Cocoon se laissa convaincre. Oui on l'avait élevé dans la douleur pendant plus de cinq ans, alors forcément maintenant, il en avait encore énormément de séquelles. Dès que quelqu'un effleurait cette partie de lui, il était facilement influençable et pouvait basculer si facilement de l'autre côté, sans que personne ne l'arrête. Fermant son poing en le regardant, il dit à Nydelia :

« J'ai peur. Peur de moi, peur de ce que je peux faire lorsque je deviens cet être abject. Même si ce n'est pas celui que je veux devenir, il fait partie de moi et je n'arrive pas à m'en détacher. »

Il leva la tête pour la regarder.

« Tu sais combien je mesure ma force, à chaque fois que je fais quelque chose, je bride ma puissance pour ne blesser personne. Mais quand je suis aussi envahit par le Mal, je ne bride plus rien. Jupiter n'est pas affecté par Viktorya, il peut t'emmener la voir si tu le désires, mais s'il voit quoi que ce soit il te ramènera. »

C'était une proposition sincère mais Cocoon aurait préféré qu'elle refuse. Elle voulait rentrée, lui aussi, alors il laisserait Viktorya dans son propre appartement, sans qu'elle en sorte, jusqu'à ce qu'ils reviennent avec de quoi la sauver d'elle-même.
Mais si l'Ange voulait aller la voir, alors elle verrait son visage déformé et en convalescence. Cocoon lui avait brisé les bras, la mâchoire, les pommettes, et elle pouvait à peine ouvrir les yeux. Mais elle restait là, attachée psychiquement à lui comme l'était un maitre et son Orine. C'était lui qui refusait de la voir, elle elle le craignait juste.
Prenant son arme et sa besace, il dit à Jupiter de s'occuper de l'Orine, en la faisant résider ici. Une fois sortit d'ici, il dit à son Ange :

« Qui est... Ysi... machinchose ? »


Une fois dans le quartier résidentiel, Cocoon arpenta les rues, avec la sale angoisse de rentrer chez lui. Il allait revoir sa fille, mais il voulait régler au plus vite cette histoire. Malheureusement, il ne pensait pas avoir les compétences requises pour faire quoi que ce soit à Viktorya. Réfléchissant, il poussa la porte de chez lui et vit un type aux longs cheveux, quitter Hasnna, et s'approcher de Nydelia. Ce type n'eut même pas le temps d'ouvrir la bouche ou de lever la main, qu'il reçu directement le poing de l'Orisha en plein milieu de sa face. Une fois le mec par terre, Cocoon le chopa pas le col et le jeta à l'extérieur, l'encastrant dans le mur de l'autre côté de la rue.

« J'aime pas le poisson, dégage mollusque. »

Claquant la porte il se tourna vers Nydelia en s'essuyant les mains.

« Pourquoi il faut toujours que des inconnus entrent chez nous ? »

L'Eshu sentit quelque chose contre son tibia. Baissant la tête il vit Hasnna s'accrocher en pleurant. L'attrapant dans ses bras, il la porta contre lui et elle pleura contre son cou, sans rien dire. Ses larmes reflétèrent toute la peine qu'elle avait subit pendant presque deux mois d'abscence. Montrant la chambre du doigt, il agita les lèvres sans parler :

« Je monte cinq minutes »

Montant les escaliers, il alla à l'étage, alors que sa fille pleurait sans s'arrêter. Elle ne parlait pas, mais s'accrochait à lui et à ses vêtements. Cocoon s'assit sur le lit, et la laissa pleurer, en lui caressant les cheveux. Il passa sa mains dans ses boucles blondes attachées en couettes, avant de les lui défaires. Ses cheveux tombèrent dans tout son dos, et il passa ses doigts au travers, démêlant des petits noeuds. Ses cheveux de bébé étaient doux et soyeux, et une fois que ses spasmes se calmèrent, il commença à lui parler et à la réconforter, d'une voix douce, comme un chuchotement apaisant.

Cocoon s'occupa de sa fille, la caressant doucement et essayant de la rassurer. Elle pleurait et il ressentait toute sa peine, et toute sa rancoeur.

