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 LDM Avril/Mai - La cargaison de thé

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Mar 12 Mai 2015, 10:04

Des jours que je vivais dans cette ville crasseuse qui empestait la domination des riches à plein nez. Je détestais ce genre d'endroit bien plus que nul autre. Même le quartier le plus mal famé de la cité du Continent du Matin Calme était bien plus accueillant que ça.  Partout où mes yeux se posaient, il n'y avait que la misère, la désolation et la tristesse. Et je me demandais pourquoi ces gens ne partaient tout simplement pas d'ici ! Mais peut-être qu'ils ne le pouvaient pas. Peut-être qu'ils étaient prisonniers de cet endroit ou peut-être qu'ils ne voulaient tout bonnement pas abandonner leur maison et leurs affaires. Ça, je pouvais facilement le comprendre. Moi non plus, malgré le fait que rentrer chez moi m'était maintenant désagréable, à cause de l'anti-magie, moi non plus je n'aurais pas laissé ma maison derrière moi. J'avais vaguement parlé à quelques badauds, qui m'avaient dit que ce n'était pas comme ça avant, qu'il y avait certes, beaucoup de pirates, mais qu'il y avait au moins une forme de justice ! Mais maintenant, tous ces gens étaient laissés à l'abandon, et pire encore, ceux qui avaient construits tous ces manoirs et ces riches bâtisses semblaient vouloir les priver du moindre petit sous qu'ils avaient. L'injustice me mettait hors de moi, et je détestais encore plus le vampire qui m'avait amené ici !

Des mois que je le traquais… Il était malin, changeait souvent de direction, dormait dans des endroits toujours bondés la journée, de telle sorte que je ne pouvais jamais l'atteindre. Au début, j'avais hésité à me dire qu'il m'avait repéré, et même encore maintenant, il m'arrivait de douter que ce n'était pourtant pas le cas. Tantôt, j'avais l'impression qu'il se jouait de moi ! Qu'il voulait me rendre fou ! Qu'il s'amusait de mon manque d'expérience et de ma faiblesse ! Mais tantôt, je me disais juste qu'il ne faisait tout ça que pour survivre, que c'était son mode de vie habituel et que ma présence autour de lui n'y était en rien coupable. Il était bien trop méfiant… Bien trop… attentif… On aurait dit qu'il avait été traqué par le plus grand des chasseurs toute sa vie… Mais je m'en fichais, je n'abandonnerai jamais ma proie, surtout lorsqu'elle était aussi intéressante que celle-ci. C'est vrai, ça me faisait mal de le dire mais depuis quelques temps, j'avais appris à reconnaître chez ces ignobles buveurs de sang qu'ils avaient des choses encore bien des choses à m'apprendre sur la chasse. Et à cette pensée, mon couteau me lassera une nouvelle fois la peau, me faisant grimacer de douleur. Non, il n'y avait rien de bon chez eux, chez cette chose que je suis devenue. Je devais garder à l'esprit que si je les regardais se nourrir d'innocents sans broncher, c'était parce que je devais comprendre le mode opératoire de ma proie, rien de plus. Et tant qu'il se terrerait dans ce lieu pourrit, j'y resterais aussi. Même si c'était bien le dernier endroit où j'aurais espérer me retrouver.

Et une nouvelle fois, je sortis de dessous le pont qui me servait d'abri durant la journée, à la nuit tombé. Direction l'une des tavernes les moins coûteuses. Il allait souvent y trouver son diner, vile créature qu'il était. Mon espoir ne faiblissait pas. Peut-être que ce soir, il commettra une erreur, peut-être que ce soir, je pourrais fondre sur lui sans que personne ne puisse me voir, peut-être que ce soir, je parviendrais enfin à lui trancher la tête ou à lui planter un carreau d'arbalète entre les deux yeux. Et peut-être alors que je pourrais me repaitre de son sang, prolongeant un peu plus ma vie pour tuer encore plus des miens. Je ne vivais plus que pour ça. Assassiner des vampires, me venger, retrouver ma petite sœur et la libérer. Mon histoire était plutôt banale, personne ne retiendra mon nom dans l'histoire, mais je m'en foutais totalement. Et je crachais au sol tout en pestant, alors qu'un groupe de personnes attira mon attention. Ils étaient trois, totalement ivres, à maltraiter une jeune femme toute encapuchonnée.

En temps normal, je laissais à d'autres le soin de jouer le preux chevalier sauvant la belle en détresse, n'étant pas vraiment habitué à rendre service à d'autres si ce n'est pas pour gagner de l'argent. J'avais un certain sens de la justice, oui, mais j'estimais aussi qu'il y avait des personnes bien plus apte à la rendre que moi. Pourtant, lorsque ces deux yeux vairons se posèrent sur moi, j'ai ressentis comme un choc électrique, comme si elle me suppliais de l'aider, moi, le vampire aux yeux injectés d'une couleur rouge sombre. Je ne sais pas ce qui lui est passé par la tête, mais à sa place, je n'aurais certainement pas demandé à un ennemi bien plus dangereux que ces badauds de m'aider. Je détournais le regard, continuant à avancer… Mais quelque chose en moi guida mes pas vers elle et en peu de temps, je me retrouvais dans le dos des hommes. Je soupirais longuement, avant de m'exclamer : "Ce n'est pas beau de violenter une jeune fille, vous savez ?" Ils rirent, avant de se retourner vers moi et de blêmir, surement parce qu'ils venaient de reconnaître le monstre en moi. Ce n'étaient que des lâches et ils eurent tôt fait de déguerpir.

Et je m'apprêtais à tourner rapidement le dos à cette ingénue, qui ne savait pas à quel danger elle s'exposait en se retrouvant près d'une bête comme moi mais… Elle ne me laissa pas partir, me retenant par le bras. Je frissonnais son contact, me mordant la lèvre et feulant comme un chat enragé. Mes instincts étaient trop fort et mes canines me faisaient mal. D'un seul coup, j'employais l'un de mes carreaux d'arbalète et me le plantais dans la jambe. La douleur me permettait au moins de me tenir tranquille, le temps qu'elle s'en aille. Trop longtemps que je n'avais pas mangé… Fichus malédiction… "Merci de m'avoir aidé. Mais vous pouvez faire bien plus pour cette ville !" Elle allait continuer, mais je lui coupais la parole. "De rien. Mais pas intéressé." Mais son regard se fit plus dure… C'était… envoûtant. "Vous devez m'aider. Sceptelinôst doit retrouver sa liberté. Et vous serez récompensé !" J'ouvrais grand la bouche, incapable de répliquer quoi que ce soit, avant de la refermer, à l'écoute. "Merci… Il y a une nouvelle cargaison qui doit arriver ce soir. Il faut empêcher ça ! Les grands pontes n'ont pas de droit ici." Je ne connaissais rien à la politique, ça ne m'avait jamais intéressé, et à vrai dire, je m'en fichais complètement de ces pompes ou je ne sais quoi… Mais à cet instant, je n'arrivais pas à lui dire simplement non, à partir et la planter là. Et c'était dangereux. "Qu'est-ce que je dois faire ?" Elle me sourit… Et les ennuis commencèrent.

Je me retrouvais sur un bateau, la nuit était déjà bien tombée. Je n'avais pas grand chose à faire, juste jeter la cargaison à la flotte. Et la gamine m'accompagnait. Ça, par contre, c'était mauvais. Je me cachais le visage pour ne pas sentir son odeur, me bouchais les oreilles pour ne pas entendre les battements de son cœur. Il fallait faire vite, que je parte d'ici et que je retrouve ce maudit vampire qui m'avait embarqué dans cet enfer. Et si ça se trouve, il en avait profité pour filer… La poisse. Je pestais en silence, alors qu'elle me conduisait au cœur du navire. Les caisses étaient toutes sur le pont, prêtes à être déchargés, et quelques matelots s'y trouvaient pour la plupart endormis, peu faisaient la ronde ou jouaient aux cartes sur un baril de poudre. J'appuyais alors mon épaule de toutes mes forces contre la première, et m'aidais de ma maîtrise des ombres pour me créer des bras supplémentaires. Byül, son nom qu'elle m'a dit, m'aidait aussi. Je ne savais rien de cette fille, sinon qu'elle avait peut-être une dent contre les quatre machins qui faisaient leur loi ici.

J'aurais espéré que tout se passe bien, qu'aucun des gardes nous repère… Mais la première caisse balancé à la flotte fit tellement de boucan qu'elle alerta tout le monde, même les innocents sur les quais. Et moi qui m'était imaginé qu'une garde nous tomberait sur le museau, deux petits gars s'étaient approchés de nous, tout suintants de peur. Les faire déguerpir fut facile. A croire qu'ils n'avait rien dans le gilet ! Et les caisses continuaient de tomber, des gens avaient vu ça, s'étaient rassemblés. J'avais l'impression d'avoir déclenché une révolution ! Les pirates avaient amenés leur rafiots. Tous nous hurlaient de couler le navire ! Ils avaient perdu la tête. Je regardais la gamine, j'avais fait ce qu'elle me disait, mon contrat était remplit. "Il est temps que je me casse d'ici !" Elle acquiesça et me tendit une étrange clef. "C'est votre due. Elle vous permettra d'ouvrir n'importe quelle porte." La classe.

Et je redescendis à terre juste avant que le bateau ne s'embrase. J'allais appeler Ginger d'un sifflement lorsque quelque chose attira mon attention. Au loin, quatre hommes à la stature imposante m'observaient. Je n'avais pas l'œil assez perçant pour déterminer leurs expressions, mais simplement les regarder me donnait froid dans le dos. Je ne savais pas qui ils étaient, ce qu'ils me voulaient, mais à cet instant, je n'avais qu'une seule envie. Retrouver ma proie et qu'elle m'emmène très loin d'ici.

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Mancinia Leenhardt
~ Humain ~ Niveau IV ~

~ Humain ~ Niveau IV ~
◈ Parchemins usagés : 11413
◈ YinYanisé(e) le : 01/05/2015
◈ Âme(s) Soeur(s) : Neah Katzuta | Ange | Compagnon
◈ Activité : Joaillière [Rang IV] - Médecin [Rang III] - Éleveuse de Vaches [Rang I] - Investisseur [Rang II] - Prêtresse d'Amsès [Rang I]
Mancinia Leenhardt
Jeu 14 Mai 2015, 23:50


Mancinia trouvait assez amusant de sa part d'être partie vagabonder sur un coup de tête, car après tout, elle n'avait pas l'habitude de quitter Utopia pour partir aussi loin, surtout pour se rendre sur des terres qui pourraient se révéler hostile pour les Humains. Si sa Mère lui avait donné sa bénédiction en souriant - et en lui faisant promettre d'être prudente, cela va sans dire -, la jeune femme s'était intérieurement promit de rentrer au plus vite - eut égard des variances temporels dont s'amusaient les différents lieux. Avoir passé sa vie sur le Continent Naturel ne devait pas l'empêcher d'explorer d'autres endroits, aussi, elle avait prit la décision de se rendre sur le Continent Dévasté. Pourquoi ? Tout simplement pour aller voir Medigo de ses propres yeux. Voir cette Cité Libre appartenant aux Orishas, un peuple qu'elle appréciait grandement - pour peu qu'elle en ait croisé dans son existence - en raison du sauvetage héroïque que c'était livrer certains d'entre eux sur des marchands d'esclaves. Et qui lui avaient rendus sa Mère. Une quête pour rencontrer ce peuple qui l'attirait tant avec sa liberté ancré dans leurs yeux. Une petite lubie pour se changer les idées, une envie irrépressible d'aller voir autre chose que les Cités appartenant aux Magiciens ou aux Déchus. Si elle devait retourner sur les routes, elle ne pouvait le faire seule ; cela aurait été impensable de voir que son fidèle compagnon de toujours ne la suivait pas.

