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 Paris débiles [PV Reddas]

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Dim 08 Mai 2016, 18:49

「 Paris débiles 」
Libre. Eärhyë savourait ce nouvel état de faits, ce nouveau statut. Libre de toutes contraintes, libre de voguer au gré de ses envies, d'errer dans les recoins les plus attrayants ou au contraire plus sombres.

La jeune femme n'était pas un Vampire pour deux sous, même si le lynx en elle rugissait parfois pour obtenir sa viande crue ; vous l'aurez compris, c'était un Bélua de sang-mêlé, pauvre Réceptacle rejetée des Sang-Pur comme des autres membres de sa race en raison de son incapacité frustrante à ne pas savoir se maîtriser...
Aujourd'hui, Eärhyë n'en avait cure. A voyager seule sur le même continent, elle ne représentait plus aucune menace envers les individus, qu'ils soient de sa race ou non, et pouvait dorénavant développer sa personnalité jusqu'ici bridée par la discrétion qu'on lui imposait. Foulant le sol où s'étalaient quelques résidus de poudre blanche, enjambant des rocs recouverts de mousse, son entrain n'avait d'égal que son plaisir à parcourir de nouveaux paysages.

Avalon était la ville des Déchus, des vices, une ville où cohabitaient un méli-mélo explosif et enrichissant, mais d'où les tympans n'en ressortaient pas indemnes.
L'Edelweiss était tout l'inverse. Un océan paisible au coeur même d'une chaîne montagneuse. Si le Rocher au Clair de Lune était le lieu propice pour hurler sa vénération voire son amour à la Déesse Phoebe, le territoire des Vampires n'était pas en reste.

Cela faisait une semaine que la jeune fille à la démarche souple et féline bivouaquait dans cette ambiance si apaisante. Laissant le lynx prendre davantage sa place dans la nature, elle se nourrissait de ce que ce dernier ingurgitait, trouvant de la nourriture pour ces deux entités réunies dans un même corps.
Laissant également libre cours à sa passion du pistage, la jeune femme était surprise de n'avoir rencontré aucune autre âme. Même dans des contrées aussi sauvages, quelques voyageurs égarés ou des amateurs d'escalades ou autres activités extrêmes praticable seulement dans la nature n'aurait pas du être si complexes à trouver...
Eärhyë se mit alors en quête d'une ville, d'un bourg, d'un village, d'un hameau, bref de quelques choses qui contiendraient deux-trois péquenauds, de quoi la sortir de cette solitude mordante. Son insolence était mise à rude épreuve du fait de son ermitage, elle avait besoin de se défouler dans la civilisation.
Elle s'arrêta en pensant à quelques choses.


Remarque à moi-même... Eviter de dire ou penser à péquenaud sur le territoire des Vampires, ou je risque de devenir plus pâle que la mort...

Bien sûr, cette remarque la fit glousser toute seule. Parler de pâleur marbrée et de mort en évoquant les vampires, y'avait de quoi amuser la galerie, même si cette galerie se résumait à elle seule. Voilà qu'elle se surprenait à détenir un humour des plus morbides, la belle affaire !

Ce n'est qu'après douze jours passés dans cette nature dépaysante qu'elle découvrir un village. peu friande de se mêler à la misère de la société, elle chercha en premier lieu la taverne, désireuse de se désaltérer un gosier asséché.
Les Béluas et les Vampires sont en bons termes en général ? se demanda-t-elle alors qu'elle avançait dans la ruelle principale. Trop tard pour reculer, de toute manière... Elle espérait simplement que les suceurs de sang savaient se contrôler en société, où elle serait quitte à ne pas faire de vieux os... Ahah...

Elle pénétra dans la taverne le plus discrètement possible. Enroulée dans sa tenue de voyage, des vêtements sombres et une cape gris foncées, elle prit le temps de s'arrêter au niveau du comptoir.


Un pichet d'hydromel fraîche, s'il vous plaît, commanda-t-elle d'une voix mélodieuse mais dénuée de chaleur.

Y'a qu'ici qu'vous l'trouv'rez si fraîche, v'zavez, répondit le tenancier dans un accent à couper au couteau.

La Bélua fronça les sourcils, mais ne fit aucun commentaire, remarquant les canines affûtées. Elle était toutefois surprise de découvrir que tous les aubergistes du monde se valaient. Un accent incompréhensible et une odeur désagréable frôlant le nauséabond.
Payant sa note avec empressement, elle se dirigea vers la table la plus éloignée du comptoir pour ne plus avoir à subir cette infection. Pas de chance, elle était occupée par un vampire à l'allure marginale - mais n'était-ce pas le lot de tous les vampires ? Pourquoi ne me suis pas renseignée avant de m'embarquer dans ce voyage chez les Suceurs de sang ? se morigéna-t-elle, un sentiment de peur naissant au fond de sa poitrine, réveillant la Bête et la faisant feuler au plus profond d'elle.


Vous semblez sortir tout droit de la terre, lui adressa son voisin de table alors qu'elle se servait une rasade d'hydromel.

Bel accueil, répondit-elle sur un ton agacé.

Oui, elle s'était lavée au dernier point d'eau rencontré, une petite rivière à deux jours d'ici à pied. Si elle ne puait pas tant que le tavernier, elle ne devait tout de même pas être des plus reluisantes...


Où avez-vous traîné pour être peinturlurée de la sorte ? persista son voisin de table.

Eärhyë soupira mais au fond, elle n'y pouvait rien changer : elle avait désiré de la compagnie, elle en avait.


J'ai fait le chemin du Rocher au Clair de Lune jusqu'ici, en prenant mon temps.

Oh, vous n'êtes pas passée par le plus bel endroit de l'Edelweiss.

Ce que j'ai vu m'a amplement suffi
, cracha-t-elle presque, espérant mettre ainsi un terme à cette conversation énervante.

Avouez plutôt que vous ne seriez pas capable de tenir tête au froid mordant...

La Bête redressa son échine en même temps qu'Eärhyë posait sur le Vampire un regard dans lequel s'était allumé une note d'intérêt. Les choses commençaient à prendre une tournure qui lui plaisait.



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Dim 08 Mai 2016, 20:00

 « Vous savez, mon cher Chasseur, je ne peux vous couver indéfiniment. Un jour, il vous faudra faire vos preuves, et voler de vos propres ailes. »

Ce fut bien la première qu'elle me provoqua de la sorte. Si d'ordinaire, elle ne cessait de me me rabâcher que je devais prendre mon mal d'indépendance en patience – et croyez-moi, je ne désirais qu'une chose, m'affranchir – elle me surprit pleinement avec de tels propos. Le naturel me poussa à lui rétorquer que je ne désirais que cela, que cette condition de nourrisson avait bien trop duré à mon goût. Elle m'afficha alors un sourire énigmatique.

 « Désirer est une chose bien différente d'essayer. Mais je ne vous apprends rien, n'est-ce-pas ? »

Bien que je trouvai, comme à l'accoutumée, une telle expression faciale envoûtante, je ne pus m'empêcher de me sentir à la fois provoqué et courroucé. Elle connaissait très bien mes habitudes, et ma personnalité ne lui était guère étrangère. Si elle me poussait de la sorte, c'était qu'elle attendait bel et bien quelque chose, et sans doute ne voulait-elle guère me le révéler ce que je devais accomplir. Est-ce qu'une telle pique à mon égard avait pour but de me pousser à dépasser mes limites ? S'agissait-il de quelque rite initiatique, à l'image du baiser de la mort, où la goule, emplie d'une volonté infatigable, parvient à s'affranchir de sa condition, et révèle en elle son instinct profond de chasseur ?

Je ne pouvais le dire. Je découvrais encore les sensations inhérentes à ma condition de vampire, et jamais encore, je n'avais autant bouilli de rage à l'idée de voir le contrôle m'échapper. Je me résolus alors de quitter le château et de parcourir l'Edelweiss pour montrer que je pouvais bel et bien me saisir de mon indépendance.

Là encore, je dus me confronter à un nouveau problème. S'il m'était arrivé de visiter les contrées verdoyantes à proximité de Dasha, tout comme la mer de sable qui caractérisait cette région, je ne m'étais encore familiarisé avec la chaîne de montagnes. J'avais passé l'essentiel de mes derniers jours – et même dernières semaines – dans la partie boisée du Fjörd, où je commençais enfin à avoir mes repères. Occasionnellement, je m'étais rendu au château Malkavian, mais jamais au-delà. Ce berceau demeurait bien trop proche du cocon protecteur dont elle m'affublait jusqu'alors, et j'avais pour souhait d'illustrer que j'étais capable de dépasser de telles limites.

Aussi, aurais-je été bien sot de partir à la chasse en montagne sans avoir pris quelques précautions préalables. Je m'étais bien évidemment équipé de mes armes usuelles, de quelques fourrures pour affronter le froid, et avais décidé de faire une halte dans quelque taverne où j'espérais avoir des renseignements sur la région. Quelles créatures rodaient dans les parages ? Quelles étaient les bonnes pratiques à avoir en altitude ? Jusqu'alors, mes repères étaient essentiellement fondés sur des territoires boisés. Il était donc essentiel que j'en apprenne davantage sur le paysage enneigé avant de me lâcher corps et âme en son sein.

 « Pour sûr, v'trouv'rez pas d'paysage plus zimposant qu'not' belle chaîne d'montagnes. Par contre, j'vous zuggère d'prendre un bâton, quoiqu'vot' lance pourrait faire l'affaire, pour tâter les crevasses. V'z'éloignez jamais trop d'un abri, surtout quand vous voyez des nuages dans l'ciel. Le blizzard, y pardonne pas. »

Tels avaient été les propos du tenancier de l'auberge dans laquelle je me trouvais présentement à siroter un pichet de sang de miel. Au bout de ma deuxième gorgée, je vis que mon voisin de table, confrère vampire également, me fixait avec un intérêt qu'il ne cachait guère. Le temps que je me demande, toutefois, quelle pouvait être la cause d'un telle insistance, une jeune femme aux allures négligées, bien que non désagréable à regarder, fit son entrée dans la taverne. Il me fallut quelques instants pour saisir qu'elle était, selon toute vraisemblance, une Bélua, aux marques présentes sur ses oreilles.

