| | Auteur | Message |
---|
Sól ~ Réprouvé ~ Niveau II ~
◈ Parchemins usagés : 2054 ◈ YinYanisé(e) le : 07/07/2016 | Lun 24 Déc 2018 - 16:27 | |
| Image d'origine inconnue Lus Santa'Claus
"Quelqu'un en fait encore à sa tête." Drem soupira tout en relevant le nez de son livre de comptes. "Il y en a toujours un pour gâcher l'esprit de Santa'Claus..." La femme d'affaire se frotta les paupières, lasse. Elle portait son nom on ne pouvait plus mal, car la patience n'était pas un trait qui la caractérisait, ce soir tout particulièrement. Les préparatifs pour la soirée avaient commencés depuis plusieurs jours et l'idée qu'un idiot réduise ses efforts à néant lui était tout bonnement insupportable. Se pinçant l'arrête du nez, elle contrôla son impulsion démoniaque. Ce soir, il fallait se montrer sympathique, même avec ceux qui ne le méritaient pas. C'était, après tout, ce que devait transmettre cette tradition. S'appuyant contre le dossier de sa chaise, elle observa son employé, attendant visiblement des explications. "Un homme prétend avoir perdu son ticket de loterie, et insiste pour qu'on lui donne un lot." "Laisse-moi deviner, il n'a même pas fait semblant de participer aux jeux." s’esclaffa la réprouvée. En face d'elle, l'homme esquissa un sourire désabusé. Habituellement, il se serait occupé du problème sans venir déranger la patronne, mais ce soir, il n'était pas sûr de l'attitude à prendre. "Bien. Allons apprendre les manières réprouvées à ce crétin." Se disant, elle attrapa son arme qu'elle mit à sa ceinture, bien en évidence. La salle, en bas, était bondée. Les clients s'attroupaient autour des tables de jeux, pariant ou participant aux activités. Les gagnants se ruaient vers l'estrade où étaient exposés les gains à remporter, gardés précieusement par des vigiles aux muscles saillants dont le seul regard suffisait à dissuader les mains baladeuses. Avec difficulté, des femmes vêtues de rouge et de blanc se frayaient un chemin entre les clients, servant à qui le désirait des boissons réconfortantes. Le tout semblait animé par la bonne humeur, si l'on omettait le regard menaçant que lançait Drem sur le casse pied qu'elle attrapa par l'épaule. "Toi là, si tu veux pas que je te casse le bras, tu as intérêt à arrêter tes conneries !" "J'vous assure M'dame, chui propri-hic-étaire de l'un d'ces cadeaux..." L'odeur d'alcool qui empestait de l'homme ne fit que grimacer d'avantage la propriétaire du bar. Il n'y avait aucune raison d'essayer de négocier avec un poivrot, aussi la brune attrapa-t-elle son client récalcitrant et commença à le traîner de force vers la sortie, se dégageant un passage comme elle le pouvait. Elle ignora superbement la magnifique hôtesse payée pour embrasser les clients qui passeraient sous la branche de gui, minutieusement installée au dessus de la porte qu'ouvrit Drem.
La taverne débouchait sur une petite place, déjà bondée, bien qu'elle fut l'une des plus grandes de la cité du crime. Pourtant, ce soir, l'on oubliait facilement les pans sombres qui faisaient la renommée de la ville. Dans le ciel, des guirlandes de lanternes rouges, blanches et vertes avaient été tendues pour illuminer la nuit. Toutes convergeaient vers un immense sapin qui se recouvrait peu à peu de décorations : des boules décorées contenant les prières aux Zaahin, des statuettes aux effigies des différents héros, porteurs d'espoirs. La tradition voulait que l'on attache au grand arbre un rouleau de parchemin sur lequel on aurait écrit au préalable ses désirs pour la prochaine année, mais la tradition avait légèrement évolué pour devenir plus créative. A quelques pas du sapin, une arène avait été aménagée pour les inévitables combats de force des réprouvés, et de l'autre côté de la place des artisans vendaient leurs produits. Drem avait entendu parler d'autres activités, comme une scène où se dérouleraient des pièces de théâtres, des danses et autres spectacles. Tout cela ne sonnait pas très réprouvés à ses oreilles, mais il n'y avait rien d'étonnant : Sceptilinost accueillait des visiteurs de toutes horizons, le seul point commun entre toute cette populace semblait être l'attrait pour le vice. Il fallait bien trouver des moyens de divertir tout ce beau monde. Les activités habituelles du lieu -bordels, casinos et autres planques du mal- ne plairaient sans doute guère aux originaires de Stenfek. Tout cela n'était pas assez raffiné pour eux... Drem aurait volontiers craché sur leur dos mais ce soir n'était pas la bonne soirée pour déclencher une querelle.
