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 « Meurtrier » qu’ils nous ont appelés | Araya

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Isiode et Isley
~ Ange ~ Niveau III ~

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◈ YinYanisé(e) le : 04/01/2016
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Isiode et Isley
Sam 13 Aoû 2016 - 2:10

« Meurtriers » qu’ils nous ont appelés
« Ils ne sont pas ce qu’ils semblent être »

Durant quelques secondes, mes paupières se mirent à papillonner follement en remarquant l’expression qui s’affichait sur le visage de la jeune femme. Elle semblait si détendue ainsi… C’était si beau à voir. Je la couvais d’un regard tendre et bienveillant, continuant de lui caresser la joue rien que par plaisir de la voir si sereine, si calme en cet instant… Enfin, comme elle le disait. Tout semblait terminé. Le Vampire était mort et en leur présentant le cadavre du coupable, nous pourrions ainsi faire valoir l’innocence d’Araya devant les Elfes et mon frère. Oui, tout était parfait en cet instant et même si mon dos me faisait mal, que ma tête commençait déjà à tourner, que l’ensemble de mon être pouvait être tout simplement décrit comme une épave échouée sur le rivage des plages, je me sentais affreusement bien, le visage si détendu de la Vampire suffisant à faire naître en moi cette tranquillité d’esprit qui m’envahissait et me comblait. J’aurai voulu apposer ma main contre sa gorge pour apaiser la douleur qui subsistait de son affrontement contre le buveur de sang, mais je ne me sentais capable de rien, à l’exception de me tenir là, à ses côtés, à veiller sur sa sérénité alors que, les yeux clos, elle répondait tout doucement à l’appel de son corps, qui lui demandait repos. Moi aussi, j’aurais aimé m’abandonner à cette plénitude, répondre par l’affirmative au besoin oppressant que me criait mon corps, qui ne désirait qu’une seule chose en ce moment: s’effondrer sous le poids de la fatigue. Mais je ne le désirais pas moi-même. Je voulais veiller sur Araya alors que tout était si calme, que tout était si bien…

« J-Je veux vivre, entendis-je alors de sa voix chevrotante et, sans prononcer quoi que ce soit, je me mis à la contempler avec encore plus d’attention et d’émotion, sentant une bouffée de chaleur m’envahir les sens tandis qu’Araya commençait à somnoler, sa tête appuyée dans la paume de ma main.

- Oui, je l’ai remarqué », lui assurais-je dans sa semi-conscience, ne sachant si elle m’avait entendu ou si elle dormait déjà.

Peu importe. Maintenant, je pouvais être certain qu’elle ne flancherait pas, qu’elle ne flancherait plus. Je ne savais ce qui avait bien pu être le déclic à une telle décision, mais cela l’avait aidé et pour le mieux. Je ne voulais plus la perdre; je ne voulais plus que qui que ce soit me l’enlève. Imaginez-vous lorsque quelqu’un d’extérieur me l’avait arraché; imaginez-vous si elle aurait elle-même été l’instigatrice de sa perte. Jamais je n’aurais pu… le supporter. Sachant que j’aurais pu être là, à ses côtés, pour l’aider et la sauver. Enfin, cela ne servait à rien de me faire du mal ainsi. Je n’étais pas le plus fort des Protecteur, ni le plus malin, mais j’étais doté d’une fidélité et d’une détermination sans faille. C’est pourquoi je laissais le silence nous envahir; l’apaiser elle, me réconforter moi, et à force d’observer son visage si paisible, je me sentis, moi aussi, m’abandonner peu à peu dans l’étreinte de Morphée. Mais c’est à cet instant que je sentis le poids de la tête d’Araya se soustraire de la paume de ma main et, du coin de l’œil, je lui jetais un regard curieux. Elle s’approchait de moi, ses yeux clos tournés dans ma direction, tandis qu’elle murmurait en même temps mon nom, d’un ton qui me fit frissonner de la tête jusqu’à la pointe de mes cheveux. Le rouge, immédiatement, me monta aux joues alors que je balbutiais une réponse évasive, à peine compréhensible, même pour moi qui avait prononcé ces quelques mots à la volée. Q-Que fait-elle? Réussissais-je à penser dans toute ma confusion, mais après un temps, je crus qu’elle allait s’effondrer et immédiatement, je voulus la retenir pour ne pas qu’elle se blesse par un manque d’inattention de ma part. Cependant, à la dernière seconde, elle ouvrit les yeux, ses pupilles d’un rouge écarlate se braquant sur mon visage, louchant sur mon cou et aussitôt, je sus ce qu’il allait se produire. Mais il était déjà trop tard lorsque je voulus réagir, m’écrasant au sol, la chute me causant une vive brûlure au niveau de ma blessure dans le dos et, sans que je puisse le retenir, j’échappais un cri de douleur, sentant le corps d’Araya peser sur moi, malgré son poids de plume. Non, en vérité, ce que je sentais peser sur moi, c’était ses crocs plantés dans mon épaule. Je serrais les dents, incapable de bouger dans mon état de faiblesse, incapable de lui demander d’arrêter à cause de la perte du sang. Des points noirs se mirent à danser devant mes yeux alors qu’au creux de mes oreilles, je pouvais entendre les bruits de succions que produisait Araya en avalant mon sang. Je me mis à respirer plus fort, complètement paniqué. Elle perdait le contrôle, je savais que ce n’était pas elle, même si c’était le même corps, les mêmes cheveux, le même visage que je sentais au-dessus de moi: ce n’était pas Araya. Je voulus la repousser, mais je n’en avais même plus la force, tant elle se faisait vampiriser par la soif insatiable de ma Protégée.

« A-Ara… »

Ma voix n’était plus qu’un souffle, un mince filet au travers de ma bouche. Je voulus déglutir, me dégager, mais rien à faire, rien à faire, je m’affaiblissais encore plus, mes paupières ne tenant même plus à garder mes yeux ouverts: elles me semblaient lourdes, lourdes, et ma tête, ma tête qui tournait sans cesse, comme si mon esprit se faisait aspirer par une tornade intérieure. Mes dernières forces me quittèrent brusquement et si mes jambes avaient tenues tout ce temps, restant relevées malgré la chute, elles s’effondrèrent violemment au sol.

« A-A… Murmurais-je, tout bas, si bas, que je me demandais si je ne l’avais pas imaginé. A-A-Arrê-te… A-ra… Araya…

- MONSTRE! ARRÊTES-TOI! »

Un cri, hurlé avec horreur au plus profond de la forêt. Et c’est tout ce que j’entendis avant de m’évanouir.

Sans attendre, je me jetais sur la Vampire, la forçant à relever la tête avant de la bousculer sans ménagement sur le côté pour qu’elle se dégage de mon frère. Mon regard, alors, se vrilla sur le visage affreusement pâle de mon frère et à cette vue, une sueur froide coula le long de ma colonne. Nous avions entendu des cris, alors que nous étions en train de longer à nouveau la rive de la rivière non loin et lorsque nous étions arrivés, nous avions tout de suite remarqué les traces de lutte ainsi que le sang qui tachait le sol. Nous avions également croisé le tigre géant de cette Vampiresse, mais ce dernier n’avait pas été un problème, deux des Elfes qui m’accompagnaient s’étant portés volontaire pour le tenir à distance s’il décidait d’intervenir. Et alors, le reste du groupe et moi-même étions tombés sur cette scène affreuse, horrible. Le cadavre d’un homme d’un côté, carotide sectionné, le peu de chair et de muscles retenant encore son cou faisaient pendre sa tête sur le côté. Puis, nous avions vu Araya… en train de boire le sang d’Isley; en train de boire le sang de mon frère! Je n’avais pas réfléchis en criant, ni même en repoussant violemment la Vampire de sur le corps de mon frère, mais je n’avais pas besoin de réflexion handicapantes pour comprendre ce qu’il se tramait, ce qu’elle faisait subir à mon frère…

« Que l’Enfer t’emporte, créature de la nuit… » Dis-je d’une voix tranchante, dangereuse, alors que mon regard se détacha finalement du visage d’Isley.

Il était encore en vie, il respirait, mais ça n’avait été qu’une question de minutes, voire même de seconde, avant qu’il ne trépasse pour de bon. Je braquais un regard incendiaire en direction de la Vampire et, me redressant lentement, j’enjambais le corps immobile de mon frère, ne lâchant ma cible des yeux.

« Que l’un d’entre vous le soigne! Je m’occupe de votre meurtrière… »

Lentement, je m’approchais de la Vampire, dégainant de mon fourreau mon épée à la lame bleutée avant de la suspendre au-dessus de la tête du monstre. Mais ce dernier avait la tête baissée, une expression indéfinissable sur le visage. Je vis soudainement rouge, empoignant ses cheveux pour lui relever sèchement la tête.

« Es-tu fière de toi, assassin?! Regarde ce que tu as fait à Isley! »

Elle ne semblait pas m’écouter… Ou ne voulait-elle pas voir tout son massacre?!

« OUVRE LES YEUX ET REGARDE CE QUE TU AS FAIT À MON FRÈRE! M’énervais-je, des larmes brûlantes se mettant à couler de mes yeux. Tu es une abomination! Il te faisait confiance! Cet idiot te donne une telle place dans sa vie alors que tu n’es qu’une meurtrière! Qu’une bête assoiffée de sang qui allait le TUER! »

Sans ménagement, je poussais Araya vers l’arrière tout en lui lâchant ses cheveux. Isley lui faisait confiance. Mais cet idiot, dès qu’il était question de cette femme, ne pensait à rien. À rien d’autre sauf à elle. Et voilà ce qui lui en coûtait de mettre sa confiance entre les mains ensanglantées de cette tueuse! Est-ce qu’elle se sentait coupable ou moins?! Est-ce qu’elle regrettait ce qu’elle avait fait à mon frère?! Non… Non… Je m’en fichais… Elle lui avait fait mal, elle l’avait blessé, elle avait bu de son sang, elle l’avait presque tué…

« Que ton âme brûle en Enfer, Araya! Plus jamais, tu ne seras un fléau pour Isley! »

Je levais mon épée, prêt à l’abattre sur sa tête. Quand une voix, à peine audible dans la nuit, prononça mon nom. Lentement, je me tournais vers les deux Elfes restés en retrait, qui soignaient au mieux les blessures de mon frère. Mais ils s’étaient arrêtés. Et le regard d’Isley, tressautant, s’était tourné dans ma direction.

« N-Ne la t-t-tue pas… Murmurait-il d’une voix faible, à peine perceptible. E-Elle n’est p-pas l-l-la meurtri… la meurtrière… »

Chaque syllabe qu’il prononçait lui causait une grimace, le faisait souffrir. Mais pourquoi? Pourquoi acceptait-il toutes ces douleurs pour ce monstre?

« Arrête de parler! Je vais mettre fin à la source de tous tes maux, mon frère alors laisse-moi m’en occuper!

- N-NON! Arg… S’exclama-t-il en poussant un faible gémissement avant de reprendre, l’haleine forte, vibrante, mais son regard, plus déterminé que jamais, ne flanchait pas. Laisse-la! E-Elle n’a rien fait! Tout est de l-la fau… de la faute à ce-ce Vampire… Lui… »

L’un des Elfes posa sa main sur l’épaule de mon frère, mais ce dernier poussa un cri de douleur et aussitôt, je me mis à trembler, incapable de détacher les yeux d’Isley.

« Faîtes attention!!

- C-Ce n’est rien… Vraiment… M-Mais lai-laisse Araya… N-Ne la tue pas… Je t’en… supplie, Isiode… »

Mon regard se portait de la jeune femme à mon frère. Je ne comprenais plus rien. Que devais-je faire? Que devais-je faire? C’est évident, non? Éliminer celle qui cause tant de souffrance à mon frère.

Je relevais mon épée, devant les yeux horrifiés d’Isley, mais je n’en avais cure. Je le faisais pour son bien, pour sa protection.

« Ça suffit! Lança alors une voix dans mon dos tandis que l’un des Elfes s’avançait jusqu’à ma hauteur. L’assassin qui s’en est pris à nos pairs est mort! Nous n’avons aucune raison de la tuer!

- Mais elle a…

- Elle est encore jeune et votre frère n’est pas mort: que Phoebe soit louée, nous sommes arrivés à temps. Alors laissez-la vivre. »

Je clignais des yeux, incapable de saisir la situation.

« Laisse-la vi-vivre… Je t’en… prie… »


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It's a little price to pay for salvation
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« Meurtrier » qu’ils nous ont appelés | Araya - Page 3 Signat20
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Sam 13 Aoû 2016 - 15:24


Araya entendit soudain le hurlement de quelqu’un, mais ignora ce détail. Seul le sang comptait pour elle. Elle ne sentait et ne voyait que ça. Et soudain, elle sentit qu’on la saisissait brutalement, et la repoussait sur le côté. La jeune femme s’effondra, sans pouvoir résister. Elle se mit à tousser, ayant avalé de travers à cause de sa chute, mais essayait en même temps d’avaler, ne voulant pas perdre une seule goutte de ce sang si précieux. Elle reprenait sa respiration, reprenant, pendant quelques instants, ses esprits. Qu’est-ce que j’ai fait ? Cette question envahissait ses pensées, tandis qu’elle gardait son regard fixer au sol. Elle savait pertinemment ce qu’elle avait fait, mais pourquoi, comment ? Elle n’avait jamais voulu le mordre… Vraiment ? Ne pensait-elle pas toujours au sang, en permanence ? Son regard n’avait-il jamais dérivé sur la nuque d’Isley ? Etait-elle aussi terrible que ça ? Oui, elle l’était. Après tout, elle venait d’attaquer un homme qui ne tenait qu’à la protéger et…

Araya sentit l’ombre menaçante proche d’elle, et puis la douleur. Isiode la força à se mettre à genoux, et lui tourna violement la tête vers Isley, inconscient, ensanglanté. A cette vision, elle se mit à trembler, essayant de fermer les yeux. C’était de sa faute. Sa faute à elle. C’est elle qui l’avait mis dans cet état. Non… Ne me force pas… Ne me fait pas regarder… Pensa Araya. Mais c’était trop tard. Ses yeux venaient de tomber sur le sang. Le peu d’esprit qu’elle avait récupéré s’évanouit presque aussitôt. Elle en voulait, encore. Les paroles d’Isiode devinrent de moins en moins proches, jusqu’à ne plus l’entendre du tout. Elle se fit projeter en arrière, coupant la vision, s’effondrant comme une poupée, incapable de lutter. Elle leva les yeux vers Isiode, le fusillant du regard. Son sang à lui aussi devrait être bon, non ? Et puis elle vit la lame briller. Son instinct conservation, nouvellement retrouvé, surpassa sa soif de sang. Elle essaya de reculer, mais elle avait le dos bloqué contre une racine. Non, elle ne voulait pas mourir, pas comme ça, pas maintenant. Et soudain, elle entendit la voix. Sa voix. Elle baissa les yeux, mais, heureusement, les jambes d’Isiode l’empêchaient de voir l’Ange. Il la protégeait, encore, alors qu’elle l’avait presque tué. Pourquoi ? Pourquoi souffrir autant à cause d’elle. Elle ne comprenait pas sa fidélité. Tout ceci semblait être totalement irréel. Son regard revint vers son éventuel futur assassin, et vit le doute dans ses yeux. Il hésitait, alors que pourtant il la détestait tant. Mais il chasse ce sentiment rapidement en revenant vers elle, levant son épée encore une fois. Araya essaya de bouger à nouveau, mais sa jambe refusait de lui obéir, et son corps était trop faible. Ses yeux s’écarquillèrent légèrement, par… Par la peur ? Depuis quand avait-elle peur de mourir ? Pourtant ce sentiment était… Agréable. Elle avait l’impression d’être vivante. C’était la première fois, la première fois qu’elle se sentait vivante depuis sa fuite.

Soudain, l’Elfe, qui était intervenu, attrapa le bras armé d’Isiode, le bloquant, puis le força à reculer.

