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 [Niveau III] Faites chauffer les fourneaux !

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Lun 09 Juin 2014, 15:26

Faites chauffer les fourneaux !

Sometimes, I should've stayed in bed...


« - Milady ! En cuisine ! Et que ça saute ! », hurla Maître Creug après avoir frappé trois grands coups à la porte de ma chambre. Je regarde par ma fenêtre… remarquant que la lumière ne pointait même pas encore le bout de son nez à l’horizon. Quel état d’urgence avait atteint les cuisines pour que le Maître Queue vienne en personne me chercher dans mes appartements ? D’une grimace, l’esprit encore embrouillé par un rêve que m’avait provoqué Sweety, mon dragon peluche allongé sur mon ventre, je me levais de mon lit, déposant délicatement la petite boulle toute douce sur mon oreiller. « - Je veux te voir en bas dans cinq minutes ! », dit-il avant que je n’entende sa lourde démarche s’éloigner pour redescendre dans son domaine. Oui, quoi que cela peut-il être, la situation devait être catastrophique pour que ce dernier me presse aux aurores.

Sweety ouvrit les yeux et baillait en me fixant avec incompréhension. Je m’activais à retirer mon pyjama et enfiler ma tenue de commis et il ne devait pas avoir l’habitude de me voir m’activer autant. Quelques coups de peignes suivant violemment dispensés à ma chevelure de jais et je filais en direction de la porte de ma chambre. Mon dragon eut tout juste le temps de me grimper sur mes épaules et de s’y accrocher de ses petites griffes. Je filais tel une fusée, descendants les étages quatre à quatre, bousculant sans ménagement ceux qui se trouvaient sur mon passage – qui étaient bien plus nombreux que d’ordinaire – distribuant des excuses prononcés à la vas vite. Cinq minutes… Il ne m’avait laissé que cinq petites minutes pour traverser tout le bâtiment de pierres, foyer des Ombres, et me rendre dans son antre !

Je me mis à courir et c’est essoufflé que je me présentais devant lui, fraîche et disponible… et essoufflée. Je remarquais alors que toute l’équipe était alignée devant lui. Quelques têtes que je n’avais jamais vues parmi nous étaient aussi là… La situation était critique au point qu’il a demandé des renforts ? Je déglutis bruyamment et Sweety du sentir ma détresse car il frotta sa petite tête contre ma joue en signe de réconfort. Maître Creug prit alors la parole d’un ton solennel qu’il ne prenait que très rarement, soutenus par sa voix grave et bourrue. « - Ecoutez moi bien bandes de bras cassés ! Je sais pas si vous avez remarqué, mais y a du monde au Château ! Et vas falloir nourrir tout ça ! Et c’est pas des habitués ! Alors vous savez ce qu’on va leur faire ? Hein ? ». Je levais la main avec entrain. Bien sûre que je le savais. Voilà plusieurs mois que j’étais devenue son commis, et j’avais fini par bien le connaître. « - Nos plats traditionnels ! Chef ! ». Il me fixa et sourit avant de répondre : « - Ça c’est bien ma Milady ! Et pour sûre ! Je veux que chacun d’entre vous donne le meilleur de lui ! Tout le monde ici, dans MA cuisine, devra connaître par cœur toutes nos recettes dans le moindre détail ! Est-ce que c’est compris ? ». Tout le monde répondit d’une seule voix, avec force, et on doit bien le dire, courage. « OUI CHEF ! ».

Nous savions tous à quel point Tomy aimait la cuisine des Ombres et mettait un point d’honneur à la réaliser parfaitement. Pour sûre, les cuisines allaient se transformer en un véritable enfer. Déjà ces derniers jours, nous avions du mettre les bouchés doubles, mais là, j’entendais mes confrères parler de tout un groupe d’Ombres nomades qui venait découvrir le Château du Royaume, en plus des visiteurs qui se faisaient de plus en plus nombreux en cette saison. Oui, nous allions réellement en baver et j’étais prête à parier que nous n’aurions pas une minute de repos. Mais quelque part, je ressentais une certaine fierté à faire partie du personnel officiel d’un si grand chef… Et bien que les Ombres n’aient pas besoin de manger à proprement parler et n’ait pas de palais, j’étais persuadée que nous pouvions tout de même préparer un bon plat avec amour, pour nos semblables.

