Après l'appel de la fillette, je me dirigeai vers la grotte dont il était question. Entrant dedans, un petit sourire étrange se dessinant sur mes lèvres à l'entente du commentaire du petit démon, j'aperçus au loin une silhouette couchée. C'était lui. Je m'approchai, ma respiration s'accélérant malgré moi. Nous avions tous vu de quoi ces créatures étaient capables en d'autres circonstances, nous avions tous vu qu'elles pouvaient raser des villes, annihiler des vies. J'hésitai et pourtant, je savais que c'était ce que je devais faire. Le cristal dans ma main, j'avançai jusqu'à la créature, le tendant vers elle d'un geste hésitant. Je devais me reprendre, être bien plus ferme, faire ce pour quoi j'avais été choisi. Montrant ma volonté, mon geste se fit plus franc et alors que ma main s'approchait du Ridere endormi, le cristal s'en échappa, venant se loger au sein de son cœur. Il ouvrit les yeux, des yeux d'un bleu aussi clair que la magie qui le gouvernait, et je ne pus m'empêcher d'exercer un mouvement de recul. Pourtant, lorsqu'il se leva, me dépassant de plusieurs têtes, il ne chercha pas à me tuer, ni moi, ni ceux qui l'entouraient. Il se mit juste à marcher, suivant avec précision le trajet jusqu'au socle. Je le suivis, par curiosité sans doute, mais également parce que la stèle nous avait promis des réponses. A peine étions nous arrivés que l'étrange voix s'éleva de nouveau. « Mortels. Aujourd'hui est le premier pas vers la rédemption. La rédemption de vos Dieux, la rédemption du comportement de certains. Grâce à vous, le Créateur pourra bientôt revenir afin de prendre soin du monde qui fut le sien jadis, de ce monde qui est encore le sien, de ce monde pour lequel il sacrifia tant de choses, jusqu'à son existence même. Cette histoire est l'histoire de votre monde. ». Le Ridere ferma les yeux, avançant ses mains vers le socle jusqu'à ce que son corps se disloque complètement, sa voix seule demeurant, une voix qui parla de manière compréhensible pour la première fois. Aucune de ces créatures ne s'étaient auparavant fait comprendre des Hommes de ce temps. Mais lui, semblait différent, doué d'un autre dessein que celui de détruire l'Humanité. « De par mon sacrifice, je fais en sorte que les fragments du cristal maître jusqu'ici acquis par les Mortels redeviennent libres et sans maître. De par mon sacrifice, je fais en sorte que chaque fragment se réunisse pour former chaque pierre complète du Cristal Maître. Les Mortels, de tout peuple, de toute nation devront faire preuve de courage, montrer au Créateur qu'ils sont encore dignes d'intérêt, tellement dignes que leur monde mérite d'être sauvé. Car pour réunir le Cristal Maître, pour faire revivre Sympan, de nombreux sacrifices devront être faits. Le Monde connaîtra ses pires heures, des heures noires qui déchireront l'esprit et le cœur de chaque être. Les séquelles resteront mais si les dires de la Prophétesse ne se réalisent pas, si ce que la véritable courbe du Destin a prévu échoue, alors ce sera la dernière erreur de l'Humanité. Mes semblables détruiront le monde des Indignes et la magie des Mages Blancs n'y pourra rien. ». La voix s'éteignit un instant avant de conclure. « Seulement, contre ceux que vous appelez les Ridere, un nouvel espoir va naître. Les Génies, êtres les plus proches des Ætheri, retrouveront leur magie, Magie Créatrice, Magie Bleue, au même titre que celle des Magiciens. Ils représenteront une nouvelle force, un présent offert à une Humanité en perdition. Les vœux pourront exhausser vos prières mais la méfiance devra être de mise, car un Djinn n'agit jamais gratuitement. ». Puis, le corps du Ridere disparut, aspiré par le socle. A cet instant, la magie même s'annihila totalement, plus une once de ce que les Hommes avaient connu. Plus une once si ce n'étaient les pouvoirs des Magiciens, des Génies et des possesseurs du Cristal Bleu. La première voix, celle du socle, reprit son discours. « Il y a longtemps, Sympan créa les Ætheri afin de l'aider dans la lourde tâche qui lui incombait. Seulement, plus proches des Mortels, ceux-ci leur donnèrent une puissance incommensurable. Méfiant, Sympan créa les Maîtres du Temps afin de surveiller ces derniers. Il sut qu'il n'y avait plus aucun espoir, que la puissance acquise par les Dieux l'empêchait de les détruire et que ce seraient eux qui auraient raison de lui. Il choisit alors de partager son corps en plusieurs fragments, donnant à celui qui les réunirait tous, la puissance du créateur. Les Maîtres du Temps furent chargés de les distiller à travers le monde, en cachant un au cœur d'un Royaume qui devint secret : L'Au Delà, Royaume des Esprits. ». La voix s'interrompit un instant, reprenant par la suite sur une histoire bien plus ancienne mais qui était lié à ce qu'il venait de dire. « Néanmoins, avant même que le premier humain ne naisse sur les Terres du Yin et du Yang, Sympan avait créé ce qui est à présent le continent des glaces, berceau de l'Humanité où vivaient les Ridere en autarcie complète du reste du Monde. Quand Sympan décida que son heure était venu, il glaça le continent, le faisant disparaître de la surface des Terres. La mission qu'il donna aux Ridere étaient de s'éveiller si un jour le monde connaissait un déséquilibre certain, afin de le détruire. L'ère du Chaos du Cristal fut porteuse de ce déséquilibre, passé, présent et futur se mêlant, étant modifiés plus que nécessaire. Aujourd'hui, l'Humanité en paye les conséquences. Ainsi, partout dans le monde, des cylindres de magie bleue vont s'élever, indiquant l'emplacement des cristaux qui formeront le cristal maître si les Mortels viennent les poser sur ce socle. Ceci sera votre dernière mission, une dernière chance de sauver votre Monde, vos familles et votre existence même. A l'heure où nous parlons, les Morts reviennent à la vie, la magie s'annihile et les Ridere se multiplient, plus décidés que jamais à détruire vos villes, les éléments et tout ce qui fut un jour. Les Ætheri sont impuissants. Il vous revient, à vous, Mortels, de préserver ce que vous chérissez. Votre Destin est entre vos mains. ». Puis, plus rien, la voix se tut. Néanmoins, au loin, des cylindres s'élevèrent, montant jusqu'au ciel, comme dernier gage de la bonne foi du Dieu Créateur. A présent, il s'agissait d'un combat de l'Homme contre le déséquilibre qu'il avait lui même engendré. Un combat pour la survie.

