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 Un bébé perdu... | Solo

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Isiode et Isley
~ Ange ~ Niveau III ~

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◈ Parchemins usagés : 1068
◈ YinYanisé(e) le : 04/01/2016
◈ Activité : Soldats
Isiode et Isley
Jeu 21 Juil 2016, 13:49

Un bébé perdu…
« C’était un petit nourrisson »

Les Terres arides… Berceau démoniaque vierge et désertique.
Je détestais cet endroit plus que tout au monde. Sentir cet air irrespirable me souffler le visage, fouler cette terre aux grains insaisissables, porter tout le poids de mon armure et de mes armes alors qu’un Soleil de plomb me martelait le corps de ses rayons infatigables; c’en était plus que ce que je pouvais supporter. À l’extérieur, je ne me plaignais guère, suivant le rythme soutenu de mon cher frère qui m’avait devancé. Pourtant, à l’intérieur de moi-même, je ne pouvais m’empêcher d’exaspérer cette situation. Marcher avec tout ce poids et cette chaleur étouffante n’aidait en rien dans ma perspective d’adoucir mon humeur. Je transpirais comme si je revenais d’un marathon, mes jambes me traînant plus qu’elles me portaient. J’étais éreinté, épuisé, et tout ce dont je rêvais à cet instant, c’était de me reposer. Seulement, les ordres étaient les ordres et je ne pouvais les contester malgré les conditions. De toute façon, je n’aurais pas le cœur à commettre une telle action. Le sauvetage était notre priorité, passant bien avant notre confort ou bien encore les dangers de ces contrées. D’ailleurs, nous faisions tout en œuvre pour éviter le plus de problèmes possibles sans pour autant risquer de perdre du temps. Par conséquent, nous avions évité les détours, les zones qui nous paraissaient plus ou moins dangereuses et celles que nous devions carrément évitées à cause d’une menace potentielle fortement élevée. Par le passé, quelques Démons traversaient ces secteurs comme des loups solitaires, à la recherche du prochain voyageur qu’ils pourraient déguster sous leurs crocs aiguisés. Même si le temps s’était considérablement écoulé, que le territoire était devenu d’autant plus risqué en raison des nombreux conflits qui faisaient rage à travers nos continents, je savais, d’instinct, que plusieurs Cornus prospéraient encore sur ces terres, défendant leur territoire comme des bêtes enragées et sauvages. Le mieux était encore de contourner ces derniers, que je n’apprécierais pas particulièrement croiser en cette journée: peut-être rencontrerions-nous, un peu plus tard, d’anciens adversaires qui étaient parvenus, par ruse ou par tricherie, à échapper aux lames de nos épées. Enfin, ce n’était qu’à charge de revanche: leur condamnation ne tarderait à emporter leur tête et le Mal qu’ils personnifiaient pour qu’ils retournent, tous les deux, dans les confins de l’Enfer. Mais à l’heure actuelle, comme dit précédemment, ils n’étaient guère notre priorité, car nous avions un homme à sauver.

« Isley, peux-tu me rappeler les indications que nous a donné Karlhaven, s’il-te-plaît? »

La voix de mon frère me sortit de mes réflexions et je notais tout de suite le ton âpre et le rythme lent qu’il avait utilisé pour m’interpeller. Il était tout aussi épuisé que moi, cela m’avait immédiatement sauté au visage lorsque je lui avais coulé un regard, mais quelque chose dans son attitude, qu’il transférait à sa voix, me disait qu’il n’y avait pas qu’un peu de fatigue et de la chaleur qui le rendait aussi exaspéré que je pouvais l’être. Évidemment, il devait encore repenser à ça. Je savais qu’il avait mal digérer ce qui s’était passé, mais…

Il n’était pas le seul.

