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L'expérience sous-marine aurait pu être des plus merveilleuses, si elle n'était pas animée par la volonté de sauver l'Océan des morts-vivants qui polluaient les terres depuis de bien trop longues semaines. Rêveuse, Lily-Lune s'égara plus d'une fois dans ses pensées, s'envolant doucement vers d'autres cieux où tout les maux qu'elle combattait n'existaient plus, ou du moins, elle en était maitresse et les contrôlait à sa guise. Petit monde enfoui dans un coin de sa tête, il renfermait tout ses désirs, des plus lumineux aux plus sombres qu'elle ne laissait jamais transparaitre, car même le masque de la délicatesse et de l'innocence pouvait cacher de bien macabres secrets. La jeune femme avançait dans les eaux troubles, en silence, ne se préoccupant guère de ce qui l'entourait. Si une de ces perfides créatures s'en prenait à elle, il n'était même pas certain qu'elle réussirait à parer à temps. Mais elle put nager en paix, sans qu'on la dérange une seule, écoutant d'une oreille les paroles de ses compagnons de voyage. Cependant, elle revint peu à peu à la réalité lorsque se déplacer devint une épreuve déplaisante. Les alentours n'étaient guère accueillants: lugubres à souhait, les flots étaient loin de la belle coloration azur dont pouvait habituellement se vanter les habitants de la Cité Engloutie. Tout autour de celle-ci, des morts-vivants affluaient et Lily-Lune se souvient des paroles de la déesse.

La voix de Neth fut comme un coup de poignard qui fendit l'onde aux teints verdâtres. Suivant son avertissement, Lily-Lune se retourna vivement et ne put que écarquiller les yeux face au spectacle qui l'attendait. Les abjectes créatures, qu'elle s'évertuait à éliminer les unes après les autres , l'encerclaient, vicieux prédateurs qui tenaient entre leurs griffes une proie de choix. Bien que ses gestes étaient emprunt d'une certaine nervosité illustrée par des mouvements brefs et rapides, c'est plutôt calmement que la jeune orine dégaina son sabre, prête à couper les têtes de tout ceux qui s'approcheraient d'elle. L'apparence que la fiole lui avait donné lui conférait une certaine agilité et une aisance époustouflante dans les profondeurs des océans, et Lily ne se priva pas d'user de ses atouts pour combattre les zombis. Mais tellement nombreux, ils ne tarderaient pas à prendre le dessus. Entre deux grands coups de sabre, Lily-Lune tourna sur elle même et dit d'une voix claire mais forte:

« Neth il faudrait que..»

La jeune femme laissa doucement ses lèvres couleur sang se refermer, observant d'un visage neutre le jeune homme dont le corps s'enfonçait lentement vers d'autres abimes. De délicats nuages vaporeux rouges s'effilaient dans l'eau, rendant encore plus hystériques les morts-vivants, avides de ces odeurs, désirant par dessus tout se régaler de la chair de celui qui dégageait un sang d'une telle fragrance. Lily-Lune ne resta pas plus d'une seconde à observer cette macabre scène: son cœur était comme fermé et insensible à la vue de la mort, et bien que ce destin tragique et la suite évidente des évènements que la jeune souveraine n'ignorait pas auraient peiner plus d'une personne, elle restait tourné vers le but de ses batailles et posa un regard intéressé sur la création de Neth qui baignait dans son sang.

« Cher Léviathan, prends part au combat auprès de moi, puisque que ton créateur s'en est aller.»

En réalité, Lily ne s'adressait pas vraiment à cette étrange bête. Prononcé dans un doux et furtif murmure, elle entrevoyait plutôt les avantages qu'un tel allier pouvait lui apporter. Tout deux s'élancèrent parmi les horribles êtres puants et à moitié décomposé qui polluaient les eaux. Après quelques minutes de combats acharnés, Lily-Lune se retira quelques instants, laissant le dragon des mers seul. Elle laissa ses paupières se fermer et se concentra, cherchant dans les débris qui jonchaient le sol de l'Océan tout ce qui était en métal. Elle les déforma tous, les rendant pointus et aiguisés, et les changea considérablement de taille grâce à son esprit protecteur. Les piques acérés dans un sifflement strident jaillir des profondeurs comme des boulets de canon, transperçant bon nombre de morts-vivants.

