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 [Événement] - Espionnage II

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Lun 29 Juil 2019, 19:15

[Événement] - Espionnage II - Page 2 Charli11


«C'est un journaliste. Il habite une maison qui ne paye pas de mine, à Amestris.» Les traits de l'être éthéré étaient difficiles à discerner. Taom attendit de capter l'attention de Devaraj avant de continuer son compte rendu d'une voie morne, quelque peu dédaigneuse, qui se tentait parfois de sarcasme. «Il a...hum, essayé de déterminer l'emplacement de l'Île Maudite et de vous retrouver en utilisant ses runes.» Devaraj explosa de rire avant de se reprendre. L'Île Maudite n'était pas le nom réel du territoire chamanique et en sachant que les Chamans œuvraient depuis des années à falsifier tous les livres d'histoires, de géographie et de sociologie à leur sujet, cela ne devait pas être une tâche bénigne d'essayer de se renseigner sur leur peuple. En fait, cela était impossible sans aide divine, du moins le Suprême de l'Au-Delà l'espérait. Le but n'était peut-être pas encore tout à fait atteint, mais il veillait à ce que son peuple devienne lentement et sûrement une légende folklorique aux yeux du monde. Même les ouvrages les plus anciens, qui étaient hors de portée de leurs mains mensongères, cachés dans les grandes bibliothèques, ne racontaient que des choses à présent révolues sur le passé des Chamans et sur leur culture, du temps où les tribus ne s'étaient pas formées. Il en était presque certain, puisqu'il n'avait laissé aucun individu s'aventurer parmi eux de façon durable depuis le début de son règne. «Il est fou. Il ne doit pas s'en rendre compte... Mais je l'aime bien !» Devaraj ressentit une vague pitié à l'idée d'un certain Sorcier désespéré devant ses vaines tentatives de renseignement, un sentiment diffus qui fut très vite remplacé par un sarcasme acerbe. Il ferait bien de se dépêcher de contacter le gagnant de la Coupe des Nations sans plus le laisser mariner dans ses recherches, autrement il allait peut-être finir avec son silence et ses secrets par rendre dément l'élu de l'Aether de la Mémoire. Ce petit jeu d'espionnage devra bien prendre fin tôt ou tard. «Merci Taom. Cela suffira, je prend le relai pour, hum, quelques temps.» L'espionne s'effaça. La liste des suspects à surveiller était longue et le temps insuffisant, même avec la myriade d'esprits à sa solde. «Vous devriez penser à ouvrir un recrutement. Ma tribu n'est pas proportionnelle à vos desseins. Oh et avant que je n'oublie, je vous déconseille de toucher à la porte de son logis, vous pourriez vous brûler les doigts...» Devaraj plongea son regard dans le brouillard de l'Aurore qui enveloppait la Grande Baie. «J'y penserai. Mais nous sommes en crise et je tiens à déterminer qui en sont les responsables d'abord.» susurra-t-il, le regard soudainement brumeux. Il y avait des traîtres dans leurs rangs. Des blasphémateurs. Hérétiques. Un long frisson le parcourut à cette simple pensée. Il croyait avoir brisé la graine de ce mal lors de la Guerre des Dieux lorsqu'il avait mené les Chamans au combat en tant que Zawa'Kar. Pourquoi en restait-il encore ? Jusqu'où devra-t-il éradiquer cette engeance malsaine qu'il ne supportait pas de voir pourrir sur son île ? Le Fumeur Macabre sentit son flux magique s'agiter. Il vérifia rapidement qu'il était seul, debout, sur un rocher qui surplombait la Grande Baie. Taom était déjà partie. Plus aucun esprit n'osait l'approcher de peur de se faire dévorer, si bien qu'il avait maintenant accès à une véritable solitude. Devaraj tenta vaguement de se calmer. Il savait très bien d'où venait ses pensées pour le moins violentes. Voilà ce qu'il gagnait à dévorer un esprit parasite et ange extrémiste.

Il se téléporta dans son palais, loin des festivités en l'honneur de Raanu. Le Chaman s'empara du livre spécial qu'il avait trouvé lors de son voyage à Taelora. La puissante magie qui était à l’œuvre dans cet ouvrage lui échappait complétement, tout comme le but de l'existence de telles pages. Il avait suffisamment d'énigmes dans sa propre vie pour s'en rajouter et n'avait jamais cherché à découvrir le sens d'une telle entreprise. Devaraj s'en savait de toute façon, incapable. Quelqu'un lui avait donné ce livre, c'était le Destin et donc la volonté des Aetheri, point. Le livre avait une tout autre utilité à ses yeux : celle de pense-bête. Simple et efficace. Il avait découvert que rien ne pouvait échapper au sort qui entourait cet objet, ni les secrets du Cycle, ni les plus puissantes protections. Peut-être le stupide et odieux défaut des Humains le pouvait lui, mais il ne risquait pas de mettre un seul orteil dans leurs terres maudites... Le Chaman était donc assuré en gardant l'ouvrage sur lui, que tout ce qu'il ferait serait retranscrit sur les pages vierges. Rien ne plus estimable pour un homme dont la Mémoire partait en lambeaux, qui était victime de somnambulisme aggravé et de multiples cas de possessions. Fini les douloureux réveils dans des endroits et situations incongrues sans trop savoir ce qu'il lui était arrivé... Devaraj vivait plus sereinement depuis qu'il était entré en possession de l'artéfact. Son cas ne s'était pas arrangé, mais pouvoir connaître et lire noir sur blanc ses propres actes était en quelque sorte, rassurant. Il s'en empara donc et l'attacha avec une chaine contre son torse, avant de libérer, enfin, la sombre Magie qui hurlait en lui.

 Sa métamorphose s'opérait toujours dans un nuage de cendres sulfureuses qui retombaient sur le sol à l'endroit même où sa véritable forme se trouvait auparavant. L'apparence éthérée de Devaraj avait été scellée par le Pacte. L'espèce de créature à moitié vivante et fantomatique qu'il devenait alors entraînait avec elle tout ce qu'il y avait de mauvais en lui. Une chimère fantasmagorique qui pouvait ressembler à n'importe quel cauchemars, voilà ce qu'il devenait. Le Chaman -ou ce qu'il en restait- disparut de l'île. Si par malheur un autre Chaman arrivait à le voir sous cette forme, il aurait trop honte pour laisser le pauvre être vivre ou mourir et n'hésiterait pas à le réduire au néant pour garantir l'inexistence de témoins. Sa transformation le poussait à se rendre à l'autre bout du monde, le plus loin possible de son peuple. Échapper à la vigilance des esprits était une tout autre histoire, bien des Morts étaient au courant de sa nouvelle nature «vampirique». Cependant pour leur propre survie, aucun ne parlait, craignant de devenir une proie à leur tour. Des rumeurs étranges et effrayantes circulaient dans l'Au-Delà au sujet du roi des Chamans et de sa Folie. Khaal, leur reine, était encore la seule à approcher Devaraj.

Ce dernier avait faim. S'il voulait se présenter convenablement devant le mage noir, il devrait se nourrir au préalable. Autrement la discussion risquerait de tourner court ou de déboucher sur un échange des plus spéciaux. Avoir l'air présentable était déjà suffisamment difficile lorsqu'il était dans son état normal... Mais il n'avait pas le choix. Il devait se rendre chez le Sorcier sous sa forme éthérée. Un voyage en bateau prendrait trop de temps et il n'avait pas envie d'expliquer à Lord les raisons de sa présence au beau milieu de sa capitale. Il n'avait pas envie de parler à Lord du tout d'ailleurs. Le Souverain avait l'air encore plus instable que lui-même. Devaraj s'envola discrètement. Sa carcasse malade se fondit bientôt dans les fumées qui entouraient l'île.

Ses cibles de prédilection étaient les Esprits Parasites. Les dévorer provoquait des conséquences non négligeables sur sa santé psychique comme physique, mais après tout il avait acquis le pouvoir de tuer ainsi les esprits pour se débarrasser d'eux spécialement. Leur race était trop menaçante pour son peuple, il en avait fait les frais. A défaut de réussir à déchiffrer le sombre pouvoir de l'Emprise qui était offert à certains Morts, Devaraj avait décidé de les exterminer tous un par un. Autant continuer sur sa lancée de départ... Une ou deux fois par lune, il se laissait ainsi aller à ses pulsions intérieures, sachant que ses actes seraient écris sur le livre et qu'il ne reviendra pas ignorant.