Chef Creug donna alors ses directives, et je vis tous les petits nouveaux partir avec l’un de mes supérieurs. Et oui, j’étais tout en bas de l’échelle dans la cuisine et la plupart du temps, je n’étais chargée que du rangement de celle-ci et de la préparation des légumes. Mais à mes yeux, c’était déjà beaucoup puisque je me trouvais à la base de toute recette. Sans légumes, impossible de cuisiner le moindre plat. En soit, ce n’était pas parce que j’étais considéré comme la personne ayant le moins de pouvoir ici que je n’en étais pas importante. Je vis mon chef s’avancer, un garçon un peu plus âgé le suivait, l’air assez inquiet, se demandant probablement dans quoi celui-ci s’était engagé. Alors comme ça, moi aussi j’allais avoir quelqu’un sous mes ordres ? Je me retenais de sautiller de joie et tentais de garder tout mon sérieux.

Mon dragon, qui n’aimait pas beaucoup les jeunes étrangers – allez savoir pourquoi – se mit à grogner sourdement en sa direction. Chuchotant, je tentais de le calmer « - Calme Sweety, ce n’est pas le moment de nous jouer l’opération Belle au Bois dormant ! ». En effet, il avait la fâcheuse tendance à endormir toutes les personnes qui avaient le malheur de poser un petit doigt sur moi… Et dans toute cette effervescence, je n’avais vraiment pas besoin de cela. Mon Chef le regarda un instant et je crus lire une pointe d’amusement dans ses yeux, avant qu’il ne me fixe de son regard autoritaire. « Milady ! Aujourd’hui, tu montes de grade ! Tu passes Entremétier ! Et ce garçon sera ton commis ! Rappel moi ce qu’est un entremétier ? » Je n’en croyais pas mes oreilles et bouche bée, mit quelques secondes à m’en remettre, avant de lui répondre d’une voix forte et sûre de moi « Un Entremétier s’occupe de la préparation et la réalisation des garnitures et légumes, ainsi que des entremets salés et sucrés, et des entrées chaudes, Chef ! » Il acquiesça, satisfait de sa réponse. Il faut dire qu’à ses yeux, nos connaissances du métier étaient tout aussi importantes que la pratique. Je me souvenais parfaitement de mes débuts, lorsque je recevais une petite claque derrière la tête à chaque erreur dans mes réponses. Et je vous assure qu’après quelques migraines, cette méthode paye.  

« - Parfait. Et tache de veiller à ce que le petit nouveau connaisse tous nos plats. Nos jeunes recrus feront également le service. ». Je lui répondis d’un hochement de tête avant de me retourner vers mon aide. Il était plutôt beau garçon et je le devinais nouvellement arrivé ici de part une étrange plaie à son poignet. J’avais parfois tendance à oublier que nous étions ici tous des suicidés et certains d’entre nous gardaient encore les marques de leur malheureux acte sur leur corps. Il du suivre mon regard car quand je relevais les yeux afin de fixer les siens, d’un bleu azur assez prononcé, il détourna la tête. Une certaine gêne était en train de s’installer. Le murmure du saucier « Milady… Active toi ! » me fit réagir et dans un soubresaut, je lui donnais mes premiers ordres – ce qui en soit me donnait une impression de pouvoir assez étrange – « Bien ! On vas commencer par réaliser l’Armol… hum… comment t’appels-tu ? » Il me répondit sans me regarder, les yeux fuyants, d’une toute petite voix que j’eus beaucoup de peine à entendre… « - Thomas… Madame. » Mad… Je faisais si vieille que ça ?! Hum, ce n’était pas le moment pour ça. On avait du travail. « - Très bien Thomas ! Sais-tu ce qu’est un Armol ? » Je lui fis signe de me suivre à mon plan de travail…

