En se serrant ainsi contre lui, Araya sentit ses tremblements s’apaiser petit à petit, mais elle sentait toujours cette peur, presque irrationnelle au fond d’elle. Quelque chose qu’elle n’arrivait pas à maîtriser. Et puis vint la question d’Isley, sa voix tremblante, comme s’il était choqué qu’elle puisse avoir cette peur. C’est bien ce qu’elle avait pensé. Il ne pouvait pas comprendre ce qu’elle ressentait exactement. Cette terrible terreur qu’elle ressentait au fond, et maintenant qu’elle venait de le dire à voix haute, cela devenait de plus en plus évidente. Et elle n’arrivait pas à endiguer cette peur. Elle était incapable de répondre à sa question. Pourquoi, pourquoi avait-elle si peur ? Elle ne savait pas, c’était juste ancré en elle, qui refusait de la lâcher. Et alors qu’elle avait l’impression que ses tremblements étaient sur le point de reprendre, elle sentit les bras de l’Ange se refermer autour d’elle, d’une manière plus forte qu’auparavant. Le fait qu’il la serra de cette façon, l’aida à refluer cette stupide peur. Cette peur qu’elle détestait, qu’elle ressentait en permanence, qui s’accompagnait toujours de ce vide immense, comme si elle ne pouvait plus rien ressentir. Mais ce vide semblait se combler lorsqu’elle était en présence d’Isley.  En fait, lorsqu’elle était avec lui, elle avait toujours cette impression qu’elle pouvait retrouver ce bonheur perdu. Une joie qu’elle avait oubliée, une chaleur qui irradiait dans son corps. Douce, chaleureuse, apaisante. Elle ne se sentait bien que dans ses bras. Lorsqu’il la tenait ainsi, elle se sentait en sécurité. Le monde pourrait s’écrouler, qu’elle aurait toujours l’impression qu’il serait là.

La Vampire sursauta lorsqu’elle l’entendit reprendre la parole, le ton soudain plus fort. Par réflexe, elle se recroquevilla un peu plus sur elle-même. Elle ne savait pas si elle avait peur parce qu’elle avait l’impression de l’avoir énervé, et l’idée qu’il pourrait lui faire du mal lui traversa l’esprit pendant une seconde. Elle regretta aussitôt cette idée, mais tout ceci résultait de son enfermement. Elle avait tellement souffert à chaque fois qu’Il haussait le ton, qu’elle était terrifiée pour rien. Elle pensait avoir dépassé ce blocage, mais apparemment pas. Comme un animal trop souvent battu et à qui on avait retiré toute envie de se battre, elle baissa la tête, plus par habitude que par vrai crainte, mais rien ne vint, pas pour elle. Elle sentit le corps de l’Ange s’agiter de tremblement, alors qu’il refermait toujours plus ses bras sur elle, l’obligeant toujours plus à se coller à lui. Et cela, bien qu’étrange, ne la gênait pas le moins du monde. Elle ouvrit les yeux, écoutant ses paroles. Il semblait être prit dans le cercle de ses sentiments. Elle rougit par rapport à ce qu’il disait. Comment arrivait-il à lui dire ce genre de choses aussi facilement ? Et puis, pourquoi pensait-il autant à elle ? Elle comprenait qu’il puisse tenir à elle, mais à ce point… Elle sentit une pression sur son crâne, douce, et merveilleuse. Elle sentait son souffle au-dessus d’elle, glissant sur le haut de sa tête. Quel genre de sentiments pouvaient-ils nourrir pour elle qui soit si important pour paraître fou aux yeux de tous ? Elle n’arrivait pas à comprendre son raisonnement, et pourtant ce qu’il disait réchauffait son cœur, faisant refluer la peur pendant quelques instants. Elle ne savait pas combien de temps cet effet durait, que la peur qu’il l’abandonne revienne, mais elle profita de ce rare moment.