« C’est fini. Trop de sang a déjà couler, dit-il »

Sans attendre plus longtemps il se tourna vers la Vampire, se dressant entre l’Ange et elle. Araya était toujours prostrée au sol. Elle vit l’homme approcher, entendant son cœur accéléré. Elle voyait la main s’approcher d’elle. Maintenant qu’elle n’était plus en danger, elle sentait à nouveau le gout du sang dans sa bouche. Comprenant qu’elle ne se contrôlerait pas longtemps, elle se retourna, serrant la racine entre ses doigts. L’odeur du sang était partout. Autour d’elle, sur elle, dans sa bouche. Elle devait s’enfuir. Vite. Mais elle n’arrivait pas. Elle se retourna, ses yeux rouges fixant l’Elfe. Comprenant ce qui se passait, ce dernier sortit sa dague, et frappa la nuque de la Vampire avant qu’elle ne se retourne complètement. Le noir envahit sa vision, et elle s’effondra au sol. L’Elfe se remit debout, et se tourna vers le tigre. Tigre si en colère, qu’il était sur le point de sortir de ses gongs, feulant, mais les Elfes le retenaient. Il avait beau être blessé, son flanc et sa patte avant taché de sang, il était prêt à tous les affronter pour sauver Araya.

« On ne lui fera pas de mal, je te le promets »


~~~


Araya reprit difficilement conscience, les yeux toujours fermés. Elle sentait quelque chose de doux frotter contre sa joue, et avait l’impression d’être posé sur un nuage de plumes. Elle ouvrit doucement les yeux, et eut devant elle, un plafond en bois. Surprise, elle se redressa soudainement. Aussitôt, le monde se mit à tourner, et une migraine lui prit la tête. Elle se laissa retomber en arrière, sur l’oreiller.

« Vous ne devriez pas vous relevez trop vite, dit une voix à quelques mètres d’elle.

Sans se soucier de ce qu’il venait de dire, elle se releva, et tourna la tête, malgré les points noirs qui dansaient devant ses yeux. Elle reconnut l’Elfe qui l’avait assommé. Par réflexe, elle recula, essayant de s’éloigner, et c’est à ce moment que son regard tomba sur le félin blanc assis non loin d’elle, ne lâchant pas l’Elfe du regard. Il était moins menaçant, mais n’hésiterait pas à lui bondir dessus s’il menaçait un instant Araya. En la voyant réveiller, il tourna la tête vers elle. *Tu t’es enfin réveillée !* S’exclama-t-il. La Vampire tendit la main, et toucha la tête de son ami. C’est à ce moment qu’elle remarqua que ses vêtements n’étaient pas les siens. Elle se regarda, surprise, remarquant également que ses cheveux étaient détachés. Elle releva les yeux vers l’Elfe, le fusillant.

« Ne vous en faites pas, c’est ma femme qui vous a retiré le sang, et vous a changé.

- Pourquoi ? Demanda Araya, méfiante.

- Après tout ce qu’on vous a fait subir cette nuit, nous voulions nous faire pardonner , dit l’Elfe en se mettant debout, et en penchant la tête. Je suis désolé »

Araya ne répondit pas aux excuses qu’il venait de lui faire, sachant qu’elle avait une part de culpabilité dans tout ça. Et puis, elle n’était pas prête de leur pardonner. Elle baissa les yeux vers ses mains, hésitante à poser une question primordiale pour elle.

« Et… Et Isley ? Demanda-t-elle.

- Il va bien, nous l’avons soigné, répondit l’Elfe. Je vais aller voir s’il est réveillé. Voulez-vous que je le prév…

- Non ! S’exclama Araya en relevant la tête. Ne lui dites rien »

L’Elfe hocha la tête, et sortit. Araya ramena ses jambes contre sa poitrine, posant sa tête sur ses genoux. Elle tremblait, se souvenant parfaitement de ce qu’elle avait fait. *Pourquoi tu t’inquiètes pour lui ? Je croyais que tu ne l’aimais pas* La Vampire ne trouvait pas la force de répondre. Elle s’en voulait pour ce qu’elle lui avait fait. C’était bien trop horrible. Elle se rendit à peine compte des quelques larmes qui coulaient sur son visage. Elle redressa la tête, essuyant ses joues.

« Il faut qu’on parte, dit-elle soudainement »

Kayto la regarda, d’abord surprise, et essaya de lui dire. *Mais, Araya…* Sauf qu’elle ne l’écoutait pas. La Vampire s’était mise debout, remarquant que sa cuisse ne lui faisait plus mal. !elle avait un haut bleu pâle, ainsi qu’un long gilet en coton beige sans bouton, et un simple pantalon sombre, pied nu. Tout ceci était bien plus féminin que ce qu’elle portait d’habitude. Ignorant ce détail, elle se mit à marcher, et soudain, elle s’arrêta net. Il y avait un rayon de soleil éclairant le sol, passant à travers les volets entrebâiller. Le jour. Il faisait jour. Elle était bloquée. Elle ne pouvait pas sortir. La Vampire recula, s’asseyant sur le lit, appuyant ses coudes sur ses genoux, et cachant son visage dans ses mains. Elle ne savait pas pourquoi, mais elle était persuadée de sentir la présence d’Isley non loin, sûrement une illusion de son esprit. Elle ne devait pas le voir, pas après ce qu’elle avait fait…


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Isiode et Isley
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Isiode et Isley
Sam 13 Aoû 2016 - 19:08

« Meurtriers » qu’ils nous ont appelés
« Ils ne sont pas ce qu’ils semblent être »

Je cours, je cours. Dans ces ténèbres profondes. Je cours, je cours. Je tente de fuir une ombre. Je ne la vois pas, mais je la sens. Menaçante, imposante, dangereuse. Affamée. Pourquoi je pense à ça? Je ne sais pas. Mais mon instinct me dit qu'elle a faim, envahie par cet appétit insatiable qui lui rompt l’estomac, par cet appétit dévorante qui lui procure un mal être lancinant. Elle me poursuit, cette ombre affamée et moi, je cours, je cours, sans m’arrêter. Suis-je terrifié? Je ne le sais pas. Suis-je condamné? Je ne le sais pas. Mais je cours, je cours, pour sauver quoi? Ma peau, ma vie? Tout à coup, il y a un cri, un hurlement. Je m’arrête, essoufflé. Cette voix, je la reconnais. Je ne peux pas me tromper. Mais cette voix résonne derrière moi. Et derrière moi, il y a cette ombre. Je déglutis. Je transpire. Un frisson glacé descend dans mon dos. Mon dos qui me lance, qui me fait mal. Mais il n’est pas le seul à me faire mal. Je sens une brûlure au niveau de mon épaule. Je place une main sur celui-ci. Je repense, je réfléchis. Puis, lentement, je me retourne. En effet, elle est là. Juste là, debout, derrière moi. Son visage, je ne le vois pas. Mais je sais que c’est elle. Je m’avance, je m’approche, pas après pas. Mais plus je réduis la distance qui nous sépare, plus mon épaule me fait mal. Pour finir par me brûler. Je grimace, mais je poursuis. Elle n’est plus qu’à une distance de bras. Je tends ma main dans sa direction. Elle ne bouge pas, frémit à peine. Je balaie doucement quelques mèches de ses cheveux pour voir son visage. Et ce dernier se lève. Je recule. J’ai peur. Je panique. Mon épaule chauffe, me brûle. Elle avance, sa bouche s’entrouvre. Elle murmure mon nom. Je recule. Je trébuche. Je tombe au sol. Elle avance, ne s’arrête pas. Ses yeux rouges, aussi rouge que le sang qui la recouvre, me fixe, me scrute: ils sont affamés. Non… Non… Reste à l’écart! Monstre! Monstre! Ne m’approche pas! Arrête d’avancer! Laisse-moi tranquille! Non! Non! Araya! Ne fais pas…

« Aaaaaaaah!! » Criais-je dans mon sommeil, me débattant dans tous les sens sous les couvertures de mon lit.

Aussitôt, je sentis deux mains s’accrocher à mes bras et la panique, en exponentielle, s’accrue. Elle me retenait de nouveau. Non, non…

« Isley! Calme-toi, calme-toi! C’est moi! C’est ton frère! »

J’ouvris brusquement les yeux, le souffle court, une mince couche de transpiration perlant sur mon front tandis que, devant moi, je trouvais le visage d’Isiode, affolé. Ses yeux bleus s’étaient écarquillés de peur devant ma soudaine agitation et son visage, baigné dans la lumière, semblait pourtant morne et terne. Il ne semblait pas avoir dormi de la nuit.

« I-Isiode…?

- Oui, c’est moi. Calme-toi. C’était un cauchemar. Rendors-toi, tu es en sécurité ici, me rassurait-il en reculant pour revenir s’asseoir sur son tabouret. Araya n’est plus là… » Ajouta-t-il en baissant les yeux et, du coin de l’œil, je l’aperçus entortiller ces doigts avec nervosité.

Aussitôt, je crus au pire et je voulus me redresser, mais à peine venais-je d’esquisser le mouvement qu’un choc électrique me traversa l’ensemble du dos. La seconde d’après, je m’effondrais sur ma couche, incapable de faire autrement, tant la douleur était vive.

« Isiode! Qu’est-ce que tu as…

- Je ne l’ai pas tué », me coupa-t-il d’une voix tranchante, d’où l’on pouvait percevoir toute la haine qu’il nourrissait à l’égard de la jeune femme. On m’a arrêté au dernier moment, tu t’en souviens, monsieur le héros? »

Un frisson me mordit la nuque tandis que je détournais les yeux de son regard accusateur.
« Je ne comprends pas, Isley… Que peut-elle représenter pour toi pour que tu sois prêt à risquer ainsi ta vie pour elle? »

Je ne répondis pas, mon regard tourné en direction des volets ouverts. Le Soleil était haut dans le ciel. Quelle heure pouvait-il être?

« Où se trouve-t-elle en ce moment? » Demandais-je à mon frère, ignorant sa précédente question intentionnellement.

Mais Isiode n’en avait pas fini avec cette histoire et, d’un geste autoritaire, son regard se braquant dans le mien, il me prit le visage à une main, écrasant mes joues pour ne pas que je me défile à nouveau.

« Réponds à ma question, Isley. Pourquoi tu es prêt à affronter toutes ces douleurs pour ce monstre? »

Je fermais les yeux, repoussant la main de mon frère d’un mouvement brusque.

« Arrête de l’appeler comme ça…

- Elle a failli te tuer, Isley!

- Je sais…

- Et tu persistes à vouloir la revoir malgré tout?! »

Je marquais une pause avant de relever la tête, un sourire se dessinant sur la commissure de mes lèvres.

« Oui… Je dois être à ses côtés. Elle a besoin de moi et…

- Ce n’est plus un enfant! Tu l’as bien vu, non?! Elle est incontrôlable! C’est une Vampire, une buveuse de sang, un monstre! »

Mon sourire vacilla un peu sur mon visage et, doucement, je reposais mes yeux sur le plafond au-dessus de ma tête. Oui, durant cette nuit, je n’avais pas vu Araya: j’avais vu une bête assoiffée et ingérable. Pourtant… Pourtant, je ne pouvais pas la laisser… Des bribes de mon rêve refirent alors surface et, malgré la bestialité de son regard rubis, malgré ses crocs reluisants qui ne cherchaient qu’à dévorer ma chair, j’avais vu des larmes. Oui, oui… Quelques larmes glissaient sur son visage.

« Où se trouve-t-elle? Elle est ici?

- Isley, tu dois te re…

- Est-ce qu’elle est ici?! » M’énervais-je en le foudroyant du regard et, rapidement, Isiode se tut, baissant les yeux avant de me murmurer un semblant de réponse.

Aussitôt, je me redressais dans mon lit, m’avançant avec précaution au bord de celui-ci pour poser mes pieds sur le plancher.

« Ce n’est vraiment pas une bonne idée, Isley! Tu dois te reposer! C’est ce que les Elfes ont…

- Je n’ai que faire de ce que les Elfes ont dit. Je veux voir Araya.

- Tête de mule! Tu es convalescent! Tu as été gravement blessé! Par ce monstre! »

Je lui adressais un regard noir.

« Je t’ai dit d’arrêter de l’appeler ainsi… »

Lentement, d’un pas incertain et vacillant, je me dirigeais vers la porte, Isiode se levant également pour me suivre, mais au même moment, la porte s’ouvrit et je me retrouvais nez à nez avec un Elfe. Ce dernier me considéra longuement, puis son regard se porta sur mon frère.

« Il désire la voir?

- … … Oui », chuchota mon frère.

Je savais qu’il n’était pas content, mais je m’en fichais. Je voulais voir Araya.

« Elle est réveillée… M’avoua-t-il en me gratifiant d’un léger sourire. Si vous voulez la voir, elle se trouve dans la chambre à côté, sur votre gauche. »

Je m’avançais jusqu’au seuil de la porte, tournant ma tête dans la direction indiquée. Effectivement, une porte se trouvait fermée et aussitôt, je me dirigeais vers celle-ci, n’oubliant pas de remercier l’Elfe de son aide.

« Je ne comprends pas… Murmura alors Isiode, sans vraiment s’adresser à quelqu’un en particulier. Cette démone de la nuit… Qu’a-t-elle fait à mon frère? »

Je me trouvais devant la porte de sa chambre, venant de me rendre compte que je ne portais pas mes vêtements. Me les avait-on changés? C’était plus qu’envisageable, en raison de l’état lamentable dans lequel devait se retrouver mes autres vêtements… Aux souvenirs de cette nuit, je ne pus m’empêcher de trembler. Mais je ne pouvais pas faire marche arrière. Je voulais la voir. Elle avait besoin de moi. J-Je ne pouvais pas laisser un tel incident faire vaciller de la sorte la confiance que je lui portais. Araya n’était pas un monstre. Elle se faisait posséder par un monstre qui la rendait incontrôlable, sanguinaire… Car en temps normal, jamais elle n’aurait voulu me blesser de la sorte. Lentement, je levais l’une de mes mains jusqu’à mon épaule, sentant un bandage qui faisait le tour de celui-ci, passant sous mon aisselle pour s’attacher dans mon dos. Je pris une grande inspiration, avant de cogner trois coups sur la porte, poussant légèrement le battant de celle-ci pour passer ma tête dans l’entrebâillement. Il faisait plus ou moins sombre et, d’un pas lent, j’entrais dans la pièce tout en observant la silhouette de la Vampire qui se trouvait sur le lit.

« Ara… »

Mais j’eus à peine le temps de finir ma phrase que je trébuchais sur un obstacle que je n’avais même pas vu – à moins que ce soit mes propres pieds qui s’étaient emmêlés – et je tombais au sol dans un fracas qui me valut une expiration étouffée et une légère grimace.

« Aïe, aïe… Dis-je en relevant la tête et, croisant le regard de la jeune femme, je ne pus qu’esquisser un grand sourire, soulagé. Ouf… Tu sembles en forme… Après ce que t’as fait Isiode… »

Je contemplais son visage quelques secondes avant de me redresser à l’aide de mes mains.

« Tu vas bien au moins? Personne n’a essayé de s’en prendre à toi? I-Ils ont compris que tu n’es pas la meurtrière qu’ils croyaient que tu étais? »


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Dim 14 Aoû 2016 - 12:59


Araya était effondrée. Elle n’arrivait pas à penser clairement. Pourquoi, mais pourquoi avait-elle fait ça ? Pourquoi est-ce qu’elle était incapable de se contrôler, incapable de lutter contre cette soif de sang qu’elle avait ressenti à ce moment. Son corps tremblait, des larmes embuant sa vue. Isley… Isley… Elle n’arrêtait pas de se répéter le nom de l’Ange. Elle ressentait une si forte culpabilité face à son acte, qu’elle n’arrivait pas à lutter contre. C’était ce qu’Isley avait ressenti, ressentait sûrement encore ? Comment pouvait-il faire face à ça ? Elle, elle n’y arrivait pas. C’était trop dur, trop douloureux. Et cette honte qu’elle ressentait. Oui elle avait honte. Honte de l’avoir mordu. Mais surtout, honte d’avoir aimé le mordre. Le sentiment d’extase qui l’avait envahi à ce moment, c’était… Elle ne savait même pas comment le décrire. Elle se rappelait de chaque moment. Ses crocs perçant sa peau, l’impuissance d’Isley. Et surtout, le goût de son sang… Si précieux, si délicieux. Rien que d’y repenser, elle sentit un frisson la parcourir. Araya secoua la tête en repensant à tout ça, s’horrifiant elle-même. Le pire c’est la façon dont elle l’avait vu à ce moment. Non pas comme Isley, l’Ange qu’elle connaissait depuis des années, mais simplement comme une proie. Sa proie. Elle se détestait. Elle était haïssable. Et lui alors… Que devait-il ressentir ? Sûrement le sentiment de trahison… Comme elle, à l’époque.