Dans la mesure où elle s'installa juste à côté de mon voisin de table, sur le flanc opposé au mien, mon regard revint naturellement vers ce dernier. Je pus constater qu'il la fixait avec le même intérêt que précédemment. Était-ce donc son occupation fétiche que de scruter les clients de cette auberge avec insistance ? Je me résolus à conclure que cet énergumène était singulier, mais néanmoins indigne de mon attention.

Je fis erreur.

N'ayant rien de mieux à faire, j'écoutai quelques bribes de la conversation qu'il entretint avec la jeune femme. Je conclus bien assez vite qu'il cherchait à fricoter avec cette dernière. Mon intérêt pour leur échange se ternit rapidement, lorsque le vampire choisit précisément le moment où j'avalais une autre gorgée pour s'adresser à moi.

 « Après tout, tout vampire passe par-là à un moment ou à un autre, s'il veut se faire respecter. Je me demande si vous autres, Béluas, avez autant de mordant que nous, quant il s'agit de défis. »

L'énergumène s'était tourné dans ma direction en déclamant ces propos, puis s'était retourné en direction de la jeune femme. S'il me provoquait pour que j'entre dans quelque pari stupide, je ne comptais point suivre ses dires fallacieux. Toutefois, je ne pus m'empêcher de penser à ma discussion au château, et l'idée de rite initiatique me revint.

Était-il possible qu'il ait lu, sur mon visage, les signes distinctifs d'un jeune vampire ? Ce fut une question qui me traversa l'esprit. Alors que je l'avais jugé comme un original, ce personnage avait soudainement, pour une raison que je n'expliquais guère, attiré ma curiosité. Je décidai alors de me rapprocher pour en apprendre davantage.

 « Voyez-vous, par chez nous, on considère qu'il faut tenir… trois jours dans le blizzard pour être considéré comme un vampire digne d'être respecté. En deçà, on a la crédibilité d'un enfant. »

Là encore, je n'expliquai guère mon envie soudaine de répondre à cette invitation. Elle m'était également destinée, à ne point en douter, mais il n'y avait rien de rationnel là-dedans, et j'en étais conscient ! Pour autant, cela ne m'empêchait guère de demeurer pleinement attentif à ses propos, tandis qu'il acheva en ponctuant d'un sourire malicieux.

 « Vous vous sentez d'attaque pour relever le défi ? »

J'attendais encore avant de me manifester, bien qu'intérieurement, l'affaire était déjà réglée.

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Lun 09 Mai 2016, 18:54

「 Paris débiles 」
Toute à son agacement de se voir dérangée de la sorte, Eärhyë ne s'était pas rendue compte qu'un autre vampire à l'apparence plus jeune - une apparence qui ne voulait pas dire forcément grand chose vu que c'était un vampire...
Prenant enfin conscience de sa présence, elle se renfonça discrètement sur son siège, mal à l'aise de se voir cerner de la sorte. La Bête grondait d'ailleurs en elle, pas confiante non plus, par conséquent sur la défensive plus que sur l'offensive : on attaque jamais lorsque l'on est en infériorité.

Le nez dans sa chope, elle faillit avaler de travers et s'étouffer en entendant le propos du premier Vampire, le parleur agaçant. Elle planta ses yeux glacials dans les siens, contenant à grand peine la colère foudroyante qui la saisissait. Si elle avait pu ressentir de l'intérêt au préalable, ce dernier s'était envolé vers d'autres cieux.


Prends plutôt garde aux termes que tu emploies, répondit-elle d'une voix placide, employant d'emblée le tutoiement en signe manifeste d'irrespect. Demander à un Bélua s'il a du mordant risque de te valoir de belles traces de crocs sur ta peau marmoréenne. Ce serait plus voyant que deux trous de tes pauvres canines...

Eärhyë parlait toujours avant de réfléchir. Elle était venue se désaltérer dans un semblant de société, en quête de la compagnie des uns sans pour autant se retrouver ennuyée par d'autres, et voilà que la jeune femme se tenait prête à déclencher une rixe si son voisin allait trop loin... Dire que j'ai eu peur en arrivant ici, on ne saurait le croire...
Faisant fi de ses recommandations, le Suceur de Sang continua sur sa lancée, expliquant la mise à l'épreuve d'un Vampire permettant d'obtenir une renommée, sûrement respectable aux yeux des Vampires mais un peu banale à ceux de la Bélua. Trois jours dans le blizzard, en quoi est-ce difficile..? Mais c'était la Bélua en son sein qui parlait, et non la véritable humaine.


Oscillant sa tête vers la droite pour mieux fixer son interlocuteur mais également en signe d'intense réflexion, elle s'interrogea sur le sérieux de la manœuvre. Était-ce un moyen de la neutraliser par la suite ou réellement une mise à l'épreuve à laquelle elle ne sentait aucunement concernée ?

Si je comprends bien, tu me proposes une épreuve qui élèverait un individu de ta race à un rang respectable mais je ne vois pas en quoi ce défi est digne d'un Bélua.

Ses yeux bleus glacials exprimaient de l'indignation feinte, dans sa façon coutumière de toujours pimenter les péripéties qui s'offraient à elle.
Commençant enfin à trouver son équilibre entre discrétion et assurance, Eârhyë releva le museau vers l'assemblée qui lui faisait face, adossant son dos au mur comme pour empêcher quiconque de la surprendre par l'arrière. Nous ne sommes jamais trop prudentes... La Bête acquiesça d'un ronronnement roucoulant, comme si elle souhaitait exprimer sa fierté de voir son "élève" concrétiser tant d'années d'apprentissage. La prudence était un maître-mot chez les lynx...

Sans être comble, la salle principale présentait tout de même une petite foule amassée ça et là au gré du comptoir et des chaises disponibles. De quoi galvaniser l'assurance de la jeune blonde qui préféra s'adresser à l'ensemble des "convives" plutôt qu'à un être qui lui apparaissait aussi méprisable que son unique interlocuteur.


Alors mesda... messieurs ! proféra Eärhyë en augmentant le timbre de sa voix pour se faire entendre de tous alors qu'elle notait dans le même temps l'absence totale de femmes dans un tel lieu. Ce que je peux les comprendre... ne put-elle s'empêcher de penser. Elle-même n'était pas friande des tavernes et c'était bien pour étancher une soif incontrôlable qu'elle s'était arrêtée en un tel établissement.

L'impétueux qui me fait face,à deux places près, vient de me dévoiler votre mise à l'épreuve dans le blizzard pour acquérir un rang honorable parmi les Vampires.

Pointant du menton l'impétueux en question pour qu'il se fasse remarquer de tous, au cas où ce défi serait un secret racial, la jeune femme les toisait dans son discours, ne posant jamais son regard plus d'une fraction de seconde sur les visages formant son auditoire.

Voyez-vous, étant une Bélua aguerrie... Un véritable mensonge que les autres ne pouvaient pas deviner au simple jugé du regard, mais qui eût néanmoins le bénéfice - ou pas - de faire intérieurement feuler le lynx de fierté... votre... quête me semble un peu trop simple à vue d'oeil...

Quelques rires fusèrent, et bien qu'elle apprécie qu'ils le prennent ainsi et non à coups de canines pointues, Eärhyë n'en eut cure, . Ils savaient que la jeune femme était une Bélua, certes, mais ils ne connaissaient pas son esprit Totem, l'animal dans lequel elle se réincarnait au cours d'une métamorphose involontaire. Certains auraient probablement quelques surprises...

... et je souhaiterai donc corser les choses. J'imagine que la plupart d'entre vous s'est déjà essayée à cette épreuve et l'a remportée haut la main...

Pour impulsive qu'elle soit, Eärhyë ne se sentait pas l'envie de se faire trucider sur place, et la jeune femme savait qu'il valait mieux flatter quelques egos plutôt que de tenter le Mal en personne.

... mais est-ce que certains se sentent d'attaque pour relever le défi avec moi ? Ou contre moi, d'ailleurs, cela va sans dire !

Et la jeune Bélua resta là, adossée au mur, faisant face à cette foule avec un sourire indolent et insolent au coin des lèvres et des yeux.



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Lun 09 Mai 2016, 20:39

Le mutisme n'était guère dans mes habitudes. J'attendais toutefois la parfaite occasion pour m'exprimer : sans doute quelque invitation plus explicite de la part du vampire bavard, ou tout autre signe distinctif que je saurais reconnaître. Au vue de son attitude, pour l'heure, je pouvais feindre la plus totale indifférence, bien qu'en réalité, je ne détachai guère mon intérêt de cette conversation. Aussi, me demandai-je quelle serait l'issue de leur échange, tandis qu'une grande part de moi-même me poussait inéluctablement, par envie de m'affranchir de ma condition ou par goût du défi, à relever cette épreuve d'une façon ou d'une autre.

Patient, je demeurai, d'autant plus que la Bélua s'échauffait à l'écoute des provocations. Visiblement, je n'avais point été le seul à avoir vu la flamme de la compétition s'animer. Pour l'heure cependant, tout portait à croire que le vampire avait davantage pris soin d'éveiller la verve combative chez cette femme plutôt qu'à mon égard. Le résultat ne tarda d'ailleurs point à s'exposer de façon encore plus explicite : bien qu'elle se défendît en jouant des crocs – au sens propre comme au sens figuré – l'impétueuse Bélua décida d'annoncer au grand jour sa volonté de relever le défi.

La voir ainsi accepter une telle proposition devant le rire de « confrères » me laissa quelque peu perplexe et jeta un froid à mes propres intentions. L'ambivalence me prit alors : avais-je réellement envie de relever ce qui paraissait être une farce aux yeux de beaucoup, ou devais-je écouter ma fierté naturelle qui me poussait à honorer le défi à mon tour ? Qu'en était-il réellement, cependant, dans la mesure où, à l'exception d'une pique que je jurais m'être destinée, je n'avais reçu aucune forme d'invitation du vampire ? Le doute s'était alors installé, l'espace de quelques instants, dans mon esprit.

