Je fis craquer mon cou, fixant les deux malfrats que nous avions attrapé, Ritournelle et moi. « Tu devrais leur faire payer leur silence, Jun. Prend ce couteau et écorche les doucement... ». La voix sensuelle d'Aria s'élevait à mes côtés, comme un ordre implicite. Elle me faisait horreur et si, à ce moment précis, il y avait bien quelqu'un que j'avais envi d'écorcher, c'était elle. Mon clone jouait toujours les malades afin que mes adversaires me croient aliter, à l'article de la mort. J'avais entendu dire que Mitsuko avait enfermé son époux dans le temple des esprits et je me demandai bien comment les réprouvés comptaient remporter la guerre sans leur souverain pour faire peur à mes troupes. Cependant, peu m'importait ce genre de considérations, le cristal était mon seul objectif, bien que j'ai envi de faire parler ces hommes sur leurs techniques de torture que l'on jurait horribles à souhait. Cela pourrait m'être utile le jour où le seigneur des deux rives serait à moi. « Que fais-tu là? ». Elle rit, me regardant comme si cela était évident, l'une de ses mains caressant le bas de mon dos. Le seul soucis chez cette femme, c'était son odeur enivrante, odeur qui m'empêchait d'ailleurs de la découper en morceau depuis qu'elle était revenue à la vie. Elle sourit, me soufflant : « Voyons, je ne rate jamais un spectacle digne de ce nom mon cher, tu devrais le savoir depuis le temps que nous nous connaissons. ». J'avais du mal à savoir si elle parlait de moi ou de ce que j'allais faire à ces deux idiots s'ils ne me confiaient pas leur art. Je pris le couteau entre mes doigts, semblant pensif. « Non tiens, tu vas les faire parler, moi j'ai autre chose qui m'attend. ». « Hum... je suis déçue. C'est tellement plaisant à regarder un homme faisant un travail de précision... ». C'est vrai que j'étais loin d'être une sorte de boucher, je faisais toujours les choses bien. « Mais je suis sûr que tu prendras nettement ton pied en exécutant toi-même la sentence. ». « C'est vrai... ». J'avais toujours détesté cette femme et son attirance pour les tortures les plus immondes. Elle connaissait cependant par cœur l'anatomie, aurait pu être une médecin excellente, mais préférait se plonger dans le mal le plus complet.

Faisant mine de sortir de la pièce, elle m'interpela, me demandant alors : « Et l'on peut savoir où est ce que tu comptes aller? ». Je n'allais pas lui dire que je pensais rendre le bocal que m'avait prêté une elfe à sa propriétaire, elle serait sans doute entrée dans une rage folle de savoir que j'utilisais encore le fragment du cristal maître qui me rendait un semblant de gentillesse. Je souris alors : « Ne te souviens-tu pas de la mascarade qui se joue? Mon clone dans le lit à ma place et moi en voyage à la recherche des fragments du cristal maître. Si tu veux que notre plan fonctionne, alors laisse moi faire. ». Un éclat brilla dans ses yeux avant qu'elle ne détourne le regard, le portant sur le torse d'un des deux hommes qui avaient repris leur taille normale depuis. Elle y enfonça partiellement la lame, commençant à la descendre délicatement sans se soucier des cris de celui qui, attaché, était impuissant. « Tu as raison. Vas-y. ». « Bien. ». Ce n'était en aucun cas un bien obéissant mais plus le genre de bien qui met fin à toute conversation, qui montre avec un certain tact qui a raison. Et, en l'occurrence, c'était moi.

Je sortis donc de la pièce avant de me téléporter avec le fameux bocal à l'université. En réalité, je n'avais pas prévu de venir lui rendre tout de suite après, mais bien des jours ou des semaines plus tard. Mais puisque l'effet de la pierre était toujours actif, il valait mieux tenir ma promesse de suite, même si cela faisait déjà quelques heures que j'avais quitté Ritournelle. Bien sûr, au fond de moi, je savais qu'elle ne serait sans doute plus là, ce qui fut le cas. Tant pis, je lui rendrais plus tard, quand je la recroiserai, si je la recroisais un jour. Je me mis à fixer le bocal que je devais lui rendre, remarquant alors qu'il y avait une sorte d'adresse dessus. « Aux remèdes d'Ortie. Potions et cosmétiques. Rue commerçante de Malkavian. ». Je souris, amusé par la tournure que prenait les choses. Ainsi donc, mon elfe avait une boutique près du château du clan Malkavian? C'était juste quelque peu dommage que Clauswitz, le chef du clan, ne m'apprécie pas beaucoup, justement à cause de l'accord qui liait sa femme et moi. Néanmoins, je connaissais assez l'homme pour savoir qu'il ne chercherait pas à me faire le moindre mal si je me rendais simplement dans les alentours de son château pour rendre un objet que j'avais emprunté. Bien, dès que j'aurai un peu de temps, j'irai me faire client de cette fameuse boutique. En attendant, je garderai le bocal précieusement, afin de ne pas le rendre en morceau à sa propriétaire.