Couleur de paroles des personnages:

C’était à contre cœur que Nissa avait quitté le monde marin afin de partir découvrir le monde. Elle avait été un peu forcée par ses parents afin qu’elle devienne une ondine accomplie et qu’elle trouve sa place dans le monde d’en haut, ce qui lui permettrait de trouver sa place dans son monde à elle.  Après avoir vécu plusieurs aventures auxquelles elle ne se serait pas attendue le moins du monde, elle avait décidé qu’elle avait besoin de se ressourcer un peu dans l’océan.

Elle avait trouvé une plage quelconque et c’était jetée dans l’océan, se métamorphosant rapidement. Dernièrement, elle avait assez expérimenté cette technique pour pouvoir l’effectuer rapidement, puis c’était mise à nager, en direction de la cité engloutie. Lorsqu’elle se trouvait sous l’eau, le temps n’avait plus d’importance et elle pouvait faire cela toute la journée sans jamais ressentir de lassitude.
Nager jusqu’à la capitale ondine fut très simple. Pour de simples humains, l’océan pouvait ressembler à une immensité où tout se ressemblait, mais pour la sirène, c’était différent : elle reconnaissait chaque détails, chaque corail qui poussait, chaque plante aquatique étaient pour elle un point de repère, et c’est grâce à son sens de l’observation et sa bonne mémoire qu’elle réussit sans problème à retrouver le chemin de son chez soi.

Avant de retourner chez ses parents, une cité pauvre se trouvant non loin de la cité engloutie, elle décida de s’arrêter un moment dans cette fabuleuse ville sous-marine. A la surface, elle avait vu de belles villes, mais rien qui ne pouvait concurrencer cette merveille.
En pénétrant dans la cité, elle décida de nager sans vraiment de destination, se ressourçant simplement des endroits qu’elle longeait.
Elle déboucha sur une grande place, dans la partie sud de la cité, où se trouvait le temple d’Ailydis, vouant un culte à la Déesse des mers et des Océans. Elle vit un petit groupe de soldats faisant partis de l’Ot’Phylès Cala’Tiare, représentant l’armée ondine, qui la croisa. Elle s’arrêta sur leur passage et les regarda avec admiration. Elle les admirait pour beaucoup de choses, mais notamment pour la dévotion pour le peuple ondin qui les caractérisait, et qui la caractérisait elle aussi. Il émanait d’eux une discipline et un charisme qui la scotcha sur place. Elle capta leur conversation :
« Tu as entendu dire que le parlement voulait enquêter sur l’affaire du Temple Ailydis et de la déviance des novices ?
-Oui, mais tu penses que ça va nous revenir à nous ? On va avoir encore plus de travail qu’auparavant.
Elle les interpella, très croyante, l’affaire en question l’intriguait :
-Excusez-moi, si je puis me permettre, de quelle déviance parlez-vous ?
Les deux individus qui en parlaient c’étaient arrêtés, laissant leur groupe progresser. Ils la regardèrent avec méfiance, mais l’affaire commençait à être connue dans la cité :
-Beaucoup de déviances ont été constatées ces derniers temps de la part des novices, et le parlement cherche à en connaître les raisons.
-Et si je m’occupais de les découvrir ?
-Si cela vous interesse, pourquoi pas, mais tâchez de nous tenir au courant, je me nomme Adriel. Vous viendrez me retrouver à la caserne principale. »


Ils repartirent et elle décida de pénétrer dans ce lieu sain. Cela faisait bien trop longtemps qu’elle n’avait pas honorée la divinité et il fallait qu’elle se rattrape. Elle avait toujours trouvé que les prêtresses de l’Ot’Phylès Rely’érès de ce temple avait une discipline beaucoup trop stricte, mais elle admirait les choix qu’elles avaient fait afin de se consacrer à la religion. Le temple était vide de fidèles, mais les prêtresses du temple étaient, elles, bien là. Elle se recueillit puis resta un moment dans cet environnement dont émanait seulement une atmosphère de paix.