1406 mots | Merci  nastae

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Sam 03 Aoû 2019, 19:49


Je me léchais le bout des doigts. L’escalade avait été longue et rude. Pourtant, j’avais réussi. D’un coup de langue, j’essuyais les petites entailles faites par l’écorce lors de ma montée. J’avais débuté il y a longtemps … Peut-être même que plusieurs jours s'étaient écoulés, mais je ne savais pas vraiment. Surtout parce que j’étais tellement concentrée par mon objectif que je n’avais pas vu le soleil se coucher. Et puis, il fallait dire qu’il faisait souvent sombre par ici.

Je m'étais dit en me levant, que je devais absolument trouver quelqu’un pour me faire un baiser … Mais j’étais tellement petite … que cela devait être la raison pour laquelle personne ne me voyait, et donc personne ne pouvait me donner un baiser. Cela devait être ça ! Sinon pourquoi est-ce que personne ne m’en avait encore donné ? Alors, je m’étais dit qu’il fallait qu’on me voit. Et là, mon regard était tombé sur ce grand arbre à quelques mètres de mon marais. C’était ça la solution ! Il fallait que je monte tout en haut ! Comme ça, c’était certain qu’on allait me voir ! Et par conséquent, c'était sûr que j’allais recevoir mon baiser et devenir belle et que je pourrais ensuite retourner dans le Jardin Secret et alors, je serais grande et je pourrais enfin faire ce pourquoi j'étais née ! Oui, c’était la solution ! Alors, j’avais pris la direction de l’arbre. J’avais dû enjamber, sauter et esquiver de nombreux obstacles. Cela m’avait beaucoup essoufflée. J’en étais venue à me dire que j’aurais peut-être mieux fait de rester dans mon petit marais adoré … Mais, la vue de l’arbre m’avait redonnée courage et à son pied, j’avais placé mes petits doigts sur le tronc. C’était bien la première fois que la surface collante de mes appendices allaient me servir à quelque chose d’utile. Généralement, elle ne me servait qu’à me rendre plus pataude et maladroite. Combien de fois étais-je tombée en m’ayant pris les pattes dans une brindille ou une feuille qui était alors restée collée sur mon corps m’empêchant de déambuler librement. Il fallait alors plusieurs minutes avant que je n’arrive à les décoller … Et en plus la sensation du décollage était très désagréable. Et puis surtout, j’avais l’impression d’être nulle ! Là, pendant que je montais sur l’arbre, j’avais le sentiment d’être une super-héroïne ! J’avais l’impression d’avoir un super-pouvoir qui me différenciait de tout le monde. J’étais trop forte ! Et super habile ! Et … bon, d’accord, c’est vrai que je suis restée des fois un peu trop collée, parce que, je ne contrôle pas la quantité de truc gluant qui me coule des doigts, et que, du coup, j’ai dû attendre un peu que ça décolle tout seul … Mais bon, quand même ! Je montais aux arbres quoi !

Après cet effort, j’avais tout de même mal au pattes. Alors, je m’étais arrêtée pour me reposer un peu. Je léchais mes minuscules blessures. Elles avaient beau être petites, elles faisaient mal ! Mais là, qu’est-ce que j’avais devant le bout de mon nez ? Un joli nid d’oiseau bien douillet ! Ooooh ! Quelle chance j’avais ! Doucement, je m’approchais. Je posais une de mes mains meurtries sur le bord et tâtais le moelleux du nid. Cela m’allait parfaitement ! Qu’est-ce que j’allais être bien là ! Difficilement, parce que je n’avais plus de force, je me hissais dans le petit refuge. Je fis un roulé-boulé une fois à l’intérieur. Exténuée, allongée au milieu du nid, je soufflais, cherchant à reprendre ma respiration. J’aurais très bien pu m’endormir comme ça. Pourtant, j’avais une mission ! Il fallait que je trouve quelqu’un pour me faire un bisou ! Alors, je me retournais, et me relevais à quatre pattes. Avec surprise, je vis alors que le nid était habité par trois jolis et magnifiques œufs dorés. Oh mes dieux ! J’allais être maman !!!!

Vite, vite, il fallait les garder au chaud ! Je me dépêchais de rejoindre le plus proche et le pris entre mes bras. Voilà. J’étais trop petite pour m’asseoir dessus et le réchauffer, mais je me disais que l’étreindre de la sorte serait suffisant. Puis, mon regard se porta sur le deuxième. Oh non ! Mais, lui aussi, il a froid ! Je délaissais le premier et me rendit le plus rapidement possible vers celui-ci en le serrant contre moi. Voilà. Là, il sera bien au chaud. Un sourire aux lèvres, la joue collée contre mon œuf, je me disais que j’étais déjà une super maman. Puis, mes yeux se portèrent sur le troisième œuf et mon sourire se termina en grimace. Mais, lui aussi, il avait froid ! Vite, vite ! Je délaissais le deuxième pour celui-là et le prit dans mes bras. Chut, mon petit ! Voilà, Maman était là ! Puis, je vis le premier … et le deuxième qui m’attendaient plus loin. Ils avaient froids à présent ! C’était sûr ! Quelle affreuse maman, je faisais ! Pas étonnant que je n’avais pas encore reçu mon baiser !

De mes pattes arrières, les fessiers en l’air, je fis rouler le troisième vers le deuxième, et fis la même manœuvre avec le premier. Là, j’avais les trois œufs côté à côte. Je me collais, face contre leur coquille, les bras écartés, les jambes également, afin de prendre le plus de surface possible. Il fallait absolument que je réchauffe mes bébés ! Pourtant, je me rendis vite compte que j’étais bien trop petite pour réaliser cette tâche. Il ne me restait plus qu’une solution !

Je sortis du nid, avec une énergie renouvelée ! Mon nouvel objectif était de trouver des feuilles pour recouvrir mes futurs enfants. Alors, du bout des doigts je cueillais ici et là des feuilles des branches. J’essayais de ne pas prendre des risques inconsidérés en allant sur des branches trop fines, mais l’avenir de mes descendants était en jeu. Comment allais-je les appeler ? Jonquille, Narcisse et Tulipe ! Oui ! C’était des prénoms tellement mignons ! Oh, que j’étais pressée de les voir ! Mais pour l’instant, ils avaient froids ! Je pris, une, puis deux, puis trois feuilles. Cela commençait à être lourd et j’étais de plus en plus fatiguée. Je décidais de retourner dans le nid. Sauf que je fus bousculée violemment. Je perdis mes trois feuilles que je vis tomber au sol. Je les aurais sûrement rejointes si je n’avais pas eu le réflexe d’accrocher mes mains gluantes à la branche sur laquelle j’étais, il y avait encore quelques secondes. « Crooooaaaaaaa !! » entendis-je autour de moi. Je ne comprenais pas qui était cette créature et pourquoi elle m’attaquait ! « Bonjour ! Je m’appelle Tal ! » fais-je souriante, en me hissant sur la branche. « Comment allez-vous ? » « Croooooaaaaaa ! Crooooaaa ! » Je n’obtins pas d’autres réponses. Je compris que la bête était en colère contre moi, mais je ne voyais pas le mal que j’avais pu lui faire. « Est-ce que vous vous êtes mal réveillé ? Oh ! Mais peut-être que c’est moi qui vous ai réveillé ! Je suis désolée ! Je ne pensais pas avoir fait tant de bruit ! » Alors que l’oiseau vola autour de moi, je lui lançais le plus grand sourire que mes mâchoires me permettaient. « CROAA ! » me lança-t-il furieux. « Bah quoi ! Mais qu’est-ce que …. » Je ne pus pas finir ma phrase, car l’oiseau s’abattit sur moi d’un coup d’aile. Je m’aplatis contre la branche et arriva à esquiver son coup de bec de justesse. « Ce n’est pas très gentil, vous savez ! Embêter une maman, c’est très mal ! » La tête de l’oiseau se tourna vers moi, d’un air furibond ! « CRRRROOOOOAAAA ! » Cette fois, il ne pouvait pas être plus clair. « Oh, mais vous aussi, vous êtes une maman ! Alors vous comprenez ! » Il m’attaqua de nouveau et se posa ensuite entre moi et le nid. « Oh, mais alors … Jonquille, Narcisse et Tulipe sont vos enfants ! » Je sentis une larme couler sur mon nez. J’avais le cœur déchiré, mais je n’avais pas le temps de faire face à mes sentiments, car la femelle oiseau s’approchait dangereusement de moi, le bec ouvert. D’un coup, elle bondit sur moi, ne me laissant pas le choix que de sauter de ma branche dans le vide. J’atterris douloureusement sur une branche plus basse. Blessée, plus intérieurement qu’autre chose, je décidais de retourner noyer mon chagrin dans mon petit marais … Tant pis pour mon baiser, mon coeur avait trop mal. Après tout, le plus difficile pour une mère, c’était de voir ses enfants partir ! Que la vie était dure !
1402 mots.
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Mer 07 Aoû 2019, 21:01

Lunaly
Espionnage II
-Aah !!