Araya sentit qu’il reculait, et fut forcer de se détacher de lui, malgré son envie de ne pas le faire. Lentement, et timidement, elle leva les yeux vers lui. Elle se demandait s’il pouvait voir ses joues aux teintes rosées. Il faisait sombre parce que les volets étaient simplement entrouverts, mais les rayons du soleil éclairaient à travers les fentes. Elle sentit une pression sur sa main, mais n’y fit même pas attention, essayant de savoir ce qu’il ressentait. Est-ce qu’il était en colère, vexé ? Ca n’en avait pas l’air. Au contraire. Il gardait toujours sur elle ce regard protecteur, rassurant, attentionné. Et alors qu’elle essayait un minimum de démêler ce qu’elle ressentait, savoir si elle avait peur ou non. Mais le simple fait de voir son visage suffisait à la calmer. Et puis il souleva son bras, entrainant la main de la Vampire avec. Il faisait ce geste lentement, à tel point qu’elle se demanda ce qu’il avait l’intention de faire. Puis ce fut à ce moment qu’il déposa ses lèvres sur sa peau. Aussitôt, Araya sentit ses joues s’embrasser un peu plus, passant de légèrement rose à la pivoine. Désorientée, la Vampire essaya de répondre, mais ses mots étaient complètement incompréhensibles, même pour elle. En fait, elle ne savait même pas ce qu’elle avait eu l’intention de dire. Elle n’arrivait tout simplement pas à réfléchir clairement après son geste des plus troublants. En réalité, la première pensée qui lui était venue à l’esprit, était qu’elle n’était pas une épéiste. C’était idiot, elle le savait. Il avait utilisé cette métaphore pour essayer d’expliquer le lien entre eux, le fait qu’il ne l’abandonnerait pas, et il n’avait pas fait référence à son habileté à l’épée. Mais il l’avait tellement troublé, qu’elle pensait de moins en moins clairement.

Incapable de parler, d’exprimer clairement ses sentiments, Araya restait là, à le regarder, ne sachant comment réagir. Que pouvait-elle lui dire de toute façon ? Cette peur était irrationnelle. Le genre dont on ne pouvait se débarrasser avec quelques mots, et même avec des actes elle doutait pouvoir la repousser. La jeune femme finit par baisser les yeux, toujours aussi intimidé par ce qu’il avait fait.

« J-Je ne sais pas comment tu pourrais, Araya déglutit, comme si prononcé ces mots lui étaient compliqués. Elle finit par croiser les bras sur sa poitrine, tremblante. J-Je… J’ai juste peur. C’est irrationnel. Je n’arrive pas à m’empêcher d’avoir peur, je ne sais pas pourquoi , termina-t-elle »

A ces mots, Araya se rendit compte qu'elle mentait. Elle savait parfaitement pourquoi elle avait si peur. Elle ne voulait simplement pas le dire, parce que cela revenait à l'accuser, et Isley culpabiliserait encore plus. En repensant à cette période, la Vampire trembla un peu, et, essayant de refluer les souvenirs qui remontaient, elle ferma les yeux, serrant un peu plus son corps avec ses bras.

« En fait, si je sais... murmura-t-elle, et reprit un peu plus fort. Pendant trois ans j-je. J'ai cru que tu m'avais abandonné... Je sais que c'est pas le cas maintenant, mais c'est comme ça que je l'ai vécu, et... Et je n'arrive pas à me sortir cette idée de la tête. Elle se mordit la lèvre. J-Je veux juste que tu ne parte pas finit-elle en murmurant dans un souffle »

Comme pour se rassurer, Araya s’appuya sur Isley, essayant de réfréner ses tremblements. Elle se sentait bien contre lui. Ses paupières se relâchèrent légèrement, laissant sa présence apaiser les tremblements qui agitaient son corps. Petit à petit, elle sentit une douce quiétude prendre possession de son corps, et son esprit. Plus les secondes passaient dans les bras d’Isley, plus elle sentait le brouillard du sommeil embrouiller ses pensées, l’attirant inéluctablement. Ses bras se relâchèrent, glissant le long de son corps.

« Ne pars pas, murmura Araya »

Elle ne savait pas si elle le disait seulement pour ce moment. De ne pas la laisser actuellement, même si elle s’endormait, qu’il reste avec elle. Ou alors, si elle disait ça en général. De ne jamais la laisser tomber. Peut-être qu’elle disait ça dans les deux sens. Et peut-être qu’il ne l’avait pas entendu à cause du ton bas de sa voix.

