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 [LDM Août/Septembre] - Ce Monde accessible à ceux qui croient.

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Jeu 08 Sep 2016, 17:44

「 Ce Monde accessible à ceux qui croient 」
Vous êtes sûr et certain que c'est sans danger ? Ce n'était pas tant la crainte que son timbre de voix trahissait allègrement mais davantage une curiosité malsaine, macabre. Eärhyë avait toujours raffolé d'expérience originale, légèrement dangereuse, et elle se trouvait présentement à la croisée d'un chemin. La jeune femme avait le choix entre croire les Chamans, selon elle des êtres primitifs qui communiaient avec des esprits - et seulement eux ! - ou poursuivre sa route avec cette amère impression de louper quelque chose de fort, une émotion ou sensation puissantes qui la marqueraient à vie. Et puis la jeune femme redoutait d'éventuelles moqueries de la part de cette race, échange que la Bélua souhaitait particulièrement éviter, du fait de son enfance déjà difficile.
Eärhyë n'avait pas peur de la mort. Ou plutôt, elle n'avait jamais envisagé la mort sous cet angle, elle n'étant plus la cause mais bien à la place du cadavre. De ce fait, la blonde ne put échapper à une réflexion sur la manière dont elle affronterait cette fin inéluectable. La crainte, le doute ? La Libération ? La curiosité ? Qu'y-a-t-il après la mort ? Un voile blanc - et pourquoi pas noir ? - indéchirable ? De nouvelles contrées à visiter sous d'autres formes, d'autres pouvoirs ? Le chaman qui lui faisait face mit fin à son débat intérieur par un soupir désabusé.
Vous croyez vraiment que nous vous avons priés de ne point manger pendant quelques heures dans le seul but de vous prendre votre âme ensuite ? Eärhyë haussa un sourcil, silencieuse mais si éloquente. Qui disait ne plus manger évoquait obligeamment une baisse de force et des ressources de manière générale. Comment se défendre ensuite sans énergie dans le bide, sans la moindre chance de mouvoir ses membres affaiblis ? Le Chaman dut en venir à la même conclusion, toussotant légèrement pour requérir une certaine contenance. Peine perdue. La Bélua devenant à présent hésitante, c'est presque de force qu'on lui peignit le corps nu, la jeune femme s'étant déshabillée un peu plus tôt sans aucune once de pudeur. En tant que Bélua, elle était souvent amenée à se dénuder, souvent contre son gré, répondant à de bas instincts animals. Si cet effet n'induisait pas que la jeune femme était prête à se balader constamment nu sur les terres du Yin et du Yang, cela ne l'empêchait pas d'accepter, notamment quand le choix se mettait au service du savoir et de la curiosité, comme c'était le cas à présent.
Soudain une forte odeur nauséabonde emplit la hutte dans laquelle ils se trouvaient, faisant grimacer la féline. Le Lynx en elle réagit au quart de seconde, ouvrant un oeil inquisiteur et intéressé. Lui aussi avait été forcé au jeûn et l'odeur de ce sang à portée de gueule ne pouvait que réveiller des instincts bestiaux et légitimes. On se rendort, Boule de Poils. Du sang cueilli pour toi est moins bon que celui découlant d'une bonne partie de chasse, tu ne crois pas ? Eärhyë le pensait vraiment. Pour avoir goûté à lesdites parties, la Bélua succombait de plus en plus aux élans carnassiers de son Totem. Lorsque le sang eut recouvri sa peau d'arabesques complexes, incompréhensifs à l'inculte qu'elle était, Eärhyë se leva pour gagner une place parmi les bancs, le coeur fébrile et les mains moites. Dans cet environnement où elle ne maîtrisait rien, la jeune femme avait tout bonnement l'impression de ne plus être à sa place.

Solennellement, la cérémonie commença. Les Chamans psamoldièrent des paroles dans une langue tout aussi incompréhensible que la préparation antérieure. Eärhyë regardait autour d'elle, toujours aussi fébrile. Curieuse de voir le changement d'état sur ses voisins proches, la blonde vit plus qu'elle ne sentit une torpeur gagnait ses membres alors que son esprit dérivait dans une transe détonante. Dans une douceur de coton, son esprit fut projeté hors de son corps. Se voir de l'extérieur fut probablement le plus grand chose de cette expérience. A moitié endormie, son visage calme ne bougeait plus d'un cil, tout comme le reste de son corps.  S'ils était attaqués, elle se verrait mourir sans même pouvoir se défendre. Etrangement, cette prise de conscience ne lui fit ni chaud ni froid. Déjà son esprit se tournait vers d'autres horizons, guidés par ceux des Chamans aguerris. Le temps n'était plus qu'une notion lointaine qu'Eärhyë refoulait tranquillement. Tranquille, elle l'était, et son esprit ne cessait de dériver parmi les nuages, ou ce que la Bélua appréhendait comme tel. Au loin, une Cité, appairaissant tel un mirage au coeur des cieux, se laisse surprendre par sa vue, après un tour de passe passe des Chamans présents. Les pupilles pâles - ou ce qui aurait du en être, se régalèrent de cette apparition miraculeuse. La magie de l'instant accaparait l'esprit de la blonde, qui n'avait maintenant qu'une seule hâte : rassasier sa curiosité débordante.  
Le voyage jusqu'à une rive de la cité fut plus rapide, le temps de quelques instants, de quelques battements cils. Les Esprits sages firent leurs dernières recommandations, déjà la Bélua s'avançait, téméraire et assoifée. Adieu la liqueur, bonjour la connaissance... Et la croisée des chemins, enfin, alors que la jeune blonde atteignait un temple splendide invitant au pélerinage. Eärhyë y pénétra, tombant nez à nez face à une dame dans la fleur de l'âge, blonde comme elle, mais des yeux plus sombres. L'inconnue sembla avoir le souffle coupé, bien qu'il aurait été bien difficile d'en avoir la certitude en une telle ambiance. L'Esprit s'avança vers elle, tendant la main avant d'ouvrir la bouche sur un éclat de rire silencieux, le bras retrouvant sa place première.


Comme tu as grandi. Tu es devenue une jeune femme pleine de charmes.

Eärhyë plissa les yeux, ne comprenant pas - ou refusait de comprendre.Esquivant un Esprit en oubliant totalement l'endroit où ils se trouvaient, leur inconsistance, la blonde se réfugia dans l'ombre d'une alcôve, l'autre Esprit ne cherchant pas à la suivre. Au contraire, un sourire déçu étira ses traits avant qu'elle ne se détourne pour poursuivre sa route. Eärhyë, quant à elle, était perdue. Nier l'évidence était idiot, mais la vérité était si douloureuse que la blonde, pour une fois, refuser de la reconnaître. Se pouvait-il réellement que...? Non, cela ne pouvait pas être ce qu'elle croyait avoir reconnu. Ce serait si... atroce... Une vérité éclatante qui parachevait toute une vie de recherche, substituant à cette quête de soi le goût amer d'une gifle brutale.

Soudain, la Bélua se sentit arrachée au présent, aspirée de manière aussi brutale que son entrée dans ce monde avait été doucereux. Quitter son corps était une image choquante qui marquait les mémoires, le réintégrer était une douleur physique indescriptible. C'était comme si le poids d'un monde s'abattait sur vos épaules, vous ancrant à la terre ferme comme un navire dans les mers et océans. Grimaçante, le front plissé de rides soucieuses, la jeune femme passa une main alourdie sur le visage pour tenter de le défroisser, étalant de ce fait les peintures chamaniques sur toute la surface de ses joues et menton. Autour d'elle, les Chamans s'affairaient pour faciliter le retour des invités à la vie réelle. L'un d'entre eux passa près d'elle sans s'attarder puisqu'elle s'était réveillée, pourtant la Bélua s'imposa en le retenant par l'avant-bras. Cet endroit... Vous êtes sûr que c'était le monde des... Des Morts. Oui. Son air laconique, indifférent, toucha la jeune femme qui s'énerva. Serrant les poings, elle se souvint qu'elle se tenait ici en qualité d'invité, entourée par une bande de peinturlurés assez puissants pour amenez l'esprit d'une centaine de personnes dans un Au-Delà saisissant. Le remerciant, elle libéra sa prise sur son bras pour s'imprégner de tout le poids de ses mots. La vérité finit toujours par tomber, et elle est rarement apaisante.


1360 mots
Gains : 2 pts de Magie
+1 pour Sympan
Merci pour ce LDM =)
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Dim 11 Sep 2016, 23:19

Un nouvel évènement...

Le monde paraissait être rythmé par la dualité entre deux croissances opposées. Ces dernières temps, le monde ne vivait qu'à travers cela, qu'à travers cet engouement macabre dégagé par ces fidèles voulant avoir la domination sur ceux considérés comme hérétique. Rubiel était incapable de discerner les dessins qui se faufilaient derrière ce combat de chaque instant. Elle ne conaissait ni les tenants, ni les aboutissements, elle était bercée dans une sorte d'innocence naïve, souvent propre aux Anges les plus faibles. Elle, elle s'était toujours contentée de répéter les coutumes de ses pairs pour finalement y croire aveuglément. Elle n'avait pas besoin de savoir pourquoi elle priait, si cela n'était qu'une futilité ou au contraire d'une importance capitale. Elle croyait, c'était tout ce qui l'importait, et quand bien même on viendrait lui déraciner ses acquis religieux par un raisonnement logique, elle n'avait que trop peu d'intelligence pour y porter un intéret.

Seulement voilà, pour le moment, ce n'était pas sa volonté de savoir qui avait parlé pour elle mais bien sa curiosité pour découvrir une nouvelle aventure. Elle ne savait que trop peu de chose sur les règles de son monde, la totalité de sa réalité lui échappait et elle avait un grand plaisir à grappiller des nouvelles expériences de vie par-ci et par-là.  Alors, lorsque la rumeur fut transmise à travers le monde entier, ce fut sa personnalité d'aventurière qui guida ses pas au point de rendez vous. Peut être qu'elle regrettait maintenant, elle faisait face à une foule abondante et bruyante et s'était engagée dans cette horde sans possibilité de faire marche arrière. Elle avait le don pour ne prendre jamais aucune réserve, de précaution au cas où cela tournerait mal.

D'autant plus que maintenant, il fallait qu'elle se déshabille, ôte ses vêtements devant tout le monde. Elle n'aimait pas ça, en tant qu'Ange, elle se devait d'avoir un semblant de pudeur. Ce n'était pas le fait de montrer son corps qui la dérangeait ceci dit, c'était le fait de ne pas savoir à qui elle le montrait. Elle qui était totalement vierge d'émotion malsaine n'avait rien à craindre quant à la révélation de sa peau, mais voilà, elle possédait quand même des réserves. Pas vis à vis d'elle même, mais vis à vis d’autrui qui était certainement moins purs qu'elle.

Enfin, elle n'allait pas faire de chichi, c'était pas comme si cela faisait la première fois qu'elle avait à faire cela. Alors, elle enleva ses vêtements et fut prise en charge par les chamans sur place. Cette race était étrange, beaucoup plus engagée dans ses croyances que n'importe quelles autres races. Au reste du monde et des plus simples d'esprits comme Rubiel, ils étaient tous des illuminés, s'alimentant entre eux de leurs démences et de leurs pratiques extrêmes. Heureusement, Rubiel restait ouverte d'esprit et arrivait à les croire sans trop les juger négativement.

Néanmoins, alors que son corps troquait de plus en plus son statut d'être vivant pour celui d'une véritable peinture, la cérémonie commença et son esprit fut extrait de son corps laissé sans vie. C'était une sensation étrange, une sensation comme jamais auparavant elle n'avait senti. Un grand sentiment de frayeur émergea en elle, et si finalement, après tout ça, elle venait de faire une grosse bourde ? Son corps était laissé là, sans vie, sans défense, à la portée de tout les êtres les plus mauvais du monde. Alors qu'elle commençait à s'élever dans un autre monde onirique et sans logique.

Elle pouvait voir les autres participants à cette étrange comédie être embarqués de la même manière qu'elle. Heureusement, il restait les chamans pour guider les esprits dans le plus grand des calmes. Ce n'était pas tout les jours qu'on avait la chance de fouler ce monde normalement interdit aux êtres physiques. Enfin, Rubiel était davantage partagée entre la peur et la stupéfaction pour véritablement remarquer la chance qu'elle avait d'être ici.

Lorsque la situation fut plus ou moins stable, on la laissa vadrouiller à droite et à gauche sans réel surveillance. N'étais-ce pas dangereux d'être là ? Tout son être la perturbait, il ne lui répondait pas exactement comme à son habitude. Si elle avait pu avoir la nausée en cet instant, elle aurait probablement déversé son repas de la journée dans ce monde censé faire acte de preuve de la toute puissances de ses dieux.

Cela aurait être un outrage sans nom si elle avait du faire cela... Mais même en sachant cela, finalement, malgré ses contres indications, elle avait réussi contre tout attente à faire l'impossible et à souiller le sol de l'Au dela avec ses tripes...

Elle n'avait pas tenu le choc du voyage. Elle était d'ailleurs d'un air si ravissant en cet instant que si elle avait eu plus de charisme que cela, tout le monde se serait retourné vers elle pour l'admirer dans toute sa grâce. Elle soupira intérieurement... Il n'y avait qu'à elle pour que ce genre de chose arrive. Alors qu'un monde des plus mystiques et mystérieux se dévoilait à elle, elle se retrouvait dans une situation des plus classiques...

Sachant pertinemment qu'elle n'avait que très peu de temps pour cerner les rouages de cette aventure, elle reprit très vite ses forces et s’efforça de marcher vers l'horizon. Elle ne savait pas où aller mais au moins, elle était sure de tomber sur quelque chose d'au moins signifiant. Du moins, elle l'espérait...

