Catégorie de quête : IX. Apprentissage; XI. Mission temporaire; [quête suite au RP dirigé]
Partenaire : solo Elijah
Intrigue/Objectif :« Ce qui jadis a existé peu s’estomper naturellement. Le futur seul décidera. ». - La mission consiste à écrire une thèse en coopération avec d'autres Anges (d'un rang plus élevé) sur les relations entre les Anges et les Humains depuis la fin de la Guerre des Dieux en interrogeant les concernés.
Partie I : les Jardins de Jhen.

Elijah relut une fois de plus le parchemin qu’il avait trouvé à son réveil, posé sur sa table de chevet. Les éléments qui s’étaient déroulés cette dernière semaine lui semblaient n’être qu’un rêve, un songe étrange qui avait vite tourné au cauchemar et dont il s’était miraculeusement éveillé. Pourtant, il le savait au plus profond de lui : l’étrange folie qui s’était emparée de lui, puis la traversée de l’océan jusqu’à cette terre où il avait fui une créature gigantesque, tout cela n’était pas que création de son esprit. Il était tout bonnement incapable d’imaginer des choses aussi saugrenues. S’ajoutait à cette conviction profonde les quinze heures de sommeil sans se réveiller qu’il lui avait fallu pour parvenir à se remettre sur pied, chose des plus étranges, lui qui ne parvenait jamais à dormir plus de quelques heures d’affilées sans être réveillé par de terribles cauchemars. Le sommeil de plomb, sans le moindre rêve, était sans doute l’œuvre des remèdes de Werdna, qui avait sans aucun doute veillé sur lui depuis son retour. Il passerait la remercier lorsqu’il aurait un moment, et peut être qu’elle serait capable de lui raconter ce qu’il s’était passé depuis son arrivée – ses souvenirs étaient particulièrement flous après avoir touché cette étrange croix sur l’île. Néanmoins, maintenant n’était pas l’heure : il avait d’autres priorités. « Oui, c’est bien là… » murmura le brun, vérifiant une nouvelle fois l’adresse indiquée sur le parchemin. Il se trouvait devant une grande maison, dont l’architecture était typique des Jardins de Jhen, avec ses tuiles rouges et ses épais murs en pierre. Une fois encore, l’ange vérifia qu’il n’avait rien oublié. La lettre ne disait pas grand-chose, ce qui inquiétait l’ailé, mais elle avait clairement spécifier qu’il lui faudrait apporter de quoi écrire. « Bon… Il ne me reste plus qu’une chose à faire. » La boule au ventre, Elijah toqua une première fois. Le temps sembla s’étirer en longueur et Elijah se demanda un instant s’il y avait quelqu’un à l’intérieur qui l’attendait bel et bien. L’okan réfléchit un instant. Il était sur ses gardes : il n’avait aucun doute sur la provenance de cette lettre, elle était de la même origine que le parchemin trouvé sur le pont du navire. Tout le lui criait, s’il voulait obtenir la récompense promise, il devait continuer la quête qui lui était confiée. Mais les évènements fous qui s’étaient déroulés l’empêchaient d’être serein : comment savoir si derrière cette porte ne se cachaient pas d’autres inconnus qui lui sauteraient à la gorge, ou bien une créature abominable qui essayerait de le tuer ?  Posant une main sur la garde de son épée, le jeune homme leva la main pour à nouveau faire savoir sa présence.

