Mitsu
♚ Fondatrice ♔
◈ Parchemins usagés : 36436
◈ YinYanisé(e) le : 07/07/2005
 | | Mar 15 Jan 2013, 03:54 | |
| Mitsuko le regarda disparaître, restant un instant sans bouger. Elle devait rêver. Depuis quand la faisait-il languir comme ça? Depuis quand lui tournait-il le dos ainsi, alors qu'il venait juste de la regarder avec ces yeux, les yeux qu'il avait lorsqu'il était fou de désir? Elle n'y croyait pas, il allait revenir. Seulement, après quelques longues secondes à rester là, au beau milieu de la salle, elle dut bien se rendre à l'évidence, il était parti. Elle finit par sourire, se disant qu'elle n'aurait peut-être pas dû lui apprendre le tango. Néanmoins, s'il commençait à jouer avec elle, elle risquait d'être bien plus sauvage et difficile à apprivoiser que prévu, peut-être qu'elle lui filerait entre les doigts plus souvent, qu'elle le tenterait bien plus encore. Après tout, elle avait accepté qu'il profite d'elle la nuit et le matin, mais il restait tellement d'autres moments de la journée. Elle se mordilla la lèvre inférieure, imaginant les supplices ô combien cruels qu'elle allait lui faire endurer prochainement. Chaque fois qu'il aurait envi d'elle, à l'exception de ce qu'il se passerait dans le cadre de leurs appartements conjugaux, oui, chaque fois, elle trouverait un moyen de le rendre fou. Et, encore, il n'avait rien vu, il avait eu de la chance car, jusqu'ici, ils avaient été relativement seuls chaque fois qu'ils s'étaient vus. Les domestiques ne comptaient pas, c'était différent d'une réception ou d'un banquet. Là bas, il verrait vraiment de quoi elle était capable et il la haïrait pour son plus grand plaisir. Enfin, en attendant, elle avait envi de lui mais il était hors de question qu'elle lui court après. Elle devait donc renoncer à ce désir. Pourtant, elle en avait frissonné lorsqu'il lui avait attrapé la cuisse, elle avait dû se retenir pour ne pas gémir lorsqu'il avait collé son entre jambe à son bassin, elle l'avait bien senti, elle avait senti qu'il avait envi de s'adonner à ce doux pêcher qu'était la luxure avec elle...mais non. Il devenait résistant, et ça ne lui plaisait pas, pas du tout.
Ils devaient passer moins de temps ensembles, c'était certain. Aussi, elle décida d'arrêter de penser à lui, de l'éjecter de son esprit pour s'occuper autrement. Elle devait faire en sorte que sa puissance augmente et ce n'était pas en assouvissant tous les désirs de cet homme que cela se produirait. Alors, elle ferma les yeux, doucement, essayant de se concentrer sur une toute autre chose, sur une voix, n'importe laquelle, la voix d'une personne qui aurait soif de justice. Elle triait, bien entendu, essayant de chercher les êtres puissants. Elle avait envi de répondre à toutes les attentes mais elle était trop faible encore pour ne pas être influençable. C'était étrange, un peu comme si les pensées de chacun de ses fidèles changeaient légèrement sa façon de voir la justice. C'était d'ailleurs pour cette raison qu'elle préférait être la déesse d'individus neutres ou bénéfiques, car leur emprise était moins forte, moins néfaste. Le mal était une drogue, elle le savait mieux que quiconque. Et, après un moment, elle l'entendit enfin, cette voix, ce sanglot. Alors, elle se téléporta, apparaissant dans sa magnifique robe rouge devant un homme gisant au sol, les mains sur ses yeux, du sang autour de lui. Il clamait à l'injustice, il l'appelait, mais il appelait aussi la vengeance. A côté de lui gisait le corps d'une femme et il ne lui fallut pas longtemps pour comprendre qu'il s'agissait de la sienne. Deux magiciens sans doute assassinés par des sorciers, cela semblait évident dans le contexte actuel. Elle s'agenouilla alors près de lui, prenant sa tête entre ses mains délicates. Il sursauta « Chuuuut. Je vais vous aider. ». Il ne pouvait plus la voir, aveugle pour le restant de sa vie probablement. « Ma fem... » « Elle est morte. Mais vous ne devez pas laisser la haine vous emporter. Croyez en moi et je m'occuperai de faire subir à ceux qui vous ont fait souffrir ma sentence. ».