Ce fut une chose bien plus étonnante encore qui me tira de mon hésitation. La Bélua, fanfaronnant sur la facilité supposée d'une telle épreuve, proposa alors que quelqu'un concoure à ses côtés. Je ne voyais point en quoi cela corsait le défi, car à deux, on survivait plus aisément en solitaire. Elle proposa alors le paradigme inverse : que l'intéressé pouvait l'affronter en tant qu'adversaire, et non en tant qu'allié.

Pour une raison que je n'expliquais encore nullement, cette proposition raviva en moi presque instantanément le désir de répondre positivement à l'épreuve. Je scrutai rapidement la foule, tandis que quelques mots s'échangeaient, çà et là, pour la plupart dubitatifs. L'instinct me poussait à me lever, à me manifester, sans encore expliciter vers quel côté je comptais pencher. En tant que chasseur, j'avais pour habitude d'accepter rapidement mes penchants instinctifs. Ce fut donc sans plus ample forme de cérémonie que je me levai, tranquillement, affichant à mon tour l'air le plus assuré que je pouvais expose, pour répliquer à la Bélua.

 « Il serait malpoli de ne point répondre à l'invitation d'une charmante jeune femme. J'accepte de concourir également. »

Je sirotai alors une gorgée supplémentaire de sang de miel. Du coin de l’œil, j'aurais juré que le vampire bavard affichait un sourire satisfait, presque comme s'il avait tout calculé, et que je venais d'agir selon ses plans. Je dissipai bien vite cette pensée de mon esprit, faisant fi d'une telle hypothèse, pour me convaincre que tout ce qui me poussait à concourir n'était autre que ma fierté personnelle. Ainsi, je parviendrais à me prouver, et à prouver à cette Dame Vampire que j'étais capable de voler de mes propres ailes.

La foule quant à elle demeura quelques secondes hésitante. Je vis que certains s'apprêtaient à rire, tandis que d'autres semblaient davantage marqués par la surprise. Ce fut notre interlocuteur commun, ce doucereux beau parleur qui décida de trancher par des applaudissements. Je me tournai enfin vers lui, et pus constater un sourire carnassier s'étendant sur l'intégralité de son visage. Il ne cachait point son air ravi.

 « Splendide ! Pourquoi ne feriez-vous pas connaissance, avant de vous… amuser ensemble ? A moins que vous ne souhaitez vous affronter l'un l'autre ? »

Des paroles qui me parurent perplexe, et en un sens quelque peu déplacées. Je levai alors une main dans sa direction, lui faisant signe de se dispenser de tels « bons »conseils, avant de m'adresser plus ouvertement à lui, avec un côté quelque peu sec.

 « Ne vous donnez point la peine de conseiller quiconque. »

Je me tournai alors en direction de la Bélua. C'était elle qui avait émis la possibilité de relever l'épreuve à ses côtés aussi bien qu'en étant son adversaire. Je ne parvenais toujours guère à saisir en quoi la première option était un défi à jeu égal que la seconde. Ce fut l'une des raisons pour laquelle je lui laissais le choix sur ma nature prochaine – partenaire ou adversaire. On aurait pu également citer une certaine habitude que j'avais à agir par galanterie, mais elle ne s'appliquait que de façon très minime envers cette femme qui, rappelons-le, n'arborait guère signe distinctif d'élégance ou d'élévation sociale. D'un geste nonchalant, ma main se tourna dans sa direction, alors que je la laissai trancher.

« Je vous laisse le soin de décider. Préféreriez-vous que je concoure à vos côtés ou que je vous affronte ? »

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Mar 10 Mai 2016, 18:33

「 Paris débiles 」
Tic... Tac... Tic... Tac...
Son sourire se fanait au fur et à mesure que le temps passait, déçue de voir si peu de témoins réagir à sa verve Il était bien beau de rire, mais qu'en était-il de l'action ? Si le Vampire bavard et agaçant avait inventé toute cette histoire, elle venait de se ridiculiser de façon magistrale. C'est du moins ainsi qu'elle interprétait les échanges dubitatifs entre membres de la communauté vampirique, même ceux à l'apparence plus jeune ou semblant présenter moins d'expérience et de grâce affichaient une mine réticente.
Eärhyë plongeait le museau dans son godet, son flegme se dissipant dans un nuage trouble, lorsque le voisin de table qu'elle n'avait pas remarqué en arrivant se décida à se lever, relevant le défi en un discours raffiné, qui sonnait très gratiné aux oreilles si peu humaines de la Bélua. Elle ne fit pourtant pas la fine bouche : bien contente de voir un individu se proposait pour le "concours", elle n'allait certes pas lui cracher dessus.


Je te remercie du fond du coeur de te joindre à moi, l'ami.

Le tutoiement n'était pas chez elle un signe d'irrespect du moment que la phrase n'était pas prononcée sur un ton rogue, dédaigneux, hautain ou sarcastique. Ici, ses mots avaient surtout transmis une forme de soulagement flirtant avec la reconnaissance, et son léger sourire, de coutume rare envers les inconnus, en était une preuve suffisante à qui sait voir et analyser.
Une chose était néanmoins sûre, le naturel outrecuidant de l'un et la préciosité de l'autre engendreraient un duo de choc.

Eärhyë s'apprêtait à reprendre la parole, bouche déjà ouverte dans une physionomie comique, pour faire davantage connaissance avec le nouvel intervenant lorsque le Vampire à l'origine de cette situation la doubla, proférant une sorte de sarcasme injurieux que la jeune femme eût tôt fait de vouloir rabrouer. Rouvrant de nouveau la bouche, ce fut cette fois-ci son futur concurrent ou partenaire lui coupa l'herbe sous le pied avec brio, le tout sur une note sèche qui ne déplut pas à la Bélua malgré sa déception de n'avoir pu intervenir. Ma parole, c'est qu'on a du mal à en placer une ! Aurai-je trop parlé auparavant qu'on m'empêche de l'ouvrir de nouveau ? Une lueur amusée mais non pas moins fugace illumina ses pupilles. La jeune femme se dépêcha tout de même d'ajouter :


Je n'aurai pas mieux dit moi-même...

Un conseil lui aurait pourtant été des plus bénéfiques face à la question de celui qui lui tendait à présent la main, en quête d'un accord tacite : concurrents ou partenaires ? Il souhaitait manifestement qu'elle tranche, elle se savait incapable d'un tel choix à la légère. Déjà, elle ne connaissait rien de lui, serait-il trop redoutable qu'il lui faudrait plutôt l'avoir sous l'oeil ? Ou le défi ne serait-ce qu'une promenade de santé qu'elle savourerait davantage dans une solitude à deux, partagée seulement avec la Bête ?
Balayant d'un geste ses pensées sur lesquelles elle s'étaient attardées le temps d'une ou deux secondes, Eärhyë décida de répondre à cette interrogation à sa manière, optant pour se faire l'improvisation.


Enchantée de vous connaître, lui sourit-elle d'un air taquin en lui serrant la main, omettant toutefois de lui préciser son prénom, chose qui se méritait seulement lorsque la confiance serait posée.

Attrapant ensuite son godet à moitié vide et délaissant totalement l'Agaçant, la Bélua fit le tour de la table pour s'asseoir face à celui qui partagerait dorénavant les prochains jours en sa compagnie - ou pas, en réalité... Elle plongea son regard pâle, limite spectrale dans le sien, tout aussi clair et profond. Est-ce un regard, une couleur standards parmi les individus de sa race ? La jeune femme se rendit compte qu'elle connaissait finalement bien peu les caractéristiques des races dans l'ensemble, même de celles qui étaient voisines au territoire des Béluas. Il me faudra étudier plus amplement cela à l'avenir...

Se rendant compte qu'elle le scrutait grossièrement sans même prendre la peine de relancer la discussion, elle s'éclaircit discrètement la gorge et avala une nouvelle rasade d'hydromel pour se donner bonne contenance. Lorsqu'elle reposa sa chope, son air coutumier, froid et distant, avait fait surface, tandis que la Bête ronronnait paresseusement en elle...


Eh bien, avant de lancer dans quoi que ce soit, j'étais venue discuter un peu avec quelques uns de tes congénères triés sur le volet. Si l'autre andouille - elle perçut le concerné fulminer - ne m'a pas convenu, tu sembles avoir un peu plus de jugeote que lui... Un véritable compliment, quand il est prononcé par cette délicate jeune femme.

En réalité, j'étais venue poser quelques questions sur les Vampires en général, en apprendre plus sur vos coutumes, vos... comportements, bref, tu comprends ce que je veux dire.

Pensive, elle traçait quelques formes et arabesques éphémères sur la table, avant que ses pupilles ne retrouvent une consistance plus lucide.

Mais en réalité depuis que nous sommes embarqués dans une telle situation, je suis curieuse d'en apprendre plus. Tu es Vampire, hormis le blizzard intense qui fait apparemment frémir des êtres pourtant de marbre comme vous l'êtes, vous les Vampires... Enfin, je voulais savoir si tu en savais plus sur ce qui nous attendais là-bas...

Et prenant enfin conscience qu'elle n'avait toujours pas répondu à sa question sur une possible entente entre les deux ou au contraire une concurrence, elle haussa les épaules en prononçant ce qui lui traverser l'esprit à ce moment précis.

Quant à ta réponse, je m'en fiche un peu. Si on s'entraide, on s'en sortira sans trop de gerçures, c'est une idée qui ne me déplaît pas, dit-elle malicieusement alors qu'elle savait que le lynx interviendrait dés que le climat serait trop rude. Un défi pimenterait à l'inverse un peu la chose... Peut-être qu'à la fin de notre discussion, l'un de nous deux aura un avis plus tranché.


