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 [Événement éphémère] - La musique du temps

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Mitsu
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Mitsu
Dim 23 Juin 2019, 23:13

[Événement éphémère] - La musique du temps - Page 2 Ifo1
La musique du temps


Atsume fixa son reflet encore quelques minutes avant de se tourner vers l’homme. Elle laissa tomber ce qui semblait être un kimono des plus simples pour dévoiler plus abruptement les formes de son corps. Elle portait un pantalon et un haut qu’elle avait rentré à l’intérieur de ce dernier. Posé sur sa coiffeuse, un katana l’attendait patiemment. Le rouge de ses lèvres se mouva en un sourire entendu. L’Enfer réveillait chez elle de bas instincts même si être liée au Monarque Démoniaque représentait un pourcentage non négligeable, voire essentiel, de sa transformation. L’avait-on élevée pour trouver du plaisir à satisfaire un être Vil ? Parfois elle avait quelques remords, encore aujourd’hui, mais ils devenaient de plus en plus rares. Elle avait été éduquée pour obéir et prévenir les besoins de l’homme qu’elle servirait. C’est ce qu’elle faisait. Le droit chemin, voilà ce qu’elle suivait selon son éducation. Avant d’être liée, sans doute aurait-elle préféré servir quelqu’un d’autre. Aujourd’hui, elle ne voulait que lui. Elle avait croisé quelques Orines depuis qu’elle servait Zane et, sincèrement, même si ces dernières semblaient heureuses, elle n’enviait pas leur vie. Certaines ne servaient qu’à de maigres ambitions. Elles se contentaient de préparer le dîner et d’être souriantes qu’il vente, qu’il neige ou qu’il pleuve. Une vie simple, sans tuerie, sans traque, juste un quotidien ennuyeux. Elle se plaisait à penser qu’elle avait un rôle beaucoup plus étendu, parce qu’elle était l’Orine d’un Roi et que cet homme précis avait le pouvoir de changer la face du monde.

La Coupe des Nations avait été une expérience qu’elle trouvait réussie. Elle devait néanmoins encore travailler dans le sens d’une alliance entre les Démons et les Humains, afin de couper l’herbe sous le pied des Anges. Elle n’avait personnellement rien contre ces derniers mais son office consistait à être dans le camp de son maître. Elle devrait rencontrer Violette Taiji de nouveau dans les prochaines lunes. Un groupe test verrait le jour et les Humains deviendraient sans doute moins méfiants vis-à-vis des Vils. « Battons-nous. » dit-elle en refermant ses doigts sur son arme. Cet homme démoniaque était ici pour l’entraîner. Zane lui avait demandée de faire quelques petites choses pour lui. Il devait préciser sa requête bientôt mais elle savait déjà qu’elle devrait éliminer des gêneurs. Elle prendrait sans doute quelques fioles de poison avec elle car la méthode douce était la meilleure parfois, surtout pour une femme comme elle, ayant peu de force. Charmer son interlocuteur, verser discrètement quelques goûtes de poison dans son verre et le tour était joué. Cependant, Atsume entendait devenir performante dans bien des domaines. Celui du combat en faisait partie. Comme elle allait côtoyer les Humains, elle ne devait pas laisser le hasard décider pour elle. Et puis, le Monarque Démoniaque était un homme exigeant, attaché à la perfection et, bien plus que celle-ci : au travail et à la progression. « Mademoiselle Honoe… Une enfant vous observe… » Le regard de l’Orine suivit celui du Démon. Que faire ? « Bien, laissez-moi avec elle. Revoyons-nous un autre jour, demain par exemple ? » « À demain alors. » Une fois qu’il fut parti, l’Orine reposa délicatement son arme avant de faire deux pas vers la petite fille. Elle ne s’approcha cependant pas assez pour que cette dernière puisse la toucher en tendant le bras. « Eh bien, j’attends. » fit la jeune femme. « J’aimerais que vous chantiez pour moi. » « Rien que ça ! » « Ce serait mieux si c’était un peu préparé… Avec des instruments et des chœurs. » « Pourquoi pas. Laisse-moi une trentaine de minutes afin que je prépare les choses, d’accord ? » Ce n’était pas bien difficile. Elle pouvait faire appel à des Démons. Quant à la chanson, elle avait une idée précise en tête. En réalité, elle avait composé un poème une fois, avant d’empoisonner une femme qui avait déplu au Diable. Il lui suffirait de le reprendre et de le fredonner sur n’importe quelle musique. Sa formation à Maëlith l’avait préparée à ce genre d’improvisation.

