~ L'Elfe de Cristal avait revêtu une apparence adulte : cheveux blonds bouclés, coiffures fleuries et robe de coton bleu, où de l'or et du blanc venaient briser l'azur du tissu. Elle était fin prête pour l'invitation de l'Archimage Kirak. Kuro essayait en vain d'attacher sa cravate et Eyji continuait de s'admirer dans la glace. L'Humain brossait avec soin sa chevelure brune, qu'il avait ramené vers l'arrière pour l'occasion. Shiro vint aider le Tentateur, qui n'y arrivait pas. « On est obligé d'aller se farcir un bal, tout ça car un Archimage veut marier ses enfants ? » « Allons Kuro ! On sort pour se détendre et puis, ça fait tellement plaisir à Eyji et Viky. Il faut penser à tout le monde dans une famille. » « Ouais, ouais, d'accord. » Les deux guignols s'agitaient, impatients de partir. L'Elfe déclara : « Bien, aller, on y va ! Sinon on va rater l'heure d'ouverture. » « Oui oui, en avant ! » L'archer bondit partout, Viky sur ses épaules. Puis, tous se mirent en route jusqu'à l'Université de Magie.

Ils y arrivèrent à l’ouverture des portes. Le quatuor pénétra dans la grande salle de bal. Eyji fut émerveillé par tant d’objets luxueux et la grandeur du plafond. Les flûtes scintillaient de milles feux et les assiettes étaient colorées de nourriture. Shiro, quant à elle, avait eu l’habitude de ces lieux de rassemblement mondain, où tout n’était qu’une affaire d’apparence. Mais là, la donne était différente. L’Elfe était entourée de ses amis, même si Kuro ne semblait pas très enjoué. Sûrement était-ce le sujet de la soirée qui l'ennuyait, même s’il n’était pas d’une nature très festive. L’Humain, tout sourire aux lèvres, courait partout en compagnie du Shimi/Ombre. « T’as vu la taille de ce plat ? Il fait la hauteur de mon bras ! » Les deux amis ne pouvaient plus rester en place ! Brusquement, ils se firent aborder par un employé. L'homme en nœud papillon leur présenta trois jolies bagues. « Mademoiselle, messieurs, voici les bagues de compatibilités de l'Archimage Kirak. Si vous voulez bien les porter tout le long de la soirée. » « Ah ouais, trop cool ! Mais, ça sert à quoi ? » « Evaluer votre compatibilité avec toute personnes alentour, entre autre les enfants de l'Archimage. Si elle devient parfaitement blanche, c'est que la comptabilité est absolue. Passez une agréable soirée ! » Puis, il disparut. Eyji regarda le bijou qui ornait son doigt, Shiro et Kuro l'enfilant à leur tour. L'archer sourit et revint sur ses compagnons : « Bon, pourquoi pas, elle a plutôt la classe. Je vais faire un tour avec Viky, histoire de tout voir et de tout goûter ! » « Pas de souci, fait ton plaisir, on reste dans le coin nous. » Il acquiesça avant de filer, accompagné du Shimi.

~ Eyji se mit à déambuler entre les buffets, Viky sur son épaule. Les deux gourmands mangeaient tout ce qu'il était possible de déguster ici. Des petits fours ou gâteaux fourrés, ils succombaient au travail des cuisiniers à chaque nouvelle bouchée. « Hum... C'est délicieux, pas vrai Vivi ! » Le Shimi poussa un petit cri d'approbation avant d'engloutir un mille-feuille. Ils se mêlaient à d'autres personnes, quand Viky observa la bague de son ami. Plus il se déplaçait sur la gauche, plus elle devenait blanche. L'Humain finit par s'arrêter juste à côté d'une jeune femme qui savourait une pâtisserie. Il se pencha un peu et regarda la bague de l'inconnue. Un blanc pur, comme celle d'Eyji ! Le Shimi faillit bondir sur place, mais la demoiselle s'écarta pour rejoindre une autre table. Viky tapa du pied, mécontent, et sauta du jeune homme. Il décida de les réunir. Le petit bonhomme trottina jusqu'à la demoiselle et tira sur sa robe. La jeune femme se retourna, mais ne vit personne à côté d'elle. Eyji continuait de se rapprocher de ce nouveau buffet... Alors, le Shimi élabora un plan. Il se glissa dans les ombres et fit perdre l'équilibre à la demoiselle, surprise. « Ah, mais qu'est-ce que ... » Elle se retourna alors et heurta l'Humain qui venait d'arriver à sa table. Il la rattrapa in extremis, pendant que Viky rejoignait discrètement l'épaule du jeune homme.

