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 La mutilation. [Vanille]

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Lun 28 Déc 2015, 14:52



La mutilation. [Vanille] Kusuri15


La mutilation




La cité de Pabamiel. C'était une ville différente de toutes celles qu'il avait déjà visité, plus élégante et plus mystérieuse. L'occasion pour lui de prendre une belle bouffée d'air frais, de voir autre chose. Les yeux perdus sur les innombrables toits colorés, Devaraj repensait aux derniers massacres qui avaient eu lieu, aux guerres, à Delta. Il repensait à tous ceux à qui il avait ôté la vie, à cette naïveté qui le poussait à croire que c'était son devoir de tuer pour des esprits. Mais peu importe à quel point il fermait les yeux, le regret et le doute finissaient irrémédiablement par revenir, s'insinuant dans sa tête et le rendant malade. Vivre ou Mourir ? Quel camp choisir ? La volonté des Aetheri lui semblait bien obscure. La droiture n'était-elle qu'une série de choix fait à l'aveugle ? Où était la vraie Justice ? Si pour lui, la Mort n'était qu'un passage, pourquoi hésitait-il tant à la distribuer ? Ce serait-il trompé quelque part ? Un faible soupir s'échappa de ses lèvres. Le chaman s'éloigna du mur sur lequel il s'était appuyé pour contempler les hauteurs de Pabamiel qui brillait dans un magnifique soleil couchant, et s'enfonça dans les dédales de la ville. Il avait un rendez-vous à ne pas manquer.

Sans ses esprits compagnons, il se sentait bien seul, comme s'il était tout nu. Non pas qu'il ne sache pas se défendre seul en cas de danger et qu'il se sente nerveux sans eux, mais c'était plutôt comme s'il lui manquait un bras, ou une jambe. Une sensation bien désagréable, en somme. Comme il arrivait d'Avalon où il était allé vendre des produits sous les ordres de Seth, il avait laissé Khaal et Slanguen à l'Antre des Marais. Fallait avouer que même pour vendre des fioles, accompagner un Chaman dans des maisons de passe, ce n'était pas la tasse de thé de tout le monde vu les débordements qu'il pouvait y avoir. Cette pensée arracha un vague sourire à Devaraj. Quand même, la dernière jeune femme qui lui avait proposé de payer un quart de la somme en nature, ça n'avait pas été de l'argent perdu ! Il rigola et continua de marcher un bon moment avant de se rendre à l'évidence. Il était paumé. Passant tel une ombre entre les différents bâtiments, le chaman finit par demander son chemin et on lui indiqua la direction pour se rendre dans le quartier adéquat. Enfin, même ainsi, cela lui prit un bon moment puisqu'il s'amusait à fouiner à droite et à gauche, curieux de connaître un peu mieux cette étrange citée. Au bout de deux heures de vagabondages et égarements divers souvent inutiles, il déboula dans la rue indiquée et trouva ce qu'il  voulait, presque à regret. S'il en avait eut l'occasion, il aurait bien continué à visiter, comme un gamin qui découvrait avec joie sa nouvelle maison. Devaraj avait toujours pensé que tout le plaisir d'une trouvaille est dans sa recherche, et pas l'inverse. De plus, c'était une erreur que de se limiter seulement à ce que l'on cherchait. Si l'ont s'enfermait dans un cadre sans jamais sortir de la route tracée, comment pourrait-on se laisser séduire par les enfantillages du hasard ? Il se promit de rester quelques jours de plus dans ce bel endroit, le temps de satisfaire sa curiosité boulimique.

S'arrêtant devant le seuil pour le détailler avec attention et être sûr qu'il était au bon endroit, il se demanda à quoi pouvait bien ressembler l'intérieur. Une telle invitation de la part de Megæra était un peu étonnante, mais ce n'était pas lui qui allait s'en plaindre ! Les imprévus lui donnaient toujours de quoi apaiser sa curiosité et agrandir ses connaissances. Sans eux, sa vie serait insipide et vide d’intérêt. Avec un sourire imperceptible aux lèvres et une lueur rieuse dans les yeux, il entra dans le Cabaret Jasarael, sans se douter le moins du monde qu'il en repartira marqué à vie et que sa jeune âme accablée de questions sans réponse n'en ressortira jamais.
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Jeu 14 Jan 2016, 15:57


