Zekrach plantait son épée dans le sol, passant ses deux mains sur le visage pour se reprendre. La fatigue tirait ses traits, ses muscles étaient endoloris et ceci n'était pas une excellente configuration compte tenu de leur tâche, bien que cette dernière s'achevait. Ce serait la dernière pause. Ce tour de garde s'achevait, l'inspection des alentours avec une troupe improvisée en compagnie de la Matasif Leenhardt arrivait à son terme et ils allaient rentrer au campement, celui qui était la fondation même du nouveau Royaume, Alaitihad. C'était après avoir pansé les blessures que les courageux avaient choisis de faire un tour plus en avant dans ce lieu, à la demande de la guerrière, bien trop motivée à préserver ce qui devait l'être, de s'assurer qu'une nouvelle attaque ne surviendrait pas. Ou de retrouver un rescapé miraculeux, sans trop y croire. Malgré la fatigue du voyage en mer et d'une arrivée mouvementé, ils avaient continué leur travail pour le bien commun. La forêt s'était refermée sur eux à la manière d'un immense manteau de verdure dont peu d'hommes connaissaient la vision. Il avait éprouvé la sensation d'être écrasé par cette masse végétale aux rameaux tortueux, donnant l'impression d'être pris au piège dans les serres d'un monstre. En récupérant son arme, l'homme savait qu'il suffisait encore d'une poignée de minutes pour que cette étouffante impression ne s'estompe : après tout, il ne s'agissait que d'une banale forêt. Seul l'inconnu était effrayant et lorsqu'ils auraient apprivoisés les alentours, les choses iraient mieux. Ils ne devaient pas baisser les bras et ce, malgré le spectacle à la fois satisfaisant et désolant qu'ils découvraient en rentrant au camp. La Matasif leur conseillait d'aller se reposer pendant qu'elle s'occupait du reste. Il n'allait pas refuser une telle demande. Dès que sa tête toucherait un coussin, Zekrach était bon pour passer du temps dans ceux d'Harabella...
Le Soleil matinal avait encore du mal à percer la couche nuageuse. La nuit avait été relativement courte. Nombreux avait été ceux qui allaient se reposer en leur compagnie, se couchant ainsi à l'aube naissante, essayant de trouver un peu de repos après avoir nettoyé les stigmates d'un affrontement aussi inattendu que brutal. D'autres avaient pris leur suite pour poursuivre leur travail en déblayant les carcasses de ces créatures, extrêmement lourdes et encombrantes, voire aussi de découper ces dernières pour en préserver la viande, ou encore de construire des barricades, certes, dérisoires, mais pour au moins se préparer à une éventuelle nouvelle attaque et de se prémunir du premier assaut. Les derniers, eux, avaient récupérer les corps de ceux étant tombé devant la sauvagerie de Taelora. Tous savaient que ce Continent était dangereux. Les rumeurs avaient été nombreuses, implacables, mais sans doute avaient-ils imaginé naïvement qu'il y aurait des signes avant-coureurs. Il n'y en avait pas eu et seuls les plus forts et les plus malins avaient survécus. Ce n'était pas une tâche aisée que de mettre un nom à ces visages, certains n'avaient pas beaucoup sympathisé avec les autres arrivants sur Alaitihad, certains cadavres étaient tellement abîmé, tellement écraser sous le poids des pattes qu'on devait vérifier avec la liste des disparus, sans être certains que ce soit lui ou elle, vu que quelques-uns des pauvres voyageurs s'étaient faits emporter dans la noirceur de la dense forêt pour y être dévorer. Cela pouvait faire froid dans le dos.
Les Veilleurs, eux, n'avaient pas dormis. Ils étaient quatre à avoir fait le voyage, autant pour le prestige de leur race que pour préserver les éventuels disparus de l'inexpérience de ceux n'ayant jamais réalisé un Dakma. Des disparus, il y en aurait, tout le monde ici en était conscient. Peut-être pas aussi rapidement, cependant. Dans tous les cas, ce n'était pas respectueux pour ceux ayant sombré dans les bras d'Ezechyel pour faire honneur aux leurs que de subir une toilette mortuaire sommaire. On les avait fait quérir pour cette tâche que seuls eux pouvaient réaliser et ils s'étaient répartis les tâches, silencieux : l'un lavait les corps avec de l'eau salé puisé par des volontaires, l'un recouvrait d'un parfum masquant l'odeur de putréfaction et de sang, ceux en ayant le plus besoin en tout cas, essayant de dissimuler au mieux la Mort. Le suivant habillait les victimes décemment, quant au dernier, il plaçait les dépouilles sur le sable, faute de mieux, de sorte à ce que sa dernière vision soit présentable à ses amis ou membre de la famille l'ayant accompagné. C'était un travail long et solennel, mais il était ici encore plus exigeant compte tenu de la quantité et du devoir de faire vite et bien. Rien n'était plaisant, mais c'était leur choix que de servir les Aetheri, de sorte à ne pas outrager la vie qui leur avait été ainsi offerte. Le Kalabreum était certainement l'une des célébrations les plus importantes dans l'existence d'un Humain. Celle du jour de sa mort. On pouvait sans doute y voir là une quelconque ironie.