*Araya…* Murmura Kayto, ne sachant que faire pour la réconforter. Il posa sa large tête sur les genoux de la jeune femme. Elle semblait totalement inconsolable. La Vampire se plia en deux, posant sa joue sur le front du félin, et passa ses bras autour du cou de l’animal. *Qu’est-ce que je peux faire ?* Demanda-t-il, mais n’obtint aucune réponse. Elle caressa le poil de l’animal doucement. Elle sentait les muscles contracter de l’animal, fatigués. Il n’avait pas dormi de la nuit, et encore moins des heures qui avaient suivi. Il avait dû s’inquiéter pour elle, et surveiller le moindre faits et gestes des Elfes.

« Tu devrais te reposer, tout va bien maintenant »

Et soudain, un bruit à la porte se fit entendre. Aussitôt les deux se redressèrent, tournant la tête vers la porte. Araya n’eut pas le temps de se reprendre, qu’une tête aux cheveux blancs apparut par l’entrebâillement. Le tigre se redressa immédiatement, sortant ses griffes, craignant que ce soit Isiode, mais Araya le calma en posant la main sur l’épaule de l’animal. Elle savait qui il était. Elle savait que c’était Isley. Elle pouvait le deviner rien qu’à la façon dont il avait posé les yeux sur elle. Il la regardait, mais n’eut même pas le temps de dire un mot, qu’il s’effondra. Comme par instinct, et inquiète pour lui, elle voulut se lever vers lui, mais ses yeux de glace se posèrent alors sur l’épaule d’Isley, et elle se figea, incapable de bouger. Alors qu’il était au sol, elle tira sur sa manche, et essuya ses larmes, reniflant légèrement. Elle ne voulait pas qu’il la voie dans cet état, et espérait que la pénombre l’empêcherait de voir. En forme, elle ? Physiquement peut-être, malgré la brûlure qu’elle ressentait encore à la gorge. Mais mentalement, elle était terrifiée, effondrée.

Araya baissa les yeux, quelques mèches brunes échappant à son oreille, et tombant sur le côté de son visage.

« Eh bah, je suis encore vivante, répondit Araya la voix cassée, espérant qu’il mettrait ça sur le compte de son étranglement. Et puis soignée aussi, ça répond à ta question je crois »

La Vampire avait essayé de lui répondre de manière aussi détaché que possible, mais elle avait beaucoup de mal à parler à cause de l’émotion. Elle était totalement incapable de lever les yeux vers lui, de le regarder pour voir ce sentiment, reflet du sien lorsqu’elle l’avait revu. Elle ne voulait pas qu’il s’approche d’elle, parce qu’elle avait peur. Peur de le blesser à nouveau. Elle ne voulait pas. Pas encore. Pourquoi est-ce qu’il n’avait pas compris que c’était pour le mieux lorsqu’elle l’avait repoussé la première fois qu’ils s’étaient revus. Mais non, il était borné. Et elle n’avait pas réussi à faire ce qu’il fallait pour qu’il parte de sa vie. Pourquoi n’avait-elle pas simplement répondu ‘’oui’’ à cette foutue question ? Ca aurait été plus simple. Beaucoup plus simple. Mais non. Elle avait été trop faible pour le repousser, malgré sa colère contre lui, et elle ne savait même pas pourquoi c’était aussi dur. Elle ne comprenait pas ce qu’elle ressentait pour lui. Est-ce qu’elle était toujours en colère ? Non, sûrement pas, malgré ce qu’elle laissait sous-entendre.

Ne pouvant rester immobile plus longtemps, et souhaitant mettre de la distance entre eux, Araya se leva, et contourna le lit, se plaçant aussi loin de lui que lui permettait la pièce. Elle saisit les pans du gilet, et les rabattit devant elle, croisant les bras sur sa poitrine. Elle n’était pas à l’aise avec ses vêtements. En fait, elle n’était pas à l’aise tout simplement avec Isley dans la même pièce qu’elle. Elle avait peur de se jeter sur lui, comme l’enragée qu’elle était. Comme ce monstre qu’il devait tant détester. Elle se mordit la lèvre, retenant un sanglot.

« T-Tu devrais pas être ici… lui dit-elle ne sachant s’il l’entendait. Tu devrais même pas t’approcher de moi. Après… Sa voix se cassa et elle dut prendre une inspiration pour reprendre. Après ce que je t’ai fait, t-tu devrais me fuir »

Araya posa une main sur son visage. Elle était encore fatiguée, et rester debout ne l’aidait pas. Sa cuisse était plus ou moins guérit, mais elle la faisait encore souffrir. Mais elle s’en fichait. Ca n’avait pas d’importance comparé à la douleur que ressentait Isley. Traitresse Pensa-t-elle contre elle-même. C’est ce qu’il devait penser d’elle dès à présent. Et elle ne le supportait pas. C’était bien trop horrible.

« Ton frère avait raison… dit-elle, ne sachant si elle murmurait ou pas, et s’il l’entendrait. Il a toujours eu raison sur mon compte. Je suis qu’un monstre, incapable de se contrôler »

Araya laissa retomber sa main sur son bras, les croisant à nouveau, resserrant ses doigts sur ses bras. Elle se mordit la lèvre. Elle pencha la tête en avant, ses cheveux tombant devant elle. Elle voulait cacher son visage, cacher sa honte, sa culpabilité. Elle ne voulait pas qu’il la voit, pas dans cet état, parce qu’elle avait peur quand la voyant ainsi, il finirait par se rapprocher d’elle pour la rassurer. Elle savait parfaitement qu’il ferait ça, malgré le sentiment de trahison, parce qu’il était un idiot entêté. Mais elle n’arrivait pas à rester forte face à lui. Elle ne voulait pas qu’il s’en aille. Mais elle était terrorisée à la simple idée qu’il s’approche d’elle. Terrorisée parce qu’elle risquait de perdre le contrôle. De se jeter à nouveau sur lui, et de boire son sang. A nouveau. Rien qu’à cette idée, elle se mit à trembler, mais elle ne savait pas de quoi. De peur, ou bien… D’excitation ? Arrête de penser à ça ! Repousse-le, dit lui juste de dégager. Pensa Araya, mais elle n’arrivait pas à ouvrir la bouche.


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Isiode et Isley
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Isiode et Isley
Mar 16 Aoû 2016 - 5:13

« Meurtriers » qu’ils nous ont appelés
« Ils ne sont pas ce qu’ils semblent être »

Je la contemplais en silence, incapable de détacher mon regard de son visage, caché par ses cheveux, par les ombres ambiantes, par l’obscurité qui m’apparaissait, dès lors, de plus en plus oppressante. Discrètement, je tournais mon regard vers Kayto, le tigre s’étant violemment hérissé à mon arrivée fracassante, mais à présent, il ne faisait que fixer la Vampire, dont nous ne pouvions voir ni les yeux, ni l’expression du regard, tant elle mettait tout en œuvre pour nous le cacher. Je me redressais lentement, prenant une grande inspiration tout en frôlant mon épaule de la main. La douleur n’était plus si vive qu’hier soir, mais la démangeaison causée par la brûlure, quant à elle, persistait malgré cette longue période de repos forcé. Même sous les bandages, malgré tous les soins qu’avaient pu m’apporter les Elfes après mon évanouissement, je ne pouvais oublier cette sensation qui m’avait traversé tout le corps au moment où les crocs d’Araya avaient rencontré ma chair pour me la mordre, pour me la marquer de la plus douloureuse des façons. Je n’oublierais jamais ces bruits de succion qui m’avaient dégoûté à l’oreille; je n’oublierais jamais cette sensation terrible de sentir mon sang et mon énergie se vider peu à peu de mon corps selon la soif de la Vampire; je n’oublierais jamais ce moment où j’avais vraiment cru que l’on m’arrachait la vie de par ses crocs horribles et légèrement recourbés. Toutes ces images resteraient gravées en moi; toutes ces émotions marqueraient pour toujours mon esprit et mon âme et ces quelques pensées, peu importe la force que j’y mettrais pour les balayer de ma tête, je ne pourrais également les oublier: j’avais eu peur. J’avais eu peur d’Araya. J’avais eu peur qu’elle me tue et qu’elle s’en réjouisse, en extase.

Je baissais la tête, honteux de penser de la sorte, mais je ne pouvais mettre un frein aux réflexions qui dévalaient ainsi ma pensée. Araya était une Vampire incontrôlable et potentiellement dangereuse et, par sa faute, je m’étais tenu sur une corde raide entre la Vie et la Mort. Un frisson me parcourut l’échine et, sans que j’en prenne conscience, mes doigts se serrèrent autour de mon épaule. Faisant fi de la peur, faisant fi de mes pensées, tout ce qui captivait mon attention, c’était la douleur qui traversait l’ensemble de mon corps dans un tremblement violent. Tout ça, c’est à cause de cette blessure… En effet, pourquoi Isiode était si irrité d’après vous? Pourquoi Araya semblait si distante et effrayée? Tout ça, toute cette haine, toute cette souffrance, c’était de la faute à cette blessure… C’était à cause de ces deux trous, c’était à cause de cette blessure, laissée par les crocs de ma Protégée que tout ce monde s’était soudainement obscurcit.

Pourtant…
Je m’approchais d’Araya, laissant ma main se balancer à côté de mon corps. Je tremblais de partout, mes jambes claquaient, la morsure me brûlait, mais je continuais de m’avancer vers elle, contournant, moi aussi, le lit pour me placer face à elle. Si j’avais peur? Oui… Oui, j’avais peur. Et pourtant, je ne pouvais lui en vouloir. Araya n’était plus elle-même depuis qu’elle était… ainsi. Le sang l’appelait, le sang l’obsédait, et parce qu’elle ne pouvait faire autrement, et parce que c’était sa nouvelle condition, je ne pouvais lui en vouloir d’avoir risqué ma vie pour son appétit. Elle en avait eu besoin et… et même si la sensation restait désagréable, que la terreur me tordait encore les entrailles, je me sentais, d’une certaine manière, soulagé. Soulagé qu’elle m’ait utilisé, malgré la nature du rôle que j’avais joué; soulagé que j’aie pu faire quelque chose pour elle… N’était-ce pas mon but, après tout? Lui venir en aide lorsqu’elle le réclamait et même si cela voulait dire… boire de mon sang pour sa faim… J-Je saurais surpasser mes peurs pour elle, car, pour elle, j’étais prêt à tout.

« Tu as raison Araya. Je ne devrais même pas t’approcher, je devrais fuir au lieu de rester à tes côtés… »

Je ne voulais rien lui cacher, rien lui voiler. Être le plus transparent possible en sa compagnie, être le plus présent pour elle, le plus sincère, c’est ce dont j’aspirais tant avec elle.

« Tu sais… J’ai vraiment cru que j’allais mourir hier soir… J-J’ai pris peur lorsque tu m’as sauté dessus, lorsque tu m’as mordu… J’étais terrorisé et… et… »

Ma voix se cassa, tremblante, mais je serrais mes poings pour me donner du courage avant de reprendre.

« Mon dieu, c’était horrible… »

Je fermais les yeux, me maudissant de dire pareilles choses.

« L-La peur de mourir, le besoin de te relever, mais être incapable de te défendre, le besoin de crier, mais être incapable d’ouvrir la bouche… C’est tout simplement… »

J’essayais de mettre de l’ordre dans mes pensées. Doucement, j’exhalais un soupir, frissonnant.

« Les mots sont indescriptibles, n’est-ce pas? Lui demandais-je en lui coulant un regard, l’appelant en mon for intérieur pour qu’elle relève la tête. Tu sais… ce que ça fait d’être ainsi mordu toi aussi… »

Voyant qu’elle évitait toujours mon regard, je décidais de me pencher jusqu’à elle

« Et pourtant… Pourtant, je ne peux pas t’en vouloir! Ta vie est ainsi à présent. T-Tu ne peux pas survivre en t’abstenant de boire du sang, mais cela ne fait pas de toi un monstre pour autant. Tu n’es pas comme le Vampire d’hier soir, buvant comme un Gourmand simplement parce qu’il en avait envie. Tu es mieux que ça. Bien mieux. »

Je levais alors l’une de mes mains devant son visage.

« Tu vois à quel point je tremble d’être à tes côtés? C’est terrifiant… »

Je marquais une pause, passant ma main à travers ses cheveux, qui formaient un imposant rideau devant ses yeux, avant de pouvoir toucher son visage, sa peau froide.

« Mais pour toi, Araya, pour toi, je suis prêt à combattre cette frayeur. J-Je suis prêt à surpasser cette peur et à te venir en aide si besoin est. Si tu ne te sens plus la force de te contrôler, si la faim te tenaille au point de t’en obséder, dis-le moi, dis-le moi, et je ferais tout ce qui m’est possible de faire pour t’être utile. M-Même te servir de proie… »

Je rougis légèrement suite à cette phrase, me reprenant rapidement en esquissant un sourire, ramenant une partie de ses cheveux vers l’arrière.

« Je suis ton Protecteur, Araya, et pour te protéger, pour te garder en vie, s’il me faut passer par là, alors je suis prêt à l’affronter, à devenir plus fort: je suis prêt à tout pour toi. »

Je baissais les yeux et aussitôt, je me plaçais à genoux devant elle avant de déposer mes bras, puis ma tête, sur ses jambes, fermant les yeux comme un bambin le ferait avec sa mère bienveillante.

« Parce que je t’accorde toute ma confiance, parce que je crois en toi: regarde, je vais rester ici et fermer les yeux, glissais-je en inspirant profondément, mon odorat soudainement titillé par son odeur qui m’apaisait tant. Tu auras beau me traiter d’idiot ou de fou, cela n’a pas d’importance parce que j’ai une foi inébranlable en toi. Je sais que tu peux te contrôler. Je sais que tu n’es pas un monstre. Il suffit de t’entraîner. »


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Mar 16 Aoû 2016 - 15:57


Araya ne bougeait pas, restant dans ce coin, le mur non loin. Elle lui tournait à moitié le dos. En levant légèrement la tête, elle aurait pu le voir dans la périphérie de son regard, mais elle faisait en sorte d’éviter que ça ne se produise. Elle ne voulait pas voir Isley, et elle ne voulait pas qu’il la voit, voilà pourquoi elle mettait tout en œuvre pour qu’il ne voit pas son visage, ni ses yeux embués de larmes. Ses longs cheveux sombres, et la faible obscurité le lui permettait. Pourquoi est-ce que ces fichus volets étaient autant ouverts ? Elle aurait préféré qu’ils soient complètement fermés. Mais non, la lumière continuait d’entrer, d’éclabousser le sol, et de permettre à l’Ange de la voir. Elle se sentait tellement coupable, et sentir le regarde de l’homme poser sur elle n’arrangeait pas les choses. Tout ça à cause d’elle. Tout ça parce qu’elle n’avait pas su se contrôler. Les ongles d’Araya s’enfoncèrent un peu plus dans ses bras, tandis que ses épaules s’affaissaient un peu plus, comme si elle portait un poids bien trop lourd pour elle. Et c’était peut-être vrai d’ailleurs. Elle avait déjà l’impression de porter bien trop de choses déjà. Comment aurait-elle pu vivre si elle l’avait réellement tué ? Elle qui était censée lui en vouloir à le faire sortir de sa vie.

Soudain, un craquement se fit entendre. A ce bruit, la Vampire sursauta, et se retint tout jute de relever la tête. Elle ne voulait pas voir Isley s’en aller. Elle ne voulait pas le voir lui tourner le dos, ouvrir la porte et sortir de cette pièce. Et puis elle entendit encore le bruit, plus proche cette fois. Et elle comprit. Il ne partait pas. Bien au contraire, il venait vers elle. A peine quelques secondes s’écoulèrent, et les jambes de l’Ange apparurent dans son champ de vision. Malgré le rideau de ses cheveux, elle voyait les tremblements de son corps. Etait-ce parce qu’il était encore faible, ou alors par… Peur ? Araya penchait plus pour cette dernière option. Elle était beaucoup plus logique comme réponse. Et puis il entendit la voix de l’Ange. Plus elle entendait ses mots, et plus le poids de la culpabilité devenait lourd. Les tremblements de son corps s’accentuaient petit à petit, et elle finit par fermer les yeux, n’ouvrant pas la bouche. Il avait bien le droit de l’accabler ainsi après ce qu’elle lui avait fait. En entendant sa voix se briser, elle eut envie de faire un geste pour lui, de lui retirer sa peur, et la prendre pour elle. Elle avait tellement l’habitude, alors un peu plus ne lui ferait pas grand-chose. Mais elle ne fit pas le moindre mouvement, n’esquissa pas un geste pour ne serait-ce que le regarder. Désormais, il ne devait voir que ses yeux rubis, et ses crocs luisants malgré le fait qu’elle ne soit pas transformée. C’était comme elle avec les illusions qu’elle avait du Sorcier. Elle savait que ce n’était pas réel, mais elle ne pouvait s’empêcher de le voir dans certains moments.

