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 [LDM Avril/Mai] | Insaisissables [EVENT]

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Siruu Belhades
~ Sorcier ~ Niveau III ~

~ Sorcier ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 2344
◈ YinYanisé(e) le : 06/12/2015
Siruu Belhades
Mer 04 Mai 2016, 14:31


Insaisissables
LDM Avril/Mai
Quand la mort vient frapper à votre porte, que faites-vous ? Cela m’intéresse, car c’est un peu ce qu’il s’est passé, mais Siruu était dans le rôle de la mort. Bien sûr, il n’était pas seul – et par conséquent pas non plus inconscient – et il était accompagné de Lurdi et d’un groupe de professionnels dans l’art de tuer. En fat, il faisait un peu tache à côté de ces assassins, mais son maître empoisonneur l’avait vraiment mis en confiance. En y réfléchissant, c’était un peu le père qu’il n’avait jamais eu, ou du moins son père tel qu’il aurait du l’être. Les deux rigolaient pendant qu’ils étaient sur le chemin de la traque. Ah, mais je ne vous ai pas expliqué ce qu’ils faisaient ! Un riche démon leur avait débloqué une somme d’argent colossale en échange de la traque de plusieurs traîtres aux aetheri. En effet, il y avait plusieurs individus qui avaient trahi leur race en adoptant l’opinion inverse à celle-ci. Ces gens-là étaient déjà considérés comme des rebuts de la société, mais ce n’était pas suffisant pour ce démon qui voulait les voir mourir. La guerre pousse les gens à tout faire, et les plus riches injectaient des sommes astronomiques pour faire pencher la balance dans cette guerre de foi. Au milieu de toutes ces personnes, il y avait Siruu, ce disciple crépusculaire qui, malgré son opinion tranchée en faveur des aetheri, ne savait plus quoi penser. Tout retomberait sur les mortels et, au final, il n’y aura aucun gagnant. Tant de vies gâchées et de temps gaspillé à faire la guerre alors que tout cela pourrait servir à apprendre ! Posséder le savoir se devrait d’être une priorité ! Non pas pour augmenter le confort, mais pour rassasier cette chose au fond de nous qui veut nous dévorer.
Un frisson parcourut le corps et l’esprit du sorcier tandis que la marche continuait. Ils venaient de tuer sauvagement une famille d’anges qui avaient rejoint Sympan et là, ils traquaient une chamane, un sorcier et une démone. Ils trouveraient certainement d’autres fugitifs en route, et l’issue resterait la même pour eux. Que ce soit de faim, de soif ou de fatigue, ils finiraient par mourir. C’était funeste, mais, en même temps, terriblement amusant. Alors c’est ça la nature de l’homme ? En tout cas, ces gens la représentaient.
La mort était une graine qui, malgré sa petite taille, détruisait le champ de la vie. Un cycle. C’était ça la raison de tout. La vie revenait à peine que la mort repoussait.
Dans la forêt, une vague de froid se fit sentir. Amenia, une orisha traîtresse à sa race et donc alliée des aetheri décrochait de son pantalon sa hachette avant de la jeter habilement sur la démone qu’ils traquaient qui eut le crane sectionné. Il y avait aussi Edephir, un sorcier qui maîtrisait des couteaux et qui éliminait tout autant aisément les traîtres. Lurdi aussi pouvait apporter sa pierre à l’édifice en jetant des potions créant une brume ou des poisons. Mais le disciple crépusculaire, lui, ne faisait rien. Non pas qu’il n’en avait pas envie, mais il ne pouvait même pas s’approcher d’une cible tant ses alliés étaient rapides.
Donc il regardait ceux-ci détruire tout le camp de traîtres pro-Sympan s’étant installé dans les bois. Mais seul un imbécile aurait pensé que seuls eux étaient victimes, car tout le monde savait que les propriétaires étant partis en vacances n’allaient plus jamais répondre quand les gens sonneront à leur porte, l’utilité de leur domicile étant réduite à conserver leurs cadavres tués et laissés à même le sol. Les camps dans les bois étaient la seule possibilité pour ces gens ne partageant l’opinion de leur race ne voulant pas devenir une dépouille, mais même là, les pertes étaient énormes. Siruu ne faisait pas exception et voir ces morts le dégoûtait. Rassurez-vous, il n’était pas devenu bénéfique, c’était surtout l’odeur qui le rebutait.
Il regardait son faux père et il est vrai qu’il avait le même air que le vrai. Ce n’était pas un compliment, mais une constatation. La seule différence est que Lurdi n’avait jusque là jamais utilisé la magie. Il n’était pas non plus humain, où du moins si c’était le cas il n’avait pas leur capacité à annihiler cette magie. Je viens de m’en rendre compte, mais… Siruu n’avait rien contre les humains. Il n’avait aucune apathie ou inimitié pour aucune race, mais pourtant, il tuait. Serait-il encore conditionné ? Je n’en ai aucune idée…
Peut-être que lui avait une raison profonde que je ne connais pas. Dans tous les cas, le groupe venait de détruire les maigres protections en bois de ce village de traîtres et les maigres provisions de celui-ci n’allaient pas tarder à s’embraser à leur tour. C’était juste des morts de plus… En tout cas, il y eut plusieurs survivants. Quelques réfugiés de cette hécatombe. Ils furent poursuivis et annihilés, leurs chances de survie étant vraiment maigres en face d’un de ces assassins professionnels. Un petit groupe réussit tout de même à se débattre et à donner du fil à retordre aux chasseurs de traîtres aux aetheri. Tout en marchant dans les bois sombres, Siruu réfléchissait à où pouvait bien être ces fuyards qui avaient survécu et blessé certains membres du groupe ? Ils ne pouvaient aller bien loin… Il fallait observer chaque signe. Il entendait le craquement des feuilles sous ses pieds tout en prêtant attention à chaque arbre, à chaque son, à chaque vibration.
— Où peuvent bien être passés ces salauds ? L’orisha traîtresse était apparemment en colère et son ton démontrait à lui seul sa frustration. Elle sortait sa hachette, en alerte et prêtant attention au moindre mouvement, guettant l’instant où elle pourrait lancer son arme sur sa cible, sa proie. Oui, l’on parle bien de proie, car ici c’était une vraie traque sanguinaire.
Edephir lui répondit aussitôt sur un ton calme.
— Je me concentre, couvrez-moi je vais tenter de les localiser.
— Tu peux faire ça toi ? L’orisha semblait étonnée, mais n’attendit pas la réponse du sorcier assassin pour s’exécuter.
Lurdi sortait une petite fiole et se tourna vers Siruu, se penchant vers lui et lui donnant des instructions comme à un enfant.
— Tu vois ça ? C’est du Gumavol, une décoction qui, au contacte d’une surface, créée une grande explosion de fumée dans laquelle tu peux te cacher. Jette là au sol en cas de problème. Le disciple crépusculaire buvait les paroles de son maître et n’hésita pas à se saisir de l’objet et à le garder près de lui. Il appréciait être avec Lurdi car il savait qu’il apprendrait des choses nouvelles à chaque fois qu’il le voyait et là, en l’occurrence, en lui donnant cette fiole, il lui donnait aussi l’occasion de l’étudier et de la répliquer. Siruu n’avait pas une intelligence hors normes, mais il savait que le maître empoisonneur ne lui donnerait jamais les ingrédients de ses décoctions et qu’il devait déduire une recette par lui-même.
Edephir, assis, semblait en transe comme s’il méditait. Il localisait plusieurs individus potentiellement éloignés et il ne connaissait pas leur visage ni leurs noms, le procédé était donc long et usant. Après quelques minutes durant lesquelles son énergie magique gravitait autour de lui en oscillant avec le vent, celui-ci rouvrit les yeux.
— Alors ?
Le sorcier maniant des couteaux soufflait fort et suait à grosses gouttes. Il crachait un peu de sang, mais il se reprit vite.
— Derrière ! Edephir reprit ses armes et tenta vainement de se lever. Pendant ce temps les autres membres de ce groupe se saisirent de leur équipement et une mêlée sanglante commença. Amenia fut touchée par une flèche après avoir tué les trois quarts de ses proies d’un seul coup d’épée et elle tomba au sol, laissant Lurdi et Siruu seuls face à trois ennemis. Edephir n’était pas en état de faire quoi que ce soit et le maître empoisonneur lança sur ses adversaires une fiole contenant un liquide semblable à de l’eau. Après quelques secondes, Siruu put voir que cela n’en était pas au vu de la réaction de la victime qui semblait s’être faite ébouillantée. Un sourire s’arracha de la bouche du sorcier qui eut une idée qu’il trouva brillante : le Gumavol, peut-être qu’il pourrait l’utiliser pour distraire ses ennemis ! Se ruant alors sur eux, le flacon tenu dans sa main fermée et en position de coup de poing, il dévissa néanmoins le bouchant avant de le laisser tomber avant d’attaquer. Se décalant alors avant d’utiliser son autre main tenant son arme pour attaquer l’adversaire se trouvant en face de lui, le disciple crépusculaire fut heureux de comprendre que son plan avait marché quand il sentit le sang chaud de sa cible couler sur son masque, s’infiltrant contre la peau de son visage. C’était bon, agréable. À partir de ce moment-là, la mort était un acte magnifique quand elle était donnée selon Siruu. Lui et Lurdi se jetèrent sur l’adversaire en même temps pour en finir avec eux et ce plan brouillon fonctionna par chance. Les deux passionnés de poisons prirent l’argent de leurs cibles avant de partir, laissant Edephir dans la forêt.
— C’était dangereux Siruu ! Ne refais plus jamais ça. Le père de substitution du sorcier s’inquiétait comme tel.
— Je sais. Mais, cette fois, ça a marché, et c’était plutôt drôle. Le disciple crépusculaire souriait. Toutes ces personnes ne reverront plus jamais le jour se lever, et lui, oui.

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Jeu 05 Mai 2016, 14:18

Insaisissables

feat. Jaagd


La jeune femme marchait sur un petit sentier bordé par la forêt. Une légère brise venait caresser le masque qui dissimulait son visage, tandis que ses longs cheveux de jais se faisaient porter par le courant d'air. La bélua appréciait sentir l'air frais caresser sa peau, c'était probablement pour cela qu'elle n'appréciait pas se retrouver enfermée dans un bâtiment. Elle s'arrêta quelques instants se saisissant de sa gourde accrochée à sa ceinture, afin de s'hydrater de quelques gorgées avant de retirer son gant pour verser un peu d'eau dans sa main, à l'attention de son oiseau. Lorsqu'il eut fini de donner ces quelques coups de becs dans l'eau de manière frénétique, la lancière remit son gant et dirigea son regard écarlate sur l'horizon. Les environs étaient calmes, l'on pouvait seulement entendre le vent souffler et les oiseaux chanter. Jaagd observait d'un œil admiratif la beauté de la nature, pourvu qu'elle reste libre, telle qu'elle est. Cela faisait tellement longtemps maintenant qu'elle arpentait les plaines et les forêts qui représentaient si bien le continent naturel, son lieu natal. Bien sûr, il y avait aussi le désert, l'Edelweiss et plein d'autres choses, mais elle n'avait pas foulé de son pied toutes les terres de ce continent. Probablement car elle préférait une température raisonnablement fraîche.


Au bout de quelques longues minutes de rêveries, la jeune femme reprit la marche. A mesure qu'elle avançait, la silhouette de ce qui semblait être un hameaux se dessinait au loin. Tandis qu'elle gardait son objectif en tête, elle jeta un petit coup d’œil sur ses provisions. Elle ne semblait pas manquer de nourriture, mais elle pourrait cependant profiter de ce lieu pour faire une halte afin de se ravitailler en eau. Il devait bien y avoir un puits quelque part, du moins elle l'espérait. Tandis que la marche suivait son cours, sans le moindre trouble, la bélua continuait de scrutait les alentours, et plus particulièrement les abords du village. C'était un lieu tout à fait charmant, et ce petit fragment de civilisation la rendait tout de même moins nerveuse que lorsqu'elle se rendait en ville pour faire des emplettes. De plus, il n'était pas dans son intention de trop s'y attarder. Ses haltes ne duraient jamais longtemps, juste le temps de refaire son stock de vivres et elle reprenait la route. Pour ce qui était du repos, elle dormait à la belle étoile, loin des lieux d'habitations de préférence. Tandis qu'elle approchait pas à pas du hameaux dont elle ignorait encore le nom, elle essayait de calculer le temps qu'elle mettrait pour l'atteindre et combien de temps lui faudrait-il pour le traverser.


Jaagd était le genre de personne qui ne laissait rien au hasard, ne supportant pas l'indécision, elle préférait garder la main-mise sur le déroulement des événements, ce qui faisait de l'imprévu un ennemi tout à fait naturel et désigné. Il n'était plus qu'une question de minutes avant qu'elle n'atteigne sa destination, et elle ne pressait pas plus son pas pour autant, le calme et la sérénité la dominait en ce moment même. Enfin, elle arriva aux portes du village. La lancière leva la tête pour observer un écriteau sur lequel le nom du hameau était inscrit, avant de s'avancer dans celui-ci. Il y avait peut-être une bonne vingtaines de maisons, et pourtant le village était désert. Ce calme plus qu'exagéré interpella la bélua, qui cessa tout mouvement quelques instants passa les environs au peigne fin de son regard. Quelque chose clochait, et elle le savait pertinemment. En temps normal, il n'y avait certes pas grand monde dans ce genre de village, mais tout de même... Il n'y avait pas un chat. Personne. Aucune présence humaine, comme si les lieux avaient été évacués. Le silence qui se fait apprécier en temps normal par la jeune femme la chiffonnait quelques peu sur ce coup-ci. Elle n'aimait tout simplement pas cela.


La bélua avait l'habitude de voyager et lorsque le silence en venait au point de mettre en suspens toute la vie qui avait pu être autrefois présente en ce lieu, cela n'augurait jamais rien de bon. Sa nervosité atteignait un point dangereux, et elle de renoncer à sa halte pour poursuivre sa route. Au vu de la situation, il était préférable d'aller se ravitailler sur le continent du matin calme. Se trouvant à mi-chemin entre Libertas et Avalon, la jeune femme se mit en route pour la ville portuaire la plus proche. La lancière devait traverser une forêt qui s'avérait être épaisse. Fort heureusement, le temps ne lui manquait et il n'y avait nul besoin de presser le pas. Cependant, la vision de ce hameau délaissé la laissait perplexe. Pourquoi n'y avait-il personne... ? Se demandait-elle tandis qu'elle marchait entre les arbres qui se dressaient fièrement. Quelques heures suffirent à la traversée de la forêt et la bélua n'était plus très loin d'Avalon, la ville de tous les pêchés. Cela dit, elle n'y allait guère pour prendre du bon temps, bien au contraire, Jaagd se contenterait seulement de la traverser afin d'y prendre le bateau à destination du continent du matin calme. L'aspect de la ville avait de quoi attirer le regard des personnes venant en quête de quelque chose de précis, ou bien tout simplement pour la visiter. La jeune femme ne savait pas trop où elle allait, n'ayant jamais mis les pieds dans un tel endroit.


Tandis qu'elle s'avançait, les bâtiments défilaient devant son regard écarlate empli de curiosité. Certes, les lieux civilisés la rendaient nerveuse en soi, mais elle ne pouvait empêcher cette soif de savoir d'aiguiller ses pas. Cependant, cette fois-ci sa conscience reprit rapidement le dessus, après tout elle n'était pas venue pour fureter en ce lieu. Au bout de longues minutes de recherches et d'attente, elle pu enfin embarquer sur un bateau à destination du matin calme. La lancière profitait du voyage pour souffler un peu et réfléchir à ce qu'elle avait vu. Elle ne parvenait pas à s'enlever l'idée de l'anormalité du manque de vie dans ce petit hameau, qui paraissait tout à fait normal à première vu, surtout qu'elle n'avait pas remarqué les maux dont il souffrait avant qu'elle n'y mette les pieds. Les secondes, les minutes et bientôt les heures s'écoulaient... Le voyage ne lui paraissait pas durer une éternité, pour une fois. Peut-être car elle avait matière à réfléchir ? Au fond, elle s'en fichait et fit abstraction du temps. Un soupir plus de soulagement que de fatigue se fit entendre lorsque Jaagd posa le pied à terre. Aussitôt la jeune femme se dirigea en direction du quartier commerçant. Elle avait pour habitude de se rendre à une seule et même étale à chaque fois qu'elle se rendait en ville.


Lorsque le marchand aperçut la silhouette armée de la lancière, il agita le bras le sourire aux lèvres. « Bien le bonjour ! Comment allez-vous depuis la dernière fois ? » salua-t-il en levant son chapeau. « Bonjour, auriez-vous un peu d'eau en réserve s'il vous plait ? » demanda la jeune femme en laissant l'interrogation de l'homme en suspens. Ce n'était d'ailleurs pas la première fois, souvent elle ne confirmait jamais son état, même aux personnes qui lui demandaient expressément. « Bien sûr ! Je vais vous en chercher tout de suite ! » répondit-il d'une voix enjouée avant de s'éclipser derrière son étale à la recherche de l'article. L'échange ayant eu lieu, Jaagd ne tarda pas non plus à se retirer vers un endroit qu'elle affectionnait tout particulièrement au sein de cette ville. Le parc. Pas surprenant pour une bélua, qui appréciait la nature où qu'elle allait. Elle s'allongea sur l'herbe au pied d'un saule qui la couvrait de toute ses feuilles, une ombre plus qu'apaisante pour la jeune femme. Elle appréciait particulièrement la beauté des feuilles lorsqu'elle se faisaient traverser par les rayons du soleil. C'était un spectacle magnifique selon elle. Lorsque la tranquilité règne, le danger n'est jamais loin et est prêt à frapper à votre porte à tout moment. Cette phrase était de mise dans ce cas là.


Soudain, une petite lame vint se planter non loin du cou de la lancière qui sursauta à son arrivée. Elle se leva brusquement resserrant son emprise sur sa lance, prête à se défendre. Et c'est là qu'ils apparurent... Un petit groupe se présenta à elle, armés jusqu'aux dents, Jaagd n'avait aucune chance. Ils la surpassaient en nombre et en épées, deux solutions s'offrait à elle : La mort ou la fuite. Bien évidemment, ce fut la deuxième option qui fut choisie. Brusquement, la silhouette de la bélua disparut du champs de vision de ses messieurs interloqué par le fait. Elle venait tout simplement d'utiliser sa téléportation. Veillant à mettre toutes les chances de son côté, elle les enchaînait frénétiquement risquant l'épuisement imminent. Jaagd ne savait pas où aller. Elle ne voulait impliquer personne et les les lieux reculés la condamnaient à une mort certaine. Pour une fois, peut-être pourrait-elle utiliser la foule à son avantage ? Elle se dirigea de nouveau vers la rue commerçante, où les personnes fusaient de tout horizons. La jeune femme ne savait pas si elle parviendrait à se fondre dans ce rassemblement, mais elle n'avait pas le choix non plus. Si ces personnes avaient ne serait-ce que du bon sens, ils ne se risqueront pas à blesser des innocents pour atteindre leur cible. Ce qui fut là encore une erreur, ils semblaient être dénués de tout scrupules lorsqu'ils parcouraient les rues à la rechercher de la lancière. « Où est-elle bon sang ?! » s'exclama l'uns des hommes tandis que les autres scrutaient les alentours de leur regards emplis d'agressivité. La bélua serrait les dents, elle accéléra le pas pour se cacher ce qui ne manqua pas de démarquer sa présence. Aussitôt qu'ils l'aperçurent ils se ruèrent sur elle. « Chopez-là, les gars ! Elle ne doit pas nous échapper ! » hurlait-il. Ce même homme qui prenait la parole, commandant aux autres, il devait probablement être leur chef, sans aucun doute.


