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 Voyage

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Dim 05 Nov 2017, 00:27

Avec l’application de celui qui connait bien son travail, le Démon trancha sans frémir les tendons qui maintenaient en place le quadriceps de sa victime. Assis en tailleur devant le corps inerte, il disposa la récolte de son labeur sur la toile cirée à ses côtés, et s’interrompit pour prendre des notes. Il marmonna quelque chose à voix basse, autant pour lui-même qu’à l’intention du cadavre, et posa crayon et carnet avant de poursuivre son œuvre. De temps à autres, il constatait avec l’œil brillant une particularité qui faisait se différencier l’anatomie du Déchu qu’il avait sous les yeux de celle d’un Humain ou d’un Ondin. Il s’attachait alors à coucher sur papier ses remarques, notant dans la marge de son carnet quelques addendum ayant trait à la façon de découper de la façon la plus efficace certains abats récalcitrants. Il savait ne disposer que d’un temps limité ; les compagnons de l’infortuné finiraient par se mettre à sa recherche, et il lui faudrait de toute façon revenir à Violette avant la fin de la nuit. Après avoir délesté le cadavre de ses pièces les plus gouteuses – foie, cœur et cervelle – il emporta le fruit de sa chasse et alla manger un peu plus loin, perché sur un rocher qui dominait en contrebas le village dans lequel ils avaient décidé de passer la nuit. Alors qu’entre ses mâchoires puissantes disparaissaient ce qui avait composé celui qui était probablement un jeune godelureau égaré au cours d’une orgie si particulière à sa race, il se perdit dans ses pensées et dans l’observation du panorama qu’il avait sous les yeux.

La petite cité était ceinte des restes d’une muraille que l’on avait dû laisser à l’abandon au terme de siècles d’une paix amollissante. La lune faisait ressortir d’un éclair d’ivoire ces vestiges d’une époque où le lieu avait revêtu une quelconque importance auprès d’un seigneur local, et si le maire s’attachait visiblement à habiter le château qui avait autrefois abrité la noblesse, toute trace de sang bleu avait probablement quitté la région depuis longtemps. Ces pensées s’imposaient à l’esprit du Démon sans s’y accrocher, formées par un œil exercé à l’observation de choses qui ne l’intéressaient guère, à l’issue d’une éducation qu’il n’avait pas choisie. Il songea à Violette, endormie dans une des chambres de l’auberge qu’il pouvait distinguer depuis son perchoir. Elle désapprouvait sa façon de se nourrir ; si elle s’en était accommodée malgré elle pendant leurs premières années, il avait rapidement compris que son comportement la dégoutait, ou, à tout le moins, l’effrayait. Alors il lui mentait et faisait en sorte qu’elle n’ait pas à affronter ce qu’il était. Il ne lui en voulait pas particulièrement, le fait que le cannibalisme soit réprouvé par la société ne lui avait échappé que tandis qu’il était enfant, et c’était maintenant quelque chose qu’il intégrait : de la même manière que certaines peuplades mangeaient du poulet et de la vache, d’autres leur préféraient le chien et les grenouilles. Et chacun se permettait de juger les autres de barbares. Il haussa les épaules face à ce constant d’une tristesse sans nom. Hypocrisie et mensonge faisaient la trame de leur monde, et il supposait ne pas pouvoir en tenir rigueur à sa compagne de posséder sa propre opinion sur le sujet. Le fait de lui cacher la vérité ne le dérangeait pas outre mesure, tant le calcul était simple à effectuer : Il voulait rester avec elle, elle ne pouvait pas envisager de demeurer avec quelqu’un qui tuait et mangeait des êtres vivants doués de parole, alors il devait lui mentir pour rester avec elle. Passé ce constat, il ne voyait pas pourquoi il aurait dû s’en sentir coupable, puisque c’était leur seul moyen pour eux d’accorder leurs existences.

Il vida le cœur du sang qu’il contenait encore, et le mangea lentement, souriant à demi en pensant à la manière dont il aurait déchiqueté le corps du malheureux dans sa jeunesse, inconscient qu’il était alors du plaisir qu’on pouvait éprouver à prendre son temps avant de se précipiter sur sa pitance. Lorsqu’il eut terminé de manger, il alla jusqu’à une rivière en contrebas pour nettoyer sa toile de travail et ses outils, et empaqueta le tout dans une petite sacoche qu’il rangea dans son sac de voyage. Là, il s’observa un instant dans l’eau claire. Il avait vieilli. Passer du temps avec Violette semblait avoir débloqué ce qui l’avait maintenu au stade pré-adolescent durant tant d’années. Il avait maintenant le visage formé d’un jeune adulte, et le regard perçant propre aux esprits éveillés. Agacé, il se lécha le pouce et le passa sur la trainée écarlate qu’avait laissé une unique goutte de sang au coin de ses lèvres. Puis, sans s’attarder, il reprit le chemin de l’auberge. Dans l’obscurité de la nuit, il déploya ses ailes noires membraneuses, et se hissa sans efforts jusqu’à la fenêtre qu’il avait laissé ouverte un peu plus tôt. La jeune femme dormait d’une respiration lente et sans saccade, le visage en paix. Il s’approcha d’elle sans un bruit, et la considéra un instant. Elle aussi avait vieilli, et elle présentait à présent des atouts qui étaient loin de le laisser indifférent, ainsi, à son grand désarroi, qu’une large portion de la population masculine. Mickey sourit cependant, et déposa sur son front un unique baiser qui la fit grogner quelque chose d’indiscernable. Il posa alors son sac contre le montant de la cheminée, et alla se laisser tomber lourdement dans le fauteuil confortable qui lui faisait face, après avoir déposé une bûche dans le feu mourant. Le menton posé dans ses mains, il se laissa aller à la contemplation du feu, peu désireux de se laisser aller au sommeil et aux cauchemars qui l’accompagnaient.
955 mots.
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Ven 17 Nov 2017, 18:14