Après quelques instants, elle se redressa puis commença à explorer le temple. Si certaines parties étaient interdites d’autres étaient ouvertes au peuple ondin. Alors qu’elle admirait une sculpture de la déesse, elle entendit des sanglots dans un coin un peu plus éloignée d’elle. Se laissant guider par le son de cet appel à l’aide discret, elle découvrit une jeune ondine revêtant la tenue des novices servant la déesse Ailydis, assise au sol, dans un coin, secouée par des larmes. Elle sursauta lorsqu’elle la vit arrivée et s’essuya les yeux :
« Excusez-moi, vous n’auriez pas dû voir cela.
-Ce n’est rien. Que se passe-t’il qui vous mette dans cet état ?
Elle hésita un instant puis céda en pleurant de nouveau
-J’ai brisé les vœux que j’avais récité afin de servir la déesse.
-Vous avez bri…. Oh, elle venait de comprendre quel genre de vœux elle avait brisé.
-Et quand la prêtresse supérieure va l’apprendre, je serai expulsée, et rejetée par tout notre peuple.
-Vous ne serez pas rejetée par notre peuple. Chaque membre de cette communauté a le droit à l’erreur. Et cela a permis de vous montrer que cette voie n’était pas faite pour vous..
-Mais elle l’était, elle l’est toujours ! Je vais aller en parler à la grande prêtresse et me diriger vers le temple de Phoebe qui m’acceptera peut-être.
Elle se leva et commença à partir, Nissa l’interpella :
-Mais avec qui ? Et comment avez-vous craqué ?
Elle se retourna une dernière fois vers elle, et elle sentit que les sentiments de la novice se mélangèrent dans une effusion de contradictions :
-Un ondin dans rêve, un rêve qui s’est avéré être la réalité. »

La novice s’éclipsa, laissant Nissa seule avec cette énigme. Elle revint dans la pièce principale du temple et se rassit, solitaire dans cette immensité, l’endroit idéale pour la réflexion. Cette novice semblait avoir des convictions et une volonté profondément ancrée en elle, un ondin aurait-il vraiment pu la convaincre par sa seule attraction. Il était vrai que certains êtres du sexe opposé de leur espèce exerçait une fascination autant sur les êtres de la surface que sur ceux de l’océan, mais de là à corrompre une novice… C’était un acte prémédité commis par un ondin qui devait en vouloir au temple. Un amoureux éconduit peut-être, par une ondine qui avait préféré Ailydis à lui. Elle avait parlé de rêve, aurait-il eu le pouvoir du contrôle de ceux-ci ? Passant subtilement du rêve à la réalité sans que sa victime en ait conscience ? Il devait être très puissant. Une chance pour Nissa, les ondins de cette puissance ne courrait pas les rues de la cité engloutie, même si celle-ci rassemblait les êtres les plus imminents et puissants de leur population. C’était sa seule option, et il lui fallait des indices. Une vénérable prêtresse était en train de terminer d’honorer la déesse, elle en saurait certainement davantage. Elle nagea vers elle :
«Mère, je suis de retour en ville depuis peu après un voyage à la surface et je suis triste d’apprendre les nouvelles qui touchent votre temple.
-Mon enfant, je suis heureuse que tu sois revenue de ce voyage plus épanouie qu’en partant d’ici. Il est vrai que ce qu’il se passe est malheureux, mais si les dieux l’ont décidés ainsi, c’est qu’elles n’étaient pas dignes de servir la déesse.
-Espérons que cette époque se termine bientôt. Quand cela a commencé ?
-Cela doit faire depuis trois mois… Depuis la mort tragique d'Ayliena, qui serait devenue prêtresse aujourd’hui.
-Que lui est-il arrivée ?
-Elle était sortie afin de récolter des spécimens de coraux. Une tempête c’est déclarée et l’a propulsée contre un rocher, lui cassant les os de la colonne. Même nous ne sommes pas à l’abri des dangers de l’océan.
-Elle a du faire beaucoup de malheureux.
-Oh oui, elle était aimée, mais c’est surtout Lopyia qui l’a pleuré longuement. Il était très épris d’elle, et plusieurs fois nous avons eu des altercations avec lui depuis. Il tient toujours la boutique où l’on peut trouver toute sorte de choses faites à base de nacre, mais sans grande passion…Mon enfant, je dois vous laisser. La déesse veille sur vous.
-La déesse veille sur vous aussi. »
Elle devait aller voir ce Lopyia, simplement pour vérifier ou contredire son hypothèse. Elle sortit du temple en prenant la direction de la boutique. Elle était assez réputée dans la région, donc même elle en avait entendue parler et savait dans quel coin de la cité la trouver, une fois qu’elle y serait, elle trouverait bien de quoi lui indiquer la bonne échoppe.