Quand tout le monde fut prêt, Atsume prit place aux côtés des musiciens, en face de la fillette qui attendait sagement. « Un, deux, trois. » compta l’Orine pour que tout le monde soit en parfaite synchronisation pour le début. Elle s’était mise d’accord avec les êtres démoniaques sur un air particulièrement connu en Enfer. Inutile de composer quelque chose de nouveau. Il fallait simplement une musique basse, effrayante et envoûtante.

« Oh ma chère, tu as cru bon d’essayer de tromper le Diable
Il va marquer ta chair, à présent, afin de punir ton crime abominable
Tu sais, il aurait pu te torturer, encore et encore, te faire crier
Mais c’est moi qu’il envoie, pour le représenter.

Oh ma chère, tu as cru bon d’essayer de tromper le Diable
Ton erreur est d'avoir accepté de partager ma table
Car maintenant il est trop tard, tu vas succomber
Mais sache qu'à l’instant même où tu l’as rencontré,
Le Vil t’avait déjà condamnée.

Oh ma chère, jamais plus tu n'essaieras de tromper le Diable... »

836 mots

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Dim 23 Juin 2019, 23:50


Ses doigts effleurèrent les touches et il sourit.

-Êtes-vous sûre de vouloir m’entendre jouer ?

-Certaine ! Je suis venue spécialement pour ça.

-Eh bien…

Il rit doucement. Il ne comprenait pas pourquoi cette enfant serait venue pour ça. Elle mentait, c’était évident. Il n’avait pas une renommée pianiste et ne jouait que pour se divertir, de temps à autres. Il était à peine certain d’y être bon, car personne n’était jamais présent pour le lui dire. D’habitude, il jouait seul, et cela lui plaisait ainsi. C’était un domaine dans lequel il était réellement modeste, et pas seulement pour satisfaire certains codes sociaux. Ash’latt laissa ses doigts glisser encore un peu sur les touches, comme à la recherche de la bonne note à jouer et de la position des mains à adopter. Il inspira. Puis se lança.

Il ignorait pourquoi il avait décidé d’inviter cette enfant à boire le thé et à rester aussi longtemps. Elle s’était aussitôt mise à l’aise dans l’un des fauteuils qu’il lui avait proposé. Il avait été surpris. D’apparence coquette, elle n’avait pas hésité à s’avachir comme si elle venait de rentrer chez elle après une dure journée de labeur. Néanmoins, la chose ne l’avait pas dérangé plus que ça. Coquette et innocente. Il éprouvait de la sympathie pour elle. Il n’accordait pourtant pas sa confiance facilement. A vrai dire, il ne l’accordait plus. En temps normal, il ne se serait pas montré aussi chaleureux, bien qu’il le fût déjà habituellement. Sauf qu’habituellement, il ne s’agissait que d’une façade. C’était d’autant plus étrange qu’il s’agissait d’une parfaite inconnue. L’idée qu’elle fut dangereuse lui avait bien entendu traversé l’esprit, très brièvement. Tout le monde était dangereux. Mais elle avait su se montrer convaincante. Elle était bien plus intelligente qu’elle en avait l’air et il aimait son sourire. Voilà tout. Ils avaient longtemps discuté pour en arriver là, à ce qu’il accepte de jouer du piano. Elle ne lui avait trop rien dit sur elle, alors même qu’il avait tenté de lui soutirer ne serait-ce qu’une information. Elle avait un don pour tourner les conversations à son avantage et obtenir ce qu’elle voulait.
Elle était dangereuse.

Le sourire d’Ash’latt s’élargissait au fur et à mesure qu’il jouait. Il effectuait quelques mouvements comme s’il avait été un grand pianiste. Cela semblait plaire à l’enfant, qui, en tailleur sur son fauteuil, terminait de boire son thé. Un serviteur la débarrassa et elle en fût d’autant plus ravie. Lentement, l’Alfar exécuta les dernières notes du morceau pour apprécier l’écho dans la pièce. Il leva les yeux vers son invitée, qui se mit à applaudir.