Satisfaite, elle contempla impassible les corps des zombis qui ne semblaient même plus avoir été autrefois hommes, femmes ou animaux, s'enfoncer comme des lambeaux de tissus. Aujourd'hui, elle n'avait qu'un but: détruire pour mieux reconstruire.

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Les silhouettes désarticulées des créatures à présent bien mortes s'enfonçaient doucement dans les abimes les plus profondes. Cadavres souvent incomplets aux faciès figés dans un rictus reflétant toute la folie qui les avaient animés autrefois, du moins, quand la tête était encore au bout de ce corps putride ou juste un minimum méconnaissable, leur descente s'accompagnait d'une trainée vaporeuse de sang d'une couleur bien étrange. Certaines de ces ombres empestant la mort ne semblaient même pas appartenir à quelque chose de connu tant elles étaient déformées. Lily-Lune, immobile, contemplait quelques instants la danse macabre des lambeaux de chair qui partaient au plus profond de l'Océan, aussi délicatement que des plumes qui voletteraient, poussées par une petite brise avant de s'échouer sur un coussin douillet. Mais ce spectacle ci était moins poétique. La jeune orine détourna le regard tout en laissant un petit soupire s'échapper de ses lèvres. Elle fut alors captivée de brefs secondes par les bulles qu'elle venait de laisser partir, qui s'envolèrent à une vitesse folle à la surface. Puis un visage poupin s'imposa dans son esprit, pourvus de traits fins et d'une chevelure de braise. Malgré la fraicheur presque glaciale de l'onde, Lily-Lune sentit tout son corps devenir brulant: maintenant que le danger était passé, elle se rappela Neth, inerte, s'être échoué un peu plus loin, baignant dans son sang. Contaminé.

Lily n'eut guère le temps de songer à ce qu'elle pourrait bien faire, et d'un côté, elle en était soulagée, puisqu'elle avait apprécié la compagnie du petit rehla bien qu'elle ne l'ai que très peu vu, à peine parlé... Elle se sentait comme libérée d'un poids sachant qu'elle n'aurait pas à envisagé de massacrer son corps pour éviter de le revoir sous une forme bien moins plaisante ou le jeune homme aurait certainement beaucoup moins de conversation. Elle ferma les yeux lorsqu'elle sentit que la magie agissait sur elle pour la portée ailleurs. Quand elle les rouvrit, elle était quelque part dans la Cité Engloutie, allongée sur le sol à moitié nue, ses longs cheveux noirs dégoulinant sur sa peau blanche. Elle aperçut du coin de l'oeil qu'elle n'était pas seule: juste à côté d'elle se tenait deux hommes tandis que la déesse de l'Océan demeurait sereine, non loin devant elle. Juste derrière cette dernière, une fine stature se dessinait fébrilement, mais la jeune souveraine ne put distinguer de cette mystérieuse demoiselle que sa chevelure claire. Gênée, Lily-Lune se recroquevilla, ramenant ses longues jambes près de sa poitrine, et encercla ses genoux de ses petits bras.

Tâchant de passer outre son malaise, elle écouta attentivement les paroles de Naeva qui les félicitait de cette réussite, avant d'introduire une certaine Mitsuko, qui ne tarda pas à annoncer sans détour le nom de l'investigateur de toute cette trop sombre affaire. Lily-Lune haussa doucement les sourcils face à cette révélation: Orion Shidori ne lui était pas inconnu, bien qu'il soit très loin d'être un proche et ne ressemblait même pas à une connaissance. Alors qu'elle entrouvrit les lèvres pour ajouter quelque chose, une fois n'est pas coutume, elle se sentit projeter vers d'autres cieux, et avant qu'elle n'ait pu cligner, atterrit sur une plage. Elle se releva lentement tout en débarrassant au mieux ses cheveux des grains de sable avant de faire quelques pas près du bord du large. Pensive, elle observa le visage neutre l'horizon. Le cœur battant, elle prit silencieusement quelques résolutions et une grande décision. Peut-importe ce que cela lui couterait et le temps que cela prendra, elle combattrait ce mal à sa source pour défendre les terres du yin et du yang, ou du moins, son peuple. D'ailleurs, les muses du Conseil devait mourir d'inquiétude face à son absence prolongée, mais Lily-Lune demeurait calme et posée : elle avait tout prévu et espérait bien que la missive qu'elle avait envoyé ne serait pas jetée aux ordures. Elle murmura dans un souffle offert au vent:

« Caleb...»