La porte s’ouvrit avant que le brun n’ait pu y donner les coups qu’il souhaitait. Il s’arrêta in extrémis, juste avant de toucher la personne qui venait de se montrer à l’entrée. La surprise passée, l’ange se redressa rapidement, mettant ses mains dans son dos et adoptant une posture militaire, le buste droit et le regard devant lui. L’inconnu face à lui le scruta de son regard inquisiteur : Elijah faisait partie de ces jeunes anges à qui l’on avait donné un entrainement sommaire pour participer à la guerre. Il avait été envoyé au combat avec les bases minimales, et sans doute devait-il sa vie à la chance, et non pas à son entrainement. L’expérience des combats qu’il avait menés lui avaient néanmoins conféré une certaine force et sans doute quelques réflexes. Mais le plus expérimenté devinait les faiblesses : les jambes trop écartées pour atteindre un équilibre optimal, ou encore la position étrange dans laquelle il gardait son aile gauche… Nerveux sous l’inspection de l’inconnu, Elijah se racla la gorge avant de prendre la parole. « Je suis… » « Tu es le nouveau Script qui nous a été envoyé ? » Elijah hésita une seconde, fronçant les sourcils. Il acquiesça finalement. « Elijah, Monsieur. » « Bien, entre. Nous sommes déjà en retard. » A peine fut-il entré que la porte se refermait derrière lui. « En retard ? » « Oui, nous sommes attendus aujourd’hui. Nous devrions déjà y être. Tu étais censé arriver hier, nous aurions eut le temps de tout t’expliquer correctement mais tu ne viens qu’aujourd’hui. » Elijah s’apprêtait à protester, mais l’homme ne lui en laissa pas le temps. « On nous avait prévenu que tu risquais d’avoir du retard, cela dit je ne m’attendais pas à plus d’une heure ou deux. Tu as tout ce qu’il te faut pour écrire ? Parfait. Alors allons-y. »

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Elijah suivait l’homme depuis plusieurs minutes maintenant, sans que ni l’un ni l’autre n’aient prononcé le moindre mot. Cela ne posait pas véritablement problème à l’okan, qui se sentait habituellement plus à son aise lorsqu’il n’était pas question de parler, mais depuis qu’ils avaient quitté la petite maison, Elijah se sentait tendu. Il n’avait pas apprécié les remarques de l’ange quant à son retard. Ce n’était après tout pas sa faute s’il s’était écroulé de sommeil, pourtant l’inconnu semblait le considérer comme le seul responsable. Cette pensée agaçait le brun, comme s’il était la victime d’une injustice. S’ils étaient si en retard, pourquoi ne faisaient-ils pas le chemin en volant ? Était-il possible que cet étrange individu ne se soit rendu compte de la blessure qu’il s’était fait à l’aile ? – pour cela aussi, il devrait demander des explications à Werdna. L’inconnu ne semblait pas être beaucoup plus âgé que lui, et pourtant il dégageait une aura imposante, le genre d’aura que possèdent les personnes importantes et haut-gradées. L’okan se sentait ridicule à ses côtés. Empoté, lent, et ignorant. Il détestait ces sentiments, mais il n’avait d’autre choix que de se taire et d’obéir. Il devait mener sa mission à bien, et aller jusqu’au bout. Il était hors de question qu’il se mette plus à dos cet homme qu’il devrait certainement supporter du début à la fin. Leur marche rapide se mit soudainement à ralentir. « Nous allons bientôt arriver. » indiqua l’homme. « La fierté est quelque chose de dangereux, pour un ange. » Elijah observa avec interrogation celui qui avait pris la parole. « J’avais imaginé que tu aurais plein de questions. Qui sommes-nous, que faisons-nous, où est ce que je t’emmène… Ce genre de chose. Mais tu n’as pas dit un mot de tout le trajet. Puisque tu nous a été envoyé pour nous aider, j’en déduis donc que tu n’es pas un simplet ou un idiot. Tu dois donc être trop fier pour me poser des questions. » Il était vrai que toutes ces questions lui avaient traversé l’esprit. Mais puisqu’il avait dû avancer à l’aveugle durant toutes ses