Je sais… Pensa-t-elle en ouvrant les yeux, fixant toujours le sol. Elle savait parfaitement ce qu’il devait ressentir en ce moment, et ce qu’il avait ressenti. La peur terrifiante de sentir son sang quitter son corps, l’impossibilité de réagir, de se défendre. La douleur brûlante de la morsure, les bruits de succions. Rien que de se rappeler la scène de sa propre attaque la fit frissonner encore plus. Mais lui c’était sûrement pire, car il avait été attaqué par quelqu’un en qui il avait confiance, et pas un simple inconnu.

Isley se pencha vers elle, essayant sûrement de capter son regard. Araya détourna rapidement le regard, ne souhaitant pas le voir. Elle avait trop peur de voir son propre reflet sur son visage, son reflet de trahison. Mais il continua, et ce qu’il dit la surprit. Un sourire jaune étira les lèvres de la Vampire à ses mots. Bien mieux ? Non, elle ne valait pas mieux. Elle ne faisait que tuer tout ce qui passait au fil de ses crocs, et si elle n’avait pas tué Isley, c’est simplement parce qu’Isiode était intervenu. Les Aetheri soient loués. C’était bien la première fois qu’elle le remerciait celui-là. Et puis sa main tremblante se trouva devant ses yeux bleus. Elle sentit sa respiration devenir plus rapide, et elle ferma encore ses yeux. Soudain, elle sentit sa main dans ses cheveux, et rouvrit ses mires, arrondit par la surprise, et l’angoisse. Repousse-le. Se dit-elle, mais les mots ne purent passer la barrière de ses lèvres. Elle eut un léger mouvement de recul, mais son talon heurta le mur. Elle était bloquée. Elle sentit le contact de la peau contre la sienne, et un long frisson la parcourut. Lentement, elle leva les yeux vers Isley, battant des paupières pour essayer de chasser les larmes et le voir clairement. Elle entendait ses mots, mais tout ce qu’elle voyait, c’était la peur dans ses yeux. Il était terrifié. Le voir ainsi la choquait plus qu’elle ne voulait l’admettre. Non. Plus jamais. Il ne serait plus jamais sa proie. Jamais. Elle ne croyait pas aux promesses, mais cette fois, elle ferait tout pour la tenir.

Tout en parlant, Isley continuait de coiffer ses cheveux, tout en parlant. Et soudain, il se retrouva à genoux devant elle. Elle écarquilla les yeux devant son comportement, ne comprenant pas. Qu’est-ce que tu fais ? Se demanda-t-elle, alors qu’il posait sa tête contre ses jambes. Tout ce qu’elle voyait, c’était ses cheveux immaculés, et ses paupières fermées. Araya resta silencieuse un moment, tous deux restant dans la même position. Se contrôler, elle ? Elle n’en était pas sûre. Mais qu’importe, la Vampire sentait que, malgré les paroles de l’Ange, elle risquait de perdre sa confiance. Et ceci l’effrayait tant… Elle devait réparer ses torts, lui montrer qu’elle voulait se fier à lui. Mais en même temps, si elle faisait ça, cela ne risquait pas d’empirer la situation ?

« J-Je sais pas si j’arriverai un jour à me contrôler… Murmura-t-elle. Elle inspira et reprit. Parce que… Parce que j’ai peur. J’ai peur de ressentir encore cette faim tordre mon ventre, brûler mon corps. Q-Quand j’étais avec Lui, je savais jamais quand est-ce que je pourrais manger à nouveau, et à chaque fois c’était à peine pour me garder en vie. Elle se mordit la lèvre, et finit par reprendre. J-Je sais que ça ne risque pas de m’arriver de nouveau, mais je n’arrive pas à me sortir cette idée de la tête »

A ses souvenirs, Araya sentit quelques larmes glisser le long de son visage. Ce n’était pas le moment de flancher. Vraiment pas. Elle devait continuer. Déliant ses bras, elle laissa une main tomber le long de son corps, quant à l’autre, elle la laissa au-dessus de la tête de l’Ange, à quelques centimètres, hésitante, légèrement tremblante. Prenant une inspiration, elle finit par la poser sur ses cheveux blancs, mêlant ses doigts à ses mèches, caressant doucement.

« J-Je suis vraiment désolé. A ses mots, ses larmes redoublèrent, silencieuses, enrouant un peu plus sa voix, mais elle continua. Désolé pour tout ce que je t’ai fait. Je comprends toujours pas pourquoi tu continus de t’accrocher à moi, mais… Mais je ne te demanderais jamais d’être, elle prit une inspiration pour terminer. Jamais je ne te demanderai d’être ma proie »

Après avoir prononcé ses mots, la Vampire s’éloigna d’un pas d’Isley, et s’accroupit devant lui, posant les genoux au sol. La main sur la tête de l’Ange glissa doucement jusqu’à atteindre la joue de celui-ci. Doucement, elle lui fit tourner doucement la tête vers elle, son pouce faisant doucement des allers-retours sur sa peau. Elle se concentra pour faire taire ses larmes, et pour que sa voix devienne sûr d’elle.

« Tu me fais beaucoup de promesses, même si tu sais que je n’aime pas ça. Peut-être que tu les fais plus à toi-même qu’à moi, mais qu’importe. Je ne veux pas que tu ressentes à nouveau cette peur, alors laisse-moi t’en faire une à mon tour. Je ne te mordrai plus, plus jamais »


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Isiode et Isley
Mer 17 Aoû 2016 - 1:43

« Meurtriers » qu’ils nous ont appelés
« Ils ne sont pas ce qu’ils semblent être »

J’ouvris lentement les paupières lorsque j’entendis les premiers mots portés par sa voix, ne bougeant pas de ma position tout en fixant un point dans la pièce. Puis, lorsque je sentis ses doigts longs et fins se mêler aux mèches de ma tignasse, je refermais les yeux, apaisé par ce geste. Pourtant, persistait en mon for intérieur un doute qui m’écœurait plus que tout au monde et que je n’étais pas capable d’enlever de ma tête. Mais lorsque j’entendais sa voix, ses pleurs étouffés, je ne pouvais pas croire que je sois si effrayé par Araya. Comment? Comment pouvais-je avoir peur d’elle? Elle n’était pas un monstre: elle semblait être tout aussi terrorisée que moi en fait. Dans mes poings, mes doigts se contractèrent et un frisson me parcourut l’échine. Comment puis-je la trahir ainsi en pensant de la sorte? Comment pouvais-je douter d’elle alors qu’elle versait ces larmes en s’excusant? Si Isiode verrait ça… Il comprendrait sûrement qu’Araya n’était pas la Vampire sanguinaire qu’il prétendait qu’elle soit. Il verrait le véritable visage de ce « monstre » qu’il avait inventé de toute pièce par simple intolérance – et d’autres sentiments en plus, qui s’ajoutaient à l’équation et dont je ne saisissais pas les aboutis. Doucement, je la sentis s’éloigner, reculer, et je me demandais si je n’en avais pas trop fait, si elle n’avait pas tout simplement pris peur et s’était éclipsée pour ne pas me blesser. Après tout, Araya n’était pas une menteuse et je savais que, jamais, elle n’avait désiré me faire autant de mal malgré les événements de la nuit dernière. Elle ne savait pas se contrôler, c’est vrai, et ce n’était certainement pas à cause de cela que j’allais la laisser partir de nouveau. Je l’admettais moi-même: j’avais peur, j’étais effrayé comme jamais rien qu’en sachant qu’à un moment ou à un autre, elle pourrait se jeter à ma nuque pour me mordre à nouveau. Mais ces mots qu’elle avait prononcé, ces larmes qu’elle avait versé, ce n’était pas les paroles ni les émotions d’une menteuse que j’avais perçu dans chacun de ses agissements. C’est pourquoi je ne pouvais pas me permettre de douter, de me laisser emporter par la peur de ces mémoires qui me lancinaient l’esprit. Contrairement à la Vampire, j’avais une foi inébranlable en elle. Je savais qu’un jour – pas aujourd’hui, mais je savais qu’un jour – elle parviendrait à se maîtriser et à contrôler cette soif de sang qui pouvait l’assaillir à tout moment. Elle ne se trouvait plus avec cet immonde être humain qui l'avait contraint; elle ne se trouvait plus les poings et les pieds coincés dans des fers; elle n’était plus là-bas.

Quelques secondes suffirent pour que je l’aperçoive de nouveau, s’agenouillant juste devant moi, sa main se posant alors sur ma joue, et ne lui opposant aucune résistance quand elle voulut diriger mon visage dans sa direction, je sentis un frisson m'électrocuter la peau au contact froid de sa paume. J’avais peur, mais je ne pouvais pas. Pas devant Araya. Regardez ses yeux de glace, mais qui, pourtant, reflétaient la beauté des larmes qui restaient accrochées à ses cils. Comment pouvais-je être effrayé? Comment pouvais-je laisser cette morsure noircir ainsi le portrait que j’avais de ma Protégée? Je sentis son pouce me caresser la joue et, à ce contact, je me détendis légèrement, la couvant d’un regard qui se voulait attendrit et protecteur. Plus jamais elle n’allait me mordre, m’avait-elle promis. Plus jamais… Je plongeais mon regard dans le sien, ne cherchant même pas à y déceler la vérité du mensonge, la confiance du doute. J’avais foi en elle, plus que personne d’autre au monde et je ne pouvais laisser cette blessure, cet instant, faire vaciller ainsi ma détermination.

« Ne t’excuse pas, s’il-te-plaît… Murmurais-je en ne la lâchant pas des yeux. Tu n’étais pas toi-même à ce moment-là. Je ne peux pas t’en vouloir, même si je suis terrifié par ce qu’il s’est passé… Lui confiais-je en toute sincérité, baissant légèrement les yeux aux derniers propos, mais bien rapidement, je voulus ancrer mon regard dans le sien pour qu’elle puisse lire toute ma détermination et la confiance que je lui portais. Alors je te croirai jusqu’à la fin! Je sais qui tu es vraiment et je ne laisserais pas cet événement changer ma façon de te regarder! »

À mon tour, je passais l’une de mes mains dans ses cheveux, observant son visage sans être incommodé par la vue, quoi que mes yeux, après un instant, vacillèrent sur ses lèvres et je me demandais si je reverais ces deux canines apparaître… À quoi penses-tu, Isley? Me grondais-je en détournant les yeux. Je ne pouvais pas laisser la peur m’envahir, je ne pouvais pas laisser la couleur de ses mires rubis me hanter ni la pointe de ses crocs m’épouvanter. Croire en Araya, me souvenir de son doux sourire, que j’avais pu apercevoir dans les ombres de la grotte, hier soir, me rappeler non pas de la morsure qu’elle m’avait infligé, mais de toutes les autres attentions qu’elle m’avait donné depuis que je la connaissais… À cette pensée, je lui souris, retirant ma main de sa chevelure avant de poser, instinctivement, ma paume sur le bandage qui entourait mon épaule.

« Mais tu sais, tu n’es pas la seule à blâmer dans cette histoire. J-J’ai été trop faible, me plaignis-je en baissant la tête. Si j’avais été plus fort, peut-être serais-je parvenu à t’arrêter à temps? Peut-être que les choses ne se seraient pas passés ainsi? Continuais-je en fermant les yeux, le malaise s’insinuant de nouveau dans les entrelacs de mes pensées. Je voudrais tellement être plus fort pour toi, Araya. Parce que ces promesses que je te fais, ce ne sont pas des paroles en l’air! Je compte les tenir. Pour toi et pour tous ceux que j’aime. M-Mais en même temps, je… je ne peux pas… Je me berce d’illusions et… et… des choses comme la nuit dernière se passent sans que je puisse faire quoi que ce soit… »

Je relevais discrètement la tête dans sa direction, assailli par l’envie de la prendre dans mes bras, mais une force m’empêchait de faire le premier pas. Pourquoi? Pourquoi avais-je encore peur d’elle après tout ça? Faiblesse… La réponse ne se résume qu’à un seul mot: faiblesse.

« Tu as été traqué, attaqué, blessé et j’étais là, tout le temps, avec toi et… et je n’ai même pas su te protéger des griffes de ce Vampire! Culpabilisais-je en repensant au moment où il l’avait maintenu au tronc d’un arbre, la gorge d’Araya entravée par ses sales mains. J-Je voudrais devenir plus fort pour les gens que j’aime, mais je n’y arrive pas. Ils se font blessés, attaqués, sans que je puisse y faire quoi que ce soit. »

Je me mis, violemment, à trembler, mes doigts se serrant contre mon bandage, la douleur fusant soudainement.

« Je suis faible, mais je ne peux pas l’être. Parce que j’ai des gens à protéger. »

Je scrutais fixement Araya devant moi, esquissant un faible sourire à son attention.

« J’ai une personne que je ne veux plus jamais perdre… Dis-je tout simplement en rabattant mes paupières sur mes yeux. Alors, c’est à moi de m’excuser de ne pas être à la hauteur. »


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Jeu 18 Aoû 2016 - 1:56


Araya regardait les yeux d’Isley, leur regard plongé l’un dans l’autre. C’était étrange son évolution face à lui, essayant de garder le contact avec ses mires. Pourtant, son regard était difficile à soutenir. Elle pouvait toujours voir cette crainte dans son regard. Oui, cette peur qu’il avait d’elle. Voir ce sentiment dans les yeux de l’Ange la tétanisait, car jamais elle n’avait cru voir ce genre d’émotion dans les yeux de l’homme qu’elle avait admiré il y a longtemps. Elle n’avait peut-être plus cette même admiration aujourd’hui, ou peut-être que si. Enfin bref, elle détestait voir qu’il avait peur d’elle. C’était un sentiment horrible et terrifiant à la fois. C’était toujours très étrange, les sentiments qu’elle avait pour lui. D’habitude c’était toujours lui qui venait vers elle, la prenait dans ses bras, la rassurait. Et elle passait son temps à le repousser, à lui dire de s’en aller, de la laisser. Par colère, mais surtout par peur. Mais cette fois, alors qu’elle était sur le point de le perdre, c’était elle qui allait vers lui. Elle ne le prenait peut-être pas dans ses bras, et elle était peut-être moins douée pour trouver ses mots, mais elle faisait de son mieux. C’est à ce moment qu’elle décida d’abandonner. Par l’abandonner lui. Mais abandonner de comprendre ce qu’elle ressentait pour lui. C’était bien trop compliqué, et elle n’arrivait jamais à démêler quoique ce soit à chaque fois. Au contraire, elle avait l’impression que tout s’emmêlait de plus en plus dès qu’elle essayait d’éclaircir ses idées, alors autant laisser tomber, et voir où les mènerait cette histoire, malgré la peur qu’elle ressentait de se laisser aller avec lui.