Kamiya ne s'était pas gêner d'enfoncer ses serres dans son épaule en guise de protestation lorsque sa maîtresse avait suggérer qu'il reste à Utopia. Non, ils allaient se lancer tout les deux dans une grande aventure de découverte ou sinon, ce ne serait rien ! Ravie de le savoir avec elle, Mancinia avait prit le nécessaire et était partie un beau matin. Parce que si ils étaient familier avec les terres du Continent Naturel, si ils avaient eut l'occasion de voir le Continent du Matin Calme, alors ils étaient inutiles comme guides sur le Continent Dévasté. Autant remédié à cela avant d'en perdre l'occasion ! C'était une longe marche qui s'annonçait - même si elle loua quelques bestiaux pour traverser l'immense étendue qui la séparait de la mer. Arrivée à destination pour prendre un navire, une mauvaise surprise l'attendit. Tous ceux partaient allaient en direction du territoire des Sorciers...Et l'aversion qu'elle avait pour cette race l'empêchait de mettre sa fierté de côté. Dans une Taverne, elle rencontra un vieux gars qui parlait fort et qui disait se rendre vers Sceptelinôst - de ce qu'elle savait de la réputation de cet endroit, c'est qu'il était le lieu de nombreux crimes, de vices et de plaisirs et qu'il était dirigé par une sorte d'organisation criminelle pire que les pirates qui peuplaient les docks. Et pourtant, Mancinia voulu être de la traversée. Après tout, elle n'avait guère eut le choix ; soit elle embarquait avec lui en direction du territoire des Réprouvés, soit elle se baladerait sur le territoire des Sorciers.

Dans ce cas-ci, la première solution était la plus intéressante, quoique plus conséquente pour sa bourse et sa santé. Sur le navire, elle s'était relayée avec Kamiya pour que l'un veille pendant que l'autre se repose, cela éviterait les mauvaises surprises. Arrivée au début de l'après-midi, Mancinia avait constatée que cette ville semblait démunie dès l'instant où son regard s'était posé sur elle. Si le titre de Continent Dévasté semblait vouloir indiquer le lieu improbable dans lequel on mettait les pieds, autant dire que Sceptelinôst faisait figure d'exemple ! Si l'architecture était d'une pauvreté affligeante, marquant sans doute l'état dans lequel se trouvaient ses habitants, cela en faisait aussi tout le charme : c'était une ville libre. Démunie, mais libre. Et si c'était classe dit ainsi, ça comportait aussi son lot de dangers...Rabattant sa capuche au-dessus de sa tête, tout en prenant soin d'y cacher ses longs cheveux, Mancinia poursuivit sa route au travers de la ville et explora un peu les environs. Pour se rendre vers Medigo, le Capitaine lui avait dit de parcourir le rattachement fait de sable et de barrières de coraux qui reliait cette presque-île au Continent. Et surtout, de ne pas le faire ce trajet de nuit. Elle devrait donc trouver une auberge décente pour l'accueillir durant ce laps de temps.

Mancinia le constatait, en elle-même, Sceptelinôst était une ville vivante ; des enfants, parfois en haillons, qui courent dans les rues, des femmes faisant les courses et friandes de commérages, des hommes qui travaillent comme des forçats. C'était...Bizarre. Une ville aussi pauvre et pourtant si libre, c'était étrange. Perdue dans ses pensées, ses pas se dirigèrent sur une partie assez déserte et Kamiya lui coassa de vite en sortir, pourtant, la jeune femme entendit une bousculade. Et si elle pressa le pas pour éviter de se faire prendre dans une rixe, la voix féminine qui tentait de se défendre la fit rapidement changer d'avis. En revenant sur ses pas, ils virent une femme, quatre hommes et une flopée d'idées peu nettes lui parcoururent l'esprit. Des paroles amères, des rires, des menaces. Un bec dans les fesses de l'un, un coup de pied dans les burnes de l'autre et une lance sous la gorge du dernier eurent tôt fait de surprendre le quatrième qui se recula de sa victime plaquée contre un mur.

Vous seriez bien aimable de laissez la demoiselle tranquille ou mon arme sera enchantée de rougir d'un beau combat !

Avec un « c'est bon, c'est bon, on s'en va ! » les brutes furent mise en déroute assez rapidement et sans bavures. En espérant qu'ils ne se retrouveraient pas sur sa route un peu plus tard, puisque dans son élan héroïque, son capuchon avait chuté et dévoiler ses traits. Mancinia observa l'inconnue qu'elle venait de sauver, elle avait des yeux vairons, de longs cheveux châtains et époussetait ses vêtements. Puis, elle daigna s'intéresser à sa personne avec un large sourire ;

Je me nomme Byül. Je vous remercie de votre aide, qui que vous soyez.
Je suis Kahnsykah et voici mon compagnon, Kamiya.

Son ami coassa. Cette Byül parlait bien pour une fille vivant dans un lieu aussi morbide. Mancinia ignorait si ce nom était sa véritable identité, aussi, elle préféra cacher le sien. Ses séjours répéter sur les routes l'avaient rendue un peu paranoïaque et chaque personne qui n'était pas de sa race était un ennemi potentiel, que ce soit un homme, une femme ou un enfant. A quelques exceptions près.

Mon amie, vous avez l'âme d'une héroïne.
Je n'ai pas cette prétention. Je vous aie entendue et par une quelconque solidarité féminine...Je vous suis venue en aide.
C'est ce que disent les personnes modestes qui font des miracles ! C'est une personne tel que vous que je recherchais, Kahnsykah. J'ai besoin d'aide.
J'ai crû le comprendre, mais...
Vous devez vous doutez que cela concerne ces quatre maroufles, mais si je suis désormais votre alliée, vous serez leur ennemie. Alors vous devez m'aidez à mettre fin à une conspiration qui menace Sceptelinôst...Si vous m'aider cette nuit dans ce but, vous serez libérée de la menace désormais qui plane sur vous durant la durée de votre séjour !

Oulà. Ça sentait le sapin ! Dans quel guêpier venait-elle de se fourrer ? Sur le qui-vive, elle observa cette inconnue qui semblait très sérieuse. Son regard captivant démontrait sa détermination et rien qu'en l'observant, Mancinia avait l'impression que la vérité sortait de sa bouche. Quel drôle de magie était-ce là ? Avant de se souvenir que la magie n'avait pas d'effets sur elle, la jeune femme soupira, résignée à sa situation.

D'accord, Byül. Je veux bien écouter ton récit, mais en échange, connais-tu une bonne adresse où manger ? Car quelque soit ton problème, je ne peux ni réfléchir ni agir le ventre vide.
Oui, bien sûr ! dit-elle, ravie. C'est par ici !
Une minute ! intervint Kamiya. Avant de pleinement te faire confiance, tu dois répondre à une énigme.

Mancinia eut le regard rond avant d'observer son compagnon, mit sur ses épaules. Il était vrai que ce dernier avait une fâcheuse tendance à posé des énigmes à n'importe qui pour tuer le temps, même dans des situations incongrues. D'abord surprise, Byül observa le corbeau parleur avant d'accepter.

Je suis noir. Je deviens rouge. Je finis blanc. Qui suis-je ?
...Le charbon, dit-elle après quelques secondes de réflexion.
J'aime beaucoup cette fille !

Mancinia ne sût que répondre. Il avait tendance à la prendre de cours malgré toutes ces années passées à ses côtés. Byül dit alors qu'elle-même appréciait les énigmes et Kamiya lui en proposa quelques unes pendant qu'ils marchaient en direction d'une Auberge. Ravie d'avoir un repas décent, Mancinia se demandait tout de même s'il faisait écrit le nom de sa race sur son front. En tout cas, Byül le devina immédiatement, mais ne lui fit aucune menace de dénonciation. Après tout, elle lui avait demandée de l'aide. En dévorant le poisson qu'on lui avait servit, Mancinia écoutait son récit, ponctué par la musique ambiante ; cette inconnue se révéla alors être une sorte de résistante à une dictature instaurée par les Quatre Seigneurs. Si elle demandait son aide, c'était pour mettre fin à une partie du trafic néfaste mené par des alliées de ces derniers - avec leurs appuis pas si secrets, bien entendu - et qui étouffait Sceptelinôst. Comme ils étaient riches, ils se croyaient tout permis en dérobant ce qu'ils avaient comme maigres ressources aux classes inférieurs à la leur. Des arrivistes de la pire espèce. En observant ses yeux vairons, Mancinia vint à se demander si elle n'était pas une Orisha, mais elle se garderait de poser trop de question. Cela convenait bien à son interlocutrice et à elle aussi, après tout. Plus elle mangeait, plus Mancinia se sentait mal. Comme si son esprit se décalait vis-à-vis de son corps.

J'ai cinq doigts. Je n'ai pas d'os.
Hum...Je sèche.
Allez, maligne, devine un peu...
Dites donc-oh, ma belle demoiselle-oh, ça vous dirait de danser, dites ? DITES-OH !

Mancinia soupira de manière moins élégante, Kamiya avait le bec enfoncé dans sa propre assiette de purée et ignora l'inconnu au lieu de se bagarrer. Pendant que l'homme les reluquait sous toutes les coutures en se dandinant d'un pied à l'autre, la jeune femme prit un air amusée en l'observant, l'envie était folle de l'envoyer balader. Elle n'était pas d'humeur à faire des politesses quand une inconnue venue de nulle part lui demander d'envoyer un navire par le fond.

Tu as une envie pressente mon ami ?
Une envie de danser-oh !
Et si tu fermais ta gueule, plutôt ?

La réponse de Mancinia claqua, sèche. Byül eut un regard rond. Kamiya releva son bec de son assiette en sa direction, ouvert, muet, stupéfait. Elle-même, se rendant compte de ses paroles, eut une expression surprise. L'homme s'arrêta immédiatement, penaud.

Oh, ça va, pas la peine d'être grossière, oh.
Oh oh oh ! rit-elle, nerveuse.
Tu cherches la bagarre, la traînée ? commença un de ses amis en fronçant ses sourcils.
Ça dépend, parce que vu ta tronche, ma victoire ne ferait pas un pli !

Byül se leva alors prestement et vint se placer entre ses sauveurs et les hommes, souvent alcooliques et bagarreurs, du coin. Le coeur de Mancinia avait du mal à battre, qu'est-ce qu'il lui prenait tout d'un coup ?

Mon amie à un peu bu, ne lui en tenez pas ombrage !
Hum, c'est bien parce que vous êtes mignonnes, hein-oh !
Je n'ai pas bu. Je suis seulement agacée !

Souriant à Mancinia, il alla se rasseoir sous quelques moqueries de ses amis. Sans doute l'avait-on mit au défi et devant son apparence de porcelaine, il ne s'était pas méfier. Quelle andouille. Byül se retourna ensuite vers elle, aucune surprise, aucune animosité ni aucune expression amusée ne marqua ses traits. Kamiya l'observa d'un air soucieux.

Kahnsykah, ça va ?
Oui, mon beau corbeau. Pourquoi ?
T'as l'air bizarre tout d'un coup.
Je suis toujours aussi disproportionnée pour toi ?
Heu...Non, mais ta manière de réagir à été tellement brusque.
J'ai le droit de dire qu'un empoté est un empoté.
Dites-moi, Kahnsykah, dit Byül. Votre poisson était-il mauvais ?
Pourquoi ? demanda-t-elle, presque véhémente sans le vouloir. Je ne pourrais pas avoir une pire tête de thon que toi !
Partons. Le bateau ne va pas tarder à amarrer !
Allons donc ! Tu crois qu'on va attendre trois plombes dans le froid ?