-C’était très beau ! Pourquoi ne jouez-vous jamais en public ?

-Disons que j’ai des intérêts bien plus importants dans d’autres domaines.

-Oui, bien sûr. Se contenta-t-elle de dire.

Ash’latt fronça les sourcils. Il avait le sentiment qu’elle savait exactement à quoi il faisait allusion. Mais que savait-elle exactement ? Cette question lui revenait en tête, encore. Bien qu’au fond, il savait qu’il n’aurait jamais la réponse, il entrouvrit la bouche. Au même moment, la fillette sauta par terre.

-Merci beaucoup pour ce concert ! Je suis ravie ! Et ce fut un plaisir de prendre le thé avec vous, Monsieur ! J’espère que l’on se reverra.

Elle effectua une petite courbette maladroite en guise de salutation et quitta les lieux en trottinant, sans même demander son reste. Ash’latt l’observa partir. Il n’avait pas eu le temps de lui proposer de la raccompagner. Ce n’était pas si étonnant, il fallait dire. Elle était d’une vivacité qu’il avait rarement vue. L’homme ne bougea pas tout de suite. Il se sentait étrange. Il se remémorait l’entrevue, analysait son propre comportement des moins compréhensibles. Il s’était laissé amadouer par une enfant, pleinement conscient de ses faits et gestes, et il avait décidé de lui faire confiance. D’ailleurs, elle lui avait promis une récompense pour sa prestation, mais n’avait rien laissé. Il se fichait pas mal de recevoir quelque chose pour cela. Il était cependant surpris qu’elle lui ait menti sur ce point. Ça n’avait pas été nécessaire. Quelque part, il était déçu qu’elle se soit trompée là-dessus.

Ash’latt se leva, passa ses mains sur ses vêtements pour les remettre correctement et quitta le salon. Elle l’avait également fatigué, car elle n’avait cessé de le surprendre. Actuellement, il n’était pas contre quelques heures de sommeil.


~725 mots~
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Dim 23 Juin 2019, 23:57

-Vous saviez qu’on pouvait faire des flûtes avec des carottes ?

Alekto sursauta en découvrant la fillette qui venait de lui sortir ces propos dénués de sens.

-Hé, oh ! Bas les pattes, dégage de là !

La Sorcière posa son couteau sur la table pour se précipiter vers elle et la repousser. Voilà ti pas qu’on touchait à ses carottes ! SES carottes !

-Donne-moi ça ! Tiens, voilà ! Et ne touche à rien ! Rien ! C’est compris ?

L’enfant ne répondit pas. Elle se contenta de regarder Alekto, les mains derrière son dos et se balançant joyeusement d’avant en arrière. La Sorcière, elle, se remettait de ses émotions.

-Bon sang… Soupira-t-elle. Qu’est-ce que tu fais là ?

-J’ai entendu dire des choses.

-Oui, c’est bien. Moi aussi j’entends des choses. Et donc ? Qu’est-ce que ça à a voir avec moi ou avec mes carottes ? Et au passage, on t’a pas appris à frapper avant d’entrer ? Ou à demander la permission ?

L’enfant s’éloigna pour examiner les étagères de la cuisine, où s’accumulaient un tas de vieilles choses non identifiées. La petite maison d’Alekto n’était pas très charmante et assez sombre. Mais bon, selon elle, on s’y faisait assez vite.

-Ca à tout à voir avec vous. Il paraît que vous êtes victime d’une malédiction.

Alekto plissa les yeux. Elle était effectivement victime de ce qu’elle considérait comme tel, mais celle-ci étant assez ridicule, la grise n’était pas certaine de penser à la même chose.

-Il paraît que lorsqu’on prononce certains mots, vous vous mettez à chanter.

Elle serra les dents. Et merde. Elles pensaient à la même chose. Alekto s’empara nerveusement de ses carottes pour les mettre hors de portée de main de la gamine.

-Qui t’a dit ça ?

-Ca n’a pas d’importance. Je voulais juste savoir si c’était vrai. J’adore la musique, vous savez.