Après cette promesse, qu’elle espérait sincèrement tenir, l’Ange se remit à parler, continuant de la regarder. Pas elle-même ? Au contraire, et c’était ça le plus horrible. C’était une partie d’elle-même qui s’était manifestée, et qui avait tenté de le dévorer. Une partie qui rêvait toujours, en son for intérieur, de planter à nouveau ses crocs dans sa chair. Elle chassa ses idées au fond de son esprit, se concentrant sur son visage, et ses mots. Le fait qu’il veuille croire en elle, malgré tout, lui réchauffa le cœur. Elle ferma un instant les yeux lorsqu’il passa sa main dans ses cheveux. Elle était incapable de répondre. Elle n’était pas sûre de pouvoir lui avouer. Lui avouer ce qu’elle avait ressenti à ce moment-là, bien trop terrifié de ce qu’elle avait ressenti à ce moment-là, et de la façon dont il avait réagi. Elle sentit qu’il retirait sa main de ses mèches brunes, et elle rouvrit les yeux. Il souriait doucement, mais elle le remarqua à peine. Elle ne vit que la main d’Isley se poser sur son bandage. Lorsqu’elle vit ça, elle laissa retomber ses mains sur ses cuisses, détournant les yeux. Instinctivement, ses doigts se refermèrent sur le tissu de son pantalon. Elle continuait d’écouter les mots de l’Ange, n’ayant aucune autre solution de toute façon, mais était, de toute manière, incapable de répondre. Pourtant, elle n’était pas d’accord avec ce qu’il disait. Elle le laissa donc parler, sachant qu’il avait besoin de déballer ce qu’il avait sur le cœur. Elle aurait aimé être capable de faire pareil, mais ce n’était pas le cas. Trouve les mots. Se dit-elle. Elle attendit, réfléchissant en même temps, espérant finir par trouver l’inspiration, quelque chose qui aurait pu le sortir de ses tourmentes. Lentement, elle finit par relever les yeux vers lui, se mordant la lèvre inférieure, voulant le faire taire. Il savait qu’il parlait d’elle lorsqu’il disait ne plus vouloir perdre quelqu’un. Cela la touchait toujours autant lorsqu’il disait ça.

Doucement, Araya tendit la main, et la posa sur celle qu’Isley avait sur son épaule. Lentement, et avec douceur, elle saisit les doigts qui appuyaient sur la blessure, et essaya de les lui délier. Elle voulait qu’il arrête. Qu’il arrête de se faire mal. Le voir dans cet état l’inquiétait déjà bien assez. Mais ce qui serait bien pire, c’est s’il se remettait à saigner. La Vampire venait de lui faire une promesse, elle pourrait toujours essayer de s’accrocher à cette promesse, mais elle n’était réellement pas sûre de pouvoir résister à la tentation. Elle avait été agacée par ses paroles, et, à un moment, elle avait même voulu lui mettre une gifle pour qu’il se ressaisisse. Mais elle ne l’avait pas fait, heureusement, car elle lui avait déjà fait bien trop de mal pour cette nuit, elle ne voulait pas continuer.

« Tu sais quoi ? Le plus drôle avec des ‘’si’’, c’est que tu pourrais mettre le monde dans une bouteille. Alors plutôt que d’énumérer les choses que tu n’as pas pu faire, concentre-toi sur les autres. Dans ton état, personne n’aurait pu m’arrêter, que tu sois plus fort ou pas. Et ce qui s’est passé la nuit dernière, avec le Vampire, les Elfes, je suis encore en vie parce que tu étais là. Peut-être qu’entre temps, j’ai été blessé, mais je suis vivante. Ca vaut ce que ça vaut pour toi, mais c’est déjà un début non ? »

Accepter le fait qu’il l’ait sauvé était… Etrange, mais elle voulait éviter de se voiler la face. Sans lui, elle serait morte, parce qu’elle aurait forcément fini par tomber sur les Elfes, et qu’ils l’auraient forcément poursuivit. Au même moment, elle réussit à détacher la main d’Isley. Elle le força doucement à baisser son bras, ne le lâchant pas pour autant. Elle ne voulait pas qu’il se fasse du mal à nouveau. Elle prit une inspiration, et reprit, essayant de trouver les mots qu’il fallait, sans être certaine que ce qu’elle dirait pourrait l’aider.

« Isley, si tu te considères comme trop faible pour protéger quelqu’un, pour… Pour me protéger. Si tu as peur de ne pas pouvoir tenir tes promesses, alors fixe toi un objectif. Simple, clair, précis. C’est peut-être idiot, mais ça marche. Et puis, arrête de te culpabiliser autant, ça ne t’aide pas du tout. Tu voudrais devenir pus fort ? Alors devient-le. Que ce soit pour quelqu’un d’autre, ou simplement pour toi. C’est tout ce que tu peux faire  »

Le plus drôle, c’est qu’Araya avait beau lui dire ça, elle ne suivait pas le moins d’objectif. Elle n’avait ni objectif, et elle n’arrêtait pas de se faire culpabiliser. Mais, sans même le remarquer, ce n’était pas ses mots à elle qui sortait de sa bouche, mais ceux de son père. Peut-être lui avait-il déjà dit, ou alors l’avait-il dit à quelqu’un d’autre, et elle avait écouté. Qu’importe. Elle espérait que ses mots aideraient Isley, même s’ils étaient simples, et ne remontait pas forcément le moral. Elle gardait ses yeux fixés dans ceux de l’Ange, ne cédant pas cette fois. Elle sentait la terrible envie de laisser dériver ses yeux sur son épaule, pour se rappeler son mal, et augmenter sa propre culpabilité, mais elle n’en faisait rien. Avec hésitation, elle leva quand même la main, venant frôler l’épaule du jeune homme.

« J’aimerai pouvoir effacer ce que j’ai fait, et toi aussi, mais… Il faut accepter ses erreurs, et… Et aller de l’avant »

Ca, elle le disait seulement pour lui, car elle n’en était pas capable. Accepter ses erreurs, peut-être que ça au moins, elle pouvait le faire. Mais aller de l’avant ? Cela signifiait peut-être qu’elle allait devoir tourner la page à propos du Sorcier, et ça… Ca elle en était tout simplement incapable. Araya finit par se lever, tirant légèrement le bras d’Isley pour qu’il la suive, et elle l’entraina jusqu’au lit, le forçant à s’asseoir. Elle se posa à côté de lui, ne lâchant pas sa main pour autant.

« Je voudrais que tu me racontes, ce qui te fais tant douter »


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Isiode et Isley
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Isiode et Isley
Dim 21 Aoû 2016 - 5:35

« Meurtriers » qu’ils nous ont appelés
« Ils ne sont pas ce qu’ils semblent être »

Je suivais les gestes qu’elle esquissait, sans lui opposer, d’aucune manière qui soit, une force contraire pour me libérer de sa main. Parce que je savais, en mon for intérieur, qu’elle avait raison. Pourtant, je ne pouvais pas me faire à cette idée. Je me sentais coupable malgré tout ce qu’elle pouvait me dire, malgré tout ce que j’étais en mesure d’encaisser. Pour moi, elle n’avait pas seulement été la proie de quelques Elfes à la recherche d’un bouc émissaire; de mon frère en quête de représailles ou bien d’un Vampire en quête de sang à faire couler à profusion: elle avait été blessée, elle, en tant que personne, traité de la pire des façons et de cela, jamais, je ne pourrais me pardonner. J’avais laissé les choses dégénérer et, en tant que Protecteur de cette jeune fille, je ne pouvais que me sentir violemment interpellé par ce qu’il s’était passé. Ma faute… Je croyais que tout cela était de ma faute. Que j’avais été trop faible pour agir efficacement, trop faible pour la protéger convenablement, trop faible pour lui éviter cette horrible nuit…

Je ne me rendis même plus compte que ma peur, voire mon propre mal, ne me dérangeait guère, car l’ensemble de mes pensées se mirent à converger de nouveau sur la Vampire devant moi et sur la culpabilité que je nourrissais encore au fond de mon être. La protéger, la veiller, c’est ce que je devais faire. C’était mon devoir, de lui éviter tout danger, qu’il provienne de l’extérieur ou du plus profond d’elle-même. C’est ce dont un Protecteur devait s’afférer. Et par tant de fois, rien qu’en cette nuit, j’avais failli… Je me mis à trembler, ses paroles faisant frémir les frissons qui grimpaient le long de ma colonne. C’est tout ce que je peux faire…? Répétais-je dans ma tête, en écho aux propos qu’elle venait de lancer. Mais c’était bien cela le problème… Je ne pouvais pas accepter que tout ce que je faisais fût tout ce que je pouvais faire. Je savais que je pouvais en faire plus. Beaucoup plus. Mais il me manquait quelque chose pour être à la hauteur de ses attentes, pour être à la hauteur du gardien qu’elle devait certainement espérer de moi. Et j’avais beau tourner et retourner la question dans ma tête, une seule réponse semblait convenir à la situation et me satisfaire: de la force. Il m’en fallait beaucoup plus pour pouvoir espérer, un jour, apporter un appui significatif à Araya. Tu voudrais devenir plus fort? Se répétait la voix d’Araya dans ma tête, alors que mon regard s’accrochait désespérément au sien. À cet instant précis, ses yeux étaient ma bouée de sauvetage, la main salvatrice qui s’était tendue pour m’extirper des eaux turbides dans lesquelles je m’enfonçais, inexorablement. Alors devient-le. Le devenir… Pour elle… Je ne voyais pas l’intérêt à devenir plus fort simplement pour ma propre personne, mais pour elle, pour mon frère et pour tous ceux que je désirais protéger, oui, oui, cette force représentait bien plus que le plus grand de tous les trésors.

J’aurais voulu prendre sa main, la serrer entre mes doigts uniquement pour me dire qu’elle était là, à côté de moi, mais plutôt, je sentis sa paume se poser délicatement sur mon épaule blessé et, à ses mots, je remarquais une étrange lueur flotter au fond de ses yeux. Accepter ses erreurs et aller de l’avant, n’est-ce pas? Pourquoi… Pourquoi je ne m’en sentais pas capable? D’un côté, j’accordais du crédit au fait que nos meilleurs enseignants soient nos propres erreurs, mais en même temps, j’avais de la difficulté à apprendre de celles-ci. C’était comme si je ne pouvais pas me permettre de les accepter, que je voulais, à tout prix, recommencer ces instants de ma vie pour être en mesure de les corriger et pour ne même pas songer à les effacer, puisque ces erreurs n’auraient jamais existé. Mais pour aller de l’avant, j’avais besoin d’elles pour me pousser, pour m’ouvrir les yeux, sans quoi, je resterais à tout jamais enfermé dans ma propre illusion, à être hanté par mes regrets et ma culpabilité. Suis-je simplement assez fort pour faire cela? Étais-je suffisamment grand pour ne pas constamment douter de mon passé? C’était compliqué, c’était flou, je ne savais pas, je ne savais absolument pas…

C’est alors que je sentis Araya me tirer par le bras et, d’un mouvement mécanique, je me levais à sa suite, ne pouvant détacher mon regard de nos mains liées entre elles. Le passé n’est que le passé, diraient certains. Il faut lui tourner le dos et se forcer à avancer. Pourtant, c’était ce qu’il y avait de plus impossible et inimaginable à penser. Comment pouvions-nous faire un trait sur notre passé alors que c’était lui qui nous menait là où nous nous trouvions désormais? Il n’y avait rien de plus palpable et de plus certain que ce dernier…

C’est pourquoi, à la demande d’Araya, je ne pus m’empêcher de frissonner à nouveau, mon regard ne voulant se détacher de sa main que je tenais fermement. Ce qui me faisait tant douter… Ce qui me faisait tant douter…

« Nous nous sommes mis d’accord pour reprendre cette conversation… Oui, je m’en souviens… » Chuchotais-je faiblement, plus pour moi-même que pour elle, quoi que je l’eusse dit à voix haute malgré moi.

Je déglutis après quelques secondes avant de relever les yeux dans sa direction, observant minutieusement les traits de son visage.

« Dis-moi d’abord une chose Araya: crois-tu pouvoir aller de l’avant après tout ça? Crois-tu pouvoir oublier le passé aussi facilement toi aussi? »

Lentement, je reposais mes yeux sur nos mains, entrelaçant mes doigts aux siens, en quête d’un peu de réconfort dans ma nervosité apparente.

« Les nôtres nous hantent… Le mien autant que le tien. Ils ne sont pas écrits des mêmes histoires, mais ils restent difficiles à oublier… »

Je fermais les yeux, gardant ma main dans la sienne.

« À l’époque, je ne te l’ai jamais dit parce que je te considérais comme trop jeune et insouciante pour noircir tes pensées, mais ma mère a été assassinée lorsqu’Isiode et moi n’étions encore qu’à une dizaine d’années dans nos vies, commençais-je à énoncer d’un ton bas et dénué de la moindre gentillesse: il n’y avait que le son d’une tristesse enfouie qui résonnait dans les vibrations de ma voix. Mon père ne s’est jamais remis de cette perte. Nous avions beau secouer ciel et terre pour lui, rien ne semblait l’ébranler, le toucher à nouveau… Il s’est perdu dans un chagrin, trop profondément pour que nous puissions l’en dégager. »

À ce souvenir, j’eus un rictus des plus sombres pour un Ange. Mais avez-vous déjà vu la décrépitude de l’un de vos parents? Impuissant, incapable de le sortir de son obscurité de plus en plus enveloppante, vous ne pouvez que l’apercevoir se noyer, se noyer, se perdre et disparaître complètement…

« Par la suite, il eut… les Démons, dis-je faiblement. Tu sais, tu n’as pas été la seule à être emprisonné toi aussi… Isiode et moi avons aussi été… séquestrés. Pendant… je ne sais combien de temps! »

Je marquais une pause, des images s’imposant brutalement à mon esprit alors que je tentais de freiner ce flot effréné. Un nouveau tremblement me prit de court et, sans être capable de me contrôler, je lâchais subitement la main d’Araya pour serrer mes propres bras contre moi.

« Est-ce que tu connais cette sensation de voir une personne que tu chéris s’éteindre petit à petit, juste devant tes yeux, sans que tu puisses être capable de faire quoi que ce soit pour elle, Araya? Est-ce que tu connais cela? J’ai vu les yeux de ma mère s’éteindre devant moi; j’ai vu le bonheur de mon père s’éteindre devant moi; j’ai vu l’espoir de mon frère s’éteindre devant moi et j’ai senti ta vie, à toi, s’éteindre en moi… »

Les souvenirs étaient intenses, folles, presque incontrôlables entre mes deux oreilles.

« Après tout ça, comment ne puis-je douter de moi-même, de ma capacité à protéger ceux que j’aime si tous disparaissent en un claquement de doigt! »

Penser commençait à être douloureux; regretter l’était tout autant en réalité.


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Mar 23 Aoû 2016 - 17:52


Araya gardait ses yeux rivés sur Isley, qui lui semblait incapable de détacher les siens de sa main. Il murmura quelques mots, mais ils ne semblaient pas lui être adressé, alors elle ne dit rien, attendant qu’il s’exprime. Mais il ne commença pas tout de suite. Il releva plutôt la tête vers elle, observant ses traits. Elle eut l’impression qu’il voulait graver son visage dans sa mémoire. Elle ne détourna pas les yeux, jusqu’à sa question. A ce moment, elle sentit que ses mires se mirent à trembler, se baissant petit à petit, incapable de soutenir son regard. Elle se mordilla la lèvre, réfléchissant. Aller de l’avant après tout ce qu’elle avait vécu ? Et après si peu de temps ? Non, elle ne se sentait pas capable d’aller de l’avant. Quant à oublier ? Elle ne savait pas d’où il sortait ça. Il avait sûrement mal interprété ses paroles. Elle ne lui avait jamais demandé d’oublier. Oublier le passé était stupide, parce que, et même si elle détestait en partie cette idée, c’était ce qui faisait d’eux ce qu’ils étaient aujourd’hui. Et puis, même si elle le voulait, elle ne pourrait jamais oublier ce visage. Ce visage qui hantait ses nuits, et ses journées. Chaque minute de sa vie. Elle ne pourrait jamais l’oublier.

La Vampire prit une inspiration, sans répondre, et fit comme lui, resserrant ses doigts autour de la main d’Isley. Elle écoutait sa voix, tandis qu’il lui expliquait être hanté par son passé. Elle l’avait remarqué, même avant tout ça. Elle avait toujours vu cette tristesse et cette culpabilité dans ses yeux. A l’époque, elle ne comprenait pas bien ses sentiments, bien qu’elle ait toujours su qu’ils étaient lourds à porter. Malgré la situation, elle était heureuse qu’il lui parle enfin de ce qui pesait tant sur ses épaules. Ses yeux de glace remontèrent vers le visage de l’Ange, observant ses expressions, ses lèvres bouger, et écoutant les mots qu’il prononçait. Plus il se confessait, et plus elle se sentait triste pour lui, et en même temps une culpabilité augmenter un peu plus sur ses épaules. Elle se sentait coupable de l’avoir accusé, après tout ce qu’il avait vécu… Une parfaite égoïste, voilà ce qu’elle était. Et lorsqu’elle apprit qu’il avait été lui aussi enfermé, un frisson d’horreur parcouru le corps de la Vampire. Pendant un instant, elle eut l’impression que certaines de ses vieilles blessures se réveillaient, et la brûlaient à nouveaux. Elle ferma les yeux, tandis que des flots de souvenirs lui remontaient en mémoire. Elle prit une inspiration, levant à nouveau son regard vers lui. A voir son expression, il vivait la même expérience qu’elle. Elle serra un peu plus la main de l’Ange, espérant le soutenir, mais il retira sa main, croisant les bras. Elle se mit un peu plus à frissonner en entendant ses plaintes. Elle sentit son souffle accéléré, et baissa les yeux. Ne pouvait-elle rien faire pour l’aider ? Pourquoi est-ce qu’elle ne trouvait jamais les bons mots ?