Elle arriva rapidement à destination. Durant le trajet, elle n’avait pas vraiment réfléchie comment elle aborderait le sujet avec cet ondin. Il était toujours très mal vue d’accuser une personne sans avoir de preuves. Elle ne l’accuserait pas, mais elle trouverait bien une brèche à exploiter.
Elle trouva facilement la boutique qui avait une très bonne visibilité pour les passants, et y entra. La boutique était vide à cette heure là où la plupart des ondins avaient des tâches à effectuer de leur côté. Tant mieux, elle serait plus tranquille. Elle fit mine d’observer un bracelet lorsqu’un ondin vint l’interpeller. Il était d’une beauté à couper le souffle :
« Bien le bonjour mademoiselle, ce bracelet vous a charmé ?
-Oui beaucoup, j’en cherche un de cette qualité pour l’offrir à ma sœur, Némia, qui vient d’entrer chez les novices au temple d’Ailydis. En improvisant, c’était la première idée qui lui était venue à l’esprit, jouer une sœur triste que son aînée la quitte en rejoignant les ordres religieux, et cela sembla interpeller ce qui devait être Lopyia.
-Vous devez beaucoup l’aimer pour envisager d’acheter un tel bracelet.
-Oui, j’espère qu’elle ne m’oubliera pas en se dédiant à la déesse. Elle prit un air attristé.
-Vous pensez qu’elle ne reviendra pas sur sa décision ?
-J’aimerai tellement que cela soit possible. Dernièrement on a vu beaucoup de novices être refusées, je me demande bien pourquoi… Mais j’espère qu’elle en fera partie. C’est égoiste de ma part, vous devez me trouver atroce monsieur.
-Appelez moi Lopyia chère mademoiselle, et non je trouve que vos sentiments sont tout à fait justifiés. Il est vrai que cet ordre a des règles très strictes, peut-être va-t-elle les enfreindre ?
-C’est vrai qu’elle aimait beaucoup séduire les jeunes ondins à l’époque, mais c’était à l’époque.
-Et être séduite ?
-Il faudrait être malveillant pour tenter de séduire une novice exprès pour qu’elle se perde… Mais oui c’est une possibilité qui pourrait marcher. Mais comment ? On peut difficilement les approcher et elles sont très surveillées maintenant.
-Oh quand une femme a envie d’assouvir ses désirs, elle y arrive croyez moi. Il lui fit un clin d’œil.
-Ah oui ? Mais comment déclencher ce désir ?
Lopyia ne voyait en elle qu’une jeune ondine innocente et il avait l’air de prendre du plaisir à trouver quelqu’un avec qui partager son hobbie. Elle sentait que la joie et l’excitation dominaient dans ses émotions, et il lui semblait qu’aucuns mensonges n’avaient été prononcés par celui-ci depuis le début de son histoire.
-Et bien, en les faisant  rêver de l’être à chérir pardis ! En implantant une idée fixe dans leur rêve afin qu’elles souhaitent plus que tout le vivre dans la réalité.
Pendant qu’il parlait, Nissa exploitait ces deux sentiments dominants, les nourrissant, afin que la méfiance et la retenue ne tardent plus qu’à être lointaines dans l’esprit de l’ondin.
-C’est possible ? Qui peut faire ça ?
- Retrouvez-moi ici ce soir à 23h mais pas avant, et vous verrez bien.
Elle hocha la tête et sortit de son échoppe. S’assurant qu’il ne la suivait pas dur regard, elle fit quand même des détours et arriva à la caserne dont l’ondin Adriel lui avait parlé et le demande au premier des individus qu’elle rencontra. Quelques minutes après il venait la rejoindre et elle lui expliqua la piste qu’elle avait. Si ce n’était pas très sérieux, il décida de l’accompagner au rendez-vous que Lopyia lui avait donné, mais en se postant à 22h près de son échoppe, dissimulés par l’ombre des habitations.