Une course poursuite plus qu'infernale s'entama dans les rues de la ville. Hélas, malgré l'endurance de la jeune femme, elle n'avait pas une grande connaissance de cette vite et finit par tomber dans un cul-de-sac. Les hommes la cernaient, ils la tenaient pour de bon. La tension entre les différents individus battait son plein, et la bélua pointait sa lance droit sur ses ravisseurs. Elle ignorait leur motivations, mais une chose était sûre, ils ne comptaient pas la faire prisonnière au vu de leur équipement. L'uns des hommes se précipita sur elle abattant sa lame au niveau de sa tête. La lancière bloqua le coup à l'aide sa hampe. Elle pouvait certes supporter quelques attaques venant d'un seul et même homme, mais s'ils se mettaient tous sur elle, ce serait la fin de sa misérable existence. Rapidement un autre vint y ajouter son grain de sel faisant tournoyer son épée avant de la diriger sur la flanc de la femme qui disparut à nouveau pour apparaître derrière eux. Elle profita de l'effet de surprise pour un assommer un, réduisant de peu le nombre de poursuivants, avant de prendre la poudre d'escampette. « Bordel mais bougez-vous bon sang... ! Poursuivez-là ! » hurlait-il la colère lui montant aux yeux, ignorant l'homme qui s'était fait assommé. Encore une fois, la course reprenait de plus belle.


Jaagd finissait par arriver au port, tandis que ses potentiels assassins la talonnaient. Elle avait espéré qu'un des bateaux soit sur le point de lever l'ancre afin d'embarquer. Malheureusement, ce fameux bateau s'était déjà suffisamment éloigné du quai pour lui passer l'envie de sauter. Encore une fois, elle avait le choix entre deux options : Sa mort imminente qui serait causée par ces hommes ou bien une mort potentielle si elle se jetait à l'eau. Elle ne choisit aucune des deux et préféra utiliser son pouvoir à une fin plutôt surprenante. La bélua voulait se téléporter directement sur la bateau. Elle ne pouvait qu’espérer être assez forte pour l'atteindre. C'était cela ou la mort, le choix fut vite fait. Elle bondit soudainement et disparut des quais. Les hommes pleins de hargne ne purent ni la suivre ni savoir si elle était en vie. Ils ignoraient où elle avait bien pu se téléporter, mais ils se doutaient bien qu'elle ne les avait pas menés au port pour rien. Tandis qu'elle avait espéré que cela fonctionne, eux espérait encore que cela ait échoué. Au risque de les décevoir, la lancière avait réussi son petit coup de ruse mais avait faillie rater sa cible. Tandis que le bateau s'éloignait de plus en plus des côtes, la jeune femme se laissa glisser contre le mas, poussant un long soupir. Une chose était sûre, elle ne remettrait plus les pieds sur ce continent avant un moment, et pour cause, cela relèverait d'un acte purement suicidaire et rien d'autre.


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Mer 11 Mai 2016, 18:21

Jamais jusqu'ici le Bélua ne s'était autant retrouvé dans la mouise. Entre certains sorciers qui étaient encore à ses basques à cause de la perte du Duel pour Lakus et maintenant les membres de son peuple qui voulaient sa mort parce qu'il ne soutenait pas la même cause qu'eux, l'homme-ours trouvait que cela tenait du miracle qu'il soit encore en vie. A cause de toute cette histoire, il avait été obligé de quitté son Domaine et sa Forge pour ne pas mettre les gens qui y habitaient en danger. Il offrait bien évidemment ses services dans les villages où il passait pour ne pas devoir dépendre de la charité des autres. Bien sur, il avait mis du temps à comprendre ce qui se passait réellement. Il avait fallu que deux attaques échouent sur son domaine pour qu'il se rende compte que cela n'était pas uniquement dû à la rancoeur de l'Empereur Noir mais bien à autre chose. La présence d'Orthos avait bien aidé à dérider l'un des assassins pour qu'il dise enfin qui était son commanditaire. Un Fils de la Lune. Parce qu'il était un traître à sa nation.

Le Forgeron ne savait pas combien de personne avaient répondu présentes pour faire ce contrat mais il commençait à fatiguer de devoir toujours être sur le qui vive. Il aurait pu rester chez lui. Sous la protection du Dragon, il n'aurait pas eu grand chose à craindre mais ces gens n'étaient pas des amateurs. Ils auraient fini par s'en prendre à quelqu'un de son entourage pour l'acculer et le faire sortir de sa cachette. Et ça, c'était inadmissible. Il ne pouvait pas plus mettre en danger d'autres gens en allant se réfugier en ville ou quelque chose du genre. Demander protection à sa fille ? Absolument hors de question. Et ce, pour plusieurs raisons. Il y avait évidemment le fait qu'il avait quand même sa fierté et qu'il se voyait mal aller se mettre sous la protection d'un souverain et que ça soit sa fille n'y changerait rien. Et ensuite, il y avait son instinct de père qui ne pouvait décemment pas guider le danger droit chez elle, même si elle était clairement capable de se défendre toute seule.

Non. Il devait se débrouiller seul. Mais il ne pouvait pas passer son temps dehors, dans la nature. Même s'il était débrouillard, il n'était ni chasseur ni trappeur ni garde forestier ni guide ni quoique ce soit qui pourrait l'aider à vivre à la sauvage pendant quelque temps. Et puis, ce n'était pas une vie, en tout cas, pas pour lui. Il avait un métier, une école à gérer. S'il disparaissait trop longtemps, cela serait fâcheux pour tout ce qu'il avait rebâti ses dernières années. Et puis, il fallait qu'il se nourrisse et qu'il trouve quand même un endroit où se poser. Au moins le temps de clairement pouvoir réfléchir à cette situation et aux options qui s'offraient à lui. Et puis, même s'il avait de la résistance, il commençait à être à bout et exténué. S'arrêter une nuit dans une auberge. Juste une nuit et le lendemain, il repartirait. Cela faisait quelques jours qu'il n'y avait eu aucune tentative d'assassinat à son égard et il se disait peut être que finalement, le contrat avait été abandonné. Mais cela ne l'empêchait pas cependant de rester prudent.

Ainsi, bien qu'il ait pris une chambre et commandait un repas, il ne comptait pas réellement s'attarder dans la salle principale. Juste se sustenter avant de remonter dans sa chambre. Moins on le voyait en ce moment, mieux c'était. Comme ça, les gens qui pourraient en avoir après lui aurait plus de mal à le repérer si personne ne pouvait les aider. Enfin, ça, c'était la théorie. La pratique était toujours beaucoup plus compliquée en général. Mais le Forgeron avait tout fait pour ne pas attirer l'attention sur lui et surtout, pour paraître un client comme les autres, que les gens ne remarquaient pas forcément et qu'ils oublieraient rapidement. Être monsieur tout le monde. Dans son coin mais pas trop non plus pour pas que l'on se demande qui était le solitaire. Mais sans pour autant aller se joindre aux joueurs de cartes où à ceux qui chantaient et dansaient en écoutant la petite troupe de musiciens. Juste un type un peu fatigué qui voulait se reposer après une bonne journée.

Et pour être fatigué, ça, il l'était, il n'avait pas besoin de simuler cet état de fait. Il s'était dit qu'il ne devait que dormir d'un œil, à peine somnoler, mais la fatigue pesait lourd sur ses épaules et ses paupières. Et la paillasse lui donnait l'impression d'être la couche d'un palace. Ce fut avec un grognement de satisfaction qu'il s'était étendu dessus, surtout qu'il devait être plus fatigué qu'il ne le pensait car il s'était surpris à quelque peu tanguer quand il avait monté les escaliers pour regagner sa chambre. Et il savait que ce n'était l'alcool qui l'avait mis dans cet état vu qu'il avait à peine touché à sa bière. Mais en même temps, l'idée de tenter de réfléchir lui paraissait à cet instant tellement fatigante qu'il ne chercha pas plus que cela à comprendre ce qui lui arrivait. Pourtant, une part de lui trouvait cela inquiétant. Qu'était-il en train de lui arriver ? Ce n'était pas naturel, cette chape de plomb qui s'abattait sur ses muscles et sur son esprit. Et même s'il tentait de lutter, il perdait du terrain sur l'inconscience.

Quelque chose à la limite de sa conscience attira son attention. Un bruit incongru en provenance de la porte d'entrée de sa chambre. Pour une raison qu'il n'arrivait pas à identifier, la porte était grande ouverte, ballant sur ses gonds comme si quelqu'un avait foncé dedans ou avait tenté de l'arracher. Et un homme se tenait dans l'encadrement, un objet lançant un reflet brillant dans la main. La vue du Bélua n'arrivait pas à se faire nette. Il avait beau cligner des yeux, sa vision restait plus ou moins flou. Et ce fut à cet instant qu'il eut une révélation. On l'avait drogué. Quelqu'un avait réussi à glisser dans sa nourriture ou sa boisson quelque chose. Il ne restait plus qu'à savoir s'il s'agissait juste d'un élément pour le rendre faible ou dans les vapes ou si c'était un poison beaucoup plus virulent. Mais dans ce cas là, pourquoi le type qui avait fait ça se serait-il donné la peine de défoncer la porte de sa chambre et de s'approcher vers lui comme il le faisait à présent avec un couteau ? Ce n'était pas logique. Ce devait donc forcément être quelque chose simplement pour le mettre KO, pour se faciliter la tâche.

L'homme-ours tenta de se lever mais il avait l'impression que ses muscles n'étaient pas plus consistants que du coton et que le monde tournait autour de lui. Il n'avait aucune chance dans un affrontement et son adversaire le savait parfaitement. C'était certainement pour cela qu'il le laissait faire et qu'il se marrait plus qu'autre chose de la situation. Raeden s'était fait avoir en beauté et ne pouvait s'en prendre qu'à lui même. Il aurait dû se montrer plus prudent. Il avait réussi à contrer les autres assassins lancés à ses trousses. Le type en face de lui l'avait appris, il s'y était donc pris d'une autre manière, d'une façon détournée, qui ne nécessite pas un affrontement direct, pas avant que sa cible ne soit déjà bien affaiblie. Peut être que l'Immortel pourrait résister quelques secondes mais si personne ne venait à son secours, la fin de sa vie serait bientôt officielle. Et malheureusement, il était peu probable que quelqu'un vienne à son aide, même si l'ouverture en force de la porte avait certainement fait du bruit. En même temps, si l'assassin n'était pas idiot – et il ne semblait pas l'être – il devait certainement avoir prévu le coup. Peut être avait-il payé les gars de la salle pour qu'ils ne se mêlent pas de la situation.

La lame de l'assassin se levait déjà dans le but de s'abattre quand la vision du métamorphe perçue une nouvelle ombre à l'entrée de la porte. Pour le Bélua, il avait l'impression que tout était en train de se passer au ralenti, mais en même temps, trop rapide pour qu'il comprenne réellement ce qui était en train d'arriver. Un grognement lui emplit les oreilles, suivit d'un cri. Celui de son tueur qui était à présent en train de se vider de son sang par terre, un chien accroché à sa gorge. Et pas n'importe quel chien. Raeden le connaissait … C'était Leaic. Comment l'avait-il retrouvé. En même temps, c'était un canidé et il avait plus d'un atout dans son sac. En tout cas, sa venue venait de lui sauver la vie.


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Dim 15 Mai 2016, 09:15


  L’heure était à la traque. Au gibier, à la potence, à ce qui méritait d’être déchiqueté, avalé, englouti.
  Bien après l’heure tardive, même les comportements les plus bas n’avaient plus leur place. Dans cette nuit sans lune, ils étaient encore trop purs au goût de certains pour se permettre d’exister.
  Les instincts le plus noirs, les plus souterrains et les plus inquiétants étaient à l’œuvre. Et cela ne faisait que commencer, les ténèbres rampant, plus que jamais, dans ces rues commerçantes si différentes et métamorphosées au sein de ce décor orageux.

  Attablé au fond de l’arrière-salle putride d’une auberge encore ouverte, Mihael commençait à sombrer lentement dans un état second. Peu enclin au sommeil et tout à fait inapte à rester debout, il n’était ni tout à fait endormi, ni tout à fait réveillé. La tête enfouie dans son coude, et son capuchon à présent rabattu sur le crâne, le Réprouvé, qui n’avait pas l’air d’en être un, avait d'ailleurs sciemment caché ses ailes antagoniques. On ne voyait de lui qu’une masse informe tassée au fin fond de la salle, face à son verre à moitié vide.
  Non loin de lui, quelques hommes peu recommandables discutaient à voix basse.

« J’vais fermer, messieurs, il se fait tard » lança l’aubergiste à la volée, un torchon à la main.

  Il regagna son comptoir où deux autres hommes l’attendaient pour conclure avec lui la fermeture de ce dépotoir à ivrognes.
  Le jeune homme se redressa péniblement tout en jetant un regard désabusé à son verre. « Encore plein ? » semblait-il dire « Aller, finissons-en une bonne fois pour toute » Dans un dernier élan, Mihael le saisit et le vida d’un trait, rejetant violemment la tête en arrière.
  L’alcool réchauffa tout son corps et descendit en une traînée brûlante le long de sa gorge. Il arbora une mine dégoûtée tout en reposant le verre sur la table dans un bruit sourd.

« … ttez ! C’est pas l’moment d’rigoler, si tu crois que j’suis venu pour parler chiffons, tu peux aller te faire voir ! »

  Le Réprouva arqua un sourcil, lassé. Des bruits se faisaient entendre et provenaient de la pièce principale. A moins que ses propres voix n’eussent décidé de lui jouer encore un tour ? Il jeta un regard en direction des hommes qui lorgnaient la salle principale : leur attitude rassura Mihael. Ce dernier se leva en titubant quelques instants avant qu’il reprenne calmement ses esprits. C’était le moment de prendre pleinement le contrôle sur son corps, et ce, rapidement. Sinon, les hommes étranges qui le regardaient à présent viendraient probablement lui chercher des noises, un comportement somme toute naturel à cette heure de la nuit.
  Il se dirigea d’un pas assuré jusque dans l’autre pièce et tomba nez à nez sur plusieurs paires d’yeux qui fixaient son capuchon noir en silence.

« Un problème ? » murmura Mihael après un moment, le cœur battant.
« Décline ton identité, jeune galeux. Et c’est pas l’moment de plaisanter, on n’a pas l’temps ! »

  Dans quoi s’était-il fourré ? La porte était encore grande ouverte sur l’obscurité de la ruelle. Quelques instants suffirent pour que Mihael aperçoive les paires d’ailes rachitiques dans le dos des hommes, légèrement dissimulées derrière leur accoutrement bien étrange.

« Alors ?! Dépêche-toi donc ! » gueula l’autre en le menaçant déjà de son épée.
« Cole. Je suis un démon » fit-il en toussotant et en enlevant un pan de sa cape. « Vous m’excuserez de ne pas ôter l’intégralité de mes effets personnels, mais je suis un peu fiévreux, et la porte est restée ouverte, alors… »

  Il dévoila uniquement son aile rachitique dans un froissement d’étoffe. Il releva le menton, sa cicatrice à l’œil gauche, à présent dévoilée, apparaissant clairement à la lumière des bougies. Les yeux encore vitreux, le jeune Réprouvé fixa calmement les deux démons face à lui.

« Cole ? »
« Ouais, j’en ai entendu parler. ‘Paraît qu’il est revenu y a pas longtemps, j’pensais que c’était des c*nn*ries, il avait soi-disant décidé de partir à la recherche des fragments… »
« Bon, bon, tu peux te rhabiller Cole » fit le démon un peu rassuré. « J’ai une mission pour toi, et tu vas nous accompagner »

  Pardon ?

« Une mission ? » demanda Mihael.
« Ouais. L’ordre vient d’en haut. Dehors, ça sent la poudre à canon et les lames d’acier tout juste sorties du corps des traîtres à la patrie. On est là pour les traquer et leur faire bien comprendre qui fait la loi ici. »

Un rire gras sorti du gosier du démon qui venait de parler. Le Réprouvé refoula un léger rictus de dégoût avant de poursuivre :

« Si je comprends bien, je suis censé vous suivre afin de… »
« De lacérer ces fils de chiens qui ont mis en péril notre honneur, exactement ! T’as pas l’air très finaud, toi. Tant mieux, ce s’ra plus simple pour te faire obéir aux ordres. » Il renifla bruyamment avant de reprendre : « On les a localisé pas loin d’ici, ils pensent être peinards, ils ont pas encore goûté à la fraîcheur de not’ lame ! »
« En parlant d’ça, t’as bien des armes sur toi ? Un démon se balade jamais sans ses précieux jouets. Tu vas en avoir besoin. Alors, si c’est pas l’cas, t’as intérêt à te dépêcher pour les récupérer. L’temps presse. »
« Inutile d’attendre, dans ce cas. Je possède des couteaux de lancer, et un Nagaïka. »

  Il tendit ses armes à la lumière des bougies, tout juste sous les yeux des deux démons. L’un d'eux examina rapidement le fouet et acquiesça calmement.
  Mihael ne comprenait strictement rien à la situation, il s’était embarqué dans une histoire qui le dépassait, radicalement. Un Réprouvé fricotant avec des Démons, quelle aubaine ! S’ils apprenaient qu’il leur avait menti, ce serait probablement lui, le gibier à traquer. Mais il était inutile de se laisser aller à la moindre élucubration du genre.
  Il remercia son vieil ami Cole, un ivrogne au tempérament curieux qu’il avait rencontré dans une des auberges de Stenfek. Ce bon vivant lui avait tant parlé de lui que Mihael connaissait presque l’intégralité de sa vie du bout des ailes. Il lui devait une fière chandelle à présent.

« Eh là, vous serez bien gentils de décliner vos identités, messieurs » déclara le Démon qui s’était positionné à la hauteur du Réprouvé.

  Ce dernier se retourna et fit face aux trois hommes qui murmuraient tout à l’heure dans l’arrière-salle de la taverne. L’un d’eux, plus avancé que les autres, toisa rapidement le Démon avant de reporter son attention sur le patron :

« Tenez, on vous laisse un petit pourboire. Vous en faites pas, c’est tout pour nous aujourd’hui, mon brave ! » fit-il en souriant, charismatique. « Excusez-nous messieurs, mes amis et moi-même sommes fatigués et notre auberge n’est pas loin. Nous avons fait de la route, alors vous serez gentils de… »

  Mais son visage se liquéfia lorsque ses yeux s’arrêtèrent sur l’entrée de l’auberge. La patrouille constituée d’autres Démons avait rejoint leurs collègues et l’un d’entre eux brandissait une affiche en clamant :

« Ça y est les gars, on a finalement réussi à se faire faire parvenir un portrait des individus qu’on recherche. »

  Il n’eut pas le temps d’enchaîner une autre phrase que les masques tombaient déjà. Les deux hommes de l’arrière-salle se jetèrent sur le Démon et le poignardèrent juste avant de se hâter vers la porte, bousculant leurs autres collègues qui venaient d’arriver. Mihael resta bouche-bée tandis que le corps de son soi-disant supérieur tombait dans ses bras.
  Le reste se passa très vite. Tandis que l’homme qui devait être leur chef se jetait à son tour sur l’autre Démon, Mihael eut tout juste l’ouïe nécessaire pour l’entendre dire :

« C’est vraiment pas beau de mentir à ton âge, jeune Réprouvé. On reviendra te régler ton compte, à toi aussi. »

  Des grognements étouffés parvinrent à ses oreilles tandis que le patron et ses convives commençaient à gueuler :

« Mais qu’est-ce que t’attends ?! Rattrape-les, abruti ! »

  Mihael acquiesça, sonné. Il reposa le corps du Démon ensanglanté contre un tabouret et couru pour rattraper l’homme qui venait de s’échapper par la porte grande ouverte. Les Démons s’étaient lancés à la poursuite des trois hommes qui partaient tous les trois dans des directions différentes.
  Le souffle de la nuit noire vint lui gifler le visage tandis qu’on lui criait :

« Toi là-bas, suis-moi, on va les rattraper et en faire de la bouillie ! Prends la gauche, LA GAUCHE ! » hurla-t-il de nouveau.