anciennes péripéties, il avait simplement supposé qu’il devrait se contenter, pour toute réponse, de la lettre qu’il avait trouvée. Voilà qu’il se sentait désormais sot. « Je ne suis pas bavard. Je ne prendrais que les informations que vous sentirez bon de me donner, au moment où vous le jugerez adéquat. » Cette réponse fut accueillie par un sourire moqueur. « Voilà le problème, Elida. » « Elijah. » rectifia celui-ci. « Oui oui, comme tu veux. Le fait est que, dans notre métier, il faut se montrer curieux. Il ne faut pas se contenter de ce que l’on nous donne. Il faut aller jusqu’au bout des choses, extirper jusqu’à la dernière goute toutes les informations que l’on peut trouver. Il ne faut jamais être satisfait, avant d’être certain que nous n’ayons toutes les clés en main. Et même à ce moment-là, nous avons sans doute tort, car des choses nous auront été cachées, des vérités dissimulées, des pistes n’auront pas été explorées… » Elijah marchait désormais aux côtés de l’homme, et non plus dans son sillage : maintenant qu’il était sur le point de recevoir des réponses, il ne voulait pas en rater une miette. « Bien, dans ce cas laissez-moi vous poser une question : comment dois-je vous appeler ? » Il ne lui avait en effet toujours pas donner son nom. « Je suis Marcus. Et tu manques encore l’essentiel. Peu importe qui je suis, individuellement. Ce qui compte, c’est ce que nous faisons, ensemble. » « Et qui est ce nous auquel vous faites sans-cesse référence ? » « Ah, voilà qui devient enfin intéressant. Nous sommes au nombre de trois, quatre maintenant que tu es là. Et puisque tu sembles y porter de l’importance, les deux autres se prénomment Angélique et Viktor. Nous sommes des chercheurs. Des scientifiques ! Mais loin de nous l’idée de découvrir la science du vivant ou les mécanismes qui les animent, nous nous intéressons à leur comportement ! » Marcus semblait habité par une passion nouvelle. « As-tu déjà entendu parler des différentes rumeurs qui circulent sur les nôtres ? » « Laquelle ? » Effectivement, beaucoup de rumeurs circulaient sur les ailes blanches ces derniers temps, certaines moins agréables que d’autres. « Celles concernant nos gardiens. » Elijah grimaça. Effectivement, il en avait entendu parler, et pas qu’un peu : Werdna ne cessait de s’indigner des comportements outrageux de certains des leurs. Elle-même étant la gardienne d’une humaine, elle tolérait difficilement l’idée que certains puissent agir de la sorte. L’okan, lui, ne savait quoi penser. Une part de lui cherchait instinctivement à excuser ces hommes et ces femmes qui se battaient pour la survie des leurs, et qui préféraient sacrifier leurs protégés afin d’assurer la pérennité de la race, mais les discours enflammés de son amie semblaient lui donner des doutes. Sans trop s’étaler sur ces préoccupations, il se contenta de hocher la tête. « Mes collègues et moi-même essayons de comprendre le lien si particulier qui nous lie aux humains, et plus particulièrement l’évolution de cette relation, devenue fragile depuis la guerre divine. Nous voulons savoir ce qui pousse les gardiens à agir de la sorte ou, au contraire, ce qui les en retient… Nous avons déjà chercher des pistes dans la littérature et la philosophie, mais désormais nous nous intéressons directement aux concernés. Nous allons les interroger. » « Et en quoi consiste mon rôle ? » « Toi, tu es là pour noter tout ce qu’il se dit, et noter nos idées. » Marcus s’arrêta devant une porte où il donna quelques coups. « Tient, mets ça autour de ton cou. » Elijah observa avec curiosité le collier qui pendait à son cou. « Tu comprendras vite à quoi il sert. »

