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 La culpabilité par la peur (et le sang au passage) [feat. Mihael]

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Jeu 28 Juil 2016, 15:22

Soleil était un bien grand mot. D’ailleurs comment les Alfars sont si sombres à la base ? Partons du principe que la peau s’assombrit après un contact relatif avec le soleil et que cette dernière devient rouge au bout d’un trop long moment. Il est logique de penser, voire même d’affirmer que les Alfars ne sont pas rouges, car ils ne sont pas exposés assez longtemps au soleil pour cela. Or cela ne résout pas la question. Il faut en effet partir du principe que pour devenir plus foncé, il fallait le soleil. Ainsi, tous les premiers Alfars, du moins ceux qui ont survécu, auraient dû naître avec la peau extrêmement claire et être tant exposé au soleil – peut-être encore plus longtemps que pour devenir rouge – qu’ils en seraient devenues bleus pâles, ou noirs. Cela pourrait tout à fait être acceptable, mais reste le contra-argument majeur, la coupole des arbres ne laisse pas passer le soleil. En effet, cela était un fait, peut-être même le moins contestable de tout ce raisonnement, à Drosera, dire qu’il y avait du soleil était un bien grand mot. Tout au plus il y avait quelques rayons qui avaient su se frayer un chemin jusqu’aux plateaux les plus bas. Il n’y avait donc que deux possibilités, soit les Alfars avaient été au soleil lors des premières générations, ce qui impliquait une modification urbanistique intense de Drosera ou une délocalisation, soit il y avait un autre moyen pour que les Alfars soient foncés. Reste le problème des informations sur l’ancienne Drosera. Le moyen de mettre poliment de côté ce problème serait de dire que Drosera a évolué et que son évolution est forcément liée à la couleur de peau des Alfars, mais ce serait presque un peu simpliste, du moins trop simpliste pour être valable dans le monde scientifique. Devant, par manque évident de source, éliminer la première piste et donc les premières et secondes sous-pistes y afférents, il ne restait que la deuxième hypothèse, il y avait un autre moyen pour que les Alfars soient foncés. Par exemple étaient-ils nés comme ça sans raison acquise, mais pour des questions génétiques, ou alors quelque chose en rapport avec les énergies naturelles qu’ils convoquaient. Moins convaincu par la deuxième. Restons en là. Les Alfars sont, parfois, de couleur plus foncée parce que c’est comme ça et non à cause du soleil. Concrètement, cela n’avait pas grand chose d’intéressant, car Mwayer était blanc pâle, au quotidien. Né comme ça. Ce qui confirme d’ailleurs ce qui vient d’être dit.

Donc, au moment où le jeune Alfar quitta la cité après avoir fait le plein de pigments, il ne faisait pas beau pour le monde, mais un temps agréable pour la forêt des murmures. Ces plantes à l’aspect cauchemardesque n’avaient plus trop de secrets pour lui. Il avait joué ici toute son enfance, appris à grimper aux arbres avec sa maman et appris le nom de chaque plante, quitte à en donner à celles qui n’en avaient pas. En bref, il était chez lui. Il avait le matin même décider de partir, de découvrir, de ne revenir à Drosera que plus tard, lorsqu’il aurait vu, compris, senti et pu s’imaginer ce qui se passait en dehors de ce cocon si agréable. Déjà il entendait dans la ville parler de guerres, de rois, de cheffes, de continents. Il savait qu’il avait bien plus à découvrir que ce qu’il pensait.

Il s’aperçut d’ailleurs assez vite que jamais il ne s’était enfoncé aussi loin dans la forêt. Le bruit de ses pas s’arrêtait contre les arbres et la mousse et très vite il s’arrêta pour essayer de comprendre où il était. Avant même de pouvoir lever la tête, cette dernière se pencha en direction d’une fleur étrange entre le violet et le noir. Sa tige semblait faite de mousse, son pistil de lichen et ses pétales étaient saupoudrés de quelque chose de brillant. Lorsqu’il l’effleura de ses doigts, ces derniers lui démangèrent soudainement. Il sourit en se les frottant avec une plante apaisante qui était à côté. Apparemment, le moyen de défense de cette rose de mousse était adorable, brillant et Mwayer ne pût s’empêcher de prendre le temps de s’asseoir devant et de la dessiner sur un petit cahier qu’il avait pris avec. Il prit même le temps de récolter un peu de cette poudre, ne sachant jamais ce qu’il pourrait en faire. Alors que le soleil s’avançait peut-être au-dehors de la forêt, ou alors qu’il s’était arrêté, un jeune Alfar restait assis à contempler une fleur.

