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 Les expériences meurtrières (passage au niveau III)

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Jeu 03 Déc 2015, 21:29



« Encore ?! »
râlait mon père, confortablement installé dans son fauteuil fétiche, une affiche fraichement arrachée à la main. J’attendais sa prochaine exclamation, le fixant sans dire un mot. Cependant, ce dernier préférait me tendre le papier qu’il lisait plutôt que d’émettre une nouvelle remarque.
« Tiens, lis-moi ça. C’est affligeant, désolant et inquiétant ».

Je saisissais le parchemin, étonnée qu’il se décide à me la partager, ce n’était pas dans son habitude d’agir de la sorte, plus spécialement il avait toujours eu tendance à garder les informations malheureuses pour lui seul, espérant ainsi me préserver de la cruauté du monde.
Je m’étendais sur le canapé jouxtant son fauteuil, décidée à exécuter ses volontés. Je sentais son regard se poser sur moi toutes les deux ou trois lignes, analysant la moindre de mes réactions. L’article en question portait sur la disparition successive d’un nombre important de sirènes, et dont les dépouilles étaient retrouvées quelques jours plus tard échouées sur la plage de sable fin. Je fronçais les yeux au fur et à mesure de ma lecture, les détails dévoilés me glaçaient le sang. Les cadavres présentaient tous des mutilations au niveau de la gorge des demoiselles. Je déglutissais péniblement, commençant à suer nerveusement. L’attention de géniteur m’étouffait, la lecture de l’article m’avait fortement perturbée, ainsi, j’aurai apprécié un peu d’intimité afin de pouvoir encaisser toute la barbarie dont le meurtrier avait fait preuve.
Je levais volontairement mes yeux au niveau de ceux de mon père, tentant en vain d’inhiber l’expression d’horreur qui creusait mon faciès.
« Et bien … » commençais-je à souffler, ne sachant pas du tout comment j’allais achever ma phrase. « C’est ignoble ce que subissent ces filles ». Je décidais de ne rien ajouter de plus, tant je n’avais les mots.
« Ta mère doit être en train de mener l’enquête, pourquoi n’irais-tu pas la rejoindre ? Cela m’assurera également que tu es en sécurité auprès d’elle ».

J’accusais la nouvelle, chamboulée par une telle déclaration. J’espérais qu’il me taquinait, qu’il souhaitait juste que je me positionne un peu plus dans cette affaire, plutôt que de me contenter des quelques mots maladroits que j’avais prononcés quelques secondes avant sa demande. Mais je réalisais très rapidement à sa figure qu’il n’en était rien, qu’il était sérieux.
« Tu penses vraiment que je serai davantage en sécurité là bas ? » demandais-je le plus sincèrement du monde. J’étais prête à lui obéir, s’il désirait me voir rejoindre ma mère dans la Cité Engloutie, alors j’irais sans broncher.
Je n’avais pas besoin d’attendre sa réponse pour la comprendre. Je me résolu à monter préparer quelques affaires avant de quitter la maison.
« Je m’occupe de prévenir ta mère, elle viendra te chercher sur la plage » lâchait-il, manifestement attristé par sa propre demande.

Quelques minutes plus tard, j’étais prête à partir. Ma mère m’attendait sur le pas de la porte, contrairement à ce qui était convenu.
« Je ne pouvais pas te laisser faire le chemin par tes propres moyens ! » s’exclamait-elle en me prenant dans ses bras, comme si j’étais en danger. Or, il était très évident que je ne l’étais pas le moins du monde. Je m’empressais de la rassurer.
« Maman, arrête de t’inquiéter. Le tordu qui enlève toutes ces femmes cherche quelque chose en particulier, cette chose se trouve dans leur gorge. Tu dois savoir qu’il s’agit donc de leur Perle. Or je n’ai pas encore reçu la mienne, je ne suis donc pas une cible pour cet homme ».