  Il n’avait plus le temps de réfléchir. Les sens de nouveau en alerte, le Réprouvé le suivit en hâte, portant la main à sa ceinture. Il était préférable d’utiliser ses couteaux de lancer afin d’atteindre la cible, qui déjà, les distançaient d’un bon mètre. Le premier couteau rata. Le deuxième également.

« Par Satan, mais… qu’est-ce qu’ils… ont fait… en te recrutant… ? » souffla l’autre, toujours à la poursuite du type. « Donne-moi ça ! »

  Le couteau lancé de la main très adroite du Démon arriva tout droit dans le bas de la cuisse du fugitif, qui s’écroula quelques mètres après. Arrivés à sa hauteur, Mihael et le Démon le jaugèrent, un peu essoufflés.

« Pas de doute, c’est bien l’un des leurs. Tiens, tu vas finir ton boulot avant qu’on ne retrouve les autres. » Le Démon lui tendit le couteau qu’il venait d’ôter de la cuisse du type. « Toi mon joli, tu vas faire de très beaux rêves cette nuit… »

  Mihael avait pris son Nagaïka en main et commençait à le dérouler calmement tandis que son Démon intérieur faisait des ravages au sein même de son esprit malade.

« Alors comme ça, tu vas tuer un homme ce soir ? J’espère que tu es bien conscient de ce que tu fais, mon beau. Car il n’y aura plus de retour en arrière. Néanmoins, tu connaîtras l’extase de la mort qui vient doucement se loger entre tes mains… » La voix suave et mielleuse à souhait, le narguait sans conteste.

« Alors qu’est-ce que t’attends ? »

  Le Démon venait d’asseoir le fuyard à genoux, maintenant fermement son corps entre ses bras de géant. L’homme étouffait des cris atroces, ponctuées de paroles insensées. Mihael lança son Nagaïka qui vint s’enrouler autour du cou de sa victime.
  Au contact du verre pilé à l’intérieur du fouet, l’homme hurla de douleur, ne pouvant porter ses mains à son cou sous la pression des mains du Démon.

« Attendez ! … Attendez, je vous en prie… ! Ce mec là… » cria-t-il en regardant Mihael « c’est un… »

« A présent, serre, bien fort »

  Le Réprouvé sentit ses yeux lui sortir des orbites tandis qu’une vague de violence se répandissait dans tout son corps. Il obéit à l’instant même où la voix lui demanda de serrer. A l’autre bout du fouet, l’homme se débattait avec hargne, les yeux injectés de sang, la bouche grande ouverte. Son souffle s’éteignait, lentement.

« Ressens donc cette force qui s’empare de toi, Mihael. Ne vois-tu pas comme il est simple d’ôter la vie d’un homme ? »

« La ferme » grogna-t-il entre ses dents.

  Il força de nouveau, une toute dernière fois, avant d’être certain que l’homme était bien mort. La gorge sèche et le souffle court, le Réprouvé lâcha brusquement le Nagaïka, en proie à des tremblements incontrôlables.

« Aller, un d’moins. Faut qu’on r’trouve les autres, ressaisis-toi » dit-il en lui tapotant sur le dos.

  Il se lançait déjà à la poursuite des autres évadés, laissant Mihael face au corps inerte dont il avait pris la vie.
  Cette nuit là, il erra longuement dans les ruelles de la capitale, les yeux grands ouverts, dès lors tout à fait incapable de trouver le sommeil.




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Mar 17 Mai 2016, 01:12




Insaisissables | Event




Elle s'était forcée à croquer dans une pomme, à bout de forces, et quand le jus du fruit explosa en bouche, elle recracha tout, blanche comme un linge. Non, décidément, cette nourriture était une torture.

« Fais un effort, m*rde! »
Jathu avait une façon bien particulière d'encourager.

Lorelaï fit la moue, profondément dégoûtée. Son ventre tordu n'osait même plus manifester sa faim tant l'idée d'accueillir une telle immondice le répugnait.

« Je peux pas. »

« On est en ville, ma cocotte, tu n'auras pas de sang avant notre prochain départ. Il faut que tu manges quelque chose. »


Se nourrir d'autre chose que de sang, se nourrir de ce que le commun des mortels pense comestible, était équivalent, pour elle, à avaler un tas d'excréments. L'odeur la faisait perdre pied, le goût la rendait malade, et les souvenirs les plus atroces lui revenaient en mémoire – impliquant celles et ceux qui avaient osé refuser, écraser l'essence même de son identité.

« Pas de... pas de sang avant... » répéta-t-elle tout haut, serrant la pomme entre ses longs doigts.

C'était la première fois depuis le début de son voyage qu'elle mettait les pieds en ville. La Nature l'avait habituée à dormir dehors, à se nourrir des petits animaux que Jathu chassait, à sentir la terre froide, la pierre rêche sous ses pieds... Ce que l'on nomme plus communément “civilisation”, Lorelaï l'avait perdu de vue. Physiquement, elle ne ressemblait plus qu'à une vulgaire sauvageonne encrassée et sans le sou – ce qu'elle était devenue, d'ailleurs. Si l'on prenait ne serait-ce que le temps de la regarder en la croisant, on lui conférait volontiers le statut de mendiante, et on ne cherchait pas plus loin. Sans argent, il était possible de survivre dans la nature, si l'on était pas trop exigent, mais ici, en ville, les choses semblaient être tout autre : on vous bousculait, on vous crachait dessus, on vous cassait les oreilles, on réduisait votre espace intime à néant, et surtout, il fallait payer, payer sans cesse, payer pour tout.

Cette pomme qui la dégoûtait tant, elle l'avait volée sur un étalage, aussi discrètement que possible. Ils s'étaient ensuite assis parterre, contre un mur, là où les odeurs d'urine étaient les moins fortes. C'est dire, ces odeurs la répugnaient moins que ce fruit qu'elle prétendait fixer, le regard aussi vide que son estomac.

« Allez, croque et avale ! »
grogna Jathu, qui se faisait les dents sur un os qu'il avait trouvé parterre près des étals de viande.

Elle prit une bouffée d'air et ferma les yeux, prête à s'y remettre, comme si ces réflexes ridicules allaient l'aider d'une quelconque façon.

« J'ai du mal à croire qu'une jeune femme aussi mignonne que toi puisse être dans cet état-là.»

Surprise, Lorelaï leva la tête machinalement, bien que ses yeux éteints ne lui permette pas de voir qui lui parlait. C'était la voix d'un homme, assez assurée, qui lui venait d'assez haut pour qu'elle devine sa grande taille.

« Ah. » fit-il, signe qu'il avait saisi l'ampleur de son handicap.

Elle ne réussit pas à répondre tout de suite. Jathu ne se privait pas, d'ailleurs, d'assaillir sa tête de commentaires :

« C'est un homme qui a l'air tout à fait propre sur lui. Grand, costaud, blond, yeux verts. Vêtements de qualité, bien coiffé... il a de l'argent. Il faut en profiter, Lorelaï. »


Les petites narines de la jeune femme avaient, en effet, perçu une odeur suave de parfum émaner de l'individu, signe d'une richesse certaine.

« Je ne l'ai pas choisi, vous savez. » murmura-t-elle, tentant de paraître le plus pitoyable possible. Elle devait réussir à obtenir de la part de cet homme ne serait-ce qu'une ou deux pièces d'or, afin de leur assurer au moins une nuit à l'auberge.

L'homme soupira.

« Je ne peux pas te laisser comme ça. Viens chez moi, je te donnerai de quoi te laver et souper pour ce soir. La chambre de ma fille est vide en ce moment, tu pourras l'occuper cette nuit. »

Abasourdie, la bouche de Lorelaï s'ouvrit en grand. Un spasme de bonheur la prit, alors qu'elle réalisait la proposition qu'on venait de lui faire.

« Mais... Je ne peux p... »

« Es-tu réellement en position de négocier ? » s'amusa le sauveteur.

« Allez, sois raisonnable. Je vais t'aider à te relever. » ajouta-t-il, lui signifiant qu'il lui tendait la main, et qu'elle devait la saisir.

Soit. Elle aurait été folle de refuser une occasion pareille, et, à défaut d'avoir le festin qu'elle aurait souhaité, elle pourrait néanmoins dormir dans des draps propres. Sa main saisit donc celle de son interlocuteur et elle se releva au prix d'un certain effort.

« Ah, le clébard vient aussi ? »

Jathu sortit les crocs et se mit à grogner.

« Euh... oui. C'est... mon ami. Nous sommes inséparables. »

L'homme rit de plus belle.

« D'accord, d'accord, mais il dormira dehors. »


Ellipse


Les volutes de vapeur odorantes lui procurèrent une immense sensation de bien-être. Cela faisait une éternité qu'elle n'avait pas pris de bain. En voyage, elle pouvait passer plusieurs jours sans se laver, jusqu'à trouver une source suffisamment à l'abri des regards, Jathu occupant le poste de guet. Aujourd'hui, on lui offrait de l'eau chaude, du savon et des serviettes tièdes. Elle était aux anges, bien qu'un peu chagrinée à l'idée de laisser le renard seul, dehors, loin de ce confort inespéré. Il ne méritait pas d'être rejeté de la sorte, mais elle n'avait pas eu le choix.

« Ah, te voilà ! Klara nous a préparé un délicieux filet de Chenaren aux pommes cuites. » annonça son hôte, lorsqu'elle vint le rejoindre. Lorelaï eut un haut-le-cœur discret en découvrant le repas. Elle se rendit alors compte du pétrin dans lequel elle s'était fourré : avaler ne serait-ce qu'une bouchée de ce qu'il qualifiait de festin la terrifiait. Et pourtant, il allait falloir assumer son rôle de mendiante affamée, si elle voulait rester crédible.

Il lui tira une chaise pour la guider et l'inviter à s'asseoir. Tremblotante, elle attrapa machinalement ses couverts, le teint blafard, envahie de terribles souvenirs de repas familiaux.

« Tu n'as pas l'air très en forme. Mange, ça te fera du bien. » déclara celui qui l'accueillait, tout en faisant cliqueter ses couverts d'argent dans son assiette.

Un silence pesant s'installa. C'était étrange, mais même sans le soutien visuel de Jathu, elle sentait l'homme la fixer lourdement, comme s'il guettait quelque chose. La mort dans l'âme, Lorelaï mit un morceau de viande cuite dans sa bouche et fit tout l'effort du monde pour le mastiquer.

« Tu n'aimes pas ? Je pensais pourtant bien faire, j'ai cru que tu aimais les pommes. »

« Oh... Si, si. J'ai perdu l'habitude, c'est tout. » Sur ce, elle avala sa bouchée et tenta un sourire.

« Je vois. Comment t'appelles-tu, d'ailleurs ? »

« Lorelaï. » Elle avait répondu spontanément à la question, sans réfléchir.

« Oh. C'est un... joli prénom. » L'homme but une gorgée de ce qui devait être du vin. « Pour ma part, je m'appelle Lance Wilmer. Mais tu peux m'appeler Lance. Je suis un lointain parent de Lame Wilmer, le Réalisateur du Théâtre des Cauchemars, tu en as entendu parler, peut-être ? »

Lorelaï fit un signe négatif de la tête. La voix de Lance avait subrepticement changé, elle y percevait comme une pointe de cynisme mauvais.

« Et d'où viens-tu... Lorelaï ? »

« D'Utopia. » Elle déglutit, et feignit de couper un morceau de viande qui était, en réalité, déjà entièrement détaché de son steak.

« Je vois, je vois. » Lance eut une sorte de rictus. « Et qu'est-ce qu'une... humaine fait si loin des siens, seule et abandonnée à elle-même dans les rues commerçantes, hmm ? »

« J'imagine que cela ne vous regarde pas. » Ne sachant où la mènerait cette pointe d'impertinence, elle porta un nouveau morceau dans sa bouche, froid, et son visage tourna au vert.

C'est alors qu'elle sentit un souffle chaud dans sa nuque et, sans qu'elle ne pusse faire quoique ce soit, la grande main de Lance s'était posée sur sa gorge, afin de la maintenir contre le dossier de la chaise.

« C'est très mal de mentir, ne te l'a-t-on donc jamais appris ? » lui murmura-t-il, tout près de l'oreille. Elle fut parcourue de frissons intenses et manqua de s'étouffer avec le morceau de viande. Il resserra un peu plus son étreinte autour de sa gorge, et, cette fois, Lorelaï suffoqua.

« Pauvre enfant, tu as avalé de travers... Tu aurais peut-être préféré autre chose ? Quelque chose de moins... hm solide ? Du sang, peut-être ? » Sur ces paroles suaves, il lui mordit l'oreille si fort qu'il en coula un flot de sang tiède le long de sa nuque. Lorelaï gémit et tenta de cracher la nourriture qu'elle avait coincée dans la gorge. C'est alors qu'elle invoqua sa maîtrise du sang, qu'elle savait enfouie au fond de ses entrailles. De son sang naquit des clous à l'embout mordant, qui vinrent se loger dans l'épaule de son assaillant. La douleur lui arracha un cri et son visage défiguré par la haine s'empourpra. « Traître à ta race. » siffla-t-il ensuite, avant de la pousser violemment parterre.

Elle toussa plusieurs fois jusqu'à ce qu'elle parvienne à extraire définitivement le morceau de sa bouche. Une main portée à son oreille, la jeune femme écarquillait les yeux de surprise, tétanisée, reprenant haleine.

« Comment vous... Comment avez-vous... ? »

« Tes pensées sont mes pensées, Lorelaï. » Un rictus s'échappa à nouveau de ses lèvres. Il puait l'orgueil. « Je sais tout de toi, maintenant. Quel dommage. »

Une forte poigne la saisit ensuite par les épaules et la hissa jusqu'à décoller ses pieds du sol. Elle sentit les secousses d'une descente d'escalier puis, on ouvrit une porte et on la jeta brutalement dans une pièce au sol dallé de pierres froides.

« Ne t'en fais pas, je ne te garderai pas longtemps ici. Avec la frimousse que tu as, je n'aurais pas de mal à te vendre rapidement. » cracha Lance, sous un bruit de clé que l'on tourne dans la serrure.

Des pas triomphants qui remontent les escaliers. Puis, le vide, triste et silencieux.

Lorelaï resta immobile de longues secondes, au sol, sans plus sentir sa blessure à l'oreille ni ses hématomes. Elle mit un temps avant de réaliser ce qu'il venait de lui arriver et lorsque ce fut le cas, elle poussa un cri à la connotation démentielle avant de s'effondrer, sanglotant.

On l'avait enfermée. A nouveau.


Ellipse


Un bruit de clé dans la serrure la dressa sur ses pattes. Son cœur battait la chamade. Déjà ? Il lui était difficile de garder une notion du temps cohérente, mais il lui semblait tout de même qu'il faisait encore nuit. Venait-il déjà la chercher ? Était-ce possible qu'il ait trouvé acheteur avant le lever du jour ? Ou venait-il simplement la tourmenter ? Elle avait eu beau réfléchir à un plan pour s'enfuir, elle était encore trop faible, trop impuissante – et bien trop aveugle par-dessus le marché – pour oser se mesurer à un homme de cette trempe. Il ne lui restait plus que l'espoir d'un miracle.

Un bruit la fit sursauter. On venait de lui jeter du matériel aux pieds. Hésitante, la sorcière approcha ses mains et toucha l'offrande. Ses armes ! On lui rendait ses armes !

« Récupère tes affaires et va-t-en. » lui ordonna une voix féminine et autoritaire.

Elle n'y croyait qu'à moitié, mais ne se fit pas prier. Une fois ses armes remises à leur place, elle se leva et se dirigea maladroitement vers la sortie, là où la voix s'était adressée à elle.

« Vous me laissez partir ? Comme ça ? Mais qui êtes-vous ? »

« Je m'appelle Klara. Je suis en charge des tâches ménagères de la maison. » articula-t-elle, comme s'il s'agissait d'une situation tout à fait normale.

« Mais il va vous... »

« Ne t'en fais vraiment pas pour moi. Il m'en voudra, c'est sûr, mais pas éternellement. Ce serait fâcheux, l'éternité est si abominablement longue... »

Un peu perchée la Klara, peut-être. Ou alors entretenait-elle d'assez bonnes relations avec ce Lance – qu'elle venait pourtant de trahir allègrement – pour se permettre de craindre si peu son courroux.

« Pourquoi faites-vous ça ? »

« Parce que je n'aime pas l'idée de gâcher la vie d'un autre pour son propre plaisir. J'en sais suffisamment sur la question. Maintenant arrête de parler et va-t-en. Lance est sous hypnose, et ça, ce n'est malheureusement pas éternel. Ton compagnon t'attend dehors. » Sur ce, elle la poussa d'un coup sec dans le dos vers les escaliers grinçants.

Retrouvant l'air frais et familier de l'aube, elle fut envahie d'un soulagement presque enivrant, savourant à nouveau cette liberté qu'on avait failli lui enlever.

« Monte sur mon dos, vite ! »


La voix expéditive de Jathu aussi, lui avait manqué. Ce dernier ne lui ayant d'ailleurs jamais proposé de monter sur son dos, devait être un peu heureux de la retrouver, au fond. Enfin – il s'agissait là principalement d'une urgence, et la faiblesse de Lorelaï ne lui permettrait pas de gagner assez de terrain.

C'est ainsi qu'à dos de renard, elle s'éloignait de la maison de cet homme avec, au cœur, un ressentiment si puissant qu'il se trouva rongé par l'envie dévorante de vengeance : aujourd'hui, et pour la première fois, elle s'était fait un ennemi.




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Mer 18 Mai 2016, 23:55

「 Insaisissables 」

Patte de velours sur sol boueux.
Le pas suivant se trouva coupable de l'écrasement d'un os délaissé là, probablement par un propriétaire malchanceux. Un animal à en juger l'incurvation de ce bout de squelette. Le lynx feula d'amusement. Dans un excès d'arrogance - oui, le le félin se soumettait de son plein gré au pêché d'Orgueil - l'animal Totem se considérait intouchable par sa magnificence et l'aura de danger qu'il dégageait : la plupart des gens fuyait devant sa route ou bien le lynx battait en retraite lorsque son instinct subodorait un obstacle plus puissant que lui. Orgueilleux mais pas suicidaire non plus.
Sans accorder davantage son attention et son temps précieux de liberté, il poursuivit sa route s'en arrêter sur un rythme lascif, ses mouvements lancinants inspirants une sérénité majestueuse.

Son flegme décontracté relevait toutefois de l'émotion feinte. Il chassait... Mais il ne chassait pas n'importe qui. Ou n'importe quoi.
La nuit était tombée depuis quelques temps, le lynx le sentait même s'il ne parvenait pas à mettre une durée depuis l'apparition de la Lune. Nonchalant dans ce cimetière, comme si le danger ne guettait pas derrière chaque stèle commémorative, le félin releva son museau pour caresser l'Astre de ses pupilles pâle en un regard languissant frôlant dangereusement libidineux. Le concept d'âme lui était totalement superflu et surtout inconnu, mais le lynx offrait non sans mal ses pensées et son souffle de vie à la Déesse de la Nature, la mystérieuse Phoebe. Les bipèdes pouvaient penser ce qu'ils souhaitaient. Lui, en tant qu'animal, ressentait directement le lien qui unissait tous les amoureux de la Nature mère. Même si ce lien ne l'empêchait nullement de savourer un délicieux louveteau, savoureux à souhait, de temps à autres.