Un léger parfum de rose et violette flottait dans les airs, fragrance délicate et enivrante qui conférait un climat doux et lascif à la plus petite pièce du Cabaret. Les velours pourpres et dorés se distinguaient à peine à la flamme fragile des quelques bougies qui éclairaient subtilement la salle principale de l’établissement, étrangement calme et tranquille, simplement vide. Dans cette pénombre, seuls les contours des tables et de la scène se discernaient. Tout était si silencieux. Un unique bruissement résonnait, le claquement régulier des ongles qui tapotait le bois en rythme. Silhouette aussi inquiétante que désirable, une jeune femme patientait dans le noir, assise avec arrogance près du bar, ses longues jambes croisées. Les boucles de ses cheveux noirs ondulaient le long de la peau nue de son dos, la robe argentée qu’elle portait laissant une vue imprenable sur la chute de ses reins. Apprêtée comme une Reine, elle semblait sur le point de rejoindre un bal ou une soirée mondaine. Elle souriait, tout en contemplant le Chaman de ses grands yeux clairs. « Bonsoir. » murmura-t-elle d’une voix basse et chaude. « Je vous attendais. » Doucement, elle faisait tourner le breuvage sanglant de sa coupe, avant de porter le verre à ses lèvres pour en boire une gorgée. « Je suppose que vous ne vous attendiez pas à cela. » Jasarael paraissait fermé. Il ne devrait pas l’être. C’était anormal. Où était Megæra, la belle Fleur du Mal dont on vantait les qualités à s’en brûler la langue ? L’ambiance se dégradait, comme une maison de paille soufflée par le Grand Méchant Loup. « A vrai dire, la ravissante propriétaire des lieux, Lady Swan, ne peut vous recevoir en cette soirée malgré son invitation. Veuillez l’excuser … » Elle parlait de façon distraite, rêveuse. D’une traite, elle finit son vin, avant de baisser les yeux sur sa proie, la mine moqueur et acide. « Elle … a eu un contretemps. » Une déclaration aussi nébuleuse que sinistre, laissant douter du bien-être de la Lapine. L’étrangère avait un petit rien d’effrayant. C’était une femme sublime aux formes parfaites, une Muse que l’on aurait volontiers imaginé sous le pinceau songeur d’un artiste qui aurait tenté d’incarner la grâce. Elle dégageait une aura époustouflante, une prestance écrasante. Un brin de malice la nimbait, aussi ; une malice qui tournait aisément à la perversion, à la violence. Elle était mauvaise. Elle était un ravage, une plaie, une créature impitoyable. Ses desseins, quoiqu’inconnus, étaient clairs sur un point : ils ne seraient pas bienveillants. « Oui. » reprit-elle en décroisant ses jambes pour les croiser dans l’autre sens. « Vous étiez attendu, Devaraj. Merci d’être venu. Vous êtes ponctuel. »

Un bruit de clef retentit, puis des pas. Fier et droit, un homme à l’apparence noble fit son apparition. Un costume noir, de longs cheveux blancs, un regard glacé et des traits fermés, il restait muet, à épier en silence le Chaman comme on dévisagerait un objet de curiosité. Lentement, il marchait, traçant un large cercle autour du jeune homme, les bras croisés dans le dos. Il était d’autant plus sombre et angoissant, annonciateur d’un avenir morbide. Un drôle d’éclat brillait dans ses yeux froids, et il ne lâchait pas le Chaman. C’est le moment que choisit la jeune femme pour bondir, sauvage et féline. D’un geste brusque, elle plaqua Devaraj contre le mur, derrière lui, brisant les limites et le confort, son visage à quelques centimètres du sien, une main sur sa gorge, les ongles prêts à percer la peau. Elle rit. « Bouh. » articula-t-elle, ironique. Sans prendre la peine de prévenir qui que ce soit, elle s’éclipsa, entraînant de force le Chaman dans la téléportation. Elle le laissa tomber une seconde plus tard, s’éloignant d’une démarche élégante et insolente, suivie de près par l’homme aux cheveux blancs. « J’ai pris la liberté de nous mener dans une demeure plus charmante et accueillante. Je vous souhaite une bonne visite. » Détail surprenant de la part d’une créature pareille, elle n’enferma pas le Chaman. Ceci dit, c’était un choix réfléchi et elle était parfaitement consciente que sa proie ne pourrait pas s’échapper. Il s’en rendrait compte bien assez tôt. Le manoir était vieux, l’un de ses châteaux aux boiseries soignées et légèrement poussiéreux. Surtout, il bouillait de magie, une force obscène et tremblante qui le rendait vivant, furieux, mauvais. Il n’y avait aucune échappatoire. Chaque porte mènerait à une autre pièce, à un autre couloir. Parfois même, la logique se brisait, comme lorsqu’une issue d’un couloir menait, de façon absurde, au début du corridor incriminé. Il n’y avait aucune échappatoire. La demeure entière était sa prison, une immense cellule qui se plaisait à tourmenter son captif, à laisser naître l’espoir pour mieux le dévorer.

Il était seul. L’homme et la femme s’étaient évaporés. Il faisait froid. Les cheminées étaient mortes, le bois semblant refuser de produire la plus petite étincelle. il n'y avait rien à manger. Il faisait sombre. Quelle heure pouvait-il être ? C’était difficile de deviner. Les fenêtres étaient barricadées. De temps à autre, une infime ouverture permettait de reconnaître quelques éléments du décor. Seulement, les incohérences étaient flagrantes. En l’espace de quelques secondes, une feinte pouvait montrer le jour tandis qu’une autre montrerait la nuit. L’une laisserait entrevoir une forêt, une autre une montagne. Il pourrait même voir des visages amicaux, ou des ennemis. Tout était possible, tout était permis, rien n’était rationnel, tout était déraisonnable.
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Sam 16 Jan 2016, 21:39