-Peut-être, mais tu n’as pas mon accord. Donc du coup, si tu veux bien sortir de cette maison et retourner chez tes parents, ça serait pas mal…

-Le truc, c’est que comme je savais justement que vous alliez refuser, et bien je me disais que ce n’était pas grave, car vous ne pouvez pas le contrôler.

-Alors là, ne t’avise surtout pas à…

-Neige.

-… jouer à ça a-vec mooooiiiiiiiiii ! Ooooooh p*********aiiiinnnnn qu’eeellllleee enfoirééééééééeee !

Alekto s’approcha de l’enfant, bien décidée à la foutre dehors en passant par la manière forte. Mais l’autre courait autour de la table pour lui échapper.

-Va-t’en d’iciiiiii ! Laisse-moi tranquiiiillllleeee !

Pour elle s’énervait, plus elle partait dans les aigües. Heureusement, la malédiction perdit vite de ses effets et elle put bientôt retrouver une voix normale.

-Wouah ! Mais c’est génial ! Vous chantez vraiment bien, en plus, vous pourriez devenir une diva ! Est-ce que je peux…

-Non ! Sors de cette maison !

-Flocon !

-Nooooooonnnnnnnnnn ! Jeeee t’ai dit deeeee sooooorrrttiiiiiiiiiirrr !

Alekto continuait de poursuivre l’insolente, mais cette dernière était définitivement la plus agile et la plus maline. Elle riait à cause de la tête qu’elle faisait et de sa voix, qui ne collaient pas du tout. Pourtant, elle ne pouvait que s’émerveiller par cette espèce de talent qu’elle avait, aussi désagréable qu’il pouvait être pour celle qui en était victime. Dommage qu’elle ne voulut pas se consacrer un peu plus à cet art, et faire de cette contrainte humiliante un atout.

-Je vous laisserai tranquille, promis ! Je vous offrirai un cadeau pour me faire pardonner ! Mais s’il-vous-plaît, laissez-moi écouter encore un peu ! Vous chanter bien, vous savez, vraiment. Blizzard.

-J’en n’ai rien à faire !Je veux juste que tu te taiiiises et me laisse tranquillleee ! Je n’ai pas que ça à faaaaaiiiirre que de satisfaaaairee tes capricceeess de gamiiiine ! S’iiiiilll-teee-plaaiiitt je te le demande gentttilllleeemeennt !

Trop fatiguée à rire, l’enfant se laissa finalement attraper. Elles étaient toutes les deux aussi essoufflées que si elle avait couru pendant une heure. Furieuse, Alekto la tira par le bras. Elle se fichait de lui faire mal. Elle se fichait de la faire trébucher. C’était tout ce qu’elle méritait, cette insolente, et ce couplé à une bonne paire de claques ! Elle ouvrit brutalement la porte et lança presque la fillette à l’extérieur.

-En tous les cas, merci beaucoup et déso…

Elle claqua la porte et la ferma à double tours. Non mais.


~735 mots~
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Jun Taiji
~ Orine ~ Niveau I ~

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Jun Taiji
Dim 23 Juin 2019, 23:58



La musique du temps



La fillette apparut. Jun la regarda un instant. Elle le fixa aussi, un temps certain. « Hum ? » « Non rien… » chuchota-t-elle, légèrement troublée. « C’est que… » recommença-t-elle. L’homme soupira, ses yeux se tournant vers Edelwyn qui s’était endormie à force de recherches. Il la faisait étudier parce qu’il voulait la rendre digne de sa condition. Il savait parfaitement qu’elle ne serait probablement jamais à la hauteur de la véritable. Ce n’était pas cette copie qu’il aimait mais il se plaisait à l’observer se démener dans la vie qu’il lui avait offert. L’Æther savait qu’elle essaierait de charmer son fils pour obtenir ce qu’elle désirait. Celui-ci avait un côté instable. Il se prendrait sans doute au jeu. Seulement, la blonde devait savoir que les lubies et les passions familiales n’étaient jamais synonymes de fin heureuse. La plupart de ses enfants s’illustraient dans la folie et les perversions en tout genre. Si la Sorcière ne faisait pas attention, plaçait un mot malheureux là où il ne fallait pas, elle se retrouverait dans une fâcheuse position. Il l’en sortirait, bien entendu, mais pas au prix d’un sérieux apprentissage, sérieux et douloureux. « Je ne vais pas chanter pour vous si c’était la demande. » « C’est bête parce que vous chantez bien. » « Je fais tout très bien. Je vous assure que c’est légèrement ennuyeux, parfois… » Il se mit à rire. « Non mais, ce que je veux dire, c’est que vous chantiez déjà bien avant. » « Je suis meilleur au piano. » « Et au violon. » « Edelwyn a toujours été perfectionniste. Comme je vivais en elle, j’apprenais en même temps qu’elle. » « Il a hérité de vos dons en la matière. » « Il se mettra au violon bientôt, c’est vrai. C’est un instrument plus passionné que le piano à bien des égards, de mon point de vue. La corde qui vibre produit des sensations inégalées. » Il sourit.

