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 Le souffle des profondeurs [PV Lucrezia ]

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Ven 06 Fév 2015, 00:20


« Mes paroles n'avaient pas pour but de porter atteinte à tes valeurs, et encore moins à ta façon de résoudre les conflits. J'ai une vision bien plus sombre du monde que toi, et j'avais juste peur.. Soit. Tu as raison. Je n'ai pas à me mêler de tels détails » Lucrezia était devenue bien protectrice. Bien que ce trait de caractère ait été présent chez le petit être androgyne qu'elle était jadis, il s'était vu renforcé depuis que de traits de femme il s'était muni. Elle avait grandi en somme. Elle effleurait au quotidien le bonheur du bout des doigts, mais aussi le malheur et la douleur des rues, du meurtre, de l'assouvissement.. Elle avait une part d'ombre similaire à celle de lumière. C'était inévitable au vu de son engeance, de sa condition qu'on lui inculqua si bien pendant l'enfance. Elle jugeait le monde, le regardait d'un œil noir de dégoût, exaspérée de l'humanité. En dépit des multiples origines à ce sentiment, elle ne pouvait réfuter se trouver elle aussi dans ce groupe de personnes polluant le monde. Elle n'avait aucun mal à mordre, tromper, mentir, tuer un autre si cet acte s'avère à son avantage. Mircella était son inverse, l'autre verso d'une même pièce luisante dont les deux bouts ne pourraient jamais se toucher véritablement, se comprendre pleinement. Tant que l'elfe était consciente de ce mal, consciente qu'elle risquait gros à prôner la paix par dessus tout, la jeune femme n'avait pas son mot à dire. Elle lui rendit un sourire calme, à rien ne servait de s'attarder là dessus après tout..



Lucrezia ne lui imposait rien. Au final, il s'agissait simplement d'une maigre manœuvre, vaine tentative, d'apaiser cette peur bouillante qui prenait la belle blonde par les tripes, la forçait à courber l'échine en sa présence. Elle voulait juste la libérer de ce fardeau, de ces chaînes qu'elle traînait derrière elle, ou ne serais-ce que lui montrer que les flammes pouvaient blesser, certes, mais aussi être de toute beauté, charmer les yeux de ses observateurs. Elle n'y restait pas indifférente, ce qui rassura la vampire dans un sens. Personne n'assimilait parfaitement bien l'échec, et même si cela ne résolvait aucun des problèmes en main ( à savoir les bêtes gigantesques, le givre mordant et l'approche incessante des bas fonds ), c'était rassurant de la voir plus calme. Un dernier sourire la rassura dans ses espérances. « J'ai bien peur qu'une telle angoisse, cette peur aveugle que tu as nourri par le passé, ne s'évanouisse qu'avec beaucoup de peine.. Prends le temps de l'anéantir par tes propres moyens, car tu grandis, continuellement, et tes efforts seront récompensés. Sans aucun doute. Et si tu fais preuve de discernement, jamais on ne pourra te blesser en tournant contre toi ce que tu as si bravement affronté » Elle en savait quelque chose.. Elle se contentait de lui donner les mêmes conseils qu'elle avait, maintes fois, répété dans son coeur lorsque dévoré par ces mêmes inquiétudes, ce traumatisme. Et elle avait réitéré cette démarche quasi futile à chaque fois qu'on le percutait, qu'il se retrouvait touché. Elle reprit. « Tu en douteras le jour où je te donnerai une raison de le faire. Je considère qu'une sincérité réciproque est exigée quand on traite avec autrui, et ayant admiré ton honnêteté à mon égard, je n'ai 'pour l'instant' aucune raison de te faire regretter cette confiance » Elle reprenait ses termes. Simplement. Comment lui reprocher de faire preuve d'une méfiance mensongère, alors qu'elle se trouvait face à un prédateur ambulant ? De ceux qui peuvent vous arracher la jugulaire sans le moindre effort, et dont l'apparence tentatrice s'attire les foudres de votre affection passionnée. Comme si vous pouviez lui résister.. Comme si, par votre maigre constitution, vous pouviez fuir ses griffes, vous échapper à l'emprise de ces dents mortelles.. Cette beauté n'était pour eux qu'une assurance, outre le danger qu'ils incarnaient déjà. Elle avait raison de le craindre, dans un sens, car côtoyer un vampire, c'était lui confier sa vie, et peu étaient capables de le faire.

Lucrezia se laissa bercer par son geste, accepta volontiers ce cadeau qu'elle voulait lui faire. Les images réfractées par les glaces, s'éparpillaient jusque dans les murs voisins, voire ceux à l'opposé. Elles se virent noyées dans ces images tendres, privées de toute animosité ou malveillance. L'une essayait de guérir le coeur du martyr, l'apaiser dans sa souffrance ; l'autre cherchait à réchauffer celui tiède, voire glacial, que le temps ne pardonnait pas, et rendait même prisonnier de son filage. Baignées dans les couleurs que jaillissaient de la jeune femme, qui symbolisaient bien son coeur lumineux, brillant de mille feux par son innocence et sa connaissance du monde contraire à celle de la vampire, celle-ci se sentit presque aveuglée. Elle plissa des yeux quelques secondes jusqu'à ce que ces dernières s'apaisent, ces yeux pleins de ténèbres timides face à la lumière. Dès qu'elle les rouvrit, un bouquet l'invita aux plus fraîches senteurs, aux fragrances les plus colorées, aux robes chatoyantes, et derrière tout cela, une elfe. Seule. Souriante. « Tout ce qu'on ne peut acheter devient précieux. Tout ce qui est offert, touche le coeur gelé. Tout ce qui est partagé a des airs de bonheur. Je ne t'ai jamais rien demandé. Je n'exige rien de toi. Nulle emprise. C'est bien de là que vient l'amitié sans intérêts » Elle ne faisait peut-être que réciter ces quelques passages dont elle se remémorait à la perfection, avec quoi on l'avait gavé dans ces ouvrages imbibées et nourris à l'eau de rose, mais la sincérité était là. L'amitié était pour elle un mystère bien plus perçant, énigmatique que l'amour, étrangement, et elle ne nourrissait à ce jour aucune attente envers qui que ce soit.. Les choses changeraient peut-être un jour, mais l'intervention d'un miracle divin semblait être nécessaire. Ou alors.. « Tu peux me demander ce qu'il te plaira. Je n'ai pas particulièrement de secret, et je ne te crois pas si osée pour mettre le doigt sur ces derniers du premier coup. J'aimerais te comprendre moi aussi. Tu es pour moi un signe de changement, de renouveau. » Elle ne pouvait donner plus de détails, déchiffrer plus dans ses sentiments. Elle n'aimait pas feindre, mentir, revêtir un rôle si celui-ci ne lui était pas exigé. Elle n'avait aucun raison de décevoir la jeune femme par un comportement qui n'était pas le sien. Par l'honnêteté trônerait cette union. Dans le cas contraire, il sombrerait dans l'oubli, et dans l'illusion d'un attachement désagrégé. Les choses se feraient par elles-mêmes, il n'y avait pas de réflexion ni d'explication à fournir. «  Ce n'est pas bien compliqué.. Déjà, Mircella le savais-tu ? Ces flammes noires sont communément appelées du 'feu sombre'. Elles désintègrent tout ce qu'elles touchent, et jusqu'à un certain stade sont dangereuses pour tout être, y compris leur utilisateur. C'est une lame à double tranchant qu'il faut apprendre à contrôler, à manier avec cet aspect en tête. Cela dit, une fois que tu franchis un certain pallier, un certain degré de maîtrise, tu n'as plus à craindre tout cela. Tu peux les contrôler à ta guise, et en faire ce qu'il te plaît. J'ai appris à façonner cette substance, et voilà le résultat. Je suis ravie qu'il t'ait plu » dit-elle d'un air de fin pédagogue.

Avant de reprendre la conversation, elle demanda d'un geste humble, calme, le silence le plus complet. Elle cherchait à déceler, de son ouïe affûtée, sans compter le lien hypnotique qu'elle avait établie avec sa victime, la position actuelle de ces derniers. Ils étaient devenus, leurs yeux, leurs défenses, bien qu'ils soient restés, à dessein, jusque là très éloignés de leur position actuelle. Le calme ne saurait perdurer face aux entités mystérieuses de cet endroit, et quand bien même en aurais-ce été le cas, elles n'auraient pu se permettre de rester là sans rien faire indéfiniment. Loin de manquer de courage, la jeune femme avait simplement pas envie de s'y voir frotter à ces maints dangers qui pouvaient à tout moment mettre un terme à leurs espérances, leurs envies, leurs vies pour faire court. Voyant que tout restait calme, elle soupira de soulagement. « Tu es tout aussi exceptionnelle. Tu m'as l'air d'être une jeune femme très cultivée, outre les langues j'oserais croire. J'ai ouï dire que les elfes étaient des êtres pleins de sagesse, et avaient qui plus est des liens très étroits avec la nature. Cela dit, je n'ai jamais pu m'entretenir avec un auparavant, et encore moins visiter votre cité. Je serais bien curieuse d'en entendre plus. Sur toi, sur vous. Après tout.. les mœurs diffèrent selon la manière dont une personne est élevée. » Elle avait fait exprès de ne pas poser de question bien définie, essayant de ne pas s'immiscer dans ce genre de secrets d'état, de ces détails délicats de mentionner, d'autant plus quand une 'amie' vous interroge directement à ce sujet. Elle essayait de faire le plus possible attention à ses sentiments, essayant de ne pas la brusquer d'une façon comme d'une autre. Elle crut bon toutefois de rajouter, étant donné la portée impersonnelle de ce premier questionnement. « Tu habites à Earudien ? Avec Julia et Héliana, cette petite ange qui est restée en compagnie de Venom ? Vous semblez vous entendre bien malgré vos différences, surtout que vous n'êtes pas liés par le sang. Ce ne doit pas être toujours facile. Si ce n'est pas indiscret, tu as un métier ? Ou plutôt tu exerces une quelconque activité au quotidien ? » s'enquit-elle alors, trouvant que les bases étaient finalement là pour ce genre d'occasions. « Je pense qu'il faut commencer par le début pour commencer à mieux nous connaître. On peut en déduire beaucoup de simples faits du genre » Un énième sourire. Le vent qui souffle entre les parois de givre solidifié. Une plainte animale au loin. Une solitude qu'allumait une petite bougie dans le coeur de ceux à admirer la beauté de l'endroit, et celle de nouveaux liens qui se tissent.

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Mar 10 Fév 2015, 15:32

Aurait-elle un jour une raison de regretter de s’attacher quelque peu à la vampiresse ? Elle en doutait, mais l’on est jamais sûr de rien. Elle ne voulait pas que cela arrive, mais si cela venait à arriver, alors c’est que le destin en aurait décidé ainsi. Ce ne serait en tout cas, pas elle, ni la vampiresse, à moins qu’elle ne se joue d’elle depuis le début, qui aurait mis en place une telle mascarade. Elle doutait d’ailleurs de pouvoir se laisser berner à ce point. Elle voyait dans les yeux de son amie une lueur, une lueur de bonheur. De bonheur encore trop faible pour se manifester pleinement, de bonheur encore trop jeune pour s’exprimer. Elle lui sourit. Tenant dans ses mains un bouquet de fleurs à la senteur exquise, elle tentait de créer le contact, de briser le mur de glace qui se tenait entre elles, bien que ce dernier commençait à s’effriter lentement. Elle s’était toujours demandée ce que cela faisait de rencontrer quelqu’un qui nous ressemble, sans pour autant nous être identique. Elle le découvrait à présent aux côtés de la bleutée qui, malgré son sérieux quelque peu poussé, la mettait à l’aise. Les yeux émeraudes de l’elfe plongèrent dans le regard glacial de sa jeune amie. Elle ne voulait rien d’elle, et elle non plus. Pourquoi demander ? D’un naturel généreux, il arrivait bel et bien plus souvent à la blonde des bois de donner sans recevoir. Cela la gênait, en quelque sorte. Mais elle n’oubliait pas qu’un geste est un geste. Qu’un cadeau puisse être matériel ou ne pas l’être. Et les plus beaux qu’on ait pu lui faire jusqu’à maintenant ne se tenaient pas entre les mains. Ils étaient insaisissables et pouvaient disparaître à tout moment. Mais c’était sûrement l’espoir qu’ils portaient en eux qui les rendaient si beaux.

Les explications de la jeune vampire prirent l’elfe aux tripes. Elle écoutait, non sans craindre qu’il ne s’agisse que d’un pouvoir lui étant propre. Ces flammes étaient dangereuses, même pour leur utilisateur. Elle regarda ses mains un bref instant. Malgré sa peur, serait-elle un jour capable de manier et maîtriser un élément aussi imprévisible que celui-là, aussi destructeur ? Cela ne lui correspondait pas, mais elle avait décidé d’arrêter de se mettre dans une case. Dés lors qu’elle désirait quelque chose, elle l’aurait. La façon dont Lucrezia avait d’aborder les choses, avec un calme déconcertant, plût réellement à la jeune elfe. Cela faisait un moment qu’elle n’avait pas pu tenir une conversation si longue et si peu intéressée. Le feu sombre… Ce nom trotta un petit moment dans l’esprit de la jeune fille, et elle crut l’avoir déjà lu un jour dans un livre. Cela ne pouvait être qu’une belle métaphore, mais rien que le nom lui évoquait énormément de choses. Maintenant, il lui évoquerait une personne. « Tu as réussi à utiliser quelque chose d’aussi effrayant pour le rendre magnifique. ». Elle n’osait pas appuyer ses compliments plus que cela. Serait-ce trop ? Elle n’en savait rien, mais lorsque son amie lui fit signe de se taire, elle acquiesça et plus aucun son ne sortit de sa bouche.