La mutilation. [Vanille] Kusuri15


La mutilation




Guidé par les senteurs douceâtres qui alourdissaient l'air, le chaman s'avança dans la pénombre. Ce n'est que quand ses yeux purent enfin discerner les contours de la jeune femme qu'il se rendit compte de la lourdeur du silence ambiant. Un Cabaret sans musique, ni lumières, voilà qui était surprenant, effectivement ! Ses yeux pâles détaillèrent discrètement son interlocutrice. Lentement, il commença à se sentir mal à l'aise. Non pas que le silence le rende nerveux, mais quelque chose allait de travers, pas besoin d'être un Dieu pour le deviner. En temps normal, cette situation l'aurait enchanté car il était du genre à courir tête baissé dans les pièges juste pour le plaisir d'en ressortir victorieux plus tard. Mais quelque chose lui disait qu'il ne ressortirait pas forcement triomphant de ce traquenard-là. Le chaman fronça les sourcils, aussi réactif qu'une statue en pierre. Son regard se perdit dans les iris de la jeune femme. Il aurait pu se noyer dedans. La peur pointa le bout de son nez, bien qu'il ne puisse pas mette de mot sur ce sentiment dévastateur, puisqu'il ne le connaissait pas encore. Devaraj n'avait jamais connu la vraie peur, celle qui paralyse, qui fait perdre conscience, qui rend fou. Ses pensées et ses buts étaient bien trop inconscients pour cela. Mais dans cet amas de picotements inconnus, le chaman reconnut tout de même une sensation bien habituelle. La proximité du danger et de la Mort provoquait en lui une excitation tellement grisante et euphorique que c'en était presque devenu une drogue. L'aura que dégageait cette femme était si menaçante et à la fois si attirante qu'il en frissonna. Il déglutit doucement.

La porte n'était pas loin derrière. Il pensait pouvoir encore avait le temps de faire demi-tour pour s'échapper. Mais il ne le fit pas. A la place, le chaman s'avança d'un pas. "Qui êtes-vous ?" articula-t-il finalement, le plus calmement possible, osant enfin sortir de son apathie. Son regard brûlait. Sa curiosité le rendait déjà fou. Cette fois-ci, il savait qu'il valait mieux s'enfuir, mais il ne pouvait trouver la détermination pour le faire. N'était-ce pas plus intéressant de rester discuter avec cette inconnue ? De plus, l'allusion à Megaera ne fit qu’agrandir sa répugnance à partir. Meg était un très joli lapin et il refusait catégoriquement que l'on fasse du mal aux animaux. Où était-elle ? Trop d'interrogations sans réponses tournaient à toute vitesse dans sa tête. Il n'entendit jamais la réponse à sa question. Un bruit détourna son attention et il vit un jeune homme les rejoindre. Etre dévisagé comme un animal en cage n'était pas des plus plaisants, surtout pour quelqu'un d'aussi facilement irritable que le chaman. Mais ce dernier ne bougea pas, bien trop perturbé pour pouvoir réagir comme il l'aurait voulu. Il réussit, néanmoins, à parler."Ce Cabaret est bien morne." Le notion de prudence était inexistante dans son esprit. Il avait simplement lâché cette phrase pour tenter de récupérer un peu de maîtrise sur la situation alors qu'elle semblait lui échapper comme des grains de sables à travers des doigts.

Autant consterné que nerveux, il ferma les yeux. Une erreur fatale qui lui coûta cher. Quand une main s'abattit sur son épaule et qu'il heurta un mur, il les rouvrit, mais c'était trop tard. C'était déjà fini depuis qu'il avait poussé la porte de l'établissement. Son sort était déjà scellé depuis qu'il s'était montré à Somnium. Mais ça, le chaman était bien trop loin d'en avoir conscience, à son grand dam. La téléportation fut brutale, tout comme le changement d'environnement. La présence écrasante de ses ravisseurs se dissipa, bien qu'il mit quelques minutes de plus à s'en remettre. "Merci bien du dérangement..." grogna-t-il enfin. Mais son interlocutrice n'était déjà plus là. C'était aux murs qu'il parlait, ou à lui-même. Son exploration des lieux fut vaine. Tout était illogique ici, pas de porte de sortie et les feintes montraient toutes un pays différent. Aucun moyen de communiquer avec l'extérieur... Ses deux esprits compagnons lui manquaient cruellement. La situation lui rappelait que trop bien son excursion dans le Temple de Drejtësi et c'était loin d'être un bon souvenir.

"Calme-toi." se dit-il. Ne jamais céder à la panique, voilà sa première règle de vie. Il aurait aimé analyser la situation l'esprit serein, mais ses pensées étaient tout sauf claires ! Il était trop curieux, effrayé, excité, désireux de comprendre ce qu'il lui arrivait. Serrant les points, il regarda son collier sacré et soupira. L'Aether de la Mort veillait sur ses enfants, se dit-il pour se rassurer. Après se l'être répété assez de fois pour chasser cette sensation stupide qu'était la peur, il se releva, déterminé à sortir d'ici. Peut-être qu'une demie-journée s'était déjà écoulée, voir plusieurs jours. Ou alors il n'était ici que depuis une heure ? Impossible de le savoir... Mais à ces yeux, ce n'était pas le plus important. Ce n'était pas parce-qu'il venait de buter contre une difficulté aussi haute qu'une montagne qu'il allait abandonner dès le premier essai. Ne pas réussir était de loin la chose qu'il détestait le plus au monde et il s'en retrouvait pas conséquent aussi têtu qu'une mule. Le plus urgent était d'étudier sa nouvelle Prison sous tous les détails. Un problème sans solution, ça n'existe pas. Cet endroit avait forcement une faiblesse, une faille, quelque chose qu'il pourrait exploiter... s'il en avait le temps. Rassemblant son flux de magie autour de sa peau, Devaraj se concentra, cherchant à abandonner son corps pour refaire une visite des lieux sous forme d'esprit.
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Ven 05 Fév 2016, 21:41