A la voir dans un tel état, j’en concluais qu’elle savait ce que je lui disais, mais qu’elle était tout simplement bouleversée par les évènements. D’ailleurs, tous ses mouvements étaient rapides et nerveux, elle enchainait les mouvements parasites et ne respirait pas normalement. Il me fallait plusieurs dizaines de secondes avant de concevoir qu’elle était également inquiète pour elle. Contrairement à moi, elle possédait sa Perle …
Cette constatation me nouait le ventre, mais je décidais de ne pas lui en faire part, elle était déjà visiblement sous trop d’émotions négatives pour en rajouter en supplément.
Je me tournais vers mon père, qui avait franchi la porte principale de la maison. Lui aussi était inquiet, si bien que je commençais à me demander si j’avais bien réalisé l’ampleur des choses. Je m’approchais de lui, le serrais dans mes bras en l’embrassant.
« T’en fais pas, je reviendrai bientôt ! », je lui souriais à présent de face, afin d’appuyer mes dires avec mon visage. Les mots peuvent tromper, mais pas les émotions. Cette démarche eut l’effet escompté, mon père me rendit mon sourire et me souhaitait tout de même de passer un bon moment avec ma mère.

Tournant les talons ma mère et moi, nous nous dirigions dorénavant vers la plage. J’en profitais pour la questionner sur cette affaire, espérant qu’elle en sache un peu plus que moi.
« Vous avez des pistes ? » me renseignais-je sans aucune subtilité, ce qui l’étonna.
« Nous pensons qu’il s’agit d’un scientifique. Il ne serait pas le premier à vouloir connaître le secret de la Perle Prisma tu sais… Il y a déjà eu quelques cas similaires il y a des années, mais jamais, au grand jamais, cela n’a duré aussi longtemps qu’avec celui-ci. A chaque fois, le coupable était neutralisé en quelques jours. J’imagine qu’on ne sait pas tellement où rechercher cette fois. Tous les cadavres trouvés ces derniers jours sont mutilés de la même manière, nous pensons donc avoir affaire à un seul responsable ». Elle marquait une pause, mais visiblement quelque chose la contrariait, son visage le criait. J’exerçais une légère pression sur sa main, espérant que cela l’aide à exprimer cette chose qu’elle gardait pour elle.
« Une autre jeune fille a disparu Arwen, mais cette fois-ci, il ne s’agit pas d’une sirène lambda, il s’agit de la fille d’une personne très haut placé, et qui plus est, la fille d’une de mes amies ».

J’observais un moment de silence, bouche bée. Il s’agissait d’une demoiselle que ma mère connaissait, voilà pourquoi elle était si perturbée depuis qu’elle est arrivée à la maison. Je n’ajoutais rien, je ne souhaitais pas la faire parler contre son gré, lorsqu’elle voudra, elle parlera d’elle même.
« Ah mince ! » s’écria t’elle brusquement en tapant dans ses mains, « j’ai oublié quelque chose chez papa. Je reviens, reste sur la plage je fais vite ».
Je hochais la tête en m’asseyant sur le sable chaud.

J’admirai la vue avec plaisir, bien que je l’avais déjà contemplée maintes et maintes fois. J’aimais voir  les mouvements de la mer, les déplacements d’algues et d’écume et tout se qui se tramait sur les flots. Par ailleurs, une petite barque se détachait de l’horizon, se rapprochant de plus en plus de la plage. Intriguée par la petitesse du canot, je ne détachais pas mes yeux de lui. Après quelques secondes seulement, la barque s’arrêtait net, et un homme se mit debout. Je ne comprenais pas l’utilité de se tenir de la sorte sur un radeau si petit, il risquait de le faire chavirer sans le vouloir. C’est alors qu’il attrapait quelque chose dans le renforcement de la coque, et qu’il la jeta par dessus bord. Je devais surement devenir paranoïaque, car il me semblait que ce soit un corps humain qui désormais coulait lourdement dans les flots.