Exceptionnelle… Jamais personne n’avait qualifié Mircella de tel. Elle écarquilla les yeux, quelque peu surprise. Elle ne se disait pas mauvaise dans quoi que ce soit mais le soupçon de modestie qu’elle posait dans chacun de ses gestes avait le don de refroidir ses interlocuteurs. Les dires sur ses semblables étaient fondés, d’une façon ou d’une autre. Certains elfes l’étaient, d’autres ne l’étaient pas. Par ailleurs, la jeune elfe n’avait jamais entendu parler de vampire doté d’une quelconque gentillesse, c’est pourquoi en rencontrant Lokys puis la jeune femme, elle s’était retrouvée un peu gênée. Loin de croire aux clichés et à tout ce que les gens racontent, elle tenait à se faire sa propre idée mais ne pouvait pas se dire complètement objective, car jamais personne ne l’est. Elle souriait. Elle souriait tout le temps. Etait-ce parce qu’elle venait de se faire une amie ? Impossible de le savoir. Beaucoup s’intéressaient à elle mais n’allaient pas plus loin. Il s’agissait de quelques paroles balancées en l’air sans aucune importance. Un bonjour, un au revoir. Rien de plus rien de moins. Pourtant, Mircella gardait tous ces petits moments ancrés dans sa mémoire, comme si elle pouvait les utiliser un jour ou l’autre. Pour quoi, dans quel but, elle l’ignorait complètement. Avoir une mémoire absolue peut, dans certains cas, poser problème. Cependant, la voix de la vampire ne s’éteindrait pas dans les tréfonds de sa mémoire. Elle lui reviendrait sans cesse dés lors qu’un problème se poserait, elle le sentait.

Elle joignit doucement ses mains, posant ses doigts les uns contre les autres, tentant d’appuyer ses propos de la même manière. « J’habite à la cité des elfes depuis très peu de temps, pour tout te dire. J’ai toujours eu une peur incontrôlée de mon propre peuple, donc je l’évitais soigneusement. ». Pourquoi se confiait-elle ainsi ? Elle ne le savait pas. Mais elle le faisait. Bien sûr, elle n’irait pas plus loin sans l’accord de sa jeune amie. Loin d’elle l’idée de l’importuner avec ses petits problèmes. « Je ne vis pas qu’avec ces deux petites, mais c’est suffisant pour mettre beaucoup d’animation chez moi. ». Elle lança un vague regard dans le vide à l’évocation des liens de sangs. « Je n’ai plus aucun contact avec ma famille. ». Puis, avant que cela paraisse déprimant, elle se reprit. « Par choix personnel, ne t’en fais pas, je n’ai pas été forcée et je n’éprouve pas énormément de regrets. C’est une décision faite de mon plein gré. ». De son plein gré, mais dans des circonstances désastreuses. « Je n’ai pas de métier, mais je suis en phase d’en avoir un. Je veux devenir bibliothécaire à Draguial. Je ne sais pas si tu y as déjà été, mais si ce n’est pas le cas, tu as clairement raté quelque chose. ». L’endroit ou séjournaient des dragons à n’en plus pouvoir faisait constamment rêver la jeune elfe. Elle appréciait tout particulièrement ce genre de bête, et s’y attachait très rapidement. Ils étaient si grands, si forts, qu’elle se sentait minuscule à leurs côtés. Pourtant, ils la prenaient pour égal, en tout cas, ceux qu’elle possédait. « J’ai deux dragons, qui vivaient avec moi auparavant. Mais comme je vis dans la cité d’Earudien à présent, je ne peux plus me permettre de les garder près de moi. Ils dérangeraient l’ordre public, je suppose. Alors ils sont dans la forêt, mais je ne les abandonne pas pour autant. ». Les animaux portaient une grande place dans le cœur de l’elfe. Si grande qu’elle ne se serait jamais permise de les laisser seul ou sans défense.

Elle fit une légère pause, réfléchissant. Le premier sujet qui lui vint fut la petite Julia et la petite Héliana. « Je ne sais pas si avoir des liens de sang avec quelqu’un ferait en sorte que je sois plus proche de lui que de ces deux petites. Certes, il y a le temps passé ensemble lorsqu’on est jeunes, mais si je découvrais un nouveau membre de ma famille au jour d’aujourd’hui, j’ignore quel en serait le résultat. ». Sa relation avec la morte vivante était relativement ambiguë et elle ne savait jamais comment en parler. « Julia est très différente de moi, tellement qu’on pourrait la penser être mon opposé. Cependant, elle cache un bon fond. Elle le cache très bien, je te l’avoue, et quand quelqu’un le lui fait remarquer, elle se vexe. Ca doit être dans sa nature, je suppose. Elle a un caractère bien trempé et ne se laisse dans aucun cas se faire marcher sur les pieds. C’est sans doute pour toutes ses raisons que je ne puis pas me permettre de la laisser seule. ». Et aussi à cause du pacte qu’elles entretenaient. Mais ça, pour l’instant, elle se garderait bien de le dire.Elle eut une petite pensée pour Venom. « Je ne sais toujours pas ce qui est arrivé à ton loup, mais sois sûre et certaine que je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour le guérir. Je ne suis pas du genre à laisser des injustices s’installer, comme celle dont tu as été victime. ». Elle croisa les bras et poussa un soupir. « Je suis surprise chaque jour par la façon dont se comportent les hommes. Rien n’est impossible à accomplir, et l’on ne baisse pas les bras si rapidement lorsqu’il y a une vie en jeu. ». L’égoïsme jouait énormément dans cette histoire. Elle sourit alors à son amie. « Ne t’en fais pas pour ton loup, avec Héliana il ne risque rien. Elle est un peu étrange dans son genre, mais c’est quelqu’un d’extrêmement altruiste et plein de bonne volonté. ».

Comment un ange pourrait ne pas l’être, après tout ? Au plus profond de son cœur, Mircella priait pour que tout se passe bien. Elle remit sa veste chaude sur ses frêles épaules et contempla la glace autour d’elle. « Je trouve cet endroit particulièrement magnifique. J’aimerais qu’il y en ait un également à Earudien. C’est une cité splendide, dans laquelle je serais ravie de t’accueillir un jour si l’envie te prend. ». Depuis qu’elle y habitait, elle voyait grandir en elle une certaine fierté. La fierté de sa cité, de sa race. Elle se sentait heureuse d’en faire parti et de le montrer. « Je vais tout d’abord te retourner tes questions, je pense que ce sera plus simple. Je serais très curieuse de savoir comment tu occupes tes journées, si d’autres personnes t’accompagnent… ». Des choses basiques, mais n’allons pas directement dans le compliqué. « Quelles sont tes passions, ou tu vis, ce genre de choses qui ont l’air d’être sans intérêts mais qui m’intéressent. ». Elle voulait en savoir plus, toujours plus. Cependant, cette fois, ce n’était pas sa soif de savoir qui la guidait. C’était bel et bien l’amitié qui se formait entre elle et la vampire, et qui n’était pas prête de s’arrêter. Elle se permit cependant d’ajouter une remarque, lâchant un petit rire gêné. « Pardonne-moi. Je suis un peu gênée par ce genre de situation. Ca a l’air si formel mais en même temps si familier que je n’y suis pas habituée. ». Pour la première fois, elle apprenait réellement à connaître quelqu’un. Ce n’était pas sur le vif, mais qu’importe. Ce qui compte, c’est le résultat,  non ?
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Ven 27 Fév 2015, 18:54


La jeune femme sourit d'une empathie délicieuse, lisant dans l'elfe comme dans un livre ouvert, cristallin, et pourtant si plein de contradictions. Parfois, elle semblait outrageusement naïve, innocente à souhait, et d'autres l'on se surprenait à lire sur ses traits, ses gestes, ses lèvres, ses mots une maturité péniblement acquise. Elles taisaient leurs sentiments, la plupart de leurs échanges se faisant par des non-dits, et pourtant elles semblaient se comprendre d'une manière ou d'une autre. Les barrières restaient intactes, et il leur fallait le courage de les traverser. La bienséance et la méfiance les empêchaient de s'ouvrir convenablement et mutuellement, leur première rencontre ne datant alors que de quelques heures à peine. Il fallait que les paroles suivent, que le cerveau se fasse à cette proximité, et comble ce besoin de connaissances. Et par ce biais, de nombreuses questions trouvaient leur doublon correspondant, tandis que des réponses se brouillaient, et que d'autres questionnements encore surgissaient, voyant enfin la surface. Elle fit bonne mine tandis que la jeune elfe débitait ce maigre résumé de son existence, essayait de faire l'ébauche d'un portait dont elle même ne semblait pas connaître tous les détails. Une vie, pleine d'embûches, de hasards, de mystères, mais une vie qui malgré tout subsistait encore à ce jour.

Encerclant de ses petits bras ses deux jambes recroquevillées, elle se mit contre la paroi, faisant de son dos son seul appui. La tête baissé au début, elle admira bien vite, et de nouveau, les émeraudes de l'elfe des bois. « Comme le dirait-on : 'Qui se ressemble, s'assemble'. Je ne vais pas essayer d'obtenir de toi les raisons de cette peur aveugle, cette expérience qui t'a fait perdre de vue ta propre essence, ce qui relève de ta nature par définition... Cependant, je sais pouvoir partager avec toi de similaires événements qui, dès lors, firent naître en moi une 'aversion' à l'égard des vampires.. » Elle inspira profondément, essayant de garder une expression la plus paisible possible, ne voulant pas inspirer de sentiment de malaise, ou de tristesse à celle à qui elle se confiait. Elle reprit, sur ce même ton. « L'histoire est simple : un couple issu d'une famille aisée, une révolution qui se prépare, le sang qui commence à couler. La fuite fut exigée, et nous finîmes par devenir les proies, et non plus les chasseurs. L'attaque fut rapide, discrète. Ma mère périt, je fus la seule à m'en sortir, et le seul indice pour cette vengeance qui me rongeait s'avéraient être les yeux noirs d'envie, rouges de fureur qui me fixaient ce soir là, depuis les ténèbres. Sa résolution ne l'est plus tellement. En tout cas, j'en suis venue à haïr les vampires, sans que la faute ne leur incombe finalement.. Mais, désolée ! Je n'aurais pas dû te raconter une histoire si sombre subitement.. » abrégea-t-elle, embarrassée dans ses excuses. Cette histoire n'avait plus rien d'un sacrilège, ni d'un conte macabre dont les ficelles demeuraient tendues, et les cicatrices douloureuses. Elle avait dépassé ce stade, depuis longtemps. Ce récit n'était alors plus qu'une confidence, qu'une histoire intime qu'elle racontait à ceux qu'elle croyait dignes, ou qui tout du moins faisaient preuve de sincérité envers elle. Le plus dangereux restait, de toute façon, caché des regards, abrité de leurs regards étrangers, malfaisants, et elle n'avait, de ce fait, rien à craindre. « Qu'en est-il de toi ? Ton coeur s'en voit-il complètement délivré ? »  s'enquit la demoiselle par la suite, se sachant audacieuse.

Néanmoins, les dires de cet être lié de près à la nature, suscitaient son attention, piquait son intérêt, et c'était bien trop lui demander que de lui dire d'entendre, de voir, sans chercher à s'éclairer par la suite. « C'est rassurant que tu aies à tes côtés des êtres qui ne te sont point liés par le sang.. C'est une toute nouvelle perspective, et établir ce genre de liens forts n'a rien d'aisé. Tu m'as l'air d'avoir une vie cadrée, réfléchie, donc j'ose espérer que sur ton coeur nulle ombre ne demeure ? » Elle ne put cacher, toutefois, sur son visage de porcelaine, une  bouille inquiète, concernée. Ce sujet ne faisait pas partie de ceux qu'elle appréciait particulièrement aborder, mais la jeune blonde n'aurait pu le deviner, et elle se fit alors tout de même une joie de lui répondre. « La famille.. peut te trahir, et la plaie qu'elle laisse est plus profonde que tu ne l'imagines par la confiance éhontée qu'elle osa anéantir. Il n'y a rien de sûr en ce monde, mais.. Ces petites.. en doutes-tu seulement ? Elles ont toujours été à tes côtés, et bien que le caractère de Julia suggère une jeune femme d'ambition, indépendante et particulièrement.. 'vilaine', elle n'a pas chercher à s'éloigner de toi. Tu n'as pas été la seule à t'être vue attachée, Mircella. Mais ça.. je m'en doute que tu l'as toujours su. » fit la jeune femme, se contentant de donner son avis, de partager cette vision des choses que nul ne pouvait imiter, de par son unicité singulière, tout en essayant d'être agréable dans ses propos. Quand le sujet revint à elle, la vampirsse ne put empêcher un air de surprise. « N'aie crainte. Il est plus costaud qu'il n'y paraît  » Elle sembla se remémorer de quelques bribes de mémoires, et ces dernières indiquaient en tout point qu'il ne passerait pas l'arme à gauche si facilement. « Les hommes craignent, entre autres, ce qui leur est étranger, ce qu'ils ne sont habitués à côtoyer régulièrement.. Ainsi, et dans ces terres en lesquelles la mort est beaucoup plus proche, mordante, on ne peut reprocher à certains d'avoir peur, d'autres d'agir en lâches, certains de jouer le rôle des héros à ses risques et périls, tandis que certains préfèrent s'unir au mal pour satisfaire leurs penchants. Le Mal envahit de plus en plus ce monde, car par la magie tout est rendu possible, et on croirait presque les entendre 'Pourquoi se plier aux règles d'un monde de faibles quand nous sommes supérieurs ?' C'est ainsi, les hommes ont soif de pouvoir, et il y en aura toujours un pour gâcher une paix qui par tant de sacrifices se vit établie  » acheva-t-elle faisant claquer sa langue sur le palais.

