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 Alors tu seras un homme, mon fils [Quête - PV Mihael Keehl]

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Lun 18 Juil 2016, 17:01

Un délicieux frisson se mit à courir le long de mon échine alors que j'entrais dans l'ombre des macabres géants de la Forêt des Murmures. Maigres et élancés, les arbres avaient jailli du sol avec anarchie, étirant leurs rameaux touffus vers les cieux, culminant à une hauteur vertigineuse. Une canopée obscure couvrait le ciel nocturne, que les étoiles seules peinaient à éclairer. Derrière mon masque de fer, j'esquissai un léger sourire. Je me sentais presque chez moi dans ces sous-bois lugubre... A mes côtés, ma Créatrice, scrutait l'horizon flou, des volutes de brumes enroulées autour de ses jambes. D'un léger mouvement de tête, elle vit voler sa crinière de jais et reprit sa marche, les sens aux aguets. Si elle n'en montrait rien, je savais bien qu'elle redoutait les dangers de ces terres, invisibles pour la plupart. Mais au moins, ces ennemis là - les maléfices, bêtes sauvages et bandits - avaient tendance à frapper aveuglement, et c'était bien plus rassurant, en un sens, que de se savoir traqué par un groupe de vampires pernicieux. J'étais en danger là-bas, c'est elle qui me l'avait dit. Malgré mon insistance et mes questions, je ne connaissais toujours pas les secrets de son passé, ni même les détails des raisons de notre départ.
"J'ai des projets, que certains redoutent plus que tout... Et ils savent que tu es au cœur de mes plans" avait-elle simplement murmuré alors que nous nous abritions d'un blizzard aussi soudain que violent, quelques mois plus tôt. J'étais sa marionnette. Mais je devais avouer, que la situation me plaisait...

Le lendemain, nous débouchâmes dans une étroite clairière, protégée des rayons du soleil par une épaisse canopée. En son centre trônait un majestueux chêne, atrocement tordu et noueux. Ses branches basses, étaient autant de bras de bois griffus, agités par un vent mauvais. Habillé de feuilles putrides, le vieillard végétal se mourrait dans une lente agonie. L'air lui même semblait exhaler des relents de malédiction. D'un geste empli de grâce et d'autorité, ma mère désigna un terrier abandonné, dissimulé entre les racines du cadavre. Docilement, je me jetai à plat ventre et rampai sous terre. Le boyau, presque trop étroit, déboucha sur une vaste cavité, assez haute pour que je puisse m'y tenir debout sans courber l'échine.
Ma nouvelle demeure.
L'instant suivant, ma créatrice apparut dans la grotte, son visage de porcelaine immaculé. Ses vêtements non plus ne trahissait pas la moindre trace de terre, ou autre souillure. Comment...? En dépit de ma surprise, je ne la questionnai pas. Elle préférait mon silence. Un rictus de satisfaction étira ses lèvres carmin, dévoilant des crocs étincelant.
"- Mon enfant..."
A peine sa voix avait-elle emplie la caverne, que je sentis ma tête tourner.
"- Tu es faible. Continua-t-elle. Mais cela ne durera pas... Je vais t'apprendre à devenir le monstre que tu mérites d'être."
C'était désormais un sourire carnassier, d'une sauvagerie délicate, qui se peignait sur ses traits. Elle s'agenouilla pour prendre mon visage entre ses mains, et déposer un délicat baiser sur mon front.
"- Tu seras bientôt digne de ton sang".

Quelques heures plus tard, elle fit glisser le corps inerte d'un voyageur entre les racines du chêne pourrissant. Le cadavre, tout frais, était repoussant. Et pourtant, sa simple vue, me plongea dans une frénésie carnivore. Je plongeai avidement mes crocs dans la gorge tendre du jeune homme, me repaissant autant de son sang que de sa chair juteuse à souhait.