Soudain, Araya se redressa, et passa ses bras autour du cou d’Isley, le serrant contre lui, s’appuyant sans le vouloir si son épaule. Se souvenant de ça, elle relâcha sa prise, baissant les yeux, passant une main dans ses cheveux noirs, glissant des mèches derrière son oreille.

« Excuse-moi, dit-elle »

Elle releva de nouveau les yeux, les plongeant dans les siens. Elle aurait sûrement dû rester ainsi, mais lorsqu’elle vit ses yeux si triste, son expression du coupable, si désemparée… Perdu. Il était complètement perdu. Et c’est en voyant ça qu’elle ne put s’empêcher de le serrer à nouveau dans ses bras, tout en faisant attention cette fois. Elle passa un bras du côté de son épaule valide, le serrant contre elle. Elle glissa sa main dans ses cheveux, caressant doucement sa tête.  Elle aurait voulu faire bien plus pour lui. Plus que simplement le serrer contre elle, mais elle ne savait pas quoi faire. Elle était perdue, mais il avait besoin d’elle. C’était certain.

« Je ne sais pas comment t’empêcher de douter de toi-même, lui murmura-t-elle. Je ne sais pas non plus ce que c’est de perdre ceux que je chéris, bien qu’elle ait eu peur de le perdre aujourd’hui, mais c’était totalement différent. Et en plus je suis vraiment nulle pour trouver les bons mots… »

Les paroles d’Araya étaient décousues, mais elle n’arrivait pas à réfléchir clairement. Les révélations d’Isley l’avaient touché plus qu’elle ne voulait se l’admettre, et elle était bouleversé pour lui. Et le pire, c’est qu’elle savait qu’il était totalement incapable d’accepter que ce n’était pas de sa faute, et qu’il n’aurait rien pu faire. C’était d’ailleurs ce dernier point qui le pesait autant. A cette pensée, elle le serra un peu plus fort contre elle. L’odeur de l’Ange envahissait ses sens, mais elle ne ressentait pas l’envie de le mordre. Pas cette fois. Elle était trop touchée pour ça.

La jeune femme finit par se détacher d’Isley, le regardant dans les yeux. Elle finit par baisser les yeux, les mains sur ses cuisses, se demandant ce qu’elle allait lui dire, ce qu’elle pouvait lui dire. Elle devait répondre à sa question, mais…

« T-Tu m’as demandé si je pourrais oublier mon passé, mais je crois que tu as mal interprété mes paroles. C’est idiot d’essayer d’oublier le passé même s’il est… Douloureux. Parce que c’est ce qui fait de nous ce que nous sommes, elle prit une inspiration, relevant la tête vers son visage. Ce que je te demande, c’est d’accepter tes erreurs, et d’avancer, sans jamais les oublier pour ne pas recommencer.

Araya marqua une pause, hésitante à continuer. Est-ce qu’elle pouvait vraiment s’accorder le droit de lui dire de telles choses ? Choses qu’elle était incapable de faire. Et puis, pouvait-elle continuer, car ce qu’elle s’imaginait dire était peut-être un peu trop arrogant. Pourtant… Ses paroles lui venaient sur le moment, et elle ne se voyait pas réfléchir plusieurs minutes pour les retravailler, ce qui pourtant aurait sûrement plus d’effet. Malheureusement, elle était tout aussi impulsive que lui. Et puis, il avait peut-être changé après ces trois années passées loin de lui, mais sa nature profonde, elle, n’avait pas changé. Elle en était sûre. Contrairement à elle, car, après tout, sa nature avait changé, et elle le savait qu’elle n’était plus l’enfant qu’il avait connu.

« J-Je te connais tu sais, je sais ce que tu penses… Tu es toujours en train de ressasser tes erreurs, de te demander si tu avais fait telle ou telle chose, est-ce que tu aurais pu faire quelque chose de plus, est-ce que les choses n’auraient pas pu mieux tourner ? Tu veux retourner dans le passé pour changer ce qui s’y est passé. Mais tu ne peux pas revenir en arrière, et même si tu le faisais, qu’est-ce qui te dit que tu arriverais à changer le passé ? Peut-être que tu ne ferais qu’empirer les choses. Tu n’auras jamais les réponses à tes questions, et tu le sais, alors arrête de te torturer avec ça, je t’en prie »

La Vampire aurait aimé trouver des mots plus convaincants que les quelques mots qu’elle venait de lui dire. Quelque chose qui permettrait à Isley de ne plus se torturer, comme elle le lui avait demandé. C’était un supplice pour elle de le voir ainsi. C’était une toute nouvelle part de sa personnalité qu’elle découvrait. La joie et la tristesse qu’elle ressentait à le découvrir ainsi se mêlaient à telle point qu’elle ignorait si elle était également heureuse de voir la confiance qui lui accordait, ou si, au contraire, elle était terrifiée à cette idée.


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Isiode et Isley
Lun 29 Aoû 2016 - 12:27

« Meurtriers » qu’ils nous ont appelés
« Ils ne sont pas ce qu’ils semblent être »

Ma tête me faisait mal. Assaillie par des images de plus en plus vives, je me mis à revoir ses grands yeux, d’un vert pur et doux, perdre petit à petit tout le coloris de son iris. Tout était partie de sa mort à elle… Tia était partie trop tôt, trop vite, alors que sa beauté n’avait d’égal, que son idylle avec son mari s’épanouissait de jour en jour, surtout depuis que la présence de ses deux fils n’avait fait qu’embellir plus encore son décor: son rêve n’aurait pu être plus parfait. Heureuse, épanouie et amoureuse, sa vie n’avait pas mérité de s’éteindre de cette façon, aussi brutalement, aussi mystérieusement, sans qu’aucun agresseur n’ait été déclaré coupable de cette injustice. Car oui, cette mort n’était pas juste. Elle avait frappé une âme innocente, pure et merveilleuse et pour quel crime, dîtes-moi? Quel crime avait-elle commis pour mourir de manière si atroce? Elle avait été la représentation même de l’Ange parfaite, belle et altruiste. Même aujourd’hui, alors que des années et des années avaient coulé sous les ponts depuis cette tragique disparition, nous ne parvenions pas à comprendre les raisons d’un tel assassinat, si gratuit, si froid. Pourquoi? Pourquoi? Père n’avait cessé de s’en reprocher, n’avait cessé de s’en vouloir de ne pas avoir été à ses côtés à ce moment. Il aurait pu la protéger, n’arrêtait-il pas de nous dire en pleurant devant son corps sans vie. Il aurait pu la protéger si seulement il aurait été présent… Nous avons été témoins du bris de son âme, mon frère et moi, tandis qu’il observait, pour la dernière fois, le corps de sa bien-aimée, de sa femme, de son âme-sœur, lui échapper, s’en aller… Il s’en était voulu et s’en voulait encore malgré toutes ces années écoulées. Mais nous, nous qui nous trouvions au même endroit qu’elle à cet instant, pourquoi n’avions-nous rien pu faire? Pourquoi n’avions-nous rien entendu de l’étage? Pourquoi n’avait-elle pas crié, pourquoi ne nous avait-elle pas appelés? N-Nous serions peut-être parvenus à la sauver, Isiode et moi! Même si nous n’étions que des enfants, que nos ailes n’avaient même pas encore la force de nous supporter et, qu’à cette époque, nos chevaux et nos soldats en bois nous interpellaient plus que la guerre, nous aurions peut-être réussis à faire pencher la balance et peut-être – oui, peut-être – que Tia serait encore en vie, à vivre le parfait amour avec Béos et à contempler ses deux garçons devenir des hommes. Mais tout le contraire était survenu. Tia était morte, sans un mot, sans un cri, et Béos, en rentrant au domaine familial, n’avait aperçu que le cadavre ensanglanté de sa femme au pied de l’escalier. Son cri, je m’en rappellerais toute ma vie. C’était un cri en provenance du plus profond de son âme, comme si des Esprits avaient unis leur détresse et leur hurlement à celui de notre paternel, plongé dans une horreur dont nous n’avions pas encore conscience de l’étendue, mon frère et moi. Nous avions aussitôt arrêté de jouer. Nous nous étions regardés, intrigués. Puis, peu à peu, la panique s’était installée dans nos esprits. Pourquoi Papa criait-il ainsi? Qu’est-ce qu’il se passait, en bas de cet escalier? Qu’est-ce qu’il se passait? Nous nous étions précipités vers le rez-de-chaussée, descendant les marches deux par deux, complètement affolés. Qu’est-ce qu’il se passait? Qu’est-ce qu’il se passait en bas de cet escalier? Nous n’avions plus pensé qu’à cela en longeant, du plus vite que nous le pouvions, cette longue et interminable rampe. Mais cette rampe avait une fin, une fin qui nous amenait droit en bas de l’escalier. Et nous avions complètement figés, horrifiés, incapable de bouger, de respirer, de faire battre notre cœur qui venait, brusquement de s’arrêter. C’était le noir absolu dans nos esprits, dans notre âme et tout ce que nous percevions, c’était ce sang, le corps de Maman, et les pleurs, qui n’avaient jamais tari, de Papa.

Tout était partie de sa mort à elle… Oui, tout avait commencé au bout de cette longue rampe, en bas de cet escalier, alors que nous n’avions rien pu faire pour l’aider. Alors que nous n’avions même pas été en mesure de protéger celle qui nous avait mis au monde, notre mère.

Si je ne criais pas, je pleurerais; si je ne pleurais pas, je crierais. Et pourtant, je ne parvenais pas à laisser échapper le moindre son, mon corps parcourus de spasmes, de chocs électriques qui semblaient me brûler de l’intérieur. J’avais l’impression de m’enfoncer, de me noyer de plus en plus dans ma mémoire vacillante. Mes souvenirs ne s’arrêtaient pas, ne s’arrêtaient plus, mon esprit comme incapable de stopper le flux incontrôlable. C’était comme un courant trop puissant, une chute qui se fracassaient sans répit dans les parois de mon crâne. Je n’étais plus capable de m’empêcher de penser, de m’empêcher de ressasser. Même en fermant les yeux, surtout en fermant les yeux, rien ne voulait disparaître, s’effacer. J’allais crier, craquer, je ne savais quoi, mais le surplus d’émotions ne pourrait cogiter plus longtemps dans les méandres de ma pensée.

Et ce fut à cet instant précis que je sentis des bras m’entourer, m’enlacer, mais durant un temps si court et éphémère que je me demandais si cela s’était véritablement passé. Surtout que, comme pour effacer le contact, je sentis une vive morsure me brûler l’ensemble de l’épaule et une grimace apparut sur mon faciès que je tentais, en vain, de réprimer. La voix d’Araya s’excusa et, doucement, je finis par tourner mon visage dans sa direction. Ce geste, quoi qu’il fût très bref, m’avait brusquement ramené à la réalité, mettant un frein, érigeant un mur, au flot de mes pensées. J’aurais voulu qu’elle revienne auprès de moi, j’aurais voulu ressentir à nouveau sa présence près de moi et, comme si mon souhait avait été entendu par les Ætheri, j’aperçus Araya se pencher de nouveau et passer ses bras autour de mon cou pour me serrer. Je ne pouvais résister tant je me sentais bien au creux de son étreinte. J’écoutais sa voix me parler, ses mots m’imprégner et lorsqu’elle m’avoua ne pas savoir troubler les bons mots, je ne pus m’empêcher de sourire avec légèreté, desserrant alors mes bras pour les passer autour de la taille d’Araya. Des mots, des discours? Je n’en avais pas besoin… Tout ce dont j’avais besoin, à cet instant précis, c’était elle et elle seule. Sa présence suffisait à me ramener dans le présent, à m’extirper de mes cauchemars pour me faire comprendre qu’il existait autre chose que ce passé, aussi monstrueux et horrible pouvait-il être: il existait le moment présent.

« Ne rien oublier… C’est bien ce qui est difficile quand tu t’obliges à ne pas oublier des cauchemars, murmurais-je faiblement en appuyant ma tête sur son épaule, laissant sa présence et son odeur imprégner chaque recoin de mon esprit, comme pour l’apaiser dans toutes ces vagues noires qui l’assaillaient. Ces mêmes cauchemars qui te hantent et qui te font mal… »

Je sentis mes doigts s’accrocher aux tissus de son chandail, comme si je ne voulais pas la laisser partir, comme si je ne pouvais pas la laisser partir. Ce qui était vraiment le cas. Araya était ma bouée, mon repère…

« C’est ironique, pas vrai? Quand l’on pense que c’est moi qui ne cesse de te demander de sortir de ta cellule… alors que je suis enfermé dans la mienne, moi aussi. »

Je marquais une pause, gardant le silence, laissant ce dernier nous envelopper dans cette coquille qui nous coupait du monde. J’en avais oublié là où nous nous trouvions exactement, la présence de Kayto dans la chambre, celle des Elfes et de mon frère, non loin également. Tout n’était plus que du vide, de l’absence, à l’exception de la Vampire, d’Araya.

« Tu penses qu’un jour, nous parviendrons à nous en sortir? Si nous ne pouvons changer le passé, si nous ne pouvons l’oublier, est-ce que nous pouvons au moins… je ne sais pas… être en mesure de nous en échapper? »

J’étais perdu, confus, et je ne savais même pas si j’employais les bons termes pour exprimer ma pensée. Car cette évasion que je visualisais, ce n’était pas tant une fuite, pas tant un moyen de vouloir effacer notre passé, pas tant un désir de vouloir l’altérer, mais plutôt une manière de s’en détacher, de nous en éloigner, tout en lui portant un regard par-dessus notre épaule pour l’observer.

« J-Je ne sais pas si c’est vraiment clair en vérité… Mais pouvons-nous faire au passé ce que nous faisons à nos maisons? Un peu comme si nous regardions notre ancien foyer avant de se décider à avancer vers notre nouvelle chaumière. Tout est derrière, certes, mais rien n’est abandonné en fait. »

Est-ce que ma comparaison aiderait? J’étais encore moins certain, mes pensées se libérant et ma bouche, tout simplement, suivait ce fil conducteur.

« Dé-Désolé… Tout est un bazar indescriptible au fond de ma tête en ce moment, lui avouais-je finalement, n’essayant pas de m’enfoncer plus encore dans des explications qui n’auraient, alors, ni queue ni tête. Cela dit, j-je ne peux pas te promettre cela, Araya. J-Je ne cesserai jamais de m’en vouloir. »

Jamais. Et elle, plus que n’importe qui, pouvait le savoir. Même si je la savais en vie, je ne pouvais m’empêcher, encore aujourd’hui, de culpabiliser pour sa « mort ». J’aurai dû être là, à ses côtés… Ce jour-là, j’avais pu ressentir la profonde détresse que vivait mon père à chaque jour de son existence depuis la mort de Tia. Pour lui, elle avait toujours été ce qu’il avait de plus précieux, alors que pour moi…

« Tu es mon Ange, Araya. »

Je la serrais contre moi. J’étais si bien dans ses bras… Si bien…

« Est-ce que nous pouvons simplement rester… comme ça? Je me sens… comme à ma place. »


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Lun 29 Aoû 2016 - 20:30