Se tournant vers elle, l'interrogeant du regard quant à son état - elle même n'appréhendant en rien les baisses vertigineuses de température - elle poussa un petite rire voyant tout l'embarras de sa compagne. Venant chercher une de ses mèches ( au bout desquelles pendaient des boucles gracieuses ) qui se reposaient sur ses épaules, elle en apprécia le doux toucher, tout en se décidant à lui répondre. Questions, une par une. « Je serais enchantée de visiter cette ville qui est la tienne. J'ai toujours été profondément intéressée par toute civilisation quelle qu'elle soit, et je suis fort aise d'apprendre que tu es toi aussi très intéressée par les livres. Je crois avoir amassé une collection décente, donc je t'invite également à ma demeure pour qu'on puisse s'en dire plus long » Une invitation en bonne et due forme, toujours aussi formelle, mais c'était ainsi, c'était sa seule manière de faire les choses. « Je ne voudrais pas t'ennuyer avec un trop long discours.. Je vais tenter d'être brève. Je séjourne actuellement à Mégido. La ville est particulièrement lumineuse, les constructions agréables, charmantes pour les yeux, et elle n'en devient, la nuit, que plus gaie encore. Bien qu'absent actuellement, j'ai habitude d'avoir à mes côtés un orine mâle - car il faut savoir que ces derniers, étant très rares, existent bel et bien - du nom de Kyle, de qui je suis assez proche, sans pour autant ne jamais réussir à réellement l'approcher.. S'étant fait abandonner par une jeune femme qu'il croyait parfaite pour devenir sa maîtresse adorée, autant te dire que le choc fut conséquent.. Je ne peux lui en vouloir d'avoir doublé ses défenses, et d'essayer de garder les autres à l'extérieur.. Quoiqu'il en soit, il reste très aimable comme jeune homme, et malgré son jeune âge, est particulièrement habile en ce qui concerne la 'chasse aux trésors' ou devrais-je dire 'aux artéfacts' » Ayant fait mention de Venom précédant, et la belle l'ayant rencontré tantôt, elle finit rapidement les introductions. Croyant bon rajouter quelques derniers détails, elle se mit à parler, au même temps que se déroulait sa réflexion. « Je ne dirais pas avoir de passions particulières, outre les voyages et les livres dont je t'ai parlé il y a quelques instants. Et pour ce qui en est de mon affectation, j'ai en ce moment quelque projet d'avenir que j'essaie de mettre en place, mais rien de concret, je n'ose donc pas ébruiter la chose. Je n'ai plus de famille, ma mère ayant péri, et mon père ayant été un assassin.. Je n'ai pas souvenir d'avoir un quelconque lien de parenté avec d'autres que mes parents, bien que j'avoue n'avoir souvenir de rien ce qui précéda ma transformation en vampire.. Cette dernière, que pure souffrance pour certains, peut causer des pertes de mémoire, à court ou à long terme selon l'individu. Faut croire que mon inconscient ne désire véritablement pas s'en rappeler ahaha. Je puis dire ne pas côtoyer grand monde.. et je dirais même n'avoir qu'une seule amie, dont l'existence est assez troublée en ce moment pour être honnête.. » Se voyant perdre le Nord, elle sourit, dans l'embarras, joignant ses deux mains en guise de prière, quémandant son pardon. Elle était un véritable moulin à paroles.. il ne fallait pas la tenter, à défaut de l'entretenir pour les deux heures à suivre.

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Jeu 05 Mar 2015, 19:51

Pourquoi une telle alchimie se formait-elle entre les deux jeunes femmes pourtant si différentes ? Mircella l'ignorait, mais peut-être ne désirait-elle pas le savoir. Il y a de ces choses qui sont bien mieux lorsqu'elles sont cachées, quand on ne les voit pas. Sûrement était-ce la recherche de cette raison qui les poussaient à se fréquenter, à se confier même. Chacune tentait de connaître un peu plus l'autre par divers stratagèmes, ou tout simplement en laissant libre court à leur cœur, à ce que lui se sentait de dire. Il n'y a, après tout, rien de plus beau qu'une conversation sans foi ni loi, sans aucun intérêt quel qu'il soit. Une conversation inutile, certains le diraient sans doute, mais des plus instructives pour celles qui la partagent et la créent. Un sourire complice, dans les yeux une certaine malice, la Haute Elfe fixait sa jeune amie, qu'elle considérait à présent comme telle. Sa main alla replacer vaguement une mèche de ses longs cheveux blonds, quand son regard descendit sur la chevelure violacée de Lucrezia qui ne l'intrigua pas plus que cela. Sa crinière de princesse retombait à merveilles sur ces épaules, mais cela n'avait rien d'étonnant. Pour avoir vu des choses bien plus surprenantes que de beaux cheveux, elle ne se serait pas permise d'aborder un sujet aussi futile que ce dernier. Parler cheveux et maquillage prenait souvent les groupes de jeunes femmes mais actuellement, elles ne fuyaient pas une tâche de henné sur la peau mais bel et bien un monstre.

L'histoire de Lucrezia contrastait avec cet air aristocrate qu'elle se donnait, cette noblesse évidente qu'elle n'hésitait pas à montrer. Une vie si triste, pour une jeune femme si confiante.. Mircella l'enviait, sans pouvoir se l'avouer, sans l'admettre une seule seconde. Sa gorge se serra tandis qu'elle continuait d'afficher un sourire qui cette fois disparaissait au fur et à mesure que la conversation avançait. La famille de la jeune vampire et la tragédie la suivant ne furent pas les uniques précepteurs de sa tristesse avenante. Elle repensait à énormément de choses en l'écoutant, sans pour autant perdre une miette de son discours car depuis leur rencontre, la bleutée s'était avérée peu bavarde. L'Elfe ne parlait pas non plus des masses, mais elle appréciait pouvoir dialoguer avec quelqu'un qui la comprenne et ne cherche pas uniquement à lui faire plaisir, comme si cela avait été si souvent le cas. Elle imaginait alors des petites boucles violettes rebondir dans le vent, fuyant ses agresseurs comme la peste, lâchant de bruyants éclats de larmes. Elle la sentait courageuse, mais personne en tant qu'enfant ne peut s'estimer comme tel. Les petits ne sont pas lâches : ils ont conscience de leurs faiblesses et ne subsistent pas seuls dans le monde. Il leur faut quelqu'un, quelque chose à se rattraper. Et ce quelque chose, qu'était-il pour Lucrezia ?

Elle n'avait pas eu un destin aussi effroyable que le sien, et elle s'en contentait bien. Elle ne ressentait aucune gêne à aborder ce genre de sujet, mais peut-être aurait-elle du, car bientôt, l'atmosphère se tendit. La famille pouvait vous abandonner, mais vous pouviez également abandonner votre famille. Sans s'en vouloir de ne pas l'avoir précisé, la blonde des bois ne jugea pas bon de le rajouter. Elle avait fui cet endroit, ces êtres qui la chérissaient. Et pourquoi ? Par pure envie de découvrir le monde, par égoïsme le plus complet. Faire souffrir les autres pour être soi-même heureux, était-ce là le chemin à suivre ? Bien sûr que non, et elle le savait mieux que quiconque. Mais ce qui est fait est fait, et ce ne sont pas les remords ou les excuses qui permettent d'effacer les événements. Elle ne cherchait pas à s'en cacher, mais ne pensait pas qu'il soit utile de préciser encore les choses. La situation rappelait assez de mauvais souvenirs à la vampire pour qu'elle ne tente d'appuyer encore, et de remuer le couteau dans la plaie qu'elle venait, malgré elle, de rouvrir. Elle tritura nerveusement ses doigts, sans pour autant fuir son regard. Elle devait l'affronter, lui montrer qu'elle ne regrettait rien et surtout pas leur rencontre ni leurs agissements à la suite.

Elle prit une longue inspiration avant de se mettre à réfléchir à ce qu'elle pourrait bien lui répondre, le coeur lourd de toutes ses confessions dont l'organisation peinait à se faire dans son esprit fatigué par tant de péripéties. Une erreur ne lui serait en aucun cas fatale, mais elle préférait soigneusement les éviter, afin de ne pas effriter leur nouvelle amitié. « Je n'ai jamais visité Mégido auparavant, mais je crois ce que tu me dis. ». Pourquoi mentirait-elle après tout ? Elle vit dans les yeux de la vampiresse une pointe de magie, de plaisir, qu'elle ne lui avait jamais montré auparavant. Il y avait, dans cette ville, quelque chose provoquant chez elle une excitation sans pareille qu'elle n'osait pourtant dévoiler au grand jour. Elle saurait, mais pas tout de suite. Un orine mâle… Donc elle aussi n'entretenait pas de lien de sang avec ses compagnons. Il n'y avait rien de mal à cela, et ce ne serait sûrement pas l'Elfe qui se serait permise de lui faire une remarque désobligeante. Non, elle l'admirait en retour. « C'est un choc, un traumatisme qui laisse des traces que de se faire abandonner par quelqu'un que l'on pensait parfait. Je peux parfaitement comprendre qu'il veuille rester à l'intérieur de sa bulle, mais je sais également que tu ne le laisseras pas s'y perdre. ».

S'enfermer pouvait avoir ses bons côtés mais actuellement, elle ne voyait presque que les mauvais. Ne connaissant pas ce sentiment, elle ne se permit pas de s'avancer encore plus, laissant faire les choses comme elles devaient se faire naturellement. Ce dit-Kyle saurait se débrouiller, elle en était sûre. Et cela ne dépendait pas uniquement des actions que pourrait faire la vampire à son égard, loin de là. Pour changer, il faudrait commencer par sa propre essence et personne ne pouvait le faire à sa place. Quand elle aborda la question de chasse au trésor, un souvenir lui revint en tête. Cette fameuse course poursuite pour retrouver une unique fleur dans le jardin. L'alfar, le vampire… Il ne fallait pas qu'elle y pense. Cela ne lui apporterait rien. Elle secoua la tête brièvement et se reconcentra sur les paroles de sa jeune amie qui la fixait d'un regard toujours aussi doux qu'aux premières secondes ou elles furent ensemble.

Les passions de la jeune femme étaient peu nombreuses mais qu'importe. « J'aime beaucoup la musique pour ma part, je ne pourrais pas m'en lasser ou m'en passer. C'est comme l'art après tout, chacun en a sa propre vision. ». Et l'on entendit la petite Dullahan, faisant les cent pas derrière le duo, lâcher un maigre « Malheureusement oui... » avant de lever les yeux vers le cristal les emprisonnant. Perdre la mémoire, Mircella ne l'imaginait absolument pas. Mais Lucrezia elle, semblait bien le vivre. Cela faisait plusieurs années qu'elle reconstruisait manifestement sa vie et mettre son passé au placard ne lui était pas permis. Devait-elle la prendre en pitié de ne pouvoir se détâcher de cette souffrance ? Bien sûr que non. Tout le monde a ses démons, plus ou moins forts, dominant leur vie ou sachant se faire le plus discret possible. Elle ne jugeait pas. Elle apprenait à la connaître, sans foi ni loi, sans tenter de se faire une idée précise de ce qu'elle était réellement, car elle détestait mettre les autres dans des catégories, de leur poser des étiquettes sur le nez.

Pour elle, il ne s'agissait pas d'une vampiresse, d'une amie, d'une confidente, d'une partenaire, mais bel et bien de Lucrezia dans son entièreté. Elle ne s'arrêtait pas à ce qu'elle lui disait et tentait de voir plus loin dans son raisonnement, prenant chaque mot choisi inconsciemment pour une déclaration. Elle finit par se convaincre d'arrêter de réfléchir un instant pour détendre ses jambes en se relevant lentement. Elle tendit ensuite la main à la jeune femme, la gratifiant d'un sourire confiant. « Je serais bien entendue ravie de venir chez toi pour pouvoir parler plus longuement de livres, ou de n'importe quoi d'autre d'ailleurs. Je suis loin d'être fermée aux sujets divers et variés que nous pourrions aborder dans le futur. ». Pourquoi parlaient-elles déjà de se quitter, alors qu'elles venaient à peine de se rencontrer ? Cette idée piqua le coeur de la Haute Elfe qui pourtant, ne fit aucune remarque de plus, les jugeant déplacées. « J'aimerais te montrer la bibliothèque d'Earudien, je suis sûre que tu y serais au paradis. Malheureusement, on y trouve toute la sagesse du monde, et seuls les elfes d'un certain rang peuvent y accéder. ». Elle n'aimait pas cette idée, mais pouvait-on confier le savoir à n'importe qui ? Evidemment que non. Et des exceptions, même si elle le voulait, il n'y en aurait pas. L'histoire des vampires appartenait aux vampires et celle des elfes aux elfes, sans pour autant y apercevoir une once d'un quelconque racisme.

« Je cotoie beaucoup de monde, mais pour ce qui en est des amis... ». Elle fit une pause, souriant, ses yeux fixant les parois cristallisées de la grotte. « Je ne sais pas ce qui peut faire que je considère une personne comme telle et pas une autre. C'est encore un mystère pour moi. Cependant, je suis sûre que cela vient naturellement, et que je n'ai pas de soucis à me faire. ». Tout vient à point qui sait attendre, après tout. Elle s'apprêtait à lâcher la main de la vampiresse quand un grognement surgit de nulle part, bien vite suivi par des tremblements faisant tomber quelques débris sur le sol. Il fallait qu'elles partent, et la panique aurait pu les gagner, quand tout à coup les bruits cessèrent. Mircella avala sa salive, se tournant vers son amie, prenant le chemin le plus proche. « Je suppose que nous n'avons pas vraiment le choix. Nous ne pouvons pas rester ici indéfiniment. ». Elles causeraient elles-même leur perte, en restant immobile. Sans oublier que l'Elfe craignait le froid, et s'entourait inutilement d'une vague couverture la réchauffant à peine. Il fallait qu'elles marchent, qu'elles avancent. Et quand les grognements reprirent, la situation semblait prendre des allures d'apocalypse. L'on entendit les loups au loin, puis des voix d'homme. Elles semblaient encerclées, et pourtant personne ne se trouvait à leurs côtés. Prenant son courage à deux mains, elle continua son chemin, faisant abstraction des bruits alentours. Elle avait peur, mais le montrer ne risquait pas d'arranger les choses.
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Jeu 12 Mar 2015, 17:05

« La visite en vaut le détour. Tu ne seras pas déçue du voyage » Et à ces mots s'ajoutait un regard tendre, plein de bonnes intentions. Elle chérissait tout particulièrement cette ville, et le peuple qui y siégeait. Son roi et ses mandements étaient pour elle des directives qu'elle prenait avec plaisir, et ses volontés étaient comme des souhaits divins à ses oreilles. Tout, là bas, avait une touche de bonheur qu'elle se plaisait ainsi à déformer dans son esprit, pour les voir prendre une toute autre ampleur. Tout ce qui se trouvait à l'extérieur de ces murs, de cette enceinte protégée, s'adonnait alors à d'autres pratiques, et s'ornait alors d'une toute autre couleur aux yeux de la jeune femme. Pour elle, il y avait lui et le monde. Deux entités ne se mêlant jamais, en aucun cas, et sous aucun prétexte. Et outre ce dernier, il y avait quelques rares individus aux talents fort douteux, étant parvenus à percer ses défenses, à s'immiscer dans cette dimension qu'elle avait érigé dans son coeur. L'elfe prenait ses aises, mais y entrerait-elle ? Pour rester indéfiniment ? Ce périple l'y portait bien, mais ce n'était qu'une fois qu'elles en auraient vu le fond, qu'elle saurait le dire avec certitude.