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Mar 10 Mai 2016, 22:03

La Bélua me fit parvenir des remerciements qui paraissaient sincères en prime abord, en dépit de son tutoiement. Ce dernier n'était toutefois point ponctué de méprise, ou d'un air hautain, ce qui aurait été le comble, à mes yeux. De toute évidence, elle manquait de manières, mais je supposai qu'il s'agissait-là d'une issue prévisible, au vue de son apparence. Fondamentalement, je n'en avais cure : j'avais bel et bien conscience que ceux qui ne recevaient une éducation raffinée comme la mienne ne se rendaient compte de leur caractère rustre. S'il m'importait de conserver un vocabulaire adéquat, en dehors de la sphère familière, je n'allais toutefois point faire l'effort de vouvoyer quelqu'un qui, sans pour autant que ses intentions n'en soient mauvaises, me tutoyait. J'imaginai que de toute façon, quoiqu'il advienne, qu'elle décide que nous soyons partenaires ou adversaires, nous serions amenés à ignorer nos quelconques statuts durant ces trois jours passés dans le blizzard. Autant ne point s'attarder sur le sujet.

Alors que j'attendais réponse à ma question, la jeune femme sembla l'ignorer. Ou alors, désirait-elle faire durer le suspense ? Potentiellement, souhaitait-elle un temps de réflexion avant de se prononcer ? Je n'eus de sa part qu'une poignée de main qui me surprit quelque peu, mêlée à un sourire taquin, que je m'efforçai d'honorer en conservant le mien sans laisser l'étonnement paraître. En dépit de son tutoiement, les bonnes manières me poussaient à ne point manquer de répondre à ses propos. Je remarquai cependant qu'elle ne déclama pas son nom, et une telle omission traduisait une nouvelle fois un manque cruel de style et de politesse. Je ne comptais cependant point m'abaisser à un tel extrême, et répondis en bonne et due forme, en me permettant quand même d'interroger son identité.

 « Tout le plaisir est pour moi. Je me nomme Reddas, et vous êtes ? »

A mon grand dam, elle ne répondit guère de suite, préférant plutôt m'observer sans dire un mot. Ce n'était point une telle fixation qui allait me troubler – si elle souhaitait m'examiner de plus près, qu'elle y procède. J'estimai ne point avoir un physique déplaisant à contempler, bien que si telle était la cause d'une telle scrutation, cette Bélua achevait d'exposer ses lacunes flagrantes en étiquette. Je me retins donc de soupirer, patientant jusqu'à ce qu'elle se hisse de sa stase.

Elle finit par avaler une gorgée de sa boisson. Enfin seulement, elle se mit à parler, à me dire qu'elle était venue ici pour en apprendre davantage sur les vampires, et qu'elle préférait me faire la conversation plutôt que de supporter la compagnie de l'autre bavard. Je haussai alors les sourcils, ne cachant point un léger rire. A vrai dire, je ne savais si je devais percevoir cela comme un honneur ou une moquerie. Mon interlocutrice semblait néanmoins être du genre à parler franchement, et si elle n'avait point l'air de mâcher ses mots, j'optai pour le choix allant davantage en sa faveur.

 « Eh bien, je te remercie d'une telle considération. »

J'acquiesçai naturellement de la tête lorsqu'elle me parla de ses interrogations, bien qu'elles furent formulées de la façon la plus brouillonne qui soit. A défaut, l'idée derrière me paraissait claire, et je ne relevai point, attendant la suite. Je compris que là ne serait guère le sujet principal de la conversation.

Je n'avais point tort : ses questions se concentrèrent davantage sur ce qui nous attendrait dans ces montagnes. Sans doute devait-elle penser que j'étais quelque connaisseur de la région, duquel elle pouvait soutirer des informations plus aisément qu'à d'autres. Si tel était le cas, elle risquait d'être déçue devant le peu que je connaissais de l'Edelweiss. Ceci ne m'empêcha guère de répondre avec franchise, pour faire honneur, à défaut, avec son côté direct.

 « J'espère ne point te décevoir si je t'avoue n'être nul expert de la région. J'ai ouï dire que les paysages y valaient le détour, et hormis deux ou trois bonnes pratiques à adopter en montagne, je dois sans doute être aussi ignorant que toi. »

Je haussai les épaules nonchalamment. Puis je manifestai davantage mon assurance naturelle, affichant un sourire confiant. Ce n'était point parce que j'étais étranger à l'Edelweiss que j'allais me défiler, surtout après avoir accepté formellement de concourir. La Bélua quant à elle, se rendit compte qu'elle avait laissé l'une de mes interrogations en suspens, et décida à son tour de me laisser le choix. Je n'appris donc rien de pertinent quant à la distinction qu'elle percevait entre un partenariat et une compétition. Je bus alors une nouvelle gorgée de sang de miel.

Comme le choix semblait me revenir, je délibérai en interne quant à notre statut. Si encore, nous étions tous deux de fervents connaisseurs du col, la traque de l'autre pimenterait la donne de façon certaine. Cependant, comme nous étions tous deux néophytes en matière de connaissance des lieux, il était fort probable que nous passerions les trois jours à prendre nos repères sans réellement chercher l'autre. De ce point de vue-là, la décision me semblait assez tranchée. Je ne tardai donc point à répliquer sur un air calme, rabattant l'une de mes longues mèches en arrière pendant que je me tournai vers elle.

 « Je dois néanmoins avouer que, tout étranger de l'Edelweiss que je suis, je risque comme toi de passer ces trois jours à prendre mes repères plutôt qu'à te pourchasser. Quitte à ne rien savoir sur les lieux, et afin d'explorer la région au mieux pendant trois jours, autant avoir de la compagnie. Puis-je partir du principe que nous allons donc concourir l'un aux côtés de l'autre ? »

Ce fut à mon tour de la fixer dans les yeux. Yeux qui avaient une pâleur pour le moins déconcertante, et qui contrastaient avec son caractère allant droit au but, presque impulsif. Quel curieux mélange.

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Sam 14 Mai 2016, 19:31

「 Paris débiles 」

hrp:


Eärhyë tiqua. Il n'était donc plus possible d'entretenir une conversation sans avoir à dévoiler son identité dans les cinq premières minutes ? D'accord, ils allaient probablement vivre une aventure commune, il faudrait bien que le Vampire connaisse son nom si elle ne voulait pas qu'il en vienne à un simple "femme". Fort de sa liberté, elle décida de faire durer le suspens un peu, cela ne ferait pas de mal non plus à son interlocuteur. Et puis, elle préférait ne rien présenter de suite, préférant attendre de savoir s'ils concouraient en partenaires ou adversaires, n'aimant pas savoir que de potentiels futurs ennemis connaissent son identité...

Ce qui la titillait surtout provenait de la sacré différence dans leur personnalité. Reddas affichait toutes les caractéristiques d'un individu que la jeune Bélua aurait qualifié de pédant prétentieux, s'il n'avait pas eu peur de se voir affubler de deux trous à la carotide. Cela ferait tâche sur le tableau. A l'inverse, elle se doutait bien, surtout en observant les petits détails sur la physionomie du Vampire, qu'elle-même devait passer pour la singulière des paysannes à ces yeux, avec sa familiarité, son insolence, tout ce qui faisait qu'elle était elle, Eärhyë Lothiel.
Ses remerciements pour une "considération", comme il le disait si bien - ou si mal ? - eut le don de lui tirer un petit rire franc et surpris. Certes, elle avait été sincère dans toutes les phrases qu'elle avait prononcées, néanmoins Reddas se rendrait vite compte que son caractère faisait rarement preuve de considération, l'effronterie avait davantage sa place. Son rire s'éteignit sur un sourire amusé, histoire que son vis-à-vis comprenne un peu plus sur qui il était tombé.

La Bélua remarqua tout de fois le passage au tutoiement. Opinant intérieurement, elle fut plus à l'aise pour laisser libre court à sa personnalité. Du plus loin qu'elle s'en rappelle, elle n'avait jamais usé du vouvoiement tout simplement parce que personne ne l'avait mérité. Un point supplémentaire dans l'insolence, probablement.

Si jusque-là son visage affichait une bonhomie exemplaire, elle fut déçue d'apprendre l'ignorance de Reddas quant à la région. Il ne l'aiderait en rien pour tenir face au blizzard, et Eärhyë craignait que ce dernier ne soit pas le seul adversaire à combattre. Le défi serait autrement trop simple. Tous les Vampires ne connaissent pas l'Edelweiss, alors ? La Bête gronda légèrement, inquiète de cette question. Nous sommes bien sur leur territoire, pourtant ? A moins que ce spécimen ait été élevé ailleurs ? La Blonde cogitait sec, ce qui pour une fois n'était pas pour lui déplaire : avant de se lancer dans quoi que ce soit, elle voulait savoir à qui elle avait affaire, quitte à passer pour une impolie de première.


Attends un peu... Les paysages et les bricoles, je suis au courant, cela fait plus d'une semaine que je traîne dans la région dépaysante. Son apparence négligée, comparée à celle plus soignée de Reddas, suffisait à démontrer les assertions de la jeune femme. L'Edelweiss n'appartient pas aux Vampires, que tu sois aussi ignorant que moi sur la question ?

Finissant le contenue de sa chope, elle fit signe au tavernier de lui remettre la même chose avant de sentir qu'elle était totalement impolie.. En temps normal, cela ne lui aurait pas déplu mais quitte à passer trois jours avec quelqu'un, autant que cela se fasse en bonne compagnie.

Désolée si tu me trouves curieuse, mais tu dois partager aussi ma réticence à l'idée de vivre avec un parfait inconnu donc voilà, je m'intéresse un peu à toi... N'hésite pas si tu as des questions.

Elle se doutait bien qu'une question sur son nom reviendrait sur le tapis mais elle préféra poursuivre sur sa lancée avant de lui laisser le champ libre à tout ce qui pouvait bien traverser sa petite tête.

Ce sera un plaisir que de participer ensemble.

Et elle déclara cela avec un sérieux sincère qui tranchait presque avec son comportement coutumier. En réalité, elle avait accueilli sa proposition par un soulagement non-feint, elle qui commençait à craindre que ses dons de Bélua ne suffiraient pas à contrer le grand froid. Et puis, sans savoir ce qui les attendait réellement, une alliance paraissait des plus nécessaires. Ils pourraient toujours aviser par la suite.