Ce qui ne manqua pas néanmoins, ce fut le nombre d'individu plus ou moins éphémère qui foulait son chemin. Il n'était pas comme elle, il ne semblait pas être rattaché au monde physique comme elle pouvait l'être malgré sa nature spirituelle en cet instant. Par ailleurs, leurs visages n'exprimaient presque aucune émotion, ils étaient tous perdus dans un air des plus stoïques sans vraiment laisser une voie de rédemption à celui-ci. Il était résigné à leurs propres sorts... Ce qui ne manqua pas de foudroyer Rubiel. Depuis quand étaient-ils tous ici ? A errer sans aucun but ? En attendant que la mort vienne les chercher et leur donner une seconde vie plus heureuse que la précédente ?

Cela lui faisait énormément de peine de voir cela. Son corps qui ne battait plus vraiment arrivait néanmoins à se nouer et à lui causer un grand chagrin. Sa nature d'Ange lui ordonnait de les aider d'une manière ou d'une autre mais, pour cette fois, elle ne pouvait véritablement rien y faire. Ce n'était pas son monde, elle n'avait aucun droit sur celui-ci, aucun moyen de s'en dégager. Ce n'était qu'une simple observatrice de la misère des autres, ce qui était une des positions les plus indésirables pour un être bénéfique.

Elle pressa alors son pas, pour tenter de se fourvoyer un maximum en évitant les individus lui barrant la rouge. Ils ne tentèrent même pas de s'accrocher à elle, ils étaient vides de toutes volontés. Au bout d'un moment, elle arriva bien à un immense temple érigé pour la gloire des dieux. Elle voulu y pénétrer mais elle ne savait pas vraiment si elle avait le droit. Mais, elle avait déjà bien assez perdu de temps avec ses simples observations de broutilles. Elle devait ressortir au moins avec une nouvelle découverte de ce monde éphémère dont les portes lui seront probablement barrées à tout jamais après cette expérience..

Alors elle y pénétra, en veillant bien regarder autour d'elle afin de ne pas s'attirer les foudres d'un éventuel chaman ou esprit. Foulant le sol du batiment ancestral, elle n'avait aucune idée sur le fait qu'elle était entrain de marcher sur une terre vouée aux dieux. Son intelligence bien trop limitée l’empêchait de prendre connaissance des tenants et aboutissants du simple fait d'être entrée dans ce lieu. Si elle avait su, nul doute qu'elle aurait cherché à la quitter le plus vite possible pour s'échapper de là bas avant de commettre une faute capable d'attirer les foudres des dieux eux-mêmes. Et elle savait très bien qu'elle en était capable. Tout le monde le savait.

Elle y passa énormément de temps à arpenter ce temple érigé à la gloire des dieux de la vie et de la mort. Elle se posait une quantité infinie de question sans jamais trouver de réponse mais elle se plaisait dans ce simple questionnement. Elle avait de la chance de pouvoir s’attiser une curiosité sincère sans pour autant en subir les contres-coups vicieux.

Finalement, elle vint à débarquer dans ce qui paraissait être un endroit important de ce batiment. Au centre se situait une sorte de relique somptueuse dont l'aura émanait à travers son corps immatériel. Elle avait cette volonté de venir s'approcher de plus en plus de cet objet merveilleux dont elle ne pouvait même pas mettre de mot. Elle voulait juste le contempler avec plus ou moins d'approche dans celle-ci. D'ailleurs, elle ne manqua pas d'y poser la main dans un réflexe presque instinctif. Sa bestialité avait eu raison de sa logique et sans le vouloir, elle venait potentiellement de commettre un affront aux yeux du monde entier.

Néanmoins, elle n'eut pas le temps de s'attarder sur la vague de sensation qui la pénétrait en cet instant. Elle n'eut pas non plus le temps de réaliser ce qu'elle venait de faire car elle fut arrachée à cette réalité imaginaire pour revenir dans son propre monde d'une manière des plus brutales.

Elle pouvait voir un chaman au dessus de son corps tandis qu'elle s'unissait de nouveau avec celui-ci. Sa première action lorsqu'elle rouvrit ses paupières de chaire fut de vomir une nouvelle fois sur les godasses du malheureux. Décidément, les voyages vers l'au delà n'était véritablement pas fait pour elle et elle se savait bien chanceuse de ne pas avoir à faire cela tous les jours. Tandis que tout les autres compères se réveillèrent un à un, elle parti de l'évènement qui avait duré plusieurs heures quand même. Sa foi n'étant que davantage renforcé dans ses croyances. Bien qu'il restait toujours le pourquoi de tout ce malheurs qui lui taraudait l'esprit et qui n'allait toujours pas trouvé de réponse..

Mots : 1785
Gains : 1 Point de Force + Eternité Svp o/ / +1 Pour les Aetheri o/
Merci pour ce Rppt o/
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Mer 14 Sep 2016, 06:22


Une silhouette sombre s’avançait dans la nuit, dans le souffle spectral du vent et le bruit sourd des incantations que psalmodiaient les chamans. Un chant hypnotique qui guida l’homme droit vers le camp installé tout autour d’un gigantesque brasier. Ses flammes montaient jusqu'à la cime des arbres, créant des ombres gigantesques. La puanteur des offrandes éviscérées mélangeait à l’encens levait le coeur des plus sensibles. Nul doute que tout ceci avait nécessité de grandes préparations, de quoi éveillait l’intérêt de l’humain qui se tenait en retrait la main sous son nez.
La tribu Rwanonya avait fait savoir que la vérité sur les Ætheri serait révélé à qui voudrait se montrer assez courageuse. Une bien jolie promesse qui avait su interpeller les oreilles de l’humain. Après tout, il pouvait s’agir d’un piège et quoi de plus excitant qu’une merveilleuse aventure qui lui promettait le piquant de l’incertain. Livaï avançait confiant. Il n’avait jamais eu peu de mourir. En affrontant la mort, l’humain se prouvait à lui-même que rien n’était impossible. Tant qu’aucun Æther ne se dressait sur son chemin, c’est qu’il était destiné à un plus grand destin. Oui, Livaï était présomptueux. Son optimiste concernant son avenir n’avait d’égal que son ignorance concernant le monde qui l’entourait.
Un chaman posa sa main sur son épaule le poussant lentement vers une table. Ce n’était pas la première fois que l’humain avait affaire à un rituel chamanique. Il se laissa déshabiller et s’allongea sans se poser de questions. Un homme plus vieux apparut au-dessus de lui. Ses doigts tracèrent de longs traits complexes qui firent frissonner Livaï. Après un bref coup d’oeil à l’ensemble de l’oeuvre, l’humain réalisa qu’on l’avait badigeonné de sang. Cela ne ressemblait guère aux peintures des rituels qu’il connaissait, donnant un peu plus de légitimité à tout ceci. Jusqu’à présent rien n’indiquait que tout cela était un piège et quoi que les personnes en place étaient en train de faire, cela paraissait suffisamment sérieux pour faire étouffer ses interminables discours prolixes. Son silence, rendait honneur à la grandeur de la magie qui opérait.
Les odeurs et les incantations finirent par entrainer l’humain dans une sorte de semi-éveil. Il avait conscience de ce qu’il se passait mais son corps s’engourdissait lentement. Si Livaï avait pensé aux effets d’un poison, il balaya vite cette pensée en ouvrant subitement les yeux. Les branches au-dessus de lui dansaient dans le chant lointain des chamans. Il lui semblait percevoir le bruit du vent et de façon plus insensée, le bruit de la sève qui s’écoulait dans les rainures végétales.
Devenait-il fou? Ou était-ce ce rituel qui le faisait halluciner?
L’humain tendit son bras vers les rameaux encore jeunes, ce rendant enfin compte qu’il touchait la cime de l’arbre. Étrange vision qui se troubla, comme s'il s’agissait de la surface réfléchissante d’un lac. Paniqué, il se retourna et constata le vide derrière lui. Sans comprendre comment cela était possible, il observa son propre corps allongé en contrebas, parmi d'autres élus étendus tous comme lui. Il lui semblait qu’il s’éloignait à chaque seconde qui s’écoulait, laissant son double comme une offrande sur un autel. Quelque chose le happa soudainement en arrière, distordant son champ de vision qu’il avait jusque-là. Tout était devenu flou et extrêmement lumineux. Les bras devant ses yeux, l’humain essayait de garder son calme. Jamais encore, il n’était allé aussi loin sur la voie des dieux. Leurs noms brulaient ses lèvres, comme la soif asséché sa gorge.
Il avança péniblement dans la lumière et s’habitua progressivement à l’éclat intense qui l’aveuglait. Du blanc, apparu du gris, puis des tons glacés se détachèrent des nuances plus chaudes qui finirent par dessiner le vaste paysage qui l’entourait.
Si Livaï avait toujours forme humaine, celle-ci semblait quelque peu différente. Il passa longuement en revue ses mains et ses bras comme pour s’assurer que ce n’était qu’une impression. Il avait vu son corps rester en arrière et il ne pouvait que se questionner sur son état actuel. Avait-il fait le voyage que promettaient les chamans?
Il n’y avait eu aucun passeur pour s’assurer d’arriver à destination et il ne voyait personne pour lui confirmer.
Les étendues ocre de ce paysage rendaient l’humain anxieux. Si cela n’était que le fruit de son imagination, le décor lui semblait bien réel. Il descendit une pente sablonneuse et s’avança au pied d’une immense bâtisse. Un lieu hors normes qu’aucun homme aurait pu imaginer même en rêve.
- Par Edel et Ezechyel, siffla l’humain en levant les yeux vers les hauteurs inimaginables de cette tour.

La majestuosité qui s’imposait à lui, ne laissait aucun doute concernant l’origine de ce panthéon. Seuls les Ætheri avaient pu ériger une t-elle construction. C’était l’oeuvre d’une éternité, la preuve de la leur gloire et leur magnificence.
Livaï tomba à genoux dans la poussière qui souleva un nuage doré. De ce nuage ocre, une silhouette familière apparut enfin. L’homme observait les cieux avec un sourire arrogant.

- Contemple mon fils la grandeur d’Edel et Ezechyel.
Livaï se laissa tomber sur les fesses, hébété et sans voix, face à son défunt père revenu d’entre les morts.

- C’est… C’est im… Impo…
Son père s’avança vers lui, plantant son visage face au sien, obligeant Livaï à fermer la bouche.

- Toujours aussi sceptique…
Livaï papillonna des paupières avant de tendre sa main vers cette hallucination.

- Tu es mort...
- Belle déduction… J’espère que l’ange t’apprend mieux que ça... Répliqua l’homme dans un spasme d’hilarité.
- Haus…
- C’est comme ça que tu appelles ton vieux père? Tu es décevant mon fils. Soupira l’homme en se redressant.
Livaï soupira de côté en relevant ses jambes. Il s’accouda sur ses genoux et grimaça avec désinvolture.
- Oui, bon… Passons… Si tu es mon père… Je me demande ce que je fais ici? Suis-je mort? Finit-il par hésiter.
Son père le dévisagea longuement avant d’éclater de rires.
Livaï s’offusqua en se renfrognant.

- Très bien… Pas la peine de se marrer comme ça…
- Mon fils tu me manques terriblement…
Livaï ferma les yeux face à cet aveu inattendu. Son coeur venait de se serrer le portant sur un fragile équilibre émotionnel qu’il peinait à contenir. Il contracta sa mâchoire en serrant ses poings et se retint de tout épanchement.
Il ignorait si tout ceci était bien réel ou si les chamans avaient abusé de leurs savoirs pour troubler ses sens. Quoi qu’il en soit, il ne montrerait pas ses faiblesses, ni à son père, ni à aucune âme vivante ou morte.
Hausman finit par afficher un large sourire compatissant.

- Je veux que tu ailles dans ce temple.
Livaï arqua un sourcil.
- Ça a l’air passionnant, mais je n’ai pas la moindre envie de m’attirer les foudres des dieux. Et je doute que les Ætheri qui ont construit cette tour soient ravis que je la profane.
- Allons… Mon fils, ricana Hausman. T'ai-je une seule fois mener dans un traquenard.
L’humain se laissa tomber en arrière sur ses avant-bras, tout en croisant ses jambes. Vautré de toute sa longueur sur le sol, il toisait à présent son père dans un sourire arrogant.

- Disons que m’abandonner aux mains de sales sorciers n’était pas ta meilleure décision. Je vais donc me contenter de bronzer un peu ici. Mon hâle n’est pas encore tout à fait parfait, siffla-t-il avec entrain.
Son père leva les yeux au ciel avant de s’accroupir face à lui.

- Si je pouvais changer les décisions prises ce jour-là Livaï, je le ferai. Nul ne peut prétendre connaitre la voix que choisit les Ætheri pour nous.
- Je connais une rehla…
Hausman grimaça dans un long soupir.

- Cesse donc tes gamineries…
Livaï pouffa de rires.

- Je t’assure que je connais une rehla…
- Et alors? Grommela Hausman. Moi aussi je peux lire dans les fiante des poulets…
Livaï pouffa de rires en se redressant. Il secoua la tête face au franc parler de son père et le toisa d’un oeil sévère avant de reprendre.

- Ça m’avait manqué…
- Ce qui te manque surtout c’est du plomb dans ta cervelle de piaf… Si tu commences à suivre les élucubrations d’une femme…
- Non... non, tempera Livaï. J’y travaille… Et crois le ou non, ce sont deux ou trois femmes qui me poussent à apprendre. L’une d’elles m’a presque convaincu d’apprendre à lire…
Hausman haussa les épaules.