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"Depuis quand êtes-vous un ange ?" demanda Marcus. Le duo avait rejoint leurs collègues qui se trouvaient déjà chez leur hôte, Joras Markathiel. Après de brèves salutations, le plus haut gradé avait rejoint les autres chercheurs sur les sièges de la salle à vivre tout en faisant apparaître un pupitre où s'était installé Elijah pour pouvoir écrire tout ce qu'il entendrait. "J'ai été transformé il y a de cela quinze ans, à la fin de l'ère de la Renaissance du dieu roi." Joras possédait une voix grave, caverneuse, qui allait bien avec son physique. Il possédait une stature imposante. "Et de quelle race étiez-vous, avant cela ?" "J'étais un bélua." répondit l'homme. L'okan, assis devant son petit bureau, se mit à gratter son parchemin avec sa plume. Ses lettres étaient quelques peu difficile à décrypter à cause de son écriture brouillonne. Mais cela ne l'inquiétait guère pour le moment : ce qui importait, c'était de prendre en note toutes les informations. "Vous combattiez donc pour Sympan, n'est ce pas ?" "En effet." "Et lors de votre réincarnation, qu'avez-vous ressentit ?" L'ancien homme-bête prit quelques secondes pour réfléchir à la question. "Eh bien, j'étais tout bonnement sous le choc. Passer d'Eversha à Ange... Ce n'est pas une mince affaire. Il s'agit là de deux cultures totalement distinctes, qui n'ont rien à voir l'une avec l'autre. Et ne parlons pas de religion. Moi qui m'étais battu toute ma vie pour la gloire de l'Unique, voilà que l'on exigeait de moi que je me batte pour des traîtres qui avaient desservi le créateur... C'est un schéma de pensée totalement différent, et il m'a fallut beaucoup de temps pour accepter cela. Enfin, non... Je n'ai jamais vraiment réussi à l'accepter. Aujourd'hui encore, je vénère Mère-Nature et même lorsqu'il m'a fallut rejoindre vos rangs, je n'ai jamais cessé de prier pour elle... Mais j'ai combattu à l'encontre de mes propres convictions, puisqu'il le fallait. J'étais un guerrier, bien avant ma réincarnation. On attendait de moi que je continue à me battre." Le trio de chercheur se contentait d'écouter les parole de l'ange qui racontait son histoire d'une voix calme. Parfois, l'un ou l'autre fronçait les sourcils ou hochait la tête, mais personne ne fit de commentaire qui aurait coupé la parole du témoin. "N'est pas né d'une race bénéfique. Cela peut éventuellement jouer dans ses convictions." Elijah sursauta. Cette phrase avait résonné dans sa tête. Affolé, il releva la tête pour essayer de comprendre ce qu'il lui arrivait. Il croisa alors le regard d'Angélique qui pointa son pendentif du doigt. L'angelot cligna des yeux, un peu perplexe, avant de comprendre : Marcus lui avait bien dit qu'il comprendrait à quoi servait ce collier... Sans doute était-ce là la réponse : ils pourraient communiquer ensemble sans que l'homme ne puisse entendre leurs remarques. Le brun acquiesça et s'empressa de noter la remarque dans la marge du parchemin. "Et comment êtes-vous mort, exactement ?" "J'ai défendu l'un des nôtres, et suit mort à sa place. Je suppose qu'il s'agit de l'un des sacrifices qui accorde une seconde chance auprès de vous..." "Utilise encore le pronom "vous". Il ne se sent peut-être pas encore intégré à la communauté, il se sent marginal..." "Hum... Et pour quelle raison êtes-vous devenu un ange gardien ? N'étiez-vous pas un guerrier ? Devenir soldat ne vous aurait-il pas mieux convenu ?" "C'est bien vrai... Encore aujourd'hui, je ne suis pas certain de comprendre... Mais C'est ce que les Grands m'ont conseillé de faire alors... Je m'exécute." termina simplement l'homme. "Et que pensez-vous de votre fonction de gardien ? Qu'est ce qui est le plus important, à vos yeux ?" "Sans aucun doute, il s'agit de faire les meilleurs choix pour mon protéger. Je dois m'assurer qu'il reste sur le droit chemin, qu'il ne succombe pas au mal et qu'il fasse ce qu'il y a de mieux pour lui." "Et vous pensez être le mieux placer pour en décider ?" "Bien évidement. Je suis son gardien. Sans moi, ils ne pourraient pas vivre correctement. Sans moi, ils seraient tout simplement perdus..." Elijah fronça les sourcils en transcrivant les paroles de l'ange.

