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 Vivre et mourir [ PV Elisha & guests ]

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Lun 07 Oct 2013, 18:10

L’espace autour n’est que ténèbres. Il n’y a rien, que des volutes au reflet bleu. Pas un son, si ce n’est un bruit d’horloge, constant, implacable… tic, tac, tic, tac… L’homme se tient droit, ahuri. Il regarde devant lui, le mur et l’horloge. Un murmure sur son épaule, qui prétend que la lutte est vaine, l’incite à se retourner. Mais rien ne bouge, rien n’apparaît. La pièce est vide, opaque, nimbée de son manteau de nuit. La bougie est soufflée.

Tinuviel se redressa en sursaut. L’air un peu perdue, elle regarda autour d’elle pendant quelques secondes, avant de réaliser qu’elle se trouvait simplement sur le bateau. La cabine principale, son bureau de bois massif, ses étagères… Et l’espace, dont le balancement régulier berçait les objets attachés au plafond : sphère de verre, sacs de voyage. Après une inspection minutieuse de la pièce, Tinuviel réalisa qu’elle était bien là où elle devait se trouver. Un coup de fatigue avait eu raison d’elle et elle s’était endormie sans même s’en rendre compte. Tout simplement.
« Tout va bien dame elfe ?
Demanda un homme d’équipage, occupé à ranger un coffre à l’autre bout de la pièce.
« Hein ? Oui, oui… J’ai juste eu un mauvais rêve.
La jeune femme était encore un peu étourdie par le songe qu’elle venait de faire. Les cauchemars ne la hantaient plus normalement, depuis bien longtemps. D’autant que cette fois ci, le sujet était tout à fait inhabituel. Perplexe, elle se releva et alla vers la commode, prendre un gilet de laine épais. Le froid pénétrait même par les hublots, tant il était intense. Et c’en était un qui n’avait rien de rassurant. Il se mêlait au silence, que seul le craquement des lattes du bateau venait briser.
« Lucain est rentré ?
Demanda t’elle, tout en boutonnant la fermeture.
« Non ma Dame.
- Vraiment ? Mmh… Ses yeux se posèrent sur l’horloge, qui lui rappelait son rêve. Ça commence à faire un moment… Ce n’est pas normal.
Souffla t’elle, en glissant par la porte, en direction du pont. Un vent glacé saisit le col de la jeune elfe, dont le regard aiguisé parcourait déjà l’étendue gelée, inquiète. Elle savait que quelque chose n’allait pas, même si cela semblait irrationnel. Une intuition poussée par le souvenir de cet étrange songe, de ces images et du visage de cet homme dans le noir, dont elle ne distinguait déjà plus les traits. Tout s’évanouissait, retombait dans son inconscient, mais laissait quand même la trace d’un sentiment puissant.
« Vous avez vu Lucain ? Vous avez remarqué quelque chose de particulier ?
Demanda t’elle aux autres hommes d’équipage.
« Rien. A part des grondements de la glace qui se fend, rien ne bouge, ici. Je vous avoue que j'ai bien hâte de partir d'ici.  
- Moi aussi.
Murmura t'elle, laissant apparaître une ride entre ses sourcils froncés. Et comme elle était incapable de se calmer, Tinuviel commença à arpenter le navire en réfléchissant. Elle avait beau tenter de se raisonner, le sentiment qui l'habitait ne la quittait pas. Au contraire, il croissait à chaque minute, au point de devenir insupportable.  
« Sortez Bill de la cale. Je l'emmène, on va chercher Lucain.
Finit elle par ordonner, tout en disparaissant par l'escalier d'où elle était venue.
- Vous êtes sure, mademoiselle ? Ce n'est peut être pas la peine de s'affoler si tôt.
- Faites le ! Cria l'elfe en se retournant. Puis, réalisant le ton sur lequel elle avait parlé, la jeune femme se calma et ajouta, un peu gênée. S'il vous plaît.
Quelques minutes plus tard, Bill se trouvait sur le pont. Les hommes d'équipage étaient en train d'installer une passerelle, pour lui permettre de descendre. Pendant ce temps, Tinuviel lui passait des couvertures chaudes et des protections pour sabot. Chacun s'échangeait des regards silencieux de perplexité, n'osant pas commenter l'étonnant comportement de ce petit bout de femme. Elle n'ajouta rien de plus, au moment de descendre du pont. Et quand elle se retrouva à son tour sur la banquise, sa première pensée fut à ce froid terrible qui lui saisissait les os. Une étendue gelée et blanche : tableau d'apocalypse pour l'elfe des bois qu'elle était. La belle ajusta la position de son écharpe et son chapeau de fourrure. Puis, elle fit le premier pas, ce n'était pas le moment de flancher.
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Mar 08 Oct 2013, 03:02

- On s'réveille !

Je sursautai et me cognai violemment la tête contre le mur se trouvant derrière moi - ouais, dormir assise, c'est moyen en fait - avant de lâcher toute une série de jurons aussi élégants que raffinés, incluant entre autre les organes génitaux d'un Aether prit au hasard et la grand-mère de celui dont la voix tonitruante venait de me réveiller. Bon sang, on faisait plus délicat, comme manière de tirer quelqu'un du sommeil... Tandis que le marin continuait à cogner comme un sourd sur la porte de ma cabine, je me glissai hors de mon lit et pris soin d'enfiler trois couches supplémentaires de vestes en tous genres avant de finalement ouvrir au type qui semblait au bord de la crise d'angoisse.

- m*rde, grommelai-je sans tenter de dissimuler ma mauvaise humeur, c'est quoi l'problème encore ? La délicatesse, vous connaissez ?

Ouais, c'était un peu la marmite qui se foutait du chaudron venant de moi, mais bon. J'avais accepté - et gratuitement, en plus - d'accompagner ces types dans leur expédition en tant que médecin, la moindre des choses aurait tout de même été de me réveiller en douceur, non ? Voire de m'apporter le petit déjeuner au lit, en fait, ça aurait pas été mal non plus. Mais je ne pouvais au final pas tellement en vouloir aux membres de cet équipage un peu rustre, parti pour je ne savais quelle raison se balader sur ce continent inconnu alors qu'ils n'avaient l'étoffe ni de chercheurs, ni réellement d'explorateurs. Hormis leurs manières un peu brutales, je les trouvais plutôt sympa, au fond ; le genre de types qui se bidonnent pour un rien - d'ailleurs, l'épisode de "la fois où Elisha a failli se couper un doigt en voulant attacher une corde" n'a pas fini de les faire marrer - qui ne sont pas emmerdants pour un sou - hormis leur tendance à beugler à des heures trop matinales - et qui ne s'offusquent pas le moins du monde de ma grossièreté et de mon manque de savoir-vivre qui pourtant en avait choqué plus d'uns en ce monde.

- C'est Markus, fit-il, nullement dérangé par mon attitude légèrement agressive. Il gerbe partout depuis c'matin.

- J'lui avais bien dit d'arrêter d'bouffer les granulés de Charlie,
maugréai-je en suivant néanmoins le marin jusqu'aux quartiers de celui que j'étais censée soigner. Erk, ça daube... Z'auriez pas pu nettoyer ?

- Bah, ça sert à rien, y re-dégobille par-dessus ensuite...

Je haussai les épaules, battue à plate couture par la logique imparable de mon interlocuteur, et me dirigeais vers le malade en évitant de mon mieux les flaques de vomi qui jonchaient le sol. Heureusement que le bateau était amarré, parce que je n'aurais probablement pas manqué de me vautrer au moindre mouvement un peu trop brusque, au vu de mon équilibre remarquable. Avec un soupir, je m'assis près de Markus, un type un peu enrobé qui souffrait visiblement du peu de variété de nos menus et bouffait donc absolument tout ce qui lui tombait sous la main. Quoique vu les trucs plutôt insipides - voire complètement infâmes - que nous mangions depuis que nous étions partis, les céréales de ma licorne devaient paraître savoureuses... Posant ma main à plat sur le ventre du gros homme pleurnichard - je n'avais aucune idée de ce qu'un type comme lui était venu faire ici, à vrai dire - j'y insufflais ma magie blanche, observant le visage de mon 'patient' se détendre peu à peu tandis qu'elle faisait effet. Une intoxication alimentaire, c'était pas trop dur à soigner... En revanche, avoir à supporter dès le réveil des relents de suc gastrique, j'appréciais un petit peu moins. Étouffant un bâillement, je posai mon regard sur un Markus visiblement apaisé et un peu moins enclin à répandre le contenu de son estomac sur le sol, me relevai et m'en retournai d'où j'étais venue.  

- Evite de piquer la bouffe d'ma licorne, à l'avenir,
lâchai-je avant de passer la porte. En plus, ça l'fout en rogne et il en profite pour me gonfler... Et puis, nettoyez ça avant qu'l'odeur envahisse tout le bateau, ça schlingue vraiment.

- J'y touche plus, ton bestiau m'insulte et essaie d'me latter quand je m'approche, répondit le malade avec dépit. J'avais trouvé des p'tits champignons dans la cale, dans une flaque d'infiltration... J'pensais pas que ça serait dangereux.

Je poussai un profond soupir, légèrement désabusée. Ce type était irrécupérable, décidément... Vraiment, je n'avais aucune idée de ce que quelqu'un d'aussi peu débrouillard que lui pouvait avoir à faire dans un voyage pareil. Est-ce qu'il s'était attendu à trouver des arbres à choux à la crème, sur le continent des glaces ? En tout cas, il avait de quoi être déçu, parce que c'était tout ce qu'il y avait de plus vide, aride et dénué de vie, ici. A la rigueur, il pouvait sucer la glace, mais je doutais que ça le satisfasse... Peut-être s'agissait-il simplement d'un pari et qu'il gagnerait son poids en charcuteries à son retour, qui sait.

- Ben, arrête juste d'bouffer n'importe quoi de manière générale, alors. Demande, si t'as un doute. Mais la licorne est pas comestible, j'te préviens tout d'suite... Bon, j'vais m'recoucher,
ajoutai-je à l'intention de celui qui était venu me chercher. Si jamais vous avez b'soin d'autre chose, réveillez Enzel, ok ? Moi j'passe mon tour, quatre heures de sommeil c'est pas assez.

Bon, certes, ce n'était pas particulièrement sympathique pour l'illuminae qui m'accompagnait - également en tant que médecin - mais j'estimais avoir donné pour la matinée. Et puis, ce n'était pas lui qui avait été tenu éveillé jusqu'à une heure plus que tardive par les revendications télépathiques d'un équidé lassé du voyage... Bon, emmener Charlie n'était pas forcément la meilleure idée à avoir, remarquez, mais c'est lui qui avait insisté. Allez savoir pourquoi, encore une fois, mais ce voyage semblait de toute façon réserver pas mal de surprises niveau passagers. Quant à Enzel... Bah, peut-être lui non plus n'avait pas beaucoup dormi, je n'en savais rien, mais j'éprouvais pour ma part un besoin intense d'aller de nouveau rejoindre mon lit. Et puis, rien ne disait que les marins auraient de nouveau besoin de nos services avant la fin de la matinée : nous étions arrivés, et les marins avaient décidé de ne commencer leur 'exploration' que le lendemain. A priori, à moins que Markus ait décidé de partager ses talents culinaires avec l'ensemble de l'équipage, il n'y avait pas grand risque que qui que ce soit parvienne à se blesser... L'esprit plus ou moins tranquille, je repartis donc me vautrer sous ma couette, histoire de dormir quelques heures de plus que ce que m'avait permit l'action conjuguée d'une licorne pénible et d'un marin gastronomiquement inconscient.

Je ne me levai de nouveau qu'en début d'après-midi, alors que tous les passages du navire terminaient de manger la bouillie d'avoine qui leur servait de repas dans les cuisines. Emmitouflée dans plusieurs couches de fringues empilées les unes sur les autres, je me pointais donc nonchalamment dans la pièce qui nous faisait à tous office de salle à manger, et m'emparai d'un bol encore plein dont j'ingurgitai le contenu avec un certain dégoût. Bon, je ne pouvais pas complètement blâmer Markus non plus... Je finis néanmoins mon assiette - parce que le gras, c'est la vie et ça tient chaud - et me tournai vers Enzel avec un sourire presque enjoué - ouais, quelques heures de sommeil en plus pouvaient être hautement bénéfiques à mon humeur.