« Pardon ma Reine. Pardonne moi de t'avoir abandonné. »

Elle n'avait pas besoin de parler qu'il comprenait tout de sa petite fille. Sa si jolie petite fille. La culpabilité le prenait aux tripes, et il ne pouvait pas s'empêcher de s'en vouloir. Comment avait-il pu être un père aussi indigne ? Il ne sentait plus l'alcool à plein nez, mais il en était encore imbibé, alors il lui tardait la fin de la journée, pour enfin se coucher. Pour enfin se mettre au lit, avec sa belle, et ne plus penser à rien. Seulement aux femmes de sa vie qui habitaient dans cette maison.

Seulement pour le moment, il y avait encore des choses à faire, et à accomplir et lui, il était interdit de sortir d'ici sans avoir trouver l'antidote pour l'Orine -quand bien même elle serait malade-. Lorsqu'il entendit Nydelia monter, il tourna la tête vers elle. Hasnna bailla, ses pleurs s'étant arrêtés pour le moment, et il la porta contre lui lorsqu'il se leva.
L'Ange lui fit mentalement la réflexion de manger, au moins pour elle, pour qu'elle suive son exemple. Elle était la copie de Cocoon. Tout ce qu'elle faisait, et bien qu'elle soit privée de la vue, était fait en fonction de son père, si ce n'était à l'identique complètement. L'Orisha était devenu son modèle et il était fier qu'elle soit une de ces personnes qui n'était pas sa race, mais qui vivaient libres.

Une fois en bas, il mit la petite sur ses genoux et commença à la faire manger. Mais elle ne voulait pas. Elle était encore très frustrée, et elle ne voulait rien avaler. Soupirant, il mangea, devant elle, et quand elle comprit que lui se nourrissait, elle chercha sa main pour emmener la fourchette à sa bouche à elle. Finalement si papa mangeait alors elle aussi ?
Il parla avec Nydelia de l'Ondin. Alors c'était lui le fameux Ysimachinchose. L'Orisha fut seulement désespérer d'apprendre qu'elle l'avait recueillit et ne pu que lui avancer qu'ils n'étaient pas la maison du bonheur ici, et que le social très peu pour lui.

Cocoon veilla un peu, passant du temps avec sa fille. Elle ne voulait pas le quitter et restait tout le temps accrocher à lui. Elle voulait sortir, qu'il la prenne dans ses bras, qu'il la réchauffe... Bref elle voulait tout, et elle voulait qu'il reste. Mais l'Eshu du la coucher et elle pleura à nouveau. Il resta avec elle jusqu'à ce qu'elle s'endorme, avant de filer à l'étage. Il traversa la chambre et, laissant la porte ouverte, il commença à chercher dans ses livres, le moindre indice. Quelque chose sur la mémoire ou même sur les malédictions.
Pour la mémoire, il trouva quelque chose à propos des souvenirs, mais ce n'était pas assez puissant, et il n'avait pas le temps de faire des expériences, avec des combinaisons d'ingrédients inconnus. D ailleurs, il en fit part à l'Ange :

« Désolé de ne pas t'en avoir parlé à table, mais j'avais besoin de réfléchir à la question. J'ai d'abord cherché dans mes propres ressources, pour savoir si je n'avais rien à ce sujet. J'ai trouvé quelques trucs, mais ce n'est pas assez puissant. Donc seconde solution... »

Il ferma le grimoire et se leva :

« Le magicien. »

Cocoon devait partir trouver quelqu'un d'assez compétent en la matière pour exaucer ses voeux. Il pensa à Viktorya, et outre la colère qui le submergeait, il avait beaucoup de compassion pour elle, et surtout son état.
Vidant sa besace, il y mit quelques objets utiles à l'intérieur, avant de regarder aussi la lame de son épée. C'était tout bon, ils pouvaient se mettre en route. Seulement il était fatigué, Nydelia aussi surement, puis il ne pouvait pas laisser une nouvelle fois Hasnna bref... C'était mauvais l'heure du départ. Ce genre de virée nocturne ça tournait toujours mal et il fallait absolument qu'il dorme.
Soupirant, il s'assit sur le lit et enleva ses chaussures. Depuis combien de temps n'était-il pas revenu dans la couche conjugale ? Il avait l'impression que ça faisait des décennies. Retirant ensuite son haut, il le laissa choir, tout comme le reste de ses habits, sur le sol, et se glissa sous le draps, seulement vêtue de son parfum. Son dos lui faisait mal, mais il ne se fit pas prier longtemps pour s'endormir, non sans oublier d'embrasser sa si bel Ange, venu le sauver d'une mort certaine.