L'elfe formula quelque conseil avisé, mais Lucrezia savait ne pas être à la hauteur d'exercer sur lui une telle influence.. Elle avait raison. Kyle en avait grandement souffert de cet abandon, et la vampire se rappelait bien des cérémonies aux bourgeons en pleine fleuraison, et les beaux poèmes qu'il rédigeait à son sujet, bien que souvent les réactions de la jeune femme laissaient à désirer. Il était heureux. Oui, à cet instant précis, il était véritablement heureux, même s'il savait que ce bonheur n'était qu'une façade, et qu'il fut pris d'un horreur cynique lorsque celui-ci l'accabla de sa forte présence, jusqu'à dominer entièrement son coeur. Cette peur avait pris les rennes, et plus jamais le petit être ne saurait retrouver cette pleine innocence dont il faisait preuve jadis, autrefois dans un rêve, une utopie.. La vampire crut bon de boucler ce sujet sur quelques dernières remarques, parlant presque à cet être absent, plutôt qu'à la blonde elle-même. « Dû au vaste fossé qu'il existe entre nos deux ethnies, je ne saurais comprendre l'étendue de sa douleur, ni du chagrin dont il s'est vu prisonnier.. Mais comme tu dis si bien, il ne doit pas s'y perdre.. mais je sais - et ce malgré moi - que je ne serai jamais celle à l'en sortir. Il est tout simplement impossible qu'un autre que son maître destiné y parvienne, et il serait futile pour moi de ne serais-ce qu'essayer de m'attribuer cette place. Kyle prend ses distances avec moi, et nos coeurs sont de plus en plus.. distants, étrangers l'un de l'autre. Je n'ai pas pu saisir ma chance, si seulement cette dernière s'est présenté. Ainsi je me contente de veiller sur lui, et de m'assurer que cet autre se montrera à temps, pour soigner son coeur, et empêcher cette fleur de mourir, de flétrir davantage » Était là toute l'étendue de son 'amour' maternel, de cette douce affection protectrice qu'elle avait accumulée à ce jour. Il était comme un enfant qu'elle avait gardé des géhennes du monde, malgré le fait qu'il s'en soit fait marqué au fer avant d'arriver entre ses bras. Elle voulait l'apaiser, mais il semblait ne pas lui laisser l'opportunité de le faire.. Elle avait très peu de pouvoir, et fort heureusement, la sombre destinée du jeune homme arrivait à sa fin, sans qu'elle ne le sache, mais le pressente..

Lucrezia apprécia par la suite en entendre plus de la part de cette 'amie', pour elle qui en avait si peu qu'elle put qualifier ainsi, bien qu'elle ne put en dire grand chose. La dullahan l'accompagnant se montrait toujours aussi désobligeante dans ses propos, essayant toujours par ces derniers de piquer à vif les nerfs de celle qui l'hébergeait, autour de laquelle elle avait fait sa vie. Ignorant tout de cette espèce mineure, dont on ne pouvait rencontre que quelques exemplaires, elle s'était questionné rapidement, et pas qu'une fois, sur la nature de leur relation, mais bien vite, de telles pensées bifurquaient pour prendre d'autres chemins et couleurs, et elle les forçait à s'évanouir dans les méandres de sa mémoire. Elle saisit alors la main que la jeune femme lui tendait, lui rendant ce vague sourire d'un tout aussi significatif. « Nous aurons l'occasion de nous y prêter, et qui sait pourrions nous faire de nouvelles découvertes ensemble. Par contre, c'est bien impertinent de ta part de me faire de telles déclarations. Sachant l'amour que je porte à la connaissance, et cette soif continue de savoir qui m'anime, en quoi est-ce utile de me dévoiler l'existence d'une bibliothèque fabuleuse au monde, si je ne puis la consulter ? J'avais déjà ouï dire que celle d'Earudien était tout simplement splendide pour tout érudit et épris de lecture, mais voilà que mon désir de m'y rendre s'en voit complètement détruit. Était-ce pour me rendre envieuse, ou juste une information alléchante qui te traversa l'esprit ? » Cette once de méfiance était revenue, alors que son absence n'avait été que de courte durée. Elle ne disait pas cela d'un ton méprisant comme elle l'aurait fait envers une autre, et justement, cet attachement expliquait bien qu'elle ménage ainsi son interlocutrice. Néanmoins, la question important subsistait : Pourquoi ? Pourquoi l'avoir mentionné ? Pourquoi le lui avoir dit ? Elle aurait pu le faire simplement pour information, mais le problème était là, car Lucrezia ne pourrait jamais ne serais-ce qu'apercevoir son contenu, feuilleter les pages, ou encore sentir les effluves poussiéreuses de ces ouvrages pleins d'histoire dont elle souhaitait de plus en plus s'imprégner. Elle était, pourrait-on dire, juste un peu boudeuse, et si l'elfe le prenait mal, c'était tant pis pour le coup. Une simple explication suffisait cela dit à dégager cette brume qui s'était installée, et elle espérait - inconsciemment - que Mircella prenne cette route, plutôt qu'une autre. Après, elle ne la réduisait à rien, c'était son choix, mais son regard interrogateur, et patient, restait figé sur elle.

Des cris d'animaux, des hurlements, des plaintes ignobles vinrent briser le silence religieux qui s'était installé. Déjà qu'un certain malaise les avait prises, c'était malheureux de voir que leur bulle se voyait de nouveau rompue par des ombres éthérées de plus en plus détestables. Les hommes s'approchaient, les bêtes pourchassaient encore cette veine odeur dont ces femmes peinaient, à leur insu, à se débarrasser. Leurs échanges coupés courts, le temps les pressait, et l'heure n'était pas à des conversations mielleuses : le temps n'avait pas manqué de le leur rappeler. 'Le bonheur.. c'est le malheur qui prend une pause' Qui avait bien pu dire chose pareille, citation qui porte en son sein non seulement le mensonge le plus incongru, mais aussi la vérité la mieux dissimulée ? La vampire en était consciente, et courrait alors main dans la main avec le petit bout de femme, ingénue, à ses côtés. La cadence s'accentuait, grandement. Son souffle, lourd, haletant, équivalait à toute la fatigue accumulée. Les geignements continus devenaient des braillements au fur et à mesure qu'on y mêlait des soupçons de douleur, la respiration malodorante, des exhalaisons putrides d'un ventre qui avait engloutit plus d'humains qu'elles ne pouvaient l'imaginer. Le monstre les poursuivait. Était-il proche ? Lointain ? Elles l'ignoraient, car il s'acharnait contre elles, tout en gardant, maligne et futée, ses distances, embrouillant leurs sens, les effrayant, les tétanisant par cette peur constante d'être attaqué, de succomber à ses attaques mortelles, funestes. « Par ici ! » Le sol tremblait sous leurs pas, et les tremblements de terre eux-mêmes eurent été plus rassurants que leur situation présente, actuelle, car sûres pour le moins de ne risquer rien d'autre, de ne pas se voir exposées aux griffes acérées, ni à la gueule affamée d'un animal sans nom, d'une créature morbide et des plus dangereuses qu'elles avaient pu croiser. « Mircella.. Je ne vois plus.. Je ne vois plus ton amie.. Tu crois qu'elle a perdu notre trace.. pendant la course ?? JULIA ! » Et elle se risqua à l'appeler, dévoilant ainsi sa position. C'était le risque à prendre, le prix fort à payer..

Les bruits se faisaient sourds, et ne raisonnaient plus tout autant. Était-il bien loin, ou au contraire trop proche pour que l'amplitude de leurs craintes s'en voient raisonnées entre ces murs ? La réponse ne tarda pas à leur parvenir, leur évasion compromise. Quand au bout du sentier, elles sentirent cette ombre, cette présence colossale, néfaste, outrageusement disproportionnée les regarder, les fixer de ses yeux vitrés dont elles n'avaient, pour le moment aucun aperçu, la bête s'entêtant à rester, tapie dans l'ombre. Faisant valser l'un de ses énormes membres contre la paroi de la grotte, on la sentit vaciller, les galeries s'écrouler presque par des fracas de pierre immobile, des voix horrifiées criant à l'aide au loin. De toute évidence, le monstre était le maître des lieux, celui à décider de vie ou de mort en ces lieux, et elles ne pouvaient – en apparence – que se plier à ses envies. « Attention !! » Elles évitèrent sa queue de justesse, tandis que derrière elles s'échouait une pluie de rochers d'une taille considérablement supérieure à la leur, et elles se trouvaient ainsi plus coincées qu'elles ne l'étaient auparavant.

Cette prison n'avait rien de la cage dorée de tantôt, n'avait rien de ces spectres de lumière qui à travers les milliers de cristaux les baignaient de leurs reflets, tandis qu'entre elles quelques petits rires avaient éclaté. Comment s'en aller chercher la dullahan, exposée aux nombreux dangers de cet endroit, maintenant qu'elles se voyaient aussi opprimées qu'un oiseau qu'on aurait privé de son envol, auquel on aurait subtilisé les ailes ? Avait-elle été victime de l'éboulement de tantôt ? Était-elle prise pour cible par les bêtes enragées, ou par les chasseurs désarçonnés, prêts à tout pour rentrer avec un butin digne de leur renommée ? « Il faut chercher une sortie ! » Et là, ce n'était aucunement un ordre, ni une suggestion. C'était une affirmation des plus évidentes, la seule voie qui leur restait au point où elles en étaient. La mort les 'collait aux fesses' et il fallait au plus vite en disposer. Elles pouvaient bien s'en passer pour les temps à venir..

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Dim 15 Mar 2015, 10:19

Altruiste… cela aurait pu être le mot rapprochant les deux jeunes femmes. Et lorsqu'elle parlait de Kyle, cet orine, Mircella put apercevoir dans ses yeux une pointe de tristesse mais également d'espoir qui illuminait son regard jusque là teint d'une impassibilité presque surprenante. Saurait-elle un jour réconforter ce coeur brisé, le reconstituer, faire en sorte de le guérir ? L'Elfe eut une soudaine envie de la réconforter, mais se retint. A quoi bon s'apitoyer sur le sort des autres ? Il était bon d'éprouver de la compassion, mais se noyer à l'intérieur ne ferait qu'empirer les choses. « Ce que tu fais est déjà honorable, Lucrezia. Même s'il s'éloigne, il ne peut ignorer ce que tu fais, ce que tu as fait et ce que tu feras pour lui. ». Il ne l'exprime peut-être tout simplement pas, perdu dans les méandres de ses pensées, dans la peur d'à nouveau se faire abandonner. La jeune femme ne connaissait pas ce genre de sentiments, pour n'avoir jamais eu à faire face à un délaissement, et elle touchait du bois à ce niveau là. Elle ouït dire qu'il s'agissait d'une des pires émotions possibles et inimaginables que l'on pouvait ressentir, et elle s'en éloignait bien assez vite, même si un jour elle y serait, irrémédiablement, confrontée. La vampire n'avait aucun soucis à se faire. Elle prenait soin du jeune homme du mieux qu'elle le pouvait, et s'il désirait s'en aller, alors c'est que le destin lui eut poussé à le faire. Les Orines… Ce peuple prisonnier, et pourtant ce jeune être libéré de ses chaînes. Toute cette situation semblait réellement compliquée, et elle ne manquerait pas de l'évoquer à nouveau, demandant sûrement des explications plus approfondies sur le sujet. Cela l'intriguait et en apprendre plus sur Lucrezia ne se solderait jamais par un refus de sa part.


Un sourire naquit sur le visage de la Haute-Elfe, qui fixait tout aussi intensément sa jeune amie. Oh, pourquoi l'avoir prévenue qu'il y avait une bibliothèque à Earudien dont elle ne pourrait jamais voir l'étendue ? Par méfiance, pour la rendre envieuse ? Lucrezia se méfiait encore d'elle, et cela n'avait rien d'étonnant, car on ne peut pas demander au premier venu de tout vous accorder. Et elle aurait été bien bête de ne voir que Mircella comme l'entité même de l'innocence car elle-même possédait ses propres démons. L'on tenait une vision manichéenne bien loin d'elle, car elle la refusait sans cesse. Elle joignit ses mains, poussant un très léger soupir, tentant de se réchauffer du mieux qu'elle le pouvait. « Je ne t'en ai pas parlé dans le but de te rendre jalouse ou envieuse de ce que je possède. ». Elle fit une pause, plongeant son regard dans le sien, la sondant. « L'avarice est bien quelque chose que je déteste. ». Elle ne lui en voulait pas d'ainsi avoir réagi. C'était dans l'ordre des choses après tout, même si ses paroles n'avaient rien de sarcastiques ou d'ironiques. « Je pense que tu préfères le savoir avant de t'y rendre, de peur de n'être rejetée. Je n'apprécie pas vraiment l'idée qu'elle soit fermée au public, mais ce n'est point de mon ressort. ». Puis elle sourit, à nouveau, détendant doucement l'atmosphère. « Cependant, nous organiserons bientôt des sortes de foires aux livres, si cela peut t'intéresser. J'en ai pris l'initiative. ». Et peu importe, que cela plaise ou non, elle agirait de la sorte.