Je soupirais avant de faire disparaître ma main dans l’ouverture de ma petite bourse, qui se camouflait, bien à l’ombre, sous l’épaisseur de mon armure. Quelques secondes me suffirent pour sentir ce que je cherchais du bout des doigts avant de le sortir. C’était un petit morceau de parchemin, arraché dans la hâte par Karlhaven, le chef de l’Escouade du Désert. Il y était marqué quelques indications propres à cette région qui nous seraient fortement utiles pour retrouver notre informateur ainsi que celui ou celle qui nous aiderait dans ce sauvetage. Tout était prêt: il ne nous restait plus qu’à retrouver cet homme ou cette femme que nous devions rencontrés. Ne prenant même pas la peine de déplier le bout de papier, je le tendis tout simplement vers mon frère pour que celui-ci puisse connaître de lui-même les prochaines directives à suivre. Cependant, il ne me prêtait aucun regard, continuant de marcher sous la charge que nous pesait le Soleil, peut-être dans l’attente que je lui énonce de haute voix ce qu’il souhaitait entendre. Pourtant, quelque chose m’abstenait de faire cela. De la rancune? De la déception? De la tristesse? Je ne savais pas, mais ce que je pouvais être certain, c’est que je ne voulais pas lui parler ou du moins, je désirais communiquer avec lui le moins possible. Depuis ce qui s’était produit sur le territoire bélua, je ne pouvais lui pardonner aussi facilement… C’est pourquoi je décidais d’accélérer un peu mon pas pour arriver à sa hauteur tout en lui donnant le morceau de parchemin.

« Tiens… » Marmonnais-je d’une voix basse, ne faisant même pas l’effort de le regarder droit dans les yeux.

Pourtant, ses yeux à lui vinrent se braquer instantanément sur moi. Je ne saurais dire ce qui lui traversait l’esprit à cet instant, mais moi, j’étais emporté dans un tourbillon indéfinissable de sentiments tout autant insaisissables. Étais-je en colère? Non, et c’était bien ce qu’il y avait de plus surprenant en vérité. J’aurais dû me fâcher contre lui, le détester du plus profond de mon cœur pour ce qu’il avait commis et pourtant, je ne pouvais ressentir que de la tristesse et du regret à son égard. À cause de cet événement, c’était comme si une désillusion venait de s’opérer, venait de m’ouvrir les yeux face à la réalité. Depuis que nous étions revenus à la surface, que nos existences ne se résumaient plus aux chaînes ou aux tortures les plus cruelles que nous faisaient subir ces tortionnaires démoniaques, mon frère et moi n’étions plus du tous les mêmes. Des changements s’opéraient en nous, nos manières de penser, si semblables par le passé, commençaient grandement à diverger chacune de leur côté. C’était bizarre, mais surtout effrayant, car depuis notre plus jeune âge, nous n’avions cessé de nous admirer l’un l’autre, d’être les meilleurs amis du monde comme le meilleur partenaire pour l’autre. Alors qu’aujourd’hui… Aujourd’hui, toute cette proximité semblait avoir disparue! Je ne reconnaissais plus l’Isiode d’autrefois dans celui qui se tenait juste à côté de moi. Il était devenu différent…



Faux.
Il faudrait mieux que je rectifie cela: nous étions différents. Lui comme moi. La fratrie des Kaesra ne semblait plus si soudée que cela et ça, c’était bien ce qui me rendait si triste finalement. Je ne pouvais pas être en colère contre mon propre frère, même si des pensées noires s’étaient insinuées dans mon esprit durant quelques temps. Pourtant, je les avais rapidement balayées du revers de la main, ne pouvant le pardonner, certes, mais je ne pouvais pas non plus le détester. C’était plus fort que moi, plus fort même que tous les sentiments que je ressentais pour elle. Même si je sentais notre lien fraternel s’effriter de jour en jour, il persistait néanmoins, peu importe les subterfuges, les faux espoirs ou l’opposition qui nous liaient désormais. Nous étions et resterions frères pour le restant de nos vies et même si la période que nous traversions me semblait insolvable actuellement, je savais qu’il ne pourrait éternellement en rester ainsi. Il faudrait peut-être que nous nous expliquions tous les deux, calmement, sans quoi, nous ne ferions que tourner en rond. Cela dit, pour le moment, je n’étais pas encore prêt à faire ce pas-là dans sa direction, car si lui avait de la difficulté à digérer le fait que je puisse vouloir protéger Araya malgré sa condition de Vampire, j’avais moi-même beaucoup de ressentiment à son encontre pour avoir porté ainsi la main et l’épée sur elle. En tout cas, peut-être avancerions-nous un jour… Ou peut-être pas… Mais là, pas question de faire le premier pas. Vous trouverez cela sûrement puéril comme réaction pour un adulte, mais je ne le pouvais simplement pas. Pas maintenant du moins. Il fallait encore que l’amertume coincée dans nos gorges passe et s’adoucisse…