D'ailleurs, je m'appelle Eärhyë, finit-elle par annoncer, omettant toutefois le nom de famille qu'elle s'était elle-même donnée, étant orpheline. Après tout, s'il en avait un, lui, il ne le lui avait pas dit. Autant jouer le même jeu.

Bien. Comme je pense que nous n'allons pas nous regarder dans le blanc des yeux encore longtemps, peut-être faudrait-il qu'on se prépare ?

Frottant pensivement sa joue tâchée de cette marque indélébile, résidus d'une perte de maîtrise lors d'une métamorphose, elle réfléchit à ce qui lui paraissait urgent.

As-tu des prérogatives avant que nous nous préparions, d'ailleurs ?

Quitte à commencer par quelque chose, autant que ce soit par le début.


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Sam 14 Mai 2016, 23:01

HRP:

J'aurais bel et bien pu mentir, mais je n'en avais nullement perçu l'intérêt. Impressionner cette femme ou la charmer m'importait peu : j'avais davantage accepté de relever le défi à ses côtés pour me défaire de ma condition qu'autre chose. Aussi, il me paraissait raisonnable qu'elle sache ce que je maîtrisais – et en l'occurrence, que je ne maîtrisais point la géographie environnante – si nous devions faire équipe efficacement. En dehors du registre séducteur ou éloquent, le pragmatisme était un paradigme que je privilégiais. Je pus alors constater comme une forme d'agacement chez mon interlocutrice lorsqu'elle se rendit compte de mon ignorance.

Encore une fois, je hochai nonchalamment les épaules. Ce qu'elle disait était vrai – l'Edelweiss appartenait bien aux vampires. Pour autant, je n'appartenais à cette race que depuis peu, et découvrais donc progressivement la région. J'avais pour objectif d'obtenir une connaissance fine de celle-ci, car j'étais destiné probablement à y vivre, désormais. Point d'atténuation ou de dissimulation : je révélai à la Bélua ce qu'il en était, pour qu'elle cesse d'être surprise.

 « L'Edelweiss appartient bien aux Vampires. Cependant, ma transformation n'est que récente, et de mon vivant, je n'avais guère mis les pieds dans la région. D'où le fait que je la découvre encore. »

Une telle question avait du sens, mais elle trouvait bien vite réponse. Toujours dans cette même optique de pragmatisme, je me demandais ce qu'elle pouvait bien savoir pour quelqu'un qui avait passé une semaine dans les environs. Je ne me fis donc guère prier pour lui demander, d'autant plus qu'elle chercha à justifier le fait qu'elle m'interrogeait. D'un geste de la main, je lui rétorquai n'être point dérangé par sa demande.

 « Fais donc, fais donc. Tu disais avoir passé une semaine ici ? Qu'en as-tu appris ? Et que recherches-tu dans cette région ? »

Je ne relevai point sa remarque quant à la réticence de vivre avec un inconnu. Pour moi, il s'agissait d'un défi comme d'un autre, et j'étais prêt à le relever. L'inconnu était souvent source d'amusement, et notre future cohabitation n'était que partie intégrante de cette épreuve que j'avais acceptée. Inutile, selon moi, d'y accorder plus de considération que nécessaire. J'attendais encore un peu avant de réitérer la question sur mon nom.

Je n'en eus guère besoin. Contre toute attente, la Bélua finit par se présenter sous le nom d'Eärhyë. Bien, j'avais à présent un nom à associer à ce visage cicatrisé, ne serait-ce que pour l'interpeller normalement, ou tout bonnement savoir comment l'appeler si j'avais besoin d'aide suite à quelque mésaventure. J'acquiesçai alors de la tête tandis qu'une expression discrète d'amusement se dessinait sur mes lèvres. Mes propos furent alors les suivants.

 « Enchanté. Je pense que cela nous sera plus pratique et agréable pour nous apostropher mutuellement que de simples « toi ! ». »

Je me permis cette très légère pointe d'humour pour illustrer que je n'étais point aussi rigide que mon pragmatisme pouvait laissait entendre. De toute façon, Eärhyë paraissait être aussi directe que moi, et souligna qu'il était temps pour nous de passer à l'action. Du moins, aux préparatifs. Étant de toute façon d'ores et déjà équipé à voyager car ne comptant faire qu'une brève halte dans cette auberge, je laissai mon sourire s'étirer un peu. Je lui répondis donc.

 « Cela ne dépendra que de toi dans ce cas. Je suis d'ores et déjà paré et équipé. J'avais prévu de reprendre la route sitôt ma pause terminée. Nous pouvons partir dés à présent »

Je conclus par une dernière gorgée, mais ne me levai guère. Je n'étais point impatient au point d'exprimer un branle-bas de combat. Mes armes étaient disposées à côté de moi, tout comme le vaste manteau de fourrure que je m'étais procuré pour venir. S'ajoutait à cela un sac contenant une couverture de survie. En temps normal, la seule chose qui pouvait réellement manquait, c'était des vivres et de l'eau. Du moins, voilà ce que j'aurais clamé si j'étais encore humain. Je n'en avais guère besoin présentement : tout ce qu'il me fallait, c'était du sang. Et pour cela, j'étais nécessairement contraint à chasser. Il ne tenait donc qu'à Eärhyë de décider si elle comptait se procurer de telles nécessités sur place, ou de veiller à cette précaution avant de partir. Pendant ce temps, je saisis le manche de ma lance afin de me distraire avec en la faisant pivoter sur elle-même. Dans la mesure où un coéquipier en bonne forme est plus efficace qu'à l'agonie, je décider de m'adresser à nouveau à ma partenaire pour lui faire part de cette considération.

 « Quoiqu'à la réflexion, il manque peut-être vivres et boisson. Pars-tu du principe que nous trouverons de quoi faire sur place, ou préfères-tu que nous prenions des précautions en amont ? »

J'avais ponctué cette question d'un sourire énigmatique. Il ne m'avait pas échapper qu'avec un caractère aussi impétueux et prompt au défi, elle pourrait me reprocher d'être petit joueur. Si tel était le cas, cependant, ma réponse était déjà parée, et je l'attendais au tournant.

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Lun 16 Mai 2016, 18:06

「 Paris débiles 」
Eh bien, j'avais oublié que les Vampires ne naissaient pas tel quel, je suis un peu idiote... Du coup, je comprends un peu mieux que tu sois aussi dépaysé que moi.

La jeune femme, avant ses paroles, avait hoché brièvement. Elle avait brusquement eu peur d'avoir pris tant de précautions pour rien. Et puis, elle eut soudain conscience de la bêtise de son appréhension : entourée de Vampires comme elle l'était dés à présent, le doute n'avait pas sa place sur la race prédominante.  Il faut croire que ma blondeur a parlé avant moi, se désola-t-elle. La Bête lâcha quelques jappements que la Bélua interpréta comme un ricanement moqueur. Couché toi, ce n'est pas le moment de la ramener. Un feulement réprobateur lui répondit et Eärhyë décida de calmer ses ardeurs avant que le félin ne veuille sortir de sa cache. Il serait malvenu qu'un lynx bondisse en plein milieu d'une assemblée de Suceurs de sang dans le but d'attaquer. Quoique... Une cohabitation entre une part Bélua et une autre Vampire serait-elle possible ? Ou la métamorphose vampirique annihilerait les gênes bélusques ? Apportant sa commande, à savoir une chope d'hydromel "bien fraîche", le tavernier mit fin aux divagations de la Blonde, et celle-ci put se recentrer sur l'objet de la situation.

Une semaine, oui.

Ses pupilles virèrent vers le flou, cherchant dans ses récents souvenirs quelques menus détails qui lui permettraient de répondre aux attentes de son partenaire. Mais outre l'absence de point d'eau pour quelques baignades superflues ou des régions désertes de trace d'homme, ou de n'importe quelle race que ce soit, elle ne pourrait guère lui apprendre énormément de choses.

Je cherchais un coin sauvage pour me sentir totalement dépaysée. Autant te dire que je ne fus pas déçue. Outre l'absence de points d'eau et le fait qu'il ne faut pas compter sur de l'aide extérieure, je ne peux pas vraiment te renseigner davantage. Nous allons probablement... affronter ce blizzard dans les hauteurs, les coins risquent d'être pas mal escarpés mais à part cela... Ce sera la surprise totale pour nous deux.

Et elle ajouta sur un petit sourire complice.

Finalement, on ne sera peut-être pas de trop à deux !

La remarque qui suivit son "enchantement" accentua l'amusement de la Bélua. Certes, il n'avait pas tort. Et puis, en ce qui la concernait, elle se serait rapidement énervée s'il la titillait par des "hé, toi !" ou des "Femme !", et il ne fallait jamais énerver un Bélua. Surtout quand ses pairs le considéraient comme un simple Réceptacle incapable de son contrôler...

Eärhyë avisa le sac de voyage qu'il lui montrait et qu'elle n'avait pas remarqué jusque-là. Hochant la tête, elle se remémora son propre départ du Rocher au Clair de Lune : pas de sac avec provisions, seulement les vêtements qu'elle portait alors sur les dos et les pieds nus en raison d'une métamorphose inopinée. Autant dire qu'elle n'était pas prête pour un départ préparé en bonne et due forme. Ce souvenir qui lui paraissait si loin maintenant porta ses pensées vers Mirra, son ami de toujours, mais son cheminement fut heureusement rapidement avorté.


Eh bien, tu me sembles mieux préparé que moi... lâcha-t-elle sur un ton pensif. Enfin, j'ai ce qu'il faut également, avec quelques vêtements de rechange pour ne pas assaillir ton odorat développé de mon odeur très... particulière après plusieurs jours sans point d'eau.

Le tout avait été dit sur un ton des plus malicieux, et le regard partageait cette émotion. Une malice qui perdit nettement de la consistance alors qu'il parlait de se procurer de quoi se sustenter. Elle prit soudainement conscience avec qui, ou avec quoi elle s'apprêtait à partir, et sa méfiance revint au galop. Elle chercha toutefois à ne rien en laisser paraître, elle ne voulait pas que leur équipée parte sur un mauvais pied.