Elle ne cherchait pas à se racheter, tout simplement car elle n'avait aucune raison de s'en vouloir. Elle disait ce qui était vrai, sans aucun jugement, par pure objectivité, peut-être par une trop grosse curiosité mais en aucun cas dans une mauvaise visée. Passant une main distraite dans sa longue et splendide chevelure blonde, elle revint au sujet principal qui animait à présent la conversation, lui accordant enfin une once de résiliation. « Néanmoins, si tu l'as mal pris, alors j'en suis navrée. ». Même s'il fut bien étonnant qu'elle se prenne le chou pour quelque chose d'aussi insignifiant qu'une parole au milieu d'un récit. Chacun réagit comme il le désire, ma foi. Elle voulut continuer de sourire mais s'aperçut bien vite que l'heure n'était plus à prendre le thé ensemble, et à se raconter des bribes de leurs vies mutuelles. Elles ne pouvaient envisager le futur si ce dernier, le plus proche, les détruisait. Ainsi, les cris continuèrent, s'accentuant dans des aigus désagréables aux oreilles fragiles de la jeune Elfe qui eut de la peine à saisir la main de la vampiresse pour s'enfuir le plus vite possible. Pourquoi n'affrontaient-elles pas ce qui les attendait, tout simplement ? Craignaient-elles enfin quelque chose ? Tout le monde a une peur, elle ne dérogeait pas à la règle. Même le plus grand des rois peut posséder une phobie des plus surprenantes. Mais ce qui les guidait actuellement n'était pas une crainte. C'était un instinct de survie, un besoin de vivre.

La course l'entraîna sans qu'elle ne cherche à lutter, puisant dans ses dernières forces pour avancer. L'odeur que dégageait la bête lui donna des hauts-le-coeur qu'elle rechigna au plus profond d'elle. Préférait-elle être dégoûtée et continuer ou s'arrêter ? Il n'y avait aucun choix à faire dans ce genre de situation. Elle se contentait de poursuivre sa route, fuyant de toutes ses forces, sans réfléchir. La panique était telle que son esprit-même s'en retrouvait bouleversé. Y avait-il une échappatoire ? Pendant que la vampire la guidait, elle observait rapidement les murs autour d'elles. Y trouverait-elle ne serait-ce qu'une maigre brèche, leur permettant de retrouver la lumière du soleil ? Et même si c'était le cas, ne se sentirait-elle pas atrocement mal de délaisser ainsi le loup qui sommeillait dans le jardin animalier ? Elle eut une pensée pour l'ange aux cheveux de flammes qui dormait à ses côtés, priant pour qu'en haut, il ne leur arrive rien. Ils devaient survivre le temps qu'elles reviennent, et elles devaient survivre pour pouvoir revenir. C'était un véritable cercle vicieux qu'elles se devaient néanmoins de respecter afin d'atteindre leur but. Pas une seule seconde, la pensée d'abandonner ne traversa l'esprit de la jeune femme. Laisser Lucrezia ici ? Plutôt mourir que d'abandonner. Une boule de courage semblait l'animer quand elle se mit à courir beaucoup plus vite. Et alors qu'elle prenait les rennes, les paroles de sa jeune amie la firent presque défaillir.

Elle jeta un coup d'oeil en arrière, en avant, sur la droite, sur la gauche, en biais, en ne stoppant jamais sa course. La morte vivante venait de disparaître. Le pire pouvait-il être arrivé ? Venait-elle d'être dévorée ? Les yeux écarquillés et la peur au ventre, l'Elfe poursuivait, sans pour autant pouvoir s'empêcher de s'inquiéter. Elle ne pouvait pas mourir comme ça. Secouant la tête, elle chercha à en sortir cette idée. Julia était passée par des situations bien plus terribles que celles-là – même s'il fut difficile d'imaginer que cela puisse exister – et s'en était sortie avec brio. Elle devait avoir confiance en elle, ne point douter de ses capacités. C'était dur, mais c'était la seule chose qu'elle puisse faire, car retourner en arrière pour la chercher n'était pas une option. Un cul de sac. Une impasse se présentait à elle, sonnant comme la cloche d'une mort certaine. La bête se trouvait non loin d'elles, et quand la vampire hurla, elle évita un coup qui lui aurait été fatal. Elle vit la queue du monstre s'abattre sur les parois du cristal qu'elles admiraient tantôt, laissant tomber une pluie de rochers leur bouchant complètement le passage. Elles étaient prises au piège, définitivement.

Et si l'Elfe aurait sûrement trouvé une manière de s'enfuir si elle disposait de plus de temps, la bête ne semblait pas vouloir lui en offrir, répétant ses coups jusqu'à faire tomber des morceaux entiers de la grotte sur elles. Chaque fois, Mircella les évitait de justesse, s'en sortant avec quelques égratignures qu'elle ne pouvait cependant qualifier de bénignes. Elle aurait aimé trouver un moyen de s'échapper, mais actuellement, la seule chose qui lui venait, c'était de chercher Julia. Devenue dépendante de sa présence, sans doute, elle espérait qu'elle arrive en tant que sauveuse comme il lui était tant arrivé de le faire, dans un sourire narquois et une nonchalance extrême. Elle la revoyait, se retourner contre elle, la trahir comme elle n'aurait jamais pu le faire, avant de lui montrer toute l'étendue de la fourberie de son plan et de revenir à ses côtés comme la morte vivante qu'elle eut toujours été. La perdre… n'était tout simplement pas envisageable. Trouver une sortie, trouver une sortie… le cerveau de l'elfe carburait à une allure folle, analysant chaque structure qui se trouvaient autour d'elles sans pouvoir s'y fixer bien longtemps. Elle fuyait, mais le combat n'était pas perdu. Attrapant la faux qui se trouvait dans son dos, elle se plaça non loin de Lucrezia sans pour autant la gêner.

Un violent coup de patte s'abattit sur elles et fut bloqué par un bouclier de nature des plus résistants, sans pouvoir néanmoins être rejeté en arrière comme elle l'aurait souhaité. Mircella laissa le temps à la vampiresse de se décaler avant de laisser le membre fatigué de l'immense chose tomber sur le sol, y laissant un cratère. La bête s'enflammait complètement, de rage d'avoir été ainsi bloquée par une chose aussi insignifiante qu'une faux. Mircella n'eut d'ailleurs pas le temps de s'assurer qu'elle n'était pas brisée, même si elle ne doutait pas de sa solidité, qu'un nouveau coup la visait. Cette situation la rendait complètement folle. Le mal était là, mais elle ne pouvait en distinguer les formes. L'immense monstre semblait prendre la place de toute la grotte de cristal, s'y mêlant avant de s'en dissocier. Elle pouvait sentir le cristal se déformer auprès d'elle, se changeant en piques des plus pointues cherchant à la transpercer de toutes parts. Elle frissonna. Son corps n'était pas habitué à des températures pareilles, mais le combat la réchauffait considérablement. Pouvait-elle l'en remercier ? Absolument pas. Le combat se poursuivit dans des allures bien peu encourageantes, laissant la jeune Elfe blessée par endroits, de manière relativement superficielles ou qui, en tout cas, lui permettaient encore de se mouvoir. Elle ne pouvait pas alors s'assurer de l'état de sa jeune amie, trop concentrée sur le sien. Elle s'en voulut, d'ailleurs, de ne pas avoir le temps de se soucier d'elle. Et dans un cri, un unique cri qu'elle lui adressa, elle chercha à savoir si elle se portait bien. « Lucrezia, est-ce que ça va ? ». Elle ne la pensait pas faible, loin de là. Il s'agissait d'une parole, d'amie à amie. D'une précaution, d'un réconfort. Car si elle savait que la vampiresse luttait, cela ne ferait que la rendre plus forte. Lutter pour elle était une chose. Lutter pour les autres en était une autre.
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Mar 31 Mar 2015, 09:32


L'on aurait cru, d'après l'attitude de la jeune femme lors de cette entrevue, que cette dernière était atteinte d'une sorte de.. bipolarité. Bien que ce ne fut pas le cas, les apparences étaient trompeuses, et menaient de toute évidence à une impasse. Tantôt, l'on voyait sur sa frimousse adorable un sourire qui l'était tout autant, tantôt une expression plus aigrie qui faisait mine d'une grande méfiance qui n'était guère inexpliquée, mais qu'elle affichait nonchalamment et pas toujours à bon escient. Elle laissa les paroles réconfortantes de l'elfe se perdre à ses oreilles, comme si ajouter quoique ce soit à ces dernières leur eut fait perdre tout leur intérêt, et toute la profondeur qui à travers elles affluait. Elle les savait naïves, vides de sens en ce qui concernait les humeurs changeantes de l'orine et le rejet qu'il esquissait à son égard dernièrement.. Mais, se laisser bercer, berner, le temps de cette rencontre, le temps de ces échanges avec la belle blonde.. ne semblait pas si déplaisant. Cet air de danger, de frontière la charmait plutôt, et tout ignorer d'elle, ne presque rien apprendre par ses traits, sa façon d'être ou de penser, avait quelque chose d'attrayant pour elle. L'inconnu s'avérait simplement exquis et captivant.

Or, elle savait son attitude acerbe, et ses paroles tranchantes. La trahison la poursuivait, et elle avait tendance à tout interpréter de la manière la plus logique, quoiqu'il eusse s'agi souvent de la plus ténébreuse qui lui fussent proposées. Elle ne voulait pas froisser la demoiselle, mais inconsciemment, elle avait sous-entendu maintes vérités ou hypothèses, mais toutes pas très flatteuses. Ses excuses nourrirent un sens du soulagement, et le calme exorbitant avec lequel elle se prononçait, laissait penser à une sincérité qu'elle accompagnait toujours de sourires, ou encore d'une bonne humeur assez subtile. « Les elfes se doivent de garder leurs secrets, dans le sens où la vérité est une arme dangereuse, massivement destructrice qu'il n'est pas toujours si bon de révéler. Cela aurait été d'une douceur inimaginable de perdre mes journées en ces lieux, mais il n'en est rien de grave. Je saurais faire abstraction de mes envies, et me résoudre à chercher le savoir ailleurs » Elle épousseta légèrement sa robe, tapotant quelques endroits du tissu parsemés de cristaux de glace, pendant que la jeune elfe achevait tranquillement son discours. Clignant des yeux doucement, le regard fixé à l'horizon, elle le tourna vers la demoiselle, avec une certaine curiosité, et une pointe d'intérêt manifeste. « Je trouve que l'idée est fort plaisante. La plupart des marchants érudits sont de plus en plus mal vus au sein des communautés, donc je suis bien heureuse de les voir acceptés, intégrés dans une cité, au moins le temps d'un tel événement.. L'Homme ne se pose pas assez de question, il n'est pas assez critique et se contente bien exagérément de ses acquis au lieu de chercher à se surpasser. C'est sûrement de là que vient le peu de culture dont disposent les populations.. et la facilité effarante avec laquelle ils peuvent être dupés.. » Elle abordait un sujet sensible, s'engageait sur un terrain glissant sur lequel il était facile de faire un pas de travers, et sur lequel il était difficile de se prononcer. À moins de n'être parfaitement honnête, et d'assumer parfaitement ses croyances, mais elle savait l'elfe tout aussi amante de lecture, n'avait donc crainte de se prononcer. D'un sourire, elle bafoua sa dernière phrase, lui faisant comprendre d'un hochement de tête qu'il n'en était rien finalement, avant de se taire momentanément. Comme dans un éclair de génie, elle se rappela une énième question qui lui avait traversé l'esprit : « J'ai cru comprendre que tu avais été celle à l'organiser, ou du moins à en 'avoir pris l'initiative'. Je pus en déduire que ta parole est de poids dans le peuple elfique. Nourris-tu des ambitions particulières ? » Et les questions devenaient alors de plus en plus personnelles.. aiguisées.. mais tout aussi innocentes que les premières, que lorsque leurs noms furent échangés et leurs identités dévoilées.

~

Lucrezia sentit la peur et le désarroi chez ce petit être, cette femme réduite en chair et qui pourtant s'entêtait à garder un visage impassible, à prolonger leur course, car leur propre vie était mise en jeu, et elles pariaient le gros lot dans ce tour. Son tourment et sa détresse se firent clairs au creux de sa petite main qui devint moite, et que la vampiresse ne put qu'enfermer de ses doigts avec le double de la force. Il fallait rendre ce contact réellement palpable, cet encouragement presque assourdissant, aveuglant, pour qu'elle ne puisse, ne serais-ce que l'espace d'un instant, imaginer qu'elle l'eut oublié, qu'elle n'eut partagé son chagrin à cette découverte.. Elle avait peur, pour la dullahan, pour lui, pour elles. Elle se vit comme l'instigatrice de tout ce mal, comme celle à revêtir la responsabilité d'un possible avenir si désastreux dans lequel elle venait pratiquement d'anéantir la 'famille' de la jeune elfe… De telle sorte que la bleutée essaya à plusieurs reprises de traverser ou de faire fondre la paroi, cherchant du regard et de son ouïe attentive le moindre bruissement, froissement d'ailes ou de courant venteux extérieur qui aurait pu servir à les guider hors du piège de glace. À deux, l'efficacité s'en voyait doublée, et pourtant.. la réponse semblait leur rester cachée, et privées de cette échappatoire, le pire était à envisager.