"Tire toi de là, et que je n'te reprenne plus à essayer de tricher dans ma taverne ! C'est compris ?!" Le bougre vacilla quelques secondes, semblant vouloir en découdre, avant d'être avalé par la foule qui l'engloutit. Devant la réprouvée, une enfant tendit sa boite de chocolats. "Joyeux Santa'Claus !" Déroulement
Bonjour ou bonsoir les loulous !
Bon alors, j'ai fait un petit truc simple, juste histoire de reprendre la tradition réprouvée mais si vous voulez rajouter des choses, vous pouvez. Cette année Santa'Claus se fait à Sceptilinost, pour que les fêtes tournent un peu et que tout le monde puisse participer. Les préparatifs ont commencés depuis un petit moment déjà, car l’événement attire beaucoup de monde, et la ville est remplie ! Même si les enseignes un peu craignos sont toujours ouvertes, elles sont plus discrètes que d'habitudes pour laisser place à l'esprit de Santa'Claus. Toutes les places ont été réquisitionnées pour accueillir un grand sapin que les gens peuvent décorer. En plus de ça, il y a des activités qui y sont organisés : confection de décorations pour le sapin, petit marchés où les artisans locaux peuvent vendre ce qu'ils ont produit, des combats où le vaincu doit donner un cadeau à la personne qu'il a affronté et pour distraire les visiteurs qui ne seraient pas réprouvés, il y a aussi quelques scènes avec des spectacles de danses ou de chants -ou tout ce qui vous plait. Des casinos organisent également des activités où l'on peut gagner des cadeaux. Encore une fois, faites vous plaisir pour les activités ~ Il y a des ventes de nourriture et de boissons pour se réchauffer.
Si vous avez un doute, vous pouvez aller voir le descriptif de la fête.
C'est un lieu principalement Réprouvé mais il est ouvert à toutes les personnes qui ont une raison d'être là. Vous avez jusqu'au 31 Janvier pour poster. Joyeux Noël
Gains
Pour 900 mots minimum : - 1 point de spécialité au choix.
OU Pour 1100 mots minimum : - Une arme au choix (participation au combats de réprouvés) - Tirage au sort à la loterie (gagner un jeu au casino de Drem)
Pour 450 mots de plus (donc, pour 1 350 ou 1540mots minimum) : - 1 point de spécialité au choix.
|
| | | Invité Invité | Mar 25 Déc 2018 - 23:09 | |
| Menolee, assise sur le comptoir du bordel, regardait d’un air maussade Zora soulever les chaises une à une et les poser sur les tables dans un bruit régulier de claquement de bois. -Arrête de faire la tête, Kaazin, lança la tenancière sans prendre la peine de regarder la jeune fille. Ce soir, c’est jour de fête.Menolee fit une moue peu convaincue. -On perd beaucoup d’argent, en restant fermés un soir où autant d’étrangers sont en ville, rétorqua-t-elle avec un mouvement de menton vers la rue, dont la rumeur ténue traversait les murs. -Toi et les filles, vous aurez qu’à mettre les bouchées doubles le reste du temps. En attendant, ne me fais pas croire que tu vas rester les poches vides. T’as un autre boulot qui t’attend, ne traîne pas. C’est pas comme si tu m’aidais beaucoup en me regardant ranger, de toute façon.Menolee ricana. -Compris, la vieille. Tu viendras boire un verre à mon bar, ce soir ? Histoire de ne pas passer le réveillon toute seule.Zora leva un regard sévère vers la jeune fille. -Gaffe à tes paroles, petite. Mais oui, je passerai peut-être pour vérifier que la concurrence ne me vole pas mes employées.Affichant désormais un air satisfait, Menolee balança ses jambes maigres et se laissa glisser du comptoir. Elle se dirigea vers la porte, à côté de laquelle elle ouvrit un placard où elle attrapa son épais manteau. -On se voit tout à l’heure, alors ! lança-t-elle par-dessus son épaule une fois qu’elle eut enfilé sa fourrure. Menolee ouvrit la porte dans un tintement discret et se fit immédiatement envelopper par un froid mordant. Un frisson la parcourut et un souffle lui échappa, dessinant une bulle de buée dans l’air nocturne. La jeune fille resserra son manteau autour de son corps, puis elle