Raphaël mit la chevalière à son majeur droit, et se tourna vers Nissa. « C’est une des rares choses que j’ai de mon passé, j’aimerai évité de la perdre ». Ce n’était pas totalement la vérité. Elle représentait ses pouvoirs de Maître du temps. S’il la perdait, il risquait de perdre ses pouvoirs. Il ignorait beaucoup de choses encore à propos de cette bague, et ne savait pas si elle était capable de réapparaitre prêt de lui. Il préférait attendre pour le moment, et voir plus tard. Il pourrait éventuellement faire quelques tests. « Quant aux autres, ne t’étonne pas. La plupart des gens ne sont pas habitués à vivre ce genre de situation. Et je préfère ne pas être remercier, c’est moins gênant ». Lui dit-il. Il n’avait pas fait ça pour qu’on le remercie, ou recevoir des louanges. Ce genre de choses ne l’intéressait pas. Il les avait seulement sauvés car il le pouvait, et qu’il ne voulait plus voir mourir quelqu’un.

Il sourit en se frottant l’arrière du crâne lorsqu’elle lui demanda pour les hommes. « C’est sympa de me considérer aussi malin, mais je suis pas encore à ce niveau ». Puis ils retournèrent vers le lac. Nathaniel attrapa le haut de Raphaël entre ses crocs, et déposa le jeune homme sur son dos malgré ses protestations. Il finit par laisser tomber, trop fatigué pour continuer à se débattre. Ils ne tardèrent pas à arriver au lac. Après tout, ils étaient juste à côté. Même dans un lieu aussi tranquille, il danger rodait toujours. La violence du monde était parfois bien horrible. Pourtant ses marchands étaient très près du repère des Magiciens, ce qui les mettait encore plus en danger.

L’Elémental posa le pied au sol, et marcha vers l’eau. Nissa était déjà entré dans l’eau. Il rit à sa remarque. « Boit beaucoup, ça t’évitera de trop souffrir ». Son haut était déchiré, sale, et ne lui servait plus à rien. Il le retira, et rentra dans l’eau. Il s’assit d’abord, l’eau montant jusqu’à sa taille. Il grimaça légèrement lorsque l’eau toucha son bras plus ou moins soigné. Mais rapidement, il se sentit mieux. Il s’éloigna un peu du bord, et se laissa couler. Il activa son pouvoir de régénération par l’eau. Une partie d’eau sembla s’agglutiné autour de son bras et sa tête. Il ferma les yeux, laissant son pouvoir agir. Il se laissa remonter à la surface, faisant la planche, son visage et son torse dépassant de la surface. Il fixait son regard sur le ciel clair, sans nuage. Il soupira, essayant de profiter de ce moment de tranquillité. Il n’en avait pas souvent dans sa vie mouvementé, toujours en train de courir partout. Pourtant il aimait cette vie. Il se redressa, et recula, à un endroit où il pouvait s’asseoir en aillant la tête hors de l’eau. Il commençait déjà à soigner. « N’empêche, je te dois une fière chandelle de nous avoir sorti de là, encore un peu et j’aurais dû me déboiter le pouce. Rien de bien génial ». Il avait les mains assez longilignes, et seul son pouce bloquait le fait qu’il puisse retirer les fers. En ce le déboitant volontairement, il aurait fait cette action, mais le problème était que c’était que c’était plutôt douloureux comme action. Il avait l’habitude de mettre la souffrance de côté pour éviter de crier de douleur, mais cela ne l’empêchait pas de la ressentir

Les cheveux plaqués en arrière, il s’ébouriffa les cheveux, les égouttant légèrement, puis termina de se nettoyer le visage, retirant le sang qu’il avait dans ses yeux. Il avait beaucoup de mal à rester immobile trop longtemps, mais, le problème pour lui, c’est que le soin prenait beaucoup de temps. Il gardait maintenu une petite plaque d’eau sur sa blessure à la tête, tandis que son bras restait plongé entièrement dans le lac. Il faisait tourner sa bague avec son autre main, réfléchissant sur les événements qui se passait dans le monde. Il n’était pas encore assez fort pour faire quelque chose, et les Maîtres n’allaient sûrement pas le contacter. Peut-être même qu’ils n’allaient pas intervenir. Mais ce n’était pas la guerre entre Ange et Démon qui le préoccupait le plus. C’était les dissensions qui flottaient entre les peuples à propos des Dieux. De plus, il s’interrogeait beaucoup sur ce qu’avait fait Vanille, et ce que cela risquait d’entrainer. Trop de choses se passaient en même temps, il devenait difficile de tout suivre. Il ne pouvait pas demander à Nissa, cela l’étonnerait beaucoup qu’elle soit au courant de quoique ce soit là-dessus. « Dit, j’ai entendu dire que des Sirènes vivaient dans le lac, mais je comprends pas pourquoi. Vous ne préférez pas l’océan ? ». Plus large, plus grand, et moins le danger des hommes.