« Meurtriers » qu’ils nous ont appelés
« Ils ne sont pas ce qu’ils semblent être »

Mon regard, pupilles bleuâtres, se posa sur le visage de la Vampire alors que cette dernière venait s’appuyer doucement contre moi. Elle était si proche que j’étais en mesure de sentir vibrer, dans mes propres veines, les tremblements qui la secouaient avec tant d’agitation. Instinctivement, je l’enveloppais dans mes bras, cherchant, d’une certaine façon, à étouffer, à asphyxier, cette peur qui lui coupait sans cesse la respiration. Moi-même, je pris une grande inspiration, essayant de faire taire la petite voix dans ma tête qui me disait que tout était de ma faute. Je savais qu’indirectement, par mon inaction vis-à-vis le cauchemar qu’avait vécu Araya, j’étais la raison qui expliquait pourquoi elle avait tant de terreurs nocturnes; pourquoi elle s’effrayait comme un animal en fuite au moindre haussement de ton; pourquoi elle avait tant hésité, finalement, à me réintégrer à sa vie. Parce qu’elle avait peur de l’espoir, celui-là même qu’elle avait nourri des semaines durant en croyant que je serais assez fort pour la retrouver et la sauver. Cet espoir l’avait peu à peu dévoré, refroidi, isolé… Comme à la manière d’un foyer, son cœur avait fini, éventuellement, par s’éteindre puisque ce dernier n’était plus constamment alimenté par la chaleur de l’extérieur. En de grands et lents gestes, je lui frictionnais doucement le dos, me perdant dans mes pensées alors que mes yeux, eux, ne cessaient de fixer le visage peu à peu détendu de la Vampire qui semblait répondre à l’appel de Morphée.

À présent, je saisissais plus précisément les origines de cette frayeur et les connaître me fit, certes, trembler de la tête jusqu’au bout des orteils, mais je les trouvais tout à fait justifiées et légitimes. Pendant trois ans, Araya avait cru que je l’avais lâchement laissé tomber, que je lui avais tourné le dos malgré le lien qui nous unissait, aussi puissant avait-il pu être. Autrement dit, elle avait cru que je l’avais trahi. Trahi pour quoi? Trahi pour qui? Les réflexions de ma Protégée avaient été torturé par ces pensées et les stigmates qu’elles avaient laissé à leur passage n’avaient pas disparues et ne pourrait peut-être jamais s’effacer de manière permanente. Je m’en voulais – c’était certain – et jamais je ne pensais pouvoir me pardonner de l’avoir ainsi abandonné à son sort. Une nouvelle vague de culpabilité me frappa, m’obligeant, durant quelques secondes, à détourner mon visage de celui de la jeune femme. Dans ces instants, je n’étais pas capable de la regarder droit dans les yeux tant les remords me submergeaient. Je m’imaginais son minois soudainement s’altérer sous les traits d’une torture insoutenable que je ne pouvais créer que par la pensée tant elle m’apparaissait irréelle. Je l’imaginais hurler, pleurer, m’accuser de chacun de ses maux; je l’imaginais souffrir entre les mains de cet inconnu à la stature imposante et haute que j’avais pu entrapercevoir la fois où nous nous trouvions dans cette étrange atmosphère des montagnes de l’Edelweiss; je l’imaginais se tordre de douleur et puis pleurer encore. Pleurer au point de fendre le cœur d’un Démon; pleurer au point de s’en désaltérer, de dessécher; pleurer au point de ne garder en elle que la souffrance et la douleur qu’elle n’avait eue de cesse de subir durant toutes ces années, comme un caillou resté au fond d’une rivière tarie.

Avec délicatesse, je rapprochais la Vampire de moi, posant ma joue sur le haut de son crâne.

« Désolé… » M’excusais-je pour la énième fois devant elle, incapable de prononcer quoi que ce soit d’autre.

Ressasser ces souvenirs me rendaient toujours plus sombre, plus coupable, comme si des pieux s’étaient enfoncés dans ma chair pour la brûler à vif. Je savais que j’étais coincé dans un dilemme et une pression qui m’avaient dépassé et je savais tout autant qu’Araya m’avait pardonné. Cependant… Cependant, je ne pouvais pas me pardonner, moi, plus qu’à n’importe qui. Parce que le simple fait de songer à tout ce qu’elle avait enduré pendant ces années me chauffait tous les sens à plus de mille degrés. J’ébouillantais de l’intérieur rien qu’en y pensant. Tout était bon pour maudire, à tout jamais et jusqu’à la fin de leur vie, ce Vampire et cet inconnu aux cheveux blonds pour avoir abusé d’Araya. La règle du non-pardon s’appliquait aussi pour ces deux individus: jamais, je ne leur pardonnerais d’avoir fait du mal à ma Protégée. Et Isiode…? Me souffla alors cette petite voix qui me susurrait à l’oreille et que je préférais ignorer pour le moment. Isiode… C’était une autre histoire. Je savais qu’il n’appréciait pas la Vampire, voire la détestait, mais il n’oserait pas lui faire de mal en sachant ce que je ressentais pour elle, n’est-ce pas? Mon frère m’aimait et il ferait tout pour mon bonheur, j’en avais conscience. Je le connaissais suffisamment pour comprendre cela; il me connaissait assez bien pour saisir que je tenais à Araya. En es-tu certain? Oui, vraiment, je préférais l’ignorer, employant plutôt mon énergie à prêter attention à la Vampire qui somnolait doucement dans mes bras. Je conservais une pression autour de son corps pour qu’elle sache que j’étais présent non seulement pour elle, mais aussi à côté d’elle. J’écoutais le rythme de sa respiration s’alléger et puis, je finis par sourire. Araya était vraiment tout pour moi. J’étais prêt à secouer ciel et terre pour son bien, pour son bonheur. Je l’enveloppais d’un regard attendri, passant une main dans ses longues mèches pour en sentir la texture entre mes doigts. Tout me semblait silencieux et vide; tout semblait avoir soudainement disparu autour de moi et il ne restait plus que nous, elle et moi: comme ça l’avait été, autrefois, et comme ça le restera pour toujours, j’avais foi…