Nous... Elle pensait au lynx et elle, mais Eärhyë se corrigea d'instinct. Je saurai me débrouiller en chemin, la vie prolifère même dans le blizzard. Mais... Sauras-tu trouver une quantité suffisante pour subvenir à tes besoins.

Elle avait l'impression de mal s'y prendre pour évoquer le sujet, et cela l'agaçait haut plus haut point. Ficelant de manière serrée Réserve et Appréhension, elle s'efforça de sortir sa pensée d'un coup.

Bref ! Loin de moi l'idée de paraître déplacée, mais si tu ne prends pas tes précautions, t'auras pas envie de me sauter au cou au bout de deux jours ?

Sur ce, elle afficha son visage le plus innocent. Elle avait beau être "douce" comme un agneau, elle ne tenait pas forcément à servir de repas...

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Lun 16 Mai 2016, 22:06

L'explication était assez simple, si simple que cette Eärhyë se qualifia d'idiote. Je supposais que ceux qui n'étaient guère habitués à côtoyer des vampires n'avaient jamais réellement l'occasion d'y penser – et à vrai dire, j'avais bien du mal à statuer là-dessus en tenant compte que j'étais encore humain jusqu'à récemment. Aussi, me contentai-je de sourire très légèrement à cette remarque et de répondre pour signifier que cela ne me dérangeait guère.

 « C'est un détail qu'on a vite fait d'oublier, tant il est indigne d'intérêt. »

Je haussai légèrement les épaules. On avait bien mieux à penser que les fondements de la naissance des vampires, et il n'y avait nul besoin de nous attarder là-dessus. J'étais, pour ma part, davantage intrigué par les impressions qu'Eärhyë me relaterait suite à son passage dans les environs, afin que j'appréhende avec plus d'exactitude ce qui nous attendait. La Bélua ne tarda point à m'expliquer qu'en recherchant un « coin sauvage » comme elle l'appelait, elle avait pu constater l'absence de points d'eau, ce qui ne me dérangerait outre mesure. L'eau n'était plus une denrée absolument vitale pour moi. Elle était certes nécessaire pour se défaire de senteurs désagréables, mais je doutais qu'il s'agirait de notre priorité une fois dans les montagnes.

Quelle ne fut pas ma surprise lorsqu'Eärhyë m'évoqua les vêtements de rechange qu'elle possédait pour pallier ce désagrément. J'ignorais que les Béluas, aussi proches de la nature qu'ils étaient, pouvaient être à ce point concernés par des considérations telles que leurs odeurs à l'état sauvage. En tant qu'ancien humain, il s'agissait certes d'un aspect important en société. Des signes ostensibles de crasse relevaient d'une négligence de mauvais goût, et je ne pouvais dire que ma future partenaire était, en l'état actuel des choses, l'exemple même de la propreté. C'était sans doute pour cela que j'avais laissé échappé doucement un rire, auquel j'adjoignis une remarque légère.

 « Je suis touché par un tel souci de ma personne. Je doute pour autant que douces senteurs et propreté soient au rendez-vous de cette expédition. M'est avis que nous aurons suffisamment matière à nous préoccuper pour que cela ne nous tracasse guère. »

S'il m'était arrivé de camper dans les bois, cela n'avait jamais duré plus d'une nuit. J'étais en outre accompagné de domestiques à l'époque. Cette épreuve constituerait donc une véritable première pour moi, où je devrais exprimer ma pleine indépendance et débrouillardise pour faire face à mon environnement. Enfin, pour être exact, j'agirais presque en solitaire, et la seule personne qui pourrait potentiellement me soutenir serait la Bélua. Cela changeait, dans tous les cas, de mes habitudes.

Cette expression bien gaie s'estompa assez vite cependant, alors qu'Eärhyë me scruta avec méfiance. Elle semblait réfléchir à quelque chose, hésitant peut-être à me le demander ? Sa décision fut prise bien assez vite, et je compris ce qui la tracassait. Mon statut de vampire la dérangeait. Elle se demandait comment je comptais gérer ma soif de sang, ce qui était légitime. Craignait-elle peut-être pour sa gorge, sans doute tendre à croquer ? Je m'égarai un peu, l'espace d'une fraction de seconde tout au plus, d'autant que je ne m'étais encore jamais abreuvé d'un être humanoïde. Je ne pouvais donc savoir quel sensation il en découlait, mais cela viendrait sans doute avec le temps. Dans tous les cas, j'amorçai ma réponse par une expression d'assurance.

Il était vrai que jusqu'alors, j'avais eu de mal à contrôler mes pulsions. Cependant, ces derniers jours, l'envie insaisissable de sang paraissait être sous contrôle, si bien que je parvenais à me maîtriser tant que j'avais une source dans un périmètre tolérable pour satisfaire ma soif. Dans la mesure où elle avait dit elle-même que le blizzard n'était pas exempt de vie, je pus lui répondre la chose suivante.

 « Si, comme tu l'as dit, la vie prolifère dans le blizzard, tu n'as rien à craindre. Il est vrai que j'aurai besoin de chasser, de nuit de préférence, pour satisfaire ma soif de sang sur des animaux. Cela dit, tu auras besoin de te nourrir. Partant du principe que tu récupères la chair, je prendrai le sang. Tu n'auras alors rien à craindre. »

… Si bien sûr je parvenais à contrôler mes pulsions durant le défi, bien entendu. Je pensais toutefois pouvoir tenir le coup pendant trois jours. Afin de la rassurer, je fis geste à l'aubergiste pour recommander un autre sang de miel. Si elle voulait des précautions, en voici une que je ne manquais guère d'illustrer en levant mon gobelet à son égard lorsque je fus servi.

 « Mais si précautions tu désires, en voici une : je ne partirai guère assoiffé d'ici. »

Il me tardait de partir à l'aventure, mais je devais à présent finir ma boisson, et attendre qu'Eärhyë en fasse de même. Jusque-là, la conversation avait tourné sur mon statut de vampire, et une idée me vint. Pourquoi ne point inverser la tendance ? N'ayant jamais réellement adressé la parole à un Bélua auparavant, je me dis que l'occasion était bonne pour en apprendre davantage sur eux. Je ne connaissais que de brèves généralités à leur égard. Aussi, m'en servais-je comme point d'amorce pour lui poser à mon tour des questions.

 « J'avoue être loin de posséder une expertise sur les Béluas. Je sais que vous êtes liés à des animaux. Qu'est-ce que cela vous apporte, concrètement, si ce n'est point indiscret ? Et à quel animal es-tu liée ? »

J'en profitais aussi pour apprendre à davantage la connaître. Elle serait la seule personne en ma compagnie pendant trois jours, après tout, et nos survies respectives risquaient de dépendre l'un de l'autre. Autant en savoir suffisamment sur elle pour ne point commettre de regrettables erreurs d'appréciation.

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Jeu 19 Mai 2016, 15:49

「 Paris débiles 」
Les réponses de Reddas la laissèrent pensive. La jeune Bélua avait déjà assisté à des parties de chasse de la Bête dans un froid extrême, elle savait donc par expérience que de petits êtres hibernaient par un temps pareil. Et ils étaient encore plus facile à occire, vu qu'ils dormaient sans faire part d'une réelle conscience du monde extérieur. Seulement seuls les plus petits et par conséquent frêles créatures se tenaient à disposition pour la curée, le banquet, appelez-le comme vous le souhaitez.
Le Vampire devenu à présent son partenaire avait du anticiper ses pensées. Malgré sa répugnance à l'odeur que dégageait la coupe bien que le miel atténue les désagréments, au fond la jeune femme était soulagée de le voir prendre ses précautions L'algorithme était fort simple : plus il boirait, plus elle serait soulagée. le contraire étant, elle resterait sur ses gardes. Pas qu'elle ne voulait pas accorder sa confiance, mais certains cas exigeaient une prudence de tout instant.

Levant à son tour sa chope en réponse à son geste, elle avala une petite gorgée sans décrocher ses pupilles de son visage. Quelques expériences l'intéressaient toujours, et d'ailleurs les voyages étaient faits pour cela. Même si elle se doutait du résultat, sa curiosité s'interrogeait sur une possible trace de sang sur le pourtour de ses lèvres quand il aurait fini d'ingurgiter sa boisson. En vertu de l'apparence soignée de son vis-à-vis, elle ne ressentit aucune surprise en découvrant aucune perle pourpre oubliée là par inadvertance.

Hochant vaguement la tête pour elle-même, un sourire étira ses lèvres alors que la chaleur de l'hydromel entreprenait son trajet vers son système nerveux, chassant sa rigidité à coup de bulles.


Je te remercie d'assurer tant de précautions pour moi. Tu as du le remarquer sur mon visage, mais ça me rassure beaucoup !

Pensant qu'ils en avaient fini et que tous deux frémissaient d'impatience à l'idée de se mettre en route sans tarder, Eärhyë allait terminer sa chope cul sec dans un manque flagrant de politesse et de tenue lorsque Reddas l'interrogea sur sa race. La Bélua grimaça, à la fois surprise et gênée. Elle aurait pourtant du s'attendre à un retour de bâton après tant de questions, prononcées ou non, sur les Vampires. Cependant, elle ne s'était pas préparée à devoir épiloguer sur ce sujet, tellement qu'il lui répugnait d'évoquer voire même ne serait-ce que penser aux individus qui les avaient persécutés et laissés sur la touche, Mirra et elle. Mais Eärhyë savait qu'il sera incorrect de sa part de ne pas répondre, après tous les efforts de Reddas pour répondre à ses attentes.
Tournant légèrement sa chope de manière à observer son contenu ambré en mouvement, elle soigna sa réponse.


Ce que cela nous apporte ? Un fléau ou une bénédiction, selon les opinions et la manière de vivre notre condition. Personne, j'ai eu pas mal d'ennuis à cause de mes gênes alors je n'ai pas forcément le sourire en évoquant le sujet.

Et Reddas avait le droit à la preuve en image.