Je fus contente de voir que les deux mangeaient, pour Cocoon c'était l'occasion d'encore plus défaire les restes d'alcool qu'il restait dans son organisme et pour la petite, c'était l'occasion de reprendre des forces un peu. Bien évidement, elle avait boudé son assiette au début et je fus seulement quand il se mit lui même a manger qu'elle en fit autant. J'espérais seulement que ça irait pour demain, car si le père m'inquiétait, ça valait aussi pour la gamine. Si je ne voulais pas qu'il culpabilise a s'en rendre malade, j'espérais qu'au moins il se rendait conte de ce qui c'était passé dans la tête de la gamine pendant cette trop longue absence et qu'il veillerait vraiment à ce que ça n'arrive plus.
Cependant, il avait mal compris quand j'avais parlé de l'ondin et rapidement je mis les choses au clair en lui disant que non, il ne vivait pas ici, jamais je ne me le serais permis, mais qu'il vivait a deux maisons d'ici et que je l'aidais un peu à s'intégrer. Je me demandais seulement ce qu'il avait déjà contre lui. De base, le comportement d'Ysirion m'amusait plus qu'autre chose tant qu'il n’en faisait pas trop, mais maintenant je trouvais que ça risquait d'être vraiment dangereux pour lui s'il ne faisait pas attention. Enfin, on verra ça bien plus tard, car pour le moment il y avait des choses beaucoup plus importantes à régler, mais malheureusement, il ne me répondit pas pendant le repas.
Il du passée encore beaucoup de temps avec ça fille, quoi de plus normal après tout, je leur laissais de toute manier ce moment, m'occupant d'Alicia pendant qu'ielenia boudait dans son coin. Alicia me parla alors des progrès qu'elle avait faits en magie et je ne pus m'empêcher de soupirer. Elle grandissait trop vite à mon gout et l'entendre parler ainsi m'inquiétait. Ce faisait longtemps qu'elle ne regrettait plus mes départs, elle les comprenait mieux, mais surtout elle en profitait pour s'exercer. Bien évidemment, je n'avais pas peur qu'elle préfère la magicienne qui s'occupe d'elle à moi, mais Pluto qu'elle décide qu'il était temps pour elle de partir à l'aventure à son tour. Je savais que certains enfants le faisaient, mais moi, je la trouvais beaucoup trop jeune.
Quand on mit les filles au lit, bien évidement, il du resté prés d'elle et je montais alors pour prendre mon bain, une fois dans l'eau, j'en profitais alors pour essayer de me détendre. Mais je devais admet que ce n'était pas facile. Je savais que ce n'était pas totalement de sa faute, mais se serais mentir de faire comme si de rien n'était, j'étais quelque peu abattue. Si la situation restait complexe, je ne pouvais m'empêcher de me dire qu'il avait touché une autre femme. À cotée tout ce qu'il ce passait, je me demandais si je ne préférais pas ré affronter le futur tien, mais bon, c'était certainement trop exagéré et je ne devais absolument pas oublier qu'il n'avait pas vraiment été libre de ses actes.
Quand je l'entendis enfin monter, je sortis alors de mes pensées et l'écoutais faire des allées et retours à l'étage. Je ne savais pas vraiment qu'est ce qu'il cherchait et quand je sortis dans la salle de bain, il m'expliqua alors qu'il avait cherché après une solution dans ce qu'il connaissait déjà, mais malheureusement pour nous, ce n'était pas vraiment le cas. En même temps, ça aurait sans doute été vraiment trop beau. Je réfléchissais alors un instant tout en allant le rejoindre dans le lit. Il avait parlé de magicien, décidément, dès que l'on avait besoin de quelque chose d'assez particulier, il fallait que l'on pense à eux, mais c'était sans doute normal.

— est ce que tu à un magicien en tête ? Car Alicia ma demander d'en apprendre plus sur les siens, du coup j'ai réussi à trouver une magicienne qui accepte de tout lui enseigner. On pourrait peut-être lui demander. Bon, je doute fort qu'elle connaisse quoi que ce soit en sort qui pourrait nous aider, mais elle pourrait certainement nous conseiller quelqu'un.      