« Ola, ça va, rien de casser ? » « Non, non, ça va, merci. » Elle se redressa et tapa les plis de son vêtement pour le défroisser et reprendre ses esprits. En relevant la tête, elle vit le bleu translucide des yeux de son interlocuteur. Un bleu céleste. Eyji, quant à lui, admira la figure charmante et scintillante de cette mystérieuse dame. Sa robe sombre, teintée de rouge et de blanc, mettait en évidence son teint. La jeune femme continuait de parcourir le physique de l'inconnu quand elle remarqua le blanc de sa bague. Etonnée, elle jeta un bref coup d’œil à la sienne, de la même couleur. Son cœur s'emballa un instant, mais elle se ressaisit. Son père lui avait bien expliqué ce que signifiait le blanc des bagues, alors elle débuta un questionnaire : « Vous... Vous êtes seul ? » Elle se pinça le bas de la lèvre. N'aurait-elle pas pu trouver une autre question que celle-là ? Elle s'en voulut, mais le jeune homme sourit : « Non, je ne suis pas seul. J'vous présente Viky et j'ai deux amis qui sont venus avec moi, mais j'ai décidé de faire un tour tout seul des différents buffets. J'avoue être assez gourmand par moment. » « Oh, moi aussi j'aime la bonne cuisine, surtout ces pâtisseries. Avez-vous une activité de prédilection ? » « Je pratique le tir à l'arc. J'adore cette discipline ! » « Vraiment ? Moi aussi ! Et vous aimez les combats ? » « Ouais ! Je pars souvent affronter des créatures ou m'entraîner avec mes camarades pour peaufiner ma technique et affûter mes réflexes. » « Sur ce point, nous sommes d'accord. J'ai aussi un grand intérêt pour l'art et les sciences. La lecture fait partie intégrante de mes principales activités. » « Oh, vous êtes une personne de lettre alors, ou de science, ou les deux... Je suis pas très friand de livres pour ma part, j'aime l'action et ça me suffit ! »

Il rigola un peu bêtement et la jeune femme étira un petit sourire. Cet homme semblait ne pas être un  intellectuel. Cela la déçue. Néanmoins, ils avaient l'air de partager un intérêt commun pour l'art du combat. C'était donc un homme d'action. « Mais j'ai une excellente amie, très savante, qui arrive à m'intéresser à la lecture et au savoir. J'aime bien apprendre avec elle, c'est une personne très expérimentée et brillante. Elle dit toujours que je sais élaborer des stratégies et des plans d'attaque efficaces. Elle m'affirme que ma plus grande qualité, malgré que je sois pas très fin d'esprit, c'est mon cœur de lion. » La jeune femme fut de nouveau surprise. Il semblait finalement plus intéressant qu'il n'y parut. Elle sourit quand il rit encore une fois. Puis, une douce musique s'éleva dans les airs. L'heure du bal ! Le duo vit des couples se former et commencer un ballet tournant et gracieux. La demoiselle revint sur cet inconnu aux cheveux bruns : « Vous savez danser ? » « Je me débrouille, mais je suis un peu un balourd. » « Alors vous n'avez qu'à me laisser mener. » « D'accord. » Alors qu'elle levait ses bras jusqu'à lui, il remarqua la blancheur de sa bague. A son tour, il fut surpris, avant de revenir sur les yeux clairs de sa cavalière. « Au fait, comment vous appelez-vous ? Moi c'est Eyji. » « Radian. » « Radian ? Quel drôle de nom. » « Je vous le confirme, mais que voulez-vous, on ne le choisit pas. » Ainsi, ils s'élancèrent sur la piste de danse, Viky restant près de la table pour s’empiffrer de choux à la crème.