Décidée à en avoir le cœur net, surtout depuis la parution de l’article dans le journal, je m’empressais d’entrer en contact avec l’eau et de troquer mes deux jambes au profil de ma queue de sirène. Le temps pressait, il ne fallait pas que la barque m’échappe tant que je n’étais pas sure que ce qui a été jeté à l’eau ne soit pas humain.
Je me battais contre les courants de toutes mes forces, si bien que j’arrivais à hauteur de la cargaison coulant lentement dans les entrailles de la mer. Je m’approchais farouchement et poussa un cri d’horreur. Il s’agissait bien d’une femme, la gorge en lambeaux. Prise de panique, je ne savais que faire : Poursuivre la personne qui s’en est débarrassé ou attendre le retour de ma mère et la prévenir ? Le problème avec l’option numéro deux, c’est que le coupable s’échappe, car même s’il n’était pas le meurtrier, il n’en demeure pas moins un complice certain.
Poussée par la confiance que j’ai acquis très récemment, je décidais de m’élancer à sa poursuivre. « Si je reste discrète, il ne me découvrira pas. Et en plus, je ne lui serait d’aucun intérêt, puisque je n’ai pas encore ma Perle ».

Je nageais dans la pénombre des profondeurs, juste en dessous de la barque. Je ne désirai pas me faire repérer, mais il me fallait quand même pouvoir observer ses faits et gestes. Pour le moment j’avais un avantage certain, je ne me fatiguais pas à ramer derrière lui, la nage était pour moi un moyen de me déplacement extrêmement peu coûteux en énergie, et en plus de cela, j’étais silencieuse. L’homme posa pied à terre sur une île qui m’était inconnue. « Pas étonnant que personne ne l’ai cherché ici, il n’y a rien d’autre que la mer à perte de vue ». Cependant, je restais tapissée dans les courants froids. L’ile était posée sur un rocher, qui prenait naissance sur le banc de sable au fond de l’océan. Je m’approchais des rochers, espérant trouver une entrée exploitable, pouvant également me servir de sortie si je décidais d’y pénétrer. En faisant le tour du rocher, je ne décelais pas d’entrée possible, en revanche je tombais nez à nez avec une grille. Il faisait très sombre, je n’y voyais pas grand chose, mais je sentais la présence d’une de mes semblables.

« Il y a quelqu’un ? » murmurait une petite voix apeurée à l’intérieur du rocher.
Je ne répondais pas, l’idée que ce soit un piège s’était présentée à mon esprit, et je n’étais pas ici pour me faire capturer et mourir sans révéler à qui que ce soit l’existence du lieu.
« S’il vous plait, je vous sens, vous êtes une amie, une sœur. Ne me laissez pas ». La petite voix pleurait désormais.
La tentation de répondre s’accroissait. Je ne pouvais pas prendre le risque de laisser une autre congénère mourir, et encore moins par ma faute. Je m’apprêtais à lui répondre, tout mon corps se tendait d’anxiété à l’idée de tomber bêtement dans le panneau.
« Je vous entend. Comment suis-je censée savoir que vous ne me tendez pas un piège ? » déclarais-je à mi-voix.
Les pleurs redoublèrent.
« Je ne sais pas, j’ai peur, faites moi sortir d’ici. Je ne veux pas mourir, pas comme la précédente ». Sa phrase s’achevait dans un sanglot qui ne me laissait pas indifférente. Les larmes commençaient à envahir mes yeux.
« Que s’est-il passé ? Je vais vous aider. Dites-moi ce qu’il a fait à la « précédente » ? ». Si elle était réellement prisonnière de l’homme que nous recherchions, alors elle serait capable de me répondre de façon exacte sur la manière dont il procède et ce qu’il cherche à savoir.
« J’ai tout vu… Il l’a attaché sur la table, elle pleurait, le suppliait de la laisser partir. Elle a dit qu’elle ne dirait rien, qu’elle avait de l’or, des biens et qu’elle donnerait tout pour qu’il la laisse en paix », la demoiselle reniflait péniblement, puis enchainait la voix tremblante « Il n’a rien répondu et s’est contenté de lui ouvrir la gorge lentement pendant que la malheureuse hurlait de douleur. Il y avait du sang partout, c’était horrible, puis quelques minutes plus tard, elle ne criait plus, elle était morte ».