Isiode devait ressentir la même chose, car une fois le morceau de parchemin en main, il ne m’adressa pas un mot, déchiffrant plutôt l’écriture brouillonne de Karlhaven. Cet Ange pouvait être remarquable dans bien des domaines, l’écriture n’était pourtant pas son point fort: tous les rendus de ses rapports étaient brouillons, comme s’il s’était empressé de les écrire sans prêter grande importance à la lisibilité de ces derniers. Enfin, lui-même ne cessait de l’avouer: il était un homme de terrain et d’action. La vie entre quatre murs le rendait presque claustrophobe.

Une fois ayant pris connaissance des indications, Isiode reprit sa marche, bifurquant légèrement vers la droite. J’espérais sincèrement que nous arriverons bientôt. La chaleur ne devenait plus étouffante: elle nous asphyxiait presque autant qu’un étau autour de nos cou. Cherchant mon souffle dans cet air rempli de poussières, je peinais à mettre un pas devant l’autre, haletant aussitôt au moindre effort déployé pour avancer. C’était pénible, mais nécessaire. Je n’avais peut-être pas un esprit d’acier, mais je savais être déterminé; j’avais connu des situations bien plus pires que celle-ci dans ma vie.

C’est alors que, juste devant moi, Isiode freina brusquement son pas. Le voyant s’arrêter aussi brutalement, je me préparais aussitôt à devoir affronter le pire, ma main entourant déjà le manche de mon épée. Où se trouvait l’ennemi? Où se cachait-il? Combien étaient-ils? Si nous avions de la chance, ce n’était qu’un faible Démon solitaire, désireux de se chercher un peu d’ombre pour ne pas dessécher comme un fruit sous l’explosion de chaleur que nous devions supporter du Soleil. S’il s’avérait que cela soit un groupe… prendre la poudre d’escampette serait alors l’action la plus judicieuse à faire. Dans l’état dans lequel nous nous trouvions mon frère et moi, je savais pertinemment qu’il ne nous serait peut-être pas possible de les vaincre. La chaleur nous pesait, nous séchait, nous déshydratait… De la sueur coulait de nos front et se collait à nos vêtements, adhérant, bien malgré nous, ces derniers à notre peau… Mais qu’attendait donc Isiode pour prendre son arme? Le combat ne tarderait pas à commencer…

« Écoute… » Me dit-il soudainement, sortant de sa léthargie en balayant la plaine qui se profilait devant nous.

D’abord, je me mis à battre des paupières, ne comprenant pas pourquoi il désirait tant que je tende l’oreille. Ce n’était pas des ennemis que nous devions affronter? Alors qu’était-ce? D’autres voyageurs? Soudainement, mon regard se mit à luire. Peut-être était-ce notre fameux informateur qui se trouvait dans les environs! Enfin! Sans discuter, je m’exécutais, portant mon attention à tout ce qui nous entourait. Puis, je perçus des bruits… D’étranges sons qui ressemblaient bien plus à une cacophonie de couinements qu’à un son d’appel. Je portais un regard étrange à mon jumeau, qui se remit soudainement en marche, sans préavis. Je le suivis, intrigué, le bruit se modelant petit à petit en cris apeurés. Isiode s’arrêta de nouveau, observant les lieux, et je fis de même. D’où venaient tous ces bruits? Je ne voyais personne pourtant…