L'Humain se laissa guider par la fameuse Radian. Il se taisait pour mieux admirer la souplesse et la légèreté de sa danse, qui suivait à la lettre le rythme de la symphonie. La jeune femme ne comprenait pas trop son attitude envers Eyji. Où était sa froideur, son cinglant et son esprit sélectif qui la rendait d'habitude si intraitable ? Ce n'était qu'un Humain, un être faible, et il n'avait rien de plus que tous les hommes qu'elle avait croisé. De plus, il paraissait simplet et sûrement possédait-il encore bien d'autres défauts. Mais la lueur de son regard bleu lui murmurait le contraire et dévoilait sa véritable âme au grand cœur. Oui, c'était cela qui la touchait. Ce cœur de lion qu'il renfermait. Cette sincérité et cette bravoure qu'irradiait son être. Et face à ça, qu'avait-elle à lui offrir ? Sa méprisable allure élitiste et perfectionniste, qui désirait tout savoir et tout contrôler. Une âme de ronce contre une âme bleue de lumière. Et pourtant, leurs bagues ne mentaient pas. Radian préféra interrompre ce silence qui devenait gênant pour elle. Elle ne supportait plus d'entendre seulement leurs respirations et l'orchestre : « Vous m'avez parlé d'une dame lettrée et vive d'esprit tout à l'heure, qui est-ce ? » « Elle se nomme Shiro, c'est une Elfe de Cristal. » Eyji sentit son sursaut. Une Elfe, de Cristal qui plus est ? La coupe de Radian dissimulée ses oreilles, mais sa nature ressortit par cette réaction. Elle venait de se trahir et Eyji demanda : « Qui a-t-il, ça vous gêne ? » Radian dansa d'un coup moins vite, avant d'entraîner le jeune homme en dehors de la piste. Elle le regarda gravement. « Je suis une Alfar. Les Elfes sont mes opposés par nature. » L'Humain releva un sourcil. « Et alors ? Son meilleur ami est un Démon. Croyez-moi, je n'ai jamais vu une personne accepter autant la différence qu'elle ! » « Peut-on apprécier un cœur froid et épineux comme celui d'un Alfar ? » « Ben, moi je l'apprécie votre cœur. »

Elle eut un nouveau tressaillement. « Je vous trouve plutôt chaleureuse et charmante comme dame... J'ai beau être un bel homme, aucune femme ne m'avait encore invité à danser... Et votre prénom, moi je l'aime bien. Et puis, regardez, enlevez le  N et ça fait Radia. Radia, c'est beau comme nom. » L'Alfar fut surprise par tant de positivité et revint alors sur la démarche scientifique de la soirée : « Il faut se fier à la bague. Elle prouve que nous sommes compatibles. Mon père, l'Archimage Kirak, l'a ainsi conçu. Il croit en une compatibilité contextuelle qui peut évoluer en amour et moi aussi. » « Alors vous ne croyez pas au coup de foudre ? Ça tombe bien, moi non plus. » Elle sourit et commença à croire en sa compatibilité avec cet homme... Elle devait prendre une décision... Finalement, elle se lança : « Je ne peux partir d'ici sans me marier, alors... Eyji, voulez-vous bien m'épouser pour me permettre de partir à vos côtés ? Je suis très curieuse de découvrir de nouvelles choses auprès de quelqu'un qui me ressemble tant et, en même temps, qui s'oppose à moi. Et quant à votre amie Elfe et son ami Démon... Vous piquez encore ma curiosité. J'aime les hommes qui m'intriguent. » C'était une demande pour le moins originale, mais l'Humain sourit : « Eh ben... Pourquoi pas. Après tout, les alliances sont pas moches et j'aime les femmes qui aiment l'action. »