La demoiselle apparu soudainement aux barreaux. Ses mains les agrippaient douloureusement, elle avait aussi été blessée. Elle avait des lacérations sur les bras, et ses poings étaient liés ensembles.
« Ecoute, tu vas t’éloigner des barreaux, je vais les faire céder. Avec le bruit qui va en émaner, il faudra agir vite. Je te détacherai les mains avec mon poignard et en échange, tu m’aides à attraper le malade qui t’a capturé. C’est d’accord ? ».
La principale intéressée hochait la tête et se tapissa à l’autre extrémité de la cage. J’espérais qu’elle tienne parole.
Les barreaux étaient trop épais pour que je réussisse à les faire plier avec mon corps, en revanche je pouvais utiliser ma télékinésie pour projeter un rocher contre eux et les déformer suffisamment pour permettre de faire sortie l’ondine. Je sélectionnais avec soin le plus gros morceau de rocher que je serai en mesure de soulever, puis je le fracassais contre la cage. Le résultat fut sans appel : La cage était bien déformée. L’ondine se précipitait en dehors, me pressant pour que je lui détache les mains.
« Merci ! Merci ! Mille mercis » s’écriait-elle, sans penser au bruit qu’elle produisait. Je lui plaquais ma main sur la bouche instinctivement, mais l’homme était déjà entré dans la cage, voulant récupérer son butin.
Rassemblant mes esprits, j’utilisais l’hypnose contre lui, espérant que l’ancienne prisonnière tienne parole et qu’elle l’attache solidement.
Ce qu’elle fit fut encore mieux, elle lui décrocha un coup de bâton de fer sur le crâne, l’assommant pour un bon moment.
Je me précipitais sur le corps de l’homme et je l’attachais avec les liens de sa propre table d’opération, que j’avais soigneusement détaché de son substrat.
« Aide moi à le porter, on va l’emmener au Palais, puis je te raccompagnerai chez toi ». La jeune sirène s’exécutait. Je me positionnais sur le dos et elle sur le ventre de façon à coincer le corps entre nous.

Le trajet se déroulait sans embûche, le scientifique demeurait inconscient. Nous discutâmes Helen et moi de sa capture et de son envie de retrouver ses parents.
Notre entrée au Palais était tout sauf discrète. Nous acheminions un corps, les regards qui se posaient sur nous étaient terrifiés et emplis de questionnements.
« ARWEEEEEEEEN ! » hurlait une voix familière, celle de ma mère. J’avais totalement oublié l’avoir laissé en plan sur la plage plus tôt dans la matinée. Son visage était rouge de colère, mais lorsqu’elle reconnue la fille de son amie, elle s’écria devant toute l’assemblée.
« NE ME DIS PAS QUE VOUS AVEZ ATTRAPE LE MEURTRIER ?! ». Maintenant, elle pleurait.
« Non madame, c’est pas nous qui l’avons attrapé, c’est uniquement votre fille ». Helen me regardait fièrement. J’étais désormais très gênée. Ma mère m’indiquait la pièce du palais dans laquelle je devais livrer le criminel. Fière de moi, elle me présentait à ses supérieurs, qui me firent raconter mon périple.
Les personnes en charge réfléchissaient à une récompense suffisante pour me remercier du service rendu au peuple. C’est ma mère qui trouva le tribut nécessaire.
« Je propose qu’elle obtienne sa Perle » déclarait-elle sans appel. « Elle a l’âge et les capacités requises, et en plus elle a réussi à achever la série de mort qui planait au dessus de nos têtes. Quel rang veux-tu intégrer, ma fille ? ».
Cette scène, je l’avais rêvée depuis petite, comme toutes les ondines. Je savais exactement où me destiner.
« Je souhaiterai intégrer l’Ot Phylès Prismée » déclarais-je sure de moi. « Je souhaite être un des représentant du peuple ondin sur terre, comme l’est ma mère. Cela fait des années que je vis dans les deux milieux, je pense convenir parfaitement pour ce rôle ».
Pleine d’espoirs, je recevais ma Perle enchanteresse et mon assignation sous les yeux attendris de ma mère.


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