s’engagea dans la rue animée. Sceptelinôst était plus éclairée que de coutume. D’ordinaire, lorsque les soleils se couchaient, la nuit engloutissait les rues et le monde se retrouvait enfermé dans l’estomac noir du monstre nocturne. Mais depuis des semaines, les habitants de la ville s’employaient à parer les allées de lampions et de guirlandes qui s’illuminaient le soir venu et enchantaient l’ambiance. Menolee aimait ces lumières. Elles tenaient le monstre de la nuit à distance. Les rues étaient plus peuplées que d’habitude, également. Sceptelinôst ne dormait jamais mais sa population avait grossi le temps des fêtes hivernales. Santa’Claus était un événement qu’aucun Réprouvé ne voulait manquer et dont même les étrangers raffolaient. C’était le moment dans l’année où toutes les couches de la population se rendaient à Sceptelinôst, pas seulement les bandits et les malfrats. C’était aussi la seule fois que l’on célébrait la famille dans cette ville. Menolee étouffa un souffle ironique. Elle ne savait qui tentait de se bercer d’illusions, dans l’histoire. Sceptelinôst était bien la ville par excellence qui rassemblait tous les êtres esseulés et coupés de toute famille. La jeune fille finit par déboucher sur la place centrale, où se tenaient la plupart des festivités. La foule était compacte et la rumeur des voix dense. Menolee s’attarda un peu aux alentours de l’immense sapin qui avait été dressé au centre de la place pour l’occasion. L’arbre brillait de mille feux, la nuit avait été totalement chassée du lieu. De bonnes odeurs régnaient autour de Menolee et des chariots en bois couronnaient la place de leurs étals colorés. Après avoir traîné un peu devant les stands, Menolee quitta la place et s’engagea dans l’artère principale, elle aussi très peuplée. Elle ne tarda pas à enfoncer la porte d’un établissement dont la large devanture scintillait à outrance. L’intérieur était encore plus rempli que la rue et l’ambiance surchauffée pullulait de clients éméchés. Menolee se fraya un chemin à travers les stands du casino et les joueurs obnubilés, pour rejoindre le comptoir. -Je viens prendre le relais pour le service, lança-t-elle d’une voix forte à l’intention du tenancier surmené, en tentant de couvrir de sa voix le bruit ambiant. L’homme lui jeta un rapide coup d’œil puis lui indiqua d’un signe de la main le local des employés. -Va te changer là-bas, répondit-il. Ce soir, c’est tenue obligatoire.Menolee jeta un regard aux serveuses. Elles étaient vêtues de robes rouges très courtes, doublées de fourrure blanche, et agitaient le pompon de leur bonnet aux mêmes tons au rythme de leurs allées et venues endiablées. Menolee retint un ricanement. Les enseignes légales usaient exactement des mêmes artifices que les bordels. La jeune fille traça difficilement sa route jusqu’au local, où elle fut accueillie par un agréable silence. Elle déposa ses affaires en les tassant dans un coin en tentant de les cacher un peu – on n’était pas à l’abri d’un vol – puis attrapa l’une des tenues en question dans la garde-robe. -Ce sera quoi pour vous ?Menolee se pencha vers le client et posa une main sur la table. L’homme baissa ostensiblement les yeux vers son décolleté comprimé dans la tenue, puis il finit par retrouver son chemin sur le visage de la jeune fille, qui attendait sa réponse avec un grand sourire. -Euh, un whisky, commanda-t-il finalement. -Très bien. Si vous voulez des services d’autre nature, ajouta Menolee après avoir fait mine d’arranger son bonnet, je peux vous conseiller un très bon établissement, deux rues plus loin.Elle adressa un sourire éblouissant à l’homme qui avait ouvert ses yeux en grand, puis elle tourna les talons d’un pas bondissant. Elle adorait cette tenue. Sur le chemin vers le comptoir, son regard fut attiré par un client éméché que l’on jetait dehors. Il gesticulait et criait des paroles désarticulées, qui furent bien vite englouties par le tissu des voix à l’intérieur du