Un coup de patte s'abattit sur les deux femmes, rapide, précis, meurtrier, le monstre sachant faire usage de son corps tout entier, d'une grande agilité contre toute attente. La blondinette fut la première à réagir, ériger pour leur protection un cocon bienfaiteur les gardant de cet impact nocif. Par douleur, à moins que n'eurent été les sévices de ses membres trop lourds à supporter, il hurlait, braillait, huait l'échec subi comme personne, avant d'essayer d'y remédier. Les coups étaient nombreux, imprévisibles, assénés à tout hasard l'on eut dit, et la jeune elfe payait les frais d'un tel déchaînement, Lucrezia se faisant déjà plus discrète, s'essayant à l'assassinat de la créature à plusieurs reprises sans y trouver son compte.. Elles étaient dans un état déplorable, plaintif.. Leurs habits, partis en lambeaux par endroits, les exposaient au froid féroce, barbare, impossible à dompter, tandis que la bête l'était d'autant plus. Un cri retentit. De sa part. Lucrezia fit mine de ne pas entendre les accords de cette petite voix dans un premier temps, dans l'espoir d'un coup efficace, d'un succès couronné dans sa tentative de déchiqueter le talon de l'animal, mais la défaite était avérée, réelle et assurée. Elle se tourna vers la jeune femme, maintenant que la fatigue la guettait également. Elle se faisait plus attendre que pour certains, mais elle ne pouvait guère s'y soustraire complètement.. La détaillant l'espace d'un instant, ses blessures, sa chevelure voletante, ses yeux brillants dans le zébré de clair obscur, elle vint briser à son tour le silence de mort. « MIRCELLA ! » Sa voix portait loin, et l'affolement s'y lisait inconsciemment. « Attention ! »

Un souffle trop lourd, des regards échangés. Une main porteuse, une main bénigne, et du sang perdu, imbibant les sols. Un cri, déchirant la nature, et une course effrénée qui résonnait à même le sol sous leurs maigres talons. Le bout des lames criaient, et ces dernières dansaient dans la nature, contre un ennemi plus fort, plus tranchant qu'elles-mêmes. Tout s'enchaînait à folle allure, à leur en faire perdre leurs moyens. La vampire bondit dans la seconde sur la jeune femme, assez proche. Les deux au sol, à cet instant, n'étaient munies que de quelques égratignures, la vampire superposant la victime première. Mircella n'avait pu voir venir ce coup, dos à la bête, et la jeune femme n'y avait été que légèrement sensible. Elle crut le pire passé, écoulé comme les flots de neige dans le plus chaud climat, quasi désertique, mais la percussion de deux cristaux, voire davantage si ses oreilles fines la trompaient, lui fit comprendre qu'il n'en était rien. Lâchant un maigre « Désolée » audible que par le petit bout de femme sous son anatomie, elle la fit basculer sur le côté, avant de l'envoyer à  des dizaines de mètres plus loin, s'assurant de l'éloigner un maximum de la zone d'impact. Se tournant pour faire face au dôme de la grotte, tourner le dos aux abysses de cette dernière, elle vit se broder dans les émancipés de glace des dizaines de stalactites qui ne tarderaient point à s'écraser sur elle, la percer de leurs pointes aiguisées. Tout n'était vraiment qu'une question de secondes, et d'impuissance.. Son bras s'étant vu lacéré presque de haut en bas, il ne demeurait en lui qu'un brin de force dont elle ne pouvait faire surgir l'éclat pour se sortir de ce pétrin.. Le sang jaillissait, silencieux, et elle le retenait d'un bout de linge arraché. Ce n'était pas si grave, mais aucune sensation ne restait au bout de ses doigts.

Elle admira la coupole une fois de plus. L'angoisse ne la prit qu'alors. Ce ne fut qu'à ce moment là qu'elle comprit réellement la gravité de la chose, un de ces débris de glace s'étant écrasé tout près. Une, deux secondes. La pluie de flèches était lancée. Elle ne comptait pas sur la jeune femme pour la sauver. Contre toute attente, au moment précis où elle l'a priva du danger, celle-ci disparut de son esprit. Un homme l'y remplaça. Sa présence grandit, à chaque tremblement de son petit corps, à chaque emprise qu'avait la peur sur son petit corps. Le nom qu'elle répétait sans scrupules, sans cesse, sans répit dans son esprit.. elle finit par le vociférer. De toute ses forces, de ses tripes elles-mêmes, car la douleur la prenait. « COCOON !! » Et cet hurlement, de détresse épurée, alla se perdre jusque dans les profondeurs de la crypte…

Elle se sentait si bien.. Son corps libéré de toute affliction, était agréablement chaud, et elle crut quelques instants que le liquide qui l'inondait, qui trempait ses membres, en était le seul fautif. Elle aimait tellement cette chaleur, à s'en déchoir pour elle. Elle lui rappelait cet homme, les brûlures qu'il lui avait infligé par ce biais, mais l'absence de peine, de ces élancements douloureux que la mort lui aurait arraché à la fin de cette vie éphémère, lui fit comprendre qu'il n'en était rien. Elle ouvrit ses yeux humides « Co..coon.. ? » se délecta de la vue qui lui était suggérée. Il était là. Lui et personne d'autre. « Cocoon » Il était venu la sauver, et l'homme ne pouvait imaginer à quel point elle était béate, radieuse, derrière cet écran de larmes qui commencèrent silencieusement à perler sur ses petites joues qu'elle collait à son torse brun. « Bonjour mon amour… » Il était arrivé, sous le cri d’effroi de sa femme, venant la protéger de son corps contre les catastrophes naturelles de cette grotte meurtrière. Il s’était interposé, comme un Titan, brisant de sa force les dangers qui auraient pu atteindre sa peau si pâle, pour venir s’allonger sur elle définitivement, se servant de son corps comme rempart. Se servant de son corps, pour qu’elle ne voit plus rien d’autre que lui.Ses petits bras avaient quasi instinctivement enrobé le cou de l'orisha, s'étaient réfugiées dans son dos, le temps que ces tremblements ne cessent, que sa panique ne la délaisse.

Elle  l'agrippa, jusque là, de toutes ses forces. « Désolée de t'avoir fait venir.. Désolée de m'être exposée à autant de danger.. Si tu n'avais pas été là, je.. Merci de m'avoir sauvé.. Merci » Ces mots provenaient de son cou, de la vallée hâlée dont Lucrezia humait l'odeur et où elle gardait son front livide. Au bout de quelques instants, ils durent sortir de leur bulle, l'animal s'acharnant d'ores et déjà sur l'elfe à l'autre bout de la salle. Elle voulut accourir pour l'aider, pour la sortir de ces milliers de dangers auxquels la dépendance de la vampire et la bonté de l'elfe les avaient menées, mais s'en abstint dans l'heure. Une autre voix que la sienne se fit entendre par là haut. Elle était maligne, insolente, impertinente, futée, mais de bon secours. Elle sonnait soulagée, désespérée, exaspérée par l'absence de la belle femme, et était venue de toute évidence dans le but de la sauver. La sachant alors en sécurité, elle se permit de quitter les lieux, usant de la téléportation pour se réfugier dans des galeries non loin qu'elle savait calmes, libres de tout danger.. Les choses se corsaient de toute évidence.. et il fallait veiller à ne pas en perdre complètement le contrôle.


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Jeu 02 Avr 2015, 09:13

La Vampiresse n'avait pas tort. Les Elfes se devaient de garder secret ce qui devait l'être et pour des raisons bien plus profondes qu'elle ne pouvait l'imaginer. Le savoir des êtres sylvestres dépassait celui de toute personne sur ces terres, puisse t-il avoir passé toute une vie à s'instruire. Et quand bien même la Cité avait connu des mauvaises périodes, jamais la Bibliothèque n'avait ouvert ses portes à l'Ennemi. Elle disparaissait, s'évanouissant dans la nature, fusionnant avec cette dernière afin qu'ils ne fassent plus qu'un. La blonde des bois s'en voulait quelque peu de cacher ce savoir aux autres, mais ne pouvait pas transgresser les règles. Elle-même, durant un long moment, ne posséda pas l'autorisation de s'y rendre, et quand Lucrezia lui parla de son enthousiasme maintenant gâché à s'y engouffrer, elle ne put que revoir sa propre excitation en milles. Elle se rappelait de ce jour comme si c'était hier. De sa folie complètement incontrôlable, de la manière qu'avait eu la Dullahan de tenter de la retenir de toutes ses forces puis enfin son exil – car oui, vu l'ampleur que cela avait pris, l'on pouvait aisément le nommer ainsi – commença. Qu'aurait-elle dit, si on lui avait refusé l'accès ? Elle aurait été mal, très mal. Certes, elle n'en serait pas malade, mais.. Un frisson la parcourut. Pourquoi penser à des horreurs pareilles ? La jeune femme affichait une moue à moitié réjouie. Elle adorait la compagnie de la bleutée, mais ne pouvait décemment se sentir heureuse d'ainsi la priver.

Mais quand elle parut s'intéresser à sa foire aux livres, elle se sentit presque revivre, joignant ses mains, son sourire s'élargissant au fur et à mesure que son amie parlait. Son intérêt soudain ravivait la flamme en elle, la soif de savoir qu'elle n'écourterait pour rien au monde, et elle ne put que se sentir mieux de savoir que peut-être la créature de la nuit daignerait mettre les pieds à la Cité un jour. Elle l'inviterait, sans aucun doute, mais ne les estimait peut-être pas assez proches pour se permettre une telle demande aussi clairement. Les sous entendus pleuvaient dans leur conversation, se cachant derrière les mots, se faufilant dans les pensées de l'autre comme de minuscules petits indices difficiles à dénicher mais une fois découverts, inoubliables et réconfortants. « Je suis réellement ravie que l'idée te plaise. Jusqu'à maintenant, je n'en avais parlé à personne. ». Tout simplement car c'était un secret bien gardé, et que le divulguer trop tôt ne saurait qu'attirer les mauvaises convoitises. Bien sûr, très peu d'ouvrages importants s'y trouveraient, comme des manuscrits précieux sur la vie de chaque race par exemple, mais ce serait amplement suffisant pour satisfaire la majorité des visiteurs. Un poids dans le peuple Elfique… Depuis sa montée dans la hiérarchie et sa participation à la Coupe des Nations, tout le monde la connaissait. Elle ne passait plus inaperçu et on la saluait à chaque coin de rue. Certains l'aimaient, d'autres la détestaient. On ne peut pas plaire à tout le monde après tout. Elle mit cependant quelques petites secondes avant de répondre, tournant et retournant la question dans son esprit, cherchant la bonne façon d'apporter une résolution à ce problème qui, en fin de compte, n'en était probablement pas un.

« Je ne sais pas vraiment si l'on peut parler d'un poids conséquent, mais appartenant à une des familles elfiques, il est inévitable que j'ai mon mot à dire. Je suis de la famille Saphir, étant celle accueillant la plupart des érudits et scientifiques d'Earudien, j'ai proposé cette idée pour nous ouvrir au monde et elle a plu. ». Peut-être un peu trop modeste ou humble, elle n'osa pas poursuivre sur sa lancée. Elle deviendrait bien plus, tout le monde lui disait, tout le monde le savait, et elle ne refusait pas de le croire. Ce n'était pas un déni, non. Elle voulait juste laisser le temps faire ce qu'il avait à faire, couler lentement. Son destin la guiderait, elle n'avait pas à forcer les choses et c'était beaucoup plus beau de se laisser surprendre par la vie, par ce qu'elle nous réserve. Ainsi, même si elle aurait pu dire qu'elle visait un avenir beaucoup plus grand ou qu'on lui avait déjà fait part de sa notoriété dans le peuple Elfique, elle se tût, préférant laisser planer le doute sur cette question à laquelle elle-même ne détenait aucune réponse. Elle se serait haï de se tromper, même si c'était humain de ne pouvoir répondre à toutes les questions du monde, alors elle ne dit rien, se contentant de sourire, se tournant vers l'horizon, réfléchissant elle-même au sort qui lui était réservé et auquel elle ne pourrait échapper.

~

Elle ne put entendre qu'un cri, qu'une voix aiguë transperçant les cieux, secouant la grotte de toutes parts, avant de comprendre ce qui pouvait bien se passer. Dans un élan de panique elle voulut se retourner, mais n'eut pas le temps de réagir qu'elle se retrouvait au sol, claquant contre le cristal dans un gémissement de douleur à peine perceptible. Elle tenta de se relever une première fois mais en sentant l'appui de la vampiresse sur elle, elle sut qu'elle ne devait pas bouger. Collée par terre, elle ne put s'empêcher d'observer le peu d'alentours qu'elle distinguait, cherchant à comprendre. Puis enfin, elle sut. Un coup venait de nulle part, elle ne le voyait pas, et la créature de la nuit la sauvait. C'était tout aussi simple que ça. Malgré la souffrance dans laquelle elle se trouvait d'ainsi être bloquée contre la surface rugueuse et froide de la grotte, elle ne put s'empêcher de sourire. Elles se sauvaient, elles se parlaient, elles tenaient l'une à l'autre et ne pouvaient manifestement imaginer que la vie de l'autre soit trop vite écourtée. Et elle non plus, ne tolérerait pas une telle chose. Une fois que Lucrezia se retira d'elle, elle ne put entendre qu'une vague excuse. Désolée ?… Elle voltigea ainsi plusieurs mètres plus loin, tentant de se raccrocher à la première roche venue, qui ne vint malheureusement pas. Seul son cri parvint à la jeune femme, toujours au milieu de la bataille. « Lucrezia ! ». Ses mains voulurent l'aider à se relever, à retourner auprès d'elle pour l'aider, mais elle s'arrêta. Si elle l'avait écarté, ce n'était probablement pas pour rien. Il y avait une raison à tous ces agissements, et elle s'en serait voulue de faire cafouiller le plan de la bleutée juste par empathie pour elle. Elle s'inclina alors très légèrement avant de disparaître. « Merci. ».