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"Oh non, je n'ai jamais pensé à lui demander une chose pareille !" s'offusqua l'ancienne magicienne. "Je sais que de nombreux gardiens se déshonorent en exigent de leurs protéger de se sacrifier, en espérant les voir se réincarner en ange. Mais moi, je trouve cette stratégie grotesque !" Elijah trempa sa plume dans l'encrier avant de reprendre l'écriture de son rapport. Cela faisait maintenant une semaine qu'il était en compagnie de ces chercheurs, à interroger des anges du Jardin de Jhēn. Il était devenu expert dans sa tâche, et se contentait désormais de synthétiser les réponses des questionnés. "Même s'ils se réincarnent bel et bien en ange et perpétuent la race... Eh bien, nous savons tous dans quelles mains ils atterrissent ! On les envoie dans la gueule du loup ! Les démons sont loin d'être tendre avec les nôtres, et la mort serait sans doute préférable pour bon nombre de ces miséreux qui ressortent du fleuve ! S'ils ne sont pas tués, ils sont réduits à une vie de misère ! Non, aucune chance que je puisse demander à mon protéger de faire un tel sacrifice, encore moins au nom de notre race. Si vous me demandez mon avis, cela va totalement à l'encontre de nos valeurs !" Elijah grimaça mais ne fit aucun commentaire. Ce n'était pas à lui de dire quoi que ce soit. Il n'était pas là pour donner son avis... Pourtant, cette semaine avait mis ses nerfs à rude épreuve. Il n'arrêtait pas de changer d'avis, se rangeant un jour du côté des uns, puis le lendemain du côté des autres... Ces entretiens ne cessaient de lui faire tourner la tête. Parfois, il devait se mordre la langue pour s'empêcher de montrer ses états-d'âme. La première et dernière fois où il avait laissé transparaître son mécontentement, il s'était attiré le courroux de Marcus qui l'avait réprimandé durant des heures une fois qu'ils avaient terminé leur interview. Hors de question qu'il se face remonter les bretelles une seconde fois. "Pas étonnant que la moitié de la population humaine nous déteste et que l'autre moitié se montre méfiante... Comment espérer qu'ils nous fassent confiance quand certains d'entre nous les envoient à l'abattoir ? Ce ne sont pas juste du bétail, bon à produire des angelots ! Ils ont des sentiments. Des convictions propres. Ce n'est pas à eux d'essuyer nos erreurs, ni même de mener notre combat. Les pauvres ont déjà bien assez subit comme ça, la colère de Sympan les a frappé tout aussi durement que nous. Pourquoi irions-nous les affliger d'autres maux ?" L'ancienne magicienne secoua la tête, visiblement dépassée par ce sujet qui lui échappait. "Et que pense de votre protéger de tout ceci ?" "Oh, je suppose qu'il est rassuré que je ne sois pas l'une de ces fanatiques. Ahena pardonne ceux qui le mérite et leur offre une seconde vie, qu'ils se sacrifie pour nous ou non. Je le lui ait toujours répété. Je suppose que c'est en partie pour cela qu'il a accepté de se lier à moi. Autrement, je vous assure qu'il aurait préféré attendre qu'Ezechyel vienne le faucher." "Et qu'est ce qu'il faudrait faire, selon-vous, pour que l'on puisse regagner leur confiance ?" "Eh bien, déjà, arrêter de les envoyer dans les bras de la Mort prématurément. Et ensuite... Les laisser faire leurs propres choix. Leur montrer que nous sommes à leur écoute, et que nous acceptons leurs choix, sans imposer les nôtres. C'est ce qu'ils nous refusent, après tout... Peut être serait-il également nécessaire de trouver une solution à notre problème de natalité, avant d'essayer d'aller plus loin... Notre défaite contre les enfants du Mal les a beaucoup affecté, et en a déçu plus d'un. Peut-être serait-il une bonne idée de leur montrer que nous sommes suffisamment fort pour les protéger, que nous méritons notre titre de Gardien. Qu'ils peuvent compter sur nous, pas seulement lorsqu'ils vieillissent plus vite que la normale, mais en toute circonstance." Elijah leva discrètement les yeux en l'air. Ce genre de réponse l'agaçait. Bien sûr, il était simple de donner des idées aussi vagues, sans rien de concret. En attendant, les choses n'allaient pas aller plus vite.