- Hey, dis-moi, si t'as rien prévu d'faire, on peut p't'être aller faire un tour dehors, nan ? Pas qu'ça m'passionne, mais... Bah, histoire d'bouger un peu. Et puis, Charlie va imploser si j'le laisse pas dégourdir ses papattes d'ici peu...

J'ignorai le clin d'œil appuyé que m'adressa l'un des marins, ainsi que les sourires narquois échangés par quelques autres. Allez savoir comment ils avaient réussi à se foutre dans la tête qu'Enzel et moi étions en couple, mais ils n'en démordaient pas... Et il avait suffi que je démente la chose pour qu'ils s'imaginent que nous voulions tout bonnement le cacher à l'équipage. Mais leurs hypothèses m'importaient bien peu, à vrai dire ; il n'y avait jamais rien eu d'ambigu entre moi et le jeune homme, que je voyais comme un collègue plutôt sympa sans vraiment chercher plus loin. Quelque chose me disait cependant que, si je cherchais plus loin, il était possible que je ne m'entende pas trop mal avec lui, mais ça s'arrêtait là. Et l'opinion de péquenots reconvertis en marins aventuriers ne me faisait à vrai dire ni chaud ni froid...
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Jeu 10 Oct 2013, 21:21

Entendre un grand 'bong' suivi d'un chapelet d'injures toutes aussi fleuries et inventives les unes que les autres – en priant accessoirement pour que les grands-mères et les Aetheri n'étaient pas trop susceptibles – à une heure pour le moins matinale, avouez que ça n'aide pas franchement à prendre du repos. Pas que j'avais le sommeil particulièrement léger, mais il fallait quand même avoir un sommeil de plomb et être capable de dormir sous le Volcan Enflammé en pleine éruption pour pouvoir demeurer au pays des songes alors que ledit remue-ménage avait lieu dans la cabine jouxtant la mienne. J'étouffai cependant un grognement, me retournai sous ma pile de couvertures – moi je ne dormais pas assis près des murs, hein – et décidai de faire confiance à Elisha pour réveiller le reste du navire et accessoirement sauver les tripes qui avaient besoin d'être sauvées, et fermai de nouveau les yeux, m'abandonnant sans remords à un sommeil salvateur. Même si cela pouvait sembler être un poil égoïste vis-à-vis d'Elisha, je ne voyais pas l'utilité d'aller la seconder juste histoire de jouer la plante verte, ses capacités de Magicienne suffisant très certainement à régler le problème du moment. Quelques heures supplémentaires de sommeil ne me feraient pas de mal...

Je me réveillai néanmoins de nouveau à peine une heure plus tard, émergeant d'une série de rêves peu agréables. Entre le songe de psychopathe chronique qui m'affectait depuis que mes ailes s'étaient teintées de noir et l'appel mystérieux de cet endroit que certaines Fées entendaient dans leur sommeil – et pas que – il semblait qu'un facteur autre que ma voisine de cabine avait décidé que je ne prendrais pas plus de repos que cela au cours de cette nuit qui touchait vraisemblablement à sa fin. Frottant mes yeux du bout de mes doigts après m'être étiré, je m'extirpai de la couche de couvertures que les marins avaient bien voulu me céder et me levai, ne tardant guère à enfiler bottes, manteau et mitaines. Qu'est-ce qu'on se les pelait ici... Quelle mouche avait donc piqué cet équipage pour qu'il désire s'aventurer aussi loin des terres connues, et surtout dans un endroit du monde aussi peu réchauffé ? Je jetai un œil aux épées que j'avais posées contre le mur du fond de ma petite cabine, et décidai après réflexion de les emporter, car même si je n'avais à priori rien à craindre à bord de ce bateau, je ne doutais pas que quelques petits malins ayant trop bu ou ayant simplement envie de se ficher de ma poire ne manqueraient pas d'y toucher si je les laissais sans surveillance... Après quelques jours de voyage, j'avais quand même fini par cerner la psychologie d'ensemble de l'équipage, si bien que je savais pertinemment que celui-ci comptait quelques cas particuliers réservant moult surprises... Surprises dont j'avais moyennement envie de faire connaissance – et parmi lesquelles on pouvait compter les étranges habitudes alimentaires d'un certain Markus.

Sortant de ma cabine, je m'arrêtai brièvement devant celle de ma voisine, qui semblait l'avoir regagnée pour de bon. Vu son humeur au réveil – prématuré certes – je doutai qu'elle soit encore encline à faire preuve de bonne grâce pour le prochain marin qui aurait l'idée de se chopper un mal de ventre, de mer, de tête ou de je ne sais quoi encore. Finalement, peut-être n'était-ce pas si mal que je me sois levé d'aussi bonne heure, afin d'épargner à certains Aetheri d'autres qualificatifs décidément inadéquats pour de chastes oreilles – quand bien même je doutais quelque part que les oreilles des Aetheri soient particulièrement chastes. Gagnant le pont – probablement mû par je ne sais quelle pulsion masochiste me dictant d'aller me geler les miches là-haut – j'eus le loisir de poser mon regard sur le soleil levant, avant d'être interpellé par l'un des marins s'affairant non loin, enroulant une corde qui, d'après mes souvenirs, avait déjà causé du tort à une certaine personne à bord de ce navire...

« Hey Doc' ! D'jà l'vé ? Et t'as laissé ta copine seule dans l'froid ? »

Le sourire moqueur et le sous-entendu à peine voilé de l'homme me tirèrent une grimace que je ne pris guère la peine de dissimuler. Ces marins étaient bien... des marins. Un peu simples d'esprit sur les bords, et surtout très friands d'histoires peu subtiles... Si bien qu'ils n'avaient pas tardé à nous imaginer bien plus que connaissances amicales en nous voyant, Elisha et moi, embarquer sur un navire dont le voyage durerait un certain bout de temps. Si j'avais su, j'aurais emmené Feyd... Quoique les marins auraient été capables de l'imaginer en train de tenir la chandelle.

« J'ai pas vraiment prévu de m'faire exploser le nez aujourd'hui, répliquai-je au marin avec un sourire mi-figue mi-raisin. »

Bah ouais, c'était à peu près la réaction prévisible de la Magicienne au cas où elle se serait retrouvée avec un étranger dans son lit – quoiqu'elle ne dormait pas dans son lit, mais bon. J'avais beau la connaître par l'intermédiaire des Protecteurs du Bonheur, la demoiselle au langage aussi fleuri que les jardins féeriques ne comptait pas vraiment dans mes connaissances proches – qui se comptaient sur les doigts d'une main, en fait. Le marin ne se gêna toutefois pas pour rire à gorge déployée, prenant sans doute ma réticence pour de la gêne, avant de vaquer de nouveau à ses occupations.

« Tiens, puisque t'es là, reprit-il en tournant les talons, tu pourrais j'ter un œil au p'tit doigt de Fitz, il lui est arrivé des bricoles... »

Allons bon. Le petit doigt de Fitz. Quelque chose me disait que ces marins n'avaient pas l'habitude d'avoir autant de médecins à bord, et qu'ils en profitaient pour se coincer les doigts dans toutes les portes qu'ils croisaient. Poussant un soupir, je me résignai à aller voir ledit marin pour lui remettre son doigt en place, et décliner au passage une partie de dés que me proposa celui-ci. Ma dernière tentative aux jeux de hasard ne s'était pas si bien soldée que cela, et j'en gardais encore un souvenir quelque peu amer... Je passai ainsi la matinée à errer sur le navire, aidant de temps à autre les marins à accomplir leurs besognes, tout en ignorant certains sous-entendus pas franchement subtils... Il semblait qu'aucun autre marin n'avait eu la bonne idée d'aller s'empoisonner avec un champignon étrange...

La voyant toutefois s'installer à côté de moi à l'heure du repas et m'adresser la parole avec une certaine joyeuseté, je décidai de passer sa malchance sous silence, par égard pour beaucoup de monde – moi et les Aetheri y compris. D'autant plus que sa proposition, venant après un repas dont je me passerai de qualifier la saveur et une matinée passée à tourner en rond sur un navire que j'allais finir par connaître par cœur, me semblait des plus honnêtes, et des moins ennuyeuses. Et peu importait le clin d'oeil que l'un des marins adressa à Elisha avec la discrétion d'un éléphant dans un magasin de porcelaine.

« Ca m'paraît bien, comme idée. Surtout que j'ai pas tellement envie que ton Charlie multiplie notre dose de travail par deux. »

Une licorne de mauvaise humeur, ça n'était jamais bon pour les membres d'un équipage de navire. Il me semblait d'ailleurs que Markus en avait fait l'expérience, puisque j'avais dû lui remettre quelques tendons en place suite à une altercation avec l'équidé. Bon d'accord, aller piquer la bouffe de la licorne n'avait pas été la plus brillante idée qui lui ait jamais traversé l'esprit...

« J't'attends dehors, déclarai-je en me levant. »

Après avoir donné mon bol au préposé à la vaisselle – qui avait dû perdre je ne savais quel pari – je quittai donc la salle commune et me rendis sur le pont, laissant à Elisha le loisir d'aller chercher sa licorne, et, éventuellement, une couche supplémentaire de vêtements si besoin – pour ma part, j'avais déjà flâné une bonne partie de la matinée sur le pont, aussi avais-je déjà pris mes précautions. Réprimant un frisson en sentant la morsure du froid malgré mes précautions, je sautai par-dessus le bastingage et rejoignis en volant la terre ferme, qui tenait d'ailleurs plus de la glace que de la terre – si bien que je manquai quelque peu de me rétamer en posant le pied au sol, suscitant l'hilarité des quelques marins qui m'avaient vu partir. Enfonçant machinalement mes mains dans mes poches, je balayai l'horizon du regard : de la glace, et rien que de la glace. Fermant les yeux, je tendis mon esprit vers tout ce qui avait attrait à la nature, mais me heurtai à un vide intersidéral, aucun végétal ne survivant sous un tel climat. Mais au moment où je m'apprêtai à ouvrir les yeux, un murmure me parvint, avant de se noyer dans l'étrange silence qui régnait sur ces terres de glace.

Cependant, une image demeurait dans mon esprit, celle d'une fleur de glace, dont la beauté était aussi éternelle que sa prison de gel. Ainsi qu'un sentiment d'inquiétude qui ne m'appartenait pas. Je rouvris les yeux et scrutai de nouveau l'horizon de glace, mal à l'aise. Ces terres n'étaient-elles pas censées être désertes ? Pour qui, ou pour quoi cette fleur s'inquiétait-elle ?
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Sam 12 Oct 2013, 16:59

Aussi loin que se portait son regard, Tinuviel ne voyait que de la glace. Une plate étendue blanche, à perte de vue, dont elle ne distinguait pas la fin. Toute vie y était absente. L’air même, en plus d’être glacé, lui semblait mort. Il était dénué de parfum, dénué de tout. Il soufflait pourtant, de plus en plus fort, en charriant des paillettes de gel. A chaque bourrasque, il lui piquait la peau, murmurait à son oreille qu’elle ferait mieux de partir, car cet endroit n’était pas pour elle.
Pauvre elfe, qui sentait déjà ses forces l’abandonner, alors qu’elle était encore loin de son but. Mais le spectacle de cette désolation froide l’abattait. Elle, fille de forêt, ne concevait l’existence qu’à travers l’odeur fraîche du sapin, la douceur de l’humus et la caresse rugueuse de l’herbe. Elle se perdait tellement, dans ce tout, vide, comme le doute la gagnait. Ne valait il pas mieux faire demi tour ? Etait elle capable de réussir ? Pourquoi était elle la déjà ? Pourquoi cet endroit ? Tinuviel, dont le regard fouillait le blanc, ne savait plus. Alors, comme à un fil d’Ariane, elle s’accrocha aux empreintes à peine visibles de l’ange dans la neige. Et comme le vent ne cessait de s’intensifier, en les recouvrant, elle forçat l’allure.
Arrivée au sommet d’une butte, la belle elfe jeta son regard à l’horizon. La mer, d’azur profond, tranchait non loin à sa gauche, tandis qu’à droite, toujours plus de glace touchait le coin du ciel. Elle regarda la mer, envieuse, semblant apercevoir le blanc d’une voile s’y découper. Mais elle n’était pas sure, alors elle reposa son regard à ses pieds. Posant un genou à terre, elle effleura la marque du bout de ses doigts gantés. De nombreux sentiments mêlés lui prirent le cœur ensemble. Par-dessus tout, elle était inquiète. Le vent ne faiblissait pas, au contraire. Il aurait tôt fait de recouvrir ce qui restait des empreintes de l’ange. Il fallait se dépêcher.