Son cri retentit une nouvelle fois, mais elle ne put revenir sur ses pas. Alors encore tremblante, culpabilisant de l'abandonner ainsi contre sa volonté, elle se força à avancer, refusant de se retourner. Des larmes commencèrent à couler seules sur ses joues. La fatigue, la peur, le froid… Elle mourrait de froid. Passant une nouvelle fois sa veste autour de ses épaules blessées, elle tenta de retrouver un semblant de chaleur qui ne lui parvint que longtemps après, brusquée par un éclat virevoltant jusqu'à elle. Une silhouette se dessinait devant elle, et bientôt, elle eut la certitude qu'elle la connaissait bel et bien. « Vous vous êtes crus ou les filles là ? On s'barre pis on me laisse derrière ? T'as de la chance qu'après des siècles d'existence j'suis pas rancunière parce que j'te jure que j'aurais fait la gueule pendant des jours et des jours ! T'as pensé à ce que j'aurais pu vivre moi hein ? T'y as pensé ? ». Elle n'eut en réponse qu'une étreinte des plus fortes, dont elle tenta de se défaire. « Mimi arrête, tu vas m'broyer les os, eh, t'es une grosse malade dans ta tête. ». Elle ne put se retenir de continuer à pleurer, fragilisée par tous ces événements mais surtout émue de retrouver sa compagne en un seul morceau. « J'ai eu si peur pour toi.. Si peur… Je voulais revenir te chercher mais nous avons été prises au piège.. J'avais tellement peur qu'il t'arrive quelque chose, tu ne peux pas imaginer à quel point! ». Elle la serrait, serrait, serrait, ignorant ses plaintes, profitant du seul instant plus ou moins calme qui lui était enfin accordé. Puis elle sécha ses larmes, relâchant enfin son emprise sur la petite fille. « C'est bon, j'allais pas crever, j'ai déjà survécu à pire et tu l'sais nan ? Faut pas me penser faible comme ça. ». Disait-elle alors que quelques secondes auparavant elle s'amusait à la faire culpabiliser. « Bon allez, on s'arrache de là. ». Puis elle la tira pendant quelques mètres, avant que Mircella ne tourne la tête dans la direction inverse.

« Ecoute, ta pote on la retrouvera après. Elle est forte aussi, pis vu le temps de vie qui lui reste, elle va pas claquer maintenant, j't'assure. Elle a pas l'air plus stupide que toi, alors ça ira, pis on risque plus de la déranger qu'autre chose, alors on va aller s'abriter et on verra bien ce qui se passe après. ». La blonde des bois voulut refuser sa proposition, gênée de partir ainsi comme une véritable voleuse, la présence de la vampiresse à ses côtés se faisant déjà ressentir comme un manque profond, quelque chose dont elle ne pouvait se passer encore bien longtemps. Malgré les paroles de Julia qui s'avéraient justes et pour une fois intelligentes, elle ne put pas se sentir confiante en l'avenir. Puis, elle serra les poings. Elle arriverait à ses fins. Elle y arriverait. Pour Elle. Pour Elles. Pour tout le peuple qui se tenait derrière elle, mais plus précisément pour sa jeune amie qui se battait là-haut. Le grondement du monstre retentit une nouvelle fois, la poussant à avancer de plus belle. Un éclair de génie la parcourut alors. La plante. La plante. Elle sentait sa présence, ses pouvoirs se manifestaient enfin. Elle ressentait sa douleur, cherchant à la rassurer, à lui dire qu'elle arriverait bien vite, mais elle ne le put. Ses doigts tentèrent de sentir sa chaleur à travers le cristal et elle s'abaissa sur le sol un bref instant, pour l'entendre un peu mieux, avant de se mettre à courir. « Mais oh, j'te comprends pas, tu veux pas y aller parce que t'as envie de retourner avec ta pote et la tu cours comme une folle dans l'autre sens sans rien m'dire, t'es pas un peu schizophrène dans un coin de ta tête ? ». Elle la suivit cependant, haussant les épaules. Il n'y avait pas qu'elle d'imprévisible dans leur petite famille improvisée, après tout.


Les pas de l'Elfe résonnaient dans la grotte et elle crut plusieurs fois que le monstre allait lui tomber dessus, l'empêchant d'atteindre son but. Bien heureusement pour elle, le cristal resta dans une forme plus ou moins normale, ne lui posant aucun problème dans sa course, mis à part le fait que l'air se raréfiait de plus en plus et qu'elle peinait à respirer en pleine escapade. Enfin, elle s'arrêta, tombant sur l'objet de sa convoitise. Ses yeux parurent s'illuminer face à cette plante qui, loin de paraître magique, s'avérait être le prix de leur liberté et de la santé du loup qui sommeillait en dehors de tout ce capharnaüm, aux côtés de la petite fille à la longue et soyeuse chevelure de feu. « Ah bah on l'as trouvé ta laitue, on va pouvoir s'en aller maintenant, c'est pas trop tôt ! ». Elle mit un temps considérable à la sortir de terre, semblant en communion avec cette dernière, la caressant d'une main et murmurant doucement quelques paroles dont on ne put distinguer l'idée principale. Et, dans un geste doux, elle l'extirpa doucement du maigre par terre d'herbe qui contrastait avec la froideur du cristal environnant, avant de la mettre soigneusement dans un petit bocal prévu à cet effet dans son sac. « Allez, on y va, sérieux, j'aime pas c't'endroit moi ! ».

Elle fut stoppée. « Non, on va retrouver Lucrezia d'abord. Je ne pars pas sans elle, il en est hors de question. ». Julia s'impatientait, mais ne put pas la contredire. Ils avaient besoin de la créature de la nuit en bien des sens, qui ne pouvaient être clairement expliqués, mais l'un sonnait comme une évidence. L'être sylvestre voulait la revoir et cela, coûte que coûte. Elle se mit à avancer doucement dans le sens inverse, dans la direction d’où elle venait, alors prise de quelques vertiges. Le froid pesait sur elle, l'empêchait de marcher correctement, la paralysait presque. Et quand les hurlements des loups se firent à nouveau entendre, elle ne put que vouloir se hâter encore plus pour retrouver la jeune femme. Elle était peut-être en danger, et c'est avec un pas malheureusement lent que Mircella put s'engager, se tenant aux parois de la grotte, qui semblèrent s'effriter sous la pression de ses doigts. Le monstre avait fait beaucoup trop de dégâts, et si elle ne se dépêchait pas, alors elles mourraient avec lui. Dans l'espoir de se faire entendre, elle hurla une nouvelle fois. « Lucrezia ! ». Et si elle espérait la voir sortir de l'ombre avec un large sourire sur le visage, sans doute rêvait-elle un peu de trop de merveilles et de contes de fées, car elles se retrouveraient, mais dans un contexte pareil, alors ça jamais...
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Sam 18 Juil 2015, 12:22


« Assis toi.. Ça risque d’être un peu long » , « Hum... » L'orisha sonnait peu convaincu des explications qu'elle viendrait à lui fournir quant à cette prise de danger immuable, et qui, dans le cas échéant, se serait avérée fatale. Pour qui et pour quoi, c'était ce qui l'intéressait et surtout, pour quoi sans lui. D’un sourire désolé, elle vint se coller à lui. Ses doigts se croisaient avec les siens en l’antre de sa paume hâlée, cherchant ce même refuge dont son corps s’enivrait. Son dos appuyé contre son torse, tous deux assis par terre, elle libéra un côté de sa nuque de la masse de cheveux violines, pour que le titan puisse s’y reposer, voire en explorer les courbes frêles. L’arôme qu’elle humait de si près s’avérait toujours d’une extrême tentation, et emprisonnant ses bras, elle recroquevillait ses jambes, comme désireuse de ne plus faire qu’un avec l’être aimé du soleil, adoré de son peuple. Cocoon se repaissait du contact de sa femme, collée contre lui, telle une aventurière ayant trouvé repos dans un antre. Son cou dévoilé, ses chausses glissant doucement sur les siennes, il répondit à cet appel de sa bouche charnue, embrassant avidement le cou qu'elle avait outrageusement dénudé. Caressant de ses pieds déchaussés ceux du colosse, et laissant choir sa tête contre son épaule, elle sembla se remémorer de douloureux souvenirs, ou tout du moins se perdre dans les réminiscences de ces derniers.

Humidifiant ses lèvres, clignant quelques fois des yeux, elle entreprit un long discours. « Venom est.. malade. Je me suis vue prise d’un malaise ce matin, et j’ai de suite compris que quelque chose allait mal.. Je suis rentrée pour voir de quoi il en retournait et.. l’y ai trouvé, à l’agonie. Perdue et désemparée, je n’ai fait que songer au premier endroit susceptible de me venir en aide, moi qui me trouvait impuissante, l’animal gisant entre mes bras, immobile.. » Elle ignorait si le temps leur était compté, si de ses mains s’échappaient indolents les milliers de grains de la clepsydre, la substance poudreuse qui symbolisait l’écoulement de l’existence et le rapprochement d’une fin certaine. Elle savait cette dernière inévitable, mais il était toujours aussi scabreux, délicat de laisser s’épuiser l’âme d’un être cher, sans lever le petit doigt « Venom... J'ai l'impression que ça fait des années que je n'ai pas entendu ce nom. Il est résistant ton bestiaux. » Elle le regarda d'un air désapprobateur, avec une plus que probable pointe d'un agacement presque feint. Le sachant aucunement sérieux, elle lui donna un coup de coude entre les côtes, où elle reposait, mais on y lisait cette même affection habituelle, débordante. Elle avait, qui plus est, aucune force pour réellement lui porter atteinte. Il ricana « Ca va... Excuse moi. » Elle pouvait paraître désespérée, et peut-être étais-ce réellement le cas, au coeur de cette recherche perpétuelle d’un remède, sans savoir si à l’utopie il échappait seulement. Elle finit par se tourner vers lui, larmoyante, une petite main prenant appui sur l'une de ses puissantes cuisses. L'Orisha attrapa son visage, embrassant sa joue, le coin de ses lèvres, disant plus doucement « Excuse moi Lucrèce... On va le soigner ton Venom. »

Quand bien même se serait-elle endurcie au contact de ses semblables, quand bien même avait-elle compris les lois tyranniques qui sévissaient le vrai du monde, il y avait les autres et il y avait eux. Deux dimensions parallèles qui pour elle, élevée en pleine forêt, coupée de la traitrise humaine, ne s’en était vue imbibée que bien trop tard pour réellement se pervertir, souiller à son toucher. Elle était donc fragile, sensible et aimante au contact de ses proches. « J’ai voulu t’appeler, t’avoir à mes côtés, mais.. sachant que tu dors déjà très peu vu ta charge de travail monstre, et ignorant le mal qui le hantait.. j’ai préféré.. aller voir au Jardin Animalier et y quérir de l’aide.. Naïve décision, car encore une fois, la cupidité et l’égoïsme priment sur toute autre valeur humaine. C’en était repoussant de voir leur indifférence et leurs manières hypocrites pendant qu’ils me dénigraient dans mon dos, sans que je ne comprenne un traitre mot.. » Et avec ceci, il put lire l’amertume en elle. Celle du découragement de se savoir inutile, impuissante. Celle de ne pouvoir influer ni sur la vie, et encore moins sur la mort. Celle d’être purement mortelle en somme « Je suis le seul sur qui tu peux compter. Je pensais te l'avoir déjà dit... », « Je l'ai toujours su » Ses yeux se fermèrent, satisfaits. * que tu es bien le seul dont j'ai et j'aurai toujours besoin * Il lui avait répété tant de fois, mais elle le comprenait tout juste maintenant l'ampleur de l'information, et de toute restreinte qu'elle s'imposait inutilement. Cela ne faisait pas longtemps qu'elle osait l'appeler quand elle était en danger, ou le quérir quand elle avait besoin d'aide. Tout ne se faisait pas immédiatement, d'emblée. Lui, était agacé. Elle avait confiance, trop, et ne voulait pas le déranger. C'était idiot car lui, n'hésitait jamais à la déranger, qu'elle soit réellement occupée ou non.

Elle articula de nouveau, toutefois. « Cette jeune femme de tantôt m’est venue en aide, aussi bien dans la découverte de l’antidote que de l’identité de cette bête gigantesque. Elle est un peu à part, mais je pense qu’il m’aurait été impossible de m’en sortir sans elle. » Elle lâcha un lourd soupir, emprunt de toute l’angoisse et stress qu’elle avait pu emmagasiner jusque là, libre de toute restreinte. La forte présence de la morte et leurs voix qui se faisaient encore audibles quelque part ( l’écho étant alors d’une praticité impressionnante pour l’aider à se repérer ) rassuraient la vampire quant à leur survie. « Antidote ? Oh, tu as réellement trouvé quelqu'un qui maitrisait mieux les potions que moi... Vraiment ? » Bien sûr qu'il y avait plus fort que lui dans la maitrise de quoi que ce soit, mais il avait le don d'être sarcastique, qu'importe le moment. Il savait préparer un antidote, devait-il y passer la nuit. Elle n'aurait pas eu besoin de se déplacer, de se mettre à mal. Mais sa femme essayait tellement de ne pas perturber sa vie qu'elle en venait à prendre des initiatives absurdes. Dans les deux cas, elle l'aurait dérangé, que ce soit pour lui préparer un contre-venin, comme pour la secourir, comme actuellement. Laissant échapper cela, il soupira, balayant alors ses sentiments pour la laisser agir. « S'il s'agissait d'une potion, je n'aurais ne serais-ce que songé à m'enquir auprès d'un autre que toi. Seulement, s'agissant d'une plante spéciale, je me suis dit qu'il serait plus judicieux de me la procurer.. »

La vampire, s’agrippant à son cou, et en baisant la peau riche, vint superposer le bas de son corps du sien. « Merci d'être si patient.. D'être toujours là. Je ne saurais vivre sans toi » , « Je sais. » qui d’un baiser se suivit, quelques gouttes perlant. Et le 'je t’aime' absent importait peu. Elle n’en avait prononcé aucune syllabe, mais c’était tout comme. Il la comprenait par la fusion de leurs âmes, sans qu’elle n’eut à dire quoique ce soit.