« C’est vraiment une très mauvaise idée. » murmura la jeune femme. Elle eut un léger rire et fit doucement courir ses doigts froids sur la joue du Chaman endormi, qu’elle toisait d’un regard sévère et glacial au contraste saisissant avec le petite sourire malicieux de ses lèvres. « Une idée si regrettable. » soupira-t-elle, penchée près de lui, comme pour l’enlacer. Elle susurra à son oreille, moqueuse. « N’as-tu donc pas peur de ce que je pourrais faire à ton corps, en ton absence ? » Lentement, elle déposa chacun de ses doigts sur la peau nue des bras de Devaraj. « Tu devrais. Je n’ai qu’à enfoncer mes ongles. » Elle jubilait. « Ô, si tu savais. » A n’en pas douter, il aurait bientôt un avant-goût des déviances de son bourreau. « Reviens, Prince Charmant. Reviens ou la Princesse mourra. » Sans plus de précision, elle s’écarta pour s’asseoir sur une chaise, non loin. « Tu n’as pas le droit de t’en aller. Changer de forme ne te sera d’aucun secours, les murs te retiendront. Plis-toi aux règles ou subis les conséquences de tes manquements. » Elle fit mine d’être contrariée, la bouche tordue en une moue boudeuse et capricieuse. « Je suis terriblement déçue. » Il devait apprendre la leçon. Elle réfléchit brièvement avant de sauter sur ses deux pieds, pour ouvrir une porte d’un grand geste. Etait-ce un placard ? C’était difficile à déterminer, d’autant plus dans un manoir aussi changeant que magique. Quoiqu’il en soit, elle en tira une jeune femme, qu’elle traînait par les cheveux. Tranquillement, elle se réinstalla sur son tabouret, sa proie entre ses jambes, à tirer sa crinière d’une main pour que le Chaman puisse voir les yeux de la malheureuse, une lame sur la gorge. Megæra n’avait pas vraiment l’air au mieux de sa forme. Le visage tuméfié et le corps meurtri, elle peinait à respirer normalement et tremblait. De ses orbes bleus, elle dévisageait Devaraj, sans rien dire. Elle ne pouvait pas se permettre le luxe de prononcer le moindre mot. Elle avait un couteau de cuisine sous la gorge et pressentait qu’on pourrait la lui trancher avec aisance, sans ciller ni hésiter. L’étrangère, quant à elle, souriait toujours. Une journée normale. « Allez, dis-moi quelque chose de gentil. » Elle patienta une seconde avant de baisser les yeux sur la Lapine, les relevant avec étonnement. « Oh, peut-être commences-tu à avoir faim ? Un petit civet ? Il suffit de demander. Je mets un point d’honneur à nourrir les affamés. » Elle fit une légère pression avec son arme. Le sang se mit à couler, Megæra grimaça. « Non ? » Elle rit quelques instants, qui parurent une éternité, avant de retrouver son sérieux dans un battement de cils, pour un visage dur, brute. « Alors dis-moi quelque chose de mignon. » Son expression se radoucit, comme celui d’une jeune amoureuse effarouchée, le temps de minauder : « Ça me ferait vraiment très plaisir. Toutes les femmes rêvent d’être courtisées par le premier venu, tu sais. La démarche a quelque chose de flatteuse. » Elle se mettait à expliquer le fond de sa pensée, comme s’ils étaient dans une conversation mondaine. « Tu pourrais dire quelque chose de gentil à Lady Swan, aussi. N’est-elle pas exquise ? Si ! Elle l’est. Je l’ai présenté à de proches amis et ils l’ont trouvé tout à fait à leur goût. Un si joli minois. Oooouuh ! » Elle lâcha ses cheveux un instant, pour pincer ses joues. « On la dévorerait toute crue. » Il ignorait encore la portée de cette remarque. Elle était Méchant Loup.

Silencieux, l’homme réapparut après avoir poussé une porte grinçante. Il ne s’encombra pas de discours inutile, préférant croiser les bras, à scruter la scène d’un œil méprisant. « Tiens, j’ai une meilleure idée ! Choisis. Soit je l’étripe comme l’animal qu’elle est, soit je la laisse entre les mains expertes du Chasseur. » C’était comme ça qu’il se faisait appeler. Il était Le Chasseur, simplement, un nom à faire frémir le dos des plus courageux, un nom porteur de légendes douteux et de mythes nébuleux. Quel était son domaine d’expertise ? Elle ne le précisa pas mais il était fort à parier que le sort ne serait pas enviable. « Tu peux encore tenter de me dire quelque chose de gentil. » Son ton sous-entendait son agacement, le peu de patience dont elle disposait encore. Envisageait-elle de prendre une décision à la place du Chaman ? L’éventualité avait ses charmes et la séduisait. Seulement, ses choix risquaient de déplaire à celui qui deviendrait simple spectateur d’un numéro macabre.
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Mer 24 Fév 2016, 22:01