Dans le camp, ce qui pouvait s'apparenter à des rues boueuses étaient moins peuplés, certes, mais semblaient bien plus vivantes que la veille. Le plaisir d'être en vie se faisait ressentir dans tous les membres du messager qui vint quérir des nouvelles parmi les Veilleurs. En chemin, il croisait quelques personnes, épuisées, qui lui demandait ce qu'ils pouvaient faire désormais. Quand seraient-ils prêts à réaliser les célébrations ?
— Nous avons encore quelques personnes dont nous devons prendre soin en réalisant leur Dakma, mais nous pouvons accueillir ceux qui souhaitent rendre hommage aux disparus en débutant leur Ezokmara. Nous attendrons d'avoir terminé avant de procéder à l'ignition.
Et il en serait ainsi.
932 mots
Explications
Salutations, bienvenue dans ce tout premier événement sur Alaitihad !
Assez simplement, ce dernier se déroule le lendemain de l'attaque s'étant produite durant le RP Dirigé et s'adresse aux Humains. Il est venu le temps de réparer les dommages et d'enterrer les victimes. N'hésitez pas à exposer votre ressenti suite à l'assaut, vous pouvez avoir fait un tour de garde en extérieur avec mon personnage - pour les plus robustes, on est d'accord -, déblayé les corps, soigner les blessés, découper les carcasses, mettre en avant vos craintes ou vos espoirs, mais surtout, illustrer les rites mortuaires et vos convictions religieuses au cours de la durée de ces funérailles. Pour rappel, il y a un sujet à ce propos. Ce ne sont là que quelques pistes, je laisse votre imagination faire le reste, amusez-vous bien !
Durée du RP - vous avez jusqu'au 20-10-2019 pour poster.
Bonne écriture !
Gains
Pour 900 mots - 1 point de spécialité au choix Pour 450 mots de plus, soit 1350 mots - 1 point de spécialité supplémentaire
Mancinia & Neah Aimer c'est ce qu'y a d'plus beau. Aimer c'est monter si haut. Et toucher les ailes des Anges ...
By Astriid ♫
By Shanxi ♫
Invité Invité
Mer 28 Aoû 2019, 14:29
Dis-moi la main qui t’enlève, Ô mon âme, et dans un rêve Te montre la vérité ! D’où vient qu’un songe m’emporte Jusques au seuil de la porte Qu’entr’ouvre l’Éternité C’est ici que l’homme arrive ; Oui, je reconnais la rive Jusqu’où le rocher dérive Roulé dans le flot des temps ; J’entre dans le port de l’âme : Je vais m’asseoir dans la flamme ; La place que j’y réclame Est vide depuis longtemps. [...] Laisse-moi pour un jour retourner sur la terre : Là, sur mon marbre noir, sous ma croix solitaire, J’irai m’asseoir en souriant ; Dire : « Je vis toujours » à ceux qui me regrettent, Qui, posant leurs genoux sur les fleurs qu’ils y jettent, Viennent me pleurer en priant.
Oraison funèbre
Adaeze se réveillait à peine. La vision encore flou, elle mit quelques secondes avant de se remémorer les événements qui l'avaient amenés à l'inconscience. A cet instant elle se relevai brusquement, la gratifiant ainsi d'un mal de tête lui transperçant le crâne comme une lame chauffée à blanc. La voyant perdre l'équilibre, un compatriote se précipitai vers elle afin de l'aider et lui éviter une chute qui n'aurait pas améliorer son état. « Repose-toi encore un peu. Tu as été gravement blessée. Tu ne ferai que rouvrir tes plaies à sortir maintenant. ». La jeune femme ne trouva pas la force de répondre et se laissa guider par le médecin. Il était vrai qu'elle peinait à se maintenir debout du fait de la douleur que lui infligeait les nombreuses plaies et hématomes causés par l'attaque de ces monstres. Alors, rejoignant sa couche qu'elle avait précédemment quitté à une vitesse bien trop fulgurante, elle ne mit pas longtemps à retourner dans les profondeurs de son subconscient.