Rampant pour m'extirper de ma cachette, je refis surface au crépuscule. Les rayons rougeâtre de l'astre ne parvenait pas jusqu'au sol, mais entre les troncs, au loin, je pouvais voir le monde s'embraser. Je ressentis une légère douleur, mais je décidai de l'ignorer : bientôt il ferait nuit noire et alors je ne craindrais plus rien. Ma mère n'était pas là... Du moins, je ne le voyais plus. Mais je pouvais sentir sa présence réconfortante non loin, dissimulée dans les ténèbres de ces sous-bois. D'un pas décidé, je m'avançai entre les troncs. Elle m'avait raconté l'histoire d'un homme terriblement déçu par sa descendance, un fils indigne et pitoyable. Elle m'avait parlé de la détresse du paternel, et du véritable appel à l'aide qu'il avait lancé dans la région, ainsi que de la récompense promise. Mais surtout, elle m'avait parlé du cadeau qu'elle me ferait si je parvenais à faire du garçon un "homme". Je me mis à saliver abondamment derrière mon masque de fer, et je dus lutter de longues secondes pour résister à cette inextinguible soif. Ce serait sans doute cela le plus difficile dans cette quête : résister à l'envie de me repaître de ce gamin. Mortifié par ma faiblesse, je laissai échapper un grognement guttural.
C'est aux heures les plus noires de la nuit que j'arrivai en vue du manoir du Seigneur Nimen, construit à la lisière de la forêt. La bâtisse était aussi solide que belle, avec ses tours élancés et ses larges vitraux obscurs. Les toits, d'ardoise noire, étaient dangereusement pentus, et habités par quelques gargouilles menaçantes. La demeure était, bien évidemment, plongée dans le sommeil. Quelques pas plus loin, j'arrivai à hauteur du mur d'enceinte, bien entretenu malgré les plantes grimpantes qui en parasitaient les pierres. L'espace d'un instant, je pensai à l'escalader, mais réalisai bien vite à quel point l'idée pouvait être stupide. Me maudissant pour en avoir seulement eu l'envie, je fis le tour de l'édifice, jusqu'à me retrouver face à un splendide portail de fer forgé, à peine abîmé par le temps. A peine avais-je fait un pas sur le chemin, qu'un garde abaissa sa pique dans ma direction.
"- Pas de visiteurs la nuit. "
J'allais ouvrir la bouche pour rétorquer quand soudain j'entendis des bruits de pas dans mon dos. Quelqu'un approchait.

1014 mots.
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Mar 19 Juil 2016, 11:08


  L’atmosphère inquiétante de la Forêt des Murmures usa de nouveau de son influence pesante sur le jeune Réprouvé. Légèrement essoufflé, il s’arrêta un instant à l’orée du petit chemin périlleux qui menait vers le manoir de Sir Réginald Nimen. Les sens en alerte, quoique légèrement brouillés par les effets de l’alcool, Mihael inspira profondément de sorte à recentrer pleinement son attention sur la tâche qu’il avait à accomplir.

« Du rhum, des femmes et d’la bière nom de Dieuuuuuuu ! »


  Le Réprouvé expira bruyamment, irrité et tourna finalement la tête en direction de l’ivrogne à ses côtés. Quelques secondes avaient suffi pour qu’il oublie cet homme aux manières cavalières qu’il avait choisi d’accompagner jusqu’ici.
  Mihael l’avait rencontré la veille, dans une des auberges de Linaewen. A peine avait-il franchit le pas de la porte que le rustre s’était empressé de l’aborder pour le prier de venir partager avec lui quelques fûts, précisant qu’il avait de grandes choses à lui annoncer. Le Réprouvé s’était davantage fait séduire par le plaisir de l’ivresse que par les soi-disantes « prédictions » que le bonhomme avait à lui confier. Il avait en effet déjà été confronté aux beaux parleurs de Drosera, et sa récente expédition dans la Forêt des Murmures ne l’avait clairement pas décidé à y retourner de sitôt.

« ‘Paraît que c’est par-là, mon brave » dit l’homme, la voix haut perchée. « Prépare-toi à gagner une sacrée bourse ! De l'or, une montagne d'or... Oui, c'est décidé : cette mission, nous la tenons ! »

  Et il brandit le poing dans les airs, appuyant sa jambe droite contre le tronc renversé d’un arbre. Son regard semblait défier les cieux.
  Mihael haussa les sourcils et reprit son pas tranquille, sans rien dire.