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"Qu'est ce qui vous a fait changer d'avis ?" L'ange hésita avant de livrer le fond de sa pensée. "Je suppose que depuis la perte de mon premier protéger, la crainte d'en voir un autre m'échapper ne m'a jamais quitté..." Une minute de silence suivit cette réponse. Le trio attendait vraisemblablement plus de détails, qui tardaient néanmoins à venir. L'ange soupira avant de finir par céder au regard de ses trois invités. "C'était durant la guerre. J'étais partie en mission, pour me battre aux noms des Divins... J'étais à des milliers de kilomètres et pourtant, lorsqu'il est mort, je l'ai senti comme si c'était moi que la vie quittait... J'ai cru mourir. J'ai cru que mon monde s'écroulait... Vous pensez avoir tout vu, n'est ce pas ? Vous pensez que le pire est passé. Mais non. Lorsque l'on devient gardien, on n'est jamais à l'abri de voir notre protéger nous filer entre les doigts. Et croyez-moi, le voir mourir... C'est pire que la mort. J'ai prié, pendant des jours et des nuits. J'ai imploré toutes les déités qui m'étaient connues pour que l'on me le rende. J'ai pleurer, hurlé... J'ai maudis tout ceux qui n'avaient pas défendu mon bien aimé..." Les larmes mouillèrent les yeux de l'ange qui marqua une pause, visiblement submergé par des sentiments terrifiants. "Je pense que personne ne peut s'imaginer ce que cela fait, à moins d'en avoir fait l'expérience. C'est comme si une part de vous disparaissait. Perdre un enfant, c'est atroce... Mais perdre son humain... C'est au delà des mots. C'est une douleur plus insupportable encore." Une goutte finit par perler le long de sa joue, bien vite essuyée d'un geste rageur. "Bien évidement, mes prières n'ont pas trouvé de réponse. Il n'est jamais revenu. Il était juste... partit. Je l'ai cherché, pourtant. Aussitôt qu'il était mort, je suis retourné à la citadelle blanche, dans l'espoir qu'il se serait réincarné en ange -il avait après tout vécu une vit très respectueuse, pleine de vertus. Mais non. Ahena ne le considérait pas comme assez méritant." Angélique tendit un mouchoir au gardien qui s'en empara pour essuyer ses larmes. "Il avait disparu. Il avait rejoint le néant. Il m'avait abandonné. Ou plutôt, je l'avais laissé tombé. Plus jamais je ne le reverrais." Son poing se serra autour du tissus qu'il tenait fermement. "Vous savez les chances pour que quelqu'un se réincarne en ange après avoir vécu une vie normale ? Elle sont particulièrement faibles. Tout du moins comparées aux chances que l'on a de revenir en ce monde après s'être sacrifié. Dans ce cas là, on est pratiquement certain que l'on pourra revenir parmi nous..." Son regard défiait quiconque de le contredire. "Alors oui, je n'hésites pas une seule seconde à pousser mes protéger à se sacrifier, puisque je sais qu'il reviendront par le fleuve... Même s'il est aux mains des démons, ce n'est qu'un question de temps. Un jour, nous parviendront à récupérer nos terres. Et ce jour là, je retrouverait tous ceux qui m'on été arrachés. Ils seront devenus meilleurs : plus forts, plus agiles, plus puissants... Ils seront capable de se défendre eux-mêmes, avec leur magie. Et puis, ils n'auront pas disparus." Un nouveau silence s'installa. Comprenant qu'il en avait terminé, Marcus prit la parole. "Et que pensez-vous que ressentent les humains, face à cette vague de sacrifices ?" "Ils comprennent. J'en suis persuadé. Ils savent que nous faisons cela pour leur bien. Je suis certain que lorsque je retrouverai mes protégés, ils m'auront pardonnés. Ils savent que ce que je fais est dans leur intérêt. Et puis, ce n'est pas comme si c'était quelque chose de facile. Les perdre, même si ce n'est que temporaire, cela reste toujours aussi affreux... Ils en ont conscience." "Et concernant ceux qui refusent de se lier ? Pensez-vous que cela a à voir avec ce comportement qui se repend un peu plus chaque jour dans nos rangs ?" "Peut-être... A vrai dire, je ne parvient pas à comprendre leur acharnement. Sans nous, ils sont perdus... Ils devraient accepter notre aide, plutôt que de s'entêter à nous repousser."