Le souci, c'est que maintenant je ne savais pas quand elle venait, elle m'avait appris qu'elle avait quelque truc a faire avant et que de toute manier, Alicia se débrouillait assez bien et qu'elle n'aurait bientôt plus besoin de suivre son enseignement a domicile.
Enfin au pire je savais qu'il n'était pas vraiment compliqué des trouvères. Mais on pourrait y réfléchir plus activement demain matin, pour le moment nous avions tous deux besoins de sommeil. Je m'installais alors a ses cotées, m'endorment assez paisiblement en pendant que j'allais enfin repasser une nuit dans ses bras. On se réveillait assez tôt cependant et rapidement une question vient me traverser l'esprit.

— on lui annonce que l'on part encore quelque temps ou est ce que l'on regarde pour le faire discrètement ?      

Bien évidement, partir discrètement n'était pas une bonne idée, mais je laissais à son appréciation. J'espérais seulement que l'on n’en aurait pas pour trop longtemps. Je m'apprêtais alors rapidement, quand je fus prête, je lui dis que je devais vite aller prévenir Kahel que je partais quelque temps, il acquiesçait et je pus retournée près de Cocoon pour voir si tout était prés.

Cocoon dormit mal. Il faisait des cauchemars, il avait chaud, puis froid, et se réveilla finalement plus épuisé qu'autre chose. Soupirant alors que le soleil venait à peine de percer les fenêtres, il s'assit sur le lit en s'étirant. Ses muscles étaient encore mâchés des deux derniers jours, et il eu du mal à se mettre debout. Allant dans la salle d'eau, l'Orisha parla d'une voix grave matinale :

« Je ne sais pas si tu te souviens un vieux magicien que l'on était allé voir pour Elise, dans les terres d'émeraude euh... Ou peut être ailleurs en fait, bref, tu te souviens ? Il ne pourrait pas nous aider lui ? »

Ce dit magicien aurait été capable de blanchir les ailes d'une ange, alors pourquoi il ne pourrait sauver une pauvre Orine ? Lorsque l'Orisha pensa à Viktorya, il sentit la petite l'appeler. Elle était seule et malheureuse et il ressentait, par le lien qu'il entretenait avec elle, combien il lui manquait. Avec un certain effort, il essaya d'en faire abstraction, le temps de se préparer, mais ses appels étaient aussi doux et attirant que le chant d'une sirène. Inlassablement elle lui fredonnait de venir toujours plus prés, et d'être à ses cotés.

Se tenant la tête, il grimaça et s'appuya à l'encadrement de porte. Cocoon la secoua avant de regarder Nydelia et lui dire :

« Il faut faire vite par contre je... Elle m'appelle et ça me prend la tête. Mais je refuse de la voir tan que je n'aurai pas de solution pour elle. »

Et cette douleur psychologique était infernale. Plus les minutes passèrent, plus Cocoon en souffrait. L'Orisha s'habilla et descendit, commençant à préparer quelques affaires. Il en profita pour aller voir Hasnna, et la kidnappa de la chambre pour la prendre dans ses bras, et l'emmener sur le divan. Sa petite fille dormait, complètement blottie contre lui, et cette vision brisa tout. Son ambition, son aventure, sa culpabilité... Tout. Après tout, et s'il était mort ? S'il était... Que serait-elle devenu elle ? L'Eshu embrassa sa petite bouille, ce qui la réveilla. Elle fut heureuse de s'éveiller à cette journée, dans les bras de son père, qui l'enveloppait de toute son aura protectrice et paternelle. Cette scène s'arrêta bien trop vite au goût de la petite, quand Cocoon lui annonça qu'il serait absent pour la journée. Comme prévu, elle ne voulait pas le lâcher, et il mit tellement de temps à la calmer, que la nourrisse avait eu le temps d'arriver entre les deux.