~ Shiro et Kuro s'étaient occupés pendant ce temps. Le Tentateur avait refusé une demande en mariage d'une Démone assez collante et l'ex-souveraine en avait profité pour rire un peu. Ils avaient ensuite relevé le blanc de leurs bagues et en avaient conclu que c'était probablement pour cela qu'ils s'entendait si bien et depuis si longtemps. Bientôt, ils virent l'Humain et le Shimi revenir, accompagner d'une femme qu'ils ne connaissaient pas. Eyji arriva souriant et prit la parole : « Salut les potes, je vous présente Radian. C'est l'une des filles de Kirak et... » Il montra l'alliance à son doigt. « On est marié. » Kuro balança une main sur son visage dans un mouvement de désespoir et Shiro étira un large sourire. « Eh ben, t'as pas traîné. On va organiser un truc au Jardin alors. » Elle se tourna vers la mariée. « Bonjour Radian, moi c'est Shiro et voilà Kuro. Alors comme ça, tu fais partie de la famille maintenant ? » L'archère s'avança : « Il faut croire, Eyji m'a dit beaucoup de bien de vous. Vous êtes une Elfe, c'est ça ? » « En effet, pourquoi ? » La jeune femme retira la baguette dans ses cheveux et dévoila ses oreilles pointues, mais plus courtes que celles de l'ancienne Ombre. Shiro comprit. « Je suis une Alfar. » Kuro observa les deux filles et foudroya Eyji du regard. N'aurait-il pas pu choisir une Magicienne ou même une Elémentale ? Non, il fallait qu'il se marie avec l'opposé naturel de Shiro ! L'ex-Reine fut un peu surprise, mais sourit. « Eh bien, la diversité est une force. Heureuse que la famille accueille une nouvelle race en son sein. Nos expéditions n'en seront que plus palpitantes et enrichissantes ! Vous êtes partante j'espère ? » Eyji ne lui avait pas menti. Cette fillette était vraiment étrange. Elle étira un petit sourire. En réalité, elle n'avait jamais fréquenté d'Elfe et ne savait d'eux que ce qu'on lui avait expliqué.

*Je peux bien faire un effort, de plus, ça pourrait être le début d'une étude scientifique et psychologique sur les relations entre une Elfe et un Démon, mais aussi entre une Alfar et une Elfe... Et qui sait, peut-être y aura-t-il une réelle relation d'amitié au final... Hum, tout ça promet d'intéressantes heures d'analyse*  « Bien sûr. J'aime les choses qui attise ma curiosité et rien qu'à vous en compagnie d'un Démon et d'un Humain, ça m'intrigue. » « Alors, vous verrez combien les opposés peuvent parfois devenir des groupes indissociables. » Shiro lui fit un clin d’œil. Décidément, Radian n'était pas au bout de ses surprises !

Mots & Gains:

Gain:

Il était une fois l'histoire, parmi les ruines du Continent Dévasté, une vieille et affreuse méchante sorcière qui se retrouva convié à un charmant bal organisé par un puissant magicien. Cet élément, bien qu'il pourrait paraître très surprenant lorsque l'on connait l'amour que se portent mutuellement ces deux peuples, ne l'est pas tant que cela en réalité. Effectivement, la doyenne actuelle des Eternam était dans sa jeunesse non seulement une de ces femmes fatales mais également une magicienne. Détail de sa vie qu'elle n'est bien sure que très peu enclin à divulguer à n'importe qui. Notre récit se déroule donc à l'Université de magie et aborde des sujets tout aussi variés que le mariage, la folie et les problèmes d'argent. Car figurez-vous que la dame acariâtre a beau venir d'une grande famille, cela ne l'a pas pour autant préservé de la pauvreté durant toute la période qu'elle a passé à se retrouver enfermée dans un livre de contes pour enfant. C'est donc sans le sous et dans l'optique de renflouer les caisses de sa lignée et les siennes que Bagaya a donc prit la décision, malgré son dégoût profond pour ces faibles d'adeptes de la magie bleue, de se rendre à cette réception donnée par l'éminent Archimage Kirak et ses nombreux enfants. Oh, bien sûre, ses travaux auraient intéressé au plus haut point la vieille sorcière si elle avait eu connaissance de leur existence, mais elle était surtout ici pour marier... Lili ? Non, bien sûre que non ! Mais plutôt la Douce aux Arbres Ensommeillés, qu'elle avait invoqué un peu plus tôt dans la soirée et dont elle comptait bien se servir pour séduire l'un de ces beaux jeunes hommes. Oh, si elle avait pu le faire, elle se serait rendue plus jeune pour se charger elle-même de cette tâche qu'elle avait toujours affectionnée... Mais malheureusement, les affres du passés étaient de plus en plus désagréables avec elle et la mégère comptera bientôt sur son visage autant de lignes d'écriture que contient son ouvrage ancien. A son grand désespoir, cela va sans dire.