casino. Menolee atteignit le comptoir. -Trois scotchs, un martini et un whisky, lança-t-elle à ses collègues derrière le bar. Et j’ai bientôt fini mon service.La jeune fille repartit en direction inverse et distribua les commandes, faisant au passage glisser à travers la table du dernier client l’adresse du bordel de Zora, accompagnée d’un clin d’œil. Une fois son service terminé, Menolee retrouva le local des employés et se changea non sans éprouver du soulagement à l’idée de quitter le lieu surchauffé par l’excitation humaine. Elle hésita un instant, puis fourra la robe de Santa’Claus dans son sac. Personne ne remarquerait la disparition d’un modèle. Et elle pourrait en faire bon usage chez Zora, selon les lubies des clients. Une fois de retour dans la rue glaciale, Menolee retrouva des rues plus discrètes et moins éclairées que l’artère principale. Elle bifurqua quelques fois, jusqu’à ce que les sons de la fête ne soient réduits qu’à une vague rumeur et qu’elle ne croise presque plus personne. Elle finit par s’arrêter et s’appuya contre une façade crasseuse, enfonçant ses mains dans ses poches pour tenter de les protéger du froid mordant. La jeune fille attendit une bonne dizaine de minutes. Puis un jeune homme se matérialisa près d’elle, l’air nerveux. Menolee retint un sourire. Ça devait être une de ses premières fois. -Le cash d’abord, lâcha-t-elle en se décollant du mur. Le jeune homme parut sur le point de protester mais il garda finalement le silence et sortit une bourse de sa poche. Menolee l’ouvrit, jeta un coup d’œil aux reflets prometteurs des lampadaires, puis fourra la bourse dans sa propre poche, avant de sortir un sachet de son sac. Elle le tendit au garçon, qui l’attrapa avec un regard mêlant appréhension et envie. -Merci, marmonna-t-il dans un souffle, et il tourna les talons sans rien ajouter de plus. Menolee le regarda s’éloigner. Il n’avait même pas vérifié la marchandise. Il avait de la chance que les Boziik certifiaient la qualité de leurs produits. Mais à défaut de profiter aux bordels, l’affluence d’étrangers avait au moins le mérite de faire fleurir le commerce des gangs. Menolee quitta la ruelle sombre et retrouva l’artère principale. La nuit était bien avancée, et elle avait envie de profiter des stands – en particulier de nourriture, elle mourait de faim. Elle n’était plus loin de la place centrale lorsqu’une silhouette l’attrapa par les épaules. -Kaazin !La jeune fille poussa un petit cri réjoui. -Dam’ !Elle rendit son étreinte à l’homme. -Viens, je t'offre un vin chaud, lança-t-elle en s’écartant un peu. La paie a été bonne, ce soir, et j’ai trop faim.Dam’ poussa un grognement de satisfaction. -Tu régales. J’ai bien fait de venir à la fête des pigeons, finalement.Menolee s’esclaffa et Dam’ la rejoignit. Jouant des coudes sans ménagement, ils se frayèrent un chemin vers les stands de nourriture, où Menolee s’acheta une pâtisserie dégoulinante de gras et deux vins chauds. Une fois servis, ils se dirigèrent en bavardant et en riant vers la chorale qui chantait sans s’arrêter d’une voix monotone. Menolee s’arrêta et regarda quelques instants les choristes au visage éteint, tout en mastiquant consciencieusement sa pâtisserie déjà froide. Elle soupira de bien-être. -Hé, joyeux Santa’Claus, Dam’, lâcha-t-elle au bout d’un moment en levant les yeux vers lui. Il lui répondit par un rictus amusé. 1 501 mots Gains : +1 charisme +1 magie Merci pour cet événement ! |
| | | Invité Invité | Sam 19 Jan 2019 - 18:32 | |