Canif en main, Olsayk fit volte-face et vacilla. Rien. Ses épaules s’affaissèrent. Il était blanc comme un linge et n’importe qui aurait pu croire qu’il était mort sur place. Cependant, le soulèvement chaotique de sa cage thoracique témoignait du contraire. C’était bien la seule chose, car l’instant d’après, il s’écroula par terre comme un pantin désarticulé. Il était à bout de forces. Il n’en pouvait plus. Il voulait juste se reposer. Il était prêt à fermer les yeux et à dormir ici, par terre. Il était prêt à abandonner, à se laisser aller. Il aurait tout fait pour trouver le sommeil. Il ne demandait que ça. Il émettait des prières dans l’espoir que quelqu’un ou quelque chose puisse lui venir en aide et l’assommer. Seulement, il avait beau le souhaiter de toutes ses forces, personne ne venait et il continuait d’avoir peur. Il voulait pleurer, car il savait que ça le détendrait, mais les larmes ne montaient pas. Il lâchait, mais lui, on ne le lâchait pas. Il était un pendu à qui on avait interdit de mourir. Il était puni.

-Olsayk. Olsayk ! OLSAYK !

Il se rappelait de ça. Il fut un temps où ça avait été tous les jours, ou avec un peu de chance, tous les deux jours. Il avait essayé toutes les cachettes de la maison, et pourtant, elle avait toujours fini par le retrouver, et… Il frissonna. Et il subissait. Il subissait ses foudres, sans savoir quelle était sa faute. Mais c’était de sa faute quand-même, elle le lui avait toujours dit, si bien qu’il l’avait intégré. C’était de sa faute. Il méritait ses cris. Il méritait ses coups. Il méritait toutes ces fois où elle l’avait trainé par les cheveux. Aucune négociation n’était possible. C’était comme ça, et ça serait toujours comme ça avec elle. Même maintenant, alors qu’elle était absente, elle lui prenait la tête. Cela faisait des heures que ça durait, qu’elle allait et venait, qu’elle le hantait. Cela faisait des heures qu’il se battait contre elle, qu’il gesticulait dans l’espoir de pouvoir la chasser. Mais elle restait invisible. Elle l’épuisait. Elle était partout. Elle ne le quitterait jamais. Il passa ses mains dans ses cheveux. Elle le dégoûtait, elle le dérangeait autant qu’il la dégoûtait et qu’il la dérangeait. Elle ne l’avait jamais aimé, ni jamais voulu. Lui non-plus, malgré ses efforts pour se persuader du contraire. Au final, la seule différence qu’il y avait entre eux deux, c’était que lui, il n’osait pas le lui dire. Olsayk ne se sentait plus à sa place dans son propre corps. Il voulait bouger pour se débarrasser de ce sentiment désagréable, moite et envahissant, qui alourdissait son corps, encombrait son esprit et asséchait son palet avec un goût âpre.

Tu me dégoûtes… Regarde ce que tu fais !

Il était en boule, couché sur le côté. Sa tête était cachée dans le creux de ses coudes, ses mains jointes, serrées l’une contre l’autre au-dessus de sa tête. Il les tortillait, enfonçait ses ongles dans sa peau, se tirait nerveusement les cheveux – à croire qu’au final, il y trouvait un certain réconfort. Il fermait les yeux très fort. C’était comme s’il s’attendait à ce qu’elle le frappe, mais ce n’était pas possible. Elle n’était pas là. Il le savait, et pourtant… Pourtant, il sentait quand-même sa présence. Quelque part.

-Je suis un bon garçon, je suis un bon garçon… Hein ?

A quoi ça lui servait de se répéter ça ? A se convaincre lui-même ? A quoi bon ? Il mentait, il savait que c’était faux. Il était mauvais, profondément mauvais. Il ne se donnait que l’illusion d’être bon en se mettant dans un état second. Il aurait beau dire tout ce qu’il voulait, elle avait raison. Quand il remontait dans ses souvenirs, il avait de quoi dégoûter. Il n’était qu’un bon à rien, et quand bien même il avait tenté de prendre des initiatives, il avait tout fait foirer. C’était insupportable. Il ne voulait plus l’entendre.

-Vas-t-en.

Les mêmes pensées tournaient dans son esprit comme une ritournelle entêtante. Elle le surveillait, il en était sûr. Quoi qu’il fasse, elle le saurait et elle le frapperait au bout du compte. Elle le détruirait comme elle savait si bien le faire. Et il mourrait, il mourrait à l’intérieur et il ne pourrait rien faire. Il ne pourrait que se regarder sombrer. Ou alors, il y avait une autre solution…

Olsayk se releva, brandit son canif et le lança contre le mur en face de lui. L’arme rebondit et vînt écorcher son pied nu, lui arrachant une plainte rauque. Il le reprit et le fit glisser plus loin, attrapa une chaise et la fracassa contre le sol. Encore une fois, il se blessa. Sa main saignait, son pied aussi, et il avait mal aux poignets. Mais il n’en avait rien à foutre. Il était fou de rage. Il était en colère contre elle et sa volonté incessante de tout contrôler. Il voulait qu’elle le laisse tranquille. Il voulait tout détruire, tout casser. Il voulait assouvir les pulsions de cette rage qui sommeillait en lui et à laquelle il ne permettait pas assez de s’exprimer. Il voulait du chaos. Il voulait faire mal, faire le mal et se faire mal. C’était une purge contre cette voix qui dominait actuellement toutes celles qu’il pouvait avoir. C’était une ode à la liberté. Le Réprouvé s’arrêta brutalement, haletant et reluisant de transpiration, et observa son œuvre. Le chaos et l’anarchie qu’il venait d’instaurer lui semblait beau. La pièce lui paraissait tout à coup plus lumineuse, comme si la lumière parvenait enfin à s’infiltrer à l’intérieur. Olsayk était aspiré par la contemplation de cette danse qu’effectuait la poussière une fois entrée dans la lumière, tel un grand spectacle sous les feux des projecteurs. C’était paisible. Il avait repris des couleurs.

… Il pourrait tenter de la tuer. Cette pensée lui était venue, et il n’avait pas voulu la chasser. Elle était séduisante. Mais vilaine. Vicieuse. Car la tuer ne changerait rien aux voix, ni aux souvenirs qu’elle avait gravés dans son esprit. Au contraire, ils se feraient plus virulents. Il devrait en payer le prix. Elle se vengerait, comme toujours. Et puis… c’était sa maman, quand-même.


~1039 mots~


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Siruu Belhades
~ Sorcier ~ Niveau III ~

~ Sorcier ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 2360
◈ YinYanisé(e) le : 06/12/2015
Siruu Belhades
Dim 11 Aoû 2019, 15:19



Siruu regardait tranquillement le spectacle qui avait lieu sur la place. C’était curieux, tout de même. Rien ne rassemblait autant la foule qu’un bain de sang. Le journaliste, comme affecté par des relents de son éducation magicienne, trouvait étrange l’idée de vouloir regarder en public de tels supplices. Il n’avait pas été bercé par la culture sorcière dès l’enfance, après tout.


« C’est un message fort qu’envoie le Prince Noir, surnommé l’Écorcheur pour l’occasion. Les Salvatore n’hésiteront pas à sévir si l’orgueil des familles les plus éminentes empiéte sur leur respect envers la plus grande d’entre elles. Ne pas considérer le Prince, c’est ne pas considérer la royauté, et ils ne laisseront pas de tels actes impunis. Ce tour de force balaye aussi de nombreuses critiques pouvant être murmurées à propos de la famille royale : ni laxistes, ni faibles, ni manipulés, ils sont encore au sommet de leur puissance. »


Le journaliste haussa un sourcil, après avoir griffonné ces mots sur son carnet dans l’hypothèse d’un futur article. Le style n’était pas mauvais, mais l’on remarquait bien facilement qu'il faisait exprès d’éviter le sujet principal : l’erreur que les suppliciés avaient commise. Il allait falloir remanier tout ça, pour esquisser le sujet sans donner l’impression que la réaction du Prince était disproportionnée.