Son interlocutrice ne l'attendit pas et ce saisit de ses affaires pour l'inciter à quitter l'Auberge, Mancinia la suivit en pestant et en lui ordonnant de lui rendre ses biens si elle ne voulait pas qu'elle lui arrache la main, mais Byül continua sa route sans se soucier d'elle. C'est alors qu'elle s'arrêta au milieu de la route, surprenant quelqu'un en train de marcher de travers. Elle explosa de rire, faisant s'arrêter Byül et Kamiya qui volait près d'elle ;

T'as vraiment une démarche d'attardé !
KestudismamzellelaBelualà?
Ceci était la preuve que t'es con.
Jevaistencollerunemoituvasvoiiiir!

Mancinia resta stoïque tandis que l'homme essaya de décrocher une droite, non as vers elle, mais ç sa droite, frappant mollement dans le vide, avant de s'effondrer au sol. Ronflant. Le liquide de sa carafe se déversant dans la rue.

Ah, ouais. Tous les Réprouvés ont des gênes d'alcoolos ?

En détournant le regard et comme captiver par la mer, elle se tût. Cette mer était sublime, encore plus dans un coucher de soleil similaire à celui d'Utopia. Tout ceci lui semblait calme, mais la méfiance était de mise. Byül explosa de rire devant son expression médusée.

C'est beau, ce truc. On devrait avoir une mer aux pieds d'Utopia...
Je refuse de croire que tu es devenue folle, dit Kamiya.
Je ne suis pas folle, abruti. Je ne sais pas ce qu'il se passe, c'est tout.
Je crois que c'est l'un des poissons à des effets néfastes sur vous, rit Byül. Il vous force à dire ce que vous pensez même. Et même si vous souhaitez le dire en riant, vous êtes aussi franche qu'un Démon !
Bordel, mais qui est le con de cuistot qui m'a cuisiné un plat aussi merdique que j'aille le trucider ?!
Nous n'avons pas le temps pour ça.
Toi, la gamine, on ne t'a pas sonnée ! C'est de ta faute ce qu'il se passe ! Qu'est-ce que tu crois ? Que tu as le droit de me demander de couler une cargaison pour des personnes que je ne connais pas ? T'as de la chance que des Orishas aient aidés ma Mère dans des conditions similaires !
Vraiment ? demanda-t-elle en continuant de rire. Que les Aetheris aient pitié de toi... !
Drejtësi reste la meilleure d'entre tous ! Quiconque dira le contraire aura les lèvres arrachées !
Je plaisantais. Je ne prends pas ombrage de ce que tu dis, car tu même si tu le penses réellement, tes paroles sont déformées de leur but initial. Ce franc parler nous sera utile !
HUM. J'espère bien que les abrutis qu'on va affronter sont aussi cons que tu le dis !

Si Byül riait encore, Mancinia avait du mal à admettre ce qui se passait. Toutes ses pensées devenaient des mots et certaines paroles étaient mauvaises. Elle avait insultée Byül de thon, alors que ce n'était qu'une remarque et non une affirmation, limite, elle ne s'en était pas rendu compte ! Encore heureux que la demoiselle n'en prenait pas ombrage. Elle parvint à s'excuser tandis qu'elles attendaient sur les docks que la nuit s'empare du lieu et que le navire apparaisse sur le quai qui lui était destiné, établissant une sorte de plan improvisé qui se résumait à détruire la cargaison, exploser la gueule des marins et pourquoi pas faire sauter le navire. Quand il fût là et à peine amarrer, les deux jeunes femmes prirent sa direction d'un pas vif. Kamiya volant au-dessus pour tenter de trouver un point faible et faire un rapport assez vague. Quinze marins sur le pont, ils seraient peut-être une vingtaine en tout. Byül la fit passée devant et Mancinia sauta sur le navire et apparu devant deux marins qui bougeaient une caisse, ils la regardaient d'un air stupéfait.

En fait...Vous avez vraiment l'air d'une plâtrée d'abrutis. Vos patrons sont comme vous, d'ailleurs.

Kamiya l'observa, à nouveau, en se demandant si elle était sérieuse avant de se lancer à l'assaut de l'un, tandis que l'autre alertait ses partenaires tout lâchant la caisse et en sortant son arme. Pas assez vite, puisque Mancinia le désarma d'un coup de sa Lance avant de le pousser par-dessus bord en propulsant son corps contre le sien. Elle entendit un « Hey, regardez ! » venant d'en bas ainsi qu'un bruit de plongeon. Tout ce passait si rapidement que la jeune femme se laissa porter par les événements en riant, Kamiya assaillant à coup de bec et de serres l'autre, qui se défendit avec ses bras avant de battre en retraite en se jetant lui aussi dans l'eau. Les imbéciles commencèrent s'alerter mutuellement de la présence d'indésirables alors que Byül coupait les cordes de la première cargaison qu'ils déchargeaient et qui commençait dangereusement à pencher en direction de l'océan. Voici donc un plan encore meilleur que celui établit ; Byül s'attelait à leur destruction tandis que Mancinia attirait ces criminels dans une direction opposée. Toute cette agitation près du bateau attira les passants, certains sortaient sur le pas de leur porte pour savoir ce qui en était la cause. Une des cargaisons passa par-dessus bord et explosa contre l'eau. Des cris et des applaudissements que Mancinia percevaient à peine, occupée à faire reculer ses assaillants à l'aide de sa Lance, explosant l'épaule de l'un d'entre eux qui se tordait de douleur au sol.

Trois d'entre eux se ruèrent sur elle en hurlant pour se donner une sorte de courage, Mancinia les laissa s'approcher en feignant être surprise avant de se retirer et de les laisser heurter le bastingage et que, désarçonner, eux aussi passe par-dessus bord. Des marins, ça aime la flotte, pas vrai ? Quelle bande d'abrutis, vraiment ! Pourtant, c'était elle l'abrutie qui ne vit pas l'un d'entre eux s'approcher plus que de raison et lui déchirer le bras gauche avec son épée. Et quel charmante balafre ensanglantée que voilà ! La douleur lui donna la rage et elle répliqua avec sa Lance, à en croire sa dextérité et sa force, c'était lui le Capitaine...Concentrer sur eux, personne ne vit que les caisses présentes sur le pont étaient des proies faciles, Byül y mit le feu en y jetant une lampe à huile qui traînait là, tout en sachant que cela détruirait une partie du navire. En voyant cela, les derniers marins eurent tôt fait de sauter du vaisseau, abandonnant leur Capitaine aux mains de Mancinia, rejointe par Kamiya. De la pointe de son arme, elle désarma ce dernier, qui surprit, tomba sur les fesses.

On se rend... ! On se rend !
C'est bien, tu comprends vite malgré ton air attardé !
Il faut savoir reconnaître la défaite. Et c'est quoi ton nom, ma bonne dame ?
Je m'appelle Kahnsykah, tête de noeud.

Sous quelques dizaines acclamations venant des docks, elle comprit qu'elle venait de faire une belle et grande action envers des riches marchands qui oppressaient le peuple. Et que, mine de rien, le titre d'Héroïne d'un Jour lui plaisait ! Byül, essoufflée, la gratifia d'une tape amicale dans le dos.

Ça va, Byül, t'es satisfaite de notre c*nn*rie ?
Ce n'était pas une c*nn*rie, mais une sorte de révolution.
Ça me plaît bien, la révolution...
Ça ira pour ton bras ?
Bwah. Je passerai chez quelqu'un ou je le mettrais dans l'eau. Il paraît que le sel arrache bien...

Aidant sa nouvelle alliée à attacher les criminels pour les livrer ensuite à la liesse populaire, Mancinia ne pût s'empêcher de murmurer ;

Tu sais, mon vrai nom n'est pas Kahnsykah. C'est Mancinia.
Une fausse identité, hein ? Je comprends. Ne le prends pas mal, mais...
Ouais, ne me dis rien. Ça m'a fait du bien de botter quelques culs cette nuit.

Elles rirent. Le soleil se levait doucement dans leurs dos et réchauffait l'atmosphère. Mancinia vit clairement quatre silhouettes familières se détacher sur les docks. Si elle n'oublierait pas vraiment leurs têtes, eux, ils la reconnaîtraient où qu'elle soit. Et si elle n'était plus réellement sous l'emprise de l'effet néfaste de sa nourriture, non seulement elle s'en fichait, mais en plus, elle leur fit un charmant doigt d'honneur sous le coassement menaçant de son compagnon, qui vint alors se poser sur son épaule. Elle était en train de se dire que sa visite à Medigo attendrait une prochaine fois...C'est qu'elle en aurait des aventures à raconter !


3 467 Mots
Gains = 1 Point d'Agilité + La Clé Universelle
Rp réalisé dans le cadre du Défi n°6 [Challenge n°7]
Merci beaucoup ^o^ !


LDM Avril/Mai - La cargaison de thé - Page 2 Chriss10
Art by Chrissabug

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Lun 18 Mai 2015, 17:13

Sceptelinost. Un nom à la consonance bien étrange, mais qui ne me disait absolument rien. Comme à peu près toutes les contrées de ce monde. Vu mon inculture, et mon incapacité à lire et à peine écrire, j'étais assez tributaires des informations que j'arrivais à glaner. Écouter les passants, comprendre enfin que cette ville est un port, et qu'un bateau est le meilleur moyen pour s'y rendre.

Je devais bien reconnaître qu'être une Ombre avait quelques avantages. Celui de se noyer dans celles-ci, et voyager gratuitement, sans que la moindre question vous soit posée, était des plus agréables. De surcroît, je pouvais laisser traîner une oreille et me mettre au courant des ragots du coin. Ce que je pus entendre confirmait le pourquoi de ma mission là-bas. Il y régnait le chaos, et d'une situation peu glorieuse, les écarts entre très riches, et le reste, ne fit que s'aggraver. Il semblerait que ce soit le terreau idéal pour une Ombre, m'obligeant à profiter de cet état de fait pour pousser les vivants à commettre l'irréparable. Le suicide, me faire souffrir encore et encore, m'enfoncer ce poignard éthéré sur l’ignominie de mon geste passé. Non, on ne me le pardonnerait jamais. Je devais "vivre" avec.... Quoi qu'il en soit, je m'étais glissé telle une brume dans la cale du bateau, et avait sagement tué le temps - façon de parler - dans cette obscurité salvatrice.

En attendant, toujours est-il que j'allais découvrir cette charmante bourgade aux gens accueillants, aux couleurs chamarrées et où il fait bon vivre dans la quiétude et l'allégresse. Enfin presque.

Le voyage fut long, mais quand on a l'éternité devant soi, à ressasser ses souffrances, on a le temps de relativiser. Que ce soit ici, ou ailleurs, cette douleur lancinante était toujours la même après tout. J'allais découvrir du pays, quand bien même je n'en tirerai aucune satisfaction, aucun plaisir. Un autre petit cadeau pour les suicidés. Sois maudit, et sois malheureux à jamais. Programme de premier ordre.

J'entendis enfin le bois touchant le bois, et des beuglements furent hurlés comme quoi l'appareil allait appareiller à Sceptelinost. Un murmure d'assentiment parcourut le bateau, et l'on disputait déjà sur la façon dont l'or allait être dépensé, et où bière, herbes et filles de joie se disputaient sans concurrence le podium.