Araya sentait les bras d’Isley autour de sa taille, et en fut rassuré. Elle avait cru, pendant un instant, que le serrer dans ses bras l’effrayerait, par peur qu’elle le morde à nouveau. Mais ce n’était pas le cas. Elle l’avait même sentit se détendre alors qu’elle lui parlait. Elle ne savait pas pourquoi sa présence semblait tant l’apaiser, mais, pour le moment, elle s’en fichait. Elle était juste contente que, d’une manière ou d’une autre, elle puisse lui être utile à ce moment. Elle avait bien vu son trouble, les spasmes agiter son corps, le désespoir tirer les traits de son visage, et teinter ses yeux. Elle ne supportait pas de le voir ainsi, c’était un véritable supplice pour elle. Elle l’avait vu hésité entre le cri, et les pleurs. Pour elle qui ne l’avait jamais vu ainsi, cela la troublait énormément.

La Vampire écouta les mots du jeune homme, tandis qu’il s’appuyait sur son épaule. Elle referma un peu plus ses bras autour de son cou, posant sa joue sur ses cheveux blancs. Oui c’est vrai… Ils étaient tous deux hantés par des cauchemars, et étaient incapable de s’en débarrasser. Ce n’était peut-être pas les mêmes, lui voyant tous ces moments où il considérait ne pas avoir été assez fort, où il se sentait coupable. Alors qu’elle, elle ne voyait que le visage qui l’avait torturé pendant des années. Ce n’était pas les mêmes, mais ils étaient tous aussi douloureux, et cela leur faisait un autre point commun. Ils ignoraient comment les faire s’évanouir. Doucement, elle glissait ses doigts dans ses mèches, continuant d’écouter sans rien dire. Elle laissa un léger sourire ironique étirer ses lèvres lorsqu’il parla de sa cellule. Leur cellule, c’était leur passé, et ils refusaient d’en sortir. Parce que c’était plus facile ainsi sûrement. C’était un peu stupide, car rester enfermer dans leur passé les faisait souffrir plus qu’autre chose, mais cela restait plus facile que de se remettre à avancer. Continuer sa vie, se reconstruire petit à petit. Ils étaient deux êtres brisés et torturé par la haine de ce monde. Deux êtres qui n’arrivaient plus à s’en sortir. Et, tandis que le silence s’installait entre eux, Araya se demandait si Isiode était au courant de l’état de son frère. Elle ne l’aimait pas, mais elle savait que les deux frères tenaient l’un à l’autre. Avec ce silence, elle s’appuya un peu plus sur lui. Ce manque de bruit n’était pas gênant, bien au contraire, il était reposant, et semblait les isoler du reste du monde. Comme dans cette grotte. Kayto avait beau être dans la même pièce qu’eux, ils l’avaient tous deux oublier. La seule chose qui comptait désormais, c’était la présence d’Isley contre elle.

L’Ange finit par briser le silence avec des mots hésitants. Il semblait incertain de ce qu’il disait, comme s’il avait du mal à mettre ses pensées au clair. C’était sûrement ça d’ailleurs. Après tout ce qu’il lui avait raconté, il ne devait même pas réussir à ne pas s’embrouiller lui-même. Elle ferma les yeux, cherchant à trouver les mots pour lui répondre, mais il fut plus rapide qu’elle, s’essayant à la comparaison. Un léger sourire étira les lèvres d’Araya. Décidément, il n’était vraiment pas doué avec les mots. Aussi peu doué qu’elle a vrai dire. Mais, malgré ses doutes sur ce qu’elle savait ou non, elle commençait à le connaître, et à comprendre la façon dont il pensait. Il ne voulait pas dire qu’il devrait fuir, ni oublier, mais… Avancer, sans oublier de jeter des regards en arrière pour ne jamais oublier. Elle ne savait pas si elle s’exprimait bien elle-même avec ses propres pensées, mais elle comprenait.

« Je crois que je comprends ce que tu veux dire, et je t’avoue que je ne sais pas si on pourra s’échapper, lui murmura-t-elle, puis elle rouvrit les yeux, les baissant. Et je sais que tu n’arriveras peut-être jamais à te pardonner, mais tu pourrais au moins essayer ? Pour moi »

Araya ne savait pas pourquoi elle avait ajouté ces deux derniers mots. Elle savait seulement que s’il faisait quelque chose, ce ne serait sûrement pas pour lui-même. Il faisait rarement les choses pour lui, pas lorsque c’était aussi important que ça. Et puis soudain, elle entendit les quelques mots que rajouta Isley, et ses yeux s’arrondirent par la surprise, son cœur s’accélérant, ou manquant un battement, elle ne savait plus vraiment. Mais, dans tous les cas, ces quelques mots provoquèrent un frisson, réchauffant petit à petit son être. S-Son Ange ? Répéta-t-elle en pensée. Que voulait-il dire par là ? D’habitude elle le comprenait plutôt bien mais à ce moment, avec ces mots… Tout ceci lui paraissait soudainement trouble, étrange. Elle n’arrivait pas à comprendre. Elle savait qu’il tenait à elle, mais de là à dire qu’elle était Son Ange… Non, elle se faisait des idées. Il le lui avait dit lui-même, tout était mélangé dans sa tête, et il n’arrivait pas à réfléchir clairement. Il avait sûrement du mal s’exprimer, ou alors n’exprimait pas ce qu’elle pensait, quoi qu’elle pense réellement.Elle ne savait même pas quelles idées étaient en train de se créer dans son esprit. Elles allaient et venaient bien trop vite pour qu’elle puisse n’en saisir qu’une.

Araya était tellement troublé, qu’elle sentit à peine son étreinte se refermer un peu plus autour de son corps, mais elle entendit ses paroles. Difficile de faire autrement, il était si proche. Ce qui lui dit la troubla un peu plus, car c’était étrangement en accord avec ses pensées. Elle aussi se sentait bien dans ses bras. Elle se sentait protéger. Sans plus se prendre la tête, ni se rendre tout à fait compte de ce qu’elle faisait, elle resserra un peu plus sa prise autour de lui, toujours légèrement redressé sur ses genoux, fermant les yeux. Prise par l’envie de se blottir un peu plus contre lui, doucement, elle s’assit sur ses genoux, ses jambes posées sur un seul côté du lit. Elle enfouit son visage dans son épaule, laissant sa présence la réchauffer. Elle se sentait si bien contre lui, si… Apaisé, en sécurité. C’était effrayant comme sensation. A chaque fois qu’il la tenait contre lui, elle se sentait toujours dans cet état. Elle qui avait tellement peur de tout depuis qu’elle s’était échappée, de tout le monde. Qui ne se sentait jamais tranquille, effrayée d’être retrouvé, d’être blessé autant que par le passé. Mais pas avec lui. Avec lui, tout était toujours si différent. Et, malgré sa peur, elle laissa cette sensation de bien-être l’envahir, en même temps que la présence d’Isley devenait plus forte autour d’elle, son odeur imprégnant son environnement.

Araya ne sut combien de temps ils restèrent ainsi, à profiter de la présence rassurante de l’autre dans ce silence reposant. Des heures, ou bien quelques minutes, ça n’avait pas d’importance, elle avait perdu la notion du temps. Prenant une inspiration, elle finit par se détacher de lui. Pas bien loin car il la retenait toujours à vrai dire, mais jute assez pour pouvoir le regarder dans les yeux. Elle se mordilla la lèvre, ne sachant si elle pouvait lui dire. Après tout, si ses mots franchissaient la barrière de ses lèvres, elle ne pourrait plus revenir en arrière. Et peut-être qu’il l’avait déjà deviné, après tout, n’était-ce pas évident ? Mais avec lui, elle ne savait jamais exactement ce qu’il devinait au non. Lentement ses mains glissèrent de son cou pour se retrouver au niveau de son torse, et elle referma ses doigts autour du tissu, ne sachant si elle voulait le repousser ou, bien au contraire, l’attirer à lui. Elle finit par baisser les yeux, prenant une inspiration, rassemblant son courage.

« J-Je veux bien t-te donner une deuxième chance, lui dit-elle et, avant qu’il ne fasse quelque chose, elle força légèrement sur ses mains pour qu’il reste plus ou moins éloigné. Mais… J’ai une condition, rajouta-t-elle, relevant les yeux vers lui, reprenant une inspiration. Je ne veux pas que tu fasses ça parce que tu te sens coupable, ou obligé de tenir tes promesses que tu as faites il y a longtemps. Si tu prends cette chance, c’est parce que tu le veux vraiment »

La jeune femme ne savait pas si elle exprimait son idée correctement, mais elle ne trouvait pas d’autres mots pour le lui dire. Elle n’était pas tout à fait sûre de ce qu’elle disait elle-même, de bien se comprendre, et espérait qu’il comprendrait au moins l’idée. Elle le repoussait toujours légèrement, préférant attendre sa réponse avant qu’il ne fasse quoique ce soit. Elle savait également que s’il la prenait à nouveau dans ses bras, elle se ficherait pas mal de sa réponse, son esprit bien trop embrumé par lui pour écouter. Elle avait déjà un peu de mal à se concentrer à cette distance, sûrement à cause de la fatigue qu’elle ressentait encore.


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Isiode et Isley
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Isiode et Isley
Mer 7 Sep 2016 - 4:10

« Meurtriers » qu’ils nous ont appelés
« Ils ne sont pas ce qu’ils semblent être »

Si les Humains avaient droit à leur Ange Gardien, pourquoi les Anges n’auraient-ils pas, eux aussi, un être qui les protégerait, qui veillerait sur eux? Cet être ne porterait sûrement pas le titre d’« Ange Gardien » à proprement parlé, mais son rôle serait presque similaire au nôtre. Dans mon cas, je crois que j’offrais ce titre à Araya. C’est pourquoi je lui avais avoué qu’elle était mon Ange, mon Ange Gardien à moi. Je n’étais pas encore suffisamment fort pour tout assumer, pour tout encaisser, mais avec Araya à mes côtés, j’avais l’impression que rien au monde ne pouvait m’arrêter, qu’elle était là pour me protéger comme je tentais, au mieux, de le faire pour elle aussi. J’étais prêt à soulever des montagnes, à pourfendre des marées, à défier une armée pour elle; je me demandais, intérieurement, si elle était prête à tout pour moi de la même façon que je l’étais pour elle. Enfin, non, pas vraiment… J’étais capable de lui donner ma vie si cela lui permettait de sauver la sienne, mais dans mon cas, je ne serais jamais capable d’endosser une telle responsabilité, je le craignais fort. Je ne pouvais pas accepter le fait qu’elle puisse mourir pour ma personne. À cette simple idée, mon corps se mit à frissonner, des souvenirs, toujours plus monstrueux et douloureux, s’imposant à ma pensée. Plus jamais, plus jamais, je ne voulais revenir pareil instant d’impuissance. Araya ne mourrait plus jamais et je serais là pour la protéger, pour veiller sur elle, pour l’éloigner des dangers, peu importe leur provenance. Si elle était ce danger, je l’arrêterai; si quelqu’un d’autre était ce danger, je le tuerai. Tout simplement. Araya était ma Protégée et c’était mon devoir de préserver sa vie au mépris de la mienne. Peu importe les conséquences qui pourraient s’en suivre, j’étais son épée et son bouclier: ma vie lui appartenait dans son intégralité.

Je laissais son odeur m’envelopper. Je laissais ses bras m’unir à elle comme si nos deux présences se mettaient à s’emmêler entre elles. Je ne sentais plus que la froideur de sa peau rafraîchir mon esprit et le souffle chaud de sa respiration apaiser celui-ci. À cette soudaine et si bien accueillie proximité, je me rendis compte que l’ensemble de mes réflexions ne tournait plus qu’autour d’Araya désormais. Araya à côté de moi, Araya aux creux de mes bras, Araya si près de moi… Et je me disais, en mon for intérieur, que je ne laisserais plus jamais qui que ce soit me la prendre aussi brutalement que par le passé. Je me battrais bec et ongles pour la garder auprès de moi et même si Isiode voyait d’un très mauvais œil cette nouvelle complicité que nous nous étions tissés, je continuerais de chérir la vie de ma Protégée comme étant le plus précieux de tous les trésors de mon coffre-fort. C’est pourquoi, après une longue étreinte à laquelle je ne voulais pas mettre un terme, je finis par abdiquer à sa demande d’une voix qui se voulut assuré au départ, pour revenir à un timbre plus ou moins hésitant vers la fin:

« Si c’est ce que tu veux, j’essayerai. Pour toi. Cela dit… Finis-je par soupirer en fermant les yeux. Je ne peux rien te garantir. La douleur qui a vrillé mes entrailles à ce moment-là, c’est juste un sentiment trop… »

Trop… quoi? Douloureux? Pourtant, ce que j’avais ressentis à cet instant me semblait beaucoup plus poignant que ce simple mot. Il m’aurait fallu un adjectif qui mélangeait souffrance et douleur, tristesse et déchirement, colère et puis désespoir; tous ces termes jumelés qui ne formeraient plus qu’un seul mot digne de la rupture qui m’avait broyé l’esprit. Trop écorché pour que je puisse l’oublier complètement, car elle allait de pair avec la culpabilité que je nourrissais depuis, ces souvenirs ne finiraient jamais de me hanter. Araya avait frôlé la Mort et si ce n’était pas du Vampire qui l’avait mordu, elle aurait trépassé, quittant cette terre pour un monde meilleur, vers l’Au-delà. Et jamais plus, je n’aurais pu la reprendre ainsi dans mes bras: je n’aurais jamais eu la chance de m’expliquer. De plus, ce n’était pas comme si sa vie, même si elle ne l’avait pas complètement perdue, lui avait été plus clémente. Et toutes les douleurs, toutes les humiliations qu’elle avait pu ressentir, je les sentais également au plus profond de mon être; toutes les épreuves et les traitements horribles qu’elle avait dû endurer, je peinais à les encaisser tout autant. Car j’avais l’impression, indirectement, d’avoir été celui qui l’avait offerte aux mains de ce Mage noir, à ma plus grande peine et à ma plus grande Colère. Pour Araya, je n’avais pas honte de dire que l’un des Sept Péchés me tentait affreusement, mais ma foi à l’égard des Vertus m’empêchait de goûter plus que nécessaire à ce fruit défendu.

Passant ma main dans ses cheveux d’ébène, j’aurais désiré ne jamais rompre cette proximité qui nous tenait si bien collé l’un à l’autre, mais la jeune femme que je protégeais dans mes bras finit par se détacher doucement et, presque à regret, je reculais légèrement pour ne pas la contraindre à garder ce contact plus longtemps si elle n’en voulait plus. Pourtant, malgré cette pensée, je ne remarquais pas tout de suite que j’avais conservé une certaine emprise autour de sa taille fine, comme si cet éloignement infime n’était qu’une simple pause et qu’après cela, je pourrais de nouveau me perdre dans son odeur et le confort de ses bras. Je tendis l’oreille à son discours, saisissant plus ou moins bien les inquiétudes qu’Araya semblait nourrir et qu’elle voulait me communiquer par le biais de ces quelques paroles. Je plantais mon regard dans le sien, longuement, avant de lui adresser un doux sourire qui se mit à flotter sur le pan de mes lèvres.

« Si je prends cette chance, repris-je en continuant de la fixer. C’est pour toutes ces raisons à la fois. Je ne peux pas te dire que je ne ferai pas cela par culpabilité ou par loyauté envers les promesses dans lesquelles je t’ai longtemps bercé, et je ne peux pas te dire que je le ferais uniquement parce que je le veux. C’est à cause de toutes ces choses que je veux te protéger: elles ne peuvent venir l’une sans l’autre en vérité… »

Je marquais un silence, durant lequel je laissais le temps à Araya de comprendre la portée d’une telle condition.

« J’ai l’impression d’avoir une dette à te payer pour tout ce qui s’est produit par le passé, mais en même temps, je le fais parce qu’il s’agit de toi et de toi seule, Araya. Je ne vois pas cela comme une obligation pour me repentir, mais en même temps, je ne peux pas m’empêcher de penser que je dois le faire, comme si c’était un devoir auquel je ne peux m’échapper… »