Siruu soupira, en regardant une dernière fois les tas de chair qu’étaient devenus ces nobles. Partir avec un si grand avantage pour finir si bas… quel dommage. Il se retournait, prêt à partir, lorsqu’il remarqua au milieu de la foule une silhouette familière : Zélie Nianrah, son agente. Son visage semblait fermé. Plus le sorcier s’approchait d’elle, plus l’un de ses doutes se confirmait : elle avait les larmes aux yeux.
« Bonjour. Je vous dérange ? » La réponse était probablement oui. Cependant, il était curieux de savoir pourquoi la torture de ces hommes l’affectait tant. « Non, c'est tout le contraire. Excusez-moi si je parais émotionnelle, c’est… une histoire compliquée. »« Ah, je vois. Ils faisaient partie de vos amis ? Des amants ? De votre famille lointaine, peut-être ? » Zélie inspira profondément, balayant ces hypothèses d’un geste de la main. « Oh, si ce n’était que ça… »  Sa voix était toujours tremblante. « C’est bien pire. »

Siruu cilla des yeux. « Bien pire ? C’est-à-dire ? » Le sens des priorités de Zélie n’avait jamais été normal. « J’avais un contrat commercial avec Ewald Taïmon. Une série de vingt articles, intitulée “dans la vie du marquis”. Il restait encore quelques papiers à signer… mais vu qu’il est à peine en vie, je doute qu’il veuille finaliser le paiement. J’ai passé des heures à concevoir cette rubrique avec le rédacteur en chef de La Calamité ! Il y avait beaucoup d’argent en jeu. Le Prince aurait pu attendre, avant de faire ça à Ewald ! » Zélie étouffait ses larmes. Elle ne manquait pas d’argent, mais vibrait à chaque fois que l’un de ses coups commerciaux réussissait. Apparemment, l’agente ne tolérait pas bien l’échec.

Elle reprit de sa contenance rapidement. « J’ai essayé de monter sur l’estrade pour lui faire signer les derniers papiers. On aurait pu faire valoir ça devant un avocat et exiger de l’argent de la famille. Mais la Garde ne voulait pas me laisser le rejoindre ! Quelles enflures. » Siruu ne pouvait qu’être impressionné par un changement d’humeur aussi rapide. « Je fais ce travail depuis au moins soixante ans, ils pourraient me laisser passer ! Je le mérite. » Elle paraissait jeune. La magie faisait des miracles.

« Je vois. C’est terrible, en effet. » Le journaliste le pensait. S’il avait été à la place de son agente, lui aussi aurait fulminé à l’idée de perdre un contrat juteux à cause d’une stupide histoire de séduction. « Je sais. Enfin, ce qui est fait est fait. Je dois faire le deuil de mon temps et de mon argent… et d’Ewald, aussi. Mais ça, ce sera rapide. » Zélie commença à se recoiffer, et à tourner les talons. « L'heure tourne. Je dois aller rendre visite à un ami éditeur. N’hésitez pas à commencer des textes en faveur du Prince, j’en prendrais un certain nombre. Un par gazette, en fait. Les comités de censure ne risquent pas de laisser passer autre chose. Qui sait, le vôtre sera peut-être retenu. Passez une excellente journée, Sirh Juuka. »« Vous aussi, madame Nianrah. » Siruu s’inclina légèrement. Lui aussi avait à faire. Il avait une entrevue dans moins d’une heure, où il serait interrogé sur sa victoire à la Coupe des Nations. À cela s’ajoutait le cadavre qu’il gardait dans sa cave, ses recherches sur les chamans et, maintenant, une nouvelle idée d’article à rédiger. Sa journée serait bien remplie.

Sur le chemin du bâtiment, Siruu se sentit étrangement. Ce n’était pas la première fois qu’il avait eu l’impression d’être suivi. Depuis l’épreuve, ce sentiment ne le quittait plus. Il voyait trop souvent la même personne, et arrivait à sentir que des yeux se posaient sur lui. Au début, il avait mis ça sur le dos de sa victoire, mais fort heureusement, son visage n’était pas encore assez connu pour qu’on le remarque dans la rue. Une question restait alors : qu’est-ce que cela pouvait être ? Le journaliste était curieux, malin, et son esprit pouvait parfois trouver des connexions alambiquées, mais vraies. Malgré cela, jamais il n’aurait pu se douter du fait qu’il y ait deux espionnages différents à l’œuvre. C'était trop absurde.


916 mots. Juste pour indication, mais ce RP se situe quelques heures avant sa rencontre avec Devaraj.


[Événement] - Espionnage II - Page 2 Ukjx
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http://lesterresdesympan.forumactif.com/t38838-sirh-juuka-zeli-k
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Dim 11 Aoû 2019, 17:49

Perdu était le mot qui caractérisait le mieux cet état de semi-présence qu’Oomaria ressentait depuis sa guérison, qui n’en était pas vraiment une, car il ressentait encore une douleur incommensurable dans le dos. Mais il devait faire fi de cet élément pour se concentrer une autre chose : son passé. Essayer de se rappeler de quelque chose, ne serait-ce qu’une bribe, d’un moment, d’un instant, d’une fraction de seconde, mais rien, il avait beau se frapper du plat de la main sur le front, rien ne voulait émerger. Et ces petites voix qui s’étaient manifestées, refusaient d’entendre son appel et venir l’aiguiller ou le mettre sur une piste cohérente malgré ses suppliques. Il ne savait pas comment entrer en contact avec elles, il se contentait simplement d’y penser ou de les appeler à haute voix, mais rien n’y faisait, le silence régnait à chaque tentative. Il savait qu’elles étaient les seules capables de le mettre sur le bon chemin car elles lui avaient donné son identité, alors que lui-même l’ignorait. D’ailleurs, est-il certain qu’Oomaria Derios étaient ses véritables nom et prénom ? Absolument pas, mais il se fiait aux maigres informations qu’on voulait lui donner.

Enfin, « maigre » n’était pas non plus l’adjectif exact à employer, confus et invraisemblable étaient plus justes : lors de son départ, avec ses armes, se trouvaient également des parchemins. Des dizaines et des dizaines de parchemins qui contenaient ce qui semblaient être des mémoires d’une personne, d’un étranger. Assis au calme à l’orée d’une forêt dans un endroit qu’il ne connaissait pas, il se mis à dérouler un des rouleaux et commença sa lecture en quête d’informations. Un tube de tabac était vissé à ses lèvres ; un autre élément qui se trouvait dans ses affaires, mais il n’eut aucun mal à deviner ce qu’il devait faire avec. Un parchemin sur ses jambes, il souffla une volute de fumée en lisant quelques lignes :