Elle ne sut combien de temps elle avait dormi ainsi. Trop à son goût en voyant que le soleil était déjà bien levé lorsqu'elle fut sorti de la tente médicale. La veille, elle s'était confronté aux créatures avec toute la rage, la force et la persévérance dont elle avait pu faire preuve. Voilà où ça l'avait mené. Elle avait survécu, par un quelconque miracle, mais s'était cruellement affaiblie au point d'avoir passé dans le monde des songes pas moins de la moitié d'un tour d'horloge, elle en était certaine. Elle serrai des points à cette perspective. Elle jetai alors un regard sur la totalité du campement et trouvai ce qu'elle cherchait. Les Veilleurs. Se dirigeant dans leur direction, elle ne tardai pas à voir où avait été placé les corps des défunts pour l'Ezokmara. Une ombre traversai son visage dont on pouvait y lire la tristesse. Elle devait savoir. Elle devait savoir qui, parmi ses amis qui l'avaient accompagnés dans ce périple, parmi les connaissances qu'elle s'était faite sur l'île, n'avaient pas eu comme elle la chance de survivre. Le regard vide, elle s'avançait à pas lent en direction de la plage et commençai à longer le rang de cadavre à la recherche de visages familier. Dans un même temps une triste pensée traversait son esprit tandis que la colère s'emparait d'elle. C'était injuste. Ils étaient trop nombreux à avoir rejoint Ezechyel alors qu'ils venaient seulement de débarquer. Oh, elle avait conscience des risques que son peuple encourait en colonisant un nouveau territoire, d'autant plus une île. Ses parents lui avaient parlé des débuts de Muharkel. Ça n'avait pas été une partie de plaisir. Mais la mort s'était principalement abattue en mer. Ici, la terre, terrain sur lequel ils étaient sensés être plus en sécurité que sur les flots, semblait être aussi terrifiante et mauvaise que le domaine d'Aylidis. « C'est injuste de nous infliger ça ainsi... ». Ces paroles s'adressaient à celle dont ils venaient de subir les affres. La Mère et Maîtresse de la Nature.
L'Humaine resta ainsi quelques temps – à nouveau elle ne saurait dire combien exactement – à se recueillir auprès des êtres qu'elle avait perdu, dédiant à chacun suffisamment du sien dont elle, elle avait la chance de pouvoir encore profiter. Puis elle retournai dans le camp, partant à la recherche d'un coutelas ou apparenté, ainsi que d'une hache, avant de prendre la direction de ce qui fut un véritable champ de bataille. Il restait encore de nombreuses carcasses de ces terrifiantes bêtes. Principalement celles ayant une taille plus ou moins humanoïde, déjà trop grandes pour Adaeze. D'une certaine façon, c'est ce qui l'avait en partie aidé à en réchapper. Elle laissa échapper un profond soupir avant d'abattre la hache à la base du coup de la bête afin de l'en défaire de sa tête. Elle dû s'y reprendre à plusieurs fois, tant par manque de force que parce que le tranchant de la lame ne permettait pas une coupe nette de la chaire. Heureusement, la mort de la créature remontant à quelques heures déjà, les seuls éclats qu'elle reçut furent quelques petits morceaux de muscle qui suivait le mouvement de la hache lorsqu'elle venait à la sortir d'un geste brutal du corps du monstre. Cette première tâche durement effectuée, elle éloignait la tête du corps d'un violent coup de pied dans la mâchoire de cette dernière, celle-ci ne s'éloignant que d'un petit mètre malgré la violence du geste. A l'évidence, Adaeze avait besoin de se défouler, de déchaîner la colère et la tristesse qui l'envahissait. Et quitte à choisir une cible, autant que ce soit les responsables de ces sentiments qui l'assaillaient depuis son réveil, même si ces derniers gisaient sans vie au sol. C'était même mieux ainsi. Au moins elle pouvait laisser le flot de ses émotions se déchaîner à la manière d'une bête enragée, sans avoir besoin de réfléchir à autre chose que se débarrasser de ces sentiments négatifs.