Tinuviel se releva alors, mais au moment de faire le premier pas, le sol se déroba sous elle. La couche de neige, sur laquelle elle se tenait, venait de céder. L’elfe se senti tomber, les oreilles prises par le hennissement puissant de Bill, qui prenait la fuite. Elle roula jusqu’au bas de la butte.
On la vit prendre appuis sur ses bras, se redresser. Une plaque de neige glissa de son dos. On distinguait de nouveau ses vêtements. Elle toussa, cracha et se releva en chancelant. Plus de peur que de mal, elle n’avait rien, pas même une égratignure. Son regard se porta immédiatement vers le sommet de la petite colline.
« Bill ? Bill ?!
L’animal n’était plus la. Il avait prit peur.
« Bill ! Revient ici ! Allons !
D’un pas mal assuré, elle tâcha de regagner le sommet en s’aidant parfois de ses mains, pour aller plus vite. Les choses ne se passaient pas comme elle l’avait espéré. Cela brisait sa patience, elle qui en avait déjà assez.
« Bill !
Sa voix se cassait. Les prises n’étaient pas bonnes, elle dévala de nouveau la pente jusqu’en bas. C’en était trop. Tinuviel resta à terre, elle sanglotait, simplement à bout nerveusement.
« Pourquoi il a fallu que tu partes ? Ange imbécile ! Regarde moi, maintenant… J'ai l'air maligne...
L’elfe renifla, essuyant une larme tiède de sa joue, avant qu’elle ne gèle. Un éclair brillant avait attiré son regard. Elle regarda mieux. C’était la, sous la neige. Sa chute l’avait découvert : un reflet d’argent. Tinuviel s’y accrocha alors, aussi futile qu’il fut, oubliant son tracas. Elle se contenta de creuser la neige, pour atteindre ce reflet. Après quelques instants, elle parvint à dégager l’objet qui s’en trouvait à l’origine.
« Par tous les Aetheri… c’est sa dague.
En effet, il s’agissait bien de l’arme de Lucain, arrachée par Vergil de ses mains. Elle portait encore, sous la forme de traces gelées, le sang du vampire. L’elfe la contempla, incrédule, tout en se demandant ce que son ange avait bien pu faire. Mais elle n’eut pas le temps de s’y concentrer davantage. Un souffle chaud s’immisçait dans son cou. Elle se retourna : Bill était revenu. En le voyant, elle sourit.
« Merci.
Murmura t’elle en lui caressant la joue. Le poney répliqua par un soupir sonore, comme il regardait vers la mer. La jeune femme l’imita en fronçant les sourcils. Ce qu’elle avait cru voir, un peu plus tôt, était réel : un navire. Tinuviel bondit sur ses pieds, tout en passant la dague dans sa ceinture. Elle saisit ensuite les rennes de Bill, le cœur plein d’une détermination retrouvée. Car une silhouette se dessinait maintenant sur la glace, non loin de la côte. La jeune femme ne pu contenir quelque espoir, même si elle se doutait bien qu’il ne s’agissait pas de l’ange. Elle entreprit tout de même d’y diriger ses pas, pour un mot, une main tendue.
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Dim 13 Oct 2013, 06:56

Je me levai à mon tour et suivis l'illuminae hors de la salle, laissant aux marins le loisir de s'imaginer toutes sortes de choses plus répugnantes les une que les autres quant à ce que nous allions faire tous les deux, loin des regards indiscrets de l'équipage. Enzel savait comme moi qu'il ne risquait pas de se passer grand-chose de bien palpitant, mais j'avais assez rapidement compris qu'il valait mieux laisser les abrutis penser ce qu'ils voulaient, à moins d'avoir envie de perdre neurones et patience à tenter d'expliquer quoi que ce soit à des individus qui de toutes façon ne voulaient PAS comprendre. Cela dit, je n'étais pas si mécontente que cela que leurs spéculations imbéciles les aient menés à penser que le fé et moi entretenions une relation amoureuse ; au moins, je n'avais pas à m'inquiéter outre mesure d'être la seule femme sur un bateau empli de marins à la subtilité quasi inexistante. Tant qu'ils me supposaient 'prise', ils ne viendraient à priori pas me faire de propositions douteuses... Pas que je sois particulièrement désirable, hein -  j'avais d'ailleurs du mal à comprendre comment ses mecs pouvaient penser que quelqu'un comme Enzel pourrait me trouver du charme – mais tout de même, un mois seule avec que des hommes, c'était moyennement rassurant.

Sans réellement prêter attention aux sous-entendus à peine voilés de l'équipage – ces gars-là faisaient dans la finesse, vraiment – je sortis de la salle commune et me dirigeai vers ma cabine, où je me vêtis, par-dessus tout le reste, d'une veste en laine de plus et d'un épais manteau – ouais, si je continuais à empiler les couches, j'allais pas tarder à disparaître... Je rajoutai des gants et rabattis la capuche d'une de mes vestes sur mes oreilles, avant de m'en aller chercher la licorne qui se morfondait dans son box. Licorne qui, lorsque je lui annonçai que nous sortions, sembla partagée entre l'appréhension et la satisfaction. Évidemment, tout cela était largement surpassé par le mécontentement que le temps plutôt frais – et par là même, la nécessité de couvrir son beau pelage afin de ne pas geler – lui inspirait. Après l'avoir couvert d'une couverture que j'attachai au niveau de l'encolure – il y avait plus élégant, certes, mais je préférai ne pas avoir à trimbaler un équidé congelé avec moi – j'ouvris la porte de son box, dont il sortit avec toute la fierté dont il était capable. Markus, qui avait finit par se remettre de ses émotions et venait de sortir, se précipita de nouveau à l'intérieur de sa cabine en apercevant l'animal, qui avait du lui laisser quelques mauvais souvenirs lors de leur précédente rencontre, sans que cela ne semble affecter particulièrement l'intéressé. J'imagine qu'au fond, il devait être fier d'inspirer ainsi le respect et de provoquer la crainte des braves gens trop rustres pour qu'il les autorise à l'approcher, mais il ne le montrait pas. Son regard fixé sur l'étendue de glace, la tête haute, il attendait plus ou moins patiemment que les marins installent la passerelle qui lui permettrait de descendre du navire.

Et, une fois ladite passerelle installée, je ne sais quelle idée stupide le poussa à la descendre au grand trot, levant haut les sabots dans le but manifeste de faire étalage de sa prestance et de son élégance à un public pourtant pas particulièrement exigeant. Sauf qu'une licorne, c'est pas antidérapant... Et qu'en posant le pied sur la glace sur laquelle il s'était précipité, il ne put simplement pas s'arrêter : se sentant glisser, il continua sa course sur quelques mètres afin de maintenir un semblant d'équilibre, avant d'effectuer un magistral dérapage, qu'il débuta debout et termina vautré sur le flanc après avoir longuement patiné dans l'espoir vain de conserver ce qu'il lui restait de dignité. Il manqua de peu de percuter Enzel dans sa course effrénée, alors qu'il se trouvait encore sur quatre pattes, et ne fut stoppé dans son élan que lorsqu'il rencontra un obstacle inattendu, qui me surprit assez pour que j'en oublie de me ficher de sa poire. Sans prêter plus d'attention à la licorne qui geignait, les quatre fers en l'air et la mine dépitée, je posai un regard sur l'objet qui venait d'être percuté ; objet qui se trouvait être un second équidé, légèrement moins fier et élégant que celui que j'avais en ma possession. Un poney, en fait. Un poney, accompagné d'une jeune femme qui avait eu la chance de ne pas être percutée par la catastrophe ambulante qu'était ma licorne, se trouvant tous deux à une dizaine de mètres de notre bateau – ouais, Charlie avait été loin.

Sans pouvoir retenir un petit ricanement en voyant mon animal de compagnie tenter de se relever de la manière la plus pitoyable qui soit – la compassion et moi, ça faisait deux – je me téléportai près des deux arrivants, plus étonnée de leur présence qu'autre chose. Sans doute que j'aurais été méfiante, si j'avais été normalement constituée, mais tenter de discuter avec des gens trouvés dans un endroit aussi improbable que celui-ci me semblait être une meilleure idée que les fuir. J'atterris à quelques centimètres d'un Charlie enfin relevé, auquel je m'accrochai afin de ne pas perdre l'équilibre à mon tour. Ce qui, la stabilité de la bête n'étant pas optimale, eut pour seul effet de le faire s'effondrer de nouveau, moi avec lui. Être la cause et l'une des protagonistes d'une situation si ridicule ne me posant pas de problème particulier, je ne pus m'empêcher de laisser de nouveau échapper un petit rire, quelque peu amusée malgré tout de me retrouver assise sur une licorne grincheuse. Je me relevai précautionneusement, laissant à l'animal le loisir d'en faire autant, et me tournai vers la dame et son compagnon.

S'ensuivit un léger moment d'absence, durant lequel je tentai de me souvenir dans quelles circonstances j'avais pu auparavant croiser la jeune et jolie elfe qui se trouvait devant moi, que j'étais absolument certaine de déjà connaître. Ma mémoire à moitié moisie me fait parfois oublier des trucs, mais j'en invente quand même rarement... Et elle, j'étais sûre et certaine de l'avoir déjà vue quelque part. Bon, j'étais incapable de me souvenir de quoi que ce soit à son propos, mais c'était un début.

- Désolée, lançai-je distraitement, j'devrais lui mettre des crampons. On s'connait, nan ? Tu traînerais pas au Sanctuaire, des fois ?

Après tout, c'était le plus probable, puisque le Sanctuaire était l'endroit que je fréquentais moi-même le plus. Et donc, c'était là que je rencontrais le plus de monde, et en particulier d'êtres de nature de bénéfique. Et puis, c'était plein de monde qui passait et repassait, c'était quand même propice à l'oubli des noms, prénoms et autres trucs du genre... Enfin, qui qu'elle soit, cette fille était toute seule – enfin, non, elle avait un poney – sur cette immense étendue de glace, et c'était en soi plutôt étrange. L'endroit n'était pas franchement idéal pour une promenade... Quoique, c'était bel et bien un truc du genre qu'Enzel, Charlie et moi nous apprêtions à entamer avant l'arrivée de la demoiselle et la gamelle monumentale de mon bestiau. Histoire de tromper l'ennui, et peut-être aussi un peu de fuir l'équipage de rustres qui, bien que pas foncièrement mauvais, étaient franchement lassants à la longue. Peut-être qu'elle aussi avait voulu fuir des marins lourdingues... Même si en soi, il était assez inconcevable qu'un tel amas d'énergumènes en tous genres puisse exister en plusieurs exemplaires.