Très rapidement, une ondine, en tenue de novice du temple d’Ailydis apparut. Elle semblait absente, le regard dans le vide, comme contrôler. Elle vint se présenter à l’échoppe de Lopyia qui s’empressa de lui ouvrir. Même Nissa qui se trouvait à plusieurs mètres fut attirée par lui, car il développait ses dons d’ondins sur la novice :
« C’est toi l’homme du rêve ?
-Tu es toujours dans un rêve mon amour.
-Que dirait Ailydis ?
-Elle ne le sait pas, tes rêves t’appartiennes, tu peux en faire ce que tu en veux. Dévoue toi à elle la journée, dévoue toi à moi la nuit dans tes rêves. »
Il l’embrassa et l’attira chez lui. Adriel se tourna vers Nissa et lui dit :
« Ne bougez pas, je vais chercher des renforts, ce qu’il fait là est vraiment douteux. »
Il partit. Elle attendit mais quand la novice sortit, Nissa saisit cette occasion pour interpeller Lopyia :
« J’ai vu ce que vous avez fait. Elle se pensait dans un rêve ! »
Il la regarda d’un air mauvais.
« Vous voyiez que c’est possible pour votre sœur d’être séduite.
-Mais elles n’ont pas consciences de ce qu’elles font.
-Et alors, la faute est commise !
Elle entendit un mouvement derrière elle, elle espérait que c’était les membres de l’Ot’Phylès Cala’Tiare qui arrivaient. Il fallait qu’elle continue de le faire parler, de plus la novice sortait de sa transe et commençait à prendre conscience de ce qu’elle avait fait.
-Vous utilisez vos dons sur vos semblables ! C’est répugnant.
-Je les charme dans leur rêve, puis je les oblige à venir vers moi dans la réalité. C’est facile de faire tomber les barrières qui les protègent dans un rêve. Une fois qu’elles sont à ma merci, il n’est pas difficile de les charmer et de les faire céder afin de les rendre impures ! »

Elle avait réussi à le démasquer. C’était un pur acte de malveillance que d’élaborer une telle stratégie afin de faire céder des novices pour ne pas qu’elles honorent la déesse. Comment résister à un individu aussi beau que lui qui utilisait de telles tactiques ? Elle comprenait qu’elles aient cédés, surtout si elles se disaient que cela resterait un rêve.
« Lopyia, je pense que le parlement voudrait vous dire quelques mots. Vous allez nous suivre dans les cachots. »
C’était Adriel. Les ondins de la garde se saisirent de l’ondin renégat et le bâillonnèrent afin qu’il ne réveille pas toute la cité engloutie par des cris.
« Merci pour le service que vous nous avez rendu, nous ne l’oublierons pas. »
Il partit et Nissa prit l’initiative de ramener la novice au temple en la consolant comme elle le pouvait. Elle rencontra la grande prêtresse, qu’elle avait vu dans l’après-midi, sur le porche du temple. Elle dirigea la novice vers une salle dans laquelle elle pourrait se remettre puis revint vers Nissa qui lui expliqua les faits :
« Je vous suis reconnaissante pour ce que vous avez accompli aujourd’hui. Je vois que vous n’avez pas encore reçu votre perle. Il est en mon pouvoir de vous l’attribuer. »
Elle la guida vers une salle ou des perles trônaient. Nissa en fut toute éblouie, impressionnée par la splendeur des perles.
« Prenez en une.
-Mais comment choisir ?
-Vous n’avez pas à choisir, vous le saurez une fois que vous aurez trouvé celle complétant le fragment que vous portez au cou et qui a évolué avec vous depuis que vous le portez. »
Nissa passa devant plusieurs perles et s’arrêta net devant l’une d’elle. Elle ne pouvait plus en détacher son regard. Elle la saisit et vint la placer dans le collier qui contenait déjà son fragment. Elle sentit tout son être s’accorder parfaitement à l’océan et la puissance qui l’envahissait dés à présent :
« Vous avez choisi la Voix des Anges. Félicitation mon enfant, maintenant rentrez chez vous. »
Nissa inclina la tête, serrant le collier contenant sa Perle au creux de son cœur. Elle était envahie par un sentiment de bien-être. Avant de rentrer, elle voulut savoir ce qu’il adviendrait de l’ondin malveillant et repassa à la caserne où se trouvait Adriel :
« Nissa, je suis content que vous repassiez me voir. Je souhaitais m’entretenir avec vous. Votre action auprès de nos services nous a bien avancés et mes supérieurs ont été impressionnés. Voudriez-vous  rejoindre l’Ot’Phylès Cala’Tiare ? Nous verrons la section qui vous convient par la suite.
-C’est un de mes vœux les plus chers . J’accepte !
-Très bien, venez avec moi. »
Nissa suivit Adriel, avec la hâte d’une nouvelle recrue.

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