Après avoir réitéré l'opération sur l'épaisse queue de l'animal qu'elle écartai aussi brutalement que sa tête, elle s'approcha du corps inerte de la bête et s'assit dessus afin de reposer ses membres fatigués par la tache. La tête baissée, elle ne put retenir les larmes qu'elle avait réussi à contenir jusque là, bien plus causée par la colère que par la tristesse. Alors elle se relevai et jetai un regard mauvais à la tête dont les yeux vitreux attestaient de l'absence définitive de toute vie, à l'image de ses trop nombreux camarades. L'Humaine jeta la hache, cette dernière retombant à quelques pas de la tête. Puis elle se saisit de l'un de ses falcatas, l'empoignant fermement, et, un pied sur la cuisse du monstre, elle plantai d'un geste franc l'arme dans l'épaisse peau de la bête, continuant son œuvre. Ça prendrait du temps de la dépecer entièrement si elle voulait faire ça le plus proprement possible. D'autant qu'à chaque coup qu'elle portait à la créature, elle songeait retirer directement sa lame pour la replanter sauvagement encore, et encore, et encore. Au fond, peut-être n'était-elle pas encore prête pour ce genre d'expédition ?
La mort n'est que la mort ; on ne signifie rien par sa mort mais on la subit.
Kyra Lemingway ~ Déchu ~ Niveau III ~ ◈ Parchemins usagés : 4900 ◈ YinYanisé(e) le : 22/03/2016◈ Activité : Tenancière (rang I) ; Négociatrice (rang I) ; Reine du monde des contes à mi-temps
Mar 15 Oct 2019, 17:34
Heureux qui voit la mort et qui peut l'oublier ! Heureux qui n'a jamais senti son cœur plier, En voulant pénétrer le déchirant mystère, Que le cercueil dérobe aux enfants de la terre !
[…]
Lorsque, pour éloigner l'image du trépas, Tous mes songes lointains ne me suffisaient pas, J'avais auprès de moi d'intimes poésies, Caprices passagers, subtiles fantaisies, Qu'un instant fait éclore et qu'un instant détruit, Comme ces feux follets qui brillent dans la nuit ! Oh ! ces impressions des choses éphémères, Qui changent tour à tour nos pensers, nos chimères, Qui captivent nos sens et qui nous font rêver. Pour pouvoir les comprendre, il faut les éprouver ; Produites au hasard, c'est un rien qui les cause,
Oraison funèbre
Yovan sortait de la tente dans laquelle était rapatriée tous les blessés de l'attaque nocturne. Il n'avait pas cherché à s'attarder dans les lieux, certains méritant bien plus d'attention et de soins que lui. Des hommes et des femmes qui, bien que le souffle encore chaud et le cœur toujours battant, étaient si gravement atteint qu'ils valsaient sur une corde étroite entre la Vie et la Mort. La question était alors de savoir s'ils atteindraient le bout de cette corde sain et sauf, ou si le malheur les frapperaient, les faisant ainsi plonger dans le vide obscur et glacé de la Mort. Lui n'avait pas cette question à se poser. Il avait réussi à s'en sortir avec seulement un bras invalide. Un miracle en somme. Le Kaahi leva la tête, plongeant alors son regard dans le firmament obscur et réconfortant offert par la douce lueur envoûtante de Phoebe et de ses étoiles qui lui tenaient compagnie dans cette nuit devenue trop calme. C'était comme s'il était sorti d'un mauvais rêve dont il ne gardait qu'un vague souvenir. Car finalement il y avait un peu de ça. Avec l'intervention de Trisha, il n'avait pas « vécu » l'horreur de ces dernières heures et de l'attaque du campement, contrairement aux autres. Lui n'en avait vu que les atroces conséquences une fois que cette personnalité envahissante eu décidé qu'elle s'ennuyait et qu'elle lui eu de nouveau laissé les pleins pouvoirs et il y avait quelque chose d'affreusement dérangeant à cela.
Il parti à la recherche de son épée, portée disparue, qu'il supposai alors être quelque part sur ce qui s’apparentait à un champ de bataille. Il lui fallu plusieurs minutes avant de pouvoir remettre la main dessus, enfoncée profondément dans la terre, piétinée par les monstres qui les avait assaillis. Une fois en main, il put la voir couverte de sang. Il ne doutait pas qu'il ne devait pas appartenir qu'aux prédateurs nocturnes, mais que certains de ses camarades avaient également dû colorer de leur sang le métal gris de la lame. Il fronçai alors des yeux, fixant l'acier d'un œil triste, avant de faire demi-tour pour récupérer ses affaires sur le navire. Il passai près des Veilleurs qui avaient déjà commencés leur œuvre funèbre, embaumant l'air des fragrances du Désert. L'Humain s'arrêta un instant, observant les gestes solennels de chacun d'eux. Le bûcher pour l'ignition se trouvait plus loin, encore éteint. Si le climat était légèrement plus clément que dans le Désert, notamment grâce à l'Océan, il n'en restait pas moins que la nature ne semblait pas l'être autant. Il serait étonné de voir l'Ezokmara durer plus d'une journée. Aussi supposait-il que la cérémonie commencerait dans la soirée prochaine. Et probablement durerait-elle longtemps.