La mutilation. [Vanille] Kusuri15


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Sa ridicule tentative d'exploration ne lui apporta rien, à son grand dam. Il n'en sut pas plus, si ce n'était que cet endroit était malléable magiquement et que l'entrée et la sortie n'étaient pas visibles à ses yeux. Cela ne voulait pas dire qu'elles n'existaient pas, c'était impossible de toute façon, alors il ne désespéra pas. Mais c'était quand même un échec cuisant qui ne manqua de faire baisser son moral d'un cran et d'attiser son envie de partir d'ici. Surtout qu'il était bien trop loin d'être au bout de ses problèmes. A peine avait-il regagné son corps, qu'il frôla la crise cardiaque en reconnaissant son bourreau, enlacée autour de lui. Il eut un sursaut involontaire et se colla au mur, répugnant à toucher cette femme. C'était bien la première fois de sa vie qu'il refusait ce genre de rapprochement physique, mais on pouvait difficilement lui en vouloir. Les deux mains posées sur le sol glacé et terreux, il replia ses jambes, près à sauter debout à la moindre occasion. Suivant des yeux celle qui définit comme être une "sorcière" ou quelque chose dans le genre, il s'arrêta néanmoins de bouger quand il reconnu la nouvelle personne présente, comprenant bien trop rapidement les rouages du piège. Ces deux inconnus avaient dut capturer Meg avant lui pour prendre possession du Cabaret. Malheureusement, savoir comment n'expliquait pas pourquoi et trouver une raison à tout ce cirque lui importait beaucoup. Lui qui aimait tant laisser ses choix au hasard se remuait actuellement les méninges pour trouver une explication logique, quelle ironie !

Grimaçant en voyant l'état de la bélua, il se força une fois de plus à rester calme, ce qui s'avérait décidément être très compliqué. Il se doutait bien que ses geôliers étaient capables de lire ses pensées, mais ce n'était pas une raison pour leur donner la joie de les exposer au grand jour délibérément. Inspirer, expirer, serrer les dents, voilà... Avait-elle parlé de cuisiner Meg en civet ? Mais non c'était juste de l'humour noir voyons, elle n'oserait pas. Inspirer, expirer, serrer les dents... Il devait avoir l'air d'un fou furieux, ce qui finalement s'accordait totalement avec le reste des personnes présentes. Écoutant toutes les paroles dites, il ne répondit d'abord rien. On aurait dit qu'il avait perdu sa langue. Sa tête se baissa, il regarda le sol. Il se sentait ignorant. Ignorant de la véritable folie de cette femme. Il avait envie de foutre ses réflexions de côté et de la défier, mais il avait aussi envie de se dire que c'était une mauvaise idée. Ses yeux se fermèrent. Qu'est-ce-qui conviendrait le mieux aux Aetheri ?

Soudainement, il releva la tête. Quelque chose de gentil ? Existait-il seulement encore la notion de gentillesse dans cette macabre mascarade dans laquelle il se retrouvait de force acteur principal ? Non. "Je vous trouve extrêmement cruelle et déplaisante. C'est un compliment à vos yeux." Pendant un bref instant, il se crut dément de jouer aussi près avec le feu. D'un autre côté c'était presque grisant d'affronter un danger aussi grand. Peut-être qu'il était vraiment fou après tout. Cela dit il aurait préféré que les risques ne menacent que sa petite personne et pas les autres. "Maintenant relâchez Meg'." Là il était vraiment idiot pour lui donner des ordres et il le savait. Il fallait être débile pour ne pas voir que cette femme n'aimerait certainement pas ça. Pour sa défense, le chaman n'était actuellement pas en état de faire marcher sa cervelle correctement, sa bouche avait parlé toute seule avant même qu'il ne le pense. Voir mourir la bélua sous ses yeux lui importait pas, il ne faisait que peu de différence entre la Vie et la Mort et préférait même les esprits aux vivants. Mais voir souffrir sans raison valable des êtres qu'il chérissait un minimum -il fallait avouer qu'elle était mignonne, cette lapine-, il ne se sentait pas capable de le supporter. Lui qui se pensait justicier des morts avait été idiot de se croire hors d'atteinte des prisons qu'étaient la vengeance ou la haine. Consterné par cette réalité, il tourna les yeux pour dévisager le Chasseur, d'un air vide. Il se mit à les détester, lui et elle, et à se demander pourquoi diable était-il ici avec eux. Sa tête lui faisait mal à force de réfléchir, il fallait qu'il arrête mais il n'y arrivait pas. Petit à petit, il prenait conscience de sa propre situation, de l'ampleur du pétrin dans lequel il était tombé. Mais il refusait d'y croire. Un sourire désolé déchira ses lèvres quand il croisa le regard de Meg. Sachant bien qu'il n'obtiendra pas de réponse pertinente, il redemanda quand même, comme s'il ne pouvait pas s'en empêcher. "Qui êtes vous ?" Il devait savoir. Sinon il avait l'impression que quelque chose de mal et d'irréparable allait arriver.
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Sam 30 Avr 2016, 23:29