- Et, euh, si jamais vous êtes paumés ou quoi qu'ce soit, on vous invite sur notre bateau, hein. Et si vous avez b'soin d'aide... Ben, on a rien à faire aujourd'hui, semblerait, ajoutai-je avec un demi-sourire presque engageant.
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Lun 14 Oct 2013, 22:26

« Uwah ! Manque les freins... »

Ce fut la première pensée qui me vint à l'esprit, et que je ne pus m'empêcher de trahir à voix haute lorsque je vis arriver, droit vers moi, la licorne emmitouflée dans une couverture qui, malheureusement pour elle, nuisait quelque peu à son élégance – mais dans le fond, on s'en fichait comme de ma première chemise, même si je ne portais pas de chemise. L'objet très identifié arrivant sur moi tel un bolide, et préférant m'écarter plutôt que de tout miser sur un calcul de trajectoire plus ou moins foireux, je fis un petit bond en arrière afin de laisser l'animal poursuivre son chemin, manquant moi-même de me rétamer de nouveau – note pour soi : ne jamais s'amuser à sauter sur ce qui ressemble de près ou de loin à une patinoire – et plaçai ma main en visière, suivant du regard l'équidé et cherchant à estimer son point d'arrivée avec un sourire moqueur aux lèvres, si il daignait d'arriver un jour. Parce que vu comme il était parti, je n'aurais guère été étonné de le voir faire le tour du continent glacé en mode serpillière. Et j'avisai malgré tout un peu tardivement la présence de deux individus se trouvant droit sur la trajectoire de la licorne patineuse, mon sourire se transformant en grimace lorsque je vis notre Charlie national percuter l'un des deux autochtones. Enfin, autochtones... Je doutais franchement que qui que ce soit ait élu domicile sur cette fichue île décidément trop glaciale, aussi était-il plutôt fort probable que les deux individus n'étaient pas vraiment du coin.

Fronçant les sourcils, je corrigeai ma pensée : il semblait y avoir là une jeune femme et un poney, plutôt que deux individus. Enfin, quoique, le terme d'individu pouvant être assez large... Je grimaçai à nouveau en chassant cette pensée de mon esprit – il fallait croire que les longs voyages en mer, ça finissait par me déménager les neurones – et me décidai à rejoindre le poney, la jeune femme, la licorne, et... ah tiens, et Elisha. Qui s'était téléportée de la manière la plus splendide qui soit, s'accrochant à son équidé suite à son arrivée, et ne manquant évidemment pas de lui faire de nouveau manger la glace, l'entraînant avec elle vers le sol. Un sourire narquois aux lèvres, je déployai avec un frisson mes deux ailes d'un noir translucide et rejoignis le petit attroupement, préférant voler quelques centimètres au-dessus de la glace plutôt que de me rétamer à mon tour – je sais, je sais, on dit jamais deux sans trois, mais je préférais quand même éviter. Je posai brièvement mon regard sur Elisha et sa licorne afin de m'assurer que rien n'avait été cassé dans le procédé de chute récidivante – mais visiblement non, sinon nul doute que les choses auraient été moins calmes – avant de river mes prunelles gris acier sur l'inconnue, dont le poney venait joyeusement de rencontrer Charlie – j'espérais pour lui qu'il n'avait pas l'intention de s'enticher de sa nouvelle connaissance, parce que c'était quand même bien mal parti.

L'inconnue ne m'était pas si inconnue que cela, en fait. Son visage aux traits fins encadrés par une chevelure blonde, de laquelle dépassait deux oreilles pointues m'était vaguement familier, et Elisha ne tarda pas à mettre le doigt sur la raison pour laquelle l'Elfe ne me semblait pas particulièrement étrangère. En effet, si celle-ci travaillait au Sanctuaire des Protecteurs du Bonheur, il y avait de fortes chances que je l'aie déjà croisée, voire même échangé quelques mots avec elle. Ceci dit, ne parvenant pas vraiment à mettre un nom sur son joli minois, il était plutôt probable que les choses s'en étaient tenues là. J'avais beau avoir une assez bonne mémoire, j'avais, pour je ne savais quelle raison, un peu plus de mal avec les noms et les visages... - et franchement, c'est pas pratique, surtout quand on s'occupe de plusieurs patients. Enfin, quoi qu'il en soit, il était plutôt surprenant de rencontrer à l'autre bout du monde quelqu'un que nous aurions pu trouver au Sanctuaire, surtout dans ce bout du monde où il ne semblait pas y avoir grand chose à faire. Soit la demoiselle avait accepté un job semblable au notre, soit elle se sentait d'humeur particulièrement aventureuse, soit il y avait un problème. Et quelque chose me disait qu'il y avait un problème, parce que les deux autres hypothèses ne me paraissaient pas tellement vraisemblables. Mais allez savoir, peut-être était-ce moi qui était un peu parano sur les bords.

« Y'a quand même plus subtil qu'notre équipage, prévins-je, aussi songeur que moqueur. »

Si les marins me voyaient revenir en compagnie d'une demoiselle en plus, nul doute que ça allait jaser dans les chaumières. Pas que cela m'importait dans le fond, mais j'aurais aimé si possible ne pas avoir à supporter leurs vannes douteuses tout le long du retour – je n'étais pas certain d'avoir suffisamment de patience pour plaisanter pendant des semaines à propos d'amour avec une Elfe. Ceci dit, si la jeune femme était effectivement perdue et qu'elle recherchait un abri, j'étais loin de m'opposer à ce que nous l'accueillions à bord de notre navire.

« 'fin... Si vous êtes vraiment paumés, vous êtes venus vous paumer bien loin. Sinon, comme dit Elisha, on a rien d'mieux à faire que se geler les miches sur cette banquise, donc si on peut vous aider, hésitez pas. »

On passerait outre le fait que la proposition venait de quelqu'un dont la licorne venait de percuter le moins élégamment du monde le poney accompagnant l'Elfe aux cheveux blonds.
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Mar 15 Oct 2013, 14:54

Tinuviel n’aurait jamais pensé que les choses tourneraient de cette façon. Car, alors qu’elle approchait du bord de mer et du navire, maintenant amarré, un animal jailli littéralement dans son champ de vision. Elle eut à peine le temps de réagir, en s’écartant de la trajectoire de cette fusée à quatre patte. Malheureusement pour Bill, qui était nettement moins vif que l’elfe, cela se termina en un roulé boulé magistral dans la neige. On entendit un hennissement sonore s’élever du nuage de neige, que l’impact avait soulevé, puis la silhouette maladroite du poney qui se débattait apparut en contre-jour.
Tinuviel accouru à son secours et tâcha de le remettre sur ses pattes en tirant sur ses rennes. La pauvre bête était complètement paniquée. Mais à force de caresse, la jeune femme parvint à le tranquilliser. Tout deux tournèrent alors leurs regards vers cette créature, qui était en fait une licorne. Soudain, les choses se figèrent. Les yeux rivés sur ce superbe étalon, Bill demeurait la, ébloui par cette apparition merveilleuse. Il secoua sensuellement sa crinière et approcha en ondulant de la croupe. Une fois assez proche, Bill entreprit de renifler la licorne, comme cela se faisait sans doute chez les individus de son espèce. Il ne cessait de pousser des espèces de hennissements graves, à connotation ténébreuse sans doute. Tout ceci offrait un spectacle assez curieux, pour ne pas dire… bizarre. D’autant que le pauvre ne se présentait pas au maximum de son potentiel : plein de neige, le crin de travers et couvert de charge, on avait vu plus sexy. Mais Tinuviel ne s’attarda pas là dessus. Trop occupée par un autre problème, elle laissa le poney à ses amours, et s’en retourna vers les deux personnes qui venaient d’approcher.

Il s’agissait d’une jeune femme, petite, aux traits juvéniles et d’un homme, dont les ailes trahissaient la race. Tinuviel les reconnus sans peine. Outre la bonne mémoire des gens de son espèce, elle était plutôt physionomiste. C’est pourquoi, lorsque la magicienne évoqua cette familiarité, l’elfe acquiesça aussitôt.
« J’y suis resté un long moment en tant que réfugiée.
Dit elle simplement. Effectivement, ils s’étaient déjà croisés au sanctuaire, mais sans plus. Elle ne connaissait même pas leurs noms. Enfin, cela lui donnait tout de même une idée sur la confiance qu’elle pouvait leur accorder. A ce propos, le duo ne tarda pas à lui proposer de l’aide, au cas où elle serait en difficulté.
« C’est vraiment gentil à vous.
Répondit la jeune elfe dans un souffle. Elle était encore sous le coup de l’inquiétude, incapable de penser efficacement, comme ses yeux furetaient à droite et à gauche, en quête du moindre indice.
« En fait, je cherche mon compagnon. Ça fait un moment qu’il est parti et je suis sure qu’il est arrivé quelque chose… Elle ancra son regard sur ses deux protagonistes. Vous l’avez forcément déjà croisé. Il s’appelle Lucain, c’est un ange… grand, blond, avec un air de premier de la classe… Il est médecin au sanctuaire aussi.
Fit elle, usant de ses mains pour illustrer ses paroles, avant d’ajuster la position de son écharpe. Le vent ne cessait de s’intensifier, rendant le froid plus pénétrant. Elle tourna brièvement les yeux vers Bill, toujours en train de faire des avances à la licorne, puis tira la dague qu’elle portait à la ceinture, pour la présenter.
« C’est son arme, je viens juste de la trouver, la bas.
Dit elle en indiquant l’emplacement d’un signe de tête.
« C’est tout ce que j’ai, en fait… Je suis très inquiète. Sa voix était un peu cassée. J’ai vraiment besoin d’aide. S’il vous plaît.
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Sam 19 Oct 2013, 02:05


Je me désintéressai quelques secondes de la jeune femme, et posai mes yeux ronds sur son poney, qui venait d'entamer un manège plus qu'étrange avec Charlie. En fait, il était plus ou moins en train de... Draguer ma licorne    ? J'ai beau ne pas m'y connaître excessivement bien en comportementalisme équin, ça y ressemblait... Et le spectacle d'un poney ondulant de la croupe et secouant sa crinière pleine de neige pour impressionner une licorne – qui, il fallait bien l'avouer, était dotée d'un peu plus de prestance – était assez insolite pour que j'oublie un instant l'elfe qui se trouvait face à moi. Légèrement sonné par sa collision avec celui qui lui faisait présentement la cour, Charlie ne réagit pas immédiatement, fixant avec une certaine incrédulité le poney qui lui tournait autour en lui reniflant le pelage. Probablement qu'il n'arrivait pas à croire qu'un animal appartenant à une race qu'il avait toujours considérée comme inférieure se permette une telle audace... Il finit cependant par réagir et s'écarta avec précaution de l'animal – histoire de ne pas se ramasser une nouvelle fois la gueule, sans doute – l'air quelque peu dégoûté, faisant même mine de lui envoyer un coup de sabot avant de le tenir à distance. Nul doute que s'il n'avait pas été échaudé par sa précédente expérience de patinage artistique raté, il lui aurait directement sauté sur le poil pour lui apprendre les bonnes manières, mais il avait visiblement intégré qu'un mouvement trop brusque impliquait un risque de chute assez conséquent. Restait à espérer que le poney comprendrait rapidement le message, sans quoi le souvenir qu'il aurait de ma licorne risquait d'être quelque peu amer.

Je haussai les épaules et reportai mon attention sur la jeune femme, estimant qu'il serait toujours temps de coller une tatane à Charlie s'il devenait trop désagréable. Donc, oui, effectivement, l'elfe que nous avions en face de nous avait résidé au Sanctuaire, ce qui expliquait qu'elle me soit vaguement familière – ouais, 'vaguement', fallait pas trop en demander à ma mémoire non plus. Et, à défaut de s'être perdue, elle avait perdu quelqu'un... Parvenir à égarer quelqu'un dans un endroit aussi vide et désert, fallait le faire, quand même  ; mais je préférais garder pour moi ces considérations et me concentrer sur les propos de la dame. Parce que en effet, je connaissais le mec dont elle parlait, un peu moins vaguement que je ne la connaissais elle-même. On faisait le même boulot, alors forcément, on s'était croisés, re-croisés et même re-re-croisés à l'occasion... Enfin, en bref, je connaissais Lucain, on avait sans doute déjà soigné des gens ensemble, et peut-être même qu'on avait échangé quelques mots de temps en temps. Même si je ne m'en souvenais que moyennement. Je n'avais pas d'opinion particulière à son propos, et je ne savais pas s'il faisait quant à lui partie ou pas de ceux qui estiment que je n'ai pas ma place au Sanctuaire – il semblerait qu'ils soient plutôt nombreux, mine de rien – mais peu importait. S'il était en train de se congeler à petit feu quelque part au milieu de ce désert gelé, je n'avais pas besoin de savoir ce qu'il pensait de moi pour voler à sa recousse – enfin, pour patiner à sa rescousse, plus exactement. Je jetai machinalement un regard à la dague que la jeune femme venait de détacher de sa ceinture, puis à l'endroit où elle disait l'avoir trouvée, avant de poser de nouveau mes yeux sur son beau visage, sur lequel l'inquiétude se lisait avec une facilité déconcertante. Sans trop réfléchir, je fis deux pas vers elle et posai avec douceur ma main sur son poignet, utilisant ma magie blanche pour apaiser un tant soit peu son esprit agité. Je me souvenais trop bien de l'angoisse que l'on pouvait ressentir en laissant un être cher se paumer dans un lieu dangereux pour ne pas faire preuve de compassion, cette fois-ci.