Un simple prénom, mais tant d'espoir porté en lui. Un homme dont elle espérait beaucoup sans jamais l'avoir rencontré, et pourtant, elle lui accordait toute sa confiance sans ménagement. Les traits de l'orine s'adoucirent jusqu'à laisser un petit sourire illuminer son visage si pâle. Mais il s'assombrit vite lorsqu'elle repensa à quelqu'un de bien moins plaisant.

« Orion.»

Une forte détermination naquit dans son âme, et sans plus tarder, elle s'élança. Elle ignorait quel serait sa destination, mais elle comptait bien s'y rendre. Peu importe ou ses pas la mèneraient, elle savait que son rôle n'était pas terminé.

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Thème : Péché de mes rêves, tu m'apportes l'Immortalité sur ton plateau fragile

Le Vide, l’Absence, le Silence. Le Rehla se sentait partir dans un sommeil sans fin. Ses tempes ne le faisaient plus souffrir, son corps ne criait plus à l’agonie. Son âme – d’une légèreté déconcertante – flottait vers une rive qu’il ne pouvait ni voir, ni deviner. Cette sensation de liberté, il ne l’avait connu que dans ses rêves ; immenses drapés de chimères et d’utopies où il aimait se lover. Seulement la Toile n’était pas terminée. Les Parques tenaient entre leurs mains un fil perfide, bobine éternelle qui n’assumait ni le Néant, ni la Mort. Un entre-deux cruel où l’existence perd de son souffle, le trépas de son sens. L’esprit du poète jamais ne percevrait la Lumière, le repenti des mortels. N’avait-il pas rêvé à l’Infini ? Pauvre âme, jamais de cette manière ! L’immortel aura raison de lui.

Le rêveur se trouvait enfermé dans une prison de Chair, un navire qu’il connaissait trop bien. Son corps, sa propre enveloppe, une peau devenue trop étroite, trop étouffante. Il n’arrivait plus à bouger, pas même à voir ou à sentir. Ni sur Terre, ni dans l’au-delà, il devinait juste son sort mais n’avait plus ses yeux pour pleurer. Renégat, mort-vivant, cauchemar dépourvu d’esthétisme. Sous les yeux des vivants, commence ainsi l’histoire d’un être sans conscience. S’appelle-t-il seulement Neth ? Le prince cadet du clan Valafar ? D’Identité seulement. Le corps, l’âme, plus rien ne s’attire. Plus rien n’est lié.

Sur la rive ensanglantée, une main pâle semble caresser le sable d’une caresse sourde et tendre. Deux orbes de sang s’ouvrent et admirent le paysage, entrainant un lancinant sourire. Une lèvre sèche, livide, s’étirant sans connaitre nul sentiment. Juste le désir. Sa poitrine ne se soulève pas, son cœur n’émet aucuns battements. Un unique sens le laisse vivre : un odorat hors pair, malsain, entiché de la Chair. Ses prunelles croisent celles d’une proie, la faim se réveille et il connait alors sa finalité. « Les gros poissons mangent les petits ». Se repaitre, détruire et avancer. Personne pour l’arrêter, pas même le trépas.

Le peintre déchu saisit avec rage le poignet de la Fée, courbant son corps pour la dominer. Ses yeux écarquillés dévorèrent d’un trait sa silhouette, maigre repas qu’il saurait néanmoins apprécier. Il approcha la Fleur près de son visage, s’apprêtant à lécher son cou, sa jugulaire. Ses lèvres s’ancrèrent sur sa peau, prêt à embrasser férocement la Chair, la goûter, la savourer avant d’y plonger ses molaires. Prenant appui sur sa main libre, une douleur aigue s’y fit sentir, assez pénible pour détourner son attention. Ses pupilles sanguines rencontrèrent une breloque, vulgaire amulette argentée. Elle s’était glissée dans le sable, sauvée des eaux de la cité perdue. Un semblant d’humanité, fragment d’Amour qui hurlait en ses entrailles de laisser partir Magnolia. Son cœur inanimé se serra une dernière fois.

Pris de dégoût, l’Atroce se leva et toisa de son long la victime. Il la trouvait affreuse dans ses drapés de soie, son odeur fleurie lui inspirait une odieuse envie de vomir. Il dut retenir un haut le cœur avant de tourner les talons. Un Appel puissant qui n’était plus très loin. Il orna son cou de l’amulette, dans un geste qu’il ne comprenait pas. Le dernier cri du Rehla.

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