- Je n’en doute pas… C’est pour ça que tu vas aller dans cette tour et trouver l’épée d’éternité. Tu auras besoin de plus d’une vie pour accomplir ce à quoi tu es destiné…
- La quoi? Soupira Livaï.
- L’épée d’éternité…
- Oh non, je ne vais pas voler ce machin… Jusque-là je m’en sors pas trop mal et les Ætheri sont plutôt de mon côté…
- Triple buse… Tu ne vas pas la voler… Juste la toucher.
- La toucher ?
- La toucher, répéta Hausman en soupirant.
Dans un long échange de regards Livaï répéta une nouvelle fois.

- La toucher?
- Mais qu’est-ce que tu ne comprends pas… Lévi...
- C’est bon j’ai compris, tempera l’humain en levant les mains.
Il s’avança vers la porte de la tour en observant une dernière fois son père.

- La toucher?
Hausman ferma les yeux à bout de patience.

- Si je pouvais te toucher, tu sais où je te mettrai mon pied Livaï?
L’humain pouffa de rires en reprenant la marche à reculons.

- Avoue que je te manque…
Hausman finit par sourire.

- Oui tu me manques… Mon fils…
Sa silhouette s’estompa dans un nuage de poussière que souleva la brise laissant Livaï seul face aux étendues ocres.
Il ignorait si tout cela était du fait de son hallucination ou bien si ce mirage avait une once de vérité. Le mieux était encore de vérifier tout cela.
Il se faufila dans les méandres du temple, se perdant dans les immenses couloirs, jusqu’à trouver une salle immense. Après s’être assuré qu’il n’y avait personne, il s’avança lentement vers le centre ou reposait une épée dans un halo de lumière. Planté dans un socle finement sculpté, il se dégageait d’elle une aura magique si forte que Livaï cru que tout son corps se consumait sur place. Il força sur ses jambes et tendit sa main le plus loin possible vers ce halo qui le repoussait. Il ignorait s'il était assez fort pour résister longtemps. Quelque chose le tirait en arrière comme s'il était enchainé à une corde. L’humain étira son bras plus encore, à bout de forces et de souffle, effleurant des doigts la lame qui se profilait dans un éclat glorieux.
L’humain s’éveilla soudain en sueur, face aux branches tremblantes de la forêt et les couplets des incantations des chamans. Il lui semblait qu’il avait touché la lame mais il n’en était pas sûr. Il leva sa main au-dessus de lui et constata la coupure sur son doigt.
Son regard se figea, lui donnant un nouveau souffle qui lui permit de se relever. Détremper par les sueurs froides et les traces encore liquides du sang qu’on lui avait badigeonnaient dessus, il se demandait si tout cela n’avait été qu’un rêve. Combien de temps était-il resté inconscient? Pas assez pour que le sang ne sèche? Mais cette coupure?Il jeta un oeil sur le chaman qui venait lui apporter de l’eau. Il saisit la coupelle à pleine main et avala d’une traite tout le contenu comme s'il n’avait pas bu depuis des jours. Sa peau tirait comme s'il avait passé un long séjour dans le desert.
Étrange et irréel, c’était tout ce qui lui venait en tête lorsqu’il essayait d’établir une hypothèse sur ce qu’il venait de se passer.
Il examina l’entaille sur son doigt et interrogea le chaman qui reprenait la coupelle.

- Est-ce que cela faisait partie du rituel?
Le chaman suivit des yeux le regard de l’humain vers la coupure peu profonde d’où s’écoulait encore du sang. Il secoua la tête et reprit sur un ton solennel.

- Rendez grâce aux Ætheri qu’ils vous aient permis de faire ce voyage… Peu sont les élus à l’avoir fait et sont revenus entier.
Livaï plissa ses yeux dans un regard suspicieux. Il n’y croyait pas vraiment mais la coupure le faisait se questionner à nouveau.
Et si tout cela était réel…? Alors il aurait pu dire tant de choses à son père au lieu de se montrer stupide et borné.
L’humain se laissa retomber sur la table. Le poing sur son front, il sondait son esprit sans parvenir à démêler le vrai du faux.
Cela le dépassait. c’était hors de portée de son raisonnement. Mais si son père avait dit vrai, alors il aurait toute l’éternité pour comprendre.
Un large sourire fendit ses lèvres.
Oui, l’éternité pour se bonifier.



2104 mots désolée je me suis laissée un peu prendre dans le truc :P
+  1 Ætheri
L'éternité et + 1 charisme
Merci :)
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Dim 18 Sep 2016, 11:34


Raphaël observait les Chamans faire les préparatifs de leur rituel. Il avait entendu parler de cette rumeur qu’ils avaient fait courir. Apparemment, ils voulaient montrer aux partisans du Dieu Unique que les paroles de Delta étaient fausses. Que ce qu’il disait sur les Aetheri n’était que mensonge. L’Elémental se demandait si leur démonstration risquait de convaincre beaucoup de monde. Personnellement, cela ne changerait pas son avis, et il le savait. Cela paraissait idiot, lui qui n’était d’habitude pas borné, et ouvert d’esprit. Il savait simplement que dans cette guerre, il ne pouvait pas changer de camps aussi facilement, surtout au vue de sa position. Il défendrait Sympan. Alors pourquoi venait-il ici ? Tout simplement par curiosité. Une curiosité insatiable qu’il n’était pas capable de réfréner, même si celle-ci le conduisait vers des gens qui voudraient potentiellement le tuer. Depuis un moment, Raphaël s’intéressait au sujet de la Mort, ou plutôt de l’après-mort, sans avoir eu le temps de trop s’y pencher, trop préoccupé par tout un tas d’autres problèmes. Grâce à ses pouvoirs, ils pourraient en apprendre rapidement plus en observant les peuples, et, en cherchant, il finirait par trouver, il le savait. Mais les Chamans lui offraient une chance qu’il n’aurait peut-être plus jamais dans sa vie. Alors il n’avait pas l’intention de la laisser filer. Et c’est pour ça qu’il les observait. Non pas pour connaître le rituel, car il n’avait sûrement pas les pouvoirs pour l’appliquer à nouveau, mais il voulait s’assurer que ce n’était pas un piège. Ils pouvaient décider de tuer tous ceux qui avaient la curiosité de voir. Mais de ce qu’il voyait, ça n’en était pas un.

La nuit du rituel, l’Elémental était donc présent parmi tous les participants. Il était surpris de voir autant de personnes, mais qui n’avait pas peur de l’idée de la mort, et de ce qui pouvait y avoir derrière ? Même les plus grands avaient forcément un minimum peur de cette idée, bien qu’ils le cachent, ou ne se l’avouent même pas. Mais leur raison lui importait peu. Raphaël voulait juste satisfaire sa curiosité. Se pliant aux demandes des Chaman. Déshabillé et couché sur une table, cela pouvait donner l’impression d’une mascarade, mais il ne bougeait pas. L’odeur du sang, et de l’encens, et du feu flottaient tout autour de lui, entêtante. Les Chamans passaient à côté d’eux, leur dessinant des marques étranges sur le corps. Il observa les dessins, se demandant bien en quoi peindre le corps des gens pouvait les emmener dans ce monde sensé être dédié aux mort, croyants seulement en Edel et Ezechyel. Enfin, sur ce dernier point, il s’imaginait que ce n’était que de la propagande pour les convaincre de changer de camps. Mais bon, il n’était pas ici pour juger, juste découvrir. Il essaya de s’installer le plus confortablement sur le bois dur, et, au fur et à mesure que les Chamans psalmodiaient, il sentait son esprit se détacher de son corps, et bientôt il put se tenir à côté de ce dernier. L’expérience de pouvoir se voir d’une façon extérieure était très étrange, et troublante. Mais il n’eut pas le temps de s’habituer à cette vision, que d’autres Esprits, de Chamans ceux-là, les emmenèrent avec eux, pour découvrir l’autre monde. Après ce qui sembla être des jours de voyage, sans faim, soif ou sommeil, ils semblèrent arriver à destination, un grand pont se dessinant devant eux. Les Sages leur expliquèrent ce qui se passerait pour leur retour, et leur rappelèrent de ne pas manger, même s’ils mourraient de faim. Dommage, lui qui adorait manger comme quatre, il n’aurait pas le droit de goûter aux exotismes de cet endroit.

Ils furent alors projetés dans ce monde étrange. Au début, Raphaël cligna des yeux, croyant mal voir. Les couleurs semblaient moins vives, beaucoup plus claires. Mais petit à petit, sa vision revint normalement. Et devant lui s’étendait un spectacle grandiose, tellement qu’il crut halluciner. Tout devant lui semblait infini. Gigantesques montagnes, plaines aussi vertes que celle des terres d’émeraudes, des forêts, des lacs gelés. Mais c’était si fou car tout se succédait, mais de façon illogique. Des lacs glacés à côté de volcan en fusion. C’était grandiose, et complètement fou. Avançant rapidement, l’Elémental finit par entrer dans la ville qui s’étendait devant lui. Elle était gigantesque, bien plus grande que tout ce qu’il avait pu voir jusqu’ici. Et pourtant, il en avait vu beaucoup. Elle ne semblait jamais s’arrêter. Heureusement pour lui, il avait une excellente mémoire, et ne risquait pas de se perdre. En observant les gens autour de lui, il eut l’impression que les Esprits savaient parfaitement qu’il n’était pas l’un des leur. Une fausse idée ? Non, ça n’en avait pas l’air. Les couleurs des rues étaient très étranges, et il ne savait pas d’où elles provenaient. C’était particulièrement étrange, mais de ce qu’il commençait à comprendre, la logique dans ce monde n’était pas la même que sur les terres du yin et du yang, tout comme celle de normalité. En effet, les Esprits semblaient discuter entre eux. L’Elémental profitait de ce qu’il voyait, sans trop se poser de questions. Il commencerait à faire des recherches une fois qu’il serait revenu, pour le moment, il découvrait.

Curieux de savoir si les Esprits acceptaient de leur parler, Raphaël s’approcha de l’un d’entre eux, et lui demanda le nom de la ville. Ce dernier lui répondit : Zterbiuh’Oshi. Un nom bien compliqué. Il se demandait de quelle langue cela provenait. Et si d’ailleurs c’était une langue. Il continua de discuter quelques temps avec l’Esprit, puis finit par repartir. Avec sa discussion, il avait fini par croire que la notion de bien et de mal leur importait peu, et même celle des races. Comme si tout cela n’avait plus d’importance. Il se demandait pourquoi ce n’était pas le cas chez les vivants ? Ils auraient beaucoup à apprendre de ce monde. A force de se balader, les odeurs de nourriture devenaient de plus en plus entêtantes. Evidemment, il les sentait depuis son arrivée, mais il avait fait en sorte de ne pas y faire attention. Mais il commençait à avoir de plus en plus faim, et l’aspect alléchant de la nourriture qu’il ne cessait de voir lui donnait de plus en plus envie. En fait, il ignorait totalement si c’était une simple illusion de son esprit, ou s’il commençait réellement à avoir faim. Il sentait que l’eau commençait à lui monter à la bouche. Un Esprit sembla le remarquer, car il l’attrapa par le bras, et l’entraîna vers une étale. « Eh bien monsieur, vous semblez affamé. Que diriez-vous d’une brochette de cette viande juteuse ? Ou alors préférez-vous les légumes. Regardez celui-ci, n’a-t-il pas l’air délicieux ? » Raphaël fit un sourire, et rétorqua. « Désolé, mais je préfère éviter » « Oh voyons ! Je suis sûr qu’on vous a dit avec un air très sérieux quelque chose comme : Surtout ne mangez pas, vous ne pourrez pas revenir dans le monde des vivants. Allons ! Est-ce que ça parait logique ? C’est juste les histoires que racontent les vivants qui sont venus, et ont gouttés notre nourriture. Ils la trouvent tellement bonne qu’ils ne veulent plus la partager » L’Elémental réussit à déloger son bras. « Merci, mais cette fois je joue la carte de la prudence, à la prochaine » Sans attendre, il s’éloigna rapidement de l’Esprit.

Soudain, Raphaël se sentit attiré. Il était totalement incapable de résister à cet appel. Sans savoir si c’était rapide ou non, l’Elémental se retrouva à nouveau devant son corps inerte sur la table. Puis il réintégra son corps. Il ouvrit soudainement les yeux, prenant une grande inspiration. D’abord désorienté, il se redressa, regardant tout autour de lui. Il avait beau savoir ce qui venait de se passer, c’était très étrange quand même. Se mettant lentement en mouvement, comme s’il avait dormi pendant des jours, bien que cela ne fasse qu’une nuit, non ? Raphaël était encore perturbé par ce qu’il avait vu, se demandant un instant si cela n’avait été qu’une illusion ou non. Il savait que c’était difficile de le tromper, en particulier à cause de l’un de ses pouvoirs, et le fait que son intelligence l’aide à passer ce genre de sort, mais ce n’était pas impossible non plus. Pourtant, tout lui avait semblé si réel. Qu’importe, cette expérience lui servirait, et il allait devoir approfondir ses recherches sur la mort, ainsi que les Esprits. L’Elémental se rhabilla, puis se tourna vers l’un des Chamans. « Merci pour l’expérience, c’était sympa » « Est-ce que cela vous invite à douter sur votre croyance » « Pas vraiment » Répondit Raphaël, ne précisant pas en qui il croyait. Et puis, peut-être que le Chaman le savait déjà. Sur cette conversation, le jeune brun se téléporta, la tête emplit de question, et sa curiosité loin d’être satisfaite.