« Ce qui m’a marqué ? Le changement, ce changement radical dans son regard, cette haine que je ne lui avais jamais vu avant. La tristesse suit à la mort de ma mère n’était plus, seule la colère brûlait dans ses yeux. J’avais en face de moi un visage froid et dur qu’il ne m’avait jamais présenté jusqu’à maintenant, il semblerait qu’il ait également renié sa famille en passant de vie à trépas. Je l’ai suivi pendant des semaines, je l’ai surveillé, tapis dans l’ombre, et ce que j’ai ouvert les yeux sur celui qu’il était. Des femmes dans son lit, et de l’alcool qui coule à flot, voilà ce qu’il est à présent, pour lui, ma mère et moi ne sommes plus qu’un souvenir qu’il a définitivement balayé. Dès que quelqu’un essaie d’en savoir plus sur son ancienne vie, la colère s’empare de lui et il devient alors difficile de le maîtriser. Il n’y a pas que là d’ailleurs. Un homme a un jour essayé de retirer la cigarette qu’il avait constamment à la bouche, il y a laissé sa main tout simplement. Tout ce que m’avait raconté mon ancêtre était vrai : mon père avait laissé place à une carapace emplie de haine et de colère qu’il n’arrivait plus du tout à contrôler, encore moins que par le passé ; l’Ange qui veillait autrefois sur lui a disparu. Mais je n’en avais pas assez avec les quelques explications qu’il m’avait fourni, voilà pourquoi je m’étais mis en tête de le revoir au moins une fois, de lui parler pour le supplier de revenir chez nous, de reprendre la vie que nous avions, mais il n’avait rien voulu savoir. Les flammes qui dansaient dans son regard me montraient très clairement qu’il se moquait bien des paroles que je pourrais prononcer, rien ne changerait. D’ailleurs, il n’y a pas que de moi dont il se fout ici-bas, mais bien de tout le monde. Les femmes et tout ce qui suit avec ne sont pour lui qu’une distraction de plus, de simples pacotilles qu’il n’hésite pas à renvoyer dès qu’il en a fini avec elles ; il porte sur le monde un œil moqueur qui, dès qu’il le peut, tente de détruire de ses propres mains. Je l’ai moi-même vu un jour, frappant la tête d’un homme contre la table, si bien que les deux finirent par céder sous ses coups, un rire démentiel accompagnant le bruit des fracas. Je crois que la folie s’est emparée de lui, cette folie qui vient après la colère, cette folie dévastatrice qui s’empare peu à peu de son corps et de son esprit ; ce jour-là, poussés dans leurs derniers retranchements, quelque chose semblait s’être brisé en lui, et il finit par cracher du sang. Mon père ne se rend pas compte qu’il finira par mourir de nouveau, cette fois-ci à cause de sa propre inconscience, mais il s’en fiche et continue à vivre au jour le jour, de profiter de l’argent qu’il a réussi à gagner. Les contrats qui lui sont proposés, il n’y porte presque plus d’intérêt ; ça ne l’intéresse plus de tuer des personnes pour de l’argent, ce qu’il veut c’est tomber dans l’excès, et ne s’attaque à la vie d’autrui que lorsqu’on est venu lui chercher des ennuis au préalable. Il veut profiter de cette vie qu’il n’a jamais eu, qu’il n’a jamais pu avoir, qu’il n’a jamais voulu avoir pour rentrer dans ce moule parfait que beaucoup lui ont toujours présenté comme étant le meilleur. Selon ses propres mots, il "leur pisse dessus" ; tous ses amis qu’il avait connus, il ne veut plus en entendre parler d’ailleurs, je me demande s’il a déjà revu l’un d’eux depuis sa mort. Je crois que je peux oublier mon père, ce Réprouvé que j’ai toujours connu et qui faisait passer ses proches avant tout, une seule chose compte à présent : lui-même »

Oomaria secoua la tête pour deux raisons : il ne savait pas de qui parlait ces écrits et au fond, il ressentait une pointe de compassion pour cette pauvre âme qui semblait avoir perdu un père aimant qui s’était voilé d’un masque de dépravation et d’égocentrisme. Mais il n’y avait aucun nom, aucune précision sur ces deux protagonistes. À moins que l’un d’entre eux n’ait été Oomaria lui-même, dans sa vie « précédente », assommé, incapable de rien sinon d’auto-détruire. Et si c’était le cas, qu’est-ce qui avait bien pu se passer pour en arriver là ? Le Réprouvé posa ses manuscrits à terre et s’allongea dans l’herbe pour essayer d’y voir plus clair, mais rien ne lui venait. À cet instant, il ne ressentait pas de colère, mais simplement de la frustration de tourner et retourner tout ça dans la tête sans que rien ne lui vienne. Il trouva cette position très inconfortable et extrêmement douloureuse car il s'appuyait sur ce qui était auparavant ses ailes, il préféra se rassoir rapidement.

Et si effectivement tout cela faisait parti de son ancienne vie, il ne suffisait pas de simplement lire ces rouleaux, mais les emboîter les uns avec les autres pour réussir à dénouer tout ce merdier qu’était son passé.

« Est-ce que tu es là ? Eh gamin ! »

Oomaria se sentait quelque peu ridicule d'appeler un être de fumée au milieu de nulle part mais il n’avait rien d’autre à faire. Il finit par se relever en rassemblant ses affaires et reprit le chemin qu’il avait emprunté en espérant tomber sur une ville ou quelque chose de quoi se restaurer car même si la personne qui l’avait soigné avait été assez sympathique pour lui donner des vivres et de la monnaie d’échange pour tenir quelques temps, ses denrées commençaient à dépérir. Il souhaitait également trouver un médecin, un vraiment médecin pour arranger sa blessure et aussi quelque chose de plus privée car un instinct bien plus primitif commençait à poindre et il souhaitait le soulager assez rapidement pour pouvoir passer à autre chose… Mais ! Tout ceci ne serait possible que si une cité voulait bien apparaître à l’horizon et au vu de l’étendue d’herbes qui s’alignait devant lui, une longue marche l’attendait sans doute et aucune âme ne semblait passer par ici pour l’aider à écourter sa longue marche jusqu’à la civilisation.

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Dim 11 Aoû 2019, 19:30

[Événement] - Espionnage II - Page 2 1525539476-carnet6
Espionnage II
[Diana]

Mes paupières closes papillonnèrent un court instant. Un gémissement douloureux s’échappa de mes lèvres. Des nombreuses larmes coulaient sur mes joues. Mon corps se tordait et se tortillait. Il voulait échapper aux images qui assiégeaient mon esprit. Il voulait se réveiller. En vain. Il n’y arrivait jamais avant la fin. Je continuais à me perdre dans des songes terrifiants et douloureux, cruels et sans pitié. Mes lèvres murmuraient un mot inaudible. Ma supplique était étouffée. On m’ouvrait les entrailles. On se jouait de moi. J’aurais préféré mourir. Je ne pouvais plus supporter ses cauchemars. Dormir était devenu une malédiction mais mes songes m’exténuaient et me rappelaient à eux. Je ne pouvais pas empêcher l'assoupissement. Je ne le pouvais pas à moins que…

Je me relevais dans un sursaut. Ma peau était moite. Quelques cheveux bruns étaient collés à mon front et à ma nuque. J’avais la désagréable impression de m’être tenue sous la pluie durant une longue heure. Pourtant, ce n’était pas cette sensation qui inondait mes pensées. Si mon rêve s’était arrêté, son souvenir me hantait. Il me léchait la peau et m’épuisait à chaque souffle. Sa gangrène me torturait inlassablement. Je ne pouvais pas oublier. A chaque clignement d’œil, je replongeais dans sa tourmente. Mon souffle était court, saccadé et irrégulier. La panique m’assiégeait. Je me levais de ma couche à même le sol. Les étoiles me regardaient. Pouvaient-elles lire en moi ? Avaient-elles accès à mes pensées lugubres ? La fraicheur nocturne s’était éprise de moi. Elle n’enveloppait pas seulement mon corps : elle était ancrée dans mon âme. Elle ne me laissait pas seule. Les larmes continuaient inlassablement leur chute. Un cri de désespoir voulait s’échappait de mon être. Cependant, je ne pouvais pas : je n’étais pas seule.

J’avais quitté les Terres du Lac Bleu avec plusieurs magiciens. Ensemble, ils constituaient une troupe de théâtre et allaient de village en village. L’un d'eux, Romain, était le petit-fils de la vieille magicienne qui m’avait hébergée près du Lac Bleu. Je l’avais rencontré brièvement avant même que cette dernière ne nous présente. Son chihuahua, Dobby, venait d’ailleurs renifler mon mollet. J’essayais de lui sourire mais c’était au-dessus de mes forces. Je me sentais oppressée. Je devais m’éloigner. Pouvais-je fuir mes pensées ? Je commençais à marcher. Dobby ne me suivait pas. Il se contentait de s’asseoir en m’observant d’un air perplexe. J’essuyais mes joues mais les larmes ne voulaient pas s’arrêter. Captive de ma tristesse, je n’entendais pas le gémissement du chien. Celui-ci réveilla par la même occasion son maître. Ce dernier rivait ses yeux sur mon dos mais je continuais à m’éloigner, sans savoir où j’allais.

Bien qu’en pleine saison des Vents, nous étions à la frontière des Terres d’Émeraude et du Voile Blanc. Le froid était donc plus prenant, quand bien même nous faisions attention à ne pas nous approcher trop près de la zone enneigée. Nos pas restaient sur les terres verdoyantes et fleuries et notre périple suivait les traces du fleuve Tosara. Si j’accompagnais la troupe de théâtre, mon but premier était de rejoindre l’océan. Je devais trouver mon maître. Il ne pouvait en être autrement. J’étais certaine que mes cauchemars étaient les produits de cette absence de lien.