Soupirant, la femme tenta tan bien que mal de récupérer Hasnna, alors que l'Orisha se préparait, écoutant ses sanglots.
C'était dur pour elle comme pour lui, mais il devait le faire, il devait y aller, et faire cesser enfin ses cauchemars. Faire de sa conscience, un esprit tranquille. Prenant Nydelia par la main, ils sortirent de la maison et Cocoon dit :

« Allons voir ta magicienne. Si elle ne peut rien pour nous, nous repartirons voir l'ancien ami d'Elise. »

L'alcool l'appelait, tout comme l'Orine. Les deux étaient aussi addictifs, mais il préférait cent fois plus l'alcool. En y pensant, il en eu l'eau à la bouche, puis il s'écoeura de sa propre attitude, des actes qu'il a pu avoir. Alors il tarit son envie, comme si elle n'avait jamais existé, se concentrant sur son objectif.

La nuit fut longue et agité. Cocoon avait trop chaud, puis trop froid, et se réveilla quasiment toute les heures. C'était énervant, il avait besoin de beaucoup de repos, pourquoi son corps ne le laissait-il pas en paix ? Sa tension chutait gravement parfois, si bien qu'il se retrouvait ensuqué et complètement léthargique. Il lui était impossible de bouger, et il était au bord de l'évanouissement. Quand le jour pointa le bout de son nez, alors l'Orisha décida de se lever. Il avait une mine affreuse, il était pâle malgré son teint hâlé, et avait de sacrées cernes. Allant dans la cuisine, il ouvrit le garde mangé, et sortit de la dernière étagère, une potion. Elle était l'équivalente du café. Un boost temporaire, au moins le temps de se réveiller. Par précaution il en prit deux avec lui, et les fourra dans sa besace. Même si, sur le moment, Nydelia l'aidait dans l'euphorie de la chose, et en croyant dur comme fer que Cocoon et elle allait tenir, l'Orisha en était moins sur. Le Lien s'était normalement affaibli. Il était là, les maintenait, mais il ne les rendait plus aveugle, cette aventure avait affecté tout et tout le monde.
Il n'était pas impossible que l'ange décide alors de renvoyer Cocoon. De lui dire de ne plus jamais revenir. Comment avait-il seulement pu avoir l'indescence d'avoir partager la couche conjugale cette nuit ? S'il devait encore dormir dans cette maison, il prendrait le divan, ne voulant pas affecter outre mesure sa douce Ange.

Dans sa tête, tout se mélangeait, et les émotions étaient atroces. Son coeur était tiraillé, martyrisé, il se sentait dépérir, et cette fois ci, il en était conscient. L'alcool n'était pas là pour l'envoyer dans un rêve. Le whisky ne coulait plus à flot, pour le faire entrer en transe. Il voyait clair et il voyait surtout qu'il avait maintenant toutes les raisons pour que le monde se détourne de lui, et ne le laisse seul. Même Hasnna aurait le droit de partir.
Rien qu'à la pensée que sa petite fille puisse le quitter, il avait envie de hurler de rage. Puis Nydelia finit par arriver dans le salon. Il se tint à bonne distance d'elle, prenant gare à ne pas la toucher.
Cocoon sentait qu'un fossé s'était creusé. C'était de sa faute, mais il n'assumait pas. Il n'osait même plus l'effleurer. Son ventre n'avait pas faim, alors il ne mangea pas, et bu simplement un verre d'eau en même temps qu'il parlait.

Sa mémoire était assez courte sur certain sujet et notamment celui là. Alors quand elle lui parla de l'archange, ce fut comme si elle lui avait parler angélique. Il cligna des yeux et finit par soupirer.

-Désolé, je ne me rappelais pas exactement.

Une fois qu'ils furent sortit de chez eux, l'Orisha se gratta la nuque, essayant de stopper le bruit qui lui parvenait. Il avait mal à la tête, et l'agitation matinale n'arrangeait rien. Suivant l'ange, il arriva près d'une maison, où Nydelia frappa. Une dame vint les accueillir, étonnée, et fixa les deux gens un moment. La jeune femme s'exprima directement ce qui ramena la magicienne à la raison. Elle fit entrer le couple et l'invita à s'asseoir, en le proposant à boire. Cocoon refusa, et resta debout, peu enclin à se vautrer dans un fauteuil. S'il devait s'asseoir ce ne serait que pour s'endormir. Donc il valait mieux éviter. Nydelia expliqua très brièvement à sa connaissance, le problème de Viktorya, avant que cette dernière ne lui réponde. Elle voulait en savoir plus, mais ce n'était que de la curiosité, et Cocoon détestait les curieux. Il leur arrachait les yeux. Scrutant la bonne femme, elle ne fit pas de manière et les envoya chez un sorcier, hors du village, plus vers le port.