1463 mots
+1 en force, +1 en charisme +1 pour Sympan
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Dim 25 Sep 2016, 20:15

La nouvelle des Rwanonya s’était répandue à travers les terres comme du pollen ; Soma ignorait leur existence jusqu’à ce qu’Edmur vienne lui en parler. Elle ne savait toujours pas qui ils étaient et ce pourquoi ils œuvraient – la seule chose qu’elle n’ignorait pas en revanche était leur lien avec les Aetheri. Ils les soutenaient et, comme Edmur l’avait dit plus tôt dans la journée ; Soma se devait de les aider, aider les Dieux en qui elle croyait, en qui elle priait. Ils avaient besoin de son soutien – c’était ce qu’Edmur lui avait dit. Ils se présentèrent ainsi aux camps des Chamans, une culture que la jeune sorcière méconnaissait. Elle se laissa manipuler, donnant quelques indications sur sa vie, son passé et son présent, puis on lui indiqua un endroit qu’elle suivit. Il y avait une odeur nauséabonde, lourde ; la fumée parfumée masquait une odeur qui rendait l’atmosphère écrasante. Un des chamans, sans doute un haut dignitaire, se présenta au groupe d’étrangers venus de loin pour participer à leur rituel. Soma n’y comprit pas grand-chose, les seules indices qu’elle réussit à retenir furent le fait de devoir s’allonger, se laisser hypnotiser par l’un des pratiquants chamaniques et surtout ; éviter de manger. La jeune femme arrivait en effet le ventre vide, contrairement à son mari qui avait dans la matinée manger leur réserve. Il fut interdit de rituel, ce qui dans un sens, le réjouit. Il vit alors sa femme s’en aller ailleurs, l’abandonnant dans des mains inconnues. Sa femme commença à être effrayée ; elle n’appréciait pas particulièrement être entourés d’individus qu’elle ne connaissait guère, même si ils avaient une voix délicieuse, une prestance particulière et des paroles intelligentes. Elle se sentait abandonner, seule. Voyant le désespoir de sa voisine, une femme lui dit « Tu es en faveur des Aetheri ? » - « Oui. » s’empressa aussitôt d’avouer Soma. « Tu n’as rien à craindre, alors déstresses-toi. Viens là. » La chamane passa dans le dos de la sang-mêlée et débuta un massage. Le ventre rond de Soma était sans équivoque celui d’une femme enceinte, ce pourquoi – peut-être – la voisine se proposait d’aider Soma. « Il n’arrivera rien à ton enfant, si c’est ce qui t’inquiète. Tout se passera bien. » La femme repassa à côté de Soma et posa sa main sur le haut du ventre de cette dernière, en guise de promesse. La bardot sembla étonner de ce geste mais ne dit rien ; le massage de la femme portait ses fruits. Soma était dorénavant sereine et tranquille. Son esprit ne la perturbait plus de questions auxquelles elle ne pouvait de toute façon pas répondre.

On l’installa sur une table. Autour d’elle, un homme d’un certain âge portant une couronne de plumes et de breloques se présenta comme être celui qui les guiderait dans le monde façonné par les Aetheri. « Suivez-moi et surtout ; évitez de goûter les plats qu’on vous proposera. Il est préférable que vous restiez affamés durant le voyage afin d’éveiller vos sens, ce pourquoi sustenter votre appétit risquerait de vous condamner à jamais dans ce monde, sans retour possible. Veillez à me suivre… Que les Aetheri vous bénissent de leurs mots et qu’ils vous inondent de leurs biens. » A la suite de ce discours, on intima aux initiés de fermer les yeux et de se laisser totalement faire par les chamans. Soma avait le cœur qui tambourinait dans sa poitrine ; le massage plus tôt semblait toujours avoir des effets positifs sur son physique mais plus du tout sur la conscience de la jeune femme. Elle avait peur, peur de découvrir l’incroyable. L’inconnu l’effrayait naturellement. Elle avait si longtemps combattu pour sa propre survie qu’elle ne s’imaginait pas une seule seconde mourir de la manière la plus anodine qu’il soit. Au bout d’un moment, quand les chants et les incantations fonctionnèrent, Soma crut s’élever dans le ciel. Son corps flottait et quand elle se retourna, elle se vit, elle-même allongée sur une table. Elle cria ; son ascension ne s’arrêta pas pour autant. Etait-elle morte ? Rêvait-elle ? Elle l’ignorait, mais se voir de cette façon ne la rassurait pas du tout. Quelle forme de magie subissait-elle ? Finalement, elle perdit de vue son corps, puis le lieu et le groupe d’esprits s’envola jusqu’au Ciel. A force de marcher en apesanteur – ce qui parut être des jours entiers pour Soma, ils rencontrèrent un Pont. Un lai lyrique en continu dont la langue était inconnue aux oreilles de la jeune femme parvint par-delà le monument et l’attira. Ils finirent par travers le pont. Le sol, malléable, s’adaptait à chacun des pas des invités dans ce monde, qui s’annonçait merveilleux. Plus loin, une fois qu’ils eurent passés le pont très grand et très long, ils virent un Arbre, géant. Il s’étendait juste en face de Soma. Bouleversée par cette vision magnifique qu’elle avait de cette illusion divine, la jeune femme se mit à pleurer de joie. Elle s’avança au même titre que ses voisins et compagnons, suivant les Sages chamans jusqu’à l’Arbre majestueux. Elle les écouta ; ils répétèrent les propos plusieurs fois avant que les invités ne se fassent aspirer dans un endroit où tout espoir était permis.

Une lumière d’abord aveuglante força la femme enceinte de plusieurs mois à s’arrêter. Elle reprit sa marche seulement quand la luminosité diminua. L’avancée se trouva être compliquée et éprouvante ; il fallait lutter contre les couleurs et le paysage pastel sans se crever les yeux. Si d’aventure la sang-mêlée réussit, d’autres eurent plus de mal qu’elle. Leur marche était rapide et la vitesse différente de ce qu’elle avait connu ; elle allait très vite sans avoir à se forcer. Les paysages défilèrent et s’enchainèrent à une vitesse à la perdre littéralement, jusqu’à ce qu’un Sage ne la retrouve, esseulée devant une montagne sanguinolente. « Retourne-toi. » lui intima-t-il. La jeune femme suivit le conseil et regarda dans la direction qu’il pointait ; elle ne s’était pas rendue compte dans la course folle et insensée où est-ce qu’elle avait mis les pieds. Elle avait perdu de vue le groupe, mais cela ne semblait en aucune façon préoccuper le Chaman. Un bâtiment aussi haut que large, découper dans l’horizon par des montagnes qui se dressaient tout autour, cerclé d’un lac au pied, imposait au paysage sa construction. La vision coupa le souffle de Soma, ébahie par l’endroit. « Le temple des Aetheri de la Vie et de la Mort. » - « Edel… Ezechiel… » murmura la jeune femme. « Peut-on y aller ? » Elle n’avait plus besoin d’être convaincue ; les Aetheri étaient puissants, admirables, forts. Tout son cœur, son être et son esprit convergeaient vers leurs entités.

Ils marchèrent ensemble jusqu’au temple ; la faim et la soif commencèrent à tirer Soma vers des hallucinations. A plusieurs moments, elle crut comprendre ou percevoir des choses pour le moins improbable. Des animaux de toute origine, des espèces végétales de divers lieux, étaient parfois présents en un unique. Tout d’un coup, elle se sentit observer ; la sensation n’était pas familière à la jeune femme, elle se retourna plusieurs fois avant qu’ils n’atteignent l’entrée du Temple. Aussitôt à l’intérieur, l’étrange impression disparut, annihilée très certainement grâce à la fascination de l’épouse d’Edmur face au pouvoir des Aetheri, de leur construction. L’emblème que les chamanes forgeaient en envoyant les néophytes sur place devint solide. C’était une évidence pour Soma ; les sympathisants du Dieu Unique se fourvoyait, se trompait. Elle avait soudainement pitié d’eux, du sort qui leur était réservé. Le monde que les chamanes présentaient comme étant celui des Aetheri était tout bonnement légitime face au Dieu Unique.

Soma s’avança dans un dédale, suivant le chaman et déboucha dans une grande salle sobre. L’architecture était immense et dénuée de fioritures ; tous éléments de décor véhiculaient un message distinct de vie et de mort. Des dessins géométriques compréhensibles même pour les plus petits esprits, des images fortes que chacun pouvait rencontrer dans sa vie de tous les jours. Soma s’agenouilla subitement. Elle se rendit compte au dernier instant qu’elle n’avait plus de ventre rond ; et elle s’en moquait. Elle pria Edel au même titre qu’Ezechiel, les remerciant du fond du cœur de l’avoir laissé en vie jusqu’à maintenant, de l’avoir épargné des malencontreuses aventures vécues jusque-là. Elle resta longtemps au sol, le front contre les dalles, scandant des prières qu’on lui avait appris depuis qu’elle était toute petite. Au bout d’un moment, elle se releva ; il n’y avait plus ni Chaman ni personne à ses côtés. L’autre avait disparu. Elle s’étonna à le chercher en se tournant autour. Quand soudain, elle eut l’impression que l’épée au centre de la pièce, l’unique objet qui reflétait une lumière diffuse dont l’empreinte particulière pouvait attirer même l’œil le moins sensible au monde, l’appelait. Elle s’avança, attirée par l’indice viril qui sortait du sol et d’un geste très respectueux et lent, elle plaça sa main sur le métal ni chaud ni froid centré. Une magie très mystérieuse s’éprit de la poigne de la sorcière et s’écoula dans son corps, à partir de l’extrémité de ses doigts jusqu’au bout des ongles de pieds. Soma ignorait ce qu’il venait de se passer ; la magie avait à peine éveillé ses sens. Tout d’un coup, elle sentit une main se poser sur son épaule. Elle lâcha l’épée comme si elle venait de commettre l’irréparable. Une voix familière, celle de son grand-père, lui murmura « Tu es à présent éternelle, Soma. » Quand il eut prononcé son prénom, cela sonna le glas et la fin de la visite. Le corps de la femme fut attirée à l’extérieur, une force invisible mais présente l’invita à regagner son monde. Tout se passa à une vitesse à laquelle elle n’était pas préparée. A son réveil, elle hoqueta. Le choc de l’esprit dans le corps lui donna de virulents maux de ventre et un mal de crâne instantané auquel elle n’était très certainement pas préparée.


Mots = 1 664
◈ Gains : Le pouvoir d'Eternité + 1 pt d'intelligence
◈ +1% pour les Aetheri

S'il vous plaît, et merci beaucoup pour ce LDM !
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Ven 30 Sep 2016, 01:26


En ces temps troublés, les célébrations données en l’honneur des dieux paraissaient se multiplier à la manière d’une armada de fourmis. À peine avait-on le temps de se rendre à l’une d’entre elles qu’une invitation ou une rumeur poussait vers une nouvelle cérémonie qu’on ne pouvait décliner. Prouver sa foi au monde n’était plus seulement un acte de désespoir ou un dernier refuge. Cela passait d’un véritable engagement à une position floue dans une guerre aux enjeux bien sombres. La brune ne parvenait à comprendre l’aveuglement de ceux qui, tel du bétail suivant les mêmes habitudes, se prosternaient devant des idoles en espérant que cela suffirait à les sauver, le moment venu. La colère des Aetheri n’épargnait personne, et que ce soit un camp ou l’autre qui empoche finalement la victoire avait en fin de compte une importance toute relative. La folie serait semblable et l’équilibre fragilisé. Pourtant, l’issue demeurait incertaine. Faire pencher la balance ne faisant pas partie des choix qui lui étaient offerts tous les jours, elle avait décidé de prendre une part aussi active que possible à cette lutte acharnée au nom de fantômes à la puissance dévastatrice. Il a fallu la déchéance d’un continent pour qu’elle se rende compte de l’importance d’un pareil conflit. Rester enfermée dans ses appartements à l’écart de tous ne mènerait à rien, elle avait fini par le comprendre. Ce n’était pas seulement un affrontement entre deux groupes qui ne pouvaient s’accorder : c’était la preuve finale de l’existence de ces êtres éthérés qui ne se mêlaient pas aux mortels. Cela lui donnait l’impression de se rapprocher des étoiles.

La rumeur d’une démonstration de force des Aetheri organisée par une tribu de Chamans était parvenue à ses oreilles par l’intermédiaire de Kamal qui ne tenait plus en place à l’idée de ne pas assister à l’un des événements majeurs de son peuple. Callidora avait d’abord refusé qu’ils s’y rendent, ne voyant pas l’intérêt d’une telle exhibition. En dehors de l’amnésique, elle ne fréquentait aucun membre de ce peuple, et malgré ses connaissances qui tendaient à s’accumuler davantage chaque jour, elle ne connaissait pas grand-chose à leurs coutumes. Ce furent donc une fois de plus des lectures qui fléchirent son opinion. Préférant opter pour un effet de surprise, elle dissimula sa décision au jeune homme jusqu’au jour de la fameuse réunion, inventant un prétexte quelconque pour un voyage des plus habituels au nom d’un prétendu ouvrage qu’elle souhaitait récupérer. Seulement, la brune peinait à tenir sa langue, et la hâte de découvrir ce que réserverait la cérémonie dont elle avait eu vent avait empiété sur sa tentative de discrétion. Trépignant d’impatience, elle avait dû s’enfermer dans un mutisme boudeur et échafauder des hypothèses farfelues pour éviter de tout dévoiler. Joyeuse comme une fillette un jour d’été, elle n’avait pas déchanté en arrivant à bon port. L’enthousiasme de Kamal avait fleuri sitôt qu’il avait compris l’endroit où ils se trouvaient, et le Chaman déambulait gaiement entre les invités, cherchant du coin de l’oeil à repérer ses semblables. La seule place qui semblait faite pour lui, en dehors de la compagnie de Soma, était celle de ses congénères, il en avait la certitude.