1073 mots

Explications toutes mignonnes =3:

*Cela va être le moment d'envoyer beaucoup de lettres... je vais devoir jouer de mes relations pour savoir où chercher, où aller.*

« Bon, je vais enfin faire quelque chose d'utile pour arranger toute cette histoire ! Allez, ya, dragon ! »

Mitsuko fixa le dragon s'envoler, sans elle. C'était amusant mais elle n'avait pas eu l'intention de repartir avec ces individus, se sentant curieusement attirée par ce continent, d'autant plus lorsque la stèle s'était mise à parler de ce qu'il se passait dans ce monde. Celle-ci croyait-elle un seul instant qu'elle se contenterait de cela ? Non. Alors, elle avait regardé Mickey monter sur le dragon, lui chuchotant lentement : « Nous nous reverrons au manoir Taiji. ». Puis, dans un sourire, elle avait tourné les talons, s'enfonçant dans le paysage glacial comme si elle avait eu l'intention de partir d'ici à pied. Elle le faisait au cas où un individu souhaite, finalement, rester. Elle aurait trouvé l'idée folle en d'autres circonstances mais il semblait que le cristal qui était incrusté dans sa peau la sauvegardait du climat aride des lieux. Ainsi, elle se promena quelques minutes, peut-être une heure, remarquant que les choses évoluaient lentement mais sûrement en ce monde. Partout, des cylindres s'élevaient. Sur le toit du monde, elle pouvait les observer, loin, tellement loin. Pourtant, ce qui se frayait un chemin jusqu'au ciel était visible. Étincelante, cette magie la fit soudainement sourire. Curieusement, les légendes contant sa naissance en parlaient parfois.