« Lorsque je l’ai rencontrée, vous étiez déjà séparés. » Elle marqua une pause. « Ça a dû être douloureux. » « Le concept d’âmes sœurs, je suppose. » « Je vous trouve étonnement patient avec moi. » « J’apprends à être la Justice et l’Équité, figurez-vous. » Un sourire légèrement ironique étira ses traits. « Mais si vous me racontiez pourquoi est-ce que vous continuez votre quête, inlassablement ? » Il savait pourquoi. Il voulait qu’elle le lui dise. « Elle ne m’a pas laissée le choix… » « Difficile d’échapper à l’emprise de l’Impératrice de la Nuit, n’est-ce pas ? » « Je ne pensais pas que ça durerait aussi longtemps. » Jun était légèrement amusé. « C’est assez drôle. Vous cherchez Edelwyn pour mettre fin à cette obligation de demander aux gens périodiquement de chanter ou de jouer pour vous et je la cherche également, pour d’autres raisons. Passons un accord, voulez-vous ? Le premier qui la trouve avertit l’autre. » L’enfant sembla réfléchir mais finit par hocher la tête. « Maintenant, réveillons-la. Je suis certain que ce qu’elle choisira de chanter vous rappellera des souvenirs. »

Dans son rêve, Edelwyn se voyait écraser ce Sorcier auprès duquel Jun l’avait placée. Elle prenait le contrôle de son esprit, faisant de lui son jouet. Elle ne pouvait nier un semblant d’attirance, une attirance qui s’était révélée par la suite, lorsqu’elle l’avait fait asseoir sur une chaise et qu’elle s’était faufilée sur ses genoux. Elle le savait beau, derrière les traits de vieillard qu’il prenait régulièrement. Ce songe aurait pu devenir bien plus torride si elle n’avait pas senti des lèvres sur sa nuque. La réalité lui paraissait soudain plus enviable. L’Æther s’amusait avec elle parfois. Il ne la touchait pas au-delà du raisonnable. Il voulait simplement lui rappeler qu’il pouvait capter l’intégralité de ses désirs et, par là-même, avoir un total contrôle sur sa personne. Elle était sa créature, après tout. Légèrement groggy, elle ouvrit les yeux dans un soupir de plaisir qu’elle n’arriva pas à dissimuler. Il lui fallut quelques longues minutes pour comprendre qu’ils n’étaient pas seuls. Une fillette se tenait là, la fixant d’une étrange façon. « J’aimerais que vous chantiez pour moi. » « Hein ? » « Faites ce qu’elle vous dit. » murmura l’homme à son oreille, tout en caressant ses cheveux pour les remettre correctement. Ce corps le troublait. Il ressentait une étrange attirance liée à une répulsion maladive. S’il se laissait aller, il était certain de pouvoir passer outre ses pensées précédentes. Peut-être qu’elle deviendrait aussi convaincante que l’originale. Que ferait-il, dans ce cas-là ? La question restait entière.

Edelwyn se redressa et se frotta légèrement le visage d’une façon élégante. Elle se dirigea vers la carafe d’eau et se servit un verre. « Que voulez-vous que je chante ? » « Ce que vous voulez. » Elle réfléchit et, quelques temps après, entama la mélodie. Curieusement, c’était exactement la même chanson que l’Impératrice de la Nuit avait interprétée, ce soir-là, lorsqu’elle avait poussé au suicide tout un village.

835 mots

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