Raphaël était captivé par la transformation de la Sirène. Il se demandait comment la magie opérait, et si cela pouvait être douloureux. Enfin, en observant son visage, il pouvait répondre tout de suite à sa seconde question. Le peuple marin avait toujours été assez mystérieux, et il se demandait bien si un jour il pourrait les côtoyer d’un peu plus près, ne serait-ce que pour en savoir plus. Il avait toujours d’autres moyens, mais il n’avait pas forcément envie d’utiliser la magie pour ça. Il espérait quand même avoir un minimum de contact avec les autres, même s’il savait qu’il allait les oublier au bout d’un moment. Il devait sérieusement penser à régler son souci de mémoire. Ca commençait à devenir agaçant. Il se demandait pourquoi il n’avait pas essayer de le résoudre avant, comme s’il s’en fichait. C’était peut-être le cas. Ou alors pour une toute raison qu’il ignorait. « Effectivement, Nath t’aurait sûrement manger ». Lui répondit-il en riant légèrement sur une perspective pourtant bien réel.

Nissa répondit à sa question sur les Ondins, lui apprenant qu’ils avaient des cités réparties dans l’océan. L’Elémental s’en doutait déjà, un peuple doué de raison, d’intelligence, et aussi peu atteignable une fois dans l’océan, ne pouvait pas vire tel les poissons. Eparpillé et sans cohésion. Ou alors comme les Humains à une époque, et même encore maintenant. Raphaël ne comprenait pas trop le caractère élitiste, et précieux de cette race. A quoi cela pouvait-il bien leur servir de mettre dans des classes certaines parties de leur population ? Tout comme il ne comprenait pas les Démons qui ne jugeaient que sur la puissance. Bien des choses lui échappaient dans ce genre de cas. Peut-être parce qu’il n’avait jamais fait réellement parti d’une race. Et il n’en ferait jamais parti avec son statut d’apprenti Maître du temps. Cela ne le gênait pas du tout, bien qu’il ne comprenne, et n’avait pas encore assez de connaissance, pour pouvoir comprendre dans quoi il s’était embarqué. C’est pour cela qu’il essayait de se positionner aussi loin de la guerre entre les Anges et les Démons. Il n’aimait pas l’idée que cela allait sûrement être une tuerie, mais ne devait pas intervenir. Pas tant qu’on ne lui permettait pas.

« Eh bah, ça ne doit pas être drôle de faire partie intégrante de certaines races. Mais c’est vrai que vivre dans l’océan ne doit pas être facile tous les jours ». C’était une évidence pour beaucoup, mais quelqu’un comme lui qui ne pouvait être blessé par de l’eau, ça n’avait rien d’extrêmement dangereux. Sauf si des monstres marins décidaient de l’attaquer. A ce moment, Nissa se hissa hors de l’eau, et se sécha, retrouvant sa forme humaine. Comprenant qu’elle était sur le départ, il sortit également de l’eau, ne prenant pas la peine de retirer l’eau. « Content d’avoir été utile. Et qui sait, peut-être que j’aurais réglé mon problème avant qu’on se recroise éventuellement. Enfin, si on pouvait éviter que ta piqûre de rappel soit un nouvel enlèvement, ça m’arrangerait ». Répondit-il en souriant. Il retira les gouttes d’eau sur sa main, puis serra celle de Nissa.

Raphaël récupéra ses quelques affaires qui trainaient au sol, salua une dernière fois la jeune femme d’un signe de la main, puis repartit avec Nathaniel. « Eh bien tu vois, cette journée était plutôt intéressante ». Lança-t-il à son ami. Ce dernier répondit par un grognement, que l’Elémental interpréta comme étant assez dubitatif, voir même en colère de son insouciance. S’il n’essayait pas de voir les quelques côtés positif de sa vie, alors il ne survivra pas longtemps dans ce monde. Et puis, pour lui une bonne journée se résumait à une petite dose d’adrénaline et de danger, sinon ce n’était pas drôle.