous ne soyez toujours pas marié ? » « Est-ce une vraie question ? » Je savais qu’il me taquinait. C’était une sorte de test. « Oui. Il n’y a vraiment personne qui compte pour vous, actuellement ? » « Pas à ma connaissance, non. » « Vous préférez les hommes ? » « Qu... Quoi ? » Il ricana. « Répondez. Promis, ça restera entre nous. C’est que, avec Alister, nous nous interrogeons. » « Vous vous interrogez sur moi ? » « Exactement. Alors ? » « Je… n’y ai jamais réfléchi. » « Vous y réfléchiriez lors d’un dîner avec moi ? » Il me draguait, il n’y avait pas d’autres explications à ce stade de la conversation. « Si je ressors vivant de la mission de la montagne, ce serait un honneur de dîner en votre compagnie pour désépaissir ce grand mystère, vital à la politique magicienne. » Je souris, ce qui le fit rire. « On dit que vous n’avez pas d’humour mais je ne suis pas d’accord. Très bien, nous dînerons ensemble, lorsque j’aurai le temps. Une préférence gastronomique, peut-être ? » Cette situation était tellement improbable. « Surprenez-moi. » Curieusement, il me mettait moins mal à l’aise qu’Ismérie Vaughan. Il était plus captivant. « Vous vivez dangereusement. Vous risquez vous retrouver avec une spécialité du Rocher au Clair de Lune. » « Je suis végétarien. » « Adieu la spécialité eversha alors. La viande crue n’est peut-être pas pour vous finalement ! » Je souris poliment, feignant de ne pas comprendre le sous-entendu. « Bien ! Je ne vous retiens pas plus longtemps. Bon courage pour demain ! » « Merci. »

Le lendemain, je me rendis au palais. J’avais fait un rêve étrange durant la nuit, à Lumnaar’Yuvon. Laëth m’avait défié pour l’Arz’Lus. Peut-être était-ce mes cours de Zul’Dov qui me hantaient lorsque je fermais les yeux ? Lors de mes courtes phases de sommeil, il m’arrivait de faire des cauchemars sur les mots que j’apprenais tous les jours. Pourtant, la veille, ça n’avait rien eu d’un cauchemar. Ça avait été agréable et presque réel. Mon caractère était celui d’un Réprouvé, en face de Laëth et de l’air de défi qui habillait souvent les traits de son visage. Nous nous étions battus et avions fini par faire l’amour, à même le sol. Adam se trouvait dans le rêve aussi, en personnage secondaire. « Hum. » Je passai une main sur mon visage, en attendant que l’on me conduisît dans la salle. Le départ abrupt de l’Ange devait torturer mon inconscient. Si mon père n’avait pas écourté l’instant, sans doute aurions-nous consommé. J’avais envie d’elle, souvent. « Soldat Paiberym, suivez-moi. » s’éleva une voix. J’acquiesçai, tout en essayant d’oublier l’érotisme qui avait hanté ma nuit et me hantait toujours.

« Vous serez six à vous rendre à la Montagne de l’Edelweiss. Val’Aimé Taiji, le Sorcier qui a dévoilé cette information hier lors d’une soirée, n’est pas sûr de son exactitude. Si l’eau d’une rivière a été empoisonnée, ça pourrait entrainer de graves conséquences sur les villages aux alentours, sans parler de la possibilité que le poison se répande dans d’autres cours d’eau. Ce n’est peut-être rien mais il vaut mieux vérifier. S’il s’avère que c’est vrai, des renforts vous serons envoyés. » Il s’arrêta de parler pour regarder les six Magiciens présents devant lui. « Pour le moment, l’affaire reste cantonnée à la section Marivaux. En fonction de votre retour, elle pourrait s’étendre. Bétina Vaughan, vous dirigerez le premier groupe, composé de Prudence Wagner qui guidera Kaahl Paiberym à l’avenir. Alizard Hautbourg, vous dirigerez le deuxième groupe, composé de Philodore Nilsson qui intégrera Guyette Rhoswen à la Section. Ne prenez pas de risques inutiles et, dès que vous en saurez plus, avertissez votre Colonel, Floridan Vaughan. Il me fera un rapport et je prendrai une décision à ce moment-là, moi ou le Général Marivaux si je ne suis pas disponible. » Je devais reconnaître que le Nylmord était impressionnant, dès qu’il était sérieux. Ses ordres étaient clairs et percutants. Il fit apparaître la géographie de la montagne sur le mur afin de nous expliquer la stratégie à adopter. L’Elzagan avait été vague sur la zone touchée mais, à se pencher plus en détails sur les différents cours d’eau, il y avait deux endroits majeurs de regroupement. Ce serait là que nous serions envoyés. « Vous ne serez sans doute pas seuls. Hébé devrait intervenir également. Coopérez avec eux et partagez les informations. » Il y aurait aussi les Marcheurs mais, à ce moment-là, il l’ignorait.

En sortant de la salle, je fus intercepté par Bétina Vaughan. « Sincèrement, je ne pensais pas que vous seriez appelé si vite en mission. » Je lui souris. « Ça me changera les idées. C’est une bonne chose. » « Tant mieux. Oh et j'ai ça pour vous. » fit-elle en faisant apparaître un cimeterre dans sa main. « Je pense que cette arme vous conviendra parfaitement en combat rapproché. Elle est légère et permet de donner des coups rapides et profonds. » Je le pris. « Merci, Capitaine Vaughan. »

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