| *Alerte gros mots* Tout était prétexte pour retourner à Sceptelinôst. Zoé avait encore pris le large. Ce n’était pas une histoire de famille. Elle n’en avait rien à foutre de sa famille. C’était tous des cons. En revanche, Santa’Claus, c’était pas n’importe quoi. Comme à peu près toutes les fêtes réprouvées, fallait pas déconner de ça avec elle. Les fêtes, c’était sacré. Elle avait hâte de retrouver les copains. Ils ne s’étaient pas consultés pour un rendez-vous particulier, et c’était même pas sûr qu’ils se reconnaissent, mais Zoé avait un bon sentiment. Et quand elle avait un bon sentiment, c’était qu’elle allait trouver un vieil ami. Retrouver la ville, c’était déjà comme retrouver une vieille amie. Celle qui l’avait bercée au creux de ses bras sombres et tortueux, celle où elle avait passé ses meilleures soirées, mais aussi celle où elle avait mal fini. Sauf que cette fois, Sceptelinôst était décorée et éclairée de toutes parts, donnant au vice un aspect largement secondaire et discret. Même la populace avait changé. Ce n’était pas seulement ces gens miteux et délabrés qu’elle croisait. C’était eux, plus des étrangers, qu’ils soient Réprouvés ou autre. Ça se voyait à leur face d’ange innocent et à leurs fringues, souvent de bien meilleure qualité que les siens. On avait beau être dans une fête conviviale qui prônait la tolérance, la brune ne pouvait pas s’empêcher de les regarder bizarrement. Ce n’était pas en un jour qu’on revoyait ses habitudes. -Za’eiah ! Lança-t-on avec une voix suraiguë de fillette. La femme pivota. -Ferme bien ta grande gueule ! Brailla-t-elle. S’il y avait bien un guignol pour l’appeler par son prénom, c’était Wuld’Az. Az quoi. Zoé souriait malgré elle. Elle l’avait bien dit, qu’elle allait retrouver du monde. Les deux amis se firent une accolade franche comme ils aimaient le faire à l’époque. -Joyeux Santa’Claus. Ça fait longtemps qu’on s’est pas vus. Ça tombe bien, j’ai un cadeau pour toi.-Ouais, c’est ça.Az interpréta son ton bref comme de l’affection. Il savait qu’elle faisait juste ça parce qu’il l’avait appelée Za’eiah. Il savait qu’elle voulait avoir l’air en colère, mais qu’elle n’y arrivait pas. Elle était trop heureuse de le voir. Ses provocations lui avaient manquée. -Moi aussi j’avais un cadeau pour toi, mais il va falloir me passer sur le corps pour l’avoir. Fallait pas me manquer de respect.Az rit. Il riait toujours. Il n’avait pas changé. Toujours aussi bon vivant, brutal, moqueur, mais gentil dans le fond. L’homme lui fit signe de le suivre. Il avait quelque chose à lui montrer, qu’il lui disait. La Réprouvée le suivit dans poser de questions. Elle était plutôt occupée à redécouvrir sa ville natale, se remémorer des souvenirs qu’elle avait cru oubliés. Az était un très bon ami. Elle ne l’avait rencontré qu’assez tard en réalité. C’était après son retour de Stenfek. L’un de ses premiers nouveaux amis. Elle s’en était refait des anciens, bien sûr. Mais ça avait été une période compliquée, et il avait été très présent pour elle. Elle lui vouait une confiance presque aveugle. C’était un homme plus intelligent que ce qu’il voulait montrer. Quelqu’un de très protecteur. Az jouait souvent les gros durs, mais ce n’était qu’une façade. Elle aussi jouait les gros durs. Ils le savaient l’un l’autre. Tous les Réprouvés devaient le savoir, mais eux c’était particulier. C’était ensemble qu’ils avaient connu les moments les moins glorieux de leur existence. Ensemble. -A nous deux.-Hein ?Elle n’avait pas vu où il l’avait emmenée. Az lui faisait face, les poings levés devant son visage. Il y avait une petite foule autour d’eux. Elle sourit. L’enfoiré. C’était qu’il le voulait, son cadeau. Il voulait vraiment lui passer sur le corps pour le gagner. Le problème, c’était qu’elle n’en avait pas. Elle n’avait fait que le provoquer. Elle avait eu l’intention de l’acheter là, mais n’avait pas eu le temps. Dans ce cas, il ne lui restait plus qu’une alternative : gagner ce combat. Az lança le premier coup. Zoé se le prit en pleine face et manqua de se casser la gueule. Elle passa la main sur sa joue pour vérifier que tout était en place, puis chargea. Que c’était bon. Sceptelinôst lui donnait des forces. Les cris des spectateurs lui donnaient des forces. Il était plus fort qu’elle, elle s’en prenait plein la tronche, mais elle était heureuse. Elle était fière de s’en prendre plein la gueule. Ça faisait du bien, ça lui remettait