- T'en fais pas, on va l'retrouver. Enfin, on va faire d'notre mieux. Du coup, vaudrait mieux qu'on traîne pas trop, nan ?

Je me tournai vers Enzel, consciente que je ne lui avais pas tellement demandé son avis, depuis le début de l'histoire. Mais bon, étant donné qu'on avait plus ou moins les mêmes convictions, qu'il était également membre des Protecteurs, et tout le bordel, il me semblait assez peu probable qu'il envoie paître notre interlocutrice. Mais si malgré tout je me gourais totalement, que Lucain était son pire ennemi et qu'il préférait le voir crever dans la neige plutôt que de bouger le moindre orteil pour le secourir, je pouvais toujours y aller toute seule. Dans les deux cas, j'avais plus ou moins besoin d'une confirmation ou d'un truc du genre, histoire de pas me barrer toute seule en laissant la moitié de mes compagnons derrière sans m'en apercevoir. Et en parlant de compagnon... Charlie avait finalement réussi à fuir son courtisant à quatre pattes et se rapprochait laborieusement de moi, visiblement très effrayé par la perspective d'une nouvelle chute.

*Dis-lui de me laisser, maintenant, j'ai rien à faire avec une bête pareille... Sa crinière n'est même pas peignée. *

- C'est pas vraiment l'moment de nous emmerder, tu sais, Charlie, fis-je avec une certaine lassitude. Puis, au lieu d'le snober, tu f'rais mieux d'lui demander des conseils, il a l'air de vachement mieux s'en sortir qu'toi niveau patinage.

Je haussai les épaules face à la moue dédaigneuse de la licorne, qui décidément semblait avoir décidé de nous pourrir la vie en plus de tout le reste. Peut-être d'ailleurs aurait-il mieux valu que je le ramène à son box, à l'intérieur du bateau : après tout, nous ne savions pas ce qui était arrivé à l'ange, et rien ne disait que ce continent inconnu ne recelait pas des des dangers cachés, invisibles au premier coup d'oeil. Nul doute que dans pareilles circonstances, une licorne geignarde et à tendance instable – physiquement parlant – risquait d'être plus un handicap qu'autre chose... Mais, d'un autre côté, j'avais la certitude que laisser l'animal seul en compagnie des marins pouvait s’avérer infiniment plus désastreux. Et puis, il était possible que le temps de Lucain soit compté – moi, pessimiste ? Vous plaisantez.... -, il aurait donc été stupide d'en perdre à tenter de convaincre Charlie de s'en retourner seul vers le bateau.

- J'suis navrée, mais y va falloir qu'ton animal reste éloigné du mien s'il tient à ses naseaux, prévins-je avec un petit soupir. Bref, on s'arrache ? On d'vrait bien réussir à trouver d'autres indices dans l'coin où était la dague.

Mon regard se porta une nouvelle fois sur l'endroit où la jeune femme disait avoir trouvé l'arme de son compagnon. C'était tout à fait blanc et désert, comme le reste du paysage ; rien n'indiquait qu'une quelconque présence humaine ait pu se trouver là. Et pourtant...
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Mar 22 Oct 2013, 23:54

Une Elfe réfugiée au Sanctuaire, et ce durant une assez longue période. Autrement dit, une très probable survivante du désastre d'Eärudien. Peut-être ma supposition était-elle erronée – après tout, le Sanctuaire accueillait à peu près tout et n'importe quoi qui tombait sous la main des Protecteurs du Bonheur, y compris des voleurs maladroits et des filles de chandelier un peu trop brutasses – mais toujours était-il que voir la demoiselle en train de errer à l'autre bout de des terres du Yin et du Yang – un bout trop froid, on ne le dira jamais assez – était plutôt un bon signe de rétablissement... et accessoirement un sujet d'inquiétude, étant donné que les soignés du Sanctuaire ne sont pas censés faire du tourisme dans des déserts glacés faisant office de patinoire et de terrain de séduction pour équidés. Je n'avais d'ailleurs pu m'empêcher d'esquisser un sourire moqueur en avisant la cour étrange que faisait le poney à la licorne visiblement réticente, dont le dégoût était limite palpable. Se serait-il rétamé une nouvelle fois en tentant franchement d'éloigner son courtisan, nul doute que je n'aurais pu retenir davantage mon hilarité. Mais par respect pour le sérieux de la situation, je plaçai plus ou moins discrètement ma main devant mes lèvres pour dissimuler mon sourire et m'efforçai de ne pas prêter trop d'attention aux hennissements et autres actes plus ou moins sensuels – plutôt moins que plus selon mes propres critères, mais qui suis-je pour juger ? Je ne suis pas un poney, et encore heureux.

Mon sourire s'effaça néanmoins lorsque je remarquai les signes de la détresse de la jeune femme. Celle-ci n'était effectivement pas venue faire du tourisme dans un tel endroit, ses prunelles scrutant inlassablement le moindre détail, le moindre bloc de glace, comme si l'Elfe désespérait à trouver quelque chose. Ou quelqu'un, peut-être. Quoiqu'on peut difficilement cacher quelqu'un sous un bloc de glace – ou tout du moins le pensais-je, car l'Elfe semblait effectivement avoir égaré quelqu'un dans les parages. Et le quelqu'un en question semblait avoir quant à lui égaré sa dague, qui se trouvait présentement entre les doigts fins de l'Elfe aux cheveux blonds – décidément, tout se perd, en ce monde. Je posai machinalement mon regard sur l'arme, tout en sachant pertinemment que la regarder ne m'avancerait pas à grand chose – ma spécialité, c'est les fleurs, pas le métal. Comme dit plus tôt, ma mémoire des noms et des visages laissait plutôt à désirer, aussi ledit Lucain pouvait effectivement compter parmi les gens que j'avais croisés au Sanctuaire et avec lesquels j'avais travaillé, sans qu'il ne m'ait pour autant laissé de souvenirs impérissables. Ce n'était pas pour autant que j'allais refuser d'aider l'Elfe à chercher l'Ange, puisque je me fichais en principe de l'avis des gens pour leur venir en aide – fâcheuse habitude, mais que voulez-vous, on ne se refait pas. Et probablement que celui-ci ne s'était pas amusé à semer sa dague sur son chemin juste pour le plaisir – même si, en soi, avoir une jolie Elfe derrière soi ramassant ses affaires pouvait effectivement faire partie de ses plaisirs. En somme, un Protecteur du Bonheur avait un sérieux pépin, et c'était bien là une raison suffisante pour donner un coup de main – quoique je n'avais pas toujours besoin de raison pour mettre mon nez n'importe où et aider les gens.

Quelque peu surpris par l'initiative d'Elisha – je ne la voyais pas franchement comme quelqu'un pouvant faire preuve d'autant de douceur et de compassion avec une telle honnêteté, d'autant plus que j'en aurais probablement été incapable – je laissai cette dernière rassurer l'Elfe, balayant les environs du regard. Des environs qui se résumaient à de la glace à perte de vue... Et parfois à quelques rochers. Ce qui n'était pas franchement des plus aidant pour nous avancer dans notre recherche d'Ange perdu en détresse. Mon regard se posa de nouveau sur Elisha, visiblement déterminée à se bouger pour on ne savait trop où, sur la licorne semblant mettre à mal la patience de sa maîtresse – ce qui me tira de nouveau un sourire moqueur – puis enfin sur la jeune femme blonde aux oreilles pointues. M'apprêtant à suivre cette dernière pour qu'elle nous guide jusqu'à l'endroit où elle avait trouvé l'arme, j'essayai d'en apprendre davantage...

« Lucain n'a rien dit sur... »

… mais je m'interrompis subitement, mon regard gris acier se perdant dans le vide. De nouveau, une voix inquiète s'était immiscée dans mon esprit, un simple murmure quasiment inaudible que je reconnaissais pourtant comme étranger. Une fleur de glace, dont la beauté perdurerait, au-delà du temps, conservée par sa prison de gel. L'inquiétude que je percevais était la sienne, étrangement semblable à celle que je pouvais percevoir dans les yeux de l'Elfe aux cheveux d'or. Son appel, que j'avais entendu en descendant du bateau m'avait paru si irréel, si distant que j'avais hésité à le prendre pour une vue de mon esprit. Mais il semblait que cette fleur était bel et bien là, aussi surréaliste puisse son existence paraître. Comme quoi, la nature faisait toujours des miracles, quel que soit l'endroit. Même si, à vrai dire, là n'était pas le principal problème.

« J'crois qu'j'ai une touche, fis-je en fronçant les sourcils, avec une pointe d'auto-dérision. »

Cet appel était si subtil. Si fin. Mais après tout, comment une fleur qui ne vivait plus que par sa beauté, sans que rien d'autre ne survive en elle aurait-elle pu émettre autre chose que ces sentiments presque insaisissables qu'une Luciole n'aurait probablement pas perçus ? Je fermai les yeux et laissai mon esprit dériver, suivant ce chuchotement ténu d'une fleur qui n'en était plus une, et me laissait entraîner avec surprise dans les profondeurs de cette étendue glaciale sur laquelle nous nous trouvions. Une image fugace me parvint avant que ne se rompe la connexion, une image d'un Ange blond figé dans une prison de glace, aussi douce que cruelle. J'ouvris lentement les yeux, balayai les environs du regard, tentant de reprendre pied dans ma propre réalité.

« Il est en vie. Quelque part... un peu en profondeur, ajoutai-je en fronçant de nouveau les sourcils. »

Je tentai de nouveau de me raccrocher à ce murmure ténu qui m'avait guidé une première fois, mais celui-ci semblait s'être évanoui, ne laissant derrière lui que la brise glaciale balayant l'étendu déserte. Les doigts de ma main gauche se crispèrent, et une morsure désagréable ne tarda pas à se rajouter à celle du froid, aussi lâchai-je prise, estimant que m'obstiner davantage serait déraisonnable – pour le moment du moins, car si le besoin s'en faisait ressentir, j'étais prêt à passer outre les stigmates d'une certaine bataille du futur.
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Jeu 24 Oct 2013, 15:38

Pauvre Bill, il venait de se prendre le premier râteau de sa vie. Enfin, c’était toujours le risque, quand on s’aventure hors de sa catégorie. Insensible à sa démonstration de charme, la licorne ne tarda pas à s’éloigner en multipliant les signaux d’hostilité. Déçu, le poney émit une sorte de hennissement vaguement triste, en soufflant par les naseaux un nuage de buée blanche. Ses yeux noirs aux longs cils auraient sans doute laissés échapper une petite larme, s’il avait pu. Mais digne, même dans la défaite, l’animal accepta le verdict de l’élu de son cœur et n’insista pas... Enfin pas trop. Même si il ne le collait plus de près, il ne restait jamais loin. Quoiqu’il en soit, ce bon Bill avait le cœur solide : il s’en remettrait. Enfin, Tinuviel y comptait… car elle n’était pas vraiment d’humeur à consoler un poney, dans l’immédiat.