Une légère moue désapprobatrice tordait les lèvres de Méchant Loup, la mine presque figée dans un rictus feignant le chagrin. Lentement, elle hochait la tête de gauche à droite, tout en claquant frénétiquement la langue pour marquer son désaccord avec les derniers propos du Chaman. « Tu es un bien piètre courtisan qui ne sait vraiment pas comment parler aux femmes. Ai-je l’air séduite ? » Elle pencha la tête sur le côté, pour afficher son visage faussement peiné. « Ai-je l’air flatté ? » Elle tira davantage les cheveux de la Bélua, contrainte de courber la tête, la gorge près d’une lame qui caressait dangereusement sa peau. « Non, je ne le suis pas. Ce n’était pas vraiment gentil et me voilà désappointée. » Elle relâcha la chevelure emmêlée de Megæra, sans retirer le couteau toutefois. Sa main libre alla doucement se poser sur l’épaule de sa proie. Elle tapotait ses longs ongles sur sa peau nue, lentement. « Sais-tu ce que font les femmes déçues et vexées ? » murmura-t-elle tout bas sur le ton de la confidence. Elle laissa s’écouler une seconde, comme pour attendre une réponse qui ne l’intéressait pas. Elle se releva brutalement. « Moi non plus ! » Dans un éclat de rire, elle jeta la jeune femme aux pieds du Chasseur, qui se contenta de baisser les yeux sur la Lapine qui toussait son propre sang. Elle avait choisi : elle la laissait à son bon soin. Il ne bougea ni ne cilla. D’autres hommes venaient de franchir le seuil de la porte et ils emportaient la Bélua. Le Chasseur suivit le mouvement lorsqu’ils s’en allèrent. Méchant Loup ne s’était pas arrêtée une seconde de rire. Elle se ressaisie enfin, une fois qu’ils furent seuls, tous les deux. « Ne crois-pas la retrouver sous forme d’esprit à voleter tranquillement près de toi, à te rassurer sur son sort, sur le fait qu’elle ne t’en veut pas. » Elle sourit. « Ça te ferait trop plaisir. La Vie … La Mort … Ce ne sont que de vagues notions décrivant les états d’un individu qui ne t’affecte pas, toi, le Chaman qui voit les uns et les autres. » Elle se pencha légèrement vers lui. « Je me demande quel avis tu as sur la torture et la mutilation. » Elle tourna la tête vers la porte où les autres venaient de disparaître. Tout en chantonnant distraitement une petite mélodie, elle écarta les mèches folles de sa coiffure pour les placer derrière son oreille, attentive à quelque chose qu’elle semblait la seule à entendre. « Hum … Dis-voir … Tu préfères qui lui arrive quoi, à ta Lapine ? Le Chasseur hésite. D’un côté, il dispose de toute une panoplie d’aiguilles et puis il y a toute cette baise, dans une cheminée … Mais d’un autre côté, nos hommes de main demandent à être payer et il se trouve que notre trésorerie n’est pas au beau fixe et qu’elle est vraiment mignonne, la petite brune. » Elle fit mine de réfléchir. « Les économies ! Il n’y a que ça de vrai, n’est-ce pas ? » Les mains croisées dans le dos, elle déambulait à travers la pièce, la démarche lente et envoutante. « Je vais devoir t’abandonner. J’ai quelques contrats à faire. Non pas que ta compagnie soit désagréable mais tu n’es qu’un passe-temps et j’ai d’autres Chamans à fouetter. Tu peux t’amuser à retrouver la petite Lapine, si ça te chante. Ils la laisseront bien quelque part dans les parages, quand ils auront fini. Ça t’occupera. » Elle jouait avec son couteau de cuisine, comme s’il s’agissait d’un bateau à lancer. « A demain. Ou dans deux ou trois jours. Une semaine. Un mois. Je n’en sais rien. Je m’en fiche. » Elle rit. « Promis, je reviendrai pour te donner un peu à manger. » Elle s’éloigna sensiblement, avant de reprendre : « Enfin … promis … Un bien grand mot. J’ai eu un hamster dans ma jeunesse mais il est mort assez rapidement. Je ne m’en occupais pas très bien. J’ai une interprétation du temps qui s’écoule et des besoins nutritionnels tout à fait personnelle. » Elle soupira : « Ah, pauvre petit hamster. J’en ai beaucoup voulu à mes parents. » Elle haussa les épaules. « Du coup, je les ai mangés. »  Elle tourna une poignée, qui donnait sur un couloir. Le bruit de ses talons résonnait à travers tout le manoir, vide. Elle avait complétement ignoré sa question relative à son identité, volontairement. Sans même se retourner, elle leva la main. « Bon courage, petit. Bisous bisous. » Méchant Loup s’était évaporée, laissant le Chaman livré à lui-même.

Avait-il remarqué qu’il était observé, depuis de longues minutes ? Cachée sous une table à moitié délabrée, dissimulée par sa vieille nappe jaunie par le temps, une fillette aux grands yeux bleus et aux boucles blondes contemplait la scène en silence. Elle était vêtue comme une petite poupée de porcelaine, avec une longue robe en dentelles. Le tissu rose semblait passé, comme si la tenue avait traversé un millénaire entier. Qui était-elle ? Que faisait-elle là ? Elle avait les ongles un peu sales et on pouvait aisément faire le pari sur la provenance de son jupon : dénicher dans les tréfonds d’une vieille commode, quelque part dans cette immense maison. Elle finit par s’en aller au premier regard, à la première apostrophe, pour s’enfuir en courant.


