"Le vin déroule son tapis d'effluves, Cornes et cornes s'entremêlent dans l'étuve, Les ménestrels cornus entonnent le cri, Dans une extase de fièvre tellurique ! Torne et torne, Danse de la corne, Torne et torne, Danse et festonne ! Corne et- AAAH ! " Entraîné par sa chansonnette horriblement prononcée, Itak marchait à grande enjambées dans l'unique allée du village. Il ne regardait pas où il mettait les pieds pour la simple raison que sa vision était réduite étroitement par l'alcool et que ses pensées étaient occupées à répéter inlassablement les couplets de la chanson. L'inévitable arriva et il percuta quelqu'un, ou quelque chose, il ne savait pas trop.
Quelques heures auparavant, dans un village voisin.La taverne était bondée. Itak s'y précipita et joua des coudes pour se faire une place. Il adorait les tavernes pleines ! Il s'y passait toujours des choses très drôles et inoubliables... Tout sourire, le bélua s'avança près du comptoir.
"Comme d'habitude !" rugit-il devant le patron hagard. C'était bien la première fois qu'il venait ici, mais le blond pensait que toutes les tavernes se ressemblaient. Sa longue errance en pleine nature l'avait fatigué. Parfois, il était nécessaire d'aller se ressourcer là où ça fait du bien, à côté du tonneau de bière ! Le bélua ne se rendait pas compte qu'il était devenu un alcoolique chronique. Il fonctionnait avec ses besoins primaires et ne prêtait pas attention au reste. Le caractère belliqueux des piliers de bar rendait l'ambiance si agréable -électrique- qu'il en frétillait de joie. Ses deux voisins s'enflammaient d'ailleurs à propos de leurs conquêtes respectives, pendant que des hommes jouaient -se disputaient- aux cartes plus loin. Derrière, un ménestrel bourré chantait à s'en perdre la voix
."Moi je sais ! Ta femme est une vraie s***pe ! " hurla-t-il alors en s'incrustant dans la conversation. Il ne connaissait ni l'homme, ni la femme, mais le gars avait une sale gueule, si bien que le bélua décida de le provoquer sur un coup de tête. Le concerné montra les griffes avant renverser volontairement son verre sur la tête du blond.
"Répète ouai ? " Outré de façon démesuré, le bélua gronda et s'empara de son tabouret pour le briser sur la tête du malheureux. Quelques secondes plus c'était l'anarchie complète. Personne ne savait qui ni pourquoi il tapait, mais tout le monde frappait sans vergogne dans un brouhaha effrayant.
Itak était sorti à quatre patte de la taverne, blessé au bras et couvert de bleus. Il avait titubé au hasard des rues et rencontré une jeune mère qui cherchait son enfant.
"Qu'est-s'que j'men braaaaaaaaaaaanle !" avait-il braillé d'abord, avant de se raviser.
"Euh... Bah j'vais l'chercher vot'gosse moi ! Hips ! Aha !" Puis sur ses belles paroles, il avait trébuché et dévalé tout le talus pour atterrir dans la rivière qui devient noire au contact de la saleté qui recouvrait son corps et ses habits. Heureusement, il ne se noya pas et en profita même pour prendre son bain du mois, comme il faisait très chaud. Il se déshabilla et glissa dans l'eau pour barboter pendant une durée indéfinie. Après quoi, il remit sa deuxième tenue, celle qui était encore propre et plus légère. Il s'agissait d'un pantalon retroussé aux genoux et d'une tunique grise, le tout en toile de lin. Le bélua raccrocha son sac puis sa ceinture avec son poignard et sa hache et repartit, pas encore entièrement dessaoulé. Il avait déjà oublié qu'il devait rechercher un enfant.
Le sauvage reprenait sa route, suivit par moins de mouches que d'habitude. C'était là qu'il bouscula quelqu'un et se fit pourrir par la même occasion. Le bélua baissa les yeux sur la chose.
"Hmm... T'es qui toi ?!" répliqua-t-il, partagé entre l'envie d'assassiner ce petit morveux et la curiosité de savoir d'où venait-il.
"Ma tête va très bien merci !" cria-t-il en donnant un coup de pied au pauvre homme. Encore un des ravages de l'alcool, un réflexe agressif incontrôlé. Il regretta un peu son geste et finit par relever sa victime en l'empoignant par le col.
"Qu'est-c'que tu m'veux ! Répond !" rajouta-t-il en le secouant comme un prunier, ne lui laissant pas le temps de parler. Son haleine puait encore la boisson. Voyant enfin qu'il n'obtiendrait rien de cette façon, le blond reposa sa victime et grimaça. Ses rares pensées étaient confuses maintenant, ce qui était très désagréable. Pourquoi était-il ici déjà ? Ah oui !
"Je cherche un p*tain de gosse, à qui veut l'entendre !" cria-t-il soudainement.
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Le combo explosif entre en scène !