Invité Invité | Mar 31 Juil 2018, 10:34 | |
| Faites attention au loup
Catégorie de quête : IX et X Partenaire : Saül Intrigue : Neige venant du monde des contes, elle ne connait rien du monde réel. Elle va donc devoir apprendre à l'appréhender par l'intermédiaire de Saül qui l'instruira.
Neige n’avait pas dormi de la nuit. Au lieu de cela, elle s’était relevée du lit pour observer la pénombre qui régnait à l’extérieur. Sans doute avait-elle peur que sa mère ne la rattrape. Elle avait dû se rendre compte de sa disparition depuis le temps. Seulement, si elle était coincée dans ce monde qu’elle ne connaissait que très peu, ce n’était guère sa faute mais bien celle de sa génitrice qui ne lui en avait jamais parlé. Au lieu de lui interdire d’y pénétrer, elle aurait mieux fait de lui expliquer comment rentrer chez elle. Dans la penderie, elle avait trouvé de quoi se couvrir, un kimono en soie, rouge, qui semblait bien trop somptueux pour appartenir aux propriétaires de la demeure. Elle ne l’avait pas attaché, juste placé sur ses épaules. Sa nudité ne la dérangeait pas et, ainsi, elle pouvait profiter de la légère brise qui s’invitait par la fenêtre entrouverte. La situation lui paraissait étrange. Le scénario lui semblait brouillé. Oh bien sûr, certains contes parlaient de l’amour, de l’acte charnel, d’autres étaient particulièrement sombres même, mais elle se demandait si elle n’avait pas fait une erreur quelque part. Sentir le souffle de cet homme contre son cou avait produit chez elle une sensation inédite, différente. À présent, elle attendait un signe, un indice narratif qui lui indiquerait la suite des événements. L’histoire venait juste de commencer et ce vide nocturne était énigmatique. Une Fae n’aurait jamais laissé le lecteur attendre si longtemps. Il n’y avait rien d’intéressant à la décrire en train de réfléchir une nuit durant. Le Monde Réel lui semblait complexe. N’y avait-il donc personne qui dictait le rôle de chacun ? Qui indiquait le ton ? Elle redoutait de devenir le seul maître de son existence et essayait de se rassurer en niant cette possibilité. C’était la seule chose à laquelle elle pensait. Le reste lui semblait lointain. Jamais elle ne songea à sa situation, au fait que pour posséder, elle devrait travailler. Toutes ces choses là étaient si loin d’elle.
Une fois que le soleil commença à caresser la terre, elle quitta sa fenêtre, retournant vers l’homme à pas feutrés. Elle se pencha sur le lit et, doucement, s’approcha à quatre pattes du Démon. Elle n’avait pas lu le parchemin. Elle ne savait pas lire. Enfin, si, mais dans le Monde Réel, visiblement, non. C’était assez étrange en réalité. Dans les contes, peu importe l’écriture, peu importe la langue, le message s’était toujours révélé à elle. Elle savait ce qu’un livre relatait sans aucune difficulté. Sur le moment, elle ne s’était pas préoccupée de la feuille, ayant bien d’autres choses à faire, mais par la suite, elle avait essayé de savoir ce que l’écrit relatait, sans succès. Devait-elle signer sans comprendre, juste pour garder la face ? Devait-elle lui dire qu’elle rencontrait des difficultés à déchiffrer ? Elle ne connaissait pas grand-chose de cet homme, seulement son prénom, Kalhaëm, qu’il était un Démon, qu’il n’était pas fort en escalade mais plutôt doué pour lui procurer du plaisir. Il n’était pas bénéfique, puisqu’il avait abattu les propriétaires de la demeure dans laquelle ils se trouvaient. Il avait été trop bien travaillé pour n’être qu’un personnage secondaire, c’était certain. En s’approchant un peu plus pour admirer les détails de son corps et de son visage, elle se conforta dans cette idée. Sa personnalité semblait aussi complexe, ce qui n’était pas le cas des personnages simplement faits pour remplir le décor. Elle se demandait quelle était son histoire. « Hum… Kalhaëm ? » murmura-t-elle. Elle voulait qu’il se réveille. Peut-être qu’une fois que le Démon ouvrirait les yeux alors il y aurait un signe. Elle s’étonnait aussi que personne ne soit venu réclamer vengeance pour la mort des habitants des lieux. Dans les contes, ce genre de choses finissaient toujours par se savoir. Il n’était pas rare de voir arriver des villageois munis de fourches et de torches, réclamant la tête du responsable. Elle se pencha un peu plus, attrapant entre ses dents le lobe de l’homme. Neige désirait qu’il fasse ce qu’il avait dit : lui apprendre tout ce qu’elle voulait savoir. Et puis, il y avait le mystérieux parchemin. Quant à la protéger, elle ne savait pas de quoi ? Y avait-il des bêtes atroces qui rôdaient dans la région ? Le paysage nocturne lui avait pourtant semblé paisible.
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