~

Une fois la passion momentanément consumée, la vampire sentit son corps se raidir, l’approche imminente d’une de ses proies. Ses sens en alerte l’amenèrent deux intersections plus loin, à croiser le regard d’un de ses pantins, dont les mouvements étaient jusque là seulement régis par sa propre volonté. Dans le seul espoir de garder un oeil ferme sur leurs agissements, et une poigne intransigeante sur les mêmes si jamais ils cherchaient à enfreindre son domaine, ce dernier s’avèrerait finalement utile pour une énième tâche qu’elle lui confierait. Le désordre et la détresse dans l’esprit de la bête agissaient en valeurs sûres, leur liberté reposant sur la seule confusion impétueuse du médisant : autrement dit qu’une question de temps. Il fallait agir, et le plus vite serait le mieux. Époussetant les pans de sa robe, couleur unie, elle prit place debout, admirant avec une lueur de malice les infimes possibilités qui s’offraient à elle, quant à la rédaction finale d’écrits qui jusque là se voyaient entravés par prudence et méfiance. « Si l’on veut éviter de nous y frotter, et qui sait détruire la grotte par la même occasion sans faire acte de vigilance, il nous faudrait peut-être.. une sorte d'appât ? Maintenant qu'il est conscient de notre présence, je suppose qu'il surveille consciencieusement toute entrée ou sortie.. » , « Ah, encore une bonne idée. Pourquoi prendre la peine de prendre un appât... ? », « Tu préférerais te mesurer à cette.. bête affreuse ? Je ne doute pas de ta réussite, mais la grotte risquerait de faillir »

Ses paroles étaient justes, évidentes, très simples dans leur contenu. Se grattant l’arrière de la nuque, son autre main posée sur sa hanche, elle se résigna à une quelconque manoeuvre ardue, et se contenter d’une simplicité crue. Ses deux saphirs portés sur les quelques tentes érigées, leur fragilité, les animaux qu’ils y gardaient, ainsi que le nombre d’entre eux à être réellement formé, elle soupira. « En tout cas, faute de mieux.. le parfait bouc émissaire se trouve juste sous nos yeux » , « Tu as vraiment besoin de faire tout ça... ? Quelle peine perdue... » Elle se sentit découragée, ne sachant quoi ajouter..

Le maigre campement s’était, certes, construit dans un coeur de glace, où en apparence rien ne saurait l’atteindre, mais il fallait porter son attention outre, et remarquer les nombreux matériaux inflammables qu’il y avait à y trouver. Mettre les bâtisses à feu et à sang, ne serait finalement pour eux qu’une partie de plaisir, de quoi se relâcher et passer ses nerfs sur plus bête que soi. « J’ai donné pour instruction à l’un d’entre eux de libérer les 'chiens' - n’étant autres que des sortes de loups sauvages élevés en montagne - On peut le considérer comme notre signal » L'homme acquiesça. Et aussitôt ce dernier présent dans l’air, l’attaque fut lancée, les flammes noires libérées, quelques unes bleutées adoucissant par moments la beauté ténébreuse du paysage. Très peu survivraient pour en faire part, témoigner de cette bestialité, d’autant plus une fois qu’à leurs forces démentes s’ajouterait le courroux de la Bête. Leur but premier était après tout, de retenir son attention.

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Mar 11 Aoû 2015, 17:42

Son cri.. n'avait abouti à rien. Si ce n'est qu'un silence encore plus troublant qui venait de s'installer, réduisant chaque espoir qu'elle avait de la revoir à néant. Cependant, ce n'est pas pour autant que la mélancolie ou l'inquiétude la gagna. L'être sylvestre était assez sage pour savoir qu'elles se retrouveraient en temps voulu, et que rien ne servait de précipiter les choses. Hurler encore une fois ne ferait qu'attirer l'attention du monstre et elle n'était pas assez sotte pour se lancer dans une telle entreprise. Se tournant vers la Dullahan, elle ouvrit encore une fois la bouche, cherchant sans doute à générer une conversation pour les occuper durant leur marche. « Tu penses qu'Héliana s'en sort, là-haut ? ». La réponse était toute faite, mais permettrait d'enchaîner sur la suite. Haussant les épaules, la Morte parut presque agacée de ce comportement parfaitement inconvenante de la part de sa maîtresse. « Tu t'emmerdes à ce point pour me poser des questions auxquelles tu connais déjà les réponses ? ». Elle poussa un soupir, balançant sa chevelure immaculée en arrière afin qu'elle ne traîne plus dans sa vision, l'empêchant de distinguer clairement la direction dans laquelle elles se dirigeaient manifestement. « Ou alors t'as besoin de parler pour te réchauffer parce que tu te gèles les fesses ? Y a des moments ou être morte, ça peut être plus que sympa visiblement. Au moins je ne ressens pas le froid. ».

Un sourire arqua les lèvres de la jeune femme, qui ne se fit pas priver pour se rapprocher de sa compagne, s'arrêtant ainsi dans son chemin, s'agenouillant à ses côtés. « Tu ne changeras donc jamais. ». Un rire s'échappa de l'entre ouverture des lèvres de la défunte, tandis qu'elle approchait son visage de celle qu'elle ne considérait point comme une amie. « Comme si tu pouvais seulement imaginer que je devienne quelqu'un d'autre. Tu ne sais rien, Mircella. ». Puis elle se détourna d'elle, posant ses doigts sur la surface rugueuse du cristal, la caressant presque afin de s'habituer à son contact. « Tu ne trouves pas ça étrange qu'ils aient construit, en plein milieu du jardin animalier, un tel endroit ? Qu'ils aient laissé un monstre y élire domicile ? ». Elle plissa les yeux. « Ou si tout du moins il se trouvait là avant leur arrivée, alors pourquoi ne pas s'être installé ailleurs ? ». C'était du suicide de construire quelque chose à un endroit qui pouvait être détruit d'un jour à l'autre et pour une fois, les réflexions de la Morte allaient bel et bien quelque part. Sans compter l'hospitalité légendaire des propriétaires de ce lieu. Tout cela semblait trop louche pour être réel, et les dédales, le labyrinthe sous terre.. n'était que trop réaliste, trop bien ficelé pour avoir été creusé par une bête. Cet endroit cachait encore de trop lourds secrets à son goût.

Bientôt, d'autres bruits revinrent les déranger, et la grotte se remit à trembler de plus belle. « Nous devrions nous dépêcher de sortir de là. ». Et elles reprirent leur marche, rapide, saccadée, sans pour autant que Mircella détache son regard de la plante qu'elle venait de déloger. Elle regrettait de l'avoir prise à son habitat naturel, de l'avoir retiré de cet endroit ou elle avait grandi. Son empathie envers les plantes l'empêchait constamment d'être objective, et pourtant, elle n'eut point d'autres choix. Cette récolte ne causerait pas sa perte. En tant qu'Elfe, elle le savait parfaitement, et jamais ne se serait lancée dans une folie pareille sans réfléchir. Ses doigts parcouraient les lignes formant la verdure qu'elle tenait entre ses mains, cherchant à lui procurer assez de vitalité pour qu'elle survive le temps qu'il faut. Ils n'étaient pas encore sortis de la grotte, et elle devait survivre jusqu'à ce qu'ils arrivent auprès du canidé qui accompagnait la vampire. Des hurlements de loups retentirent alors, faisant s'arrêter brusquement la jeune femme dans sa course, avant qu'elle ne reprenne.

Plus que la peur d'être dévorée, ce fut la curiosité qui la poussa à avancer, à se jeter à l'assaut. Puis ce qui se posa devant ses yeux la fit reculer. Des flammes. Du sang. Des cris résonnant à l'intérieur de la grotte, atteignant l'extérieur du jardin animalier de par leur puissance. Elle eut l'impression que tous devenaient fous. Et qu'il ne fallait pas qu'elle s'attarde dans ce lieu, à moins de vouloir être contaminée par leur décadence mortelle. « Ils sont marrants, sérieux, tu trouves pas ? Et ce serait pas les flammes de ta copine bleue la ? Non parce que ça voudrait quand même dire qu'elle s'est éclatée à les faire cramer ! ». Un grognement sourd vint arrêter la défunte dans son machiavélisme. La bête venait de se réveiller, et ne semblait pas véritablement apprécier que l'on touche à ce qu'elle avait mis des années à bâtir. Saisissant l'arc du temple qui se trouvait dans son dos, Mircella se tenait prête. Si elle pouvait éviter le combat, alors elle le ferait. Mais dans des circonstances pareilles, c'était pire qu'espérer un miracle de ne pas vouloir se battre..
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Jeu 01 Sep 2016, 15:36


Impossible à dire si le monstre ressentait une quelconque émotion. Ce genre de bête colossale qui n'existe d'ordinaire que dans les contes, ou les légendes les plus morbides. Une créature capable de tout anéantir sur son passage, et que l'on trouve seulement dans les lieux les plus reculés, sans quoi son existence ne serait pas restée un tel mystère. Un être dont la taille et la puissance pourraient raser des villages ou écraser des montagnes. Un être qui n'a crainte de tout détruire et dit-on qu'il aurait même été créé dans ce seul but. Ce genre de bêtes légendaires, dont seul l'audacieux croise le chemin sans jamais pouvoir attester de sa trouvaille, car la mort l'emporte en premier, formaient des creux dans le cratère de l'histoire. Très peu d'informations circulaient à leur sujet, et celles dont tout le monde avait connaissance, n'étaient qu'un tissu de mensonges et poésie. Nullement une part de réalité. Elles étaient infaillibles, puissantes et invincibles. Elles étaient meurtrières, vicieuses et sans pitié. Leur sang était de glace, et aucune candeur ne les habitait. Elles n'avaient pas la moindre émotion, jusqu'à preuve du contraire. Pourquoi se gênerait-on pour annihiler de telles aberrations ? Pourquoi ne chercherait-on point à les raser de ces terres si elles n'apportent que malheur et chaos ? Seulement, l'homme ne devrait jamais décider, en simple mortel, de l'existence ou non d'une autre espèce. Ce n'est pas de son cru, et ne révèle pas de ses compétences. Pourtant, le pouvoir rend aveugle, et combien voulurent appliquer leur propre justice, leurs propres mœurs à ceux qui, souvent innocents, ne cherchaient qu'à exister. Les Hommes ont toujours été des bêtes, à leur façon. Ils étaient finalement semblables, mais ils refusaient de le reconnaître.

La vampire ne différait pas tant de ce cas de figure. Elle était belle, puissante, et gardait l'illusion des sentiments qu'elle possédait de son vivant. Elle était candide et trop sotte pour se plier aux règles, au modèle que ses semblables suivaient aveuglément. Toutefois, elle ne pouvait aller à l'encontre de la nature, et celle-ci ne prenait que bien trop souvent le dessus. La soif, le sang, le meurtre, faisaient partie de son quotidien, et en permanence. Elle était égoïste et prétentieuse. Hautaine sans le vouloir. Elle appliquait sa justice, animée par ses convictions, et à elles seules, elles justifiaient même les carnages qu'elle pourrait commettre. Celui-ci est un bon exemple. Elle mit le village à feu et à sang. Ils étaient certes des bandits, des chasseurs qui n'ont de pitié à arracher aux animaux ce qu'ils n'ont jamais voulu leur extirper. Ils étaient certes malhonnêtes, peut-être même des assassins. Mais de quel droit jugeait-elle qu'ils devaient mourir ? De quel droit incendierait-elle leurs logis sans avoir fait d'abord la part des choses ? L'on ne naît pas tout blanc ou tout noir en ce bas monde. Il faut de tout pour le créer, et elle était la première à le savoir. Or, elle ne voulait rien savoir. Elle n'y pensait pas, elle ne s'y confrontait pas. Elle n'assumait pas une quelconque responsabilité, comme tous les êtres maléfiques en ces terres. Ils se contentent de propager le mal, sans en connaître les conséquences. Le Bien n'existe pas sans le Mal, mais ce dernier ne pourrait pas subsister sans son alter ego pour essayer de l'empêcher, de l'entraver. C'était les deux poids sur la balance, les deux côtés adversaires d'une pièce de monnaie. L'on habitait sur les terres du Yin et du Yang, mais même ses habitants étaient loin de connaître la vérité. De la saisir et encore plus de l'incarner. C'était trop simple de s'abandonner au mal, ça tout le monde le savait.

La belle observait le spectacle macabre, descellant par moments les cris plus ou moins aigus de ses victimes. Dissimulée de l'autre côté du gouffre, de la véritable hécatombe, elle attendait que la bête se montre, ses flammes noires de jais et bleu pétrole détruisant tout sur leur passage. Dès qu'elle montra le bout de son nez, la petite réduite en chair s'éclipsa pour rejoindre les galeries demeurées intactes. Il n'y avait pas de doute que la bête réussirait à vaincre le maléfice, qu'elle s'en sortirait indemne, mais même un être d'une telle envergure, y perdrait quelques bonnes minutes de son temps, suffisamment pour laisser les coupables filer. Lucrezia misait sur ces quelques instants de répit, son pouvoir de localisation étant puissant et précis. Elle n'eut aucun mal, de plus en compagnie du colosse évertué d'une force titanesque, de traverser les couloirs sans se faire écraser. Un passage, large de deux mètres, leur permis de faire la traversée entre la grotte creusée dans la glace, et le somptueux palais se trouvant à quelques lieus de là. Elle avait pu l'apercevoir au loin, à son entrée dans la cavité, mais n'y avait pas prêté plus d'intérêt que ça. Le souvenir ne lui revint qu'au moment où il se montra utile. S'assurant que l'elfe était bien parvenue elle aussi à échapper à l'emprise bestiale, elle n'avait de scrupules à fuir son nid, ou ce qui pouvait s'en rapprocher. Elle avait des priorités qui lui étaient propres, et une trop grande peur de perdre ce qui lui était le plus précieux. Sa vie notamment, et celle de la vampire qui s'ensuivrait. Elle ne pouvait se permettre de voir s'effondrer la vie qu'elle s'efforçait tant à construire, le dur labeur de trois siècles d'existence. Elle avait passé sa vie à se battre, mais plus elle s'approchait de l'aboutissement, plus elle avait peur d'y voir qu'un rêve ou qu'une vague illusion qui se dissiperait. Il est dur de se résoudre à baisser les bras…

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Le souffle des profondeurs [PV Lucrezia ]

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