  Comme à son habitude, le Réprouvé s’était laissé emporter dans une histoire qui ne le concernait pas et à laquelle il n’avait que très peu envie de participer. Après de nombreux verres, l’homme lui avait dit, à peu près mots pour mots, ceci : « Alors, Mihael… Mihael, hein, c’est bien ça ? Bon. Du haut d’tes vingt-cinq printemps, t’es comme tous les autres, pas vrai ? Un bon à rien qui vient s’saouler dans les auberges pour oublier qu’il fout rien d’sa p’tite vie d’minable, n’est-ce pas ? Alors, écoute-moi bien… Tout l’monde en parle dans la région, -et tu peux remercier l’ciel de t’avoir conduit jusqu’à moi !- : tu connais Sir Réginald Nimen, hein ? Quoi que non, vous autres, les jeunes, vous savez rien d’qui est qui, vous savez plus rien d’la vie. Passons. Cet imbécile de Nimen recherche des gens lambdas, comme toi et moi… mais plutôt comme toi. » Il avait baissé la voix, incliné la tête contre la table et avait souri, mesquin : « Il s’agirait de foutre un bon coup de pied aux fesses de son dernier rej’ton, qui, à c’qui paraît, n’est qu’une sale poule mouillée même pas foutue de tenir les rênes de leur descendance. Alors, j’ai un deal à passer avec toi : j’te laisse faire du gamin c’que tu veux, tant que tu renforces ses instincts les plus primaires et que tu arrives à faire de lui un homme. C’est un sale boulot de derrière les fagots, mais y a d’quoi faire et un sacré paquet de fric à gagner. Je te propose qu’on fasse cinquante/cinquante, marché conclu ? ». L’homme avait tendu la main, sûr de son coup. « Et qu’est-ce que j’y gagne, honnêtement ? Si la mission est de faire de l’agneau un loup assoiffé de chair fraîche, je peux m’y atteler seul, non ? ». Son interlocuteur avait plissé les yeux. « Mais sans moi, t’aurais même pas eu vent d’cette offre, et crois-moi, j’pourrais bien te poursuivre jusqu’à la fin d’tes jours où qu’tu ailles pour avoir mon blé, alors ne fais pas l’malin avec moi, sinon j’te promets que… » - « C’est bon, ça va. Je suis. » Tout son baratin commençait à l’ennuyer sérieusement.
  Le Réprouvé avait donc rejoint l’homme dans la Forêt des Murmures pour qu’il le conduise au Manoir, et l’affaire avait été conclue.

  En y réfléchissant bien, Mihael s’était dit qu’il n’avait pas grand-chose à faire ces temps-ci, et obtenir une certaine somme d’argent lui permettrait sans aucun doute de repartir des terres Alfar sans demander son reste. Les Réprouvés n’avaient généralement aucune ressource, et lui ne faisait pas exception. Tout ce qu’il obtenait avait été concédé par des personnages comme cet ivrogne, pris dans l’appât du gain.
  Qui plus est, torturer un gosse mentalement n’était pas pour lui déplaire. Et dans ses phases à caractère bipolaire, son Démon intérieur aurait tout le loisir de sauter sur sa proie bien trop faible.
  Il n’avait rien à perdre, en somme.

« C’est encore loin ? » murmura-t-il à l’Autre.

« Nan, on y est. »

  Ils s’approchèrent tous les deux du grand portail en fer forgé qui semblait maintenir la bâtisse entièrement scellée par une magie bien ancienne. Mihael plissa le nez tant les environs lui paraissaient hostiles. Hors mis le garde qui surveillait l’entrée, une autre silhouette se dessinait dans les ténèbres.

« Bah ! J’vois qu’on n’est pas les seuls à s’être mis en route… » maugréa l’Autre. « Attends, laisse-moi faire, on va vite le dégager d’ici… Oyez ! Mon cher ! Vous cherchez peut-être vot’chemin ? Vous pouvez m’appeler Lucius, et voici… ? »

« Mihael. » lâcha-t-il en fixant la personne face à lui.

  Il venait de s’arrêter devant le portail à son tour et détaillait consciencieusement ce qu'il avait devant ses yeux. Recouvert d’un masque, ce qui semblait être un homme le dominait de toute sa stature.
  Le Réprouvé lui jeta un regard mauvais.