Parce que oui, ce sont dans nos gênes depuis notre naissance. On peut être de Sang-Pur et alors on est bien vu par les autres, ou bien de Sang-Mêlé avec seulement un parent Bélua et dans ce cas-là faut se battre pour obtenir une place, souvent précaire.

Eärhyë avala une nouvelle gorgée pour cacher son amertume avant de poursuivre.

Et y'a les rebus de la société, ceux qu'on appelle Monstres, création béluesque après une morsure. Ceci dit, je ne connais pas bien ce processus. Je ne pense pas que cela se déroule comme vous autres les Vampires, mais je ne voudrais pas proférer des âneries.

Puis un vague sourire vint masquer la dureté de son visage tandis qu'un index se levait pour atteindre ses oreilles où trônaient quelques touffes de poils bien félin, caractéristiques même des lynx.

Et tu oses encore demander à quel Totem je suis liée ? la taquina-t-elle en affichant une pâle copie de son air malicieux.


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Jeu 19 Mai 2016, 18:22

Si tant était qu’elle craignait que je ressente le besoin impérieux de m’approvisionner en sang pendant ces trois jours, il y avait une solution simple : provisionner. Le temps me dirait si j’irais jusqu’à la troisième consommation. Pour l’heure, je me contentai d’apprécier celle en cours, sous le regard visiblement ravi de ma future partenaire. Elle mit en avant ses réjouissances, auxquelles je souris doucement. Je ne pensais point qu’un verre de plus aujourd’hui changerait réellement la donne dans deux jours. Toutefois, cela semblait la rassurer, et autant partir du meilleur pied à son égard pour que la coopération se déroule au mieux. Je n’allais point non plus réfuter que j’appréciais cette source de rafraîchissement. J’avais juste une excuse supplémentaire pour en profiter.

Toujours était-il qu’à mesure que nous sirotions respectivement nos boissons, je m’étais un peu plus intéressé aux Béluas. La proximité avec le Rocher de Clair de Lune que possédait le Fjörd m’avait permis d’en rencontrer davantage que de mon vivant, et autant profiter de l’occasion. En ce sens, la réponse d’Eärhyë m’apprit qu’il existait des castes au sens de leurs races : ceux considérés comme des sangs purs étaient destinés à un confort plus évident que les hybrides. Bien rapidement me vint un parallèle avec l’aristocratie chez les humains. Ceux issus de bonne famille avaient l’ascendant sur les roturiers, et cette distinction coulait de source à mes yeux. Le pouvoir appartenait aux êtres exceptionnels, et ces êtres perpétuaient leur supériorité dans leur descendance. Si jamais le pouvoir devait s’écarter de cette lignée, aux ordinaires de prouver qu’ils méritent de l’obtenir. Telle était la nature des choses.

Je haussai les épaules à l’exposé d’Eärhyë. Le fait qu’elle ait dû batailler, en vertu de sa nature mitigée, ne regardait qu’elle. Je savais que je devrais faire moi-même mes preuves au sein de la société vampire, mais je ne voyais guère l’intérêt de m’en lamenter : c’était normal. Ma réponse fut banalement indifférente d’expression, contrairement à son visage qui s’était quelque peu assombri en évoquant ces distinctions chez les siens.

 « Chaque race a son propre modèle sociétal. J’imagine que c’est une des raisons qui te poussent à voyager ? »

Ça l’était dans mon cas : je cherchais à multiplier les expériences pour en apprendre davantage, m’instruire, et un jour faire mes justes preuves au sein de ma nouvelle race. Je prenais cela comme un défi sur le long terme, et les Aethers savaient que je ne refusais que très occasionnellement les mises à l’épreuve.

Ma seconde question la fit cependant davantage sourire. Il ne m’avait point échappé, lorsqu’elle était rentrée, que ses oreilles avaient quelques caractéristiques félines. Néanmoins, je n’étais suffisamment familiarisé avec les diversités de la faune que l’on pouvait rencontrer sur ce continent… ou sur les autres, en dépit de mon penchant pour la chasse. Des poils noirs étaient-ils la signature d’une panthère ? Je ne perdais rien à tenter ma chance pour essayer de le deviner. Un léger sourire amusé se dressa sur mes lèvres alors que je fis un signe de négation de la tête avant de lui répondre.

 « Tu es affiliée à un félin, de toute évidence. Ma question portait davantage sur l’animal précis, sauf si cela n’a point d’importance. A tout hasard, s’agirait-il d’une panthère ? »

M’arrêtant quelques instants pour avaler une nouvelle gorgée, je me posai également une question élémentaire : à quoi cela m’avancerait-il de savoir cela ? Si elle était capable de se métamorphoser, le détail aurait potentiellement son importance. Si, cependant, il n’en était rien, la question demeurerait-elle toujours aussi pertinente ? Je rajoutai alors bien assez vite une autre interrogation.

 « D’ailleurs, es-tu capable de muter en l’animal en question ? »

Simple question de curiosité. L’alcool que je consommais se diffusait lentement, et ce n’était point désagréable. Pour autant, je ne pensais guère aller plus loin dans cette voie, en grande partie pour être au mieux de ma forme pour affronter les trois prochains jours. Peut-être un gobelet de sang frais conclurait-il bien la donne ? Je notai cette idée pour plus tard. Tout dépendait de la façon dont la conversation se poursuivait.

Laissant ma pensée divaguer, je passai des considérations sur les roturiers aux parias et mécréants. Une question supplémentaire me vint à l’esprit. Puisqu’elle s’était aventurée dans la région en solitaire, elle en détenait peut-être la réponse. J’avais a priori une idée également, mais autant s’en assurere.

 « Question à part : as-tu, pendant ton séjour dans les montagnes, rencontré des indésirables ? Des bandits de passage, par exemple ? »

Au vue des conditions climatiques, cela me semblait peu probable. Mais ne savait-on jamais…

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Sam 21 Mai 2016, 17:10

「 Paris débiles 」
L'évidente indifférence de Reddas quant à l'exposition de son passé tumultueux voire même tortueux eut le don d'agacer la Bélua, une conséquence davantage dû davantage à l'alcool qu'à une réelle atteinte dans son orgueil. Si elle ne s'attendait pas à un réconfort direct tels qu'une étreinte, un sourire compréhensif ou des paroles compatissantes, visualiser ce simple haussement d'épaules eut le don de la plonger une irritation retenue. Retenue, oui, car comme le Vampire Eärhyë ne souhaitait pas partir sur de mauvaises bases, encore moins en être la cause. Elle avait accepté leur partenariat, à elle de gérer son impétuosité pour que rien ne parte en vrille avant la fin même de cette prise de contact.
Son agacement céda alors la place à une gêne confuse. Elle venait ouvertement de se plaindre qu'il n'était pas dans ses habitudes de se perdre en jérémiades superflues. Erhy, ma petite, va falloir rebondir fissa ! la Bête ne put que gronder pour faire sentir son opinion, et les paroles de Reddas accentuèrent sa gêne alors qu'il exprimait la généralité de ce comportement ailleurs. La jeune femme hocha le tête, approuvant totalement.


En effet. Le voyage permet de découvrir des paysages plus différents les uns des autres, de rencontrer des gens sympathiques... ou non, d'ailleurs... Et puis de se confronter à soi-même. Voyager exhibe une étendue de chemins tous plus alléchants, mais le choix revient à nous seul et puis voilà, on se sent libre.

Et voilà qu'elle partait dans un délire onirique et philosophique porté par des effluves d'alcool qui embrumaient progressivement son esprit. Un de ces jours, je vais m'isoler pendant un mois pour apprendre à contrôler les effets indésirables de l'alcool...
Manifestement gênée, elle se gratta timidement - un état qu'elle détestait subir - sa tâche sur son visage avant de sourire vaguement, marmonnant quelques mots avant de réfugier sa bouche dans la chope.


Tu comprendras quand tu voyageras...

Elle ressassa son comportement des plus incongrus, avec cette avalanche de gêne et de timidité qui l'amenait à se demander si ce n'était pas dû à tous ces Vampires présents autour d'elle. C'était une excuse plus sympathique que de tout remiser une fois de plus sur l'alcool. Ce dernier ne méritait pas d'avoir si bon dos que cela.

La suite la laisse coite de stupeur avant de laisser échapper un rire discret qui soulignait bien son amusement. Une panthère, vraiment ?

Et moi qui pensais que les Vampires avaient une bonne vue.

La remarque n'était pas forcément cinglante, c'était surtout une taquinerie dans le but de la faire reprendre pieds. Néanmoins, elle aurait cru qu'il reconnaîtrait par lui-même ces poils en forme de pointe, clairs à la base et allant foncés en s'élevant en pointe, caractéristiques de son animal Totem. De l'animal tout court, d'ailleurs.

Un félin, ce n'était pas dur à deviner, mais je peux t'accorder un demi point pour cette bonne réponse. En revanche, je n'ai jamais vu une panthère avec de tels poils et sincèrement, si tu en croises une un jour dans une quelconque région, fais-le moi savoir que j'aille y jeter un oeil.

Elle avait prononcé cela les yeux plissés par la malice tandis que son index glissait nonchalamment sur le pourtour de sa chope. Bien sûr, ce serait un geste plus glamour si le récipient était fait de cristal mais la Bélua n'avait jamais eu la folie des grandeurs.

Je m'incarne en Lynx et en effet tu peux comprendre par le terme incarner une mutation intégrale. C'est douloureux et les plus novices d'entre nous sont relégués au rang de conscience dans un corps limité. Mais il paraît que plus l'osmose est grande entre l'entité et le... réceptacle et plus les capacités sont grandes.

Toutefois la petite moue qu'affichait Eärhyë en déclarant cela suffisait à montrer son incrédulité face à de tels sornettes. Pour elle, on ne faisait que subir, voilà tout.

Elle accueillit la question suivante d'un hochement de tête appréciateur. Les échanges sur les qualités et défauts de leur race respective étaient certes alléchants, néanmoins ils avaient un défi à relever et l'impatience de la jeune femme, toujours portée par l'alcool, créait de petits frémissements.