J'attendais pour ma part la nuit, celle qui m'envelopperait à l'insu des regards et me permettrait enfin de reprendre une contenance plus passe partout dans cette ville. A charge pour moi ensuite d'aller trouver des personnes à faire se suicider.

Après plusieurs vérifications, je me matérialisais dans une ruelle, à l'aspect et l'attitude des plus banals, avant de m'engouffrer dans cette ville portuaire. Ne connaissant absolument rien de l'endroit, j'errais plus qu'autre chose, quand au détour d'un coin de rue, je tombais nez à nez avec une fille à l'air assez désespéré, voyant en moi une aide inespérée. A la différence qu'elle se trompait lourdement. Je ne ressentais pas de compassion, d'empathie, de sympathie même, bref d'intérêt spécial pour un parfait étranger. Je ne voyais d'ailleurs pas ce qui me pousserait à aider mon prochain et ....

- Aidez moi ! Je suis l'esclave du type derrière moi, et il se vante à l'abri des autorités qu'il me donnerait à celui qui arriverait à le battre en combat singulier, sans faire usage de la magie. Par pitié, je n'en peux plus de ce qu'il me fait subir, aidez moi !..

Avait-elle lu dans mes pensées ? L'esclavage était peut-être la seule raison qui me ferait aider autrui. Personne ne m'avait jamais aidé moi, quand j'étais esclave, et j'avais terminé en Ombre, à hanter les vivants pour les pousser au suicide. Qu'ils aillent donc tous se faire voir !! Mais je jetais un regard vers le geôlier assez arrogant pour se pavaner avec son esclave. Il n'avait pas l'air bien costaud, et si aucune magie n'était acceptée, il s'enlevait probablement la seule botte secrète qu'il avait en combat singulier.

Je regardais le duo maître/esclave d'un air détaché, contenant péniblement ma colère. J'enlevais les mains de mes poches, et parlais d'une voix presque atone au gringalet.

- Je suppose qu'il ne s'agit pas là d'un combat à mort, juste le premier à terre ou qui abandonne n'est ce pas ?

L'homme en question se contenta d'hocher la tête, et j'hochais la mienne en retour comme pour sceller le combat. Je n'avais aucune arme, je ne savais pas me battre, mais à tout le moins, il ne risquait pas de me faire mal, avec pareille stat...ure...

A peine avais-je accepté que le maigrichon était devenu colosse, affichant un sourire carnassier alors que ses muscles semblaient surgir de nulle part, une véritable montagne de virilité qui ne cessait de croître pour me dépasser facilement d'une tête. J'écarquillais les yeux, surpris par la supercherie, alors que la fille derrière moi riait à chaudes larmes. Visiblement, j'ai été le dindon de la farce, et victime de ma rage intérieure. Alors que l'individu faisait craquer ses articulations, il se jeta sur moi avec une rapidité que je n'aurai pas soupçonné vu sa stature, et me décocha un coup de poing dans le ventre à me soulever comme le vent le ferait d'un fétu de paille. Je me lovais entre son poing, me laissant chuter comme une loque au sol, restant plié en deux par la puissance du choc. Ça, je savais simuler, tant j'avais été battu dans ma jeunesse. J'imaginais parfaitement ce qu'un coup pareil pouvait faire comme ravage à celui qui le recevait, et en général, un type comme moi ne se relevait pas. J'étais à genoux, me tenant le ventre comme si je souffrais le martyr. Ce qu'il ignorait, c'était que la seule souffrance qui me rongeait était celle que je me générais, et non une quelconque blessure physique venue de l'extérieur. Aussi je lui laissais prendre l'ascendant sur moi, alors qu'il me rouait de coups de pieds dans une folie haineuse. Je finis étendu au sol, et sentit l'homme me soulever par les cheveux alors qu'il parlait à sa comparse :

- Vérifie s'il y a de l'or dans ses poches. Il n'a pas l'air très riche c't'abruti, mais si on peut s'payer un bon gueuleton en plus de m'être défoulé, faut pas s'priver.

J'entendais les pas de la jeune femme se rapprocher de moi, mais maintenant que j'étais plus au moins debout par la force des choses, j'étais en position idéale pour frapper là où il fallait. De toutes mes maigres forces, je décochais un uppercut dans les parties intimes de mon tortionnaire. Car il avait beau avec son seul biceps avoir plus de muscles que moi, il était une partie du corps humain qu'il ne pourrait jamais muscler, et c'était là ....

L'homme, pris par surprise, me lâcha et hurla de douleur en tombant lourdement sur les genoux, les mains recouvrant ses bijoux désormais inutilisables pour un bon bout de temps. Je me relevais, époussetant la poussière qui s'accrochait sur mes virtuels habits et plongeait mon regard dans celui de la jeune femme, posant ma tête par derrière sur l'épaule du type. D'une voix presque susurrante, je m'adressais aux deux en même temps :

- Vous êtes tombés sur la mauvaise personne, et vous allez en payer le prix. Vous avez remarqué que vous ne pouvez rien faire contre moi, mais maintenant je suis en colère. Cependant, faibles comme vous êtes, je vais vous accorder une chance honnête. Soit je vous tue tous les deux, d'ici la prochaine lune, et vous avez vu de quoi je suis capable, soit l'un d'entre vous se donne la mort, et j'épargnerai en guise de bonne foi l'autre. Vous avez ma promesse. Si l'un tue l'autre, je le saurai, et les deux mourront. J'ai des yeux partout, et ce n'est pas votre tour de passe passe musclé qui vous sauvera.
Enfuyez vous, et vous verrez vraiment de quoi je suis capable quand je suis en colère.


S'ils ne respectaient pas mes règles, je n'avais aucune idée de comment j'allais les retrouver, ni comment je pourrais les tuer tous les deux. Mon seul atout était qu'ils l'ignoraient, et je devais jouer de cette assurance qu'il était impossible que je ne parvienne pas à mes fins. Et mon ton détaché, à la limite blasé semblait faire mouche quand je vis le regard horrifié de mes adversaires.

- A demain pour l'un, ou à demain dans le tombeau pour les deux.

Je m'éloignais sans leur laisser le temps de réagir, remettant les mains dans mes poches. A peine quelques ruelles plus tard, je tombais nez à nez sur un nouveau combat, où une femme était aux prises avec trois types cette fois. A la différence du premier combat, ils ne semblaient pas m'avoir attendu pour se battre, mais je décidais de passer mon chemin quand mon regard croisa celui de la femme, et je ne pus m'en détacher, comme attiré par un quelconque charme, le plaisir en moins. Elle ne me demandait rien, ni aide, ni secours, mais tout me laissait croire que je devais intervenir, Cependant, je ne pouvais pas dévoiler ma nature d'Ombre, et si je me prenais des coups sans en subir les conséquences, celle que je devais sauver se poserait des questions. Or le Secret passait avant tout.

Ainsi, armé de mon seul courage, je prenais une fausse énorme inspiration, et hurlait un puissant : "A LA GAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAARDE !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!", les mains amplifiant mon cri, ce qui ne manqua pas de surprendre tant l'agressée, que ses agresseurs. Ces derniers se regardèrent, hésitants, et jetant un regard haineux dans ma direction ponctué d'un "on te r'trouvera et on t'fera la peau pourriture", ils se dispersèrent dans les ruelles comme des rats devant le feu.

Seule la femme restait à me regarder, les sourcils froncés. Elle ne devait pas s'attendre à ce genre d'aide de ma part. Si elle attendait de moi le héros seul contre tous, elle se fourrait le doigt dans l’œil, et bien profondément.

- Apparemment, mes agresseurs ne devaient pas être d'ici pour fuir quand quelqu'un appelle la garde. Elle n'est pas prête de venir. Ce devait être des mercenaires sûrement. Et toi non plus, tu n'es pas d'ici pour penser que cette stratégie allait fonctionner. Même si elle a fonctionné au demeurant ...

Je me contentais d'hausser les épaules, le principal après tout était que l'ennemi s'était enfui, que je n'avais pas eu cette fois à me battre, et que la demoiselle était sauve. A voir cependant sa démarche, et son pas assuré, elle n'avait pas l'air du tout de celle qui ne sache pas se défendre contre trois lourdaud avinés. Je fronçais les sourcils, me demandant, bizarrement, ce qui allait encore me tomber sur le coin de la tête. Surtout quand elle ne daignait faire apparaître que ses yeux de deux couleurs différentes, le reste étant savamment masqué par divers vêtements.

- Je cherche quelqu'un qui soit capable de redonner à cette ville un peu de sa splendeur d'antan. Une cargaison est appareillée sur un bateau, et elle recèle des choses utiles qu'il convient de détruire. J'aimerai que tu jettes par dessus bord cette marchandise, à la tombée de la nuit, cela jettera un sacré coup au moral de ses propriétaires.

Je la fixais, et sans être un fin psychologue, il était évident qu'elle ne me disait que le strict minimum. Pensait-elle que pour ses beaux yeux, j'allais me jeter dans la gueule du loup ?...

- Vous vous trompez de personne, je le crains. Je n'ai pas pour habitude d'aider des personnes qui n'ont qu'un regard à dévoiler, contre des ennemis qui me sont inconnus, à détruire une cargaison dont j'ignore le contenu. Rien ne me dit que ce ne sont pas des denrées pour les habitants, qui sont attendues depuis des semaines et vous me demandez de mettre à l'eau, hmm ?

- Je peux vous assurer que j'agis pour le bien du peuple, et si je suis vêtue de la sorte, c'est pour me permettre d'agir sans risquer de représailles de la part de ceux qui tiennent les cordons de la bourse depuis quelques mois ici. Donnez de l'espoir aux opprimés, et jetez le désespoir à ceux qui réduisent les pauvres à de misérables insectes insignifiants. Je vous en prie.

Je ne ressentais pas cette pitié qu'elle voulait me voir grandir en moi alors que les mots sortaient de sa bouche. Le sort de ces habitants ne me faisait ni chaud ni froid, mais je devais bien admettre qu'à choisir qui j'allais devoir faire se suicider, je préférais autant que ce soit des pourritures, juste pour que ma souffrance soit la leur une fois passé à trépas. De toute façon, je ne risquais pas grand chose dans mon état, vu que la seule chose qui m'importait, était de garder le Secret intact. Je la laissais mariner dans mon mutisme pour autant, car je ne voulais pas donner l'impression que d'une petite œillade, elle pouvait me convaincre d'adhérer à son obscur cause. Elle ne montra pourtant aucun signe d'impatience, ni d'heureuse surprise quand je me contentais de lui dire que j'allais l'aider, dans la mesure de mes moyens, sans pour autant me mettre en danger.

Elle hocha la tête, son regard pétillant d'un sourire caché par son écharpe. Elle me dévoila l'emplacement du bateau qui allait mouiller en fin de journée, et qu'il fallait agir de nuit pour l'effet de surprise. Comme si j'allais balancer des caisses dans l'eau en pleine journée ...

J'avais patiemment attendu que la nuit soit à son apogée d'encre, avant de furtivement m'approcher du bateau. Mon éphémère alliée attendait à un autre endroit stratégique, ayant déclaré s'occuper du type qui gardait les amarres, et éviter ainsi qu'il déclenche l'alarme en criant. Le pont du bateau était logiquement gardé, mais ce n'était pas par là que j'allais passer. Les torches me donnait suffisamment d'ombre pour m'y noyer les unes après les autres, et finir sur le bateau même, dans le dos du garde. Prenant le manche du balai destiné à laver le pont, j'assommais sans trop de difficultés le garde avant de couler un regard vers les caisses qui se trouvaient à bâbord et tribord.