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Isiode et Isley
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Isiode et Isley
Jeu 21 Juil 2016, 13:52

Un bébé perdu…
« C’était un petit nourrisson »

« Là-bas! »

Aussitôt, je tournais mon regard dans la direction indiquée par Isiode. Effectivement, quelque chose de petit, d’incroyablement petit, gigotait comme un beau diable pour se sortir d’une crevasse. Le sol de ce territoire en était zébré, c’était démentiel. Ne réfléchissant pas le moins du monde, je filais droit vers cette petite masse mouvante, l’attrapant dans mes mains avec précaution tout en l’aidant à sortir de la fissure dans laquelle elle s’était coincée. Je croisais alors des yeux bruns étincelants, aux reflets mordorés comme la Plage de sable fin. Une expression de surprise s’afficha sur mon visage alors que je me tournais lentement vers mon frère, qui s’approchait.

« C’est un Kéfir des sables… Lui appris-je d’une voix où l’on pouvait facilement saisir mon trouble. Et il n’y a pas un parent en vue… »

Je coulais un regard en direction de la petite bestiole qui se mit à gesticuler, nerveuse, dans mes mains. Ce petit se serait-il égaré?


Il ne semblait pas se plaire dans le creux de mes mains, bougeant comme un forcené pour se dégager de ma poigne lorsqu’il sentait cette dernière s’affaiblir légèrement: il profitait de toutes les occasions propices à la fuite ce petit vaurien.

« Est-ce que tu saignes encore? Me demanda Isiode en se redressant lentement après avoir inspecté un énième terrier de Kéfir, lui aussi abandonné, comme les trois autres qui l’avaient précédé dans nos recherches.

- Ça picote un peu, mais ça va », lui assurais-je d’une petite voix, concentré à maintenir ce Kéfir dans mes mains pour ne pas qu’il s’échappe.

Un nouveau silence tomba sur nous et sans plus rien ajouter à notre conversation, nous reprîmes la route, le petit Kéfir des sables en main. Je tentais de le calmer, de le mettre en confiance, mais c’était beaucoup plus facile à dire qu’à faire, croyez-moi. Ces petites dents pointues étaient de véritables rasoirs malgré son jeune âge et je tentais de maintenir au mieux ma technique de contention pour l’empêcher de me mordre à nouveau, mais c’était sans compter ses pattes griffues qui ne cessaient de racler avec énergie la surface de mon épiderme, la marquant de légères blessures. Je soupirais.

« Eh petit, nous ne voulons que t’aider… » Commençais-je à lui chuchoter, peut-être dans l’espoir qu’entendre une voix l’apaiserait dans sa terreur, mais cela ne semblait pas être le cas, et il se mit à pousser des couinements encore plus stridents.

Je grimaçais, passant nerveusement l’un de mes doigts sur son crâne duveteux pour le calmer, en vain. Ce n’était vraiment pas aisé de contenter cet animal, par tous les Ætheri.

« Pourquoi crie-t-il encore? » Se questionna mon frère, croyant sûrement que je venais de poser un geste maladroit à l’encontre de la petite bête, mais en redressant la tête, les yeux scandalisés, je lui assurais que je n’avais rien fait d’autre à part lui parler et le caresser pour le mettre en confiance.