Et l'Okatsune, compagnon de la jeune femme chétive qui l'abritait en son sein, n'était pas là pour rappeler la définition du mot Sagesse. Leur relation avait considérablement progressé depuis quelques temps, s'améliorant vers une entente cordiale, même si le lynx répugnait encore à le glorifier du fameux statut, titre, d'allié. Le félin des neiges était trop condescendant et impérieux pour perdre son temps dans ses futilités...

Dédiant une dernière pensée à la Déesse Phoebe, le lynx se remit en route en ronronnant, heureux de sa libératrice solitude. Seul, il l'était. Réjoui, il l'était.

La chasse pouvait commencer...



[LDM Avril/Mai] | Insaisissables [EVENT] - Page 2 523865Arabesques


Le bordel pouvait commencer...
La conscience d'Eärhyë, enfouie dans les tréfonds de ce corps certes somptueux mais non pas moins limité, grimaçait à la simple idée de ce que le Lynx, cette Bête comme elle l'appelait dans un temps pas encore si lointain que cela, s'apprêtait à commettre malgré son aval.



Elle était arrivée en ville plus tôt dans la journée, avec cette irritante impression d'avoir fait une bêtise. Elle ne le savait pas encore, mais le mot était faible pour qualifier le merdier dans lequel elle venait de poser les pieds. Mais elle allait s'en rendre compte rapidement...

Difficile de juger l'atmosphère ambiant alors qu'elle pénétrait dans la cité. Si on mettait de côté le mutisme des habitants, apparemment tous foudroyés par une épidémie d'asphasie, la jeune femme aurait pu croire le coin chaleureux.
Elle déchanta rapidement, alors que ses premières heures de découverte avaient déroulé leur fil, alors qu'elle se faisait embarquée brusquement par un homme qui la conduisait dans une ruelle plus sombre que ses comparses.


Hey ! s'était-elle écriée alors que sa conscience soufflait en parallèle un discret "heureusement que le Lynx dort, il aurait déjà perdu sa main sinon...".

Tu en es une, n'est-ce pas ? la brusqua-t-il en resserrant ses doigts sur son bras.

Le premier réflexe d'Eärhyë fut d'essayer de se dégager. Peine perdue, ce kidnappeur était doté d'une poigne d'acier.


Si tu parles d'une fille qui procure des douceurs en contrepartie d'une gratification, tu te fourres le doigt dans.... l'oeil, cracha-t-elle en contenant sa grossièreté à grande peine, à défaut de son agressivité. C'était son droit d'être aigre, vu le comportement qu'elle était obligée de subir à chaque fois qu'elle posait un malheureux orteil dans une ville. Pas particulièrement égocentrique, la belle blonde, simplement et tristement réaliste...

Le visage de l'homme se décomposa, et l'effet se surprise s'invita dans l'esprit de cet étrange duo.

Tu n'es donc pas au courant ? bredouilla-t-il avec difficulté.

Mais qu'est-ce qu'il me veut, à la fin ?! s'énerva Eärhyë, faisant ouvrir un oeil engourdi voire apathique du Lynx blotti en elle.


Au courant de quoi ? demanda-t-elle en inspirant profondément dans une tentative dérisoire de se calmer.

Sympan... Les traîtres... Tu es une Bélua... N'est-ce pas ?

Bien sûr, ses oreilles couverts de poils félins l'avaient trahie. Eärhyë n'y prêta même pas attention, subjuguée par le tableau accablant auquel elle faisait face. De l'espoir crédible oscillait dans les prunelles de l'homme, une lueur de crainte aussi. Une illumination assaillit enfin la jeune femme et elle dut s'adosser au mur pour maintenant son équilibre, alors que son vis-à-vis l'avait enfin relâchée.

Depuis quand ? demanda-t-elle simplement en fronçant les sourcils. Elle connaissait les conflits entre les pro-Sympan et les Aetheri, ces traîtres au Créateur. Eärhyë ne voulait pas tremper dans ses querelles entre camp, mais les choses ne tournaient pas comme il le fallait et une implication semblait à présent inévitable.

Quelques jours...

La Bélua avait hoché en apprenant cela. Puis, demandant simplement les lieux où les traites se dégotaient plus facilement et essuyant naturellement un "Je ne sais pas", elle avait assuré qu'elle ne partirait pas tant qu'elle n'en aurait pas occis quelques uns.
Puis elle s'était éloignée, la tête dirigée vers le sol. Mon gros pépère, j'ai du travail pour toi... L'interpellé ouvrit les deux yeux sans se faire désirer et se redressa brusquement, montrant son attention.

Eärhyë déambula dans quelques ruelles, obliqua dans un cul de sac désert.
Un bref cri de douleur résonna dans la noirceur.
La jeune femme ne maîtrisait plus les commandes.



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Le lynx avait quitté le cimetière en feulant d'irritation.
Il avait escompté trouver une proie dans ce lieu si reculé, si sombre, si parfait pour s'adonner à la chasse. Mais aucun sang chaud n'avait daigné montrer signe de vie, ce qui n'était pas forcément surprenant dans un tel lieu.

Allant d'un bon pas, sinuant dans les ruelles tortueuses, le lynx flairait. Aucun empressement ne semblait taquiner son ego de chasseur. Son entrée en scène avait été souhaitée et la jeune femme frêle qui le couvait ne reprendrait les rênes seulement lorsqu'il aurait assouvi sa soif de sang. Que sa mission s'étale sur cette seule nuit ou sur une semaine, le principal était qu'il n'échouasse point.



Ce ne fut que la nuit suivante qu'il dénicha l'objet de ses désirs.
Le Lynx s'était réfugié dans les bas-fonds de la ville afin de passer inaperçu. Cette première nuit de repérage, quoique vide de proie, avait tout de même été bénéfique. Il avait pris la température, et les émotions contradictoires qu'il ressentait lui prodiguaient l'impression de se blottir en pleine scène de combats. Exultation et crainte. Douleur et soif de sang. Tous les antonymes pouvaient être de sortis du moment qu'ils évoquaient la terreur d'être découvert et le besoin de vengeance.
Mais cette seconde nuit, c'est avant tout ce flux de crainte que renifla le Lynx sur une piste encore chaude. Remontant le chemin vers le Peureux, comme le félin n'aurait pas manqué de le qualifier s'il avait la capacité de formuler des phrases, il perçut des relents de magie et resta donc caché dans l'ombre, désireux de ne pas se trahir bêtement. La magie était synonyme de fourberie, il l'avait appris presque à ses dépens.

Le Lynx savait pourtant qu'il ne fallait pas tarder à attaquer, au risque que le félon décèle sa présence.
Alors ses muscles se ramassèrent, son ventre frôla le sol boueux après une pluie annonciatrice de malheurs. Puis la tension engorgée se relâcha brusquement alors que le félin rejoignit en quelques bonds silencieux vers le dos de sa cible, griffes et crocs en avant.

Un cri de douleur, presque inhumain, déchira le voile de tension de cette nuit trouble.



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Oui, son Lynx avait accompli "l'objet de ses désirs". Mais à quel prix ?
L'amertume agressait les traits du visage d'Eärhyê tandis qu'elle s'armait de son gant de griffes et attrapait sa dague de sa main libre, alors même que son visage et le haut de son buste étaient encore recouverts de sang frais, son fléau avec son statut. Étrangement, quand le Lynx chassait sans se débarbouiller ensuite, son "réveil" partageait son état ensanglanté...

Le félin l'avait reconduite au lieu de sa première métamorphose afin qu'elle puisse récupérer ses armes et son sac de voyage. Malheureusement, recouverte de sang comme elle l'était, elle ne s'était pas résolue à se rhabiller afin de ne pas salir ses vêtements.
La Bélua avançait ainsi dans les ombres de la nuit, espérant ne pas se faire repérer. C'était peine perdue dans des temps si sombres.


Hé ! Mate-ça Landro ! croassa une grande gueule.
Ouais, on a tiré le gros lot, ch''crois bien ! rigola le prénommé Landro.
Pas de temps à perdre, les rigolos, soupira la jeune Blonde.
Tu crois qu'on te laisse le choix ?
C'est plutôt l'inverse. Je vous laisse le choix de partir ou je vous émascule...

Un ronronnement du Lynx approuva sa verve.
Les rires accueillirent sa proposition.
Eärhyë soupira, posa son sac de voyage un peu plus loin et revint en armant son gant de griffes, son arme fétiche. Après quelques échanges de coups et des cris de douleur des deux côtés, la jeune Bélua tint sa promesse, repartant néanmoins avec une arcade sourcilière et une lèvre ouvertes. Elle observait les deux hommes évanouis, grimaçante. Je ne saurais même pas s'ils étaient des traîtres, eux aussi... Dommage.


Il est temps de filer d'ici avant de susciter davantage de convoitise...


Une ombre dans la nuit quitta la ville sans un regard en arrière.

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Sam 21 Mai 2016, 17:12

« Une chasse est organisée demain soir, mon cher. Je ne doute pas de votre envie d’y participer. »

« Ce serait mal me connaître que de supposer le contraire. Puis-je savoir quel en sera le cadre ? »

« Vous vous êtes déjà rendu dans l’Edelweiss, n’est-ce-pas ? La montagne sera un lieu assez prisé pour l’expédition de ce soir. »

« Une expédition ! Voilà un bien grand mot. Combien seront de la partie ? »

« Du côté des traqueurs… une dizaine en vous comptant. Ils atteindraient la douzaine du côté des traqués. »

Ce qui m’avait paru être une simple partie de chasse organisée en comité plus large que d’ordinaire prenait un revêtement bien différent. Je demeurai un instinct pensif à ses propos. Parlait-elle d’une chasse à l’homme ? C’était chose probable dans la mesure où elle élevait à un pied d’égalité cibles et prédateurs. Je parus hésiter un instant et mon expression n’était sans doute point passée inaperçue : un sourire amusé fendit son visage pendant qu’elle m’observait. Je n’avais point encore réellement pris l’habitude d’afficher une indépendance en tant que vampire, si bien que je n’avais jamais traqué d’individus pour assouvir ma soif. Si tel était l’objet de l’expédition, il s’agirait sans doute d’une occasion pour débuter, auquel cas, j’avais tout intérêt à adhérer à cette offre.

Bien vite cependant, je me rendis compte que je me fourvoyais dès lorsqu’elle reprit la parole pour apporter des précisions.

« Vous n’êtes sans doute pas sans savoir notre allégeance envers Sympan. Or, cette décision ne fait pas l’unanimité, et certains éléments perturbateurs ont décidé de retourner leur veste. Nous avons localisé leur cachette récemment, et il a été décidé de régler leur cas dans les plus brefs délais. Connaissant vos ambitions et votre désir de vous faire un nom parmi les vampires, il m’a paru judicieux de vous en informer. Il s’agirait d’une bonne occasion pour exposer vos talents pour une cause notable et apprendre à vous faire connaître. Et puis, cela ne changera que peu de vos occupations… Vos proies manifesteront simplement davantage de résistance… »

C’était donc au sein d’une expédition punitive que ma chère Dame Vampire souhaitait que je participe. Elle savait comment je fonctionnais, et qu’en me présentant les événements de la sorte, je ne pouvais que répondre positivement à l’invitation. La perspective de nouveaux défis et d’une opportunité telle que celle-ci ne pouvaient nullement être ignorées. Ma décision fut alors prise. J’acceptai sans me faire prier.

**

Équipé de ma lance et de mon arc, j’avais rejoint l’expédition punitive le lendemain. Comme attendu, neuf autres vampires répondirent présent à l’appel tandis que ma Dame Vampire me laissa à leur soin. Je reconnus parmi eux le dénommé Ivän que j’avais rencontré quelques semaines auparavant lors d’une réception donnée au château Malkavian. Si j’adressais des salutations formelles à l’ensemble des participants, je pus constater bien qu’en contrepartie, ils ne firent point grande cérémonie. Leur dédain était suffisamment perceptible pour saisir le long chemin à faire pour obtenir le respect.

Peu d’entre nous portaient de réelles armures. Tous avaient privilégié la légèreté et la mobilité – aux manteaux et fourrures près pour affronter le froid – et seuls Ivän ainsi que le chef de l’expédition étaient vêtus d’armures légères. Ce dernier répondait au patronyme de Karl, et lorsque nous fûmes au complet, il nous fournit quelques indications utiles.

« Certains d’entre vous le savent déjà, mais le groupe que nous traquons est en contact avec un sorcier du nom de Ledah. Celui-ci projette d’exercer un rituel dans la région pour nuire simultanément aux vampires et aux Orishas en faveur des Aethers. Nous nous chargerons de tuer le projet dans l’œuf dès ce soir. Nous les avons localisés dans une grotte assez isolée dans les montagnes. On suppose qu’ils attendent un message ou une indication de la part de ce Ledah. Nous les estimons à une douzaine, sachant que chaque soir, trois ou quatre d’entre eux partent traquer de la nourriture. La grotte ne peut être accédée qu’à travers une pente unique, surveillée par des sentinelles. Tel sera notre plus grand défi à surmonter en les attaquant. »

La description de la situation était assez claire à mes yeux, quoique Karl voulut que nous examinions de nous-même les environs de leur repaire. Il nous mena jusqu’à l’un des versants situé en face de leur cachette. Seuls une vallée et la pente à gravir en séparaient, et nous pûmes effectivement distinguer la grotte. Certains d’entre nous, dont Ivän par exemple, parvinrent à repérer les sentinelles en retrait, qui surveillaient exclusivement la pente à gravir. Le petit plateau sur lequel était greffée la formation rocheuse ne permettait nul autre accès, et il devenait évident qu’ils n’avaient guère besoin de scruter ailleurs.

Nous fîmes une halte en attendant qu’une partie d’entre eux décide de partir à la chasse. Pendant ce temps, nous convenions d’un plan d’attaque. Assez rapidement, un consensus se forma pour décréter que la sortie du groupuscule de chasse constituait le meilleur moment pour la charge. Ainsi, nous pourrions prendre ces derniers en embuscade lorsqu’ils regagneraient leur cachette. Restait donc à établir la gestion des autres. Je me risquai à poser la question suivante.

« Dans quelle mesure pouvons-nous nous permettre un assaut frontal ? »

« Difficile à dire. Nous ne savons pas de quelles précautions ils disposent à l’intérieur. L’idéal serait que nous abattions les sentinelles avant qu’elles ne donnent l’alerte. »

« Les débusquer efficacement ne sera pas chose facile... »

« Sauf si nous envoyons un leurre. »

Ivän était celui à avoir émis l’idée. Nous nous retournâmes tous dans sa direction, assez intrigués par sa proposition. Lui demeurait impassible, et répondit d’un air parfaitement décontracté.

« S’ils attendent un message, nous pouvons prétendre leur en fournir un. Il suffit alors que l’un d’entre nous joue le rôle de messager et qu’il les distraie pour permettre aux autres de gravir la pente discrètement. Nous pourrions ainsi les abattre avant qu’ils ne donnent l’alerte. »

« Rien ne nous dit qu’ils tomberont dans le piège. »

« Mais dans tous les cas, cela retiendra leur attention suffisamment longtemps pour nous permettre de progresser. »

L’idée faisait sens, mais le silence latent dans l’assemblée laissait présager de quelque aspect mitigé. Assez rapidement viendrait-on à devoir établir qui assumerait la tâche ingrate d’appât. Je pressentis comme un désagréable courant lorsque je vis certains regards se dresser subrepticement dans ma direction. Karl rompit le silence pour poser ouvertement la question sulfureuse.

« Et qui serait le leurre ? Nous avons tous un visage qui n’est pas inconnu à ces traîtres. Je doute qu’ils ne donnent pas l’alerte à notre venue. »

Ce fut avec un certain agacement que je vis Ivän me désigner lentement du doigt. Outre le fait qu’un tel geste était grossier, je n’appréciais guère qu’on m’emploie à mon insu comme appât.

« Tous sauf lui. Les traîtres ne le connaissent pas. Il est notre candidat idéal. »

Je sentis comme une approbation générale silencieuse, bien que personne ne prononçait mot. Cette issue ne me plaisait nullement, et je m’empressai de rétorquer.

« Je doute qu’il s’agisse d’une idée sensée. C’est la première expédition que j’effectue à vos côtés et… »

« C’est précisément pourquoi tu es le candidat idéal. Personne ne s’attend à ce qu’une goule affronte de véritables vampires. »

Cette insulte me courrouça au plus haut point. Je ne comptais ignorer de tels propos à mon égard. Mon expression se durcit alors que je lui répliquai sèchement.

« Je ne te permets point de me parler sur ce ton. Si tu tiens tant à ton idée de leurre, pourquoi ne l’assumes-tu jusqu’au bout en t’exposant toi-même ? »

« Il suffit. Ivän, tu n’as pas à te montrer aussi désobligeant. Quant à vous… Reddas, c’est cela ? On m’a dit que vous étiez quelqu’un qui ne craignait pas le danger et qui n’hésitait pas à s’exposer en première ligne. Nous vous serions redevables si vous pouviez nous gagner du temps de la sorte. »

Je fulminai à cette issue. Ivän viendrait à me le payer, et je lui apprendrai à me respecter. Toutefois, je compris bien assez vite que je ne pourrais me dédouaner d’un tel acte. Cela m’irritait, mais je dus me contraindre d’accepter ce rôle.

« … Soit. J’agirai ainsi, mais sache que tu ne perds rien pour attendre. »

On discuta ensuite de la séparation entre le groupe chargé de mener l’assaut frontal et celui destiné à tendre l’embuscade. Je ne prêtai que peu d’attention au reste de la discussion.

**

Les nuages masquaient la clarté de la lune tandis que j’avançais prudemment en direction de la grotte. J’étais en solitaire bien que je me savais suivi par l’ensemble de la troupe. Ils attendaient ma diversion pour charger. Moi-même ne me trouvais guère serein à l’idée de m’exposer ainsi. Je fis cependant le nécessaire d’afficher une mine neutre, tel un messager venu livrer des informations. Seule une dizaine de mètres me séparait de l’entrée lorsque je levai les bras en l’air, en direction des arbres situés à proximité, là où nous avions repéré les sentinelles. Je les apostrophai de la sorte.

« Je souhaiterais livrer un message à votre chef. Puis-je poursuivre ? »

Attendaient-ils un code ? Si oui, j’étais fini. L’absence de réaction dans les instants qui suivirent ne me rassura nullement. Toutefois, au bout de quelques secondes, l’un des gardes sortit de la cachette pour s’approcher de moi, épée en main, tout en me dévisageant avec insistance. Il me détailla de son regard sévère avant de s’exprimer.

« Qui t’envoie ? »

« Le sieur Ledah. Il m’a sommé de remettre le message en mains propres à votre meneur. »

Je ne savais même point s’ils possédaient réellement un meneur. Je ne pouvais qu’espérer que mon bluff fonctionne. Mon vis-à-vis ne me quitta point du regard, et demeura silencieux quelques secondes supplémentaires. Il réfléchissait. A quoi ? Je ne pouvais le deviner. Tout en continuant de me fixer, il lança à son collègue.

« Sa tête te dit quelque chose ? Pas moi. »

L’autre énergumène sauta de sa branche et se rapprocha de nous. Il était armé d’un arc pour sa part, et me scruta à son tour avec persistance. Je fis tout pour afficher une mine décontractée, mais n’attendais qu’une chose : que mes alliés en profitent pour enfin charger en bonne et due forme pour que cesse ce simulacre.