Ce qui la préoccupait tenait entre ses mains. L’arme, maculée de sang, de son compagnon pour toute trace ; un désert blanc, plat et vide, comme décor. Le malaise qu’elle ressentait face à cet environnement ne l’avait pas quittée. C’était un pénible mélange, entre la nécessité de persévérer et le profond désir de partir vers de terres plus clémentes. Elle était toujours sur le fil, incertaine, vulnérable… mais plus seule.
Lorsque la magicienne fit un pas vers elle, pour l’apaiser de sa magie, la jeune elfe ne le comprit que mieux. Une vague sereine prit possession de ses sens, envahissant doucement son esprit. Alors, ses angoisses s’apaisèrent, comme un soleil ardent se couche, pour laisser place au silencieux crépuscule. Elles n’étaient plus que des ombres lointaines, sur une mer bleue nuit, que l’on oublie… si on le souhaite. Le regard de Tinuviel alla rencontrer celui de la jeune femme, pour y exprimer toute sa gratitude, dans un silencieux échange.
Et lorsque cette dernière évoqua l’urgence, l’elfe ne pu qu’acquiescer de la tête. Ne pas traîner, faire vite, là était l’urgence. Maintenant qu’elle était plus sereine, Tinuviel pouvait de nouveau réfléchir de manière constructive.

Une énième fois, son regard balaya l’espace, dans un songe, en particulier l’endroit où elle avait ramassé la dague. Pendant ce temps, la jeune magicienne tâchait de régler le petit différent entre sa licorne et Bill. Apparemment, la pauvre bête craignait vraiment les assauts amoureux du poney. Ce dernier ne pouvait que s’amuser de la gaucherie de cet animal, si gracieux d’ordinaire. De son côté, il n’avait aucun mal à aller dans la neige. Son centre de gravité était bas du fait de ses proportions, assez trapues, ce qui lui garantissait une stabilité naturelle. Et puis Tinuviel avait également prit soin de l’équiper de protections adaptées au pied. Elle savait qu’un cheval à la patte cassée devenait bon pour l’abattoir, donc autant ne rien négliger. C’est pourquoi, lorsqu’elle capta les derniers mots de la magicienne, l’elfe se permit d’intervenir.
« J’ai des lanières en surplus dans un sac… Si votre licorne a du mal à marcher, on peut lui mettre aux pieds.
Et comme les approches répétées de Bill ne plaisaient toujours pas à l’étalon, sa maîtresse ne pu qu’en avertir l’elfe. Celle-ci s’empressa de s’emparer des rennes du poney, afin de le garder près d’elle, au grand dam du séducteur du jour. Finalement, le petit groupe improvisé commença à se mettre en mouvement. Quelques pas seulement, car le jeune homme à la chevelure ébène, qui venait de prendre la parole, se figea soudain. L’elfe le regarda, comprenant plus ou moins qu’il était question de magie. Et lorsqu’il annonça qu’il avait perçu quelque chose, celle-ci cru sentir son cœur s’arrêter. Elle alla jusqu’à lui, les yeux pleins d’espoir et prête à boire la moindre de ses paroles, comme s’il s’agissait d’une essence supérieure. Sa dernière phrase tomba alors.
« Vivant ? Vous êtes sur ?
S’écria t’elle, en agrippant le vêtement du jeune homme. Puis, constatant que son interlocuteur tentait de vain de se concentrer, l’elfe le relâcha. Un tel geste n’était pas très convenable. Elle s’excusa donc platement pour son emportement, tout en rougissant légèrement. Ses pensées se recentrèrent alors sur ce qu’il venait de dire. Quelque part, en profondeur… Qu’est ce que cela signifiait ? Tinuviel n’était pas bien sure, mais elle tenta tout de même une explication.
« Le terrain est accidenté par ici… Il y a des crevasses… Peut être est il simplement tombé dans l’une d’elle.
Cette explication était plausible, mais n’expliquait pas le sang. Enfin, chaque chose en son temps, pensa t’elle. L’important était déjà de le retrouver. L’elfe à la chevelure blonde ouvrit donc la marche, expliquant à ses deux interlocuteurs qu’elle allait les conduire à l’endroit où elle avait ramassée la dague. Ce rapprochement permettrait peut être l’émergence d’autres indices.

Quelques instants plus tard, lorsque chacun fut sur place, Tinuviel entreprit d’inspecter l’espace. Entre sa chute et la vision des voyageurs amarrant, elle n’avait pas vraiment eut le temps de le faire correctement. Et en effet, il aurait été dommage de ne pas s’y intéresser à nouveau, car l’elfe trouva rapidement d’autres traces de sang qui la menèrent un peu plus loin. De plus en plus nombreuses, elles étaient, accroissant dans le même temps ses craintes. Elle finit par découvrir le lieu même de la bataille. Là où le sort de l’ange s’était joué. Dans la neige, restaient les derniers témoignages du combat, sous forme d’empreintes.
« Je crois qu’il y avait un autre homme…
Souffla elle en posant un genou à terre, pour effleurer une marque, qui n’était pas celle de Lucain. Des pas qui marchent, d’autres qui courent, un corps qui roule dans la neige, allongé, tâches rouges, le désordre, lorsque les coups furent trop nombreux. Et quelque part, sous cette neige, la fissure qui avait emporté le vertueux. Ils ne pouvaient être plus près de lui… à moins de percer la surface.
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Jeu 21 Nov 2013, 06:02

Je m'étais mise en route à la suite de l'elfe, et j'ouvrais la bouche pour répondre à sa proposition lorsque Enzel, l'air particulièrement concentré sur on ne savait trop quoi, prit la parole. Visiblement, il était suffisamment absorbé par on ne savait trop quoi pour réellement prendre la peine d'être compréhensible, mais je finis malgré tout par piger qu'il causait de Lucain. Sans trop comprendre comment il avait pu avoir semblable révélation – un don de voyance, peut-être – mais néanmoins légèrement rassurée par ses paroles, j'esquissai un petit sourire stupide, mon regard posé sur la jeune femme qui semblait exulter de joie. Enfin, ça se comprenait... Même si c'était pas encore gagné ; d'autant plus que d'après ce que l'illuminae avait l'air de raconter, le mec qu'on cherchait se trouvait sous la glace. Quoi qu'il était aussi possible que j'aie mal compris, car il me semblait somme toute assez improbable que qui que ce soit éprouve l'envie d'aller faire un tour dans un endroit pareil ; déjà qu'il caillait sa mère – si j'ose dire – à la surface... Mais peut-être notre ami l'ange était-il masochiste – après tout, il ne me semblait pas que ça faisait partie des péchés à éviter.

Je jetai un regard au jeune homme et me remis en route à la suite de l'elfe, réfléchissant à une hypothétique manière de localiser plus précisément celui que nous recherchions. Il y avait bien le pouvoir de Charlie, qui lui permettait de lire dans les pensées, mais rien ne prouvait que l'ange était suffisamment conscient pour que son esprit produise quelque chose de cohérent ; après tout, s'il s'était cassé la gueule dans une crevasse, il y avait des chances qu'il soit moyennement en forme... ça valait la peine d'essayer, cela dit, ou du moins ça en aurait valu la peine si Charlie n'avait pas été un tel emmerdeur lorsqu'il s'agissait de rendre service, et si je n'avais pas finalement eu une solution légèrement plus simple. Parce que je possédais toujours le fameux pouvoir d'empathie avec lequel je m'étais retrouvée sans trop comprendre pourquoi ni comment, et qui m'avait pourri la vie un certain temps avant que je ne parvienne plus ou moins à le maîtriser. Oui, bon, plus ou moins, parce que comme tous mes pouvoirs ça restait un peu incertain. La magie et moi, une grande histoire...

Tandis que l'elfe examinaient les traces plus ou moins significatives que le passage de Lucain avait laissé et que Charlie patinait comme il le pouvait pour s'éloigner du poney, je restai immobile et fermai les yeux, laissant libre cours à mon empathie. Je m'étais toujours servie de ce truc comme une sorte de radar à souffrance, et jamais réellement pour deviner la nature exacte desdites souffrances ; mon boulot, c'est médecin, pas psy. Non, en fait, j'ai pas vraiment de boulot à proprement parler, mais j'aime bien me dire que je suis médecin parce que c'est classe et que ça donne un sens à ma vie. Et aussi parce qu'au Sanctuaire, j'officie en tant que telle. Quoi qu'il en soit, en général, ma technique marchait, même mon usage de ce pouvoir était étrange. Oui, en général, parce que j'avais un peu de mal, là. Je sentais l'inquiétude de l'elfe, très nettement, ainsi que celle moins forte d'Enzel, mais l'ange semblait pour ainsi dire inaccessible. Peut-être que son cerveau s'était congelé et qu'il ne ressentait plus rien... Ou peut-être qu'il s'était trouvé une crevasse sympa, qu'il était en plein barbecue avec des voisins rencontrés sur place et que donc il ne souffrait pas le moins du monde. Mais c'était peu probable, et ce que je finis par percevoir après quelques secondes de concentration acheva de me prouver le contraire. C'était ténu, comme engourdi, ce qui n'avait rien d'étonnant au vu du temps qu'il avait du passer seul dans ce froid glacial, mais c'était là. Un mélange de peur, de douleur, de solitude et de quelques autres trucs que je n'ai pas envie d'énumérer, et dont la source semblait être proche. Les yeux toujours fermés, je me mis en marche, sans prêter attention aux paroles de la jeune femme – et en manquant au passage de lui rentrer dedans – afin de tenter de localiser exactement la provenance de l'amas de trucs que je percevais. Et ça ne fut pas vraiment long, le point de départ semblant se trouver là ou les traces de lutte s'arrêtaient.

- Donc, il est là-d'sous, fis-je, à mi-chemin entre le questionnement et l'affirmation.

Je fixai tour à tour l'elfe et l'illuminae, tentant de connecter mes neurones afin de trouver un plan de sauvetage. Peu importait au fond comment Lucain avait atterri ici ; il fallait aller le chercher, et vite. Et, en y réfléchissant bien, il était éventuellement possible que je possède les pouvoirs nécessaires pour nous permettre d'accéder à l'endroit où il était tombé. Même si encore une fois, c'était relativement aléatoire et que ça avait d'assez fortes chances de foirer.

- Euh... J'vais tenter un truc. Par contre, j'suis moyennement sûre de mon coup, alors j'vous conseille de vous écarter un minimum histoire qu'il vous arrive rien de fâcheux.

A disposition, j'avais une licorne créatrice de flammes, mais dont la puissance magique serait bien insuffisante pour faire fondre tout ça, un contrôle de la glace, qui ne me permettrait sans doute pas d'en manipuler une si grande quantité sans dommages, et un pouvoir de transmutation que je n'avais jamais réellement maîtrisé. A part pour réparer des tuiles et déformer des sabots. Enfin, ça valait le coup d'essayer... M'écartant quelque peu de l'endroit où l'ange se trouvait supposément, je posai mes deux mains sur la glace et y concentrai ma puissance magique, tentant de créer une sorte de puis qui nous permettrait d'accéder à l'intérieur de la crevasse qui s'était refermée pour allez savoir quelle raison. Le truc sembla pas mal fonctionner, au début. La glace changeait simplement de place, formant une bosse un peu plus loin tandis qu'elle disparaissait à l'endroit que j'avais choisi. Un des trucs les plus élémentaires de la transmutation, me semble-t-il. Un peu crevant, mais pas si compliqué. Du moins le pensai-je jusqu'à ce que, satisfaite du résultat, je décide d'accélérer la cadence en envoyant plus d'influx magique dans la surface gelée, à laquelle un rythme plus rapide ne convenait sans doute pas puisqu'elle décida simplement d'exploser.

- Woah, put*i* bordel de m...
Glapis-je en bondissant en arrière, évitant ainsi d'être percutée par un bout de glace qui faisait la moitié de ma taille.