« Mamie ? Pourquoi c'est pas à moi que tu veux trouver le Prince Charmant ? Tu sais, tout le monde me dit toujours que je suis mignonne et que je suis à croquée ! Et puis elle est un peu bizarre la dame-dame, non ? » Vêtue d'une charmante petite robe rouge au cols et extrémités agrémentés de fourrures de loup noir, la petite Lili avait tout d'une adorable enfant et s'était faite pour la première fois toute belle, coiffant ses cheveux en deux petites couettes qui ne faisaient qu'ajouter quelques plus à son charme enfantin. Elle tenant par le bras Bagaya, qui grommelant dans sa barbe, lui répondit d'un ton sec et blessant. « T'es trop p'tite ! Qui voudrait d'toi ? T'peux m'le dire, hein ? Pis l'autre est pt'être à l'ouest et pionce comme la pomme qui tombe d'son arbre mais faut dire qu'elle est jolie la grognasse. » En temps normal, la fillette au boucles blondes sortit tout droit d'un livre ne se serait pas offusquée d'une telle réponse... Mais aujourd'hui était un jour tout à fait particulier à ses yeux. Non seulement s'agissait-il de son tout premier bal, mais en plus le rêve de découvrir l'élu de son cœur était un souhait bien présent en elle et qu'elle avait imaginé peut-être avoir la chance de réaliser en cette magnifique soirée. Ainsi, vexée, elle perdit tout instantanément son si jolie sourire pour le remplacer par une mine digne de celle d'une Ombre. Lili se sentait très mal, et cela n'allait pas aller en s'arrangeant.

« Oh ! Mais ne serais-ce pas cette chère bonne vieille Bagaya qui nous ferait l'honneur de sa modeste présence ? » La tête de la concernée se tourna dans un geste lent et presque grinçant vers le clameur de ces quelques mots. Il s'agissait à première vu d'un être dont on ne pouvait deviner l'origine et qui portait un somptueux costume trois pièces blanc agrémenté de velours bleue ciel. Bagaya écarquilla alors de grands yeux de surprise avant de réajuster le col de sa longue robe de velours bleu nuit sur ces seins semblables à de petits cornichons rabougris et s'adressa avec un phrasé qu'elle employait si peu souvent depuis sa libération. « Ça alors ! Ce tendre Ernest ! Je crois que nous ne nous sommes pas vu depuis que vous m'aviez fait l'affront de me refuser une danse ! » « Et que vous -même m'ayez transformé en rongeur pendant deux lunes ! Haha, vous saviez que depuis de temps, mon envie de fromage est absolument irrésistible ? » « Voyez-vous ça ! Mais c'est absolument formidable ! Je ne regrette pas ce tour de force ! Mais ce n'est malheureusement pas avec mes pouvoirs actuels que je vais être en mesure de réussir ce sortilège là... Quel dommage ! » « Hum, oui, certes... Mais dites-moi, pour quelle raison êtes-vous venue en terre magicienne ma douce ennemie ? » Bagaya attrapa alors le bras de celle qu'elle appelait Or'heur et qui s'était endormie contre une statue de pierre pour la placer devant le gentleman qui ne devait pas avoir plus de la cinquantaine en apparence physique. « C'est pour elle que je suis venu ! Il me faut à tout prix la marier, et j'ai entendu parler de l'Archimage et de ses désirs d'unions. N'est-elle pas magnifique ? » Il tendit à la jeune femme une main galante, qu'elle saisit mollement avant de s'endormir à nouveau, cette fois-ci debout. « Si ! Son minois est tout à fait charmant ! Mais n'est-elle pas quelque peu... Mollassonne ? » Bagaya lui donna un grand coup dans la poitrine et celle-ci sursauta avant de se présenter dignement. « Je suis Aurora, Princesse de Neulpart et je suis ici à la recherche de celui qui sera ravir mon cœur. Enchantée cher monsieur ! » Une poignée de main fut échangé, puis la discussion reprit son cours naturel, pimenté d’anecdotes concernant les folles histoires de la sorcière et celle de celui qu'elle n'avait pas pu séduire, jadis.