Isiode exhala lui aussi un soupir, visiblement préoccupé par cette perte de temps, comme il l’avait spécifié un peu plus tôt. Nous avions une mission à accomplir avant qu’il ne soit trop tard et pourtant, nous nous trouvions à errer ici et là à travers les Terres arides pour retrouver le foyer de ce petit monstre égaré. Et devinez à la demande de qui…? Je me mordis nerveusement la lèvre inférieure, baissant la tête pour ne pas croiser le regard de mon frère, qui m’apparaissait particulièrement accusateur. Seulement, rien qu’à la vue de ce petit, je n’avais pas eu le cœur de l’abandonner ainsi, à son triste sort. Le monde ici-bas était quelque chose de particulièrement effrayant, de terriblement dangereux pour le minuscule être que je tenais dans ma main. Comment pourrait-il vivre sur ces terres stériles et vierges sans la présence d’un comparse pour lui apprendre à se nourrir, à survivre dans cette compétition infâme dans laquelle il avait été jeté rien que par le biais de sa naissance? Ces chances seraient très, très maigres – que dis-je? – quasiment nulles. La loi du plus fort régnait sur tout. Si tu n’avais pas suffisamment d’habileté, de vivacité d’esprit, de force ou bien de ruse, tu ne pouvais faire long feu dans ce bas-monde, car tout n’était question que de pouvoir et de puissance au cœur de celui-ci. Les plus faiblement constitués et les moins malins périssaient bien vite dans cette vie injuste, vouée uniquement et simplement à ceux qui avaient la force nécessaire pour survivre et pour ne pas se laisser tuer aisément. Ce qui n’était définitivement pas le cas de ce petit. Il avait beau ressentir cet instinct qui lui dictait de se défendre contre l’inconnu, il n’avait pas encore cette puissance qui finirait un jour par le faire craindre des autres bêtes de ce monde. Il était tout minuscule, à peine plus gros que ma main, et malgré ses dents et ses griffes particulièrement aiguisées, il lui en faudrait plus pour pouvoir songer à survivre ici, surtout sur un territoire démoniaque comme les Terres arides où les Cornus n’hésitaient pas à commettre le moindre Mal, que ce soit envers les êtres humains ou contre les animaux qui croisaient leur chemin. Tout n’était bon qu’à dépecer, qu’à torturer, qu’à tuer pour ces bêtes assoiffées de conflits et de sang.  

« Isley, concentre-toi et aide-moi plutôt que de te perdre dans les nuages. Nous devons faire vite si je puis me permettre de te le rappeler. »

Le rappel à l’ordre de mon frère eut tôt fait de me faire rougir et sans discuter, j’additionnais mes efforts aux siens, sautant d’un terrier à un autre pour retrouver la trace de la famille perdue de ce nourrisson. Mais après deux nouvelles minutes à ne trouver que des trous vides, Isiode finit rapidement par perdre patience, pinçant l’arête de son nez entre son index et son pouce, réfléchissant. Pendant ce temps, le Kéfir orphelin avait cessé de bouger dans mes bras et si je croyais que c’était parce qu’il s’était calmé, la raison était toute autre. Cependant, je ne savais pas encore ce qui s’approchait derrière nous, à pas feutrés, leur corps fin glissant presque contre le sol craquelé.

« Nous ne pouvons plus nous occuper de cet animal.

- Mais…

- Peut-être que nous n’aurions pas dû le prendre avec nous. Peut-être qu’il attendait ses parents à cet endroit, mais que, par simple maladresse, il se soit pris dans l’une des fissures du sol. »

Plus j’écoutais parler Isiode, plus je me disais qu’il y avait du sens dans son approche, dans ses propos, qui me firent immédiatement douter du bien-fondé de mon action. Ce petit s’était-il seulement égaré au juste? Peut-être que ses parents l’avaient laissé à cet endroit pour une raison bien spécifique et qu’ils n’auraient tardé à le rejoindre pour l’amener ailleurs, dans un lieu plus sécuritaire. Maintenant qu’il avait avancé l’idée, je me rendais compte de ma propre cécité et de la précipitation avec laquelle j’avais choisis de prendre une telle décision.

La conversation commençait à s’animait, prenant de cette manière toute notre attention alors que derrière, des pattes soulevaient imperceptiblement la poussière.

« Et s’il n’avait plus de parents? Si ces derniers se sont faits tués? » Pris-je alors conscience après un temps, faisant ainsi valoir un autre argument qui allait en mon sens.

Isiode laissa le silence marquer l’ambiance durant quelques secondes avant qu’il ne soulève ses épaules, en signe d’évidence.