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"Vous aviez déjà entendu parlé de ce genre de pratique, lorsque vous étiez encore chez les réprouvés ?" L'homme acquiesça. "Ce n'est pas exactement le genre de chose dont on discutait librement, même les réprouvés de Stenfek ne sont pas ouverts au point de laisser leur marmaille partir sans une once de regret... Mais il y avait des bruits qui courraient, des murmures qui se laissaient entendre quand on y faisait pas attention. Sur le moment, je n'y prêtait pas vraiment d'importance, je ne comprenais pas vraiment ce que ça impliquait. A ce moment là, je n'étais pas encore un ange -pas vraiment. Mais maintenant que je suis moi-même un ange gardien, les choses ont prit une ampleur bien différente. J'ai comprit de quoi il s'agissait réellement. J'ai compris que les choses étaient plus compliquées que ce qu'elles ne paraissaient être à l'époque." "Que voulez-vous dire, plus compliquées ?" "Eh bien, chez les réprouvés, on ne fait pas dans la dentelle... D'accord, les gens de Stenfek restent tout de même plus civilisés que ceux de Bouton d'or, mais tout de même... On me présentait les choses comme s'il n'y avait qu'une façon de voir... On me montrait seulement ce que l'on voulait pour me donner envie de rester. Les extrémistes, ils avaient une sacrée réputation : ce n'étaient que des fous qui envoyaient leurs protégés dans la gueule du loup. Un peu comme si on abandonnait son propre enfant. Et pars les Puissants, ce que c'est important de là d'où je viens, les mioches !" L'ange partit dans un rire tonitruant. Même s'il avait quitté la terre des bipolaires, il avait gardé d'eux quelques manières qui tranchaient avec les comportements habituels des anges. Il avait néanmoins été jugé apte à devenir gardien, ce qui signifiait qu'il s'était habitué aux coutumes raciales. L'homme reprit son calme. "Plus sérieusement, je n'ai jamais voulu faire partie de ceux là. De ceux qui peuvent fermer les yeux sur le sort qu'ils réservent à ceux à qui ils ont pourtant juré protection, ceux qu'ils ont juré de défendre. Mais d'un autre côté... Les choses ne sont jamais toute blanche ou toute noire..." Le fils de réprouvés soupira. "Les humains sont tellement fragiles... Même s'ils ont leur anti-magie, ce n'est pas une protection infaillible... L'Histoire a montré à plusieurs reprises qu'ils sont vulnérables. Les démons ont failli les éradiquer. Les vampires se sont pendant longtemps nourri de leur sang sans jamais en payer le prix... D'autres races sont sans doute indifférentes à leur présence mais beaucoup les repoussent à cause de ce qu'ils représente, à cause de la menace qu'ils pourraient devenir... Je sais qu'ils ne sont pas de simples agneaux qui auraient besoin d'un berger pour les guider, mais je comprends qu'il soit facile de les voir comme des êtres à protéger, parfois contre eux-même. Ca n'excuse pas leur comportement, mais ça rend la chose plus facile à comprendre..." L'ange se gratta la tête, visiblement gêné. "Même à moi, il m'est déjà arrivé d'envisager la chose. Ce serait plus simple pour eux de se défendre face à leurs ennemis, s'ils étaient correctement préparés, s'ils pouvaient manipulés eux aussi la magie... La seule chose qui m'en aura empêché -mis à part les menaces de la concernée, qui prétend me trancher la gorge si jamais j'ose tenter une telle chose-" de nouveau, l'homme rit à sa blague avant de continuer. "c'est l'idée de ce qui lui arriverait, une fois de l'autre côté de l'équation... Les livrer aux démons, ce n'est pas digne d'un ange. Et si même moi je suis capable de voir ça -alors que je suis issus d'une population dénué de vertus et de morale, selon certains- alors tous devraient pouvoir l'envisager également..." "En avez vous déjà discuté avec certains de vos collègues ?" "Pas vraiment... C'est un peu tabou, vous savez. En parler et donner son opinion de la sorte, ce serait comme de venir pour vous dire ce qu'il conviendrait mieux de faire dans votre vie privée... Ca ne se fait pas vraiment et tant que l'on n'en parlera pas franchement, il sera difficile de trouver une solution."