La femme me rejoignit, et nous nous mîmes à pied d'oeuvre, soulevant des caisses de poids divers pour les balancer méthodiquement à l'eau. Aussi discrets que nous puissions être, les gros plouf ne manquèrent pas de susciter la curiosité, tant des deux gardes qui surgirent de l'intérieur du bateau, avant de rejoindre les caisses à l'eau à la vue de l'arme de mon alliée, mais également des habitants du port qui par le bouche à oreille, s'agglutinaient désormais autour du navire en nous encourageant bruyamment. Les imbéciles !

- Il nous faut nous dépêcher, avant que ceux que nous sommes censés aider permettent notre arrestation en beuglant de la sorte en pleine nuit.

Elle hocha la tête, et nous accélérons la cadence. Les caisses n'étaient heureusement pas trop lourdes vu ma force légendaire, et l'une d'elle buta contre le rebord de la coque, s'ouvrant à moitié dans l'eau et sur le pont. Un clef tomba à mes pieds, et vu sa forme étrange, je me surpris à la glisser dans ma poche d'ombre.

Alors que la dernière caisse s'en allait rejoindre ses sœurs qui faisaient trempette en contrebas, quelques habitants s'étaient arrêtés de nous applaudir, et regardaient au loin quatre silhouettes qui se dessinaient au loin à la lueur des torches. S'il était impossible de voir qui ils étaient, ou à quoi ils ressemblaient, je sentais leurs regards hostiles et froids se poser sur moi, et je savais qu'il était temps que j'aille voir ailleurs si j'y étais.

Je courus sans me retourner à travers la foule qui se dispersait à son tour, accentuant ma capuche pour qu'elle dissimule un peu plus encore mon visage, et m'engouffrait dans les ruelles de la ville. En tout état de cause, j'avais une autre mission plus importante à terminer, retrouver mes deux agresseurs, et décider qui j'allais convaincre de se donner la mort, et me rejoindre dans un tourment infini.


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Jeu 21 Mai 2015, 03:34


Pahaliah errait de villages en villages depuis déjà un bon moment, à la recherche de quelque chose… d’elle-même probablement. La veille elle avait choisi de s’arrêter dans un village de bord de mer pour casser la croûte, après que les grondements de son estomac aient épuisé sa patience à force de la déconcentrer de ses pensées. Son repas, pourtant frugal, lui avait coûté une petite fortune… et cela avait suffi à l’agacer. Elle avait passé la journée à errer dans le village, observant d’un œil peiné les villageois rachitiques aux mines décomposées. Le soir était tombé rapidement, d’autant plus que les gens économisaient leur huile, car le combustible se faisait rare et cher. Pahaliah se déplaçait tranquillement dans le dédalle de rues étroites, à l’aise parmi ses amies les ombres. Un odeur repoussante ainsi que du mouvement attirèrent son attention et elle s’arrêta pour bien saisir la scène se déroulant sous ses yeux bleus…Trois hommes, visiblement intoxiqués à l’alcool, malmenant une jeune femme…Tout à fait inacceptable pour son cœur d’ange et elle décida d’intervenir. Se sachant loin d’être de taille pour une confrontation au corps à corps elle ne fit que quelques pas et d’un mouvement souple projeta son fouet, emprisonna un des hommes et, à l’aide de son pouvoir de télékinésie, finit de le déséquilibrer ce qui le fit renverser les deux autres qui s’écroulèrent mollement sur le sol. Pahaliah rappela son fouet et commença à s’éloigner, suivie de près par la demoiselle. Rendues loin des badauds, elles se firent face.

-Tu dois m’aider…

À peine la jeune femme eût-elle prononcé ces mots que Pahaliah était déterminée à lui prêter main forte.

-Qu’attends-tu de moi?

-Une cargaison doit arriver cette nuit par bateau, il faut la détruire.

La demoiselle intriguait Pahaliah…Ses yeux dépareillés étaient doux, tandis que sa détermination semblait d’acier. La lueur de colère qu’elle aperçut dans ces mêmes yeux la fit taire les questions qui allaient franchir ses lèvres.

-Je t’aiderai.

-Merci…pour tout.

Ces paroles furent suivies d’un léger signe de tête en guise de reconnaissance. La demoiselle tourna les talons et le son de ses pas mena Pahaliah jusqu’à l’entrée du port. De pauvres gens discutaient, avachis sur des caisses remplies de paille. Un vieillard était assis sur le bord du muret de pierre, ses pieds se balançant au-dessus de l’eau sombre. On voyait bien à son regard égaré, nostalgique, qu’il avait connu des jours meilleurs.

-Que s’est-il passé ici?, demanda Pahaliah.

La jeune fille la regarda, hésitante. Puis, elle prit la parole d’un ton froid…

-Pas quoi, mais qui.

-Parle-moi de lui alors.

-Eux, tu veux dire. Ils sont quatre, richissimes et avides de s’enrichir. Ils prennent plaisir à dépouiller les villageois et profitent de chaque occasion pour leur soutirer leurs richesses déjà bien maigres.

Ce discours aurait dû être enflammé, mais il fut inerte, comme si répété à maintes reprises.

Au loin elles virent le navire attendu s’avancer lentement dans les eaux sombres et probablement froides en ce soir frisquet. Pahaliah profita du temps qu’il lui restait à terre pour élaborer une stratégie. Elle prit la peine de scruter du mieux qu’elle pût le bateau… notant mentalement de plus en plus de détails à mesure qu’il se rapprochait. Tellement concentrée dans son analyse, elle oublia sa compagne et ne remarqua pas que celle-ci s’était tapie dans l’ombre d’un bateau amarré.

C’est la nuque raidie par l’immobilité que Pahaliah observa l’amarrage de sa cible. L’équipage installa maladroitement une passerelle pour atteindre le port et des ordres fusèrent d’un bout à l’autre du pont. La déchu profita de cette mêlée pour sauter agilement sur la passerelle et rejoindre le rafiot.

Ce n’est pas gagné d’avance, se dit-elle.

Le nombre de caisses dépassait ses attentes…Impossible pour elle seule de s’en débarrasser entièrement et ce, avant que quiconque décide de l’arrêter. Repensant à la colère qui couvait dans les yeux vairons, elle s’en imprégna et passa à l’action. Quelque caisses poussées par télékinésie… deux ou trois regards incrédules des marins, mais aucune tentative pour l’en empêcher. Elle décida donc de laisser tomber la subtilité et par un effort mental violent, elle fit basculer une bonne autre dizaine de caisses. À ce rythme elle n’y arriverait pas avant le jour, sans compter que quelqu’un allait bien finir par réagir. À peine pensé, déjà arrivé! Deux gaillards se dirigeaient vers elle les poings serrés… Elle les laissa se rapprocher un peu plus puis d’un mouvement de poignet lança son fouet qui vient lacérer leurs mollets au sang. Ils chancelèrent, mais poursuivirent leur route. Pahaliah utilisa le peu d’énergie qu’elle avait encore pour leur balancer une caisse à la figure. Malheur! Ils étaient loin d’être K.O… sauf que le bateau, usé par les intempéries ne put résister au choc de la manœuvre et le pont de bois s’effondra sous les deux hommes. Certains hommes se précipitèrent vers le port par peur de subir le même sort. Le reste de l’équipage ayant assisté à la scène se senti libéré de leurs bourreaux et festoya en jetant les caisses restantes à la mer sous les applaudissements de la foule sur le port.

Pahaliah exténuée riva son regard vers l’endroit où s’était tenue la jeune femme qu’elle avait aidé, mais ses yeux ne rencontrèrent que le vide et la noirceur. Un morceau d’étoffe capta son attention et elle vit quatre silhouettes qui la surveillaient au loin, même à cette distance elle percevait leurs regards désapprobateurs rivés sur elle. Ils avaient tout vu et sauraient la reconnaître… Puis, ils tournèrent les talons et leurs silhouettes se fondirent dans le lointain.
Pahaliah réussit à rejoindre les dalles crasseuses du port, dénicha un coin tranquille, s’adossa au mur d’une bâtisse et s’endormit enveloppée par les ombres.
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Sam 23 Mai 2015, 19:25

Posées au creux de sa large paume, l’homme comptait les pièces qui y trônent. Au pied du grand navire, son immense silhouette se détachait sous le soleil de plomb, bloquant l’unique passage qui menait sur la large route perpendiculaire au port secoué par les vents violents. Ses yeux se levèrent, aussi amicaux que la dureté de la glace, enfouit les pièces qu’il détenait dans une besace accrochée à sa ceinture et le toisa de toute sa hauteur. Sa paume se tendit vers son visage, ses doigts s’agitaient de l’avant en arrière, clamant un montant plus conséquent. Il essayait de l’intimider par la seule présence de ses muscles saillissant, de sa taille de géant. Sa voix bourrue s’éleva, sans laisser de brèche à un quelconque appel. « Vous appelez ça un paiement? Ce n’est pas assez, donnez-moi plus de pièces. Trois pièces d’argents. » L’Elfe lança un regard à la besace et resongea au montant qu’il lui avait offert entre les mains. Il réclamait encore, toujours plus? La somme qui lui avait laissé était pleinement suffisante. « Je ne vous dois rien de plus. J’ai assez payé, c’est suffisant. » Les yeux de l’homme se plissèrent, s’assombrissant dangereusement. Il fit un pas vers l’avant. Sa voix était tranchante et menaçante. « Je sais ce que je dis, je connais aussi les lois de la ville. Donnez plus ou repartez de là où vous venez sur le champ. » Ce fut à son tour de froncer les sourcils. Les mots qu’il avait presque hurlés ne coïncidaient pas à l’image des lieux. « Les lois? Je pensais que cette ville n’en avait pas. » L’homme haussa les épaules mais, l’être sylvestre voyait l’hésitation qui voilait ses yeux de glace. Il avait touché une part sensible, appuyer sur un point qu’il ne pouvait oublier, ni nier.

L’Elfe profita de cette courte déstabilisation pour nourrir ses doutes. « Ici, c’est la ville des pirates, un fief de hors-la-loi. Par la grâce de Phoebe, pourquoi me faites-vous mention des règles? » La crainte et la peur illuminèrent son visage. Il passa une main nerveuse dans ses cheveux bruns hirsutes, caressa les poils de sa barbe naissante. Son immense corps se pencha au-dessus de lui. Quelques regards étaient tournés vers eux. Quelques chuchotements s’élevaient, de par l’écoute de ces quelques bribes de la conversation. « Ne dit plus jamais ça. Compris? Sceptelinôst n’est plus la cité que vous croyez connaître. Les choses… ont changées ici. » L’un de ses sourcils se dressa. Il était piqué par une certaine curiosité qui le rongeait, le démangeait de l’intérieur. « Changées? » La voix de l’armoire à glace n’était plus qu’un simple murmure craintif. Ses yeux voyageaient entre l’Elfe et les passants, à la recherche de quelque chose – ou de quelqu’un ? – qu’il ne trouverait jamais, invisible aux regards de ceux ne possédant pas l’œil acéré d’un oiseau de proie. Il finit par se jeter à l’eau. Les pièces manquantes semblaient s’être retirées de son esprit, envolées comme de la poussière sous le vent des mers. « C’est… à cause d’eux. Les quatre grands pontes. », précise-t-il en croisant son regard empli d’incompréhension. « Depuis qu’ils se sont imposés, c’est le bordel total. Ils dirigent tout comme si s’étaient eux les Rois! Ils ont domptés l’indomptable. Personne n’ose s’opposer à leurs règles. » - « Même les pirates? »

L’homme éclata de rire, sonnant aussi faux qu’une cloche rouillée. Il n’y avait qu’un profond désespoir dans sa voix. De l’amertume, de la colère, du ressentiment. Il ne savait pas comment gérer ce flot de sentiments qui l’assaillaient en dérobant la force d’une bête. Son poing s’abattit contre une caisse, faisant voltiger quelques copeaux de bois qui s’échouèrent dans la mer. Ses dents étaient serrées, si crispées que ses mots quittaient ses lèvres en sifflant, semblable à un reptile. « Les pirates? Mais quels pirates? Voilà depuis longtemps qu’ils ne sont plus là pour commander… » - « Si personne n’a le courage de s’opposer à la domination de ces quatre, je le ferai. » Son sens de la justice criait, hurlait d’agir, de soutenir un peuple à la dérive par l’absolutisme de ces riches bourgeois. L’homme le fixa, plissa les yeux. « Il faut soit être fou ou soit stupide pour tenter quelque chose de pareil. » Ses iris se déposèrent à la hauteur de mes épaules, de ces muscles inexistants, de cette taille svelte et fragile. Il peinait à croire à ce qu’il voyait en comparaison à ce qu’il entendait. « Peut-être suis-je un peu des deux? » L’elfe passa son chemin en le contournant. Sa silhouette ne tarda pas à se faire engloutir, camoufler par la foule malheureuse qui traînait les pieds en progressant. L’homme ferma son poing. Ses doigts cognèrent une surface dure. Il ouvrit sa paume. Trois pièces d’argent supplémentaires trônaient dans sa large main, brillantes sous l’aplomb de ce soleil ardent.