« Oui, Mihael. Passons. Vous cherchez Drosera peut-être ? Je pense que vous vous êtes perdus, n’est-ce pas ? »

  L’inconnu ne disait rien qui vaille au Réprouvé. Et Lucius s'y prenait visiblement très mal. Le sang lui bourdonna aux oreilles et le rythme de son cœur accéléra. Ce n’était pas bon signe.
  Il tint ses nerfs du mieux qu’il pût et se tourna vers le garde :

« Excusez-moi, nous cherchons à rencontrer Sir Nimen. Serait-il possible d’entrer ? Nous sommes venus pour parler affaires, il a certainement dû vous tenir au courant. »

  A nouveau, il lança un coup d’œil à l’autre homme, à présent sur le qui-vive.





MOTS : 1031  ||  Lucius - #669999
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Mer 27 Juil 2016, 03:34

Deux nouveaux arrivants. De frustration, je fronçai les sourcils. J'aurais du savoir que ces bruits de pas étaient le fruit de deux personnes... Cela n'était pas digne de mon sang de chasseur. Balayant ce reproche mental d'un imperceptible mouvement de la tête, je détaillai les deux intrus. Un simple coup d’œil suffit pour le premier : un ivrogne, titubant à moitié et parlant trop fort. Le second en revanche semblait beaucoup plus dangereux. Silencieux, il me fixait avec insistance, avant de finir par un regard mauvais. Derrière mon masque de fer, je me laissai aller à un grand sourire.

- "Cain." Lâchai-je simplement, d'un ton que je voulais neutre.

L'autre, si insignifiant, rouvrit la bouche, dans une ridicule tentative de dialogue. Qu'espérait-il ? Je laissai échapper un soupir délibérément exagérer, et fis un pas dans sa direction. Doucement, je fis courir ma main vers la poignée de mon sabre, que j'effleurai du bout des doigts.

- "Au contraire, je suis arrivé à destination. Je suis venu voir le maître des lieux" soufflai en jetant un coup rapide dans la direction de l'imposante bâtisse qui se dressait dans mon dos.

Guettant une réponse, je reporta mon attention sur le deuxième homme, que je sentais sur le qui-vive. La tension était palpable et, par prudence, je m'empoignai de mon arme, sans la faire coulisser de son fourreau. Finalement, ce fut ce Mihael qui désamorça la situation, en se tournant vers le garde qui gardait le portail et expliquant les raisons de sa venue. Me relâchant légèrement, j'acquiesçai :

- "C'est également mon cas."

Le soldat jeta un regard méfiant dans ma direction - sans doute le masque - puis appela un de ses collègues d'un signe de la main. Quittant l'ombre du mur d'enceinte, ce dernier s'avança vers les portes de fer, muni d'un trousseau de clefs. A peine avait-il ouvert les battants, que deux autres hommes d'armes étaient apparus, la lance à la main. Visiblement, ils préféraient garder l'avantage du nombre...

- "Suivez moi je vous prie." lança celui qui s'était occupé de la serrure avant de s'éloigner d'un pas rapide.


Le jardin, nimbé par les pâles rayons lunaires, était d'une grande beauté. Les arbustes étaient taillés avec une précision remarquable, et un grand bassin trônait au cœur de ce paradis de végétation. Régnant sur le parc, la majestueuse statue d'un héros inconnu décorait la fontaine. Un silence délicieux coulait sur le monde, à peine troublé par le crissements de nos bottes sur les graviers fin du chemin. Moins de trois minutes plus tard, le garde aux clés nous faisait pénétrer à l'intérieur du manoir.

Sobre. Tel était le premier mot qui me vint lorsque je voulus qualifier la décoration de la demeure. Néanmoins, cette simplicité dégageait comme une aura de sévère autorité. On était loin du faste ridicule de certains palais, et plus loin encore de l'extravagance que je m'étais figuré dans ma jeunesse à l'égard des nobles. Quelques vases étaient posés sur un mobilier plutôt sommaire, disposé avec bon goût. Entouré par les trois gardes, nous patientâmes quelques instants, le temps que le majordome chargé de nous accueillir aille prévenir le maître des lieux de notre venue. Un silence pesant ne tarda pas à s'installer, malgré les tentatives risible de Lucius d'animer une conversation, qui de toute façon aurait été inutile.
Une bonne dizaine de minutes plus tard, le Seigneur Réginald Nimen fit son apparition, habillé de pied en cape. Ses riches atours étaient impressionnants de classe : un pourpoint sombre, lequel contrastait un épais manteau écarlate. Des bijoux paraient ses doigts et sa gorge, tandis que ses longs cheveux blonds étaient tirés en arrière. Le visage marqué par le temps et les combats, ses traits avaient été découpé dans le bois le plus brut. Il aurait été impossible de dire que cet homme avait été tiré du lit quelques minutes plus tôt. Ou peut-être, n'était-il pas en train de dormir, tout simplement. Sans l'ombre d'un sourire, il salua les trois "invités" et nous invita à le suivre dans l'un de ses salons. Bien que peu au fait des règles de la bienséance chez les puissants, j'effectuai une maladroite courbette que j'espérai suffisante. Insensible, le Sire Nimen continua à avancer. Au passage, il plissa les yeux à mon intention, ses pupilles rivées sur le masque d'acier que j'avais refusé d'ôter en entrant.