Puis, doucement, je m’approchais d’Araya, si près que je ne pouvais voir que son visage dans mon champ de vision. Je posais mon front contre le sien, comme je l’avais fait dans la grotte, l’autre soir, avant de poursuivre avec la même sincérité qui coulait de ma voix:

« Toutefois, lorsque je pense à cette chance que tu m’octroies, je ne peux pas ne pas penser à toi. Je n’ai pas le sentiment de le faire pour moi ou parce que je le veux bien. Tout ce pour quoi je me bats, c’est pour toi: je prends cette chance pour toi. C’est ce que mon cœur me souffle. Je ne sais pas entre la raison ou bien le cœur lequel des deux priment sur l’autre – et peut-être suis-je exempt du premier, rien qu’à voir le beau remue-ménage qui se trouve dans ma pensée –, mais au plus profond de moi, je sais que c’est ce que je désire. »

Lentement, je détachais mon front du sien, reculant mon visage avant de le tourner vers le bas, sentant mes joues soudainement s’enflammer.

« J-Je sais que je peux être difficile à comprendre, que mes réflexions peuvent paraître insensées, mais… mais c’est ce que je pense. »

Je me tus, coulant simplement un regard en direction de la Vampire.


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Ven 9 Sep 2016 - 22:31


Après avoir essayé de lui exprimer ce qu’elle ressentait, Araya attendait la réponse d’Isley. Ce dernier la regardait dans les yeux, attendant longtemps avant de répondre. Une attente qui la mettait plus que mal à l’aise. A tel point qu’elle avait du mal à se tenir immobile. Pourquoi est-ce qu’il la faisait autant attendre ? Elle voulait une réponse, mais pour le moment, il restait silencieux. En même temps, elle voulait qu’il réfléchisse à sa réponse, et non qu’il lui donne sur un coup de tête. Résonnement totalement contradictoire, mais en même temps, elle ne supportait pas cette attente. Se mordillant la lèvre, elle commença à laisser ses doigts se mouvoir, triturant les vêtements qu’elle tenait encore, essayant de faire passer son anxiété tandis qu’elle le laissait réfléchir. Pourtant, bon sang ce qu’elle voulait une réponse. Et puis doucement, il se mit à sourire. Un sourire qu’elle ne sut comment interpréter. En un sens, cela la rassurait, mais, d’un autre côté, elle se demandait ce que cela cachait. Qu’allait-il lui répondre ? Elle n’eut pas à attendre plus longtemps que l’Ange prit la parole. Elle écouta ce qu’il lui disait, réfléchissant, alors que lui faisait une pause également, sûrement pour lui laisser le temps d’intégrer ce qu’il venait de dire. Est-ce que cela lui convenait ainsi ? Est-ce que le fait qu’il veuille la protéger à cause de sa culpabilité, sa loyauté des promesses du passé, et aussi parce qu’il le voulait, lui allait ? Ces trois raisons mélangées étaient-elles valables à ses yeux ? Est-ce qu’avec ça, il ne finirait pas par réaliser une des plus grandes peurs qu’elle avait. En fait, elle venait à peine de comprendre ce qui l’effrayait pour le moment.

En réfléchissant à ça, Araya baissa les yeux, se demandant toujours si cela correspondait à sa condition. Est-ce qu’elle était capable d’accepter le fait qu’il ne le fasse pas seulement parce qu’il le veuille. Elle sentait toujours le regard d’Isley poser sur elle, bien qu’elle ne le regarde pas. Une dette à lui payer ? Sur ce point, leur avis ne convergeait pas. Il ne lui devait rien. Pas dans son esprit. De plus, le fait qu’il semble considérer cela plus comme une obligation qu’autre chose, la faisait hésiter. Pouvait-elle réellement lui donner une seconde chance alors qu’il pensait de cette façon ? Pourtant… Elle avait terriblement envie de la lui donner. Et, soudain, elle sentit un mouvement d’Isley, qui appuyait sur ses mains. Elle voulut le repousser, mais ses bras, trop faible, cédèrent, et leurs fronts se retrouvèrent l’un contre l’autre. Elle leva lentement les yeux pour regarder les siens. Sa proximité avec lui fit accélérer son cœur, alors que ses mots, et son expression semblait déborder de sincérité. Il savait ce qu’il désirait ? D’eux deux, c’était bien le seul. Elle ne savait pas ce qu’elle voulait à part peut-être… Non, elle ne voulait pas – ne pouvait pas – se l’avouer. Si elle avouait ce désire, elle ne saurait pas quoi en faire. Et de toute façon… Elle ne pouvait pas en avoir, parce que sinon, elle risquait encore de tout perdre. Elle risquait à nouveau qu’Il lui arrache tout. Si elle faisait en sorte de ne rien avoir, rien ne pourrait lui être arraché… Mais en même temps, ne rien avoir dans la vie, ne permettait pas de vivre. Sauf que vivre après tout ce qui lui était arrivé, la terrifiait. Mais maintenant qu’il était si proche d’elle, elle sentait ses barrières céder petit à petit, tandis qu’elle refermait un peu plus ses doigts sur son haut, comme si cela la gardait ancré à la réalité. Mais pour le moment, maintenant qu’il était aussi proche, elle remarqua qu’elle commençait à pas mal se moquer de sa réponse. En fait… Elle s’en fichait totalement. Tout ce qu’elle voulait, c’était qu’il reste avec elle, pour toujours. Ce qui risquait de durer un certain temps, puisqu’ils étaient tous deux éternels.

En le voyant se reculer, Araya pur reprendre un souffle normal, son cœur se remettant à battre un peu plus régulièrement. Elle le vit rougir, et se demanda pourquoi. Il était gêné seulement maintenant ? Cela provoqua un sourire presque imperceptible. Doucement elle porta la main à la joue de l’Ange.

« Je ne sais pas si je suis réellement capable de te comprendre, commença-t-elle. Mais au moins, on est d’accord sur un point, un léger sourit apparut sur son visage. Tu es sûrement complètement dénué de raison, et totalement fou. Personne de censé ne resterait avec moi. »

A ces mots, Araya laissa retomber sa main, baissant les yeux, et son sourire disparut. Elle pensait ce qu’elle disait. A part un fou, qui voudrait d’une Vampire complètement incontrôlable, et aussi folle qu’elle. La jeune femme finit par s’avancer vers lui, et poser sa tête sur son épaule valide, ses cheveux ébène dissimulant les côtés de son visage. Elle ferma les yeux, respirant son odeur quelques secondes. Elle était encore fatiguée par la nuit de dingue qu’ils avaient passé, et ses émotions bouleversantes qu’elle ressentait en ce moment ne l’aidaient pas. C’était peut-être pour ça qu’elle avait un peu plus tendance à se confier. Bien qu’elle se confiait parce que c’était lui, elle ne l’aurait sûrement pas fait aussi facilement en temps normal. En fait, si elle s’était rapprochée de lui, il y avait une autre raison. Elle voulait se cacher. Se cacher de lui, parce qu’elle savait que si elle le regardait, elle n’aurait pas la force de se confier à lui. Elle ne le savait pas pourquoi, mais elle ne pouvait pas voir son expression, ses yeux posés sur elle, les émotions qu’il ressentait lorsqu’elle lui parlait. Elle savait que si elle voyait ça, elle se bloquerait.

« J-J’ai l’impression que si tu fais ça à cause de ta culpabilité, et quand tu arrêteras de te sentir coupable, t-tu, Araya porta ses mains sur la taille d’Isley, refermant ses doigts sur ses vêtements, tremblant légèrement.[/color] Tu finiras par m’abandonner,[/Color]»

En disant ces mots, elle se mit à trembler un peu plus, fermant un peu plus ses yeux. La Vampire enfouie un peu plus son visage dans le cou de l’homme, refermant ses doigts sur ses vêtements. Rien que de penser qu’il pourrait la laisser tomber… Non, c’était insupportable. Complètement. Elle avait déjà connu ce sentiment horrible. Il ne l’avait pas réellement abandonné, mais ça n’empêche que pendant trois ans, elle avait cru qu’il l’avait délaissé. Et encore, le mot était faible comparé à ce qu’elle avait ressenti en réalité. Tous deux avaient beau avoir partagé quelques-uns de leurs sentiments sous cette montagne, aucun des deux ne pouvaient réellement comprendre ce qui hantait l’esprit de l’autre. C’est ce qu’Araya pensait. Une autre chose également. Maintenant qu’Isley était revenu dans sa vie, bien qu’elle n’avait fait que le repousser jusque-là, elle n’arrivait pas à s’imaginer de nouveau sans lui, c’était trop. Elle ne supporterait pas qu’il la laisse tomber.

«  J’ai peur… avoua-t-elle en  murmurant, autant pour lui que pour elle-même. J’ai peur que tu me laisses… J’ai peur de ne pas le supporter…. S-Si tu prends cette chance, ne me laisse pas »

Araya enfouie un peu plus son visage dans son cou, respirant son odeur. C’était fou comme sa simple présence avait le don de la calmer. Elle se serra un peu plus contre lui. Cette fois, elle lui laissait le choix… Le choix de prendre cette chance ou non. En y réfléchissant… Ce n’était peut-être pas un choix, puisqu’il avait sûrement déjà prit sa décision. De toute façon, il prenait toujours ses décisions sur un coup de tête. En même temps, elle se demandait si elle avait le droit de lui demander ça. N’était-ce pas un peu trop demander ? Et puis, n’était-elle pas censée ne pas croire aux promesses ? Ne venait-elle pas justement de lui en demander une à l’instant ? Pourtant, venant de sa part, elle avait envie de croire tout ce qu’il lui disait.

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Isiode et Isley
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Isiode et Isley
Dim 18 Sep 2016 - 6:22

« Meurtriers » qu’ils nous ont appelés
« Ils ne sont pas ce qu’ils semblent être »

« Pourquoi as-tu peur, Araya? » Lui demandais-je d’une voix soudainement chevrotante, percevant avec une précision tranchante la détresse de ma Protégée qui s’était rapprochée encore plus de moi.

Raffermissant mon étreinte autour de son corps agité, je battais follement des paupières, désemparé par les propos qu’elle venait de m’avouer. L’abandonner? La laisser tomber? Ce n’était que des mots sans queue ni tête pour moi. Je saisissais l’effroi qui battait dans ses veines, mais je ne comprenais pas pourquoi de telles réflexions venaient à hanter sa pensée.

« Jamais je ne t’abandonnerai! Comment peux-tu penser qu’une telle chose pourrait se produire?! »

J’avais haussé le ton, mais non pas par colère, plutôt par désarroi. Araya était tout pour moi. Mes pensées n’avaient de cesse d’orbiter autour de sa personne, comme les constellations et le Soleil qui tournaient autour de la Terre. Elle était l’épicentre de mon être; l’épicentre de mon esprit; l’épicentre de ma vie. Au Diable la raison et le bon sens s’il me fallait en être dénué pour rester avec elle, car, dans ses circonstances, la folie n’aurait jamais eu si bon goût. Si je me sentais si réconforté dans cette démence que mon frère semblait croire que j’étais atteint, si je me sentais si heureux dans ce délire qu’Araya disait que j’étais plongé, alors cette aliénation était la plus belle chose qui me soit arrivée dans ma vie. Vous en conviendrez, il y avait des fous bien plus pires que moi sur cette Terre si vouloir protéger la personne adorée, vouloir être à ses côtés, être si bien au creux de ses bras, était considéré comme de la folie. Ce vertige qui me prenait à chaque fois que je me tenais tout près d’elle suffisait à me combler de joie, même s’il me désarçonnait quelques fois. Il était intense, déroutant, mais cette chaleur qui montait au fond de mon corps, à tous les coups, m’enivrait comme l’alcool plonge dans l’extase le plus glouton des hommes. Mais pourtant, je ne ressentais pas cette chaleur comme une Gourmandise à laquelle j’en demandais plus, toujours plus: cette chaleur était brûlante, vivifiante, et la seule raison pourquoi je désirais tant la ressentir à nouveau, c’était parce que ça voulait dire que je me tenais auprès d’Araya. Elle était mon Ange, mon obsession j’oserais même dire, mais pas dans le mauvais sens, autant vous pouvez songer à celui-ci. Elle m’obsédait parce que quelque chose m’empêchait de penser à autre chose qu’à elle. De l’amour? De la fidélité? De l’amitié? Je ne savais pas comment trier ce que je ressentais et encore moins ce qui était bon ou mauvais, car dans mon état, tout ce qui comptait pour moi, c’était Araya et, par conséquent, je croyais que c’était bon. Entraîné par cette soudaine frénésie qui agitait tout mon être, je me mis à trembler fortement, ancrant plus encore la Vampire au creux de mes bras. Je ne la lâchais pas, je ne la lâcherais plus jamais. Elle était revenue à mon plus grand bonheur et soulagement: ce n’était pas pour la perdre aussi rapidement.

« Je tiens à toi, plus qu’à n’importe qui; je pense à toi comme un fou! Alors oui, oui, je ne suis pas sensé: s’il ne faut que ça pour être à tes côtés, je le suis déjà », m’exclamais-je en tremblant, ne sachant si j’étais, en fait, véritablement en colère par les propos qu’elle avait prononcé précédemment ou si c’était les émotions qui, en sursaut, venaient à exploser au fond de ma gorge serrée.

« Personne de sensée ne resterait avec moi », avait-elle dit en abandonnant son si beau et tendre sourire. Le contact frais de sa main sur ma peau, soudainement devenue brûlante par la confusion de mes propres paroles, m’avait aussitôt procuré un soulagement significatif que j’avais perçu se répandre à travers mon corps entier comme une vague électrisante qui m’avait percuté. J’avais laissé ses doigts marquer mon visage là où je sentais leur présence, m’étant abandonné quelques secondes à leur doux contact. Puis, tout à coup, comme pour briser le charme, elle avait glissé cette phrase qui m’avait glacé, figé, tétanisé. Cette douceur, alors, s’était brusquement évaporée et j’avais observé la jeune femme de plus en plus étonné au fur et à mesure qu’elle avait présenté ses craintes.

« Je ne comprends pas pourquoi tu nourris une si grande peur. Je resterai toujours avec toi. Crois-moi… Et je n’ai pas besoin de cette chance pour rester à tes côtés, comme si j’étais enchaîné à une espèce de contrat. Je n’ai que mes sentiments qui m’enchaînent et qui… qui me font penser à toi continuellement. »

Caressant ses cheveux d’ébène, m’enivrant de son parfum et de la fraîcheur de sa peau de porcelaine, je la gardais au fond de mes bras au point de la briser si elle aurait été aussi petite que la première fois que nous nous étions retrouvés. Mais je ne voulais pas qu’elle croit que je l’abandonnerai si l’occasion se présentait. Je ne voulais pas qu’elle se torture l’esprit avec des terreurs pareilles alors que jamais, au grand jamais, je lui nuirais. Pas par compassion ou par empathie. Simplement parce qu’elle comptait énormément pour moi. D’ailleurs, je ne comprenais pas pourquoi je tentais de vous expliquer. Rien n’était très rationnel dans ma pensée à cet instant. Tout ce que je voulais, c’était apaiser Araya, lui faire comprendre qu’elle n’avait rien à craindre. Jamais, elle ne me perdrait et jamais – je l’espérais – je ne la perdrais. Me reculant un peu pour mieux voir son visage, je lui adressais un léger sourire, prenant sa main dans la mienne tout en la caressant doucement à l’aide de mon pouce.

« Qu’est-ce que je peux faire pour te prouver ma loyauté? Que dois-je dire? »

Lentement, j’approchais ma main de mon visage, la baisant en y apposant légèrement mes lèvres, à la manière d’un chevalier qui prête serment auprès de sa reine.

« N’oublie jamais: je suis ton épée et ton bouclier. Et une arme ne se sépare jamais de son épéiste, sache-le. »


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C’était ça ou il allait lui sauter dessus /sbaf/


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