Ouais, parce le machin avait pas qu'un peu explosé. Avisant que les morceaux risquaient par ailleurs de me retomber sur la tronche, je me téléportai à une vingtaine de mètres tout en me félicitant intérieurement d'avoir pensé à prévenir les deux – enfin, quatre – autres de la potentielle dangerosité de mes pouvoirs. Parce que c'était pas la première fois que je faisais exploser un truc en tentant de le réparer ou de le modifier... Faut croire que même pour ça, je suis trop brutale. Sans mot dire, je haussai les épaules et m'approchai de nouveau du trou entouré de bouts de glace fracassés que je venais de créer – un chef-d’œuvre, au bas mot. Finalement, c'était pas si loupé que ça... J'avais réussi à percer la glace, suffisamment pour rejoindre la partie creuse du machin, où celui que nous recherchions était visiblement tombé. Donc, oui, j'avais fait un trou dans la glace. Grandiose... Elisha dans toute sa classe et sa finesse. J'esquissai un sourire et me penchai un peu au-dessus du bord du trou, tentant d'apercevoir ce qui se trouvait au fond. C'était relativement profond, mine de rien, et on y voyait plus ou moins comme à travers une pelle ; j'abandonnai donc rapidement mon observation pour me tourner de nouveau vers les autres.

- C'est bon, ça a marché. C'est carrément pas c'que j'voulais faire, mais ça a marché... Lucain doit être juste là-d'dans. On fait quoi, on descend en rappel ?


A vrai dire, je pouvais toujours essayer de modifier de nouveau la forme de la glace pour en faire un escalier, un toboggan ou je ne savais trop quoi qui nous permettrait de descendre plus facilement. Mais, étant donné le résultat plutôt mitigé de ma précédente tentative, mieux valait attendre de voir si l'un de mes compagnons n'avait pas une meilleure solution...


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Jeu 21 Nov 2013, 13:58


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Cocoon avait mal à la tête. Une sensation désagréable le fit émerger doucement, petit à petit, avant qu'il n'ouvre les yeux. Bordel ! Où est-ce qu'il était ? Un de ses bras était enseveli de poudreuse blanche, et avec un mal de dos phénoménal, il tenta de se lever. Une fois que certaines articulation craquèrent dans un bruit effrayant, il poussa un soupir qui aurait pu déclencher une avalanche. Bon... Soirée d'hier soir... Visiblement son plus fidèle Eshu avait décidé de lui faire la blague du siècle et de l'éxiler sur un continent de son choix, en lui donnant comme seule consigne : survivre. Bien bien... On s'éclatait à Mégido !
...
Dès qu'il poserait un pied dans le Palais, Déon serait un homme mort.

Bien, en attendant, il fallait sortir de là. Le froid était plus mordant que jamais, et la peau bronzé de l'homme était anormalement pâle. Se secouant légèrement, il commença à marcher dans ce désert blanc glacial, s'apercevant de toute manière que où il posait les pieds, ce n'était qu'eau congelée et glace à perte de vue. La croute bleu était épaisse de plusieurs mètres en profondeur, ce qui assurait une certaine stabilité quant à ses déplacements. Et c'était ten mieux vu son gabarit !
Bien que son corps était engourdis, il arriva à bougé sans trop de mal, et tenta de suivre la même direction pour peut être trouver quelque chose, un portail, une sortie, un panneau de direction, une autoroute... bref, quelque chose qui pourrait lui faire voir autre chose que cette étendue glacée. A son poignet était accroché une seule menotte, scellée par son Eshu, et imbrisable. Il ne connaissait que trop bien ce signe qui voulait expressément dire : téléportation impossible.

« Merci Déon, vraiment. »

Cependant, plus il marchait plus il se rapprochait d'une masse noire. Des silhouette se distinguèrent les unes des autres, et trois personnes étaient en train de parler. Confiant quant à leur nature -une fé, une magicienne et une elfe... C'était inoffensif ces bêtes là- il ne se posa pas plus de question. Jusqu'à ce que la glace explose et que des blocs volèrent un peu partout. Le Titan vit un bloc lui arriver dessus et, sachant qu'il ne lui ferait aucun dégât, le laissa s'éclater sur son torse. La magicienne elle, avait évité de justesse un éclat aussi gros qu'elle. Il lui dit d'un ton ni alarmé, ni même concerné :

« Tu devrais faire gaffe avec ça, tu pourrais blesser des gens. »

Une fois que tout fut calmé, l'Orisha tenta de se rapprocher. Le sang d'Ange se sentait à plusieurs mètres à la ronde, et il du rapidement se boucher le nez. Put*ain, y avait un emplumé crevé dans le coin ?
Une fois à proximité des deux protagonistes il dit simplement :

« Je pensais jamais rencontrer du monde par ici... Y s'passe quoi ? »

Regardant à tour de rôle les gens, il vit une personne qu'il cru reconnaitre. L'Elfe ne lui était pas si étrangère que ça... Il se rappela alors des endroits où il aurait pu la rencontrer : au Cabaret, dans une beuverie, ou dans son lit. Mais aucune des trois ne sonna dans sa tête. En revanche, l'image de sa fille lui revint. En quoi sa fille était-elle liée à cette Elfe ? Fille... Réprouvé... Elfe... Alfar... Ange... Sang d'Ange... Emplumé... Bordel de m*erde !
Le forum des métiers lui revint en mémoire comme une commette, et il mit le nom sur le visage de la femme aux oreilles pointues mais surtout, déduisit un peu trop rapidement le court des choses.

« Lucain ? »

Lui même, en personne !
Et il eut la confirmation de la magicienne en entendant sa dernière phrase. Ainsi il se rapprocha d'eux, il annonça, un peu comme un cheveux sur la soupe :

« Il y a peut être une solution. Je me dévoue pour sauter en premier dans le trou. J'ai l'avantage de pas me péter un truc quand je tombe d'une certaine hauteur... Donc je descend et puis je vous le jette. Enfin je le remonte quoi... Car il doit être sacrément abîmé en plus. »

Ouais, si Lucain avait autant saigné, et était enterré vivant la dessous, déjà il devait plus être très conscient du monde qui l'entourait. Cocoon savait voler mais, malheureusement, ne pouvait pas se téléporter donc... Peut être que les trois autres allaient pouvoir l'aider pour la suite !
En attendant leur réponse, le bronzé fit disparaitre les traces de sang en les faisant cramer, ce qui réduisit leur surface en cendre, à cause de son feu sombre. Enlevant son chiffon de devant le nez, il se hasarda à respirer l'air et constata que l'odeur infecte des globules rouges bénites ne lui arrachait plus le cerveau.

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Ven 22 Nov 2013, 00:08


Le murmure s'échappa et se tut définitivement alors que la main de l'Elfe s'agrippait à mon vêtement, rompant ce lien ténu que j'avais réussi à établir avec ce qui n'était probablement plus qu'un souvenir. Il était illusoire d'espérer qu'une fleur, même de glace, demeure éternelle sur un continent tel que celui-ci, qui parvenait même à mettre à mal les êtres immatériels de ce monde. Probablement qu'à l'heure actuelle, il ne demeurait plus que cette prison qui l'avait préservée jusqu'à ce qu'elle soit capable d'effleurer mon esprit. Adressant un petit sourire à l'Elfe, afin qu'elle ne soit pas gênée outre mesure par son inquiétude qui était plus que compréhensible, je commençais moi-même à partager ses sentiments, et espérer que le sort de Lucain ne serait pas identique à celui de cette fleur de glace. Comme quoi, passer des jours sous une couche de glace, ça ne faisait pas que du bien. Et vu que l'Ange semblait avoir eu la bonne idée de disparaître sous une bonne couche de glace, il y avait de quoi s'inquiéter un minimum.

Ainsi que de se poser quelques questions pratiques. Trouver l'endroit l'être céleste avait disparu était une chose, aller le chercher en était une autre. Car si nous parvînmes finalement à ce qui semblait avoir été le lieu de la confrontation entre l'Ange et cet ennemi inconnu – franchement, quelle idée d'aller chercher sa némésis dans un endroit pareil – nous étions toutefois loin de pouvoir atteindre l'endroit où gisait l'ami de l'Elfe. Imitant cette dernière, j'examinai les traces laissées par les deux combattants, m'efforçant de ne pas paniquer plus que nécessaire en essayant de quantifier le volume de sang perdu par l'être céleste. De même qu'en découvrant la fissure courant le long de l'étendue glacée, qui demeurait le seul vestige de la crevasse dans laquelle avait chu le Protecteur du Bonheur. Mes doigts frigorifiés effleurant machinalement le  trait zébrant la surface, mon esprit tournait à cent à l'heure, tentant de trouver un moyen de briser cette glace, d'atteindre l'Ange qui ne pouvait être à la fois plus près et plus loin de nous autres, qui tentions de le sauver. Je n'avais pour ainsi dire rien à disposition pour creuser la glace, que ce soit en terme d'outillage ou de magie. Les grands travaux, ça n'avait jamais été mon rayon...

Mon regard gris acier se leva cependant rapidement vers Elisha lorsque celle-ci affirma vouloir essayer quelque chose. Je n'avais pas un excellent souvenir de toutes les tentatives magiques de la demoiselle, mais il aurait été malvenu de ma part de la critiquer d'une quelconque manière. Non seulement je m'avérais être d'une inutilité monstre dans une telle situation, mais il demeurait qui plus est que la Magicienne ne s'en était pas si mal sortie que cela lors de notre précédente aventure conjointe. Certes, elle s'était conclue sur un amer sentiment d'inachevé, mais nous ne pouvions ressasser cela tout le reste de notre vie. Suivant les conseils de la jeune femme brune, je m'écartais de quelques mètres, et observai avec attention la demoiselle se mettre à l'oeuvre. Une œuvre, qui, finalement, s'avéra être plutôt efficace, quand bien même pas très subtile – mais la subtilité était présentement la dernière chose dont nous avions besoin. Tout du moins jusqu'à ce que la demoiselle ne se décide à rajouter un peu folklore à son travail, qui explosa littéralement, projetant des morceaux de glace dans toutes les directions. Saluant les réflexes vifs de la Magicienne qui venait d'éviter de se faire trucider par un bloc de glace mesurant la moitié de sa taille, je baissai moi-même la tête pour sentir frôler mes mèches ébène un petit morceau de glace, de la taille d'un poing – rien de bien conséquent, en somme, au vu de la quantité de glace qui venait de voler en tous sens. Loin de m'en offusquer néanmoins, je ne pus au contraire retenir un petit sourire amusé de s'afficher sur mes lèvres. Si le procédé n'était peut-être pas celui exactement imaginé par l'esprit d'Elisha, il demeurait tout de même que le résultat était celui que nous recherchions, à savoir un trou dans la surface gelée de ce continent glacial.

Je m'approchai dudit trou pour en évaluer la profondeur, mais me ravisai lorsque j'aperçus un inconnu s'approcher de notre petite troupe perdue au milieu de nulle part. Décidément, il semblait que ce continent était devenu une destination touristique de choix... Je détaillai rapidement le nouveau venu du regard. A savoir un homme de deux mètres – soit bien trop pour mon mètre soixante – plutôt bien bâti, au teint hâlé, aux cheveux blancs comme neige et aux yeux vairons. Un Orisha, en somme. Bientôt, on allait pouvoir tenir un sommet multiculturel sur cette banquise touristique... Il semblait néanmoins que, bien qu'arrivé par hasard, le nouveau venu n'était pas étranger à l'Ange que nous cherchions, et que l'étrangeté de notre rencontre passa rapidement au second plan au vu de l'urgence de la situation. Cheveux sur la soupe ou pas, si cet inconnu pouvait nous aider, je ne voyais pas trop de raison de refuser. D'accord, en temps normal j'étais bien plus paranoïaque que cela, mais en même temps, j'avais quelque raisons de penser que sur ce continent glacé, nombre de différends demeurait sur les autres continent – excepté celui qui avait conduit Lucain six pieds sous glace, probablement.

« J'espère que ça n'vous dérange pas si je descends avec vous, fis-je en remuant machinalement mes deux ailes noir de jais. Rafistoler les gens, ça doit être à peu près dans mes cordes, ajoutai-je non sans un poil d'ironie. »

Qu'il s'agisse de l'Ange ou de l'Orisha, d'ailleurs. Même si il était plus que probable que mes ressources seules ne permettent pas de soigner l'être céleste comme il l'aurait fallu. Mais si je pouvais au moins lui gagner un peu de temps en terme d'espérance de vie, c'était déjà quelque chose. Sans compter que je pouvais éventuellement aider l'Orisha s'il comptait remonter l'Ange à l'aide de mes pouvoirs télékinétiques – et accessoirement s'il se pétait une cheville en foirant son atterrissage.