Assis dans un large fauteuil de cuir, le seigneur nous étudiait du regard, tout en pianotant du bout des ongles sur des accoudoirs finement sculptés. J'avais pris place dans une chaise, bien plus classique, à quelque pieds de mon noble interlocuteur. Aussi droit que possible - je ne pouvais pas montrer ma faiblesse - je le fixai avec un mélange de curiosité et d'appréhension. Lorsqu'il parla enfin, ce fut d'un glacial :

- "Quel genre de raisons pourraient pousser un homme à manquer de respecter à son hôte en lui refusant son visage ?"
Je tressaillis légèrement, surpris par la virulence de cette attaque, pourtant évidente. Je ne me laissai pas démonter pour autant, et répondis avec tout le flegme que je pus rassembler :
- "Ma laideur, Sire... Ce serait un plus grand irrespect encore que de vous l'infliger."
Bien heureux que mes expressions faciales soient invisibles, je fermai les yeux en priant pour que cette drôle de justifications lui convienne. Je l'entendis ricaner.
- "Je vois. Peut-être qu'un monstre pourrait être la solution dont j'ai besoin... Gardez donc votre casque si cela vous sied. Bien !" Lança-t-il à la volée en frappant dans ses mains. "Je sais très bien pourquoi vous êtes là, mais je ne sais pas qui vous êtes."
Je quittai mon siège et m'inclinai profondément, une nouvelle fois, devant mon hôte.
- "Cain Fenhurst, Sire. J'arpente le monde depuis que je suis né". Je ne pus réprimé un sourire narquois : ce n'était pas vraiment un mensonge : après tout, j'avais connu deux naissances... "Mon sang est vil, mon ascendance pauvre, mais ma lame est digne de confiance." Achevai-je finalement, pleinement conscient que cette présentation était bien trop sommaire mais énigmatique.
Encore une fois, le noble hocha de la tête, satisfait. Lorsque ce fut au tour des autres de parler, je penchai la tête sur le côté, paupières closes. Il me fallait retenir le moindre détail les concernant : peut-être y trouverais-je une faille à exploiter...

- "Une dernière chose avant de vous présenter mon... "fils". Vous ne recevrez de récompense que si j'estime qu'elle est méritée. Si vous souhaitez vous y prendre à trois, libre à vous. Sachez juste que j'augmenterais par pour autant le montant de la somme."
- Ce n'est pas la richesse que je recherche, Sire.
Il fronça les sourcils, aussi surpris que perplexe.
- "Et que recherchez vous donc ?"
- "Un tout petit peu de reconnaissance", soufflai-je, en pensant à la récompense qu'elle m'avait promise.



Mots : 1181

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Ven 29 Juil 2016, 18:06


  Après que le dénommé Cain se présente et précise la raison de sa venue, ils pénétrèrent tous trois dans la demeure. Lucius ne se fit aucunement prier pour lancer quelques commentaires à droite à gauche concernant la richesse presque insolente des lieux. Les gardes ne disaient rien et se contentaient de les guider calmement vers le propriétaire. Leur nombre, équivalent à celui des visiteurs, trahissait un certain besoin chez Nimen de garder coûte que coûte le contrôle sur ce qui était étranger, de près ou de loin, à sa merveilleuse demeure.
  Mihael lança un coup d’œil par-dessus son épaule, curieux de savoir qui allait remplacer l’homme aux clefs. L’organisation de la bâtisse l’intriguait, mais il fut largement tiré de ses réflexions lorsqu’il découvrit les alentours. Les bosquets, délicatement coupés, s’épanouissaient au clair de lune, dans une effervescence presque mystique. C’était un spectacle tout à fait charmant qui envoûta sans conteste les sens de Mihael.
  Sa curiosité à l’égard de l’homme masqué s’était quelque peu atténuée. Seule résidait son appréhension vis-à-vis de l’endroit : en tant que Réprouvé, il n’avait jamais été confronté à tant de luxe, aussi sommaire soit-il. Bien que la décoration fut sobre et légèrement épurée, le moindre objet sentait l’ancienneté mêlée au « respect qu’impose le sacré »*.