« Non. Ils auraient envoyé un nouveau messager ? »

« Pourtant c’est un vampire. Je m’étonne qu’ils aient fait ce choix et que je le connaisse pas. »

« C’est parce que j’ai passé de longues années banni du Fjörd. Je suis redevable au sieur Ledah, et il m’a demandé de me charger du message. »

Quelle genre d’inepties allais-je encore devoir soumettre ? La plaisanterie s’approchait drastiquement de la révélation au grand jour. Par chance, exactement au moment où je prononçai cette ultime bafouille, Karl et un autre vampire jaillirent à toute vitesse de buissons adjacents pour abattre les sentinelles de leurs griffes. Mon réflexe fut alors de me saisir de ma lance et de transpercer au plus vite l’épéiste, mais celui-ci, bien que pris par la surprise, réagit assez promptement pour non seulement esquiver mon assaut mais également à m’entailler le bras gauche. La douleur était supportable bien que désagréable, et je pestai d’avoir été aussi lent.

Ce ne fut heureusement point le cas de mes coéquipiers qui se mirent à jaillir en plus grand nombre pour réduire au silence ces gardes sans qu’ils ne donnent l’alarme. Dès lors, ils chargèrent l’intérieur sans plus attendre. Je me mis à les suivre, mais mon bras se mit à peser assez lourdement. L’entaille avait été plus sévère qu’en apparence, et le vampire avait probablement dû employer quelque pouvoir pour aggraver la blessure. Cela me rendit assez inapte pour le reste du combat, puisque je me voyais alors incapable de me servir de mon arc. Le port de la lance à une main n’était guère optimal.

Mes coéquipiers n’eurent cependant nul besoin de mon aide. Ils gérèrent assez bien le reste des dissidents, et seul l’un d’entre nous fut blessé de façon significative. Ce n’était point une blessure grave, bien qu’il eût essuyé un coup d’estoc non négligeable au niveau du torse. Nous faisions donc bien tâche avec nos blessures.

J’étais extrêmement frustré de n’avoir participé qu’aussi maigrement à l’assaut. Pire encore, j’étais passablement courroucé de n’avoir été qu’un simple leurre. Karl vint me remercier, et me demanda si je pouvais gérer ma blessure. Je répondis positivement, tout en ne manquant d’adresser un regard noir à Ivän. J’étais alors fiévreux à l’idée de progresser, de faire mes preuves, et je m’en fis la promesse : plus tard, il regretterait de m’avoir ainsi tourné en ridicule…
2083 mots.
+1 en force, +1 en agilité.
-1 pour les Aetheri
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Sam 21 Mai 2016, 23:09






Insaisissable.



Assis dans une auberge a proximité des terres arides, je regardais songeuse le volcan au loin. Je me demandais si nos cher torturée se trouvais encore la haut ou si quelqu'un avait fini par les enlever. Vu qu'ils devaient servirent d'exemple, je supposais qu'ils étaient encore la haut, mais on ne sait jamais, peut être que certaine personne aurait eu la lubie de se dire qu'il serait bon de les enlever de la haut , peut être les responsable de leur retournage de cerveau qui sait. N’empêche il y avait quelque chose que je n'arrivais pas à comprendre, pas le fait qu'ils nous trahissent, des traites, il y en avait partout et surtout chez nous. Non ce que je ne comprenais pas c'était pourquoi ils étaient rester à proximité des leurs. Se croyait ils vraiment capable de nous échapper ou simple erreur de leur part ? Et puis combien était encore en libertés ? J'aurais peut être du rester là-bas et continuer la traque ?

 « Et mademoiselle ?» Je levais les yeux et vis un homme pencher à ma table, si c'était moi qu'il appelait, c’était principalement mes vêtements qu'il regardait.  «Qu'est ce que vous me voulez ?» «Est ce que je peu vous parlez un instant ?» Je le regardais avant hocher la tête, mais c'était quand même dingue que je ne puisse pas profiter de ma journée en paix. « Excuse moi mais je n'ai pu m’empêcher de remarquer l’état de vos vêtements, est ce que vous savez me dire si vous êtes bonne combattante ?» « Vous voulez une démonstration ?»  «Oh non, vous m’aplatirez en deux secondes. Non en faite, j'aurais plutôt besoin de vous, contre rémunération bien entendu.»  «si c'est pour aller sauvée votre dulcinée ou tout autre marmot, c'est sans moi. »  «Vous n'y êtes pas, en faite c'est même tout le contraire. Mon frère à décider de tournez le dos à nos croyances, à ceux qui nous aides depuis des lunes et je ne peu le tolérée.  »  «J'entends bien, mais concrètement, qu'est ce que vous me voulez. Après tout vos affaire familiale ne me regarde pas.» J'avais bien sur une intuition sur ce qu'il voulait vraiment, après tout il m'avait déjà donner quelque indice. Mais je voulais l'entendre de sa bouche, d'une part pour pas qu'il y aille de méprise et de l'autre pour qu'il se rende compte réellement de ce que qu'il voulait.  «Je veux le voir mort. Mais je suis trop faible comparée à lui, jamais je n'arriverais à le combattre et c'est pourquoi je vous demande de vous en charger. Comme je vous l'ai dis, ce sera rémunérée gracieusement. »  «Assassinée votre frère, c'est sans doute dans mes cordes si vous me donnez le plus de détail à son sujet, mais je vous préviens, je ne veux pas vous voir débarquer dans quelque temps avec la ferme intention de le venger, vous serez tout autant coupable que moi et surtout vous subirez le même sort.»  «Pour ma famille et moi il est mort ou il à décider de nous tourner le dos et trahir les nôtres.»
il passait ensuite un bon moment à m'expliquer tout ce qu'il pouvait au niveau de son frère, élémental d'eau ça ne devrais pas vraiment être compliquer. Mis à part ça il n'était pas vraiment un combattant au corps à corps, bien au contraire. Du coup il me suffirait d'arriver d'allée à son contacte et je devrais ne pas avoir trop de problème à l'achever.  « Ah, il c'est très bien se cacher et se sera sans doute à ce niveau là que vous allez éprouvée le plus de difficultés. Et derniers chose, quand vous avez fini arranger vous pour que l'on retrouvent rapidement son corps pour qu'ont soient mis au courant, je vous retrouverais alors ici pour votre récompense. Bonne journée.»

être payer pour faire quelque chose que j'adorais déjà faire en temps normal, quoi demander de plus ? Bon d'accord il allait d'abord falloir que je lui mettre la mains dessus, mais je ne crois pas que ça sera le plus compliquer comme il le pense. Il est faible physiquement et il sait qu'il à toute une nation, si pas plusieurs sur le dos. Il ne doit pas être bien loin.
Mais c'est vrai que maintenant que j'avais eu cette conversation, j'avais entendu que les nôtres n'étaient pas les seul à avoir agis, certes personnes n'avaient encore eu d'ordre directe, mais tout le monde avait commencer à agir de son cotée, traquant les traîtres pour qu'ils ne puissent plus nuire.

J'avais chercher pendant un long moment sans trouver, pourtant pour moi c'était simplement qu'il ne pouvait pas être loin. Puis finalement je pensais à quelque chose, peut être qu'il y avait quelque chose qui le retenait, quelque chose ou quelqu'un qu'il chérissait et qu'il voulait continuer à surveiller pour voir si tout allait bien et ce malgré sa décision.
Je retournais en ville et fouillais les environs et je fini enfin par trouver une sorte de grotte pas facile d’accès, véritable refuge pour toute personne souhaitant ne pas faire savoir qu'elle est dans les environs. Je m'approchais et entendis quelque bruit, pas fameux, mais quelqu'un qui faisait les cents pas. Est ce que monsieur était stresser ? Je ne voulais pas attendre et j'entrais dans la grotte.

Elle était assez bien aménager, même si on pouvaient comprendre qu'il ne comptait pas faire sa vie ici. Lui, comme je m'en étais doute faisait effectivement les cents pas et quand il m'entendis arriver il leva la tête vers moi.  « Ashley, si tu savais comme je suis content que tu aille changer d'avis… mais tu n'est pas...»  « Finement observé. Dis moi l'attend tu car tu à réussi à la convaincre de trahir les siens, ou c'est ce que tu espère ? » il c'était figer en se rendant compte de son erreur, mais j'étais réellement curieuse de savoir qui était cette fille.  «Qu'est ce que vous foutez là et qui êtes vous ? Quand à la fille ça vous regarde pas. » et ben dis donc, j'avais bien l'impression que nous avions là un amoureux transit qui attendait que sa belle décide de le rejoindre. Mais vu ce qu'il avait auparavant, j'avais plutôt l’impression qu'elle avait refuser de le l'accompagnée quand il lui a demander.  «Disons que c'est une personne qui m'envoie, une personne qui n’apprécie pas vraiment le fait que vous ayez trahi les vôtres.» «Vous voulez dire que… c'est un membre de ma famille qui m'envoie.»  «votre frère pourquoi ?  » le spectacle que je vis devants moi me fis pitiez. C'était vraiment lamentable de le voir se décomposée ainsi. Lui que son frère m'avait mis en garde semblait complètement abattu et je ne croyais même pas qu'il allait réellement se défendre.

Mais des fois, les personnes son trompeuse et alors que j'avais avancer vers lui, un jet d'eau assez fin vient me transpercer l'épaule. Une vive douleur se fis sentir et je le regardais un instant, surprise. Son regard qui était il y a quelque instant encore désespérer, se montrait soudainement déterminer.  « Je voie, ainsi on a décider de ne pas se laisser gentiment tué.»  «Ma famille peut me considérée comme elle veut, je sais que j'ai raison et je finirais par les convaincre .» De nouveau jet apparue, il était assez compliquer de les éviter dans une configuration comme celle-ci. Il fallait que j'arrive à le faire allez dehors et quelque chose me disais que je n'avais qu'à lui donner l'impression que je voulais fuir. Et en plus… je venais d'avoir une idée qui devrais marcher, mais il faudrait que j'aille vite.
Je sortis rapidement de la grotte, tout en continuant de l'esquiver et une fois que je fus dehors je m'envolais rapidement pour rester au dessus de l'entrée. Légèrement reculer pour pas qu'il voie mon ombre, je le vis alors sortir et après quelque instant je me posais rapidement derrière lui. Si ma dague lui perça le dos, un nouveau jet me perça l'abdomen, sans doute en réflexe.  «Au moins je ne partirais pas seul...» il cracha une gerbe de sang et mourus. J'allais personnellement m'appuyer sur une arbre et regardais la plaie, ça me faisait mal de l'admette, mais j'avais l'impression qu'il avait raison, il allait m'emmener avec lui. J'ai été trop stupide.

Quand je me réveillais, j'étais allonger et surtout soignée mais seul. J'étais perdue, pourquoi est ce que ça m'arrivais, était ce la même personne qui m'avait déjà aider ?
Je me relevais difficilement et rentrais à l'auberge. Le corps avait disparu, enfin c'était ce que j'avais cru jusqu'au moment ou l'homme vient à ma rencontre en me tendant la bourse promise.  «votre du et merci » Donc le corps avait été découvert. Je me demande bien comment. Tant de question me trottait dans la tête pour le moment, trouverais je un jours les réponses ?
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© Jawilsia sur Never Utopia

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Dim 22 Mai 2016, 14:56




De nombreux individus s'étaient révélés fidèles aux allégeances de leur royaume. Même certains qui étaient dans le doute ou avaient décidés de ne pas trop étaler leurs croyances avaient pour la plupart rejoint la grande vague de leur propre peuple. Après tout, lorsqu'il s'agissait de s'unir presque tous étaient voués à eux-mêmes dans la décision, qui les forçaient à un choix. Vivre comme un traître et être un jour dans le risque de la mort ou bien joindre à l'unisson et se poser des questions plus tard. Sympan ou les aetheri ? C'était la grande question qui s'était posée au début de ce différent entre les divins. Mais si beaucoup avaient déjà faits leurs choix, souvent en coïncidence avec les croyances générales de leur peuple, certains s'étaient déviés des principes de leur propre races. Désormais, c'était pour cette simple raison, que de nombreux individus par-delà le monde était vu comme des parias, comme la racaille de ce monde, une racaille, qui ne valait pas mieux que se terrer comme des rats. Détestés de tous. Mais si au final chaque peuple avait sa propre manière de faire et si certains pardonnaient, pour d'autres, c'était inconcevable.

Les vampires ne pardonnaient pas facilement la traîtrise et si la plupart fomentaient souvent en secrets, certains plus fougueux, y allaient directement en énonçant leurs faveurs et leurs croyances déviantes. Ce fut ainsi que cela transpira jusqu'aux oreilles de ceux qui voulaient bien l'entendre. C'était dès lors qu'ils avaient scellés leur destin, bien conscient pour la majorité d'entre-eux, de ce que cela allait insinuer: la mort s'ils étaient retrouvés. Très vite, au sein de nombreuses castes vampires, s'insinua des doutes et des questions "Quels insolents ! Ils seront punis... mais qui pourra perpétrer cette punition hm ?" et rapidement, des visages se tournèrent. Certains traîtres étaient dangereux, par leur puissance ou simplement par les connaissances qu'il possédait sur le régime. Mais ce fut aussi pour ces raisons qu'ils ne pouvaient donner cette mission à n'importe qui. Presque naturellement, certains décidèrent de viser des exécutants extérieurs à la société politique. Ce fut presque d'instinct que se créa alors un groupe pour aller traquer ces renégats. Presque aussi naturellement, fut proposé Dante Taiji Sparrow, pour sa connaissance de la flore et la faune où étaient supposés résider un de ces traîtres. Leena Sakiri fut ainsi avancée pour ses parfaits plans de tacticiennes, Shun Toreh pour sa magie redoutable d'entraves et enfin fut proposé le moins connu du groupe: Ren. Ren était un petit garçon qui ne semblait qu'être un individu proposé au hasard.

Très vite, ce quatuor fut envoyé à la poursuite d'une cible "dangereuse" pour ses connaissances et son affiliation avec les aetheri. Les quatre se retrouvèrent non loin d'un lac, chacun prêt à en découdre avec le criminel. Qui avait commandité leur groupe déjà ? C'était là le sujet du groupe.

▬ Il se terre probablement dans le coin. constata simplement Dante, accroupi, un peu à l'avant du groupe, visualisant la forêt.
▬ Leena, tu sais qui est derrière ce petit groupe ? Je suis sûr que ce n'est pas la reine... on aurait été bien plus nombreux je parie. demanda Shun.
▬ Des commanditaires qui ont probablement voulu agir avant que cela ne tombe dans l'oreille de la reine. répondit-elle.
▬ Hun-hun ! s'amusa Ren, avec un bâton.
▬ Qu'est-ce que c'est que ce gamin qu'ils nous ont fichu ? On aurait pu s'en occuper à nous trois. J'ai déjà travaillé avec toi Leena et je connais un peu Dante par ce que l'on dit de lui, mais ce gosse ? Jamais entendu parlé. s'agaça-t-il.
▬ Aucune idée, je suppose qu'ils avaient quelque chose en tête en l'envoyant ici. dit-elle en haussant des épaules.
▬ Allons-y. fit Dante.
▬ Youhouuuu ! s'écria Ren en grimpant sur le dos du psoeudo-leader improvisé.

Dante ne s'en étonna même pas et comme d'instinct, sauta simplement en contrebas, agrippant au passage une branche pour ralentir sa chute avant d’atterrir sur ses deux jambes en absorbant le choc en pliant légèrement celles-ci. Ren descendit immédiatement, se surprenant de la flore autour de lui en faisant de gros "ahhh !! oooh !" à l'écart du groupe, tout en suivant comme il le pouvait. Shun et Leena continuaient de s'ennuyer du garçon, se posant multiples questions sur les raisons de sa présence, mais le groupe avançait rapidement vers ce que Leena et Dante déterminèrent rapidement comme la probable position de celui qui avait osé renier son propre peuple. Après de longues minutes de marche, ils parvinrent à trouver une tanière à peine visible, seulement trahie par l'odeur du sang, perceptible par les vampires avec facilité.

▬ Hmm ! Ça sent bon ! fit le garçon, partant premier dans la tanière.
▬ Hey ! fit Leena, tentant de courir pour le retenir, mais le bras de Dante se plaça devant elle. ▬ Dante ? s'arrêta-elle en posant son regard sur lui puis sur Ren qui s'engouffrait.
▬ Qu'est-ce que tu fais Dante ? Tu es de mèche avec ce traître ? C'est pour ça que Ren est là avec nous ? Si c'est le cas...
▬ Regardez. lança Dante en fixant simplement devant lui.
▬ Youhou ! lança la voix de Ren, joviale, avant d'entendre un gros fracas.
▬ Aghh ! cria un homme.

Ce fut alors rapidement qu'un individu "volant" s'approcha du sol avant de l'heurter à quelques mètres du groupe. Ren arriva en faisant des cloches-pieds et en battant des bras comme un véritable enfant qui s'amusait à un jeu. Leena et Shun eut les yeux écarquillés par cette situation, Dante fut probablement le moins surpris des trois. Rabaissant son bras, Dante tira son sabre du fourreau, prêt à en découdre. Ils étaient quatre contre un et cet homme semblait bien la cible indiqué. Même couleur de cheveux, taille, poids approximatif. Il n'y avait aucune raison pour qu'un vampire soit ici avec cette même description: cela ne pouvait être que leur cible.

▬ C'est lui, c'est Torian ! fit Shun, surpris.
▬ Traître ! fit Leena en préparant son arc.
▬ Yahoo ! fit Ren en tirant une sorte de faucille courte.
▬ p*tain... c'est pas vrai. Dire que j'avais prévu mon plan... si vous aviez seulement eu deux jours de retards... grogna le vampire, surpris par un tel groupe.

Chacun s'élança sur leur ennemi mutuel. Ce fut avec une certaine aisance, que celui-ci provoqua un bouclier sur les trois assaillants de front. Avant d'envoyer Ren dans le décor grâce à un rocher de côté qu'il utilisa avec sa télékinésie. Ren parvint à s'arrêter sur le pan d'un arbre et à rebondir pour foncer à nouveau sur son ennemi, s'amusant comme un petit fou. Dante et Shun commencèrent immédiatement à utiliser leurs pouvoirs conjugués pour forcer le bouclier alors que Leena se dépêcha de se déplacer grâce à sa vitesse accrue pour avoir un meilleur angle de tir et user de sa vue de l'aigle. Alors que Torian bataillait comme il le pouvait, l'assaut organisé et précis des quatre vampires allait rapidement avoir raison de lui. Ce fut Ren qui frappa le premier, usant de sa faucille avec grande précision pour percer la chair et sectionner un nerf au niveau de l'épaule gauche de Torian. Sa magie n'ayant plus que d'intensité d'une seule main, elle céda sous les assauts répétés des deux hommes vampires. Ce fut à cet instant précis que Leena décocha une flèche de toutes ses forces avec la précision d'un aigle, touchant l'autre bras qui empêcha toute réaction immédiate. Les deux hommes terminèrent le travail à coup de sabre et grâce à la magie de Shun. Une fois vaincu, Dante inspecta le corps de Torian. Sans même une once de pitié, le vampire retira son oreille de sa tête, comme preuve de sa mort. L'acte un peu glauque fit tourner la tête à Leena, qui n'appréciait pas ce genre de festivités. Ren quant à lui ria à s'en amuser avant d'effacer son air meurtrier et vagabonder autour du groupe. Shun regarda la scène sans sciller.

▬ Rentrons, on a ce pour quoi on est venus. lança Dante.
▬ On dirait. Il n'était pas si puissant qu'on pouvait le croire. répondit simplement Shun.
▬ Je comprends mieux pourquoi ils ont monté ce groupe, ils ne voulaient pas qu'il ait une chance de vaincre: ils voulaient l'annihiler complètement. Faire de lui un exemple. Ils nous ont sélectionnés pour notre travail d'équipe et notre implacabilité en terme de combat...
▬ Oui-oui ! lança Ren.
▬ Aucune chance et punir les traîtres, c'est notre travail ! s'amusa-t-il en riant.