« Mon frère, cela s’appelle la sélection naturelle. Elle régit nos vies et nous n’y pouvons rien. Si les parents de ce petit sont véritablement morts, il serait parvenu à se subvenir par lui-même s’il en a la constitution et la force nécessaires. »

Mon jumeau coula un regard en direction du nourrisson.

« Les animaux ont un instinct suffisamment développé pour se sortir eux-mêmes des problèmes. Ils sollicitent cet instinct bien plus que nous et c’est pourquoi je persiste à croire que, dans tous les cas, nous n’aurions pas dû le déplacer de cet endroit: l’aider à s’extirper de la faille dans laquelle il était pris aurait été amplement suffisant. »

Je fixais mon frère. Ce dernier restait implacable.
Et les pas se rapprochaient de plus en plus vite dans notre direction…

« Tu vois, je crois que tu sous-estimes ces bêtes. »

Soudainement, le petit se remit à gigoter comme un beau diable dans mes bras, ses cris perçants venant vriller l’intérieur de mes tympans. Le petit désirait descendre et il me le faisait comprendre de la pire des manières, ses griffes rentrant dans ma peau alors que je le maintenais. Je grimaçais, mon frère qui, interpellé par son instinct, fini par se retourner derrière nous. À cet instant précis, son visage se referma et sans me demander mon avis, il m’attrapa l’épaule pour me forcer à faire comme lui et à regarder ce qui s’était trouvé dans notre dos depuis un bon moment déjà.

« Dépose le petit au sol », m’ordonna Isiode d’une voix basse en pivotant son corps de manière à pouvoir affronter, les yeux dans les yeux, la meute de Kéfirs qui s’approchait de nous, menaçante et écrasante par son nombre.

Je ne me le fis pas dire une seconde fois. Sous les regards vifs des animaux, je ne pouvais me permettre de commettre un geste brusque à l’égard du petit, qui se débattait en poussant sur ses pattes pour se déloger de mon emprise.

« Doucement… »

Je me penchais vers l’avant pour réduire la hauteur à laquelle le bébé aurait dû sauter, puis j’étendis mes bras, libérant l’enfant. Sans demander son reste, l’animal partit en quatrième vitesse en direction de ses semblables, rejoignant un Kéfir qui venait de retrousser ses babines, plus intimidant que jamais.

« Nous devrions partir.

- Je n’y vois aucun inconvénient », soufflais-je en reculant, sans quitter la meute du regard.

Il ne fallait jamais tourner le dos à des bêtes. Elles prendraient aussitôt l’initiative de nous attaquer pour nous consommer avec avidité et plaisir. C’est pourquoi nous nous éloignions lentement d’elles en les gardant bien dans notre champ de vision. La meute devait compter plus d’une quarantaine d’individus, si nous incluions les autres rejetons. S’ils choisissaient de tous nous attaquer en même temps, je ne garantissais pas la survie de mon frère et de moi-même. L’un des Kéfirs – l’un des plus gros d’ailleurs – se mit à grogner dans notre direction, ses canines facilement reconnaissables sous des babines retroussées, au bout d’un visage peu amical à la fourrure hérissée. En constatant la rage qui dansait dans les regards de ces animaux, je me permis alors d’étendre mon Sanctuaire autour de nous pour nous protéger. La Magie ainsi en action, elle réduirait certainement de manière significative la fureur de ces bêtes et nous pourrions ainsi nous en aller sans craindre de nous faire happer le pied par l’une de ces mâchoires acérées. Comme escompté, la Magie eut tôt fait d’avoir des résultats sur les Kéfirs qui, dès lors, s’adoucirent plus ou moins et finirent par se détourner de nous. Pour autant, je maintenais le Sanctuaire autour de nous dans un rayon de deux mètres.

« Vraiment Isley, tu nous as fait perdre un temps considérable. »

Mon regard glissa jusqu’au visage d’Isiode. Je le savais que tout cela était de ma faute. Et la seule chose que je parvins à dire à cet instant fut ce simple mot:

« Désolé. »


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