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"Alors ?" demanda Angélique en s'appuyant contre le bureau où était installé Elijah. Ce dernier releva la tête pour observer son employeur d'un air interrogateur. De toute évidence, il ne comprenait pas la question. La femme sourit tout en indiquant les nombreux parchemins étalés devant l'ailé. "Ce n'est pas trop difficile, tout ça ?" Le jeune homme haussa les épaules, visiblement indifférent à la question. Ce n'était pas réellement une question de difficulté. Sa tâche était plutôt simple : recopier au propre ce qu'il avait gribouillé à la hâte sur des morceaux de papiers, lors des entretiens qu'ils avaient passés avec les anges et les humains. La tâche était néanmoins fastidieuse : son écriture naturelle était des plus brouillonne, en patte de mouche et pratiquement illisible. Lorsque Marcus avait essayé de le relire, la première fois, il lui avait passé un sacré savon en lui reprochant de ne pas prendre son travail au sérieux. C'est à cet instant que l'okan avait compris qu'il ne valait mieux pas contrarier son supérieur. Et pour éviter qu'un tel scandale ne se reproduise, le plus jeune avait donc promis de recopier au propre et avec soin -et surtout de façon lisible- chacun des comptes rendu. Tout recopier lui demandait beaucoup de temps. Et ce n'était pas encore fini : une fois qu'il aurait retranscrit tout ce qui s'était dit, on lui avait demandé de faire un premier tri entre les similitudes et les différences entre les réponses apportées. Fort heureusement, on ne lui avait pas encore demandé de trouver une explication à ces divergences... Ca, ce serait le travail de ses associés. Le trio analyserait chacune des données récoltées pour pouvoir comprendre l'évolution des liens unissant les deux peuples... D'un certain côté, Elijah était rassuré de ne pas avoir à s'occuper de cette dernière étape et, d'un autre côté, il se sentait presque... déçu. En réalité, il appréciait ce qu'il faisait ici. Même si c'était plus fatiguant qu'il ne se l'était imaginé, le novice s'était rendu à l'évidence : il apprenait énormément en étant au contact des trois anges. Leurs pensées le faisait sortir de ses zones de conforts, le confrontaient avec des idées qui le dérangeaient et qu'il refusait bien souvent d'admettre. Il était quelque peu bousculé dans ses croyances et si cela avait été dérangeant au début, le brun s'y était finalement fait et y trouvait même un penchant positif.

L'okan secoua la tête pour répondre à sa supérieure. "C'est juste chronophage." Cela avait peu d'importance : il n'avait rien d'autre à faire, de toute manière, et puisqu'il ne dormait pratiquement pas, autant utiliser ce temps libre à bon escient. "Oui, c'est certain... C'est bien pour cela que nous t'avons recruté. Pour nous libérer du temps et pouvoir continuer nos recherches..." Angélique marqua une autre pose tout en observant le plus jeune écrire à l'encre bleue. "Lorsque nous ne sommes pas en train de poser des questions, nous sommes plongées dans la littérature qui s'est déjà faite sur le sujet. Des livres sociologiques, d'autres religieux, d'autres encore sont de l'ordre de la philosophie... On en apprend beaucoup à chaque fois. Et puis, un autre pan de notre métier consiste aussi à contacter les personnes que l'on souhaite interroger. Il y a une part d'humain, dans tout cela. Tu devrais peut-être essayer de t'y mettre, toi aussi. Ça t'aidera pour mieux comprendre le métier." Elijah fronça les sourcil. "Je ne suis pas à l'aise, avec les gens." "C'est bien pour cela qu'il faut t’entraîner." répondit l'Ànjonú. Le brun marqua une pause. "Pourquoi faire ? C'est vous qui posez les questions..." "Et ne voudrais-tu pas pouvoir participer un peu plus activement, toi aussi ? Te mêler aux interview." L'homme haussa les épaules, un peu perplexe. "Je ne sais pas. Ce n'est pas très utile, si je ne deviens pas sociologue. Ca ne me servira pas." "Eh bien en parlant de ça..." Angélique se releva et contourna le plus jeune pour se mettre face à lui, de l'autre côté du bureau, les mains à plat sur la table. "Ça pourrait changer, tu sais. Puisque tu es ici, tu devrais en profiter. Apprendre au maximum tant que tu es à notre côté. et puis, qui sait... Peut-être que tu te révéleras être un très bon chercheur. Peut-être au point d'en faire ton métier..." Le visage d'Elijah fut plus marqué encore par la consternation, ce qui fit rire la plus avisée. "Je ne te dis pas de te décider tout de suite, mais tu devrais réfléchir à la question. Nous avons terminé notre travail ici, mais nous allons partir pour interroger des humains. Ce sera l'occasion de t'exercer. Et puis, ma foi, tu verras si cela te plait ou non."

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