Shun et Lenna se regardèrent en concert avant de porter un regard sur leur troisième comparse. Mais ce fut avec surprise qu'ils remarquèrent que Dante avait déjà disparu. Il avait d'ores et déjà utilisé de ses pouvoirs de téléportation pour retourner à sa solitude habituelle: il enverrait l'oreille en guise de colis. Son travail était ici terminé et sa mission complétée, inutile pour lui de faire l'homme social.

▬ Ah ! Grand frère Dante est déjà parti ! se surpris alors Ren.
▬ Ce type est vraiment étrange. commenta simplement Shun.
▬ Je m'en plains pas ! J'apprécie ce côté professionnel moi.
▬ Oooh, j'espère bientôt revoir grand frère Dante ! lança comme un enfant Ren, faisant une moue, alors qu'il gambadait autour du duo.

C'était une mission accomplie pour le groupe. Et si Dante était déjà un peu plus loin, il soupira simplement ce demandant ce qu'aurait pensé Yulenka de tout cela. Mais après tout, le vampire savait très bien que sa "petite" sœur, n'aurait pas vu d'un bon œil qu'on trahisse son régime. Il ne pouvait laisser passer une telle insulte envers elle... Mais il savait que c'était compliqué.




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Dim 22 Mai 2016, 17:25



[LDM Avril/Mai] | Insaisissables [EVENT] - Page 2 Harves10
Insaisissables



La folie, quel beau spectacle, toujours changeant, plein de surprises inattendues, de nouveautés imprévisibles... d'opportunités. L'esprit du chaman était comme un beau vase en cristal envahi de fissures, qui n'attendait plus qu'on daigne bien le toucher pour se briser en mille morceaux sur le sol dans un fracas abominable. Et ce dernier coup fatal, c'était Slanguen qui allait le donner, qui attendait de le donner depuis des années, mois après mois, jour après jour, ruminant depuis toujours ce moment tant attendu.  De son point de vue, cette guerre était un véritable miracle, une occasion en or qu'il ne risquait certainement pas de laisser filer.  Un jour lointain, il avait peut-être du prier les Aetheri pour le bien-être de sa famille, mais la mort avait sûrement effacé ce souvenir inutile. L'un des deux camps finira bien par remporter la victoire, peu importe. Mais le chaman lui, allait perdre. Perdre son corps, se perdre dans sa folie, perdre sa vie, mourir. Slanguen allait s'en assurer avec une attention maladive.

En attendant, il fallait encore patienter, prendre encore une fois la main de l'enfant pour le guider doucement un peu plus loin, sur le chemin de la perdition… Puis répéter ce mouvement jusqu'au gouffre. "Plus au nord-ouest, vers l'orée des bois, il y a des traces d'un campement  vieux de quelques jours. " Les yeux verts pâles du chaman se plantèrent dans les siens lorsqu'il parla. Devaraj l'écoutait toujours, il lui faisait confiance, il le croyait, il faisait ses choix en fonctions de ses conseils. Il n'y avait pas l'ombre d'un doute dans ces prunelles fantomatiques. Devaraj le regardait comme s'il était encore vivant, c'était une sensation presque euphorique. Être invisible aux yeux du monde pendant des années avait bien failli avoir raison du sorcier, avant qu'il ne rencontre enfin le chaman. Il y avait un lien presque tangible entre eux, si fort, si dangereux. Ce n'était certainement pas de l'amitié, de la haine ou de la sympathie. Aucun des deux ne savait comment ils avaient fini comme ça. Peut-être que leurs folies mutuelles les avaient poussé à se rapprocher ainsi. "Tu es sûr que c'étaient eux ? Même si cette route n'est pas souvent utilisée, il y a beaucoup de personnes souhaitant voyager discrètement ces derniers temps. Les traces que nous avons suivi depuis le début partent vers le sud. Ils se sont séparés ?" Une moue contrarié défigura les traits du chaman. L'idée de laisser sa proie s'échapper vers d'autres horizons ou rejoindre d'autres complices lui déplaisait fortement. "On ferait mieux de partir vers le nord-ouest pour commencer. Après plus au nord, c'est la côte. S'ils arrivent à prendre un bateau, on ne pourra certainement pas les retrouver par la suite." Les orbites rougeâtres de l'esprit brillait fort. Écoutes-moi, suis-moi. Je suis ta voix, bientôt je serais ton esprit, ton corps et toi, tu ne seras plus rien. Ces pensées brûlaient d'être prononcées à haute-voix, révélées au grand jour dans un éclat dramatique.

"I
ls n'iront pas bien loin, cette bande de chiens. On n'échappe pas à la colère d'Ezechyel." Et il était son bras armé, son arme vivante, loyale et entièrement dévouée. Être un pantin n'effrayait pas le chaman. Sa croyance était trop grande pour qu'il s'en offusque et d'ailleurs à ses yeux c'était plutôt un grand honneur que de réussir à servir les Aetheri correctement. "Voilà le camp." Le chaman observa rapidement la petite clairière. "Il n'y a plus personne. Il faut les rattraper avant qu'ils atteignent les plages et villages de pécheurs." Facile à dire, plus compliqué à réaliser. Mais le chaman n'avait certainement pas peur de la difficulté, au contraire, il en été venu à aimer avoir des obstacles sur sa route, sans quoi accomplir sa mission devenait quelque chose d’insipide et de beaucoup moins réjouissant. Il rit et se mit à courir doucement, suivant les traces de branches cassées, d'herbes foulés, de braises dissimulées à la hâte. Les fuyards savaient qu'ils étaient suivis de près. Mais contrairement à Devaraj qui bondissait comme un cabri à l'idée de tuer des traîtres hérétiques, ils étaient perdus, fatigués et surtout effrayés. La peur mêlée à la hâte faisait souvent faire des bêtises irréparables. Ils oubliait des objets derrière eux dans leurs courses, une simple plume colorée tombée au sol, un bracelet cassé, des traces de peintures sur l'herbe, tout cela constituait un chemin tout droit vers la Mort. Devaraj savait que le groupe n'était pas constitué que de chaman. D'autres personnes venant de races différentes les avait rejoints. Mais à ses yeux cela ne faisait plus de différence, ils étaient tous hérétiques, ils devaient tous mourir, point. Le pardon ne sera envisageable éventuellement que quand ils auront expiés leurs fautes dans l'autre monde, quand à la compréhension ce n'était même pas imaginable.

Son endurance sur la durée fut mise à l'épreuve. Si ses jambes avaient l'habitude des très longs trajets, c'était un peu plus difficile que de réussir à garder un rythme soutenu pendant des heures avec le moins de pause possible. Pourtant, ce n'était pas la volonté qui manquait ! Le chaman nota dans un coin de sa tête qu'il serait dans un futur proche préférable de s'acheter une monture ou bien de trouver un moyen de locomotion autre que ses pieds. Il n'y avait pas pensé jusque là, parce-que ses voyages consistaient principalement à errer au hasard sans réfléchir ni au temps ni au lieu, mais maintenant les choses changeaient. Maintenant, il avait besoin d'être rapide et réactif s'il voulait se montrer utile. S'éclaboussant la tête d'eau froide, le chaman se releva d'un bon du ruisseau devant lequel il s'était accroupi pour se désaltérer rapidement, sa bouche se desséchant avec la chaleur. Un grognement sourd, puis un rugissement franchit les lèvres de Cendres, l'énorme lion ayant sûrement sentit une piste de plus en plus fraiche avec son odorat plus que fiable. Pour la discrétion on repassera, mais en tout cas, ils touchaient au but, presque !  D'un ton joyeux et enfantin, le chaman s'exclama vivement. "Ils sont tout proches !" Alors il repartit de plus belle, laissant Cendres mener la marche.

Plus loin devant eux, au détour d'un tournant entre les collines, leurs cibles apparurent clairement. Le groupe était constitué d'une famille de chaman, un couple avec un bébé et une fillette qui avait l'air malade. A côté se trouvait aussi ce qui ressemblait vaguement un sorcier et un bélua. Le chaman n'y prêta pas attention. A vrai dire, il piétina la prudence comme à son habitude et fonça droit devant, très content d'être à deux doigts d'accomplir son but. Le chaman fusionna avec Slanguen. Il avait remarqué que c'était agréable de massacrer autrui en compagnie de l'esprit. Cela lui procurait une sensation de chaleur et d'euphorie qu'il ne trouvait pas ailleurs, c'était addictif. Le combat fut bref, violent et sanglant pour les deux côtés. Si le couple n'était pas armé, les deux autres savaient se battre et le chaman hérita d'une nouvelle blessure à l'omoplate, une coupure profonde et large qui lui arracha un cri et lui fit lâcher sa lance. Dans un cri de rage, il jeta corps et âme sur le dernier attaquant, tombant par terre avec lui. Il roula au sol, réussi à lui briser le crâne contre une pierre et se releva difficilement, essoufflé. Cendres s'était sauvagement chargé du couple. Dans un instant de doute, Devaraj hésita en voyant les enfants. Il frissonna, de plaisir, de peur ou d'horreur, il ne savait plus trop. Mais avant qu'il ne se pose trop de questions gênante, sa main meurtrière se mit en marche. Bien qu'ils n'ait rien fait de mal d'eux-même, c'était une engeance de traître, ils étaient salis, à éliminer.



Merci pour ce LDM !  nastae

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Lun 23 Mai 2016, 02:15

Camouflé grâce à la magie, j’essayais péniblement de calmer mon souffle court et sifflant donc les échos tonnaient beaucoup trop bruyamment à mon goût : je ne tentais pas juste de me cacher aux yeux de mes poursuivants, mais aussi à leurs oreilles constamment à l’affut du moindre son qui me trahirait. Je rejetai la tête vers l’arrière en l’accotant sur la surface du promontoire en-dessous duquel il s’était – provisoirement bien entendu – dissimulé. Muet comme une tombe, je pouvais écouter mon cœur battre avec frénésie contre ma cage thoracique, pompant à toute vitesse cette poussée d’adrénaline qui avait tout simplement explosé dans mon sang. Je haletais comme un chien, épuisé, et pourtant, je déployais maints efforts pour résister à la pression de la fatigue qui faisaient trembler les muscles de mes jambes. Brûlants, ceux-ci aurait pu carrément me paralyser tant ils lui faisaient souffrir. C’était insupportable. Les dents serrées, je tentais vainement d’encaisser cette douleur et de l’ignorer, mais c’était difficile. Trop difficile. Mais je ne pouvais simplement pas me permettre de me laisser handicaper par les caprices de mon corps quand ma vie reposait dangereusement sur une balance qui n’avait jamais été aussi instable. Et s’il y avait une chose dont j’étais certain, c’était que je ne voulais pas crever. Concrètement, ça ne me laissait qu’un seul choix : lutter et survivre. Sauf qu’il y avait un problème; un obstacle majeur qui s’opposait à mon souhait et qui se résumait à deux individus bien décidé à me buter. En somme, c’était un duo d’assassins. Engagés par je-ne-sais qui, ils me pourchassaient depuis un bon bout de temps – trop long à mon goût – sans que rien ne puisse les dissuader à renoncer à ma tête. Enfaite, je nourrissais déjà quelques soupçons quant à l’identité des commanditaires qui les avaient convaincu de me poursuivre. Intérieurement, je m’assiégeai de jurons : sérieusement, j’aurais peut-être bien fait de les tuer quand j’en avais eu l’occasion. Enfin, je n’avais aucune preuves concrètes que ce soient bel et bien eux, mais si je reliais correctement les faits l’un à l’autre, ça concordait parfaitement à mes yeux pour que je réalise amèrement l’erreur stupide que j’avais commise. Maintenant que j’y pensais, plus je me convainquais que ça ne pouvait être que lui. Après tout, il était le seul – à ma connaissance – qui sache réellement pour ma traîtrise, mis à part Miles. Cependant, j’avais toute ma confiance en ce dernier : c’était mon meilleur ami, contrairement à ce fanatique fou qui avait déjà tenté de me faire la peau avec son groupe de demeurés, après mon départ de Ciel-Ouvert. Un sourire sans joie se dessina lentement sur mes traits, regrettant d’avoir laissé cet Elémental partir. Je me serais épargné tant d’ennuis dans le cas contraire… Un soupir énervé franchit mes lèvres pincées. Il était trop tard pour s’en vouloir, je le savais. Pourtant, ça avait été plus fort que moi.

« Où est-il passé, par tous les Dieux? » Mon sang se glaça instinctivement et mon cœur rata plusieurs battements. Je ne m’étais même pas rendu compte que ces deux hommes étaient si près désormais. J’en cessai aussitôt de respirer, priant pour que mon rythme cardiaque fou ne me trahisse pas. Plongé au cœur du silence se faisant uniquement troublé par les crissements de deux paires de bottes, j’écoutais mon cœur qui tambourinait de plus en plus vite. L’adrénaline qui était tombée de mon corps revint une seconde fois parcourir mes réseaux sanguins, nourrie par nulle autre qu’une peur primitive qui me secouait avec violence. Mon teint avait blêmi et ma gorge s’était asséchée également. Quelle poisse… Mes membres m’ordonnaient de courir le plus loin possible de ce duo de malades, mais mon esprit – lui – craignait beaucoup trop de bouger, dans le risque de me faire repérer. J’espérai sincèrement que mon camouflage magique suffirait à les tromper ou qu’ils ne prendraient juste pas la peine de regarder en-dessous de ce promontoire pour vérifier si je ne m’y cachais pas. Mais c’était trop beau de rêver. « J’sens son odeur tout près d’ici. Il est pas loin. » Un des deux hommes avait les sens accrus et, pour tout avouer,  j’étais complètement impuissant face à son habileté de pister les odeurs. Mon corps se tendit. Ça ne leur demanderait que quelques secondes, tout au plus, avant qu’ils ne devinent où j’étais dissimulé. m*rde! L’option de la course n’était plus possible maintenant : ils le rattraperaient en un instant. Sauf que je ne pouvais pas non plus rester planqué ici plus longtemps. Je crispai la mâchoire. « Allez, p’tit gars! Sors de ta cachette! Cria le second. Fais pas ton timide. Sympan est là pour te protéger, non? » Malgré sa provocation, je demeurai immobile. Enfaite, à force de les avoir " côtoyés ", j’en avais appris à connaître du bout des doigts leurs méthodes : ce type essayait seulement d’attirer toute mon attention pendant que son pote me cherchait frénétiquement dans la plus grande discrétion. Bref, c’était une raison suffisante pour que je doive me dépêcher de réagir et si je ne pouvais pas courir… Lentement, j’expirai l’oxygène de mes poumons, me concentrant à catalyser ma magie, et je me téléportai – pas sur un autre continent, mais dans un petit village des environs d’où j’avais aperçu, de ma cachette, les ronds de fumée s’élevant paresseusement à l’horizon. Bien que je ne sache rien de l’endroit où j’étais tombé et que, désormais, je sois l’objet de divers regards curieux de villageois interloqués d’avoir assisté à l’apparition soudaine d’un adolescent, j’avais la certitude d’être parvenu à gagner un peu de temps.

Cette course-poursuite ne pouvait plus continuer – pas comme ça en tout cas. J’étais complètement écœuré par ce rôle de " proie " qu’on m’avait assigné. Et où que j’aille, ces hommes trouvaient, encore et encore, le moyen de me retrouver. Comprenant que fuir ne faisait que retarder l’échéance d’une nouvelle rencontre non désirée, je réfléchissais à un moyen de m’en débarrasser, avant qu’eux-mêmes ne réussissent à accomplir leur travail. J’avais beau songer en boucle à un plan, il n’y en avait qu’un seul qui se démarquait sans cesse du lot : les prendre à leur propre jeu et les tuer. « B-bonjour. » Un villageois – s’extirpant tout juste de sa léthargie – s’était approché de moi. Lui adressant à peine un regard, je ne lui répondis pas. « Est-ce que vous allez bien? » Il avait bien noté mon état déplorable et visiblement, ça l’inquiétait. Un soupir franchit la commissure de mes lèvres, las. « Non. » Le silence qui suivit rendit l’homme mal à l’aise. « Je le vois bien, alors… pouvons-nous faire quelque chose pour vous aider? » - « J’ai juste besoin d’un peu de nourriture… et de Feu. » Il écarquilla les yeux. « Du Feu? » - « Oui, du Feu. » Confirmai-je sur un ton impatient. Je n’avais pas le temps de me reposer et je devais reprendre de l’énergie le plus rapidement possible : il n’y avait que le pouvoir régénérateur des Flammes qui pouvait m’y aider, d’où ma demande qui devait lui sembler plutôt bizarre. Cependant, le villageois finit par m’indiquer la direction de leur auberge où, disait-il, il y avait tout ce dont j’avais besoin. Une fois à l’intérieur du bâtiment, je mangeai rapidement un morceau de pain, avant de plonger la main dans le Feu qui y brûlait paisiblement. L’apaisante chaleur des Flammes me procura un doux sentiment de bien-être, tandis que mes plaies et écorchures liées à toutes ses poursuites se refermaient tranquillement. Suite à cette efficace guérison, je ne m’attardai pas entre les murs du village. Mon esprit n’était qu’animé par la fervente détermination de me soustraire du joug des deux assassins. Rien de plus, rien de moins.

D’ailleurs, les retrouver ne fut pas très difficile. Après tout, malgré ma subite évaporation dans l’air, le duo n’avait pas renoncé à me chercher, comme toutes ces autres fois où j’avais cru leur avoir échappé. Suspendu à un arbre, je les voyais se rapprocher de plus en plus près de ma cachette improvisée, où je m’étais téléporté pour les prendre en embuscade. Mon corps était recouvert par un sort de camouflage qui – je l’espérais – m’avantagerait sur la surprise. L’homme aux sens aiguisés serait sans doute une faille à ce moyen, mais c’était le seul qui me donnait une chance de victoire contre leur supériorité numérique et leurs habiletés à ne pas sous-estimer. « Tiens, j’sens de nouveau son odeur. » Au creux de ma main, un couteau apparut. « De quel côté? » Demanda son collègue. « Là, tout près de l’arbre. » L’assassin s’avança vers le végétal en redressant la tête. Ses yeux gris se plissèrent. « Mais j’vois rien là-ha… » La lame fendit le rideau de feuilles et se figea dans son épaule. Il hurla, je sautai. Tombant sur lui, je l’envoyai s’écraser au sol dans un bruit sourd, profitant de sa légère confusion pour brûler ses vêtements. Alors qu’il criait et se débattait, je délogeai la lame prise figée dans son bras et la lui planta en profondeur dans la gorge. Électrisé par les hurlements de son pote, le deuxième homme bondit sur moi et, sans se préoccuper du Feu qui dévorait son ami devant lui, il m’envoya un violent coup de pied. Je roulai jusqu’aux racines de l’arbre, me fracassant brutalement contre la base de son tronc, avant de me relever, chancelant. Je voyais le tueur courir dans ma direction en brandissant la hache à double tranchant qu’il gardait accrochée à son dos : j’eus tout juste le temps de me baisser que la lame de son immense arme tranchait déjà la zone du tronc où je m’étais adossé. Ni plus, ni moins, je créai des éclairs que je guidai jusqu’aux morceaux de métal composant la hache qui vinrent traverser le corps de l’assassin, qui eut plusieurs spasmes de douleur, envoyant ses genoux s’écraser au sol. « m*rde… » Alors qu’il tentait de se lever, j’invoquai mon deuxième couteau, puis l’attaquai par derrière. Cependant, la lame de mon arme se heurta à une surface solide qui la dévia aisément. Une armure… Dans ce cas, il n’y avait pas mille et une solutions : créant la Foudre au bout de mes doigts, je lui administrai une décharge – plus forte que la précédente – qui lui arracha un cri à glacer le sang. Je frissonnai et pourtant, je ne cessai de nourrir l’électricité, encore et encore, jusqu’à ce que le tueur s’écroule. Haletant, je le fixai pendant quelques secondes. Voilà, c’en était fini d’eux. … Mais étais-je en sécurité pour autant?