Ceci dit, quand bien même cela dérangeait le nouvel arrivant, j'avais tout de même l'intention de descendre. J'interrogeai silencieusement l'Elfe du regard avant de m'apprêter à sauter dans la crevasse dont on ne pouvait voir le fond.
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Lun 25 Nov 2013, 16:53

Tinuviel acquiesça mollement l’affirmation d’Elisha. Ses compétences étaient trop limitées pour être en mesure de proposer quoi que ce soit. C’est là qu’elle réalisa qu’elle ne s’en serait jamais sortie, si les deux protecteurs du bonheur n’étaient pas apparus. Elle commença à s’imaginer en train de chercher pendant des heures, passant maintes fois au dessus de l’évidence et renonçant finalement, quand le froid serait devenu insupportable. Elle se voyait déjà endeuillée à aller, seule et triste, jusqu’à la fin des temps…
Mais la seconde intervention de la magicienne la tira de ces imageries, d’autant plus inutiles qu’elles correspondaient à un scénario qui n’avait pas eu lieu. L’elfe reposa fermement le pied dans la réalité et suivit les directives d’Elisha, en éloignant Bill de quelques mètres. Elle était curieuse de voir comment elle allait s’y prendre et surtout ce qui allait se passer.

C’était la première fois que Tinuviel voyait une transmutation à l’œuvre. Au début, elle ne réalisa pas vraiment ce qui se passait : la glace semblait simplement se dérober sous ses mains. Ce n’est que lorsqu’elle constata qu’un amas était en train de se former un peu plus loin qu’elle comprit. Ses yeux se mirent alors à suivre assidûment la manœuvre.
Heureusement pour elle, parce qu’au moment où tout explosa, elle fut en mesure de réagir rapidement. Une claque sur le postérieur de Bill pour qu’il décampe et elle se coucha à terre, mains sur la tête. Le sifflement inquiétant de plusieurs blocs de glace passant au dessus de sa tête la conforta dans son comportement. Décidément, tout ce petit monde aurait mieux fait de rester couché ce matin.
Un peu paniquée, Tinuviel chercha les deux aventuriers du regard. Quand elle constata qu’Enzel avait l’air de s’amuser de la situation, elle laissa échapper un soupir de soulagement. Maintenant que les choses étaient revenues à la normale, à savoir qu’il ne pleuvait plus des gros pieux de glace, chacun s’approcha du trou pour y jeter un œil. Elisha commençait déjà à réfléchir à la manière de descendre et fut aussitôt reprise par Tinuviel.
« Je vais sortir des cordes.
Elle fouilla alors dans sa poche et en tira une simple pièce de monnaie, qu’elle jeta dans le trou. On devinait, au léger mouvement de ses lèvres qu’elle comptait les secondes, jusqu’au moment où le léger bruit de l’impact mit fin à son décompte : simple manière de mesurer la profondeur.
« C’est pas aussi profond que ça en a l’air… mais quand même assez pour se briser les os.
Commenta t’elle. La jeune elfe alla chercher Elisha et Enzel du regard, mais ce dernier l’avait détourné vers l’arrière. Elle l’imita et aperçu une silhouette familière s’avancer. Un homme massif, qui dépassait les trois aventurier d’au moins quarante centimètres par tête, assorti d’une chevelure blanche contrastant avec son teint halé : difficile d’oublier l’alchimiste avec lequel Lucain et elle avaient longuement discuté au forum des métiers. Un pareil homme marque les mémoires. Elle se souvenait fort bien de l’impression qu’il avait faite auprès des enfants.
Tinuviel était plutôt étonnée de le voir ici. Le désert de glace était certainement l’endroit le plus inhospitalier de ces terres… pourtant on y croisait du monde! C’était probablement le contrecoup de la découverte : un nouveau continent à explorer attire forcément foule d’aventurier. Un effet passager, sans aucun doute. Mais qu’importe… L’orisha proposa immédiatement de se joindre à eux au secours de l’ange. Le plan qu’il proposait était… fort simple, mais pareille situation n’exigeant guère plus de complexité, elle acquiesça… a peu près. Pour tout dire, l’idée de « jeter » son ange lui hérissait le poil. Elle soupçonnait Cocoon de manquer un peu de finesse quant à la gestion de sa force brute. Et dans cette phrase, le mot « brute » avait son importance.
On vit donc son expression se décomposer quelque peu… Heureusement rassurée par Enzel qui insista pour descendre lui aussi. Enfin, presque rassurée. Car, avant que chacun ne bouge, elle s’interposa entre les deux hommes et le trou.
« C’est entendu et j'apprécie énormément que vous vous joignez à nous... mais par contre, on ne « jette » personne ! On ne sait pas dans quel état il est, alors soyez délicat. Une côte cassée, ça a vite fait de perforer un poumon, si on le remue de trop. Ce n’est pas la peine d’épuiser votre magie blanche inutilement… d’autant qu’on ne connaît pas l’ampleur des dégâts.
Dit elle d'une voix à la fois douce et inflexible. L’elfe semblait bien chétive, face à l’orisha. Pourtant cela ne l’empêchait pas de déballer ce qu’elle avait à dire. Lorsqu’il s’agissait de son ange, elle ne se laissait guère impressionner. Enfin, il n’y avait là dedans que des recommandations de prudence, adressées également à Enzel. Ce dernier, médecin lui-même, n’apprenait sans doute rien de ses paroles, mais elle préférait dire les choses, quand bien même elles seraient inutiles. C’était aussi une façon de se rassurer.
« Une dernière chose : il ne faut pas le réchauffer trop vite. Accélérer la circulation sanguine, c’est prendre le risque de ramener le sang froid des extrémités vers le cœur… ça pourrait causer un arrêt cardiaque.
Tinuviel maîtrisait manifestement bien ses leçons sur l’hypothermie. Un comble, car elle n’aurait jamais pensé avoir à les appliquer sur son maître. Enfin, elle en avait terminé avec les consignes : elle dégagea donc le passage vers le puit, laissant l’initiative aux hommes. Pendant ce temps, elle retourna auprès de Bill afin de récupérer des cordes. Après avoir solidement attaché l’une des extrémités à la selle du poney, elle lança l’autre dans le trou.
« Bill pourra vous remonter, quand vous aurez fini. Vous n’aurez qu’à tirer sur la corde trois fois... Bonne chance.
Elle esquissa un sourire.

Ordre : Elisha - Cocoon - Enzel - Lucain

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Mer 04 Déc 2013, 15:00

Un homme était sorti de nul part et s'était approché, sans que je ne remarque sa présence. Du moins jusqu'à ce qu'il se rapproche de nous pour nous proposer son aide, me surprenant ainsi suffisamment pour que je manque de tomber dans le trou que je venais à moitié accidentellement de former. Retrouvant de justesse mon équilibre, je pris soin d'adresse un regard mauvais à l'intrigant, avant d'écouter malgré tout ce qu'il avait à nous dire. Parce que c'est pas parce qu'un mec totalement inconnu débarque de nul part et manque de vous faire crever de peur – au sens propre du terme, parce que je n'aurais peut-être pas survécu à une chute pareille – qu'il ne faut pas lui accorder l'attention qu'il mérite, hein. Surtout que le type en question n'était en définitive peut-être pas si inconnu que ça, son visage m'étant vaguement familier sans que je sois capable de me souvenir du quand et du où de notre précédente rencontre. Peut-être un autre membre des Protecteurs du Bonheur, qui sait ; si tout le monde s'était donné le mot... Si on avait pas eu un truc un peu plus urgent à faire, on aurait presque pu organiser une réunion surprise.

Mais, effectivement, le fait qu'un des membres du groupe susnommé soit en péril rendait le moment relativement peu opportun à ce type de réjouissances – classe comme formulation, pas vrai ? Ouais, moi non plus j'sais pas ce qui m'a pris. Enfin, bref, y avait un mec coincé en bas, un semi-inconnu qui proposait de le remonter – enfin, de le jeter, en fait, mais on va pas chipoter – et Enzel qui se proposait de lui venir en aide. En prime, une elfe inquiète pour son ange qui leur indiquait la manière de faire qui lui semblait la plus appropriée – même si en fait, il aurait sans doute semblé approprié à qui que ce soit d'un peu pourvu en neurones de ne pas s'amuser à faire du lancer de type blessé. Mais peut-être le nouveau venu n'était-il pas très pourvu en neurones. Ou peut-être possédait-il en sens de l'humour quelque peu particulier, du genre qui me fait rire moi parce que je suis tordue et qui fait souvent peur au reste du monde. Mais peu importe ; toujours est-il qu'à priori, ils seraient capables de se débrouiller à deux, et qu'il valait mieux que je reste auprès de la jeune femme et des deux équidés pour filer un coup de main au besoin – enfin, forcer Charlie à filer un coup de main au besoin, parce que personnellement je risquais bel et bien de ne servir à rien niveau remontage de types. Peut-être même que je risquais de servir à rien tout court, en fait, à partir de maintenant ; mais bon, les hommes à la guerre, les femmes à la cuisine, c'est pas ça qu'on dit ? Non, je plaisante. Et je casse le nez de celui qui osera ressortir une expression du genre en ma présence, parce que je sais pas faire la cuisine et que je vous emmerde.

- J'reste là, du coup, déclarai-je, j'surveille au cas où on se ferait attaquer par un troupeau d'hommes-pingouins. Mais accessoirement, si vous avez b'soin d'un coup d'main pour quelque chose, j'peux abandonner ma noble tâche et descendre vous aider, hein.

Je m'écartais un peu du puis, histoire que l'un des deux hommes de la situation ne me pousse pas accidentellement dedans – oui, bon, on sait jamais, le nouveau venu avait quand même l'air un peu bourrin sur les bords – et lançai un regard curieux au dénommé Bill, qui devait être moitié moins grand que Charlie mais qui malgré tout allait être chargé, seul, de tirer trois mecs hors de ce trou qui mine de rien était un peu profond quand même. La licorne elle-même, qui aurait été bien incapable d'une telle prouesse, fixait à présent son congénère avec une sorte d'incrédulité, sans doute mêlé à un peu de respect – avec toujours un peu de mépris, bien évidemment, autant ne pas chanter les bonnes habitudes... Si ce bestiau réussissait à impressionner Charlie, il aurait peut-être une chance de voir son histoire d'amour impossible prendre un autre tournant. Ou pas. Mais à vrai dire, si je n'avais pas eu l'esprit aussi tordu, j'aurais sans doute trouvé mieux à faire à cet instant que de m'intéresser aux ébats – bon, hypothétiques futurs ébats – de deux équidés. Du genre... Non, en fait, je n'avais absolument rien de mieux à faire, si l'on y réfléchissait bien, hormis me pencher dangereusement au-dessus du puis pour tenter de voir ce qui se passait en bas, tenter de convaincre Charlie d'apporter sa contribution à Bill – perdu d'avance – ou éventuellement admirer le paysage, mais on avait fait le tour en dix secondes.  Ou alors, je pouvais réveiller l'homme qui était en moi et aller rejoindre les deux autres, parce que mine de rien ça risquait d'être un peu plus intéressant que rester là à attendre qu'il se passe un truc – faut pas croire hein, je suis une aventurière moi. Mais bon, je n'aurais pas été plus utile en bas, et puis peut-être que j'aurais été de trop aussi, qui sait ce qu'il pouvait bien se passer dans un puis sombre, à l'abri des regards indiscrets... Oui, d'accord, je m'égare, sans doute que mon cerveau commençait à geler.

Quoi qu'il en soit, et malgré mes tendances à faire la girouette, il était sans doute plus sage que je reste auprès de la jeune femme dans l'éventualité où elle aurait besoin d'aide pour je ne savais trop quoi. Ou de soutien, parce qu'allez savoir ce qu'ils allaient trouver en bas... Mais ça, mieux valait ne pas trop y penser pour le moment, dans le doute.
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