763 mots

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Lun 01 Aoû 2016, 18:59


« Je vous conseille pas d’aller là-bas, m’sieur. On dit que les bois sont hantés par de mauvais esprits »


  Moribond, le Réprouvé tourna ses prunelles révulsées en direction de celui qui avait parlé. Son regard était semblable à celui d’un fou à qui l’on aurait distillé la moindre parcelle d’humanité dans l’air. Tout en lui demeurait repoussant, et son aura effrayante fit sursauter le passant, qui baissa les yeux et reprit sa marche à coup de petits pas rapides, visiblement horrifié.
  Il regarda l’homme s’éloigner sans comprendre, le visage déformé par des expressions étranges.

Le réveil est proche
*

  Le torrent d’émotions contraires submergea le Réprouvé une nouvelle fois.
  Les ongles enfoncés dans la peau tendre de ses joues, Mihael commença tout à coup à courir en direction de la forêt, sans vraiment bien distinguer le moindre obstacle qui pouvait se dresser devant lui. Il hurla, s’enfonçant dans les ténèbres des sous-bois. Il avait la vue entièrement floue et ses sens, exaltés, trahissaient un désordre mental foudroyant par sa rapidité d’action.

Le réveil est proche
*

  Il courut à travers les lianes qui lui barraient la route de temps à autres, se sentant giflé par leur contact rugueux et souvent plein de résistance. « Il faut fuir, Mihael, fuis tant que tu le peux encore… »

  N’importe qui s’étant retrouvé à cet instant et au sortir de la Forêt des Murmures en direction de Drosera aurait pu distinguer une silhouette vêtue de noir passer non loin de lui à une vitesse inouïe. Malheureusement, en ces temps sombres où les rumeurs courent elles aussi, peu de gens avaient l’audace d’entrer dans ce repaire maudit, sauf bien sûr, ceux dont l’imprudence provoquerait, à terme, les pires folies.





Mihael, ouvre les yeux
**


  Le Réprouvé se réveilla en sursaut, haletant.
  Allongé au pied d’un arbre, il se redressa péniblement, sentant le moindre de ses muscles atrophiés par la douleur. La tension éprouvée lui contracta violemment l’estomac et il cracha un jet de sang avant d’agripper la terre du mieux qu’il put, malgré ses tremblements. Quand ils se turent enfin, Mihael se jeta plus loin, dos contre le sol, les yeux fixés vers le ciel.
  De nombreux flashs lui traversèrent l’esprit. Une femme. Des habits blancs, tâchés par un liquide rougeâtre. Une robe. Un collier de cristal.
  Il resta un moment par terre, essayant de gérer ces visions en gémissant. Qui pouvait bien l’entendre ? Il s’était perdu, sans savoir par quel moyen il avait pu se retrouver au pied de cet arbre, et dans ce tel état de dépravation.

  Après avoir repris ses esprits, il ouvrit grand les yeux sur la nuit perpétuelle des sous-bois. Malgré son incapacité à se souvenir de ces dernières heures, il était conscient d’une chose : de nouveau, il se retrouvait dans la Forêt des Murmures, et encore une fois, il venait lamentablement de s’y perdre.
  Il se releva difficilement, cherchant à tâtons le petit sac en toile qu’il se souvenait avoir porté juste avant qu’il ne sombre dans l’oubli. Sa main chercha longuement dans les ténèbres et tira quelques objets du sac quand elle trouva enfin sa cible. Après vérification et avec un certain soulagement, il constata qu’il n’avait rien perdu.
  Sa vision abîmée s’habitua légèrement aux alentours : il y voyait suffisamment pour distinguer ses mains sales et l’endroit où poser les pieds. Commença une progression lente dans la Forêt, mue par un instinct de survie conséquente d’une force inconnue et bien supérieure à sa condition.
  A bout de souffle, et après de longues minutes qui lui parurent des heures, Mihael déboucha sur un endroit plus éclairé, dont la végétation dense l’obligea à repenser son avancée.
  Il se sentit tout à coup très seul et profondément déprimé.
Un craquement se fit entendre et le Réprouvé fit volte-face, le cœur battant. Le moindre bruit dans cet endroit hostile et inquiétant provoquait en lui les pires frayeurs. Rassuré, il constata que la source du bruit n’était autre qu’une silhouette, dont la petite taille lui rappelait celle d’un enfant. Il s’approcha calmement, quoique sur ses gardes.
  Un nombre incalculable de questions fusèrent dans son esprit, toutes plus idiotes les unes que les autres. Comment fallait-il qu’il se présente ? Un simple bonjour ferait-il l’affaire ? Mais comment donc allait réagir un enfant à cela ? Allait-il s’enfuir en courant ?
  Finalement, il se contenta d’approcher silencieusement et choisit de ne rien dire, priant pour que le gosse le remarque et entame la conversation de lui-même.