Perdue dans mes pensées, je ne remarquais même pas que mes pas m’avaient portée à une bonne distance du campement. La présence du léger brasier que nous avions construit ne me réchauffait plus. Le froid me mordait la peau. Je m’arrêtais net avant de m’asseoir sur l’herbe folle. L’humidité avait déjà entrepris sa rosée. Le tissu de mes vêtements se parsemait de traces d’eau. Je m’allongeais et regardais les étoiles. Ma respiration était toujours irrégulière. Je fermais les yeux. Le souvenir du songe ne voulait pas me quitter. Mon corps frissonnait. La maladie s’insinuait dans ma constitution trop faible. Et si je la laissais faire ? Et si elle m’empoissonnait jusqu’à ce que mes rêves cessent ? Ils étaient trop difficiles à vivre. Je devais les faire taire. Je devais les bannir à tout jamais de ma tête. Je cessais de respirer. C’était la décision la plus sage. Je ne pouvais plus vivre avec eux. Tant qu’ils étaient là, tant qu’ils me hantaient, ma vie n’allait être qu’un enfer. Je devais simplement cesser. Cesser de respirer. Cesser de vivre. Cesser de dormir. Cesser de rêver. La logique était implacable. Il ne pouvait plus en être autrement. J’avais déjà trop lutté. J’avais déjà trop pleuré. Je ne pouvais plus supporter ce monde. J’en étais sincèrement désolée. L’hypothèse de ne jamais découvrir le visage de mon maître, Malcolm Mynceria, me brisait le cœur. Cependant, ma décision avait été prise. Mon esprit s’était brisé dans mes songes. Une orine détruite de l’intérieur n’était plus qu’un fardeau. Je ne voulais pas l’être. Je devais contenir ma respiration. Et cela même si le manque d’air devenait insupportable et douloureux. Ma motivation devait résister. Je me tuais pour le bonheur de mon aimé. Je me tuais pour ne plus avoir à rêver. J’étais si fatiguée.

« Diana ? » Je serrais ma poigne sur une touffe d’herbe. Je devais m’abandonner. Je devais laisser la vie me quitter. « Diana ! Mais qu’est-ce que tu fais ! » J’entendais le bruissement d’un tissu. La voix masculine m’était familière. Romain accourait vers moi. Un aboiement m’indiquait que son fidèle compagnon l’accompagnait. Sa langue humide se posait sur mon épaule dénudée tandis que les mains puissantes de son maître m’enveloppaient la taille. Je me concentrais pour ne pas reprendre ma respiration. J’avais l’impression que ma tête allait exploser. « Diana ! Arrête ça tout de suite ! » J’ouvrais mes yeux rougis par le manque d’oxygène pour le regarder. Comment lui dire que ma décision était prise ? Je ne pouvais faire marche arrière. Je… La langue de Dobby s’insinua dans mon oreille. Romain, lui, lâcha ma taille pour exercer une pression soudaine sur mon ventre. J’expirai et inspirai brusquement avant de partir dans une quinte de toux impitoyable. Je me renversais sur le côté tandis que Romain s’asseyait près de mon corps. « Bordel de Sympan ! Mais tu joues à quoi ? » Je continuais à tousser. Mon corps réclamait l’air dont on l’avait privé. « Hein ? » Romain était en colère. « Heureusement que Dobby m’a réveillé ! Je peux savoir à quoi ça t’avance de te suicider en plein milieu de la nuit ? » Non. Il était inquiet. Sa grosse main se posa sur mon épaule. Les soubresauts de mon corps diminuaient peu à peu. « Tu es complètement inconsciente ou ça t’amuse de frôler la mort à tout va ? » « J’en ai assez. » Mon murmure était presque inaudible. « Tu en as quoi ? » Je me redressais avec virulence. Les larmes ne s’étaient toujours pas arrêtées depuis que je m’étais réveillée. « J’en ai assez !! » Ma voix était rauque et ma gorge douloureuse. « J’en ai assez de faire ces horribles rêves nuit et jour. J’en ai assez de me réveiller fatiguée. Mes songes sont si abominables. Leur cruauté est tellement réelle. Je peine de plus en plus à distinguer la vérité. Suis-je en train de cauchemarder ? Suis-je éveillée ? A chaque instant de mon existence je prie. Je prie pour qu’il ne m’arrive rien. Je prie pour ne plus dormir. Je prie pour… » L’homme brun m’emprisonnait dans ses bras. Cette fois-ci, le cri de désespoir résonnait sous la voie lactée. Mes larmes redoublèrent. Je refermais mes bras autour de son torse. Ma solitude essayait de s’accrocher à ce rocher. Mais la tourmente continuait de l’entraîner vers les bas fonds. « Diana. » J’essayais d’étouffer mes pleurs dans son cou. « Diana. Pourquoi tu ne m’en as pas parlé ? J’avais remarqué ta fatigue mais je ne pensais pas que tu allais si mal. » L’une de ses mains se posa sur ma chevelure abyssale. « Je n’ai plus la force, Romain. » murmurais-je dans un sanglot. Il écartait son corps du mien pour plonger ses yeux gris dans mon regard. « Qu’est-ce qui ne va pas ? Comment puis-je t’aider ? Parle-moi, Diana. » « Je ne sais pas. Je ne sais pas comment faire pour échapper à mes pensées. Je ne sais pas pourquoi elles me hantent comme cela. J’ai pensé que c’était à cause de ma nature. J’ai… Je suis… J’ai besoin de me lier à un homme, Romain. J’en ai vraiment besoin. C’est dans ma nature. Sans lien… Je ne suis rien. Sans lien… mon peuple devient fou. C’est peut-être ce qu’il m’arrive. Je dois rejoindre mon maître. Je dois… » « Diana, calmes-toi. Reprends ta respiration. » Il me souriait et posait ses mains sur mes joues pour effacer de son pouce mes larmes. « Je crois que je comprends. Tu vas rejoindre ton… maître en allant aux abords de l'océan ? » J’hochais silencieusement la tête. « Tu arriveras à tenir jusque-là ? Plus de tentative de … » Il ne finissait pas sa phrase. L’inquiétude se lisait sur son visage. « Je ne sais pas. » Nous baissions tous deux les yeux. Le silence était glacial.

« Lie-toi à moi dans ce cas. » Je relevais les yeux. Son visage était sérieux. Je frissonnais. J’avais toujours pensé que Malcolm était ma destinée. Pas Romain. « Pour que notre lien se crée, il faut que tu répondes correctement à une énigme. Tu n’as le droit qu’à un seul essai. » J’avais la sensation de trahir l’élu de mon cœur. « Très bien. Je suis prêt. » Je hochais la tête et tendis ma main devant moi. « Je vais faire deux gestes. Tu devras trouver pourquoi ce geste est un vrai et pourquoi l’autre est un faux. » Il fronçait les sourcils. Mon séjour à Maëlith avait été si court que je ne connaissais qu’une seule et unique énigme. Pour l’esprit inattentif, cette dernière était ardue. Romain fit un bref signe de tête. « Regarde. » Je fermais mon poing pour le rouvrir. « Là, c’est un vrai. » Identiquement, je fermais de nouveau le poing pour le rouvrir par la suite. « Là, c’est un faux. » Je plongeais mon regard dans celui de Romain. Il semblait perdu. « Tu peux le refaire ? » Je souriais difficilement. « Regarde. » Je laissais ma main ouverte. « Là, c’est un vrai. » Je jetais un coup d’œil à Romain avant de regarder de nouveau ma main. « Là, c’est un faux. » Ma main n’avait pas bougé. Le froncement de sourcils de l'homme s'accentua. Il ne comprenait pas. « Je… » Il caressait son menton imberbe et réfléchi quelques instants. « Rien n’est différent entre un vrai et un faux. » finit-il par répondre. Je secouais négativement la tête. « Tu as tort. » annonçais-je simplement. La différence existait. Il n’avait pas fait assez attention. « Un lien entre nous ne sera jamais possible. » Il soupira avant de se relever. « J’imagine que ça veut dire que je vais continuer à m’inquiéter pour toi tant que nous n’aurons pas atteint l’océan. » Il me tendait la main pour m’aider à me mettre debout. Je la saisis, un air triste sur le visage. « J’imagine. »