Violette se tenait à côté de la fenêtre, habillée d’une chemise deux fois trop grande pour elle qu’elle avait acheté sur un marché. Elle aimait dormir avec ce genre de vêtements amples ; quand elle dormait avec quelque chose sur le dos. L’Humaine avait les lèvres pincées, fixant le paysage restreint que la nuit lui offrait. Passant l’un de ses doigts dans l’embrasure de la fenêtre, elle poussa un soupire. Mickey était encore parti pendant qu’elle dormait. Bien entendu, elle avait déjà pensé à le suivre lors de ses escapades nocturnes mais elle n’avait encore jamais osé, n’étant pas certaine que ce qu’elle trouverait au bout de son périple lui plairait. Et puis, peut-être qu’il s’agissait simplement d’un besoin d’intimité de la part du Démon. Ils n’étaient pas de la même race et elle imaginait que ses désirs à elle étaient sans doute différents de ceux du jeune homme. Déjà, elle n’était pas sûre que son peuple accepte bel et bien qu’elle se promène avec quelqu’un comme lui. Elle était consciente de l’horreur que les Créatures Démoniaques avaient infligé aux Humains. En effet, elle avait vu le jour à une époque où Utopia n’existait pas et même si elle possédait très peu de souvenirs de ces temps anciens, elle se rappelait qu’elle pouvait alors lire la douleur sur le visage de ceux qu’elle croisait. Pour autant, Violette était convaincue que les siens avaient besoin d’évoluer, que d’avoir peur ne changerait rien et, à dire vrai, l’éducation au cœur de Basphel y était sans doute pour quelque chose. Petite, elle ne s’était jamais rendu compte de ce qu’était réellement Mickey et, finalement, malgré leurs différences, ils avaient grandi ensemble.

La jeune femme s’écarta de la fenêtre, décidant que cela ne servait à rien de l’attendre. Il reviendrait sans doute avant le levé du soleil, comme il le faisait toujours. La Guerre des Dieux avait également sonné la fin de leur scolarité et la promesse de la Directrice de Basphel n’avait pas été oubliée par cette dernière. Leur diplôme fraichement en main, celle-ci les avait convoqués dans son bureau afin de leur parler du voyage qu’ils avaient décidé de faire alors qu’ils n’étaient qu’au début de leur adolescence. Et dire qu’ils avaient eu envie de s’enfuir de l’école, tous les deux, à onze ans, pour parcourir les Terres du Yin et du Yang, tels des aventuriers ! Ils n’auraient pas tenu cinq minutes. Toujours est-il que cela faisait quelques jours qu’ils étaient ensemble en dehors de la bâtisse rassurante dans laquelle ils avaient vécu de longues années. Leur relation était d’ailleurs plutôt indescriptible. Il y avait eu des hauts, des bas, et des moments que Violette n’arrivait pas à qualifier. Toujours est-il qu’ils se connaissaient plutôt bien et avaient réussi à se supporter jusqu’ici. À présent qu’ils étaient à la veille d’un Voyage qui durerait des années, financé par Basphel, ce n’était pas le moment de changer quoi que ce soit. Il y avait bien quelques petites choses que l’Humane aurait aimé rajouter dans la relation qu’elle entretenait avec Mickey mais, à dire vrai, ce n’était pas le moment de tout faire flancher. Elle ne savait pas trop en réalité.

Après quelques pensées de plus, elle se recoucha et se rendormit plutôt vite.

Lorsque la bûche fut posée dans la cheminée, Violette ouvrit les yeux. Mickey était revenu de son escapade. Elle remua un peu et se redressa au creux de son lit. « Tu ne dors pas ? » demanda-t-elle tout en se levant. Elle s’avança vers le fauteuil où il était installé puis s’assit sur celui qui lui faisait face. Elle lança un coup d’œil à la fenêtre. Le jour n’allait pas tarder à se lever, chose qui la fit sourire. « C’est bientôt l’heure du petit déjeuner ! ». C’était le repas qu’elle préférait dans la journée. Pouvoir manger sucré et salé en même temps avait de quoi ravir n’importe qui. Après… en fonction des régions, ce repas était plus ou moins différent. « Il va falloir que nous réfléchissions à notre itinéraire. Même si madame d’Ovipa nous a donné un plan et des recommandations, il faut peut-être qu’on se penche sur la question, savoir où on commence et combien de temps on reste dans chaque lieu… ». Découvrir le Monde l’excitait au plus haut point. Elle s’imaginait déjà parler plusieurs langues à la fin de leur épopée et savoir tout sur tout sur les us et coutumes des habitants de chaque région. Bien entendu, elle savait aussi que certains endroits étaient à risque et qu’il leur faudrait faire preuve de prudence. De plus, elle devait mettre son Ange Gardien au courant de temps en temps, ce dernier n'aimant, bien entendu, pas, qu'elle se balade en compagnie de Mickey.

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