Ne perdant pas son camarade de la soirée du regard, la Rehla n’avait pas tardé à interroger les membres de la tribu qui restèrent de marbre et ne répondirent pas à ses interrogations avant que ne soit prononcé un discours qui informait tout le monde du déroulement des événements. Ce qui frappa la brune, d’abord, ce fut le sang versé. Quel que soit le rituel qui exigeait une pareille préparation, nul doute qu’il ne serait pas décevant. Prenant place à une table au hasard, elle n’eut pas le temps de converser avec les autres et attrapa simplement le Chaman par le bras pour le forcer à s’asseoir, lui qui ne tenait pas en place. Soudain, elle sentit son corps se détacher d’elle. C’était une curieuse sensation qui lui donnait l’impression saugrenue d’être entièrement nue. En baissant les yeux, elle remarqua son enveloppe charnelle couchée sur le sol, manifestement tombée de la chaise. Sans y faire davantage attention, elle se tourna vers les autres esprits qui affluaient. Ne sachant plus où donner de la tête, elle décida de suivre le groupe, attentive à la moindre explication qui pouvait filer à tout instant des lèvres des organisateurs. Sa curiosité demeura néanmoins insatisfaite. Retenir chaque détail de ce qui défilait sous ses prunelles dorées semblait impossible : un tableau passait sans s’imprimer sur sa rétine comme pour en souligner l’inconsistance et retombait aussitôt, remplacé par une autre vision. La troublante expérience déstabilisa la jeune femme qui, effrayée de comprendre les implications d’une telle épreuve, ne se rendit pas compte du temps qui s’écoulait ni du silence autour d’elle. Finalement, ses doigts se posèrent sur l’écorce de l’arbre, et elle disparut.

Sa survenue dans un monde dont elle ne connaissait rien ne fut ni brutale ni désagréable. La Rehla eut la sensation de se réveiller d’un long sommeil. Allongée sur un trottoir, elle se releva, ne prêtant pas la moindre attention à l’incongruité de la situation. Tout lui semblait étonnamment clair. Une douce lumière colorait sa chevelure de jais de reflets bleutés. La brune commença à marcher sans savoir où elle allait, déambulant au gré de ses envies. Le moindre son qui parvenait à ses oreilles semblait considérablement atténué, et il lui fallut un moment avant de se rappeler ce qu’elle faisait en ces lieux inexplorés. Un frisson d’excitation alerta son coeur, ou du moins aurait dû l’alerter. La découverte produisit toujours en elle cet effet sauvage et saisissant. Sans se presser, elle continua son chemin, observant les passants d’un air tranquille, se demandant lesquels d’entre eux étaient véritablement morts. Nul besoin d’une intelligence prétendument supérieure pour comprendre qu’elle se trouvait dans un ailleurs interdit aux vivants. Les quelques connaissances glanées ça-et-là lui avaient permis d’arriver à cette conclusion peut-être plus rapidement que les autres. Était-ce réellement la volonté des Aetheri que d’envoyer des mortels dans la ville des esprits pour leur prouver l’étendue de leurs pouvoirs ? La brune n’y croyait pas une seconde. En dépit de ses capacités encore à peine développées, elle savait que la magie seule suffisait à produire de pareilles merveilles. La fascination n’en était pas moins grande. Soudain, quelque chose sur le côté attira son attention.

Il s’agissait d’un aliment à la simplicité enfantine et à la beauté indomptable. Malgré une fouille minutieuse de ses souvenirs, la brune ne parvenait pas à se rappeler d’un fruit semblable. La couleur surtout, était frappante. Dans ce surprenant univers où tout semblait atténué, elle ne pouvait détacher son regard de la surface carmine qui pâlissait à mesure qu’elle s’étendait. Comme un soleil déployé, il exhalait une lumière chaleureuse, et elle ne put s’empêcher de poser les doigts dessus. La peau en était impeccablement lisse et d’une douceur telle qu’on aurait pu la confondre avec celle d’un amant. C’était agréable. Ses doigts se refermèrent autour du fameux interdit sans qu’elle ne puisse se contrôler. Levant l’objet de toute son attention à hauteur de ses yeux, elle l’examina sous toutes les coutures, cherchant une faille dans cette perfection nourricière. La terre seule savait créer de pareilles merveilles. Un soupir admiratif échappa à Callidora. S’arracher à la contemplation lui était impossible. Envoûtée par une vision venue d’un autre monde qu’elle n’avait plus qu’à croquer, elle approcha la pomme de sa bouche, prête à en savourer le goût éclatant. Un parfum l’en empêcha. Une fragrance si délicate qu’elle ne pouvait qu’être échappée d’un rêve. La brune tourna la tête vers l’étalage qui débordait de marchandise d’une qualité éblouissante. Comme pour l’attirer davantage, la luminosité bascula vers un jaune clair rappelant les rayons d’un astre bien connu. S’enivrant à plein poumons de l’odeur tentatrice, ses mâchoires s’ouvrirent pour cueillir le fruit.

Sans crier gare, elle laissa tomber la pomme. Un dernier sursaut de sa raison venait de lui sauver la vie, lui rappelant à temps les recommandations des Chamans. Cela n’allait pas du tout. Un irrépressible sentiment de panique s’insinua en elle. Et si elle était restée là, coincée pour toujours ? Elle ne voulait pas de cet endroit d’une désespérante platitude. Jamais elle n’en voudrait. Folle de rage à l’idée de s’être faite berner de la sorte, elle piétina le fruit avec un acharnement presque cruel. La belle fille de la nature fut réduite à une bouillie informe, une simple tâche blanchâtre sur les pavés. Quelque chose changea autour d’elle. La brune eut littéralement l’impression de s’envoler. Incapable de résister à la force qui l’attirait vers le ciel pour la ramener au monde, elle poussa un hurlement dont l’écho se répercuta dans la rue. Lorsque ses yeux s’ouvrirent à nouveau, elle contemplait le ciel. Hésitante, elle porta une main à ses tempes et tâta avec minutie chaque partie de son corps pour s’assurer que rien n’avait changé. Une fois certaine que tout était à la bonne place, elle se redressa doucement. Une vague nausée envahit sa gorge. Ensommeillée, elle se tourna sur la droite et vit son camarade allongé, les paupières encore closes. Callidora se pencha vers Kamal pour lui tapoter la joue dans l’espoir de le réveiller plus vite, ce qui ne tarda pas. Ne se sentant pas en état de parler, elle se contenta de lui adresser un sourire chaleureux, heureuse de le voir réintégrer son corps à son tour. La magie faisait perdre bien des têtes, et les dieux n’y pouvaient rien.


Gains:
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Miles Köerta
~ Orisha ~ Niveau III ~

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◈ Activité : Traqueur [Corvus Æris] | Marcheur
Miles Köerta
Ven 30 Sep 2016, 01:56

Ce Monde accessible à ceux qui croient
« Qui êtes-vous pour juger ainsi des croyances d’autrui? »

« Est-ce que tu songes vraiment à aller à cet étrange rassemblement? » Me demanda Ëm en filant en douce, sous la table, un morceau de lard salé à Rashängen.

Le chien se jeta avec appétit sur le bout de viande, ses dents la mâchouillant avec une vive frénésie et un plaisir évident. Constatant que j’avais relevé un sourcil réprobateur à son action, Ëm m’adressa un sourire espiègle en coin, comme s’il voulait me dire: « Quoi? Est-ce si grave? » À ce regard, j’avais simplement envie de lui dire que le propriétaire avait pourtant été clair sur le sujet de la nourriture et des animaux: les plats qu’il cuisinait n’étaient pas préparés pour les bêtes. Il dû percevoir ma pensée par le biais de notre contact visuel parce qu’il répliqua aussitôt à voix basse:

« Je ne pourrai jamais manger tout ça de toute façon: au lieu de gaspiller, autant que cette nourriture profite à quelqu’un d’autre. »

Je regardais mon maître du coin de l’œil, puis son chien qui grignotait la viande et enfin, l’assiette qui trônait juste devant le Marcheur, à peine vidée de son contenue, et je finis par exhaler un soupir, vaincu. Je connaissais l’histoire d’Ëm, comment il avait dû survivre, étant tout jeune, dans un monde où la faim le poursuivait sans cesse tout comme les criminels, les tueurs et les autorités de quelques régions où il avait mis les pieds. Il ne l’avait pas eu facile, mais il était parvenu à remonter la pente une fois qu’il eut son premier contact avec Ciel-Ouvert. Ce fût comme un coup de foudre, m’avait-il avoué un jour, alors que nous chassions le petit gibier sur le flanc de la montagne. Il était tombé amoureux de la cité, de son ambiance et des voix qui s’élevaient quotidiennement à travers les particules de l’air. C’est comme si la musique fait partie intégrante de l’atmosphère que l’on respire… Me souvins-je avoir pensé, dans mon cas, lorsque j’avais posé les yeux pour la première fois sur Ciel-Ouvert, avec Hakiel et Miles. Un sourire, à peine perceptible, se faufila sur mes traits et, ravi que je cesse de le juger de mon regard, Ëm reprit immédiatement l’assaut, ce petit contretemps ne l’ayant pas détourné du sujet principal de notre précédent échange.

« Alors? Tu n’as toujours pas répondu à ma question: pourquoi irais-tu là-bas, dans cette fameuse Tribu Rwanonya? »

Je gardais le silence, avalant, pour ma part, une grande bouchée de mon repas. Ëm, quant à lui, refilait encore ses restes à Rashängen.

« Parce que je suis curieux.

- Curieux? Vraiment?

- Bien sûr. Pourquoi? Tu ne l’es pas, toi? »

Le Marcheur m’assura qu’il l’était tout autant que moi. Après tout, savoir que les frontières entre la Vie et la Mort nous étaient devenues tout à coup accessibles ne pouvait pas ne pas éveiller l’appétit insatiable de notre curiosité. Beaucoup de personnes en parlaient dans la région, depuis que l’arrivée, haute en couleur d’un représentant de cette tribu chamanique, avait retenu l’attention des locaux. Tout le monde se questionnait sur cette rumeur: quelques-uns s’apeuraient de connaître ce qui se trouvait de l’Autre Côté, d’autres, au contraire, s’excitaient à la seule pensée de pouvoir poser leurs yeux de Mortel sur cet univers censé n’être dédié qu’à ceux qui auraient trépassés…

« Pourrions-nous faire un détour? Posais-je brusquement à l’intention de mon mentor, qui m’adressa un petit sourire.

- Je savais que tu me poserais cette question-là.

- Ah?

- Lucie et Cyprilla… » Finit-il par dire et, à l’entente de ces noms, mon corps se figea comme un bloc de glace.

Je baissais les yeux, ne trouvant soudainement plus d’appétit face au plat que je dévorais depuis qu’il avait été posé devant moi.

« Excuse-moi… Je n’ai pas réfléchi…

- Non, non… Ça va. »

Lentement, je relevais la tête en direction de mon mentor, qui me dévisageait avec un drôle d’air, entre la pitié et la culpabilité. Je soupirais. Semblais-je si dévasté que cela?

« Mais tu as raison. Lucie et Cyprilla… Peut-être que je parviendrai à le revoir là-bas… »


Je n’étais pas détendu par l’atmosphère qui régnait tout autour de moi. L’odeur du sang et de la cendre était si forte à mes côtés que j’avais l’impression de percevoir, sur ma langue, le goût métallique du sang ainsi que la texture granuleuse et sèche de la cendre. Pourtant, j’essayais de faire le moins de mouvement possible et de régulariser ma nervosité en me concentrant sur le rythme de ma respiration. Des hommes et des femmes déambulaient dans mon champ de vision, transportant des pots remplis de peinture pour certains et d’autres chauffaient des tiges de cendres dans les environs pour en recouvrir chaque espace de l’air au point, qu’après un certain temps, il en devenait irrespirable.

« Est-ce que tout va bien? » Voulut s’enquérir un Chaman et sans lui répondre, j’hochais de la tête.

Il n’essaya pas d’aller plus loin, m’informant simplement que le rituel était sur le point de débuter. J’étais nerveux, voire angoissé, mais je suivis sans broncher les directives qu’il me glissait à l’oreille. Je gardais les yeux fermés. Durant plusieurs minutes. Des minutes qui devinrent, à mon avis, des heures, sans que quoi que ce soit se passe. Vraiment? Je n’étais sûr de rien et je me risquais à ouvrir un œil pour voir ce qu’il en était. J’entendais toujours la voix du Chaman à mes côtés et pourtant, je ne le voyais plus au-dessus de moi. Qu’est-ce qui se passait? Non, attendez… Le Chaman, j’entendais bel et bien sa voix, mais elle se trouvait sous moi. Lentement, avec mille précautions, comme si je menaçais de briser quoi que ce soit, je pivotais sur moi-même pour m’apercevoir que je… flottais. Mon corps, en contrebas, semblait dormir et je voyais le Chaman, qui s’était tut, claquer quelques fois ses doigts devant mon corps pour savoir s’il se réveillait. Suis-je… mort? Pensais-je avant de tourner sur place, pas du tout habitué à ma nouvelle condition d’éthéré. Je me rendis rapidement compte que je n’étais pas le seul dans cet état: une panoplie d’autres silhouettes et d’autres formes flottaient dans les airs, comme moi, comme si nous étions tous suspendus par un fil invisible qui nos maintenait dans les airs. Incroyable… Et sans attendre, je me mis à suivre le groupe d’Esprits qui filaient droit vers le Soleil levant.