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Dim 11 Aoû 2019, 19:53

Ses iris aux éclats d'azur parcouraient les lignes du texte qu'elle comprimait entre ses doigts fins depuis plus d'un quart d'heure. L'Ange s'était cloîtrée entre les murs du Temple et effectuait des va et vient incessants autour de l'autel de prière, à travers des mouvements vifs qui ondoyaient les pans de sa robe cérémoniale opaline sertie d'une ceinture dorée, en récitant sans interruption ses couplets devant un auditoire invisible. Les notes légèrement chantantes de sa voix berçaient agréablement le silence, s'imposant par-dessus le crépitement ténu des cierges qui foisonnaient un peu partout à l'intérieur de la nef. Douces, les paroles en Naciaze qu'elle chuchotait sur le rebord de ses lèvres diffusaient une mélodie dont le refrain semblait gorger de mélancolie et de chagrin aux oreilles amatrices. Il s'agissait en réalité d'un hymne datant de quelques Ère qui permettait de faire le pont entre l'Au-Delà et les terres des Vivants afin d'invoquer les esprits des Ancêtres lors de la commémoration funèbre de sa patrie. La jeune femme chantonnait l’Amēllia sur des intonations délicates, s'évertuant à demeurer fidèle au rythme révérencieux de la Chorale Blanche. Les sourcils vaguement froncés, elle concentrait toutes ses énergies à faire ressurgir les souvenirs de leur plus récente performance, sondant le moindre détail que sa mémoire avait pu conserver des grandes célébrations. Elle mimait ainsi chaque mouvement de leur bouche, chaque changement dans leur tonalité afin de s'approprier, peu à peu, le chant funeste à travers un apprentissage long et fastidieux. « Vogue sur les ailes des mots qui se déplacent, par le temps et l'espace. Reviens à moi. Retrouve les tiens une dernière fois, pour que l'Ombre et la Lumière ne forment plus qu'un... » Le grincement des portes vint subitement rompre son harmonie, suspendant la ballade qui touchait pourtant à sa fin. Surprise, l'Immaculée se retourna brutalement vers la source du tumulte, juste à temps pour assister à l'ouverture des battants qui annonçaient la visite impromptue d'un membre de son Ecclésia au sein de son antre provisoire. « C'est moi. » S'annonça le nouvel arrivant. Heili apparut timidement sur le seuil de l'entrée, glissant une œillade tout aussi indécise en direction de la jeune femme. « Je ne te dérange pas, j'espère? » Poursuivit-elle avec un brin d'hésitation, effectuant tout de même un pas supplémentaire à l'intérieur de la salle. Brethil suspendit lestement le cours de ses allers-retours, s'arrêtant de manière à faire dos à la sculpture à l'effigie d'Edel pour contempler le visage de la nouvelle venue. « Non. » La rassura-t-elle en lui courbant un sourire. « Je viens juste de terminer. » Abaissant le bras qui tenait fermement sa petite pile de feuilles, la vertueuse se frotta du revers de la main le dessous de ses yeux cernés par la fatigue. Son interlocutrice afficha une mine déconfite dès qu'elle aperçut la pâleur de son teint. Pourtant, cette dernière ne tenta aucunement de masquer son trouble auprès de l'Okan, reprenant d'une démarche inflexible son avancée afin de venir combler les derniers mètres qui les distançaient. L'Immaculée elle-même fut étonnée de ressentir tant d'épuisement éreinter l'intégralité de son corps, ayant rapidement perdu toute notion de temps depuis qu'elle avait amorcé sa pratique. Malgré tout, la source de ses exténuations était loin de lui être inconnue.

L'annonce des Prêtresses d'Isemli ayant récemment vibré aux oreilles du peuple, Brethil avait vite été frappée de plein fouet par le revers de sa nouvelle popularité. Tous souhaitaient admirer, en chair et en os, la championne angélique et par conséquent, quelques fidèles avaient commencé à exiger de la consulter elle, plus qu'un autre religieux. Suite à cela, la tendance n'avait fait que prendre de l'ampleur, la faisant crouler sous une montagne de paperasse et de nouveaux devoirs qui, jusqu'ici, ne lui avaient jamais incombée de réaliser. Elle ne comprenait même pas comment elle était parvenue à se hisser sur la première marche du podium, alors qu'elle peinait encore à saisir le véritable sens, le véritable but, de cette Épreuve nimbé autour d'un voile de secrets. Sur quels critères avait-on évalué sa performance au point de l'estimer plus qu'à la hauteur pour cette position, devant un homme aussi impressionnant que Raeden Liddell? Tout ce dont la jeune Ange se souvenait vraiment n'était marqué que dans la terreur, le désarroi ainsi qu'un profond sentiment d'impuissance et de perdition. À chaque fois que ses pensées la guidaient de nouveau au sein de ce labyrinthe de brume et de formes éthérées, seule la lourdeur du couteau qu'elle avait serré entre ses doigts chancelants assiégeait sa mémoire. Elle en faisait toujours des cauchemars plus infernaux les uns que les autres, s'éveillant plusieurs nuits d'affilée couverte de sueurs froides, alors que ses traits grimaçants laissaient échapper un cri à glacer le sang. Cela dit, il était peu à être au courant des vagues de ses tortures nocturnes, à l'exception de quelques membres du personnel qui gravitaient ponctuellement autour de son quotidien dans le cadre de ses apprentissages. Heili faisait partie de ces rares individus évidemment, étant nul autre que sa figure d'autorité directe. Toutefois, la Lemingway n'était guère une personnalité dont l'on pouvait facilement extirper les confidences et de fait, sa collègue se confrontait bien trop souvent à ses barrières psychologiques pour lui fournir un soutien adéquat. Indubitablement, le cas de la blonde n'avait rien pour lui plaire, mais la vérité était qu'elle se sentait tout simplement dépassée. Ce n'était pas faute d'avoir essayé. Cependant, aucune de ses tentatives n'avaient porté fruit et ce, malgré le nombre qu'elle avait effectué. Brethil se montrait excessivement butée lorsque ce propos était abordé d'une quelconque manière, à tel point où il valait mieux ne pas insister au risque d'éveiller davantage sa méfiance. Inconsciemment, elle creusait avec tous ceux qu'elle rencontrait un fossé que plusieurs croyaient impossible de franchir. Ce n'était pas le cas d'Heili. Cette dernière aurait pu s'en offusquer comme bien d'autres avant d'elle. Seulement, sa conviction envers les vertus de la patience la persuadait que le temps finirait sans aucun doute par faire son œuvre. On pouvait lui reprocher d'être laxiste, mais d'un autre côté, elle craignait qu'en usant d'une approche plus agressive, cela ne ferait que convaincre l'Okan de se refermer davantage sur elle-même. Le plus possible, la Prêtresse désirait éviter de tomber dans le piège de l'imprévisible tant et aussi longtemps qu'une méthode optimale ne lui restait pas à portée de main. Un soupir franchit doucement la ligne de ses lèvres. Sa présence ne concernait aucunement l'évaluation de l'état de santé de sa pupille, sauf que maintenant qu'elle prenait conscience des conséquences de l'insomnie et de la dévotion plus que maladive du travail de celle-ci, la femme estimait qu'il soit, au contraire, plus sage d'agir. Elle ne voulait surtout pas la brusquer toutefois.

« Combien de temps as-tu passé à réviser ce texte? » Lui demanda-t-elle finalement. L'Immaculée aux boucles ambrées haussa nonchalamment des épaules. « Un quart d'heure peut-être? Je ne sais plus. » - « Tu sembles si épuisée pourtant. Es-tu sûre que tout va bien? » La vertueuse acquiesça d'un hochement de tête. La seconde Ange n'en fut pas convaincue, mais elle n'insista pas. « Dans ce cas, j'ai une bonne nouvelle pour toi! » La dame gratifia son apprentie d'un ravissant sourire. « Tu dois être lasse de te plonger jour et nuit le nez dans des pages poussiéreuses, n'est-ce pas? » Brethil fut prise d'un bref éclat de rire. « Il est vrai qu'une pause me fera sans doute du bien. » - « Je suis ravie de te l'entendre dire. » Renchérit Heili sur un ton approbateur. « J'aurais un service à te demander. » Le regard de la blonde se fit inquisiteur. Sa curiosité venait d'être piquée. Le constat rassura grandement son mentor. « Il y a peu, des Anges anciennement captifs des Terres Blanches ont trouvé refuge aux Jardins. Normalement, leur cas aurait dû être confié à la Compagnie de Yüerell, mais en ce moment, leurs mains sont très chargées. » La Prêtresse savait déjà où sa collègue souhaitait en venir. Elle se permit donc de compléter ses mots à sa place lorsqu'elle s'interrompit brièvement afin de reprendre son souffle : « La Compagnie a donc sollicité les services de notre Temple pour les aider à gérer le cas de ces Anges, c'est bien ça? » Son interlocutrice affirma d'un signe de tête. « C'est d'accord. » Poursuivit-elle sur un ton étrangement ferme. Elle avait suffisamment fait de leçons pour la prochaine lune à venir. Cette fois, elle voulait aider là où les enjeux importaient vraiment.