Le borgne quittait enfin cette vision macabre et rejoignait le pont supérieur du vaisseau. Son baluchon traînait encore là, à côté de sa gourde et d'une cape en lin. La tenant de sa main immobilisée, il se saisit de son khanjar et commença à découper un morceau du tissu qu'il entreprit d'imbiber d'eau. Puis, troquant la dague contre l'épée, il fixa cette dernière quelques secondes sans un mot avant d'installer la lame contre le garde-fou. Et, dans un geste lent, il s'affaira à la nettoyer du fluide carmin qui la teintai jusqu'au pommeau reposant contre le baluchon. Rapidement le tissu s'imbiba des couleurs qui entachaient jusqu'alors l'arme et un mal être s'empara de l'Humain alors qu'il fixait le carré de lin. Celui de n'avoir pu soutenir les siens, malgré ce qu'avait pu donner les apparences.
S'organisant de façon à rapatrier ses affaires à terre, il alla s'installer auprès d'un feu de camp allumé il y a peu au vu de l'intensité des flammes et de l'état du combustible. Son regard s'attardait dessus, fixant sans vraiment regarder les flammes valser au gré des rares courants d'air qui pouvaient passer. Il fini par poser ses affaires au sol et se saisir de la pièce de tissu sanglante qui se trouvait dans le baluchon. Puis, d'un geste leste du bras, il la jetai dans le feu qui se mit à crépiter bruyamment et à entamer une nouvelle danse au contact de l'objet. C'était terrible ce sentiment. Il ne savait réellement quoi exprimer. Ils avaient perdu nombre des leurs, s'en était désolant, certes. Mais le fait est que ne pas avoir été « présent », ne pas avoir participé ni même seulement assisté à leurs derniers instants, qu'il furent glorieux ou au contrairement pitoyable, qu'importe, ne lui offrait pas l'opportunité de ressentir aussi pleinement ces pertes, aussi tragiques soient-elles, que le reste de ses compatriotes survivants. Il fini alors par s'allonger, cherchant à finir cette nuit interrompue et, semblait-il, bien trop agitée, ainsi qu'à laisser s'envoler ses pensées qui l'assaillaient depuis qu'il avait repris conscience. Néanmoins, malgré les efforts fournis et la volonté qu'il y mit, il lui fut impossible de fermer l’œil de la nuit, l'événement qu'il avait manqué tournant encore en boucle dans son esprit, guidé par une multitude de questions. Qu'est-ce qu'il s'était réellement passé ? Comment cela avait-il commencé et comment cela avait-il prit fin ? Trisha avait-elle eu un semblant de bon sens et s'était-elle mise à l'abri après s'être cassée le bras et déboîtée l'épaule ? A moins qu'elle fut restée fidèle à elle-même et devait plutôt remercier quelqu'un de l'avoir sauver ou secouru. Et lui, ou plutôt elle ? Avait-elle aidé quelqu'un en proie aux crocs acérés de ces bêtes sauvages ?
Yovan poussa un soupir et se tourna sur le dos, laissant le crépitement régulier du feu bercer ses oreilles. C'était apaisant. Puis il continuai ainsi en laissant son regard dériver sur la voûte céleste. Sa vie de nomade lui avait permit d'apprendre à connaître, et reconnaître, chacun des objets célestes incrustés dans le ciel nocturne. Une nécessité si l'on voulait resté sur la bonne voie la nuit tombante. Les constellations, objets si lointain disparaissant dès l'arrivée de Jeriel. Que devenaient-ils alors ? Il se posait la question alors que l'aube pointait juste sous son œil fatigué. Pourtant Harabella n'était toujours pas au rendez-vous. Il se rassit alors, fixant le feu qui n'était plus que braise, et, après un soupir épuisé – physiquement comme mentalement – il se leva. S'il était incapable de se poser, autant se rendre utile d'une quelconque façon. Restait à savoir comment. Son bras invalide, il ne pouvait plus aider aux gros œuvres pour le moment. Son regard se porta sur un groupe revenant des bois. Alors ce fut une évidence.