Le voyage dura si longtemps… Et pourtant, ni la faim, la soif ou le sommeil ne m’avaient arrêté, comme si ces besoins naturels n’avaient plus aucun impact dans l’état dans lequel je me trouvais. C’était si étrange, mais tant fascinant à la fois. L’Au-Delà se trouvait-il vraiment de l’Autre Côté de ce pont qui venait étrangement d’émerger du ciel, comme une apparition? Les questions, alors, se mirent à fuser dans l’ensemble de mon esprit à l’instant où j’aperçus un arbre, isolé de tout et de rien à la fois, s’imposer à ma rétine. Tout doucement, le cortège se stoppa et quelques silhouettes s’éclipsèrent du groupe pour toucher le tronc de l’arbre.

Et soudainement, l’Au-Delà nous apparut, nimbé d’une douce lumière sépia qui nous enveloppait tout entier, comme pour nous avaler. Puis, petit à petit, ce que je voyais s’agrandit sous l’effet de la vision que je retrouvais. Tout était affreusement grand, affreusement captivant… L’espace qui se déployait devant nos yeux était telle que nous en restions bouche bée pendant plusieurs secondes, incapable de faire le moindre geste ou de chuchoter la moindre parole. Mais les paroles du Chaman qui s’était adressé à nous, un peu plus tôt, nous émergèrent doucement dans notre esprit et nous nous mîmes à nous mouvoir vers l’Autre Côté. Le temps nous était compté; notre voyage dans l’univers des Trépassés ne durerait pas éternellement. C’est donc ce monde que les Ætheri nous promet… Songeais-je durant le reste du voyage qui nous mènerait jusqu’à la ville. Oui, une ville d’Esprits. J’avais été tout aussi étonné que vous lorsque je l’avais appris. Je me posais enfin dans la ville, complètement perdu et déboussolé par tant de grandeur et de gens. Aussitôt, l’espace et le sentiment de Liberté qui m’avait envahi au moment où j’avais posé mon regard sur le paysage s’altérèrent pour me rendre presque claustrophobe, tant la population était dense, malgré la hauteur et la grandeur évidentes de l’endroit. Je me mis, néanmoins, à marcher, marcher, sans connaître les chemins que j’empruntais. Toute mon attention se concentrait sur un seul et unique point: ma famille. Pourrais-je vraiment retrouver Cyprilla et Lucie dans une telle place? Finis-je par me demander, sceptique. L’endroit était si grand, si plein, si… époustouflant… Un Esprit me héla, mais je l’ignorais purement et simplement, conscient de ce qu’il voulait me demander, mais nous avions été averti préalablement par les Chamans: nous ne pouvions consommer quoi que ce soit dans cet état, au risque de rester ainsi pour le restant de ce que je pourrais communément appeler une vie, même si ce n’était plus exactement le cas.

Je marchais donc dans la ville, cherchant frénétiquement ma femme et mon enfant, mais je savais, au fond de moi, que la mission était presque impossible. Au nombre de personnes qu’il y avait ici, cela tiendrait du miracle de pouvoir les retrouver. Et mes doutes, après quelques minutes de plus de recherche, se confirmèrent lorsque je sentis comme une poigne agripper fortement mon estomac. Violemment, je me pliais en deux. Cela ne faisait pas précisément mal, mais la force avec laquelle on me retenait était-elle que mon corps en entier ne pouvait que céder à sa puissance. La Magie me rappelle… Bon sang… Était-ce vraiment ce monde qui nous attendait une fois la que la Mort nous avait attrapé? Était-ce cela qui nous attendait, une ville et des montagnes à perte de vue? Je ne savais pas ce que cette expérience m’avait donné, mais ce qui était certain, c’était que tout ceci m’avait profondément intrigué. Et que je n’avais pu rencontrer ni mon enfant et ni ma femme. Je me sentais aspirer vers le bas, hors de l’Au-Delà, et desserrant mes bras autour de ma poitrine, je plaquais mes mains devant mon visage, relâchant un soupir étranglé. J’avais tant espéré les revoir… Rien qu’une dernière fois… Elles…

« Papa? »

Brusquement, j’ouvris les yeux et je me redressais en même temps.

« Cyprilla?! M’exclamais-je avant de croiser le regard du Chaman de la dernière fois, resté sur place tout ce temps pour veiller sur moi.

- Le rituel est terminé… » Fit-il tout simplement en me dévisageant, percevant sans mal la détresse qui avait vibré dans ma voix à l’instant où je m’étais réveillé.

Quelque chose s’était passée durant ce voyage, devait-il pensé.
Cependant, je savais que j’avais plutôt manqué ma chance.


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Miles Köerta
Ven 30 Sep 2016, 01:58

Ce Monde accessible à ceux qui croient
« Même le plus beau des paradis peut être l’enfer »

J’observais la table sur laquelle je devrais m’étendre, incertain, avant de tourner mon regard en direction de Skha qui arborait, lui aussi, un air particulièrement troublé. Il croisa mes yeux et je su, d’instinct, ce qu’il devait se dire en son for intérieur. Est-ce que c’est une bonne idée? Après tout, nous savions, lui comme moi, que les Chamans étaient de fidèles croyants des Ætheri et, ne connaissant que très peu de choses sur ces tribus primitives, nous ne leur accordions pas complètement notre confiance malgré la promesse que certains membres nous avaient faite en affirmant qu’aucun mal nous serait fait. Cependant, disons que l’ambiance ne nous disait rien qui vaille avec ces animaux morts accrochés entre chacune des rangées des tables, les îlots séparés par d’immenses draps ainsi que l’odeur d’encens et de sang qui planait autour de nous comme un parfum enivrant pour les uns; une puanteur écœurante pour les autres. Dans mon cas, l’odeur ne me dérangeait pas, m’étant suffisamment baigné dans le sang de mes victimes pour m’être habitué à tel effluve. Pour autant, je ne me décidais pas encore à avancer, les Chamans dans mon dos perdant légèrement patience devant mon inactivité.

« Êtes-vous sûrs de désirer atteindre ce monde? » Me demanda alors une jeune femme d’une voix basse, dont je ne saurais dire si elle était énervée ou non.

Simplement, à la suite de cet appel, je pris mon courage à deux mains avant de m’avancer jusqu’à la table.

« Je dois me déshabiller, c’est bien ça? »

Deux d’entre eux acquiescèrent et sans plus attendre, je me départis de mes vêtements, sentant immédiatement l’odeur de l’encens se coller à ma peau.

« Couchez-vous et détendez-vous, me conseilla la Chaman, ce que je fis sans une once d’hésitation, fermant les yeux pour retirer en moi tout ce que j’avais d’anxiété et de nervosité. Bien. Maintenant, patientez. Nos Anciens seront bientôt présents pour vous assister. »

Je ne fis même pas mine d’ouvrir un œil tandis que, non loin, j’entendais les pas feutrés des Chamans qui circulaient entre les rangées de tables. Puis, après quelques secondes, je sentis comme une présence à mes côtés et, sans que je le veuille, un frisson me parcourut l’échine. Calme-toi… Calme-toi… Il ne dégage rien d’hostile… Pensais-je comme pour me rassurer, sachant pertinemment que cela ne faisait qu’agrandir plus encore mon trouble. Lentement, je me décidais à ouvrir les yeux et, au même moment, je sentis les poils d’un pinceau étendre une substance froide, à l’odeur métallique, le long de mon torse. Du sang…

« Pourquoi faîtes-vous ça? » Posais-je au Chaman qui se trouvait au-dessus de moi.

Mais ce dernier gardait le silence, s’appliquant à tourner toute son attention sur les symboles qu’il me dessinait. C’est pourquoi j’en fis tout autant, fermant ma gueule tout en suivant, mentalement, les traces que laissaient le pinceau dans son sillage. Tout ce sang, tous ces chants qui bourdonnaient dans mes oreilles, me donnait la désagréable impression de servir d’offrande sacrificiel aux Dieux. Ce sentiment n’était pas très apprécié, surtout en sachant entre les mains de qui je me trouvais présentement.
Et pourtant, sans résistance, je finis par fermer les yeux, comme pour m’endormir…

Mais tout ceci n’était pas un rêve. Car je pouvais voir mon corps tout en bas, les yeux clos, nu comme un ver, alors que ma peau arboraient d’étranges et insolites symboles. Je déglutis avant de regarder l’intérieur de mes mains. Transparentes. J’étais là, j’avais une forme, une silhouette, mais je n’avais pas une once de consistance. C’était bizarre, franchement déroutant. Était-ce dans cet état que nous nous retrouvions une fois trépassés? C’est… Indescriptible? Troublant? Les deux à la fois, j’imagine.

« Mi-Miles…? Entendis-je à mes côtés et, lentement, je tournais mon regard vers le propriétaire du timbre, que je reconnus parfaitement malgré sa forme éthérée. O-On est… On a…

- C’est dingue… » Parvins-je à articuler en me rapprochant de lui, ne sachant si je marchais réellement, si je lévitais, si je volais, si je commandais seulement mes mouvements…

L’expérience, quoi qu’unique, m’apparaissait pourtant bien peu confortable. Ce Monde n’était pas le mien, n’était pas celui de Skha: ce Monde n’était pas le nôtre, par tous les Dieux! Je restais dubitatif quant à ce « voyage », mais en jetant une œillade en direction de mon compagnon, je me rendis compte que ce dernier ne semblait pas nourrir les mêmes craintes et réflexions. Les yeux pétillants, un sourire rêveur sur le coin des lèvres, il avait le visage de celui d’un enfant à qui l’on fait découvrir mille tours de Magie. Enchanté et ébloui, il observait sa nouvelle forme tout en contemplant, plus curieux qu’intrigué, son corps qui paraissait somnoler juste en dessous de ses pieds. Skha… Ne te laisse pas embobiner… Songeais-je en m’approchant de mon partenaire, interrompu, cependant, par la voix d’un Chaman qui nous disait de le suivre vers l’autre Monde: l’Au-Delà. À ces simples paroles, je fus saisis par ce qu’il me semblait être un frisson. Comment j’avais pu le sentir? Aller savoir, puisque je n’avais plus de chair…

Le voyage durant des jours et des jours entiers, sans que la faim ne m’ait tenaillé ou que la soif m’ait étranglé. La sensation était étrange, nouvelle: je n’avais rien avalé depuis je ne savais combien de jours et pourtant, je me sentais en plein possession de mon esprit. Si, les premiers jours, cela m’avait grandement étonné, après quelques réflexions et pensées, j’avais fini par comprendre que les Esprits, dans leur état, ne pouvaient pas vraiment se soucier de pareils besoins, propres à tous les Mortels. Enfin, malgré un si long périple, nous arrivâmes à destination. Nous avions dû traverser un pont et une fois à l’autre extrémité de l’étrange structure – un pont dans le ciel? Mais qu’est-ce que ça fichait là où juste… – nous avions pu voir un arbre. Un seul arbre. Solitaire. C’est alors que des silhouettes s’en approchèrent. Vagues et précis à la fois, leurs gestes se déroulaient devant mes yeux avec une netteté que j’avais du mal à expliquer. Comment pouvions-nous être matériel et immatériel à la fois? Que de questions tempêtaient dans mon esprit, mais aucune réponse ne put m’être fournie. Car, tout à coup, mes yeux s’agrandirent, une lumière m’éblouissant violemment, balayant de ma pensée même les plus infimes réflexions. L’Au-Delà…?

« Par les Ætheri… » Souffla Skha en me dépassant, s’avançant déjà vers la fabuleuse cité des Esprits.

Aussitôt, je courus derrière lui, le rattrapant rapidement par le bras pour l’empêcher de faire un pas de plus dans cette direction.

« Mais qu’est-ce qui te prend? S’énerva le Réprouvé en me toisant, se dégageant de ma poignée avec fermeté.

- Ne sois pas naïf, Skha. On ne peut pas se trouver dans l’Au-Delà.

- Mais si! Tu es trop peu ouvert d’esprit! Regarde ce qui nous entoure! Comment peux-tu douter qu’il s’agisse du paradis promis par nos Dieux? »

Mon regard s’ancra dans le sien avec intensité, mes sourcils froncés.

« À moins que ce ne soit ta foi pour le Dieu-Roi qui t’aveugle à ce point…

- Ce n’est pas ça, répliquais-je d’un ton sec et volontairement brutal. C’est juste que je ne peux concevoir que nous puissions nous rendre dans un tel lieu alors que nous sommes encore… vivants.

- Mais c’est la Magie des Ætheri, Miles! Comment tu ne peux pas comprendre ça? »

Je me tus, portant mon regard, tour à tour, sur mon compagnon et sur la cité qui nous tendait ses bras. Un tel lieu pouvait exister, oui, pour cela, je n’en doutais pas. Mais il ne pouvait être accessible pour des Mortels tels que nous. Ce Monde ne nous était pas destiné à l’heure actuelle. À moins que ces Chamans nous aient vraiment menti et qu’ils aient profité de l’engouement engendré par leur appel pour mieux tuer tous les fidèles de Sympan. Mes doigts se contractèrent en un poing et, sans même lui demander son avis, j’attrapais le poignet de Skha, qui se mit immédiatement à riposter.

« Ce Monde n’est pas le nôtre! p*tain, Skha! Faut qu’on se casse d’ici! »

Et comme une entente à ma prière, brusquement, je sentis un malaise monter en moi, me tirer vers le bas. La seconde d’après, il me semblait que je venais de m’évanouir. Mais une nouvelle voix, tout près de moi, m’interpella. Ce n’était pas Skha: c’était la Chamane de tout à l’heure.

« Comment était votre voyage? Il a été bref, mais vous avez pu…

- Non, je ne veux rien entendre. Ce Monde ne pouvait pas être l’Au-Delà! Il n’est accessible qu’aux Morts alors que nous, nous sommes bien vivants, présents, ici, sur cette Terre. »

La jeune femme me lorgna calmement, mais je perçus, sans difficulté, un reflet glacé perlé au fond de ses yeux.