L’obscurité gagna rapidement les lieux. Les pires malfrats quittaient la taverne sous le couvert su soir, tanguant avec maladresse sur les pavés de la route, incapable du moindre acte réfléchi. Il n’eut rien d’étonnant qu’une jeune fille fut prise en étau entre deux grands hommes saouls, appuyés sur les murs de ce cul-de-sac, empêchant toute fuite. Leurs rires gras tonnaient dans la nuit mais la jeune fille, animée d’un courage exemplaire maintenu dans un corps aussi frêle, leur tenait tête, petit couteau prisonnier entre ses doigts tremblants. Ses yeux vairons brillaient durement, sa voix sifflait comme un serpent dérangé au cours de son sommeil, menacé sur les frontières de son propre territoire. Les deux hommes éclatèrent de rire, hoquetant disgracieusement entre chaque éclat. « Tu penses faire quoi ma p’tite? Ton misérable couteau ne fera jamais l’poids. » - « Je refuse d’entendre ces mots sortir de ta gueule, gros lard. Il n’y a rien de plus méprisable que ton copain et toi ici. » Il fronça les sourcils. Il essayait de comprendre l’insulte, ralenti par l’alcool qu’il avait ingurgité.  « Hé, surveilles c’que tu dis fillette! Tu l’regretteras! » - « Alors vas-y, prouves-moi que tu possèdes un talent! » L’ivrogne agrippa la manche de la fille, aidé par son camarade qui s’étouffait dans ses propres rires. « On rigole moins maintenant? » Elle sourit narquoisement mais, son sourire témoignait pourtant qu’une certaine nervosité. « Tout ne fait qu’commencer, abruti. »

L’Elfe quitta le décor de pénombre, surprenant ces ivrognes au milieu de ces règlements de compte. Il frappa le premier, attaquant le visage de l’homme barbu, compensant ses faiblesses musculaires par un enchaînement de coups rapides et précis. Face à cette violence presque gratuite, le second se sentit interpelé et décida d’agir, après plusieurs secondes d’inaction. « Pas si vite mon gros! » Ils avaient oublié la femme, abandonné leur emprise sur ses bras. Grave erreur. Une lame de couteau se figea entre ses deux omoplates, lui déchirant un cri de souffrance. La blessure avait été créé pour la douleur, non pas pour causer une mort instantanée. L’ivrogne tira son ami groggy du sol et s’enfuit à toutes jambes, hurlant à tue-tête sur les dangers apportés par ce duo de malades qui les avaient attaqués. La jeune femme sourit de toutes ses dents. « Bon débarras. » Une petite grimace s’afficha sur son visage. La créature sylvestre se précipita à ses côtés. « Vous allez bien? », demanda-t-il en taisant la douleur de ses jointures. « Parfaitement. » Elle se redressa légèrement en massant ses bras. « Je n’aurais jamais cru qu’un Elfe aurait été aussi… convainquant dans ses manières. Ça m’a beaucoup étonné. » - « Veuillez me pardonner. », murmura-t-il, tel un automatisme. Le rouge lui montait déjà aux joues. « Mon corps a agi sans que j’ai pu y exercer le moindre contrôle. Je préfère toujours me servir de moyens plus civilisés pour régler un quelconque problème. » - « Dit-il au cœur de Sceptelinôst. » Elle épousseta les pans de son pantalon pour en retirer les grains de poussières. Pour en combler le silence, l’Elfe lança : « Je m’appelle Finndäal. » Il marqua une légère pause. « Veuillez pardonner ma rudesse mais, cette ville n’est… » - « Je sais ce que vous allez me dire. », le coupa-t-elle froidement. « S’il n’était pas question de ces pontes qui croient détenir tous les pouvoirs, nous n’en serions pas à cet état lamentable. » - « Je le pense également. »

Il n’y avait rien qui l’énervait davantage qu’un contrôle mené par la peur et la privation. Cette ville n’avait pas besoin de chaînes pour battre à plein régime, pour vivre selon ses désirs. Il ne s’intéressait pas personnellement aux services que Sceptelinôst offrait sur son immense plateau d’argent mais, l’importance qu’il accordait à la liberté d’un peuple n’avait jamais été aussi forte en lui, bien qu’elle n’atteigne pas le niveau des Orishas. « Vraiment? Jusqu’à où seriez-vous prêt à vous rendre pour Sceptelinôst? » - « Oh, jusqu’aux sommets de la folie. » Il ne manquait pas de jugement au point de foncer tête baisse dans le vide ou contre un mur de briques mais, il exagérait ses émotions comme une preuve à la puissance de ses convictions. « C’est ça que je voulais entendre! » Elle fit un tour sur elle-même, le visage aussi brillant et lumineux qu’une jeune enfant. Son rire cristallin résonna contre les parois de la ruelle exigüe. « Je me nomme Byül. », dit-elle en me tendant la main. L’Elfe accepta sa poignée sans accorder plus de curiosité à sa très courte ballade. « Grâce à mes quelques sources que je possède ici, vous voilà désormais capable de réaliser vos envies. » Elle passa devant moi, contournant mon corps pour rejoindre la rue principale avec la grâce d’un félidé. Je la suivis, toutefois en nourrissant une pointe d’hésitation. « Comment? » - « Un navire contenant de précieuses cargaisons de thé est amarré au port de la ville, sous le nom des quatre pontes, bien entendu. Vous n’aurez qu’à vos débarrassez des caisses! Vos actes auront des répercussions et la population ne pourra que vous en être reconnaissante. » - « Vous semblez si sûre de vous… » - « Parce que je me bats en leur nom. Leurs désirs sont également les miens. » Elle semblait si sincère, honnête. « D’accord, j’accepte votre mission. » - « Votre dévouement me fait chaud au cœur. Merci. » - « Vous me remercierez quand la tâche sera accomplie. » Elle sourit. « Je tâcherai de ne pas l’oublier. »  

Plus tard ce soir-là, hommes et femmes choisirent de leur chef de poursuivre la rébellion, à l’écoute du son des caisses qui se fracassaient contre le voile d’eau. Les cargaisons de thé coulaient au nombre de gens assemblés sur le pont du navire. L’équipage de ce bateau, solidement ligotés de la main de ceux qui possédaient un courage exceptionnel, s’agitait tels des saucissons égarés en pleine mer. Un homme se tenait à leurs côtés, chargés de surveiller leurs gestes. « Vous ne bougerez pas d’ici, matelots. Pas avant un sacré bout de temps. » Dans la paume de sa main, trois pièces d’argent lustrées étincelaient de mille feux. Il lâcha un rire bref, convergeant son attention sur les détenus du navire. Personne ne connaissait l’identité de celui qui avait tout commencé. Mais cet homme, lui et lui seul, nourrissait sa propre petite idée du visage de ce sauveur.

« Impressionnant. », murmura Byül de sa voix mélodieuse, admirant le spectacle des caisses qui volaient par-dessus bord. Des larmes coulaient sur la peau de ses joues. « Ce n’est rien. Je suis heureux d’avoir aidé à cette manifestation. » Il était épuisé, ses muscles le faisaient souffrir. Mais il trouvait la force de sourire, incapable de camoufler sa joie. « Merci. Merci beaucoup. » Des larmes perlaient sur le coin de ses yeux. « J-Je pense qu’il est l’heure d’aller leur donner u-un coup de main, n-non? » L’émotion était si puissante dans sa voix qu’elle en bégayait. C’était si émouvant. Son corps  disparu dans l’obscurité, lui adressant un dernier regard en biais. Puis, elle gravit sur le pont du navire, hurlant avec les autres habitants rassemblés une joie euphorique, une liberté nouvelle. Il aurait souhaité de joindre à eux, crier et hurler comme ils le faisaient. Mais son corps souffrant le paralysait sur le quai de bois. Tout fini pour le mieux. Sa tête se leva vers les bâtiments de la ville. Quatre paires d’yeux le toisaient avec une dureté sans pareille, avec le mépris de ceux qui croient fermement à leur suprématie. Ce contact visuel ne dura qu’à peine quelques secondes, avant que les silhouettes s’éclipsent, englouties par les ombres. Pourtant, ce court moment fut l’un des plus troublants de son existence.

Et le plus effrayant.

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Mar 26 Mai 2015, 19:15


~ Kuro se leva et observa les alentours. Lui et Shiro étaient arrivés hier à Sceptelinôst, une ville qui fut, par le passé, une étape importante dans leur quête de vengeance. Mais ni lui, ni l'ancien Esprit de la Mort n'avaient reconnu la cité à leur débarquement. De plus, la veille, tous deux s'étaient fait sauvagement agresser par surprise par un groupe de malfrats, qui leur avait dérobé argent, provisions et Besace magique. Ils avaient été contraints de dormir dehors. Enervé, Kuro était déterminé à ne pas quitter cette cité sans retrouver leurs affaires. Shiro était debout, déjà prête à se lancer dans cette quête. Elle observa le Tentateur pensif et vint à ses côtés. Elle non plus ne comprenait pas ce qu'il se passait ici. « Kuro, mettons-nous en route, on en saura peut-être un peu plus si on visite le coin. » « Oui. » Ils commencèrent à arpenter les rues, le jeune homme perdu dans ses pensées. Il déclara : « Il faut qu'on retrouve nos affaires ! » « Oui, ne t'en fais dont pas, j'ai bien retenu leurs visages. » Soudain, ils s'arrêtèrent en face d'une façade délabrée. Ils reconnurent celle du Lac Rouge. Un vent souffla alors, plein de poussière et de misère, comme le thrène des oubliés de cette ville. Eux aussi firent le silence ; un profond silence qui résonna en eux.