  Il eut bien tort de raisonner ainsi, car, lorsqu’il se présenta à lui, ses pupilles exorbitées et son souffle rauque n’inspirait absolument pas confiance. Et c’était sans compter l’intégralité de ses habits, maculés de sang séché.



MOTS : 776
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** :
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Ven 05 Aoû 2016, 15:29

Tout se passa en un instant. Une femme avait remplacé la fleur. Elle était jeune, vieille, blonde, rousse, belle, laide, grande, petite, grasse, frêle et tout à la fois. L’Alfar qui la contemplait ne la dessinait plus, mais il affichait un regard franc, les yeux mi-clos et un rictus lui déformait la partie droite du visage. Il voyait les muscles de sa proie se bander pour sauter un obstacle puis fléchir à l’atterrissage. Il sentait un parfum charmant, immonde, lui parvenir jusqu’aux narines jusqu’au moment où la proie fit son mouvement de trop, prit le roi et le mit dans un coin attendant patiemment que les autres pièces ne viennent lui intimer de tomber. Elle respirait fort, très fort. Mwayer détestait cordialement les gens qui respiraient fort, ils n’avaient aucun moyen de se contrôler, ce qu’ils méritaient était relativement simple. Il s’approcha de la jeune femme qui hurlait maintenant à pleins poumons. Il sortit son pinceau et passa les poils acérés sur sa gorge en prenant soin de ne pas trancher la carotide. Une fois que ses cris s’étaient transformés en gargouillis, il fit voler son pinceau en l’air, l’attrapa dans l’autre sens et le planta dans le sein de sa victime. Il la regardait sans sourciller. Elle ne regardait plus, son regard était vitreux. Le coup avait été sec et rapide, étrangement efficace, la main de l'Alfar avait agi seule.

Tu respirais trop fort.

La suite était rapide, lente, amusante, ennuyante, excitante, agaçante, irritante, charmante. Il prit le corps lourd, léger, transpirant, sec, immonde, propret, le fit transporter par les plantes derrière lui qui se relayaient pour l’amener un peu plus loin et il creusa. Il ne savait pas comment, il creusa. Il mit le corps. Il recouvrit. Il prit le pinceau qui avait servi d’arme du crime et grava avec le manche, sur une pierre qui était déjà là ou qu’il avait amené un épitaphe concis et efficace.

Il partit.

~~~ 

Mwayer marchait dans cette forêt, il ne savait plus exactement comment il était arrivé là. Il savait, plus ou moins instinctivement, où se trouvait Drosera, mais il ne comprenait plus ce qui lui arrivait. Le chemin était charmant, les plantes semblaient sortir d’un guerre aui avait duré mille ans, peut-être allaient-elles réellement la vivre cette guerre. Il n’en savait rien. Tout ce qu’il savait, c’est que les choses étaient parties pour durer et pas dans le bon sens du terme. Il allait devoir se battre, il en avait conscience. Il continua sa marche en mettant les mains dans ses poches pour se protéger des ronces avec qui il n’avait pas envie de débattre aujourd’hui, car il finissait toujours en sang de ces discussions.

Le contact d’une fleur dans sa poche lui rappela quelque chose l’espace d’un instant. Il se revit passer son pinceau sur une gorge qui se déchirait et qui faisait se taire une femme. Morte. Il n’avait jamais fait ça. Il était assis devant cette fleur et il était arrivé là. Qu’avait-il fait au milieu ? Il n’avait jamais fait… Il prit le temps de respirer et continua sa marche. La forêt des murmures était un endroit dangereux, il le savait, ce n’était pas pour rien qu’en son cœur se terrait une race terriblement mesquine et magnifiquement violente. Les épines les plus dangereuses de cette forêt, les arbres les plus hauts et les plantes qui prenaient le plus de place étaient sans aucun doute les Alfars. Il en était conscient et pourtant, la forêt semblait avoir envie de se jouer de lui aujourd’hui. Il avança un peu dans la forêt faisant craquer une branche sur son passage et il entendit une respiration rauque et haletante venant d’un peu plus loin. Mwayer détestait cordialement les gens qui respiraient fort. Or, cette respiration avait quelque chose d’étrangement intéressant. Un érotisme sadique s’en dégageait, celui qui fait sourire le meurtrier lorsqu’au moment de tuer sa victime, il ressent la sensation de pouvoir la plus absolue sur cette personne. Cet érotisme ne méritait pas la mort, mais l’intérêt. En avançant un peu plus, il ne distingua qu’une silhouette. Cheveux clairs, moins que lui et corpulence normale en réalité. Il avait l’air d’un démon au milieu de cette forêt, c’aurait été une magnifique peinture.

Vous faites ton sur ton en respirant si fort. Les plantes ont l’habitude d’avoir le souffle rauque ici aussi.

726 mots

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