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Dim 11 Aoû 2019, 23:15

Le bruit du marteau frappant le métal chaud résonnait dans les montagnes, son écho chantant entre les monts. Tandis que l'Ange était en train de travailler sur une commande, il ne pouvait s'empêcher de repenser au mot qui avait été laissé à son intention un peu plus tôt. Il n'était pas là – encore une fois en patrouille aux Jardins – et c'était son Mur qui avait accueillit la jeune femme. Lorsqu'il avait tenté d'en apprendre plus sur l'hôte imprévu, cela s'était soldé par un échec. Soisson avait été bien incapable de lui donner réellement d'informations. Quelque chose disait à au Délaissé que c'était plus ou moins le but de la visiteuse. Les mots qu'elle avait écrit avaient eu de quoi surprendre l'Anjonu. Et en même temps, était-ce si abracadabrantesque de la part de l'Impératrice Blanche ? Il savait qu'il y avait un nombre incalculable de choses qu'il ne connaissait pas sur elle. Mais s'il avait retenu une chose à propos d'elle à force de la côtoyer, c'était bien que lorsqu'elle avait une idée en tête, elle allait jusqu'au bout pour l'accomplir, même si ses agissements pouvaient paraître fantasques au reste du monde.

Pendant un temps, il avait envisagé d'aller à sa rencontre, de la rejoindre ou en tout cas d'essayer. Puis il s'était ravisé même si cela était allé à l'encontre de son tempérament. C'était fini de se jeter tête la première pour aller secourir la princesse en détresse. Le périple qu'elle avait entrepris pouvait être dangereux ? Et bien soit. Elle était bien assez grande et assez forte pour se défendre toute seule non ? Si elle n'avait pas daigné le prévenir de son départ, c'était probablement qu'elle jugeait qu'il n'était pas concerné, ce qui était quelque peu ironique vu qu'elle faisait ça pour les Anges. Peut être avait-elle pensait qu'il insisterait pour l'accompagner. Ils ne pourraient jamais le savoir et c'était quelqu'un d'autre qui avait mis au courant l'Anjonu, tout comme la fois où elle s'était retrouvée en Enfers. Comme si les choses ne faisaient que se répéter. Et même s'il avait pris le partie de ne pas entreprendre lui aussi ce voyage, ses pensées ne faisaient que revenir dessus. Et que venait faire Isiode Yüerell dans toute cette histoire ? Visiblement, il s'était passé quelque chose entre lui et la Reine depuis la Galette et Lux in Caelum. Mais bon, ce n'était pas ses affaires.

Raeden refocalisa donc ses pensées et toute son attention sur ce qu'il était en train de faire à l'instant présent. Son méplat était terminé. Il lui fallait à présent travailler la mise en forme de l'objet qui lui avait été demandé. Pour cette fois, ce n'était rien de compliqué. Il s'agissait juste d'un simple couteau de boucher, commandé par l'artisan du village le plus proche.  Même s'il fallait plusieurs heures de marche pour venir depuis le hameau, l'homme avait fait le déplacement pour venir passer sa commande. Il savait que le forgeron faisait du bon travail et surtout, qu'il ne profitait pas de sa renommée pour faire exploser ses prix. Et puis, depuis la bataille qui avait eu lieu dans ces montagnes, les habitants étaient encore plus reconnaissants envers le Liddell. Il les aidait quand ils avaient besoin de lui ; ils venaient passer commande chez lui lorsqu'ils avaient des outils à faire ou des grosses réparations à demander. Dans de telles conditions, à la vie rude et sauvage, il fallait se serrer les coudes et aider le prochain s'il l'on ne voulait pas mourir.

Suer en revenant à l'une de ses activité première lui faisait beaucoup de bien. Parfois, notamment quand les cauchemars et les sueurs froides se faisaient trop présents, il rêvait de revenir des siècles en arrière, quand la vie paraissait beaucoup plus simple. Une famille à s'occuper, un métier et rien de plus ni de moins. Les choses avaient bien changé depuis et il n'était pas certain qu'un jour, elles puissent revenir comme avant ou s'en rapprocher. Il y avait eu trop de mouvement, de mort, de guerres depuis. Il fallait trouver un nouvel équilibre, un nouveau point d'encrage et de nouvelles normes. Les anciennes faisaient à présent parti d'un temps révolu et elles ne pouvaient convenir  à ce qu'ils vivaient aujourd'hui. Frapper sans briser. Modeler et tordre sans casser. Tout un art qu'il n'était pas certain de maîtriser en dehors de son métier. Il n'était pas idiot. Il savait pertinemment qu'il y avait beaucoup plus stratège que lui. Il aurait bien aimé aller demander conseil à certains d'entre eux mais malheureusement, les aléas de la vie avaient fait qu'un certain nombre d'entre eux avaient disparu ou trouver une autre voix, les éloignant du commun des mortels.

L'Ange s'arrêta brusquement dans son action et regarda autour de lui en fronçant des sourcils. Il avait l'impression d'être en train d'être observé et pourtant, il était seul dans la forge. Il secoua la tête, se disant qu'il s'agissait surement d'un excès de paranoïa comme il lui arrivait d'en avoir par moment, avant de reprendre son travail. Mais l'impression, la sensation était toujours là, tenace. Il grogna, tentant d'en faire abstraction mais c'était toujours là, bien présent. Déployant sa magie, il repéra chaque être vivant dans les environs. Aucune des positions qu'il détecta ne pouvait laisser penser au fait que quelqu'un l'espionnait. Il était certainement en train de se faire des idées ou bien, c'était par le biais de la magie qu'on l'observait. Quoiqu'il en soit, même s'il érigeait une bulle de protection ou une barrière autour de lui, il n'était pas certain que cela fasse effet contre l'observation. Ils voulaient l'espionner en train de forger ? Et bien soit, qu'ils le fassent. Ils se coucheraient ainsi moins bête ce soir.


MONSIEUR LIDDELL ! MONSIEUR LIDDELL !

Les cris sortirent Raeden de sa concentration. Posant ses outils, il gagna l'extérieur pour voir ce qui valait un tel boucan. Assurément, quelque chose de pas bon. Un homme arrivait dans sa direction, à bout de souffle, rameutant les gens du domaine sur son passage. Lorsqu'il vit l'hôte des lieux, il força pour le rejoindre et s'effondra presque dans ses bras.


Du calme, je suis là. Qu'est ce qui se passe.

La montagne …. Avanlanche … Convoi …

Où ça ?

L'homme ahanait et n'arrivait pas à reprendre son souffle. Il était bien incapable de trouver assez de cohérence dans ses propos pour indiquer la localisation exacte du drame. Voyant la situation, l'Ange ne s'embarrassa pas plus et alla chercher l'information directement dans l'esprit du pauvre bougre. Dès que ce fut chose faite, il donna toutes les indications nécessaires pour qu'une équipe de secours se rende sur place tandis que lui-même s'y téléportait sans plus attendre.Tout comme il avait utilisé sa magie un peu plus tôt pour déterminer où chacun se trouvait, il refit cette fois-ci la même chose mais pour tenter de trouver les victimes. Traverser les montagnes étaient toujours dangereux et même si les guides qui menaient le convoi étaient aguerris, un accident était si vite arrivé. Raeden repéra enfin des signes de vie – trop peu pour que ça soit tout le convoi – et commença à déblayer, à coup de force vive et de magie. Les renforts finirent par arriver et se mirent à creuser à leur tour, là où l'Anjonu leur disait de faire.

Certains des rescapés étaient entre la vie et la mort tandis que d'autres s'en sortaient quasiment indemne. La plupart cependant étaient atteint d'hypothermie et d'engelures, à des degrés plus ou moins élevés. Il fallait les rapatrier au chaud et s'occuper d'eux. Le Délaissé choisit de rester sur place pour essayer de retrouver les dépouilles de ceux qui avaient malheureusement péri pour qu'elles puissent être rendus à leur famille. Tous les autres étaient repartis. Certains reviendraient, plus tard mais pour le moment, il était seul. Et cette impression d'être observé. Au cœur de l'action, il l'avait oublié, focalisant son attention ailleurs. Mais maintenant que l'adrénaline était retombée, il pouvait de nouveau prêter attention à cette sensation. Et pourtant, il était seul. Seul au cœur de la montagne.


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[Événement] - Espionnage II

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