La question demeura sans réponse.

1 767 mots.

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Dim 29 Mai 2016, 13:16


« Et pourquoi ne le faites-vous pas vous même ? » demandais-je d’un air plus désinvolte qu’étonné. « Je n’ai aucun conflit avec ce type moi ! »

Les sourcils de la femme qui me faisait face se froncèrent, imprimant à son faciès une expression dure.

« Je ne peux pas, c’est tout ce que vous avez besoin de savoir »

« Dans ce cas, c’est non. Trouvez quelqu’un d’autre pour effectuer cette mission » concluais-je en me tournant vers Lyaam. « On s’en va ».

Je tournais les talons, laissant cette femme derrière moi. Je me doutais bien qu’elle devait avoir de bonnes raisons d’émettre une telle demande, mais le fait était qu’elle ne me faisait confiance pour éliminer quelqu’un, mais pas pour m’expliciter les raisons d’une telle volonté.

« Je t’avais dit qu’elle ne te dirait rien de plus »
me murmurait la bélua à mesure que la distance entre la femme et nous s’accentuait. « Si elle ne m’en parlait pas à moi, alors il n’y avait strictement aucune chance qu’elle le fasse avec toi ».

La demandeuse était une ancienne amie de Lyaam. Elle l’avait fait quérir pour nous demander de tuer un homme qui semblait l’avoir trahit. Je n’avais pas plus d’informations quant à la situation, mais je n’étais pas du style à me débarrasser de quelqu’un sans une raison valable, et une quelconque tromperie n’en était, à mes yeux, pas une.
Je regardais discrètement Lyaam du coin de l’œil, jugeant sa réaction. Elle marchait la tête abaissée, mais d’un air décidé. Malgré la triste mine qu’elle affichait de ne pas pouvoir aider cette amie, il m’apparaissait qu’elle comprenait ma volonté de non implication.

« Attendez ! » cria la femme derrière nous.

D’un mouvement énergique, mon amie releva sa tête et se tourna vers celle qui nous hélait. Elle courrait jusqu’à nous, réduisant à néant la distance que nous avions établie en nous éloignant. Haletante, elle s’appuyait sur ma camarade le temps de reprendre son souffle.

« Cet homme est un traitre » lâcha t-elle difficilement, les yeux pleins de larmes. Elle renifla puis enchaînait : « Il a tué mon frère pour des raisons religieuses ». Cette phrase s’échappa de ses lèvres comme une délivrance.

Un silence gênant s’installait. La jeune femme fut la première à s’asseoir, imitée rapidement par Lyaam, qui l’enserrait de son bras gauche. Seul le bruit de la rivière s’entendait, entrecoupé de quelques sanglots.

« Raconte nous ce qui s’est passé… » dit Lyaam d’une voix douce que je ne lui connaissais pas.

« Nous étions chez notre mère au moment des faits. Elle nous recevait pour réunir à nouveau la famille, surtout avec les évènements ces derniers jours, elle était inquiète pour nous et espérait que l’on reste sous son toit quelques temps… Puis elle avait une surprise pour nous … ». Ses sanglots redoublèrent, je lui tendis un bout de tissus en guise de mouchoir, l’incitant d’un hochement de tête à continuer. « Elle nous a présenté son nouvel ami. Depuis que papa était décédé, elle était triste comme les pierres, nous pensions alors que c’était une bonne chose qu’elle retrouva quelqu’un ». Ses poings se serrèrent et la même expression dure qui avait traversé son visage plus tôt s’imposa à nouveau. « Le repas se déroulait bien, jusqu’à ce que cet individu s’énerve contre mon frère. Il avait bu et déblatérait des atrocités quant aux évènements qui se produisaient actuellement, affirmant que les fidèles aux Aetheri étaient tous des vermines à exterminer. Evidemment, mon frère était très pieux et pro-Aetheri s’est défendu et à défendu la communauté ». Elle marquait une pause comme si la suite était si évidente qu’elle n’avait nul besoin de la verbaliser.

« Continuez » lui dis-je à mon tour d’une voix encourageante et pleine d’émotion. J’avais besoin d’entendre ce qui se tramait vraiment, de réellement prendre parti et d’aider les miens.

« Il a fini par sortir de table. Ma mère pleurait, malheureuse que la rencontre ce soit si mal déroulée. Alors mon frère est parti à la poursuite de l’ami de maman pour s’excuser. Puis nous avons entendu un cri et un bruit de chute. D’un seul mouvement, nous nous sommes levés et nous sommes allées voir. Mon frère était à terre, la gorge tranchée et agonisant. On n’a rien pu faire ».


Cette fois-ci, les pleurs de la femme l’empêchaient de continuer, et nous avions assez d’éléments pour accepter sa demande.

« Donnez-nous sa photo, ça sera réglé avant la tombée du soleil » m’engageait-je, poussée par mes émotions.

Je me mis en chemin de suite, envahie par une nouvelle vague de colère. Il était vrai que cela faisait des semaines voire même des mois que mon peuple me demandait d’agir, de les aider, mais je ne m’y étais résolue. Je ne voulais pas tuer… Mais je ne pouvais pas laisser ces fanatiques dévaster mon monde.

« Elle m’a dit que ces faits remontent à hier, et que ce matin elle a aperçu le type dans la taverne du coin » me dit Lyaam quand elle m’eut rejoint.

Je fis un signe de tête pour toute réponse, adaptant mon chemin en direction de la taverne.

« Je suis contente que nous l’aidions » me confia Lyaam. « Je l’ai connu petite, et elle a toujours été une femme bien. Ce n’est que justice ».

La petite, depuis que je la connaissais, ne semblait pas aussi frileuse que moi à l’idée d’ôter la vie de quelqu’un, mais quelque part elle était surement plus dans la réalité à ce moment précis. Il fallait réagir avant qu’il soit trop tard.

« On y arrive » articulais-je le plus calmement possible.

La taverne n’était pas bondée, mais il y faisait sombre. Je regardais une dernière fois la photographie de notre future victime, puis j’entrais sans hésiter dans le bâtiment. L’établissement était petit, seules une demi dizaine de tables l’ornementait, ainsi qu’un comptoir des plus sobres. Le tavernier lavait des chopes pendant que deux groupes d’hommes buvaient et mangeaient à deux tables côtes à côtes. Ils devaient être six à vue d’œil, et ma cible était en compagnie d’un seul d’entre eux. La tâche s’annonçait plus aisée que prévue. Lyaam l’avait repéré également et se dirigea droit vers sa table. Je la suivais, mécontente de son initiative.

« Bonjour messieurs. Pouvons-nous nous joindre à vous ? » les aguicha t-elle.

« Bien sur, ça tombe bien, nous sommes deux également » répondit notre cible d’un air idiot.

Je m’asseyais sans un mot, me forçant à imiter un semblant de sourire. Je laissais ma camarade s’exprimer pour nous deux pendant que je commandais à boire.
Le tavernier posa les verres à côté de Lyaam, qui se chargea de les distribuer soigneusement aux deux individus, exagérant chacun de ses gestes de façon peu commune. J’attrapais moi-même mon Graal et le consomma en suivant silencieusement les échanges entre les trois protagonistes, attendant le bon moment pour frapper.

« Ma soeur, je pense qu’il est temps de filer » affirma mon amie en me regardant lourdement.

Nous n’avions pas encore éliminé l’homme en question, et il ne semblait pas vouloir nous suivre. A quoi jouait-elle ?

« Tu es sure ? Peut être que ces charmants messieurs désirent nous accompagner ? »

« Non ils ne le désirent pas. Et tu sais, nous avons rendez-vous chez notre père, il sera furieux si nous arrivons en retard, et encore plus si nous étions accompagnées, tu le connais ».

Elle insistait trop pour ne pas avoir une idée en tête. Je hochais la tête en me levant, faisant un signe rapide aux hommes que nous laissions. La petite me suivait d’un pas rapide.

« Dépêche toi » me pressa t-elle à voix basse, me poussant à moitié.

J’entendais des râles derrière nous, puis des toux très accentuées.

« Cours ! » me chuchota Lyaam en m’attrapant par le bras.

J’exécutais, réalisant qu’elle était responsable des gémissements dans la taverne.

« Qu’est ce que tu as fais ? Je n’ai rien vu ! »

Elle ne répondit pas de suite, courant retrouver son amie au bord de la rivière.

« Ils étaient tellement omnibulés par ton charme qu’ils n’ont même pas remarqué que j’avais versé une petite surprise dans leur verre » dit-elle fièrement. « Il me restait quelques gouttes de poison que j’avais trouvé en forêt avant notre rencontre, je l’ai simplement utilisé ».

Je lui tapotais l’épaule en signe de félicitation alors que son amie lui sauta tout bonnement dans les bras.

« Merci » expira cette dernière, pleurant à nouveau.


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Dim 29 Mai 2016, 17:45



Alors que dehors se préparent quelconques fomentations, deux esprits échauffés reclus dans une petite remise des bas-fonds étaient occupés à bien d'autres desseins. La pluie battante résonnait sur le toit et masquait les interminables râles et soupires des deux corps brûlants noyés l'un dans l'autre. Dzaal n'avait pas cherché à savoir d'où elle venait. Tout ce qui l'avait intéressé, c'était la brutalité des mouvements du bassin de cette démone embrasée. Il n'y avait rien de tel pour se remettre d'aplomb, loin des tracas du quotidien et de ses devoirs un tantinet préoccupants. Mais comme tout ; cela prit fin. Une fin plutôt surprenante.

Au-dehors, des mouvements de course, des bruits étouffés. S'ils n'y avaient pas fait attention, maintenant ils semblaient se rapprocher. Et quelques coups furent portés contre la porte en bois. Dehors, une voix hésitante.

- Ma fille, je sais que tu es là... Ouvre.

Le couple éphémère de Démons se regardait, fronçant des sourcils. Le premier aurait bien volontiers fait l'absent pour remettre ça avec la jeune femme à la peau lisse et aux formes agréables, mais la seconde ne l'entendit pas de cette oreille. Se rhabillant du peu qui avait glissé sur leurs jambes, elle s'écarta de lui, inquiète. Dzaal avait eu vent de ce qu'il se tramait dans le monde depuis la pluie bleutée apparue du ciel. Les tavernes étaient remplies à foison d'histoires ou de récits imaginés pour l'ego de leur orateur. Mais quand une légende était répétée, quel qu'en soit le lieu, alors la vérité n'était jamais très loin. Lui n'avait pas eu la chance de la voir et prenait donc toutes ces informations avec des pincettes. Mais les quelques meurtres qu'il avait dû perpétrer pour la Gloire des Aetheri, Eux, n'avaient rien d'irréels.

Elle jeta un œil entre les interstices du vieux bois, et se recula avec effarement et un hoquet de surprise. Les mains sur la bouche, elle s’empêchait de se mettre à pleurer. Inquisiteur, le Démon n'eut pas de réponse à son regard. Il décida donc de s'éloigner de la porte, par précaution, puis tenta d'apercevoir ce qu'il y avait derrière une petite brèche du mur. Un homme était à genou dans une flaque grandissante tandis qu'un autre lui maintenait une lame sous la gorge. Le cercle autour de la victime était formé de quatre individus pendant qu'un dernier campait l'entrée de la remise.

- Nous savons pour toi et ton père. Nous ne vous en voulons pas mais... Nous avons quelque chose à faire alors... Si tu voulais bien te presser ?

Le Démon et son amante restèrent silencieux, espérant inconsciemment qu'ils finiraient par penser s'être trompés.
Les coups à la porte se firent plus fort, les faisant sursauter. Dzaal s'approcha alors de la belle et murmura à son oreille pour se faire rassurant. Il lui proposa d'ouvrir la porte et d'avancer vers son père comme si elle n'avait rien à se reprocher. D'ailleurs, cette dernière remarque semblait évidente puisqu'elle ignorait ce qu'ils leur voulaient. Finalement convaincu par ce dernier argument, l'inconnue - mais néanmoins charmante - déverrouilla l'accès et sortit.

Le Démon mineur allait la suivre quand le cri de la jeune femme mourut dans un gargouillis. Au moins n'aurait-il pas d'engeance avec elle...
Mais devant un futur inconnu, il n'attendit pas de savoir à quelle sauce il allait être mangé à son tour. Il sortit alors en trombe de la remise, juste avec assez de temps pour se rendre compte qu'il enjambait le corps de la jeune femme qui ensanglantait la flaque jusqu'aux genoux de son père qui l'accompagna dans l'Autre Monde l'instant d'après. Pris de court, les traqueurs mirent quelques secondes avant de se lancer à la poursuite du fuyard. Et l'ironie, c'est que Dzaal ne savait en aucune façon la raison de toute cette mascarade.

L'un de ses poursuivants se rapprocha suffisamment de lui pour l'attraper au col. Les dents serrées et le souffle court, Dzaal déploya violemment une aile qui projeta son attaquant dans sa course. Il tourna brusquement dans une ruelle sombre, puis une seconde, s'accroupit et attendit, essayant de se coller contre la paroi pour se protéger de la pluie. Reprenant son souffle et feignant de ne pas sentir l'eau ruisseler dans sa nuque, il ferma les yeux. Entendant les pas se rapprocher, puis se figer devant lui, il soupira. Ses ambitions seraient réduites à néant avant même d'avoir eu l'occasion de les formuler... Il rouvrit alors les yeux pour apercevoir un visage devant le sien, rictus aux lèvres et meurtrier dans le regard.

- Alors petit Démon, on n'a pas l'esprit tranquille ? Fuir comme tu le fais, quel manque de courage...

Dzaal passa une main sur son visage pour l'essuyer de la pluie et rendre sa vision plus nette. Le bord de son nez tressautait de nervosité. Toujours ce manque de puissance qui lui faisait défaut... Puis faisant comme si cela n'était rien, il appliqua sa main sur le visage de son poursuivant et la repoussa violemment en se levant. Il en trébucha en arrière tandis que le Démon levait les bras.

- Avant que vous ne fassiez quoi que ce soit... Expliquez-moi pourquoi nous venons de courir...

L'un des cinq individus haussa un sourcil et fit un pas en avant, la lame de son poignard tendue vers lui.

- Si c'est une blague elle ne va pas te sauver.

Un autre s'avança et lui fit baisser son arme. Il semblait plus posé que ses confrères.

- Qui est ton Dieu ? Tu as intérêt à affirmer qu'il s'agit de Sympan...

Dzaal ouvrit la bouche pour démentir avant de se raviser. Œuvrait-il vraiment pour les Aetheri ? Ne faisait-il pas qu'écouter ce que ses Frères lui sommaient de faire ? Mais encore une fois, les questions religieuses revenaient sur le tapis. Et puis... il y avait autre chose. Est-ce que pour une fois il aurait ne serait-ce qu'une once de chance...? Il se dit alors du côté des Aetheri, et le suspens plana de longues secondes... Un sourire apparut sur les visages et ils se détendirent. Une simple ruse pour savoir en qui il était réellement fidèle. Bande de...

Ils lui intimèrent de les suivre afin de faire justice. Tous ces hérétiques qui trainaient dans les rues, les villes, quels que soient les territoires. Tous autant qu'ils étaient devaient périr. Une guerre civile et religieuse qui devraient trouver la sérénité dans la Mort des traîtres. Et il n'était pas inimaginable de voir le Monde se baigner d'une douce lueur pourpre tant la quantité de sang versée était abondante. Du sang de parjures, du sang d'innocents. Une situation qui mettait en exergue la haine d'autrui basée sur des preuves ou des suppositions, de simples envies de se débarrasser d'un voisin gênant ou d'un amant de son âme sœur.
Alors pour ne pas figurer sur la liste des victimes, mieux valait suivre un groupe qui se révélait être fidèle aux Aetheri plutôt que rester seul et tenter de se défendre sans preuve. De rue en rue, d'habitat en habitat, nous scrutions chaque personne, chaque individu suspect, chaque enfant qui pourrait nous apprendre davantage sur leur situation familial et surtout leur croyance. Trempés de sang, nous parcourions la ville... La Mort n'avait plus de sens. Il s'agissait simplement d'assassiner, sans état d'âme sinon à la gloire des Aetheri.

Peut-être que ce groupe était extrême. Peut-être ne voulait-il que le massacre pour s'en réjouir. Du sang et rien d'autre. Des âmes éparpillées. Et Dzaal ne pouvait que suivre car leur fausser compagnie signifiait les trahir. Les trahir était synonyme d'être partisan de l'Unique. Une situation qui ne se débloqua que quand les premiers rayons du soleil pointèrent au travers des nuages.
Dzaal hésita. Il voulait revenir chez lui le temps de se remettre de cette nuit d'horreur... Mais il avait juré.
Penaud, il quitta le groupe endormi et quitta les lieux pour aller loin... Le plus loin possible.

Il espérait que les Aetheri prendraient ce qu'il avait fait pour une servitude absolue, malgré le nombre d'innocents qui était passé sous sa lame et sous l'injonction des Démons supérieurs.
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(Merci pour ce LDM, Miles o/)
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Ezechyel
~ Ygdraë ~ Niveau IV ~

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Ezechyel
Dim 29 Mai 2016, 22:32

« Veuillez excusez mon retard. » Le bruissement de feuilles et de branches sèches qui craquaient sous la foulée pressée du nouvel arrivant m’extirpa de ma méditation. Me redressant, je tournai lentement la tête. Mes yeux se posèrent sur un homme qui, essoufflé, se pliait en deux en tentant de reprendre un souffle régulier. Rapidement, il passa le revers de la main sur son front enduit de sueur, lançant un coup d’œil nerveux par-dessus son épaule, avant de reporter son regard vers moi. Un pauvre sourire désolé s’esquissa alors sur ses traits. « Pardonnez-moi. » Répéta-t-il. « J’avais une… affaire urgente à régler. » Je retins péniblement un soupir d’exaspération. À vrai dire, je n’en avais pas grand-chose à faire de ses excuses, pas après que j’aie attendu si longtemps sa venue. La patience m’avait quitté ou plutôt, je ne la ressentais plus. Je n’y parvenais plus. Inconsciemment, je serrai les poings. « Ce n’est pas grave. » Pourtant, ma voix trahissait une pointe de contrariété que j’avais essayé de camoufler, mais mon interlocuteur – s’il l’avait noté ou non – ne broncha pas. Il parait juste satisfait que j’aie, même si ce n’était pas tout à fait le cas, accepté cette justification qui avait traversé le pan de ses lèvres. L’homme se frotta vigoureusement les paumes de mains l’une contre l’autre, dessinant un sourire en coin. « Je ne m’attendais pas mieux de la bonté de notre ancien Champion! » Je croisai les bras, souriant à mon tour, malgré cette expression sombre qui s’esquissait lentement, mais sûrement, sur mon visage. « Venez-en aux faits. » J’avais, de plus en plus, de misère à cacher mon humeur massacrante derrière ce sourire forcé et mon ton faussement compréhensible. L’impatience se gravait petit à petit sur mes traits, la lassitude se lisait plus aisément quand je prononçais un mot. Surpris de ma soudaine agressivité, l’Elfe en resta muet quelques secondes, qui se prolongèrent au point de commencer à m’insupporter. Je ne tardai pas à perdre toute contenance, grognant sèchement : « Que voulez-vous exactement? » Secouant la tête, le jeune homme se racla la gorge. Il poursuivit là où je l’avais interrompu, légèrement hésitant. « J-je cherche simplement à obtenir la justice qui m’est due. » Mon sourcil se haussa, mais je ne dis rien. Il lâcha un soupir. « J’aurais un service à vous demander. » - « …Lequel? » Honnêtement, j’avais perdu mon intérêt au moment où j’avais compris qu’il avait pris du retard : je ne savais même pas pourquoi j’avais insisté à, tout de même, patienter jusqu’à son arrivée. Le regard éteint, morne, c’était à peine si je me souciais de cet individu, ou de tout ce qui m’entourait. Et cette indifférence s’accrochait à moi depuis qu’elle s’était volatilisée. À chaque jour, je ne songeais qu’à elle et à chaque nuit, c’était son visage souriant, ses yeux verts scintillants, que je revoyais dès que je fermais les paupières. Et à toutes ces fois, une douleur vive m’entravait le cœur. Mon esprit se déchirait. Mes pensées me torturaient sans une once de pitié. Enfermé au cœur de toute cette souffrance, je délirais de ne plus la sentir à mes côtés. Cette froideur ne me ressemblait pas. Elle ne m’avait jamais ressemblé. Pourtant, c’était ce que je ressentais, désormais, le plus souvent. Et je m’y raccrochais sans hésitation, seulement pour pouvoir me soustraire à la douleur qui m’assaillait.