C'est ainsi qu'au bout d'un certain moment, un jeune garçon qui, par ces somptueuses ailes noires qu'il avait replié dans son dos et son allure princière semblait appartenir au déchus, fut attiré par la conversation du petit groupe et entreprit de s'y mêler. « Pardonnez-moi de vous importuner mais... Je suis l'un des fils de l'Archimage et il se trouve que la beauté banale de cette charmante créature ici présente a su attirer mon regard. Je me prénomme Archibald ! Pour vous servir. » Les joues de celle qui peinait une fois de plus à se maintenir éveillée s'empourprèrent, lui donnant un petit air innocent des plus adorable. Un baise-main fut échangé, suivit de plusieurs regards amourachés offerts dans le silence le plus religieux. Ce fut finalement Bagaya qui, fidèle à son impatience légendaire, brisa le cycle de non-échange de paroles. « Et bien, jeune homme, il semblerait que la demoiselle vous plaise ! Se pourrait-il que sa main - qui m'appartient - vous intéresse ? » A son tour, d'un geste royal, il fit face à la doyenne et s'agenouilla devant elle. « Madame, puisque cette fille est votre, me feriez-vous l'immense joie de m'accorder sa ravissante main ? » Bagaya sourit. Non par parce qu'elle était attendrit par cette démonstration d'amour, qui la dégoûtait en réalité au plus haut point, mais plutôt parce que le jeune homme en question venait de lui demander officiellement la main d'une créature qui n'existera plus d'ici quelques heures. Car tout ce qui sort du Livre de Contes doit bien entendu un jour y retourner... « J'accepte avec joie ! Mais je ne serais pas une sorcière si je ne vous demandais pas une petite contribution financière en échange... Vous savez, rien n'est gratuit dans notre monde. » Le Prince acquiesça plusieurs fois, tandis que la connaissance de Bagaya souriait à son tour, se doutant probablement que tout ne pouvait pas se passer si facilement. Et alors que l'affaire était entendue et que les deux tourtereaux s'éloignaient de leur petit cercle, ce dernier se pencha à l'oreille de la sorcière. « Dites-moi, ma chère, oseriez-vous me mentir en m'affirmant qu'il ne s'agit pas là d'un quelconque subterfuge de votre part afin de vous emparer de sa fortune ? » Elle lui sourit, diaboliquement, avant de lui répliquer ces quelques mots. « Tu sais, je crois bien qu'il manque un personnage dans une de mes histoires... Il me faudrait rapidement la retrouver et l'y renvoyer... et je me demande bien qui cela peut-il être... » Et les deux anciens s'esclaffèrent ensembles, alors que Bagaya avait totalement oublié la présence d'une petite fille à ses côtés...

Lili... La fille, amie des animaux, se sentait lasse pour la première fois de sa vie... Même les larmes ne parvenaient pas à couler de ses yeux humides. Elle ne se remettait pas des paroles de sa Mère Grand, bien que sa gentillesse l'empêchait tout simplement de lui en vouloir. Alors, afin de chasser son chagrin, elle s'était éclipsée lorsque la discussion avec cet étranger avait commencé. Déambulant alors à travers les couloirs étranges de l'Université, ses pensées se mirent à divaguer au fil du temps, alors qu'elle se perdait à la fois entre les murs de la bâtisses et les parois de son esprit. Elle n'entendit même pas l'un des membres du personnel se rapprocher d'elle. Elle ne réagit même pas lorsque celui-ci lui demanda d'où elle venait et encore moins lorsque celui-ci la prit par la main pour la ramener auprès de la sorcière. Tout ce qu'elle entendait, désormais, c'était cette petite voix, qui riait parfois, pleurait aussi, et qui lui disait de devenir plus forte, encore et toujours, pour qu'un jour, elle puisse chasser tous les méchants de la terre.

1712 mots

- Le grain de folie : Ce pouvoir vous permet de devenir légèrement fou pour un temps. Vous ne serez donc plus affaibli par vos peurs et vos doutes, vous vous contenterez d'agir (même si des fois vos actions seront un peu différentes de ce que vous aviez prévu au commencement).
+ 1 en Agilité et + 1 en Force

Tous les gains sont pour Lili, compagnon <1