Il est dit qu'un jour, une femme, humaine et noble, semblant protégée par les Ætheri eux-même, enfanta d'un ange et d'un déchu. Deux petites filles devant qui le monde s'inclina. Personne ne connaissait cette femme plus que cela, femme qui tomba dans l'oubli pour faire place à la renommée mondiale de ces deux bébés. Nul ne sut pourquoi, mais tous le savaient : elles seraient reines et régiraient le monde. Durant l'accouchement, une lumière d'un bleu étincelant éclaira la pièce, une lumière apaisante.

Mitsuko sourit. Cette légende avait toujours été fausse, pour la bonne et simple raison qu'elle était née démone. Mais quelle femme humaine aurait pu accoucher d'un enfant ange et d'un enfant démon ? Les Réprouvés n'existaient pas à cette époque et le concept ne viendrait qu'après, lorsque Kazuki enfanterait dans le plus grand secret un homme qui serait considéré comme le premier de l'espèce. Néanmoins, tous ces contes, toutes ces histoires, avaient leur part de vérité et leur part de mensonge. La démone était bien placée pour le savoir, peut-être même trop bien. Certes, elle avait perdu beaucoup de sa puissance d'antan mais au fond de son cœur, elle la sentait se hisser un chemin, une voie de plus en plus large vers ce qui avait été sien jadis. Là, dans la glace, elle pouvait n'être qu'elle. Le visage de la démone emplie de luxure s'estompait, le visage de cette femme alcoolique et excessive s'effaçait. Elle n'était qu'elle, libérée de ce qu'elle imposait au monde, de cette farce qu'elle aimait à faire perdurer. Que grand bien leur fasse de penser qu'elle n'était qu'une gourde sans cervelle, qu'un esprit avide de luxure, le seul péché pour lequel elle se damnerait était sans doute l'envie. Envie de tous les posséder, envie que ce monde soit sien de nouveau. Et, en ces temps présents, sa sœur n'était plus présente pour s'opposer à elle, pour morceler le monde en deux. Oh, certes, les Ætheri ne la laisseraient pas faire mais s'ils pensaient un seul instant qu'elle ne savait pas où se trouvait leur faiblesse, alors ils étaient bien plus idiots qu'elle ne pouvait l'être en apparence. Aussi, elle savait parfaitement que William avait fait en sorte que sa dernière descendante meurt à cause du fait qu'elle aurait déchu chacun de ses fidèles, un par un, mais sans doute n'avait-il pas choisi la meilleure cible. Car elle était celle qui était le plus à craindre. Les rois de ce monde ? Elle n'en avait que faire. Pour elle, ils n'étaient que des pantins insignifiants, des êtres qui auraient pu se regarder chaque seconde agir dans un miroir s'ils en avaient eu l'occasion, des êtres sans loi dès qu'il s'agissait de leur petite personne, des crétins oisifs ou encore des ambitieux qui tomberaient seuls de leur piédestal. Elle, elle était conscience de sa faiblesse, elle ne nommait pas les places en son nom et ne se faisait pas élever la moindre statue à son effigie. Pourtant, elle plaçait ses pions, petit à petit, et se servait des puissants sans qu'ils n'en aient conscience. Elle arriverait à ses fins parce que son sang était celui de la victoire. Une fois toutes les Taiji sur un pied d'égalité, ces dernières gouverneraient le monde, distillant leur pouvoir et leur influence dans chaque gouvernement. C'était ce qu'elle avait voulu, depuis tout ce temps et sa descendante, Mitsuko Edelwyn Taiji Stark, n'avait pu résister à l'idée qu'elle avait initié dans son esprit. Tous ces Taiji, Enzel, Amadäus, Erza, une bonne centaine, ils seraient acteurs de ce qu'elle souhaitait depuis longtemps, de ce qu'elle préparait depuis des siècles. Tous, sans exception, elle les avait manipulé, manipulant mères et filles, mères et fils. Bien sûr, la mère de tous ces hommes en s'élevant s'était débarrassée de l'influence de son esprit, mais à présent, il était trop tard. L'Æther de la justice avait façonné ses enfants pour qu'ils deviennent « quelqu'un », pour qu'ils s'élèvent, peu importe le temps que cela prendrait. Et quand tous seraient dispersés dans les différents gouvernements, alors elle montrerait au monde ce qu'était qu'une famille unie, le véritable pouvoir de la plus ancienne femme d'une lignée maudite. Mais avant cela, si elle souhaitait que la puissance s'opère, elle devrait retrouver et tuer chacun des descendants de sa sœur. Chaque chose en son temps car, après tout, elle n'était pas pressée, loin de là. Elle avait des siècles devant elle et ce n'était pas un semblant d'apocalypse qui allait l'effrayer. Oh, elle pouvait feinter mais elle connaissait ce monde depuis bien trop longtemps pour pouvoir ne serait-ce que penser qu'il pouvait avoir une fin. Les Hommes réussiraient à ramener l'Æther originel, cela ne faisait aucun doute, sinon, les Ætheri ne resteraient pas dans leur monde, loin des Hommes. Ils essaieraient de lutter. Elle avait sans doute tord sur quelques points mais le futur lui donnerait raison : ce n'était pas la fin, pas encore.