Il pleura, longtemps, mais elle resta à ses côtés, l'enlaçant, tâchant sa robe, son sang coulant doucement dans son décolleté. Il ne voulait pas qu'elle l'emmener pour le soigner, pour l'instant. Oui, elle resta avec lui, se demandant ce que cela devait faire de perdre l'être aimé, un individu pour lequel on aurait donné sa vie. Elle ne pouvait le comprendre, du moins, pas pour le moment car, à cet instant, elle n'était qu'une femme comme les autres pour lui, qu'une femme qui semblait être la gentillesse incarnée pour laisser un homme ainsi pleurer sur son épaule. « Laissez moi vous soigner. Vous pourrez vous rétablir chez moi. Croyez en moi, c'est tout ce que je demande. Faites moi confiance, le lien qui nous unira sera indestructible, je serai là pour vous, là pour traiter les individus qui vous ont fait ça de la manière la plus juste, je serai là pour discuter avec vous. Le temps pansera vos blessures même si, plus rien n'aura le même goût. Mais, venez avec moi, elle ne voudrait pas que vous mourriez... ». Elle ne sut pas ce qui, dans ses mots, réussit à le convaincre, elle qui était si mauvaise pour les relations humaines en temps normal, mais il accepta enfin de la suivre et, ils disparurent de cet endroit lugubre pour ce rendre au manoir. Une fois arrivée, Seth apparut alors, fixant l'individu avant de sommer les médecins de venir. Il fallait soigner les plaies, arrêter le sang de couler, le recoudre. Jamais il ne reverrait, ce fut le pronostic définitif. « Il va rester ici autant de temps qu'il le faudra. ». « Bien, mais je doute qu'avec ce... qu'avec Zéleph, ce soit une bonne idée. Il risque d'en être jaloux avec son manque de savoir vivre et de bon sens. ». « Il est incapable de retrouver sa chambre donc je doute qu'il voit cet homme. Et puis, s'il le voit, il le prendra pour l'un de mes fils, il suffit de ne rien lui signaler de particulier. Enfin, aussi négativement que tu le vois Seth, cet homme est mon futur époux, et je doute qu'il frappe un homme privé à jamais de la vue, un homme qui, de toute évidence, a autre chose à faire que d'essayer de me séduire. Il vient de perdre sa femme. Donc si le seigneur des deux rives le voit et me pose des questions, je lui dirai la vérité. ».
Le majordome acquiesça, bien forcer d'admettre que, même s'il trouvait Zéleph sot, un tel comportement de sa part aurait été plus que déplacer et peu probable. Mitsuko resta donc avec l'homme qui dormait, les songes, un remède contre l'horreur. A chaque fois qu'il semblait faire un cauchemar, elle lui prenait la main, essayant de l'apaiser comme elle pouvait. Il devrait apprendre à se déplacer avec sa cécité, il devrait apprendre à vivre avec le souvenir de la mort de sa femme. Mais elle l'aiderait, et elle le vengerait, parce qu'il l'avait appelé, même s'il ne devait pas en avoir eu conscience à ce moment précis. Elle l'observa, ses cheveux bleus lui étant étrangement familiers. Peut-être l'avait-elle déjà vu auparavant? Enfin, si elle ne se souvenait pas de lui, il ne pourrait jamais la reconnaître.
Le soir venu, elle irait rejoindre Zéleph, peut-être. Mais elle devrait prendre un bain avant cela, du sang séché couvrant son corps. Elle ressemblait à une vampire qui venait de finir son repas.
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