« R’garde-moi ça… » chuchota Lucius à l’égard de Mihael en lui frottant le bras du dos de la main. « Une vraie canaille ce Nimen ! Et si imbu de sa personne… toujours à se mettre en scène ! »

  On les avait rassemblés dans un petit salon où trônait un grand tableau qui représentait l’hôte, vêtu des plus précieux atours, chevauchant un étalon blanc, dressé, la crinière au vent. Le Réprouvé eut un sourire narquois mais se contenta de garder le silence. Comme à son habitude, il avait décidé d'être en retrait, mais jouait constamment de ses sens observateurs, fruit d’un apprentissage aigu dans les plus sombres ruelles de Stenfek.

  Ils ne tardèrent pas à être accueillis par Réginald Nimen, tout aussi pimpant que sur ses portraits. Digne d’une gravure sur laquelle le temps n’a aucun impact, il les pria solennellement de le suivre.
  Le comportement du dénommé Cain interpella Mihael et celui-ci se surprit à éprouver une pointe d’agacement à son égard lorsqu’il le vit faire des courbettes au noble sire.

« Encore un pour qui l’estime de soi n’a aucun sens » lança une voix condescendante contre les parois de son cerveau.

  Le Réprouvé serra les dents mais ne put qu’acquiescer mentalement au commentaire du Démon.
  On remarquait chez l’homme masqué la volonté de correspondre point par point aux attentes du maître des lieux. Ou bien de ne pas trahir le moindre geste qu’il l’eut désigné comme tout à fait étranger à ce monde-ci. Était-ce pour mieux servir ses propres intérêts ou bien était-il clairement de la tranche des gens serviles et sans intérêt ? Cain semblait déterminé, poussé par une force qui le dépassait et que Mihael ne put saisir en son for intérieur. Quelles étaient donc ses motivations ? Et pourquoi était-il si mystérieusement étrange dans ses propos, expressions corporelles et autres atours, tels que ce fameux et non moins dérangeant camouflage ?

« Vous m’avez l’air tout à fait apte à dégriser mon cher et tendre… rejeton. » conclut Nimen en abaissant la tête, sans lésiner sur ses œillades à l’égard du masque. « Et vous, donc ? Vous n’êtes pas venus tous ensemble, m’ont rapporté mes hommes. Est-ce le désir de la gloire qui vous a simplement menés jusqu’ici, ou bien êtes-vous clairement décidés à accomplir la tâche que j’ai décidé de déléguer à mon plus grand dam ? »

  Il s’était levé pour apposer son coude contre la petite cheminée du salon. Son regard était lointain et son air désabusé fut la première faille que Mihael observa chez lui. Malgré son apparence qui promettait respect et soumission chez ses interlocuteurs, il ne put s’empêcher d’expirer profondément et d’arborer une mine un peu défaite. Lorsque son regard rencontra celui du Réprouvé, qui le fixait avec insistance, il se ressaisit grandement et rajusta sa grosse ceinture avant de faire les cent pas.

« Mon Seigneur, ce jeune homme et moi-même avons entendu votre appel. J’ai moi-même beaucoup voyagé sur ces terres, et je connais le continent naturel et la Forêt des Murmures comme ma poche. La connaissance acquise durant mes nombreuses expéditions est un indice de choix. On ne devient un homme que par force d’apprentissage. Si vous vous êtes tournés vers des moyens plus inconvenants, ne doutez pas de notre compétence pour faire réaliser à votre enfant l’importance manifeste de sa descendance. »


  Lucius ponctua sa logorrhée par un léger abaissement de la tête, la main plaquée contre sa poitrine. Mihael ne put s’empêcher de constater la soudaine éloquence de son acolyte et haussa le sourcil, légèrement surpris.