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Sam 14 Mai 2016, 22:42



La mutilation. [Vanille] Kusuri15


La mutilation




Elle avait raison. Voir mourir Meg' était un maigre espoir au fond de lui, car à ces yeux c'était le moyen parfait pour lui permettre de s'échapper du piège dans lequel ils étaient tout deux enfermés. La seule différence entre eux-deux maintenant, c'était que la jeune bélua n'était qu'un appât alors que lui était le principal concerné, le prisonnier. Pourquoi ? C'était une question qu'on rechignait à lui répondre. L'Horrible, comme Devaraj l'avait lui-même surnommée dans son propre esprit à défaut de savoir son nom, semblait prendre un plaisir évident à ne rien lui dévoiler. Peut-être pensait-elle qu'il craquerait plus vite ainsi ? Tout cette démonstration de folie faisait partie de son plan et de ses prévisions. Au début c'était une hypothèse valable, qui disparut pourtant bien vite. Elle fut remplacée par une idée plus simple et effrayante. L'Horrible agissait souvent sur des coups de tête fous, elle n'avait aucun plan prémédité pour la simple et bonne raison qu'elle était capable d'arriver à ses fins en se servant simplement de sa cruauté. Cruauté qui semblait chez elle être quelque chose d'inné et d'aussi naturel qu'avoir une bouche ou un nez.

Il l'écoutait parlait sans rien dire, se demandant si ça valait la peine de répondre. Quel avis avait-il sur la torture et la mutilation ? Tout dépendait du contexte. Les danses chamaniques n'étaient pas connues pour être une partie de plaisir et les sacrifices eux-même duraient de longues heures pendant lequel les concernés devait souffrir en silence sous peine de jeter le déshonneur sur leur Mort. Lui-même si fichait bien d'être mutilé s'il y avait une justification digne de ce nom à la clé. Son regard suivit les déambulations de sa geôlière dans la pièce. Il était absolument persuadé qu'il y en avait une, de raison pour laquelle elle était venue le trouver pour l'enfermer ici. Son esprit habitué à chercher pour trouver une solution à tout problème, refusait d'admettre qu'il se retrouvait ici sans cause primaire. Meg avait disparu de la pièce mais il n'était pas très difficile de deviner ce qu'elle pouvait être en train de subir en ce moment-même. Le chaman avait envie de s’excuser auprès d'elle. D'un autre côté, il trouvait illogique de demander pardon pour un acte qu'il n'avait pas commit, puisqu'il n'y était absolument pour rien, ou du moins essayait-il de s'en convaincre.  

L'entrevue se termina aussi vite qu'elle avait commencé. Pourtant certains moment avaient semblé durer une éternité. L'Horrible allait-elle réellement s'en prendre à d'autres chamans ? Ou n'était-ce qu'une simple boutade comme semblait le faire croire le ton sur lequel la phrase avait été prononcée ? Il n'en savait trop rien. Cette idée l'inquiétait alors il décida de ne plus y penser. Enfin, il essayait. Le silence qui retomba dans la pièce lui fit se demandait ce qu'il préférait, entre supporter la présence de l'Horrible ou rester seul ici. Aucun des deux, probablement.

Le temps passa et devint une idée abstraite et vide d’intérêt. Le chaman ne possédant aucun moyen de savoir si c'était le matin ou l'après-midi, le jour ou la nuit. Depuis combien de temps était-il enfermé ici ? Que se passait-il à l'extérieur ? Parfois, il avait même l'impression d'avoir oublié ce qu'il faisait avant d'être ici ? Il devait manquer de sommeil. Le chaman décida de dormir sur un sol qui semblait être plus dur et inconfortable dès qu'il prenait la décision de s'allonger dessus. Son sommeil fut agité, inutile et perturbé par un grondement sinistre provenant de son estomac. La faim s'installait sournoisement dans son corps, il n'avait pas un seul moment de répit, de tranquillité. Dans un réveil agité, Devaraj sursauta en croyant voir devant lui un homme étrange aux cheveux gras, portant un plateau de nourriture si alléchant qu'à sa vue son ventre gronda de nouveau. Mais dès que le chaman bougea, l'inconnu disparu dans les dédales de la prison. Il y avait quelqu'un d'autre aussi, une petite fille qui s'enfuit elle aussi, comme s'il avait la peste. Était-ce des illusions produites par le manoir, pour lui rappeler que même si d'autres personnes étaient ici, il restait quand même seul au final ? Un frisson parcourut son échine. Non, il y avait aussi Meg', l'Horrible l'avait dit. Un malaise s'installa dans son cœur. Depuis quand était-il si effrayé par la solitude ?

Sentant son corps s'affaiblir par manque de repos et de nourriture, Devaraj parcourut péniblement les couloirs, tel un fantôme hantant son lieu de mort. Dans un grognement, il manqua de trébucher sur le corps de la bélua que le mur gardait dans l'ombre, comme si tout ceci était prémédité. Le chaman s'affala contre le mur à ses côtés. Elle avait l'air en Vie, malheureusement. Pendant un instant, il détailla son corps meurtri et se demanda s'il ne valait pas mieux qu'il la tue lui-même en l'étranglant, tout de suite. Elle serait épargnée au moins... Mais sa main ne bougea pas. Et si c'était la volonté des Aetheri, de la laisser vivre ? Et si tout ceci n'était qu'un test, une épreuve imposée par eux ? Dans un dernier soubresaut d'espoir, ses doigts remontèrent sur son torse pour venir attraper son collier de plumes. La prière, voilà ce qui lui restait pour s'accrocher à la raison, pour survivre, pour montrer qu'il était capable de surmonter tout ça. Pendant de longues heures, il s'auto-persuada, s'inventa des raisons pour être ici, se força à faire abstraction de la faim qui le dévorait. Le chaman refusait encore de céder au désespoir. C'était naïf, car ce dernier l'avait déjà envahi depuis longtemps sans qu'il en ai conscience.