« Toi aussi, reste avec moi… » Murmurais-je doucement, tendrement, caressant les lignes de son visage en espérant qu’Harabella veille sur son sommeil.

Cependant, peu m’importait les Dieux ou bien les rêves en ce moment: j’étais là, après tout, pour Araya. C’était moi son veilleur, son protecteur, son Ange Gardien.


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Araya sortit lentement du sommeil dans lequel elle avait sombré doucement. Pour la première fois depuis longtemps, elle n’avait pas fait de cauchemars. Simplement dormit comme une pierre. Un sommeil bien plus réparateur et rassurant que tout ce qu’elle avait connu depuis qu’elle s’était échappée. Et cette douce quiétude ne la quittait pas, alors même qu’elle commençait à sortir de son engourdissement. Et elle se demandait pourquoi. Pourquoi ne sentait-elle pas cette peur l’envahir comme à chaque fois ? Pourquoi se sentait-elle si bien, presque… Heureuse. Un sentiment qu’elle n’avait pas connu depuis tellement longtemps qu’elle avait oublié ce que c’était. Après tout, le Sorcier avait tout fait pour tout lui arracher. Et il avait réussi… Elle se sentait totalement vide. Elle avait beau se sentir en colère, ou effrayée, au final, elle ne sentait rien du tout. Mais en ce moment… Ce n’était pas le cas. Elle ne savait pas pourquoi. Rien qu’à comprendre ça… Elle fut surprise, et un peur effrayée. Elle ne s’attendait pas à ressentir ça. Pour elle c’était tellement improbable que cela en devenait impossible.

La Vampire sentait une douce chaleur proche d’elle, et une odeur tout aussi agréable qui semblait englober sa personne. Par instinct, elle chercha à se rapprocher de la tiédeur qu’elle ressentait. Elle bougea légèrement, les yeux toujours fermés, collant son front contre une surface dur, prenant une profonde inspiration. Elle sentait un poids sur son épaule, comme si quelque chose reposait dessus. Légèrement gêné, elle essaya de le bouger, mais ça ne fit aucun effet. Elle finit par ouvrir les yeux, et se retrouva face… Face à quoi d’ailleurs ? Est-ce que c’était des vêtements ? Mais pas que… C’était trop dur, mais restait un minimum confortable. Les souvenirs de ce qui c’était passé juste avant qu’elle ne s’endorme lui revinrent en mémoire. Tout ce dont elle avait parlé avec Isley… Elle s’était confiée à lui. Difficilement certes, mais elle lui avait parlé. Elle avait écouté ses paroles, accepté ses étreintes, et avait cru en ses mots. Elle ne savait pas pourquoi, mais elle le croyait toujours. Elle avait l’impression de retourner en enfance. Comme lorsqu’ils étaient Gardien et Protégée. Elle lui avait même fait une promesse. Promesse qu’elle n’était pas du tout sûr de tenir, parce qu’elle ressentait toujours l’envie de le mordre. Soupirant, elle ferma les yeux un instant. Comment pouvait-il croire autant en elle, alors qu’elle-même n’avait aucune confiance en elle… Et en parlant d’Isley, où se trouvait-il ? Sa demande lui revint en mémoire. Ne pars pas… Rien qu’à penser à ça, elle se mit à rougir. Pourquoi est-ce qu’elle lui avait demandé ça ? Sûrement parce qu’elle était à moitié endormi. Et au final, est-ce qu’il était partit ? Sûrement… A moins que ce sur quoi elle se reposait, était l’Ange.