« Dis quelque chose, imbécile. Sinon, ce coup du sort te filera sous le nez ! »

« En ce qui me concerne, Monsieur, c’est la discipline de votre enfant qui sera à ma charge » déclara Mihael en jetant un regard autoritaire à Cain. Il entendait être clair, dès le départ. Puis, il continua, plongeant ses prunelles bleu-acier dans celles de son interlocuteur : « Je ne vous dirais pas comment nous procéderons, puisque j’ai cru comprendre qu’à présent, seuls les résultats vous importaient. Mais soyez sans crainte : votre fils vous reviendra en un seul morceau, plus déterminé que jamais à assurer la pérennité de votre blason. »

  L’affaire fut conclue rapidement. Nimen leur donnait un délai de quelques jours pour se rétracter, auquel cas, ce dernier ferait appel à d’autres hommes de main plus « aptes à la tâche ».
  Lucius fut particulièrement ravi d’apprendre que l’argent n’était pas une des principales motivations de Cain, et il se portât plus que volontaire pour être l’heureux bénéficiaire de la bourse. « T’as vu ce petit discours, tout juste concocté pour le sieur Nimen ? J’l’avais bien peaufiné avant d’entrer, ça fait un moment qu’cette joute verbale me trottait dans la tête ! ».

« Vous passerez la nuit ici » avait fini par dire leur hôte. « Et demain, les choses sérieuses commenceront. »

  A peine sortis du petit salon, le majordome les pria à nouveau de les suivre afin de leur montrer leurs appartements pour la nuit.

« Alors, comme ça, z’êtes venus pour avoir de la r’connaissance ? C’est quoi, un nom d’code pour les filous comme vous qui s’barrent ensuite avec le fric, hein ? » lança Lucius à Cain.
« Lucius, lâchez-le. » fit Mihael qui n’en pouvait plus d’entendre parler l’homme.

  Au détour d’un couloir, ils tombèrent nez-à-nez avec un jeune homme qui se pavanait dans les couloirs de l’étage, vêtu d’un grand manteau à fourrure.

« Ça alors, Pierre ! Pourriez-vous dire à Suzanne de refaire mon lit ? Elle sait très bien que je déteste rentrer de Drosera sans avoir mes draps de soie blanc cassé et la lumière tamisée comme au petit matin ! Tiens ? Pierre, qui sont ces gens ? » dit-il en les regardant d’une mine affreusement dégoûtée. « Père ne lésine pas sur les sans-abris. Mais qu’avons-nous donc ? »

  Il se rapprocha de Cain dangereusement et se confronta nez-à-nez à son masque.

« Toi, pour ce qui du costume, on t’a pas gâté » dit-il en faisant le moue.

  Le majordome expira légèrement et commença les présentations :

« Monsieur, j’accompagne nos visiteurs aux appartements du haut. Ce sont vos nouveaux… »
« Et toi, avec cette cicatrice… Encore heureux que je ne t’aie pas croisé dans la Forêt tout à l’heure, tu fais peur à voir ! » réitéra le jeune homme en posant une main sur sa poitrine, le petit doigt relevé.

  Pierre inspira et croisa les mains derrière son dos :

« Messieurs, je vous présente Rufus, le… »
« Sir Rufus Nimen, premier du nom, je vous prie, Pierre. Bien, je compte sur vous pour dépêcher un peu mademoiselle Suzanne, sinon je ferai un rapport détaillé à mon père, soyez-en sûr ! Messieurs, passons une bonne nuit ! »

  Et dans un froissement d’étoffe, Rufus repartit vers ses propres appartements en chantonnant, le sourire aux lèvres.

« Alors c’est lui, le « rejeton » ? » lâcha Lucius dépité.

  Les présentations avaient au moins eut le don d’amorcer un semblant d’accroche avec leur cible. Bien que cette dernière n’eût pas entendu un traître mot concernant leur identité et la mission qu’il leur avait été confiée. La tâche promettait d’être rude tant l’individu paraissait si peu concerné par ses futures fonctions.
  Mihael attendait le lendemain avec impatience. Il prendrait un malin plaisir à lui rendre la teneur de son compliment de manière plus incisive.





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Nimen - #330000 |  Pierre - #cc9966 |  Rufus - #999966
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Alors tu seras un homme, mon fils [Quête - PV Mihael Keehl]

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