« Évidemment que ce Monde n’est pas le vôtre, car ce Monde est accessible à ceux qui croient… »


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Ven 30 Sep 2016, 10:22




Malgré son absence d’enveloppe charnelle, il existait bien des choses que Loziel ignorait à propos des mystères de l’Esprit. Le cycle de la vie et de la mort était rompu pour lui, et c’était sans doute pour cette raison qu’il ne s’y intéressait pas outre mesure. Au lieu de chercher un remède à une malédiction qu’il savait quasiment définitive, il préférait tenter de s’en accommoder ou plus sincèrement, d’oublier qu’il ne pouvait rien ressentir. La tâche n’était pas aisée, et son immatérialité lui pesait chaque jour davantage, assombrissant un coeur déjà cerclé de ténèbres. Un jour, il serait dévoré par cette noirceur insondable qui grandissait en lui, il le savait. Et pour être honnête, il en venait même à l’espérer. Tout valait infiniment mieux que cette condition misérable dans laquelle il était enfermée. Certaines heures, son statut de Génie lui devenait intolérable, et il fallait souvent plusieurs semaines pour qu’il sorte de cette humeur massacrante. La possibilité d’une délivrance ne naissait pas sous son crâne, peut-être parce qu’elle aurait rendu l’attente intolérable. Le hasard avait mis sur sa route un individu qui criait les mérites des Aetheri. Non content de son allégeance profane, il clamait qu’un événement hors du commun serait organisé par une tribu de Chamans pour démontrer à tous la puissance des dieux. Perplexe, il avait néanmoins décidé de s’y rendre, certain que cela ne ferait que renforcer ses plus intimes convictions.

À dire vrai, il s’agissait d’un étonnant rassemblement. Là où le Génie s’était attendue à une ambiance religieuse semblable à celle des temples, marquée par le calme et un respectueux silence, il voyait autour de lui des tables dressées à perte de vue. Par endroits, des cadavres d’animaux pendaient, et la terre semblait se repaître du peu de sang qui leur restait. Une telle pratique indifférait le brun. À une époque lointaine, il aurait sans doute crié au crime et cherché à retrouver les coupables pour les livrer à la justice. Aujourd’hui, il ne ressentait qu’un mol intérêt pour le sort des êtres vivants, quels qu’ils soient.Cela faisait partie de son impalpable héritage, et il ne s’en offusquait pas plus que de ce qu’on lui avait enlevé d’autre. En revanche, tout ce cérémonial avait de quoi l’intriguer. Sagement, il prit place à une table qui possédait encore quelques chaises vacantes et se tourna vers l’homme qui lui faisait face. « Bonsoir, monsieur. Vous savez ce qui nous attend, ce soir ? » Pour une fois qu’il formulait une interrogation sincère, il ne reçut pas la moindre réponse. L’inconnu parut le fixer sans le voir avant de tourner la tête, manifestement davantage attiré par leurs voisins.qu’il observa sans mot dire. Etait-il muet ou ne l’avait-il pas remarqué ? Bouche bée, le Génie se renfrogna. La soirée commençait mal, et il espérait que le reste lui plairait davantage. Après plusieurs minutes d’attente morose, un discours fut prononcé par les Chamans.

Sitôt que les mots cessèrent de chuter des lèvres des organisateurs, Loziel sentit son corps basculer vers l’arrière pour être aspiré par la terre. Sensation fort désagréable qu’il n’éprouvait que lorsque son habitacle le rappelait. Lui interdisait-on de satisfaire sa curiosité ? Pourtant, ce fut un tout autre manège qui se joua face à lui. Sans qu’il ne comprenne ce qui lui arrivait, il sut qu’il flottait dans les airs, détaché de la gravité. Traînant un peu, il observa autour de lui les gens effondrés à terre. Qu’est-ce que cela pouvait bien signifier ? L’hypothèse d’un massacre collectif germa en lui. Ce n’était pas impossible. En revanche, il n’y avait pas d’explication au fait que lui aussi soit victime d’un tel sort. Mettant ses préoccupations de côté pour un instant, il se rendit compte qu’un groupe de ce qui s’apparentait à des fantômes se dirigeait vers l’emplacement habituel du soleil. Ne sachant que faire, il prit le parti de les suivre. Aucune parole ne fut prononcée durant le voyage. Le Djinn eut l’impression de s’évaporer pendant des jours et des jours, et incapable de laisser son empreinte sur le monde, une violente incompréhension grandissait en lui. Cette situation pour le moins incongrue ne menait à rien. Cela lui parut interminable. Et puis, un immense arbre se dressa face à eux, emplissant l’horizon de ses branches majestueuses et de son royal feuillage. Impressionné, le brun resta quelques minutes ébahi, contemplant la merveille sans oser y croire.

La seconde suivante, il se retrouva couché sur un sol à la dureté désagréable. En se relevant, il tourna la tête de tous côtés. Autour de lui, tout n’était que roche. D’une hauteur impressionnante, des blocs de pierre se détachaient sur la ligne d’horizon, et il ne voyait qu’une terre profondément sèche et d’un gris tirant sur le noir, dénuée de toute végétation. Cela ne ressemblait à rien de ce qu’il avait pu voir dans sa vie. Par endroits, le terrain semblait se fissurer pour laisser passer une vapeur d’un jaune inquiétant. Le silence absolu qui régnait en ces lieux était tout aussi effrayant. Pas le moindre signe de vie aux environs. « Mais où suis-je tombé ? » L’explication la plus plausible qui lui venait fut de se dire qu’il était prisonnier d’une illusion particulièrement puissante dont il ne parvenait pas à s’échapper. Le piège se révélait particulièrement sournois, il devait l’avouer. Pour se rassurer, le Génie se mit à marcher, évitant soigneusement de s’approcher des petites colonnes de fumée dont la présence ne lui disait rien de bon. Soudain, tout bascula autour de lui, comme si ses prunelles azur absorbaient les pâles couleurs du paysage pour compenser un tout nouveau tableau d’une blancheur éclatante. Aveuglé par la lumière, il porta une main à ses yeux, le temps de s’habituer à une pareille agression. Lorsqu’il la baisse finalement, il retint un hoquet de stupeur. Tout s’était figé dans la glace. Une immense étendue neigeuse s’offrait à son regard, meurtrissante par sa clarté. Cela n’avait pas le moindre sens.

Préférant rester immobile pour éviter une nouvelle expérience de ce genre, le Djinn contempla durant de longues minutes la surface gelée, se demandant ce qu’il faisait là. Tout à coup, il se rappela les centaines d’individus qui avaient flotté auprès de lui. Toutes ces formes éthérées n’avaient pas pu disparaître. C’était tout simplement impossible. Se relevant brusquement _ il ne s’était même pas aperçu qu’il était assis à même la glace _, il hurla en direction du vent. « Il y a quelqu’un ? » La recherche d’autres êtres représentant l’occupation la plus satisfaisante qui lui était offerte, il se mit à déambuler au hasard dans l’espoir de trouver une créature en mesure de l’informer sur ce curieux phénomène. Cependant, rien ne lui fournissait de point de repère, et il ne tarda pas à tourner en rond. Un cri de rage allait lui échapper lorsqu’il sentait son souffle brutalement coupé. Si cela ne risquait pas d’attenter à son existence, ce n’était pas pour autant une partie de plaisir. Une vicieuse douleur se logea dans ses poumons comme s’ils n’avaient pas conscience de leur inconsistance. Cela le fit suffoquer. Et tout s’effaça à nouveau. Cette fois-ci pourtant, il se retrouva dans un lieu sensiblement plus sympathique. Autour de lui s’étendait une végétation luxuriante, égayée par le chant de quelques oiseaux au plumage coloré. Le Djinn sourit, non parce qu’il aimait ce qu’il voyait, mais parce que cela lui remémorait avec une précision frappante la Forêt Enchanteresse.

Son coeur apaisé par cette mirifique vision, il marcha en sautillant d’un pied sur l’autre, osant même tenter d’éveiller en lui une joie morte depuis longtemps. Cela ne donnait pas grand-chose, mais il s’acharna. Le délicat parfum des orchidées franchit la barrière de ses narines l’espace d’une seconde. Décontenancé, il sursauta et s’approcha des somptueuses fleurs, cherchant à respirer de nouveau leur charmante fragrance. Privilège qui lui fut refusé. Sans se départir de son semblant d’enthousiasme, il écarta un rideau de lianes folles qui dissimulait toujours la même nature éclatante de vie, celle qui avait un jour fait éclater l’espoir en lui. Alors qu’il progressait avec respect, un clapotis attira son attention. Une petite mare s’était formée à quelques mètres de lui, et le mince filet d’eau qui l’alimentait remontait certainement jusqu’à une rivière. Décidant de suivre cette piste, lui qui avait toujours aimé l’eau, il finit par déboucher sur la fameuse étendue aquatique. Loziel repensa à son mariage. Une silhouette apparut sur le rivage. Interloqué, il écarquilla les yeux. L’illusion était cruelle. Le Djinn n’avait pas besoin que la couleur et la chair s’ajoutent à cette forme éthérée. Il avait toujours su la reconnaître. Le tremblement de sa voix était le seul signe de sa panique intérieure mêlée d’un soulagement infini. « Marianne ? » Un rire de femme lui répondit. Et puis, il se réveilla.
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Ven 30 Sep 2016, 21:51

Qui n’avait pas entendu parler des Rwanonya ? Cette tribu qui par bien des procédés réussissait des prouesses là où les autres échouaient. Les Chamans continuaient d’attiser la curiosité et le devenir de son affection pour les pratiques et la culture qu’ils répandaient. Un peuple tout nouveau qui pouvait aller loin, notamment dans les conventions douteuses dans lesquelles l’homme se complaisait le plus. Aussi, il devait cette forte impression à Devaraj pour qui il avait de l’estime. Ce dernier n’avait cessé d’élever les siens sur un piédestal qui ne coïncidait peut-être pas pour tout le monde. En vérité, il n’avait aucun élément de comparaison pour s’approvisionner de cette valeur qualitative. Le fait est qu’il appréciait considérablement les us et coutumes qu’ils étaient capables de transmettre à tous ceux qui étaient suffisamment ouverts d’esprits pour tenter de les interpréter. Au courant du moindre événement qui se reliait à eux, il est donc naturel pour le Roi d’être au courant de tous les rituels qui suscitaient le désir de la grande majorité ; à savoir celle qui servait selon eux à exposer la puissance des Aetheri. Se rendant ainsi à l’endroit où avait lieu l’audience, il était accompagné de son fidèle allié ; Krog. Depuis qu’il était au sommet des échelons, les aventures qu’ils réalisaient se faisaient beaucoup moins fréquentes, là où à l’inverse ils ne s’étaient pratiquement jamais quittés avant ce moment. S’en servant comme d’une monture pour diminuer drastiquement le temps du trajet, ils advinrent au rassemblement déjà très conséquent. Visiblement, le bouche-à-oreille avait fonctionné, et c’est ainsi qu’il se plaça à l’écart à côté de son loup, près d’une table qui accueillait bon nombre de curieux.

Il identifia quelques têtes connues, mais ne s’en préoccupa pas plus que ça, préférant écouter et regarder les agissements chamaniques qui venaient très certainement d’entrer dans la phase du rituel en vue du sang versé en masse. Quelques instants plus tard, sans qu’il ne puisse expliquer le phénomène avec assiduité, il sentit son âme se faire aspirer par une force obscure. La sensation était indicible, bien loin de ce qu’il avait ressenti de sa première mort physique. Toutefois, lorsqu’il descendit les yeux vers le sol, il contempla son organisme abandonné qui gisait avec les autres blocs individuels. Étonnement, Krog semblait être resté avec son vrai corps, signifiant qu’il n’allait pas pouvoir l’accompagner dans l’au-delà. Avait-il été épargné à cause de son espèce animale ou bien par l’influence de sa taille disproportionnée ? Zane ne connaissait que très peu les outils qui touchaient à la mort. Du coup, cette expérience était bonne à prendre pour lui permettre d’en apprendre plus sur le monde d’ailleurs. Dans un état qu’il ne saurait s’expliquer, ils parvinrent tous devant un interminable pont qu’il fallait notoirement franchir. N’ayant aucune envie de se perdre dans les méandres du néant, le Diable sous sa forme la plus vulnérable suivit les autres tel un mouton qui devait arriver à destination par tous les moyens. Stupéfait par l’ambiance qui se dégageait du panorama, l’escorte les mena au-devant d’un arbre monumental. D’après les dires du Chaman, le toucher permettait de se rendre réellement dans l’au-delà. Si tous les corps s’effacèrent chaque fois qu’ils posèrent prosaïquement leur main dessus, Zane se désigna comme le dernier à passer au sein de ce portail qui le fit atterrir à l’intérieur de Zterbiuh'Oshi. S’il avait effectivement un semblant d’apparence frappant avec toutes les cités du monde des vivants, leur teinte singulière qui basculait entre le rouge et le bleu n’avait rien de comparable avec tous les circuits auxquels il avait pu procéder jusqu’à maintenant. De plus, les divers esprits qui erraient ici et là rendaient son intrusion encore plus parapsychique.