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Jeu 13 Oct 2016, 20:51


« Devaraj … ? » murmura-t-elle tout bas dans un souffle éreinté, éprouvant une peine sans nom à se redresser. Elle s’évertua tout de même à faire bonne figure et s’acharna jusqu’à finir assise, le dos appuyé contre le mur et les jambes repliées contre la poitrine. D’un geste tremblant et pressé, elle passa plusieurs fois ses mains sur les lambeaux de sa jupe sale et déchirée. « Tu … » commença-t-elle pour s’interrompre aussitôt. Que pouvait-elle bien lui dire ? Il aurait été sot de s’enquérir de son état. Il ne pouvait pas aller bien. Elle le contempla quelques longues secondes avant d’esquisser un sourire malheureux. Dans un soupir, elle posa sa main sur sa cuisse et ferma les yeux. Elle était tellement fatiguée. Seulement, cela n’était rien comparé à sa faim et surtout sa soif ; sans compter que son corps n’était plus qu’un champ de ruines, la moindre parcelle de peau s’était colorée d’une nuance inhabituelle. Deux ou trois minutes s’écoulèrent avant qu’elle ne souffle à nouveau. « Je n’en peux plus. » articula-t-elle en se relevant, les traits tordus en une grimace de douleur. « Il faut vraiment qu’on trouve quelque chose à manger ou à boire. » Sa démarche n’était pas aussi légère et élégante que d’ordinaire. Chancelante, elle paraissait prêter à s’effondrer à chaque pas. « Il faut qu’on sorte d’ici. » La phrase était presque inaudible, tout lâché entre les dents. Elle tenta d’ouvrir toutes les portes du couloir mais elles étaient fermées, à l’exception de celle au fond du corridor, qui menait à un salon poussiéreux aux meubles dissimulés sous de grands draps blancs. Elle ne se serait sûrement pas attardée dans la pièce, si elle n’avait pas aperçu quelque chose qui lui semblait surprenant sur la table basse. Doucement, elle prit entre ses longs doigts froids ce qui semblait être une petite carte au papier épais. Quelques mots avaient été calligraphiés avec soin. « Eux ont déjà compris les règles du jeu. Ce sont de belles personnes. Peut-être pensez-vous avoir le choix. Avec tout mon amour, Méchant Loup. » lut-elle. Megæra arqua les sourcils. « Méchant Loup ? Quel jeu ? Je … » Agacée, elle se laissa tomber sur le divan le plus proche avant de tendre la carte au Chaman au cas où il désirait jeter un coup d’œil. « A ton avis, combien sommes-nous, enfermés dans cette prison ? » Elle avait pris sa tête entre ses mains et marmonnait les mots, sans même regarder son interlocuteur. Une moue aux lèvres, elle remarqua que du sang coulait le long de l’une de ses jambes, et elle les croisa pour que cela ne se voit pas. L’effort était certainement vain. Il suffisait de la regarder pour comprendre qu’elle était dans un état pitoyable et les bonnes consciences refusaient sûrement d’imaginer ce qu’elle avait subi. Encore une fois, elle s’allongea, paupières closes, à faire de son mieux pour ne pas se tordre dans tous les sens. Soudainement, elle plaqua ses mains sur ses lèvres, prise de l’irrésistible envie de céder à des sanglots mêlés à une nausée incontrôlable.

Le vieil homme épiait les deux étrangers à travers la maigre ouverture d’une porte qu’il ne pousserait pas. Il serra contre lui les quelques vivres qu’il avait réussi à dénicher. Son groupe l’attendait. Ils comptaient sur lui. Ces gens-là, ils ne les connaissaient pas. Il aurait pu faire preuve de charité, mais il se refusait à priver ceux qu’il connaissait d’une ration, qui pourrait être vitale à certains. Lentement, il recula. Il n’était cependant pas assez prudent et percuta un meuble, dont le vacarme allait sans aucun doute attirer les attentions. Il se figea sur place. Evidemment qu’on allait le voir, lui et sa nourriture, ses gourdes d’eau et ses couvertures. L’expression déterminée, il se mit à détaler. « Vite. » chuchota la Petite Fille, cachée sous une table. Elle pointait du doigt la direction empruntée par le vieil homme et dévisageait Devaraj avec insistance. « Vite. » répéta-t-elle en baissant le bras. « Elle en a vraiment besoin. » ajouta-t-elle d’une voix encore plus basse, évoquant la jeune Bélua qui était à moitié consciente et ne se rendait pas compte de ce qui se passait. « Lui, il est méchant. Il ne partage pas. Pas sans contrepartie. De vilaines contreparties. » La Petite Fille sortit de son refuge pour s’approcher, presque en rampant, de la Lapine. « Je vais rester avec elle. » Elle se mit à caresser les cheveux bruns de la jeune femme. Dans un petit sourire, elle tourna la tête vers Devaraj. Elle était certainement la première inconnue à inspirer un tant soit peu confiance, avec une aura d’innocence et de pureté propre aux enfants. On aurait aisément imaginé une princesse derrière la crasse, devinant le soin d’une ancienne coiffure et de jolies boucles blondes.
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