Brusquement, un hurlement aigu les décrocha de leur triste contemplation.
« C'était quoi ça ? » A nouveau ce cri. Ils s'enfoncèrent dans la ruelle d'où il provenait. En face d'eux se tenaient trois ivrognes et une fille prise au piège. Les yeux de l'ex-Ombre et du Démon croisèrent les iris vairons de la victime. Ils furent pousser par leur instinct. Kuro dégaina sa lame d'argent blanc et l'Elfe usa de son contrôle de l'air pour repousser deux d'entre eux. Le Démon entailla profondément le torse du troisième, qui tomba par terre gauchement. Le sang gicla jusqu'à goutter sur le mur et s'écouler sans discontinuité sur la lame affûtée. Les deux autres se relevèrent, mais Shiro les toucha et les téléporta sur un toit, plusieurs mètres plus loin. Elle fit de même avec le troisième, qu'elle renvoya au duo d'ivrognes. Shiro les observa un instant. Ils étaient déboussolés et tentaient de ne pas glisser sur une tuile bancale.

Le cornu rengaina Léone et s'orienta vers la demoiselle, l'Elfe de Cristal se positionnant à sa droite. L'attaquée les détailla avant d'entendre la voix de la fillette aux oreilles pointues : « Tout va bien ? Rien de cassé ? » Elle ne répondit pas et les observa encore un moment tour à tour. Shiro et Kuro s'échangèrent un regard interrogateur. Finalement, l'inconnue prit la parole : « Oui, ça va, merci pour votre aide... Vous semblez de bons combattants. » « Euh, disons qu'on se débrouille. » « Alors, j'ai besoin de votre aide ! » « Euh attends, on est déjà occupé à retrouver les affaires qu'on nous a volé. » « On vous a volé ? Comment étaient les hommes qui vous ont dépouillé ? » Le duo décrivit brièvement leurs agresseurs. La demoiselle s'exclama : « Ce sont les hommes des quatre seigneurs d'ici ! Quelques fois, ils font mine de passer pour des malfrats et pillent les arrivants, pour redonner ce qu'ils prennent aux pontes. » « Les... Quatre seigneurs tu dis ? » « Oui, ce sont eux qui ont transformé Sceptelinôst en ce que vous voyez. » Le Démon et l'Elfe se regardèrent à nouveau, avant de revenir sur l'inconnue.

« Ecoutez ! Cette nuit, une cargaison doit amarrer. C'est une livraison importante destinée aux quatre pontes. Il faut que vous la détruisiez et je vous promets de vous ramener vos affaires en échange. » « Allons, pas besoin de marchander, si ce sont ces maudits avares de pouvoir qui ont vandalisé cette ville, on peut faire ça gratuitement. Je n'accepte pas qu'on agisse ainsi, pas vrai Kuro ? » Il acquiesça. « Non, je vous retrouverai vos affaires. Je sais où trouver ces hommes. N'oubliez pas, ce soir, le bateau, un gros navire or et bleu. » Elle s'apprêta à partir, mais le Démon la retint oralement. « Attends, peux-tu nous en dire plus sur ces quatre seigneurs ? » « Non, désolé... Je ne peux pas. » « Dis nous au moins comment tu t'appelles. » « Byül. » Puis, elle disparut en chat noir plongés dans l'obscurité des rues nocturnes.

~ La nuit finit par tomber. Le duo s'était caché derrière de gros cordages. Ils attendaient en silence le bateau. Enfin, trois grands mats surgirent de l'ombre. Un immense vaisseau luxueux, aux voiles plus blanches que les ailes des Anges. Ils patientèrent encore un peu, puis, ils volèrent jusqu'au bateau, Kuro grâce à ses ailes de diamant, Shiro grâce à sa lévitation. Personne ne les remarqua, silencieux comme la mort. Ils se camouflèrent à nouveau pour analyser la configuration du navire et organiser un plan d'attaque. L'équipe chuchota.
« Ok, alors, je vais m'occuper des caisses de droites, qui semblent les plus lourdes. Avec ma télékinésie et ma force magique, je pourrai facilement les renverser dans l'eau. » « D'accord, moi je prends celles de gauche, qui sont plus nombreuses par contre... Je pense pas qu'à nous deux, vu le nombre de caisses, on puisse toutes les faire passer par-dessus bord. » « Eh, n'oubliez pas que la magie, c'est ma spécialité et qu''avec, on fait des miracles. » Elle fit un clin d’œil et Kuro esquissa un sourire. Ils regardèrent le bateau, qui avait aussi une cargaison centrale. Hélas, à eux deux, impossible de s'occuper des trois parties. Le Démon fronça les sourcils et compta mentalement le nombre de matelots, sachant pertinemment qu'ils devraient se battre. Shiro entama un décompte... Un... Deux... Trois !

Ils s'élancèrent à vivre allure sur leurs cibles ! L'Elfe de Jade enchanta une dizaine de caisses et les renversa énergiquement. Sa vision nocturne lui permit de voir qui lui fonçait dessus. Le combat contre certains était imminent... De son côté, Kuro se transforma en buffle et usa de sa superforce pour repousser les imposantes boîtes dans lesquelles il rentrait. Elles se renversèrent lentement avant de couler dans les eaux.
« Là-bas, cette grosse bête, elle fait tout tomber. Attaquez-là ! » Les hurlements des marins attirèrent l'attention des habitants du port, mais aussi celle de ceux qui dormaient dans les maisons les plus proches. Le Tentateur chargea en direction des matelots, qui ne surent pas trop comment attaquer cette bête. Il faucha plusieurs personnes, les embrochant avec ses cornes aiguisées ou les écrasant sous ses lourdes pattes. D'autres passagers restèrent immobiles, comme indécis.

Brusquement, Kuro fut touché par des épéistes et des archers. Il utilisa de nouveau son métamorphisme pour retrouver sa forme originelle et dégainer son sabre. Il activa un bouclier sur lequel les flèches vinrent vainement se heurter. Il bloqua l'assaut de deux combattants et les lames crissèrent dans une note aiguë. Le cornu regroupa ses forces magiques et, grâce à sa superforce, déséquilibra les deux hommes. Il brisa son bouclier pour poser ses mains sur les pieds des deux matelots et les emprisonner dans de la glace. Immobilisés, ils ne purent rien tenter d'autres. Kuro enchaîna dynamiquement quand une flèche le frôla à la jambe et entailla sa chair. Qu'importe ! Il déploya ses ailes blanches et fonça droit sur les archers. Il devint invisible et réapparut quelques secondes après, face aux tireurs étonnés. Léone trancha les trois d'un coup, leur ouvrant de larges plaies non loin du cou. Ils tombèrent et s'agitèrent par terre, essayant de se relever. La lame du Démon luisit d'une lueur écarlate sous les feux de la pleine lune. Shiro réglait ses assauts à coup de cartes d'Hâroun, d’hologrammes trompeurs, de magie de l'air et de création de l'électricité. Entre deux attaques et en dépit du rythme soutenu, elle renversait toujours plus de caisses.

Bientôt, le peuple s'agglutina sur les pontons et dans tout le port. Ils se mirent à hurler et encourager l'Elfe et le Tentateur. Des pirates qui se trouvaient sur les bateaux voisins abordèrent le navire de marchandises et vinrent prêter main forte au duo. Les habitants prirent des cailloux et commencèrent à caillasser le vaisseau, que plus personne ne dirigeait. Toute la colère de Sceptelinôstt paraissait se dévoiler ! Shiro vit soudain une ombre lui passer à côté. Elle reconnut la présence de Byül. Celle-ci s'arrêta près d'elle, lui adressa un bref sourire et déposa sa Besace magique. Dessus était un petit mot : merci. Puis, la jeune fille disparut à nouveau. L'assaut se poursuivit avec un entrain crescendo. Les pirates s'en donnaient à cœur joie et, s'ils n'étaient pas en train de crier avec le peuple, ils jetaient les caisses à la mer. Kuro et Shiro finirent par se rejoindre, satisfaits de leur travail. Mais l'Elfe de Cristal frissonna. Quelque chose les observait. Elle tourna la tête vers les hauteurs de la ville. Là-bas, sur un piédestal, dans des statures de rois, les quatre seigneurs les dévisageaient. Ils étaient trop loin pour que Shiro ne retiennent leurs visages. Cependant eux, de là-haut, avaient dû retenir les leurs. Tels quatre souverains contrariés, ils leur tournèrent le dos et laissèrent le navire s'enflammer sous la fureur des habitants de la cité.
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Sam 30 Mai 2015, 18:27

La cargaison de thé


Kunsang froissa sans ménagement un parchemin qu'il jeta. Adgy le ramassa en passant dans la pièce, pour le déplier. Dessus, des formules étaient griffonnées, et quelques schémas indiquaient les plans du sorcier « Des problèmes mon ami ? », « Ces recherches sont en train d'épuiser ma patience... » Son acolyte vint s'asseoir à côté de lui, prenant en main un autre vélin déjà plus en forme « Belle tentative... » Le blond lui jeta un regard amer, remontant doucement une de ses manches « Tu as besoin de quelque chose ? », « Oui, j'allais sortir acheter des ingrédients alchimiques, je passais pour savoir si tu avais besoin de quelque chose mais... Il semblerait que, pour le moment, tu aies plus besoin de mon aide. », « Je ne vois pas en quoi tu pourrais m'aider. », « Ah oui ? Et si tu essayais d'inverser cela... » Il prit une plume, écrivant à son tour. Pendant plusieurs minutes, Kunsang le regarda faire, se comportant de manière assez hostile avant de finir par -plus ou moins- accepter son aide. Adgy était meilleur en mathématiques, alors que l'homme avait plus de facilité en logique. Ils avaient fini par être complémentaire au fil du temps, mais c'était au prix de certains efforts pour l'égo de chacun. Adgy acceptait plus de baisser la tête de Kunsang, ce qui permettait ainsi à l'un de se mettre en avant, et d'en assumer les conséquences et à l'autre de rester prudent et de se retirer.
Les heures passèrent et ils résolurent leurs problèmes « Je crois que j'ai besoin d'aller chez l'herboriste. », « Tu as besoin d'ingrédients finalement ? », « Je ne t'ai jamais dit que je n'avais besoin de rien... »

Les Sorciers étaient partit séjourner à Sceptelinost pour des besoins pratiques. Ils avaient découvert des pierres, gardées dans une partie de la prison, pleines d'inscriptions et de runes. Ils prirent des jours entiers à faire des recherches qui menèrent à une piste : La ville des pirates.
L'histoire racontait qu'une embarcation aurait ramené des veines de minerais qui, en poussant, étaient enchantées. Bien sur, ils comprirent que cela était totalement faux, mais la race des sorciers, avides de savoir et de pouvoir, avait étudié en long en large et en travers ces cailloux. Ne découvrant rien, ils stockèrent les pierres, et s'en détournèrent. Seulement, Kunsang avait sa propre idée la dessus, et quand Adgy lui fit part de sa découverte, il n'hésita pas à reprendre les recherches et les dossiers.
Après tout, tout était partit de Sceptelinost, alors : pourquoi pas.

La nuit était tombée depuis un moment maintenant, et les deux hommes doutaient que le marchand soit toujours ouvert. Les villes portuaires voyaient énormément de genre passer, mais les commerces avaient tout de même tendances à fermer à une heure peu tardive. Alors qu'ils discutaient de leurs récentes découvertes, une ombre leur passa devant et trébucha pour embrasser les pavés sales et dégradés des quais. S'arrêtant sans un mot, Adgy se mit sur la défensive alors que Kunsang croisa les bras. Eh bien, allait-elle rester sur leur passage longtemps ? Lorsque la silhouette se releva, les deux hommes eurent une moue dégoûtée. Des yeux vairons, caractéristique d'une race d'esclave et bien trop libre à leur goût « Ex... Excusez-moi je... » Elle s'arrêta de parler en les observant « Vous n'êtes pas d'ici, n'est-ce pas ? », « Effectivement. » Le blond jeta un coup d'oeil à son collègue qui, lui, était toujours tendu « Bien, bonne soirée. » Alors qu'il lui passa à côté, elle retint sa manche. Dans un geste vif, il se retourna, courroucé, et elle le lâcha immédiatement « J'ai besoin de vous ! S'il-vous-plait, aidez moi ! », « Ecartez-vous ! Nous ne vous devons rien ! », « Attendez, un... Un bateau plein de marchandises doit arriver cette nuit. C'est de la contre-bande, des marchandises qui sont en train de couler la ville. Je vous en prie, participez avec nous à la liquidation de ce bateau ! » Elle se faisait insistante, suppliante. Tellement digne d'une Orisha.