Elle sourit, retournant à la stèle, s'assurant que le plateau était désert. Elle fixa le paysage. Elle n'avait pas froid, grâce au cristal qui s'était planté dans sa chair. Mais peut-être que cette stèle avait raison : peut-être qu'elle était une élue. Seulement, elle se demandait : « Dîtes moi très cher. Si vous avez la puissance nécessaire pour continuer à discuter alors que chaque Dieu reste muré, c'est que vous devez bien avoir une puissance supérieure à celle de ces derniers. Alors, savez-vous ce que je crois ? Je crois que tout ceci n'est qu'un traquenard, je crois que l'ère précédente n'a pas provoqué un déséquilibre dans le temps ou si tel a été le cas, cela n'a été qu'un prétexte pour intervenir. Il fallait une cause afin que les Mortels croient en Sympan, il fallait attendre le bon moment pour que les autres Ætheri perdent de leur éclat face à la puissance du créateur. Il fallait qu'il soit le dernier espoir pour raviver la flamme des croyances, qu'elles apparaissent pour le premier Æther de ce monde et disparaissent pour ses prédécesseurs. Je pense qu'il ne s'agit là que d'une vengeance, une vengeance prenant fait des siècles, des millénaires après. ». Elle sourit, n'attendant aucune réponse. « Je crois que le monde entier se fait berner, à la manière dont j'ai berné Jun précédemment. ». C'était si risible. « Chaque homme pense qu'il est le coupable mais sa pauvre existence n'est qu'un jouet entre mes mains. Tout puissant qu'il puisse être, il est attiré par des considérations qui me sont étrangères. L'amour, l'amitié, qu'importe, les sentiments ne font que berner les êtres, les font se plier, se mettre à genoux devant ceux qui n'en possèdent pas, devant ceux qui restent inflexibles. La puissance n'importe guère lorsque l'on ne réfléchit pas. Alors j'ai réfléchi à vos dires et je crois que Sympan reviendra. Il ne reviendra pas pour sauver le monde comme annoncé, il reviendra parce que c'est ce qu'il avait décidé depuis le début. ».

Mitsuko s'écarta de la stèle, faisant quelques pas dans le continent gelé sans pour autant descendre du plateau. Le ciel au loin devenait d'un bleu aussi luisant que celui de la pierre qui était incrustée dans sa chair. Elle sourit, ses lèvres rouges contrastant avec le paysage glacé. Ce continent était magnifique, même si elle avait toujours préféré les flammes dévastatrices à la glace frigorifique. Elle finit par lire à haute voix les dernières lignes d'une des nombreuses légendes contant sa naissance. « Et tels les plus merveilleux phœnix, ceux dont la magie créatrice a un jour bercé les premiers instants, façonneront à leur guise la manière dont ils renaîtront de leurs cendres. ». Elle rit. Alea Jacta Est.

1475 mots