À bien des égards, il n’avait aucun problème d’aisance, probablement car il était lui-même quelqu’un de relativement spécial. Rentrant dans le premier bâtiment aux allures d’auberge, il remua la tête dans tous les sens afin de s’imbiber de toute l’essence de l’autel universel de la boisson. Il partit s’asseoir au plus près du comptoir, requérant imprudemment de l’hydromel. Alors qu’il se posait une multitude de questions sur sa présence, un esprit vint le rejoindre en commandant exactement la même chose. Il ne le connaissait ni d’Ève ni d’Adam, du moins c’est ce qu’il pensait au premier abord, mais peut-être se méprenait-il. En effet, l’anonyme fut le premier à prendre la parole. « Je sais ce que tu vas dire. Qu’est-ce qu’un esprit vient me faire chier alors que je voulais être peinard en attendant de savourer l’alcool d’un autre monde. Tu devrais voir qui je suis sans avoir besoin que je te l’explique. En fait tu m’as presque déjà rencontré une fois. » Zane écarquilla les yeux. Il avait beau réfléchir davantage à la question, ce visage ne lui évoquait rien. Et même en se fiant à autre chose qu’à son apparence, il ne ressentait rien de familier qui puisse le mener sur la bonne piste. « Tu dois te méprendre. Je n’ai aucun lien avec les esprits quelconques. C’est la première fois que je viens ici. Mais si tu cessais de tourner autour du pot, peut-être que je pourrais éventuellement faire œuvrer ma mémoire. » L’homme gloussa en se massant la nuque. Il choya aussi sa longue barbe lors d’un frottement particulièrement irritant. « Tu m’as déjà rencontré en cours de ce fameux jour, sans doute le pire de ton existence. Si je ne m’abuse, tu as perdu quelques fragments de ta mémoire quand ton père t’a enfermé dans ces souterrains ? » Son père ? Quel était le lien avec son proche ? Il avait effectivement vécu de sales moments qu’il aurait préféré oublier plus d’une fois avant de concevoir qu’il était nécessaire de le graver en soi. Ses réminiscences ne lui avaient jamais joué de tours, étant sensiblement plus parfaites que n’importe qui. « Je me souviens de chaque seconde comme si c’était hier. Si vous travailliez pour mon père, vous l’avez fait dans l’ombre et dans ce cas je ne vois pas ce qui aurait pu m’échapper. Je connais les acteurs majeurs de cette guerre que je dois livrer dans le futur, et vous n’en faites pas partie, désolé. » Le verre lui fut enfin apporté, mais lorsqu’il posa son regard sur ladite boisson, un sentiment un peu particulier s’empara de lui.

Pas moyen qu’il s’abreuve d’une seule goutte de ce nectar. Sa raison le lui hurlait, mais comme s’il était hypnotisé par un sort, il resserra ses doigts autour du verre. L’inconnu posa sa main sur son bras dans le but de l’arrêter à temps. « Je ne suis pas ami avec ton père. Au contraire. J’étais jadis l’un de ses prisonniers. M’avoir oublié est tout à fait naturel au vu de tout ce qui t’est arrivé durant cette période. Si tu penses qu’il a échoué dans son plan, tu te méprends totalement. » D’une poigne de fer, il brisa le verre. « Qu’essaies-tu de me dire au juste ? Que tout le combat que j’ai mené contre lui s’est soldé par un échec. Aux dernières nouvelles, je suis toujours vivant… enfin dans les faits. » « Mais à quel prix ? Il t’a manifestement lancé une puissante malédiction lors de ce rituel. Je ne pense pas qu’il visait à se rendre immortel comme tu le crois, puisqu’il a déjà partiellement réussi à le devenir. Dans tous les cas, je ne peux pas t’aider dans l’état dans lequel je me trouve actuellement. Il me faut retrouver un vrai corps. » « Et comment entreprendre un tel miracle ? » Le temps lui manquait : le corps du Démon commençait à disparaitre, signe qu’il était l’heure de rentrer à la maison. « Tout ne se fera pas en un claquement de doigts. Il faut que tu trouves un certain Gaius. Il vit dans les profondeurs du continent du matin calme. Alors seulement quand tu l’auras retrouvé je pour… » Mais il disparut avant d’avoir la fin de ses instructions, récupérant son corps quelques instants plus tard. Nier le trouble qui s’insinuait en son esprit ne le mènerait qu’à se poser davantage de questions. S’il n’était pas commode d’avoir pleinement foi à un spectre qui pouvait sans doute le manipuler, Zane était pourtant convaincu qu’il devait lui faire confiance pour retrouver la trace de son père. Quelles qu’en soient les conditions, il devait agir, et pour ça il devait commencer par situer le réputé Gaius.



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Mancinia Leenhardt
~ Humain ~ Niveau IV ~

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◈ YinYanisé(e) le : 01/05/2015
◈ Âme(s) Soeur(s) : Neah Katzuta | Ange | Compagnon
◈ Activité : Joaillière [Rang IV] - Médecin [Rang III] - Éleveuse de Vaches [Rang I] - Investisseur [Rang II] - Prêtresse d'Amsès [Rang I]
Mancinia Leenhardt
Ven 30 Sep 2016, 22:00

Si on avait dit à Mancinia qu'elle aurait accès à de plus en plus d'informations en grimpant les échelons, elle y aurait cru, mais n'aurait pas envisagée qu'on vienne l'avertir directement. Elle avait été présente lors des dernières célébrations organisées par les Chamans, ce peuple mystérieux sortit de l'ombre pour se permettre de faire payer les Pro-Sympan de leurs exactions. En racontant aux autres ce qu'il s'y était produit, pour que les rumeurs soient moins farfelues, tous s'étaient moquer de ce qu'il était advenu des adorateurs de l'Unique. Tout Aether soit-il, que la peste emporte ce Sympan ! A cause de lui, les fondements même de ce monde, encore instable, devaient à nouveau s'effondrer sans égard aux autres pertes et cataclysmes. L'Humaine avait l'impression que les combats duraient depuis des années entières sans que rien ne puisse apaiser la soif de sang. N'étaient-ils donc devenus que des sauvages ? Malgré son plaisir de revenir en vie de ses pérégrinations, d'autant plus s'il advenait qu'elle eut tué ses adversaires au passage, toute cette situation lui semblait dérangeante. Mancinia était neutre. De son point de vue, du moins. Cette marque sur sa main droite l'obligeait à ne pas oublier qu'elle ne pouvait pas renier totalement l'Originel, toute trahison que ce fusse envers Drejtësi, ou tous les autres Aetheri auxquels elle croyait depuis des années.

C'était idiot. Elle-même aurait dû perdre la foi depuis longtemps. Ce qu'elle avait traversé au cours de l'année écoulée était une preuve irréfutable, elle pouvait sans doute considérer que les Aetheri s'étaient amusés avec leurs existences en les déplaçant comme des pions sur un échiquier divin. Elle aurait dû leur tourner le dos et suivre Sympan, mais elle aurait dû abandonner les siens et elle se le refusait. Une cause commune était plus grande qu'une cause personnelle. Jamais elle ne pourrait renier sa divinité protectrice malgré une preuve encrée dans sa chair. Il y avait ses propres convictions qui entraient en ligne de compte. Ces dernières n'étaient pas faites de vents et elle avait eu droit à une manifestation de l'Aether de la Justice au sein de son Temple. C'était encore là. Elle ne pouvait pas l'effacer, elle ne pouvait pas briser sa lance d'elle-même. Cette lance au creux de sa main était l'autre preuve qu'elle ne pouvait pas altérer de son esprit. Impossible. Et que dire de Delta ? Lui qui avait jeté l'arme d'un des Aetheri au pied de la foule lors de la précédente Coupe des Nations. Comment, par ce geste et par ses paroles, il s'était moqué de la mort de son ennemi. Avec mépris. Si on pouvait tuer ses adversaires et parfois rire d'eux, un combat reste un combat et il devait se faire à la loyal. Aurait-elle été capable de se moquer des Démons ? Eux qui lui avaient donné du fil à retordre dans l'Edelweiss.

Joueurs. Ils l'étaient et elle en aurait encore un avant-goût dans peu de temps, parce que Mancinia allait encore faire ce qu'elle veut et se rendre sur des territoires qui lui étaient hostiles, mais en invitée. Elle était vraiment un électron libre pour les siens. Parvaneh voulait corriger ce trait de caractère chez elle. Surtout depuis que l'on était venu lui raconter des rumeurs sur la Tribu Rwanonya. Nom difficile à prononcer s'il en est. Ces Chamans promettaient à quiconque se rendrait sur leurs territoires pour y dévoiler une puissance méconnue des Mortels, celle des Aetheri eux-mêmes. Sans parler d'une chose qui obsédait tout un chacun, les Humains plus que les autres : ce qui les attendait après. Certains criaient au blasphème et à l'insulte envers Ézechyel. Maudissant ces impies de quelques noms d'oiseaux. L'Humaine, elle, s'interrogeait sur autre chose. Tout renier en bloc n'était pas une bonne idée, où était l'idée de tolérance écrits dans leurs dogmes ? L'idée de Justice ? Elle se devait de s'essayer à tout. Car curieuse, elle l'était assurément et c'était une occasion un peu particulière que de faire face à quelque chose de nouveau. Mais n'était-ce pas dangereux de montrer aux yeux du monde ce genre de secret ? Est-ce qu'il y avait un sens cacher derrière tout ceci ?

C'était pour répondre à cette question que la guerrière était venue en ces lieux. Mancinia regardait ce remue-ménage aux alentours, est-ce qu'ils étaient sérieux ? N'allaient-ils pas plutôt les faire entrer dans un délire commun pour leur embrumer l'esprit et les sens ? Essayer d'inventer des choses pour mieux convaincre les faibles d'esprit ? Une femme à l'allure sauvage lui fit signe de venir à l'aide de son petit doigt, cela la surprit. N'allait-elle pas déranger le rituel avec son aura ? Est-ce que les autres ne risquaient-ils pas des perturbations ? Cela ne semblait pas être le cas. Ils savaient ce qu'ils faisaient. Du moins, l'Humaine l'espérait. S'allongeant sur un des nombreux lits mit à disposition, une certaine anxiété agitait son coeur. Habituée à la méfiance, elle était déconcertée par ce peuple qu'elle méconnaissait.

Je reste un peu sceptique, c'est tout autre chose pour moi que de faire confiance à des inconnus. Sans vouloir vous vexer.
Détendez-vous. Nous ne vous ferons pas de mal. Si vous croyez, vous n'aurez rien à craindre.

Bon. Tant qu'ils ne la tuaient pas dans son sommeil, tout devrait bien se passer. Suivant les indications de la Chaman, Mancinia prit une inspiration avant de boire l'étrange mixture qu'on lui tendit. Elle avait un goût métallisée avant d'adapter sa respiration tout en s'allongeant et en closant ses yeux. L'Humaine se laissait porter par ce qui l'entourait et patientait. C'était si calme et si apaisant que ses doutes disparaissaient. Elle se sentait plus légère.

Ouvrez les yeux.

Sa voix était à la fois si loin et si proche. Lorsqu'elle voulut les rouvrir, ses sens étaient engourdis et ses paupières étaient lourdes. Elle choisit de laisser son corps s'adapter à cet environnement et quand elle fût capable de retrouver ses sensations. Mancinia prit conscience qu'elle était au milieu d'une ruelle où se pressait une certaine activité. Avait-elle été...Comment disaient-ils ? Téléporter ? Non. C'était assez différent. Elle se sentait éveillée dans une sorte de rêve tant sa perception des choses étaient bouleversées. Ses yeux semblaient trahir l'éclat coloré de cet endroit, ses oreilles semblaient étouffer des sons qui auraient dû lui paraître bruyant et ses membres avaient une certaine lourdeur à la manipulation. L'Humaine fit quelques pas maladroits. Silencieuse, un sourire flottant sur son visage. C'était édifiant. Était-ce donc cela, l'autre monde ? Ce qui les attendait une fois le moment venu ? Regardant de droite à gauche, la présence de nombreuses formes assez fantomatiques. Hum. Ses yeux la trompaient-ils ? Quoi qu'il en soit, ce n'était pas désagréable. Au bout d'une dizaine de minutes de marche en ligne droite, la guerrière sortit de la ruelle pour se retrouver au milieu d'une vaste étendue désertique qui n'était pas sans lui rappeler le Désert où elle vivait. C'est à cet instant qu'elle pencha la tête sur le côté.

Observant une structure de granit où se mouvait une dizaine d'ombres, dont une qui semblait commander en contrebas. La guerrière écarquilla les yeux. C'était différent, mais elle ne pouvait reconnaître qu'Utopia. Ce n'était en rien la ville qu'elle connaissait actuellement, ce n'était que ses débuts. Qu'est-ce que... ? Une illusion créée par magie ? Ce ne pouvait pas être vrai. Mancinia tendit son bras vers ce qu'elle savait être un mirage, mais elle avait envie de lui toucher l'épaule. Était-ce pour faire un lien quelconque ? Un mal lui vrilla le corps, partant de sa tête pour descendre vers ses pieds. Qu'est-ce que c'était ? Qu'est-ce qu'il lui arrivait ?

C'est l'heure, Mancinia.

La douleur disparue dès l'instant où elle ouvrit les yeux.

Maintenant, vous savez. Reprenez-vous pendant quelques minutes. Manger et buvez pour reprendre des couleurs.

Son corps était intact, mais elle ressentait une voracité accrue et ses lèvres étaient gercées. Combien de temps était-elle restée là-bas exactement ? Son coeur cesse de battre à la chamade et elle se redresse avec sa tête demeurait lourde et elle mit ses deux mains devant son visage pour récupérer. Et que savait-elle exactement ? Elle n'aurait su le dire. C'était troublant. Confus. En regardant sa main droite, perdue dans les pigments de son tatouage. Elle n'y avait jamais réfléchis, mais si cette magie d'une puissance absolue soignait la Mort, est-ce qu'elle pourrait devenir éternelle ? Et si elle ne le pouvait pas, si cette fin était inéluctable, que pourrait-elle faire pour le rester longtemps après son trépas ?


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