les idées en place. Ça lui donnait envie de riposter et de se surpasser. De gagner, encore plus. Pourtant, après de longues minutes de batailles, elle finit par terre. Zoé s’étala complètement, à bout de souffle. Il lui semblait que son arcade sourcilière était ouverte. Az se pencha et y passa sa main pour guérir la plaie. Lui n’avait rien d’autre que des égratignures, et encore. Zoé se dit qu’elle avait encore beaucoup à apprendre. Son ami essuya le sang qui coulait sur sa tempe et l’aida à se relever. Fallait vraiment attendre Santa’Claus pour assister à ce genre d’attention. -Bon allez, il est où mon cadeau ?Elle ricana et il n’eut pas besoin de plus pour comprendre. -Non, attends, je vais te trouver un truc. Quand-même. Je suis pas une crevarde à ce point-là.La brune fouilla dans sa sacoche, où elle avait mis toute ses affaires pour le voyage. Autant dire, que dalle. Elle finit par lui trouver un truc : un vieux collier qu’elle avait trouvé à Gona’Halv. Quelqu’un avait dû le perdre lors d’un entrainement. C’était une chaîne abîmée avec au bout, une tête de dragon. Le tout était très beau et avait probablement eu de la valeur, mais il était fortement endommagé. D’ailleurs, pourquoi est-ce qu’elle l’avait pris, hein ? C’était énervant, toutes ces irrégularités. Heureusement, Az était la personne parfaite pour s’en débarrasser. -J’ai que ça. J’te paye un truc en plus.Zoé avait beau trouver le présent pourri, Az était content. Il trouvait pas le collier si nul que ça. Il l’enfila avant d’annoncer qu’il était temps d’y aller. Il était déjà pressé d’avoir son deuxième cadeau et avait une idée fixe et précise de ce dont il s’agissait : un coup à boire. -J’suis plutôt content d’avoir gagné. J’avais pas de cadeau pour toi non-plus, ça m’arrangeait.Zoé grogna. Elle aurait dû se douter qu’il n’en avait pas. Elle ne l’avait jamais prévenu de son retour, et puis même : c’était lui le crevard, et lui qui aimait faire chier le monde. Bien du genre à dire des conneries aussi minables. En fait, il le faisait tout le temps. C’était ce qui faisait son charme, qu’il disait. C’était aussi ce qui faisait qu’on avait tout le temps envie de le cogner. Sa réputation était faite et on ne comptait plus le nombre d’ennemis qu’il s’était fait ici. Il en était arrivé au point où il en faisait la collection. Avant d’aller à la taverne, Az se dirigea vers le grand sapin qui surplombait la place. Il était décoré de toutes parts par les passants. Plus loin, on leur apprenait à fabriquer des boules colorées, et des représentations des Zaahin. Les plus créatifs avaient inventé d’autres formes, mais elles se faisaient plus rares. Az, lui, n’était en aucun cas un adepte de ce genre d’art. Il attrapa un morceau de parchemin sur l’une des tables du petit atelier, griffonna rapidement, puis l’enroula. On lui proposa de lui apprendre à confectionner une boule décorative pour y loger sa prière, mais il refusa poliment. Il se contenta plutôt de nouer une ficelle autour de son papier et de l’accrocher directement sur l’une des branches du sapin. Il était attaché aux traditions. Quel vieux con. -Qu’est-ce que t’as écrit ?-Ça te regarde pas.Et il souriait d’un air moqueur, très fier de lui. Zoé n’insista pas parce qu’il avait raison. Les prières, c’était comme les vœux : on ne les dévoilait pas. En attendant, elle avait juste envie d’aller lui payer sa lyche, qu’on en finisse. La brune prit son ami par le bras et l’emmena avec elle dans la rue. -Bon alors, c’est quoi ta taverne préférée ? Refais-moi une visite.Az dévoila ses dents. Il était vraiment heureux, comme s’il avait attendu depuis le début qu’elle lui demande. -Oooh ! Tu vas l’adorer !Il en parlait comme s’il s’agissait d’un nouveau pub incroyable qui venait d’ouvrir. Il voulait juste l’emmener dans celui où ils avaient passé des heures et des nuits entières à boire comme des trous. Là où ils avaient passé leur meilleure vie. ~1425 mots~ Merci |
| | | Invité Invité | |
|