Rouvrant les yeux, elle leva la tête, et ses yeux tombèrent sur le visage endormi du jeune homme. La tête d’Araya reposait sur l’un de ses bras, tandis que le deuxième entourait ses épaules. Elle sentait le souffle chatouiller son visage. Quelques-unes de ses mèches blanches avaient glissés sur son visage. La Vampire sentit un sourire tendre apparaître au coin de ses lèvres, tandis qu’elle observait son visage. Doucement, elle leva la main, et écarta les cheveux, ses doigts frôlant la peau de l’homme. Il était resté avec elle, et, sûrement aussi fatigué, voir plus qu’elle, il s’était couché sur le lit, la gardant contre lui. Elle avait de la chance de l’avoir… Elle laissa ses doigts glisser le long de son visage, jusqu’à son cou. Elle se mordit la lèvre lorsque ses yeux s’arrêtèrent sur sa peau. Elle sentait la chaleur brulante du corps de l’Ange, elle avait l’impression d’entendre son cœur battre dans sa poitrine, et même pouvoir voir l’épiderme au niveau de sa jugulaire palpiter sous l’effet du passage du sang, son odeur si alléchante. La respiration de la Vampire s’accéléra, sentant l’envie de le mordre revenir. Prenant conscience de ça, elle se recula, retirant sa main de son corps, comme s’il venait de la brûler. Elle prit une inspiration, retenant son souffle. Elle devait rapidement s’éloigner de lui avant de lui faire à nouveau du mal. Doucement, et lentement, Araya se glissa en dehors de son étreinte, essayant de ne pas le réveiller. L’entreprise fut compliquée, car, à chaque mouvement qu’elle faisait, elle avait peur de le tirer de son sommeil, mais ce ne fut pas le cas.

Une fois hors du lit, Araya ne lança pas un regard à Isley. Elle avait peur de ses réactions vis-à-vis de lui si elle le regardait. Se dirigeant vers la fenêtre, elle regarda à travers l’entrebâillement des volets, et vit qu’il faisait nuit. Baissant les yeux vers ses pieds nus, elle sentit un sentiment étrange s’insinuer en elle. Secouant la tête, elle rejeta ses émotions au fond d’elle. La Vampire s’approcha du pied du lit, et vit le grand tigre dormir tranquillement. Elle s’accroupit à côté de lui, et le secoua assez fortement pour pouvoir bouger sa masse, et le réveiller. Au bout de quelques secondes, Kayto ouvrit un œil, le fixant sur Araya. *Qu’est-ce qu’il y a ?* Demande-t-il. En même temps, il ouvrit la gueule, dans un bâillement impressionnant, ses crocs luisant dans la faible lumière.

« On s’en va, murmura-t-elle. Tout de suite »

L’animal hocha la tête, et se mit debout, en même temps que la jeune femme. L’animal s’étira lentement, tandis qu’Araya se dirigea vers ses affaires posées sur une chaise. Elle se dépêcha de mettre ses bottes, et puis elle remarqua que sa cape se trouvait également là. Les Elfes avaient dû tomber dessus en la poursuivant. Au moins cela cacherait les vêtements clairs qu’elle avait sur le dos. Saisissant le vêtement, elle l’enfila, refermant les boutons. Alors qu’elle se trouvait face à la porte, la main à quelques centimètres de la poignée, elle s’immobilisa. *Un problème ?* Demanda Kayto en levant la tête vers lui. Araya ne répondit pas. Incapable de résister, elle pivota, se tournant vers Isley. Pendant quelques secondes, elle ne put détacher ses yeux de l’Ange. Elle se sentait partagée entre l’envie de retourner dans ses bras, mais aussi celle de le fuir. De fuir les émotions qu’il lui donnait. Il la faisait se sentir heureuse, et avec la joie venait la peur. La peur qu’on finisse par lui arracher cette joie. Elle l’avait laissé revenir dans sa vie, et lui avait même donné une seconde chance. Mais elle regrettait désormais. Et si elle avait fait une erreur ? S’il revenait, elle pourrait le blesser, encore. Et elle ne supportait pas cette idée. Non, le plus logique pour éviter tout ça, c’était de s’en aller. Il le prendrait sûrement mal, mais elle préférait ça plutôt que de risquer de le tuer. Désolé… Pensa-t-elle. Puis elle se détourna de lui, et ouvrit la porte, la refermant derrière elle et Kayto. Elle descendit, et sortit discrètement de la maison, partant aussi loin que possible d’Isley.