Remerciant cette magicienne, tous deux disparurent. Cocoon se vêtit de son collier, et ses ailes poussèrent. Ce serait plus rapide en volant. Sortant du quartier résidentiel, ils s'envolèrent, en silence -du moins pour lui- de manière à arriver près du Port.
Avant l'agglutinement de maisons, il y avait bien une bâtisse, seule, peu encline à recevoir le moindre visiteur, mais l'Orisha se posa quand même devant l'entrée, et enleva son bijoux. Il laissa l'Ange frapper -sinon lui, il allait défoncer la porte- et un type mal peigné et mal rasé leur ouvrit.

-Oui ?
-Vous êtes Sténo ? Mirabelle nous envoie.
-Mirabelle ? Je ne l'ai pas vu depuis une éternité, elle va bien ? Oh mais entrez, entrez...

Une fois tous dedans, le magicien marcha jusqu'à un petit salon et dit :

-Mettez vous à l'aise, je vous en prie. Que puis je faire pour vous ?
-Une amie à moi est touchée par une malédiction, dont elle n'est pas consciente, et j'aimerai la lever.
-Hum... Oui... Pouvez vous m'en dire un peu plus ?

Sténo se leva et partit vers des étagères pour regarder la reliure de certains livres.

-C'est une jeune fille qui fait naitre des sentiments, chez qui la regarde, de haine et de rage. Et... Elle fait sortir les gens de leurs gonds, si bien qu'ils veulent la violenter.
-Bien bien... Je connais... C'est très rare vous savez !
-Est-il possible de faire quelque chose ?
-Il est toujours possible de faire quelque chose, laissez moi le temps de chercher...

Spoiler:

Ledit Sténo se mit à chercher dans quelques livres, tout en posant des questions ponctuelles à Cocoon. L'Orisha essaya d'y répondre du mieux qu'il pu, avant de remarquer Nydelia se lever. Devait-elle vraiment l'accompagner ? Il savait qu'elle avait été très secouée par cette histoire, et peut être aurait-elle mieux fait de l'attendre ? Puis il réfléchit. Cela faisait déjà combien de temps qu'elle l'attendait ? Trop longtemps. Maintenant il fallait qu'elle l'accompagne, et qu'elle le soutienne. Il avait souillé son corps, son coeur, et sa mémoire, alors la moindre des choses, pour lui montrer qu'il avait encore un temps soit peu de respect envers elle, était de lui laisser le choix, la liberté, de l'accompagner. Si elle voulait se battre avec lui, il n'avait donc pas à la retenir. Mais il avait l'impression qu'un fossé se creusait. Le Lien vibrait différemment. Bien sur, il était toujours là, toujours présent mais... Il était peut être temps qu'elle soit au courant non ? Qu'elle comprenne pourquoi elle ne pouvait pas se passer de lui ?
Il hésita un long moment. S'il devait le faire, ce n'était pas ici... Mais plutôt après que toute cette histoire soit terminée. Seulement Sténo ne lui en laissa pas vraiment l'occasion.

« Est-elle liée à vous ? »
« C'est une orine. »
« Et vous êtes son maitre ? »
« Non. »
« Alors je réitère ma question : l'avez vous lié ? »
« Je vous dis que non ! »

Cocoon était agacé. Il fronça les sourcils, et haussa un peu la voix. Il savait pertinemment de quoi voulait parler Sténo, mais ça ne lui plaisait pas d'en parler devant quelqu'un de lié. Mais on ne lui laissa pas le choix.
Le magicien le regarda légèrement méfiant, avant de dire :

« Il faut que je... »
« Vous êtes sourd ? Je sais encore qui je lie ! »
« Bien... »

Il jeta un coup d’œil à Nydelia, pour chercher un quelconque soutient, puis se replongea dans ses papiers moisis. L'Orisha poussa un soupire, mettant ses coudes sur ses genoux, et ses mains sur ses yeux. Pourquoi avait-il fallut qu'il parle de cela maintenant ? Ça allait clairement susciter des questions chez l'Ange. A part les Orishas, personne n'était au courant qu'ils avaient ce magnifique pouvoir de liaison d'âme et de corps. Quelle surprise...