Kunsang lissa sa veste pourpre « Quel genre de marchandise est-ce ? », « Des livres, des bijoux, de l'argent... Il y a de la valeur. », « Des livres ? Pour de la contrebande ? », « Oui, des volumes rares, recherchés. Ils sont considérés comme des oeuvres d'art ! », « Et vous voulez que je détruise des œuvres d'art ? », « Il faut détruire une partie de la cargaison, ainsi que le bateau ! Vous pouvez garder les livres si vous le voulez ! » Adgy s'interposa « Il suffit ! Dégagez la voie, manant ! » Il lui donna un coup de pied dans les jambes, et elle fut forcée de s'enfuir, cachée sous sa cape « Je déteste les esclaves... Ils ne sont bons qu'à être asservis... Une telle liberté en est dégoutant. », « Peut-être auront-nous l'occasion de l'emmener dans nos bagages retour ? », « Je doute vouloir m'encombrer de déchets peu propres et malhabiles. Rappelles toi comment elle s'est vautrée, tel un ours sans patte, devant nous. Allez, viens. » Ils repartirent, énervés.
Le magasin était fermé. La poisse les avait accompagné. S'ils n'avaient pas été arrêté par cette fille, alors ils auraient pu arriver à temps... Le blond avait simplement envie de la retrouver et de la tuer.
Soupirant d'agacement, Adgy lui tapa sur l'épaule « Regarde. » Un bateau était en train de rentrer au port... Quelle bonne idée.

« Allons-y. On prends les livres et on s'en va. Je me fiche de la destruction de ce bateau. », « Bien. » Les deux se dirigèrent alors vers le ponton, là où une bonne partie de la foule révolutionnaire était rassemblée. Montant avec elle sur le bateau, ils commencèrent à fouiller les caisses. Seulement, il n'y avait que du thé. Du thé partout « Arrêtez de les ouvrir ! Il faut les jeter, pas les vérifier ! » dit un homme qui jeta une caisse par dessus bord. Kunsang se releva, s'époussetant les mains l'une contre l'autre « La garce... » Relevant la tête, il vit quatre personnes observer le bateau ainsi que les actes des rebelles « Ce sont eux. Ce sont ceux qui tiennent la ville entre étauts, pour pouvoir s'enrichir. La cargaison devait leur servir... » Le sorcier l'interrogea du regard « Ce sont des histoires que j'ai entendu en ville, pendant que tu travaillais. Sceptelinost est en train d'être égorgée par ces requins. », « Des requins ? Ahah... Allons Adgy, si cela est vrai, ces types sont simplement particulièrement intelligents, et fort perspicaces. Et n'est-ce pas la clé de la réussite ? Aller, viens, on s'en va. »

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1 point en magie s'il vous plait ! Merci :)
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Dim 31 Mai 2015, 21:29


" Tu a bien compris ce que tu a à faire ? je n'ai pas à me répéter ? " Mes yeux se plonge dans le regard du vieil homme en face de moi et sans rien dire je me détourne, me dirigeant vers le port. Est-ce que je sais ce que je fais. Bien sur que je sais ce que je fais. Je ne rate jamais un travail qui m'est confié. Et même si celui la n'a pas encore réellement commencé, je ne ferais pas d'erreur. Je dois trouver une dénommée Byül. Elle me dicteras la suite des opérations. et plus que quelques ordres, elle va me donner la clé. cette clé dont j'ai déjà entendu parler dans le passé, que j'ai toujours rêvé de posséder et que je n'ai jamais pu toucher. Aujourd'hui, elle est la, à portée de main. Et rien ne m'empêcheras de mettre la main dessus. Ajustant ma cape autour de mes épaules, vérifiant que ma dague et bien accrochée à ma ceinture et que mes mouvements ne risquent pas d'être entravé je m'engage dans les rues de la ville. Byül. En dehors de son nom et le fait qu'elle soit probablement une Orisha je ne sais presque rien sur elle. Et vu la taille de la citée autant chercher une aiguille dans une botte de foin. ' Tu la trouveras facilement ne t'inquiète pas. Et si tu ne la trouve pas, elle elle le fera ne t'inquiète pas. ' Je grogne légèrement. Etre trouvé par quelqu'un que je ne connais pas ne me plait pas vraiment. savoir que quelqu'un me connait et connait mes agissements ne me plait pas. Surtout quand cette personnes est mon expéditeur.

Je passe plusieurs minutes à marcher dans les rues de la ville, attendant un signe quelconque pouvant m'aider à la trouver. Au final, c'est elle qui vient à ma rencontre, me prenant par le bras et m'écartant sans un mots des principales artères de la ville. " Vous êtes un assassin et vous marchez comme si de rien n'était au milieu de la rue ? Je ne sais pas qui vous à entrainée mais vous semblez avoir un problème. " Un soupir d'exaspération franchit mes lèvres alors que je me libère de son emprise " Ma formation ne vous regarde pas. Et si j'étais vous, j'éviterais de mettre en rogne un assassin que vous souhaitez engager. " Un sourire moqueur apparaît sur ses lèvres " Vous avez peut-être raison cependant, je crois que vous oubliez quelque chose. J'ai ce que vous voulez. et vous ne pouvez pas me tuer sans risquer de la perdre. Bien, si maintenant tout cela est réglé, alors allons-y, nous n'avons pas toute la nuit " Avec un regard noir je me m'est à marcher à sa suite. Quelques minutes plus tard, nous débouchons sur une nouvelle partie du port.

" Bien, très bien nous sommes arrivée. Tout d'abord, on va commencer par ce qui vous intéresse. " Afin d'illustrer ses paroles elle sort d'une poches de sa cape une petite clé de métal avant de me la lancer. " Tenez, la clé universelle. Vous pourriez en avoir besoin sur le bateau même si je ne pense pas que ce sera le cas, on ne sait jamais. " Voyant mon regard interrogateur elle se tourne vers le port avant de désigner un bateau s'approchant au loin. " Vous allez devoir monter sur ce navire et détruire sa cargaison. Les raisons de cet acte ne vous regarde pas. Tout ce que vous avez besoin de savoir, c'est que des gens vous tenter de vous barrer la route  et que cet acte sera bien vu par les habitants de la ville. " Haussant les épaules je regarde la bateau s'approchant lentement de nous. " Les raisons d'un contrat ne me regarde pas, on me demande j'exécute, cela s'arrête la. vous pouvez garder vos explications pour vous. " Elle rigole de nouveau avant de me tourner le dos. " Très bien, si vous vous contentez de cela alors nous avons finis. je tenais beaucoup à cette clé, ne me faite pas regretter de vous l'avoir cédée. " Sans un mot de plus elle se m'est à marcher et s'enfonce dans les rues de la villes. Détruire la cargaison d'un navire. Ce n'est pas vraiment le genre de mission auquel je suis habituée néanmoins, comme je vies de lui dire la situation est simple. On me donne un travail, on me paie et j'exécute, cela s'arrête la. je fais les cents pas pendant un instant avant d'aller m'asseoir sur un banc non loin. Le bateau ne sera la que dans une trentaine de minutes, autant profiter de cette attente pour réfléchir à comment je vais m'y prendre. je ne sais rien sur ce navire ou sa cargaison cependant, ce qui est sûr c'est qu'il sera gardé. Un bateau livrant des marchandise dans un port pirate sera forcement gardé, il ne peut en être autrement.

Je passe plusieurs minutes à penser à ce qui m'attend tout en jouant distraitement avec la clé. Je l'ai enfin, elle qui ma si souvent échappée j'ai enfin réussis à mettre la main dessus. et je compte bien en profiter. Cependant, avant de faire quoi que ce soit, je dois accomplir cette mission. Laissant tomber ma cape, sur le banc, je me rapproche de l'eau avant de plonger. Je nage rapidement jusqu'au navire et une fois ce dernier atteint, j'entreprends de monter dessus, m'aidant des irrégularités présente sur le navire afin de rejoindre rapidement le pont. Une fois sur ce dernier, je jette un rapide coup d'oeil avant de me mettre en mouvement. La vie des marins m'intéresse peu et les conditions sont claire. Détruire la cargaison. Dans d'autre circonstances, j'aurais cherché à tuer toutes les personnes sur ce navire. mais pas cette nuit. Pour une fois, je leur laisse la vie sauve. Temps qu'il ne m'attaque pas en tout cas.

Et c'est exactement ce que l'un d'eux tente de faire. A peine suis-je monté sur le pont que je l'entend crier avant de se ruer sur moi. M'écartant d'un pas, je sors ma dague et lui porte un coup à la gorge, le faisant s'écrouler dans un marre de sang qui s'étend rapidement sur le pont du navire. A la vue de cette action les autres marins s'enfuient sans demander leur reste, me laissant accomplir ma mission sans encombre. Il ne me faut que quelques minutes pour trouver les caisses. Une dizaine de caisse sont présente devant moi cependant, je ne vais pas pouvoir les porter pour les jeter à la mer. Si je veux les détruire, je n'ai que deux solutions. Soit les jeter à la mer en sachant que cela risque d'être long et difficile. Ou mettre le feu au navire. La deuxième solution me tire un petit sourire amusé néanmoins, je n'oublie pas mon objectif. Saisissant la première caisse je la soulève avant de m'interrompre et la repose au sol. Pourquoi devrais-je m'embêter à faire cela moi même ? Les marins de ce navire seront heureux de le faire à ma placer en échange de leur survie.

Je remonte sur le pont et alors qu'un des marins tente de s'enfuir, je me jette sur lui et l'attrape par le col. " Vous, je vous propose un marché. Vous restez en vie et en échange vous jetez votre cargaison. Je vous laisse le choix, vous dite non ou oui ? " La peur brille dans son regard pendant un instant puis il opine de la tête. Quelques secondes plus tard la première caisse tombe dans l'océan très vite suivis d'autres. quelques minutes plus tard il ne reste aucune trace de la cargaison et je suis sur la terre ferme à regarder le bateau. Les habitants sont entrains de se regrouper autour de ce dernier et très vite ce qui semble être une émeute commence à prendre de l'ampleur. Récupérant ma cape je la remet sur mes épaules avant d'avancer dans les rues de la ville. Cependant, au moment ou je vais pour m'engager dans les rues un pressentiment me fait me retourner. Derrière moi, sur les hauteurs de la villes, quatre silhouette me regarde avant de se détourner. Je reste immobile, à les regarder pendant un instant avant de hausser les épaules. Ce qu'ils sont, qui ils sont m'est égal. J'ai fait mon travail, j'ai ce que je veux, je n'ai plus rien à faire ici. Glissant à travers les rues de la ville, je quitte les lieux de l'émeute. La clé, je l'ai enfin. je vais enfin pouvoir envisager de prendre ma revanche. mais avant, j'ai un travail à faire. Je dois la retrouver et mettre un terme à sa vie. Sans prendre le temps de me reposer je quitte la ville et me dirige vers l'antre des marais avec une pensée en tête. Ne bouge pas Lumi, j'arrive.

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LDM Avril/Mai - La cargaison de thé

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