Mais ça n’avait aucune importance.

Ça n’avait aucune importance puisqu’elle n’était plus là. Était-ce un signe que la démence me dévorait? Peut-être. Après tout, rien n’était plus sûr à mes yeux. Tout me paraissait flou et indistinct. À part cette peine, cette colère qui m’envahissait. La situation s’était enchainée bien trop vite pour que je puisse suivre sa cadence. Ça me glissait constamment entre les doigts, pour autant que j’aie vraiment maitrisé quoi que ce soit à un certain début. Aurais-je seulement été capable d’aider Mircella à éviter sa déchéance en traîtresse? « Non. » Me chuchotait une petite voix, et ma frustration se nourrissait de ce sentiment de culpabilité de ne pas avoir su la protéger. Je devais la retrouver, je voulais la retrouver. Alors, à quoi rimait ma présence devant cet homme? Pourquoi avais-je accepté de venir ici?  « Je veux que vous m’aidiez à me débarrasser d’un déchet, d’un traître de notre peuple qui a osé tourner le dos à l’Originel. » Mon corps entier se crispa brutalement à la mention du " traître " que l’Elfe avait prononcé. « Il s’agit de mon frère cadet plus précisément. » - « Et vous voulez que je le tue? » - « Bien sûr, je n’ai aucune pitié pour les traîtres, même s’il s’agit de mon propre sang. Si vous acceptez, je vous dirai où le trouver ainsi que le moment idéal pour le rayer de la surface des Terres. Une fois votre mission accomplie, rejoignez-moi ici au prochain croissant de Lune, avec sa tête si possible. » - « …Entendu. »
Je lui serrai la main.

~~~

Au cœur du silence des environs, ma respiration lente vint, doucement, le rompre. Les yeux levés, je regardais une des larges fenêtres de la résidence – que Galadh, mon" client ", m’avait indiqué – où, selon lui, j’y retrouverais son frère cadet. Ma cible en d’autres mots. Un sourire amer s’esquissa sur le coin de mes lèvres. Cet homme n’avait aucun scrupule, tant même bien il s’agissait d’un membre de sa famille. Mais il avait raison, raison sur une seule chose : les traîtres ne méritaient pas de vivre. Ma mâchoire se crispa. Après tout, on avait traité Mircella tel quel, en fermant les yeux sur tout ce qu’elle avait réalisé, sur tout ce qu’elle avait fait pour notre peuple. Mais je refusais d’y croire. Elle n’était pas un traître, mais on l’avait chassé. Alors qu’il y en avait bien d’autres, des véritables traîtres, qu’on laissait agir à leur guise, sans bouger le petit doigt. C’était frustrant, impardonnable. Ils payeraient tous.

Me hissant sur les branches d’un arbre faisant face à la vitre, je me servis du pommeau de mon arme – que j’avais dégainé –  pour la briser, avant de me faufiler à l’intérieur du modeste manoir. Des piles incalculables de livres et de parchemins rangés pêle-mêle m’accueillirent dès que je posai le pied au sol, mes yeux sondant rapidement la pièce pour me situer, et à première vue, c’était une immense bibliothèque. Il y avait un grand bureau installé non loin de moi qui croulait sous le papier et l’encre. On avait déposé une lanterne dessus, dont la Flamme, qui y brûlait librement, ne venait même pas toucher un seul bout de parchemin parmi tous ceux qui l’entourait, se contentant d’illuminer faiblement l’endroit sombre. De la magie? Sans doute. Je fronçai les sourcils : la pièce semblait vide, et pourtant, la bougie n’avait pas été éteinte. Instinctivement, mes doigts se resserrent autour du manche de ma lame, arquant un sourire légèrement fou sur mes lèvres. Ce traître ne devait pas être loin, mais où se cachait-il? « Qui est là? » Une forme s’était timidement détachée de la noirceur environnante et, sans hésitation, je m’élançai. Surpris, le jeune Elfe demeura immobile, et, profitant de sa torpeur, je le plaquai avec violence. « Que… » Ma lame vint s’appuyer contre sa gorge et il se tut aussitôt, effrayé. « Sale traître. » Articulai-je entre mes dents serrées. L’homme écarquilla les yeux alors que je levai mon arme, déjà prêt à lui trancher la tête. « Attendez, attendez! » Je soupirai, faisant la sourde oreille. « C-ce n’est pas vrai! J-je ne suis pas un traître! Je ne suis pas… » - « Taisez-vous. » Rétorquai-je d’une voix sèche. « Mais c’est la vérité! Je… je vous jure que je ne mens pas. » L’épée s’enfonça légèrement dans sa chair , laissant écouler un mince filet de sang. Mon visage était sombre, animé par un éclat dangereux, par une colère que je maîtrisais à grand-peine.  « Pourtant, ce n’est pas ce que pense votre frère. »

L’Elfe cessa brusquement de se débattre. « G-Galadh? » Je souris, sans toutefois lui répondre. Le jeune homme blêmit. « C’est un mensonge! Il vous a menti, il s’est joué de vous! » Mon sourire s’élargit. « Vous pouvez crier autant que vous le voulez, mais je ne crois pas un seul mot qui sort de votre bouche. » - « C’est Galadh le traître : il ne cherche qu’à se débarrasser de ceux qui connaisse son secret. » Je ris. « Vous n’êtes pas en position de proférer de telles accusations. » La situation commençait à devenir exaspérante. « Mais j’ai des preuves. » Mon sourcil se haussa. « Alors montrez-les-moi. » Ses propos ne m’avaient convaincu de rien, mais la curiosité était plus forte que moi : il semblait si confiant à l’égard de ces " preuves " que j’étais prêt à lui accorder une chance. Une seule. Il suffisait juste que celles-ci ne soient pas tout à fait à mon goût, ou qu’il tente de me mener en bateau pour que la lame, que je tenais fermement entre mes doigts, vienne lui transpercer le cœur. Lentement, je retirai l’arme appuyée contre sa nuque, l’aidant à se remettre debout. Tremblant comme une feuille, l’Elfe marchait avec un équilibre précaire et chancelant. Mais malgré tout, il parvint à se rendre, à grands pas, jusqu’à son bureau, où il se mit frénétiquement à fouiller dans sa pile de parchemins sous mon regard à l’affut. « Le voilà. » Le jeune homme se retourna en me tendant un papier – un avis de recherche provenant d’Earudien. « Lisez bien le nom de celui qui est recherché. » Mes yeux parcoururent rapidement la feuille. Et je le vis, son nom,Galadh, recherché pour trahison. Mes doigts se refermèrent sauvagement sur le papier. Il m’avait trompé. Il avait profité de mon absence en Earudien pour me rouler. « Je vous l’avais bien dit non? » Je ne répondis pas. La colère m’empêchait de le faire. « C’est un homme dangereux, doublé d’un manipulateur hors pair. C’est lui que vous devriez traquer, c’est lui, le vrai traître. »

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Miles Köerta
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Miles Köerta
Sam 02 Juil 2016, 05:28

Insaisissables
« Les ennemis de mes amis sont mes ennemis »
❧ Suite de Si je ne peux pas les changer alors je les anéantirai

Je détestais mentir à Hakiel plus que tout au monde. Le voir déçu de moi me rendait tout aussi déçu de ma personne. J’avais, dès lors, l’impression de ne pas être à la hauteur, autant de ses attentes que des miennes. Puis cet horrible sentiment de trahison, celui qui me donnait l’impression de l’avoir dupé, naissait en moi, alors que ce n’était pas forcément le cas! Souvent, pour ne pas dire tout le temps, lorsque j’alignais mensonge sur mensonge dans le blanc de ses yeux, sans rougir ou hésiter, c’était notamment parce que je m’étais réconforté au préalable; je m’étais réconforté dans cette idée que j’agissais de la sorte pour son bien et pour rien d’autre. Car il y avait de ces choses que je ne pouvais malheureusement pas lui partager; il y avait de ces choses qui le terroriseraient plus que n’importe quoi au monde… Et je ne voulais pas devenir la source de cette terreur, de cette peur: je ne voulais pas l’effrayer et pour cause, il était le petit frère que je n’avais jamais eu la chance d’avoir et dont je m’étais fait serment de protéger coûte que coûte depuis la mort de Père.

Je souris, presque soulagé par mes propres pensées, et je tendis l’une de mes mains jusqu’à la tignasse d’ébène du jeune Corbeau, que je me mis à caresser doucement, empli de ce sentiment protecteur qui devait vibrer dans le cœur de chaque grand frère qui se respectait vraiment. Désolé Hakiel, songeais-je en me redressant lentement, détaillant son visage d’enfant d’un regard doux et bienveillant. Puis, en quelques enjambées seulement, je me dirigeais vers la porte de la chambre, traversant son seuil pour ensuite la fermer derrière moi, tout doucement. Pendant plusieurs secondes, je n’osais bouger, même le petit doigt, le dos appuyé sur le battant de la porte, à penser et à réfléchir calmement. Je n’aimais pas mentir à Hakiel, mais pour ce que je m’apprêtais à accomplir, je ne pouvais décemment pas lui raconter la vérité non plus. Il me détesterait trop pour ça; il m’en voudrait trop pour ça; il s’effrayerait assurément à cause de ça… Mais je ne pouvais faire autrement aujourd’hui comme toutes les autres fois: je n’avais pas le choix de lui cacher la vérité, en dépit de la modifier.

« Maître Miles? » S’enquit soudainement une voix dans le couloir et, ne m’attendant pas à ce que quelqu’un d’autre soit debout à cette heure de la nuit, je sursautais brusquement, faisant volte-face rapidement.

À quelques mètres à peine de ma position, Dærion m’observait de son regard plat et inexpressif, cherchant néanmoins sur mon visage quelques indices de ma nervosité.

« Tout va bien? Hakiel souffrirait-il d’un quelconque mal à tout hasard? »

Vivement, je secouais la tête, tentant de me ressaisir en attrapant une bouffée d’air. Ce mec… Il était aussi silencieux que le vent: c’était flippant!

« Oui, tout va bien! Et Hakiel n’est pas malade, mais bon sang! c’que tu m’as fait peur! »

Se sentant peu, voire pas du tout concerné par cela, le jeune adolescent pencha légèrement son buste vers l’avant, alignant d’une voix monotone ses plus plates excuses pour m’avoir causé pareille frayeur. Évidemment, comme à toutes les fois où il s’exprimait, j’avais beaucoup de difficulté à le prendre au sérieux et à lui coller une quelconque sincérité dans ses propos. Or, on ne pouvait refaire Dærion, et seules les personnes le connaissant un minimum pouvaient savoir qu’en toute circonstance, il s’adressait avec pareille voix et arborait toujours ce visage neutre et indiffèrent. Soupirant, je me décalais de la porte, m’avançant jusqu’à lui pour me placer à sa hauteur.

« T’inquiète pas pour ça… »

Il se redressa, plongeant ses iris améthyste dans le vert feuillu de mes yeux. Rien qu’à l’expression qu’il me gratifiait, je pouvais d’ores et déjà présumer qu’il savait que j’allais lui demander un service.

« Tu diras aux gamins que je suis allé chercher quelques informations avec les éclaireurs sur un esclavagiste qui sévirait à l’Est de la chaîne des montagnes.

- Bien. Et quand rentrerez-vous? »

Je souris. Même si Dærion n’était pas le plus drôle des gars ni le plus sympathique, il y avait deux choses chez lui que j’appréciais plus que tout: sa loyauté sans faille ainsi que sa discrétion vis-à-vis tout sujet que nous ne voulions ébruiter. C’était un fidèle allié – même s’il se considérait, pour sa part, uniquement comme un simple homme à tout faire.

« Dans deux ou trois jours maximum », décrétais-je simplement, et il s’en contenta, hochant du bonnet pour m’indiquer qu’il gardait l’information précieusement en tête.

Lui tapotant l’épaule en signe de remerciement, je le dépassais à grands pas, me dirigeant jusqu’au rez-de-chaussée. Une fois devant la porte d’entrée, j’attrapais Oörushi d’une seule main, glissant le bâton du gunbai dans la sangle qui m’entourait la taille. Puis, d’une démarche silencieuse, presque aussi inaudible que la marche de Dærion, la personne la plus discrète et silencieuse que je connaissais, je sortis à l’extérieur du petit manoir, combattant, dès ma sortie, les morsures du vent et la froideur de l’hiver perpétuel de Ciel-Ouvert. Je dois me dépêcher… Et lui faire la peau.


Rejoindre les abords du Lac de la Transparence me prit exactement une journée entière: la route des montagnes de l’Edelweiss jusqu’au territoire des Magiciens n’était pas semée de si grandes embûches habituellement, mais par les temps qui courraient présentement, la prudence était de mise pour chaque voyageur qui posaient le pied à l’extérieur. Puis, des chemins qui ne prenaient qu’une demi-journée à traverser en prenaient désormais une journée, voire une journée et demie si la chance ne nous suivait pas dans notre sillage. C’est pourquoi qu’aux abords de la grande étendue d’eau, comme dit plus tôt, la nuit venait d’étendre à nouveau ses ailes sur la Terre, la Lune, belle et claire, illuminant faiblement le sol de ses rayons argentés.

Au loin, j’étais en mesure de voir l’ondulation sur le lac des Magiciens briller de mille éclats, et je m’attardais quelques secondes pour la contempler avant de reprendre ma route, la pensée que cet homme puisse lui vouloir du mal me retournant abruptement l’estomac. Je ne le laisserais pas faire; je ne le laisserais pas mener à bien ses projets. Il allait le payer. Et très cher.

Comme indiqué sur la missive qu’il m’avait donnée en main propre le jour de notre première rencontre, il y avait bel et bien un pommier gigantesque au milieu de cette plaine et, comme promis, il s’y trouvait seul. Lorsque je l’aperçus, je ne pus que sentir une vague monstrueuse de colère engloutir l’ensemble de mon être. Du coin de l’œil, il me vit approcher et un sourire s’étira sur la commissure de ses lèvres lorsqu’il m’accueilli avec chaleur et sympathie.

« Ah! Vous voilà, comme promis! » S’extasia-t-il en ouvrant ses bras, comme pour m’étreindre, mais je conservais une distance raisonnable entre lui et moi.

C’est cet écœurant personnage qui veut la peau de mon ami… Pensais-je avec amertume, le dévisageant sans aucun sentiment pour ne pas me trahir. Au début, si j’avais hésité à lui faire du mal, c’était surtout par respect pour mon ami. Mais aujourd’hui, j’étais plus que certain du bien fondé de mes prochaines actions. Scott ne m’en voudrait pas de tuer son oncle… n’est-ce pas?

« L’avez-vous tué? L’avez-vous tué? » Me pressait-il de lui raconter.

Je gardais le silence, m’avançant à pas lents dans sa direction. Il ne semble même pas être au courant de ce qui s’est produit dans le village… J’avais tué la femme qui travaillait avec lui. Je ne savais toujours pas qui elle était exactement pour lui – son employée, son associée, sa femme, qu’en sais-je? Mais ce qui était de ma cible, celle que j’aurais dû pourfendre, c’était une toute autre histoire…

« Non, je ne l’ai pas tué, avouais-je en agrippant Oörushi d’une main. Et je ne le tuerai pas. »

Le Magicien ancra ses pupilles grisâtres dans mon regard.

« Qu’avez-vous dit?

- Vous avez très bien compris, dis-je en sortant complètement Oörushi de la sangle, menaçant l’homme de la faucille que je tenais désormais en main. Vous avez très bien compris, et je songe même offrir votre tête à Scott plutôt que le contraire. »

Le Magicien recula d’un pas.

« Qui êtes-vous? »

J’esquissais un rictus cynique à son intention.

« Qui je suis? Par Sympan, renseignez-vous lorsque vous engagez quelqu’un que vous avez simplement ramassé dans la rue! »

À l’écarquillement de ses yeux, mon sourire, lui, s’agrandit.

« Sy-Sympan?

- Oui. Et vous Ætheri, pas vrai? »

C’était vraiment risible. Ce Magicien, traître à sa race, avait voulu la tête d’un pro-Sympan. De surcroît, la tête de son neveu, lui-même traître chez les Élementals depuis peu: ce Magicien voulait la tête de Scott.

« J-J’ai lu dans votre esprit ce jour-l-là… V-Vous avez tué ce chien de Sym– »

Mes yeux, alors, s’illuminèrent de rage, ce qui cloua instantanément son bec.

« Oui… Mon esprit… Si ça se trouve, vous avez été trompé, Azrihel… »

Pris d’une colère aveuglante, je sautais sur le Mage bleu, me soulevant de terre pour lui envoyer un coup de pied. Atteignant ma cible en plein visage, le Magicien tomba au sol, à quelques mètres de sa position initiale. Me rapprochant de lui, tenant la faucille d’une main et le gunbai d’Oörushi de l’autre, j’avais un sourire sombre et cruel qui défigurait mes traits, les rendant obscurs et franchement démentiels.

« Ah oui… Et évitez, la prochaine fois, d’engager le meilleur ami de votre neveu pour avoir sa tête. Ce n’est pas vraiment prudent… »

Je me stationnais au-dessus de sa tête de con, savourant au maximum la confusion et la peur, de plus en plus grandissante, qui enlaidissaient son visage. Je n’arrivais pas à y croire… Un membre de la famille de Scott se tenait devant moi; un membre de cette famille qui méprisait l’Élémental pour ce qu’il était et pour ce qu’ils avaient eux-mêmes créé en le faisant devenir ce qu’il était aujourd’hui… Cette famille, oui, celle que je voyais à travers les yeux de ce Magicien, me répugnait. Levant mon gunbai dans les airs, n’éprouvant aucun remords face à la perspective de ce que j’allais faire, j’adressais un dernier sourire à l’oncle de mon meilleur ami.

« Enfin, ce n’est pas comme s’il y aura vraiment une prochaine fois, pas vrai? »

Et d’un geste, dans lequel j’y mis toute ma Force, j’abattis l’arme sur sa tête une première fois. Mais alors que j’allais lui envoyer un second coup, je me souvins de quelque chose et je mis ma main devant ma bouche, comme pour lui faire part d’un secret.

« Avant que j’oublie… Dîtes bonjour à cette charmante dame qui travaillait dans votre commerce lorsque vous irez au ciel. »

Il écarquilla les yeux, mais je n’eus pas le temps de m’attarder sur son faciès, lui balançant une nouvelle volée de coups, jusqu’à ce qu’un craquement caractéristique finisse par déchirer le silence si serein et si doux de la nuit.


1 864 mots
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