Après d'autres longues minutes d'attente, Cocoon entendit le magicien écrire. Il gratta du vélin, pendant quelques secondes, avant de le tendre à l'Orisha.

« Pas besoin de potion ni quoi que ce soit, mais d'un rituel. Les malédictions sont des sceaux que l'on appose sur les personnes, ou des lieux. Pour protégé un lieu vous pouvez apposer un sceau magique. En fonction de ses effets ce sera une bénédiction ou une malédiction. Les deux ne sont brisables que grâce à des rituels. Comme j'ai marqué ici, il faut que vous l'emmeniez dans un lieu assez clos de préférence, sans lumière extérieure. Vous réunissez ses ingrédients, et vous suivez les instructions. A la fin, ça devrait fonctionner. »

Se détournant pour aller se faire bouillir un thé il renchérit :

« La cible tombera dans l'inconscience, pendant trois jours. Il faut le temps que sa mémoire et tout son corps se régénère, pour qu'elle ne subisse plus les effets nocifs. Et comme toutes malédictions, il y a une contre partie. Cette fille sera liée au briseur. Donc l'un ou l'autre d'entre vous. »

Ca, ça ne plaisait que moyennement à Cocoon cependant. Sortant de là après l'avoir remercier, il s'avança légèrement pour s'éloigner de la maison.

« Alors j'ai quelques solutions. Soit nous allons briser la malédiction de Viktorya, et elle est liée à toi, soit elle est liée à moi ou alors, on fait brisé la malédiction par quelqu'un qui veut une Orine. »

Puis il réfléchit cinq secondes et se coupa dans sa réflexion :

« Non, elle a déjà été vendu une fois, puis séquestrée, je ne me sens pas de la... Donner, comme si c'était une simple esclave enchaînée... Non, non, c'est hors de question. Ecoute en fait, je vais la prendre. Vu qu'elle n'aura plus la malédiction ça me permettra seulement de ne pas oublier le mal que je lui ai fais. Il faut que j'apprenne de mes erreurs, et voir son visage à chaque fois que je l'appelle, me permettra de me remettre les idées en place. Ca m'arrange qu'elle dorme ensuite pendant soixante-douze heures, car je lui fabriquerai la potion d'amnésie pendant ce temps. »

Sortant le papier il le lu :

« Bon, du sela, de la fœdor, du spira et de la carnia. Bien... Du sela on en trouve partout, c'est ce qu'il y a sur les rochers, cette espèce de mousse blanche. La foedor est une plante funèbre, on en trouve dans le cimetière. Elle ne pousse que lorsqu'il y a un cadavre enterré, qui peut nourrir ses racines. La spira et la carnia sont plutôt des espèces marécageuses, donc on va devoir aller affronter les trolls, pour pouvoir les cueillir. Tu es prête ? »

L'Orisha ne lui avait pas, volontairement, laisser le temps de parler de l'Orine, du lien et tout le toutim. Il ne voulait pas se prendre la tête maintenant, ça n'aurait servit à rien. Rien du tout. Mais un jour, il allait bien falloir qu'il lui dise.

Cocoon se tourna vers Nydelia quand elle lui annonça qu'elle voulait cueillir des petites fleurs, et raser un chat. La simplicité de la chose, pour éviter d'aller partir aux quatre coins du globe. Seulement, sous cette petite indication comique, lui il perçut autre chose.

« Je peux y aller seul. Tu as beaucoup fait pour moi et... »

Mais les mots ne voulurent sortir de sa gorge. Regardant le ciel bleu, en opposition avec l'orage qu'il se passait dans son corps, il soupira et dit :

« Tu n'es pas obligée de me suivre. Nous pouvons nous rejoindre à la maison. »