Malheureusement, non. Si les animaux foisonnent dans une zone climatique plus tempérée, rencontrer quelqu'un fut peine perdue. Il ne faudra compter que sur nous-mêmes.

Ce fut à son tour de hausser les épaules.

Mais le défi n'ayant pas l'air si torride à relever, dit-elle en s'amusant de son jeu de mot minable, à deux nous devrions nous en sortir sans problème, non ?

Peut-être était-elle naïve mais on ne pouvait pas lui soustraire cette confiance toute innocente qu'elle portait sur ses propres capacités.




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Sam 21 Mai 2016, 19:18

Je ne m’attendais point à ce que ma réponse génère chez elle l’envie de s’adonner à pareille tirade sur le sens des voyages. D’autant plus qu’elle prêchait un convaincu : j’exécrais la forme de sédentarité et de routine à laquelle ma vie d’humain m’aurait destiné. Ma vampirisation m’avait ouvert de nouvelles portes. J’en profitais alors pour découvrir des horizons neufs, moins hostiles envers la race humaine, tandis que je m’appropriais de nouvelles mœurs. A n’en point douter, les voyages forgeaient le caractère et la personne. La découverte de l’inconnu était une expérience plus qu’appréciable.

En contraste, ce fut sur un air quelque peu distrait qu’Eärhyë conclût ses propos. Se voulait-elle moralisatrice ou donneuse de leçon à m’adresser la parole comme si j’étais un enfant ? J’étais plus âgé qu’elle physiquement, et sans doute l’étais-je tout court. Quoique je ne savais point à quelle vitesse vieillissaient les Béluas, il était vrai. Il me paraissait toutefois enfantin de se cambrer de la sorte sur une telle remarque, d’autant plus qu’il pouvait simplement s’agir d’une erreur d’interprétation de ma part. Ce fut par un simple haussement de sourcils que je lui rétorquai.

 « Oh mais sache que je me trouve présentement en voyage, et que je suis également en quête d’horizons neufs. Me voilà bien loin de contredire tes propos. »

Quoique je n’aurais point adopté un cadre aussi lyrique pour dépeindre mes expectations des voyages. Passons. Eärhyë sembla rire de mon incapacité à deviner précisément l’animal dont il était question. Je réalisai alors que je m’étais bien trop focalisé sur la teinte noire revêtue par ses pointes, et nullement sur la base claire. Ma vue n’était point défaillante – il s’agissait de celle d’un chasseur. J’avais simplement confondu cette base avec sa chevelure blonde, en partie du moins. Pour ma défense, je lâchai un léger rire à mon tour accompagné d’un autre haussement d’épaules.

 « Pardonne-moi de n’avoir jamais vu de lynx, ni de panthère, soi-dit en passant. J’avais ouï dire qu’on pouvait grossièrement les confondre avec de massifs chats noirs, mais je ne vivais guère dans un lieu me permettant de côtoyer l’un comme l’autre. Je te ferai néanmoins savoir s’il m’arrive d’en rencontrer une avec de pareilles oreilles. »

Baliverne et figure de style, car je doutais que nous nous revoyions à l’issue de cette épreuve. Il n’empêchait que mon erreur était un comble pour quelqu’un possédant une passion telle que la mienne. J’aviserais cependant, par la suite, de combler cette lacune. Comme dit, les voyages étaient faits pour cela. Que j’en apprenne davantage sur les Béluas constituait un début.

A ce sujet, j’appris que les transformations étaient davantage subies que voulues de leur part. Encore une fois, il était tentant de faire le parallèle avec une autre race, bien que cette fois-ci, il s’agissait des vampires. Les pulsions issues de la métamorphose étaient difficilement contrôlables au commencement, si bien que nous subissions également un fléau de soif incessante. Un tel rapprochement ne pouvait que me pousser à poser des questions sur la même longueur d’onde que celles d’Eärhyë, tant elles seraient légitimes. Cependant, je lui en fis part sur un air bien calme.

 « Et dans quelle mesure ta conscience conserve-t-elle le contrôle du corps ? Ta façon de décrire le procédé laisse entendre qu’une lutte sous-jacente s’agence entre l’animal et ta personne. »

Si elle craignait que mon désir de sang ne lui joue quelque tour néfaste, il serait de bien mauvais goût que l’inverse soit tout aussi plausible. Ne disposant toutefois que d’une connaissance limitée sur les Béluas, je portais peut-être des soupçons fallacieux, et il ne tenait qu’à elle de m’éclairer. En toute franchise, je ne moquais du danger que cela pourrait représenter. Je me contenterais simplement de trouver grossier de sa part qu’elle se soucie des « défauts » de ma race sans me faire part de la sienne.

Quoiqu’il en soit, je fus ravi de constater qu’elle n’eût rencontré personne dans les hauteurs. Nous ne serions donc point gênés, et nous n’aurions qu’à nous baser sur nos compétences respectives pour affronter la nature. J’adressai alors un sourire un peu plus prononcé à ses dernières remarques tandis que je me décidai à commander une tasse de sang chaud. J’en profitai alors pour répondre à ses propos tandis que cette précaution était la dernière que je prendrais avant que nous ne nous mettions en route.

 « Au contraire, nous ne serons point déranger par autrui et nous pourrons profiter pleinement de ce défi et des paysages. Je te propose que nous y fassions honneur dès lors que nous terminons nos boissons respectives. »

Nous avions plus que procrastiné le lancement. Entendre Eärhyë annoncer que le défi ne serait pas « si torride » avait stimulé chez moi quelque envie de m’y lancer. Et s’il fallait que quelqu’un prenne les rennes pour motiver l’autre, qu’il en soit ainsi, j’étais prêt à l’assumer. Je levai ma tasse de sang pour trinquer.
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Lun 23 Mai 2016, 22:00

「 Paris débiles 」
Au fond d'elle, Eärhyë s'amusait de le voir hausser autant de fois les épaules. Elle interprétait ses gestes comme un élan maussade qui suffisait à la faire sourire, elle qui était habituée à plaisanter de tout, si on oubliait sa race.
Elle préféra toutefois ne rien répondre de plus sur le thème du voyage. Il avait déjà dit qu'il voyageait, elle s'était répétée dans ses petites jérémiades, elle préférait passer à autre chose.

L'amusement de la jeune Blonde se poursuivit le temps qu'il se constitua une défense, du moins c'est ainsi qu'elle percevait son discours sur les lynx et les panthères. Si elle l'avait taquiné, elle ne s'était pas sentie offensée pour autant, donc sa réponse était des plus inutiles selon elle.


C'est fort aimable, dit-elle néanmoins avec une légère pointe d'ironie tandis qu'elle hochait la tête avant de tremper ses lèvres dans son breuvage. Elle avait déjà assez bu comme cela, et puisqu'elle savait ne pas tenir l'alcool, elle préférait affronter le froid mordant sans avoir l'esprit embrumé - encore que les effluves d'alcool, bien qu'engourdissantes, apporteraient une douce chaleur réconfortante.

La question suivante la plongea un peu plus dans l'embarras. Comme toujours, elle ne savait jamais comment affronter des questions aussi intimes concernant sa race. En vérité, elle ne savait pas si elle détenait le droit d'évoquer les détails de leur don ou fléau, selon les points de vue, à des étrangers au peuple Bélua. Avalant cette fois-ci une véritable gorgée d'hydromel, elle passa pensivement sa langue sur ses lèvres dans une tentative de démêler le possible du non-droit.
Reddas, face à elle, semblait néanmoins attendre une réponse sans trop attendre, et elle ne voulait pas non plus trahir une hésitation qui mal engagerait la suite de leur aventure.


C'est en effet l'idée. A certains moments, la volonté du Totem écrase la mienne, je ne peux que... subir la métamorphose avec cette sensation de déchirement dans tout le corps et... cette horrible sensation d'être reléguée au second plan. Un peu comme si tu étais témoin de tes propres actes.

Elle chercha rapidement une comparaison qui permettrait à son partenaire de comprendre concrètement  l'acte de la transformation. Ses pupilles se posant sur ce qui se tenait proche d'elle, s'arrêtèrent sur le verre posé devant elle.

Je ne sais pas si tu as déjà connu cette sensation avant d'être vampirisé... Mais c'est la même sensation quand on est ivre et qu'on a une conscience vive mais aucune maîtrise de nos gestes.

Ca sentait le vécu... Mais pour le coup, elle n'aurait pas été capable de dénicher une meilleure image que celle-là.
Toutefois, elle ne voulait pas qu'il se fasse de fausses idées.


Mais tous les Béluas ne réagissent pas pareil, exactement comme les gens qui ingurgitent de l'alcool ne présentent pas les mêmes symptômes. Certains sont plus en osmose avec leur Totem : ils souffrent moins à la métamorphose et acceptent mieux l'animal enfoui en eux.

Elle ne pouvait pas faire meilleur exposé que le topo qu'elle venait de faire. Seulement, en même temps qu'elle proférait ses paroles, elle avait compris que c'était plus par réelle inquiétude que par une simple curiosité qu'il avait posé toutes ses questions. S'efforçant de lui sourire, elle s'obligea à le rassurer, quoi que la perspective de le voir sur ses gardes tout au long des trois jours l'amusait d'avance. Il fallait croire qu'elle ne prenant en pitié...

Si tu crains une mauvaise expérience, j'ai laissé le Lynx vagabonder comme il veut pendant plusieurs jours avant d'échouer ici, tu n'as probablement rien à craindre du moment qu'aucun danger ne s'approche de l'instinct félin.

Elle ponctua sa phrase d'un sourire convaincant, espérant à présent l'avoir rassuré.
En tout cas, il sembla passer à autre chose, proposant ainsi de prendre le large afin d'affronter - enfin- le blizzard. Elle accepta l'offre d'un hochement de tête, avant de s'enfiler le restant du contenu de sa chope cul sec.


Eh bien, me voilà prête à filer !

Mettant la parole en pratique, elle attrapa son sac de voyage et repoussa bruyamment sa chaise en se levant, s'apprêtant d'ors et déjà à rejoindre la porte de la taverne.



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Paris débiles [PV Reddas]

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