« Non Madame… » Son ton formel m’agaçait quelque peu, mais je me gardais bien de lui en faire part. Après tout, nous avions tous nos raisons, plus ou moins fortes, de nous montrer dépressifs et maussades… Mais j’avais appris à mettre ces émotions de côté lorsque je cuisinais, pour le bien de notre escouade. Je sortis alors ma liste de recettes ainsi que le menu du jour, que Maître Creug nous avait déjà tous distribué avant notre arrivée. Mais comment faisait-il pour avoir autant d’énergie ?! Hum… Armol en entré, Frimzes en plat de résistance et… Slad’Fruits des Ombres en dessert… Et bien, il y avait du boulot ! « - Appel moi Milady. Bon, je ne me suis pas trompé, c’est bien un Armol en entré. Vas me chercher les ingrédients, tu les trouveras dans la réserve. Tu sais à quoi ils ressemblent tous ? » De nouveau, il me répondit un simple « Non… » dont je pouvais aisément deviner le ‘et je m’en fou’ pensé très fort derrière… et ce fut la goûte d’eau qui fit déborder le vas. Assez agacée, je lui plaçais un doigt menaçant sous son cou. Il recula d’un pas, surpris, et je levais mes prunelles vertes vers les siennes, lâchant un «  - Écoute moi bien grand dadais ! On est tous des Ombres, on c’est tous suicidés, et est-ce qu’on tirent tous une tronche de quinze mètre de long ? NON ! Pourquoi ? PARCE QUE L’ON TRAVAILLE ! Alors maintenant tu vas me faire le plaisir de t’activer un peu ou tu vas vraiment avoir des raisons de faire la gueule ! » Il me regardais avec des yeux ronds, sans savoir que dire. Mais ma réprimande eut l’effet escompter car je le vis relire avec un peu plus d’entrain la recette et me rapporter les légumes.

«  Tomates, échalotes, gingembre, piments rouges, ciboulette ! J’ai tout ? », me demanda-t-il avec une nouvelle énergie qui me plaisait. « C’est ça ! Avec ça on aura besoin d’huile et de sel. Je te laisse la fiche de la recette. Prépare moi tous ça et appel moi pour l’assaisonnement. Suit bien toutes les étapes ! Ça ira ? » D’un mouvement affirmatif du menton, il se mit au travail coupant les piments, pelant et râpant le gingembre avent de passer au mortier le tout. Il s’affairait, soigneusement, et je souris de satisfaction, pouvant passer à la préparation de la garniture du Frimzes. J’avais choisis de préparer des haricots rouges après avoir observer quel poisson mon collègue commençait à préparer. Ces légumes étaient rapides et simples à cuisiner si bien que je pouvais jeter de temps un autre un œil à mon commis. Et il se débrouillait très bien ! Il avait coupé les tomates en quartier et en avait retiré tous les pépins et les parties filandreuses et maintenant il s’occupait des échalotes. Il semblait se concentrer sur son travail et plus le temps passait, plus je voyais l’ombre dans ses yeux disparaître. Lui aussi comprenait ce que cela permettait d’exercer un métier et cela me fit chaud au cœur.

« - J’ai fini Milady ! » Je regardais l’immense saladier dans lequel était regroupé tous les ingrédients. Et je du reconnaître avec satisfaction qu’il avait parfaitement travaillé. « - Et bah voilà ! C’est très bien ! Il ne nous reste plus qu’à mettre l’huile et le sel et réserver. » La voix du Maître de Queue s’éleva alors dans la cuisine, faisant trembler nos ustensiles accrochés. « - Milady ! Il est prêt cet Armol ? Me faut quinze assiettes de prêtes dans dix minutes ! Et soigne la présentation ! ». J’assaisonnais alors en quatrième vitesse le plat et courus alors chez le plongeur récupérer ce dont nous avions besoins. Et sans un mot, d’un seul être, nous dressions les assiettes, une à une. Il avait une dextérité que je ne lui avait pas soupçonné, veillant méticuleusement à ce que rien ne vienne entacher le bord du récipient. Il pensa même à venir déposer quelques feuilles de menthe au sommet de l’Armol, créant ainsi une décoration simple et efficace. La brigade des serveurs arriva aussitôt, emportant ses créations, et je le vis les suivre emportant deux plats avec lui.

Lorsqu’il revint, je pu lire un sentiment nouveau dans son regard. Et d’une voix beaucoup plus enjouée, il me dit « - Ils ont aimés ! J’y crois pas ! Ils ont aimés ! » Alors lui aussi était des notre… Je notais dans un coin de mon esprit qu’il faudra que je propose à mon Chef de le garder en cuisine… Il avait un talent inné, ça crevait les yeux… « Mais dis moi, tu as déjà travaillé en cuisine auparavant ? » Il reprit son sérieux « Non, c’est la première fois. ». Alors oui, il avait effectivement du talent… « Et bien, je t’ai bien observé, et je dois dire que tu as du potentiel ! Mais ne trainons pas ! Il nous reste encore beaucoup de choses à faire ! ». Puis nous nous sommes mit à travailler de concert, avec une rapidité bien plus grande que je ne l’aurais crus. Tomy Creug vint lui même nous féliciter de notre travail à la fin de notre service. Je souriais, et Thomas aussi. Aujourd’hui, après cette journée épuisante, j’étais certaine de m’être fait un nouvel allié…


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