Même ce mot semblait faux. Comme s'il était en train de réaliser que la bonne volonté qu'il essayait de mettre dans tout cela, n'était finalement qu'un leurre. Quelque chose d'impalpable, qu'il ne pouvait réellement comprendre, et contre laquelle il ne pouvait lutter. Ils pouvaient faire des pieds des mains, au final, ne feraient-ils pas que se voiler la face ? Le Lien ressentait déjà cette distance, ce fossé qui se creusait, et il ne vibrait que peu dorénavant. Cocoon avait l'impression qu'il pouvait libérer Nydelia de cette chaine, de cette étreinte mais, le faire ici et maintenant, la chute serait bien trop dure pour eux deux. Il le savait. La situation était devenu chaotique finalement, surtout pour lui. Ce qu'il avait fait était horrible, et ce n'était qu'un juste retour des choses. Au bout d'un moment, il faut bien que la tête du bourreaux tombe. Et ici, c'était la sienne.
Alors quand il se laissait à penser au reste, à leur 'vie de famille', à sa fille, aux animaux, à leur 'chez eux', il y avait comme une bile amère qui envahissait sa bouche, le faisant grimacer intérieurement. Cocoon avait beau avoir les épaules larges et le bras longs, il n'était peut être pas encore assez mature pour supporter une vie de famille. Une famille tout court même.
Les paroles de l'Ange le sortirent de sa nostalgie, et il dit :

« Non, elle ne saura rien, et ne voudra rien savoir car pour elle... C'était comme si ces mois là ne s'étaient jamais passés. Elle est sortit de Maëlith, je l'ai récupéré au Port, et elle est tombé inconsciente, et s'est réveillé trois jours plus tard, au lieu de trois mois. Point final. »

Viktorya ne chercherait en aucun cas à savoir ce qu'il s'était passé pendant ces trois mois, car elle n'aurait même pas conscience que trois mois de sa vie son passés, avec un vide total. Pour elle ce n'était qu'une suite logique d'évènement, et Cocoon lui mentirait sans remords, ni regrets, pour la protéger. La protéger d'elle, et de lui.

« Oui, ce n'est pas une recette compliquée, j'ai tout. »

Il avait beau avoir la tête ailleurs, il connaissait encore son laboratoire par coeur. Se mettant en route pour le cimetière, ils empruntèrent à nouveau la voie des airs. Pendant le voyage l'Orisha restait silencieux, et même complètement maussade. Il était pessimiste, tellement, qu'il s'imaginait immédiatement le pire, lorsqu'ils rentreraient, et qu'ils auraient une vraie conversation. Quelque chose d'important...
Et si l'Ange partait ? Et si elle réalisait que l'amour qu'elle lui portait, n'existait qu'à travers le Lien ? Que sans lui, elle ne ressentait rien ? C'était tellement probable. Et lui, que voulait-il ? Continuer cette vie ? Essayer de remettre le couvert, de faire souffrir Nydelia sans qu'il ne puisse rien y faire ? C'était dans ses gênes. Dans ses gênes d'être quelqu'un d'évasif, de volage. Et pas que du côté charnel, du côté caractériel aussi. Il pouvait être le plus dur des guerriers, il n'en restait pas moins quelqu'un axé sur lui principalement, sans pourtant réfléchir aux conséquences de ses actes. Des images de leurs premières rencontre lui vinrent à l'esprit. Ouais, c'était le bon vieux temps, le temps qu'il aimait. Si ils devaient en venir à faire un pause avec Nydelia, il aurait juste toutes les raisons de devenir un soulard, de faire la fermeture des tavernes, et de s'échouer chez l'Impératrice de la Nuit. Elle qui l'a vu dans des situations tellement pitoyables... Une de plus, qu'était-ce seulement ?

Une aura assez tragique planait autour de lui. Son empathie, son charisme, lui donnait alors plus qu'un air maussade mais plus un spleen. Quelque chose de violent, et ça ne donnait pas envie aux autres de l'approcher. D'ailleurs, le chemin jusqu'au cimetière était terminé, et Cocoon se posa calmement, avec de scruter les environs. Effectivement, il trouva assez bien et rapidement les deux premiers ingrédients. En faisant attention, il gratta les pierres ensevelies, puis cueillit les plantes, avant de tout ranger dans des petits bocaux qu'il rangea soigneusement dans sa besace. Sans mots de plus, il ferma son sac et jeta un dernier coup d'œil au cimetière, avant de vouloir s'envoler pour repartir. Et s'il l'embrassait ? Ses baisers auraient-ils le goût amer du cacao pur, ou du café noir ?