Un jour, Dame Masha se trouvait en compagnie de son très cher ami, de son cher ange comme elle se plaisait à le nommer parfois, dans la bibliothèque de l’Échiquier, ils badinaient, discutant des œuvres qu'ils appréciaient, des raisons de ces affinités, de l'écriture, des sentiments qui pouvaient motiver ce procédé, de la folie de certains auteurs et du revers de la médaille. Cette discussion s'était c'était peu à peu transformée en débat philosophique, chacun défendant ses points de vues avec ardeur, mais loin de se quereller, ces deux là souriaient, admirant la logique et les arguments de l'autre. La vérité c'est que non seulement ces joutes oratoires les enrichissaient et était un moyen de tromper l'ennui sans perdre son temps, mais surtout ils tiraient tout deux un réel plaisir de l'exercice de la raison et du discours. Ils sortaient de chaque débat plus savants, plus imprégnés des pensés régissant le monde et de l'esprit de l'autre.

C'est au cœur d'une de ces après midi passionnante, alors qu'ils s'enflammaient dans leurs argumentations respectives, qu'un serviteur vint les déranger. La Pièce en conçut quelque humeur et c'est les sourcils froncés qu'elle l'invita à s'approcher, son air grave l'empêchant de le renvoyer comme elle avait pensé le faire. Il lui tendit une lettre cachetée en s'inclinant bien bas. Elle commençait à s'inquiéter, elle sentait le désespoir et la douleur bouillonner chez le brave homme. Elle brisa le sceau avec promptitude et parcourut la lettre avec fièvre. Son contenu lui donna le sentiment d'avoir été frappée. Elle se sentit pâlir. Ce n'était pas possible ! Non cela ne se pouvait ! Pas lui ! Comment cela aurait-il pu arriver ? Elle releva la tête le visage ravagé, se leva, brandit la lettre et c'est en hurlant qu'elle interrogea le serviteur.

" QUI ???? Qui vous a remis pareille calomnie ???? "

Le serviteur eut l'air désespéré, sa douleur transparut sur son visage mêlée à la compréhension. Dame Oona se laissa retomber sur son fauteuil tremblante. Elle tendit la lettre à Akito tout en s'accrochant à son bras pour ne pas perdre pieds. Son émotion était réelle, elle appréciait réellement Keron qui était son seigneur, mais également son amant. Certes elle savait qu'elle n'était pas la seule à bénéficier de ses faveurs, mais elle ne s'en préoccupait guère. Il n'était pas homme à se livrer à l'exclusivité et elle même avait plusieurs amants. Il n'en demeurait pas moins un homme qu'elle admirait sur bien des plans. De plus elle ne comprenait pas ce qui avait pu se passer. Et pire encore, si il était mort cela voulait dire qu'elle pouvait mourir également et cela bien que ce ne soit guère nouveau et bien qu'elle ai toujours triompher de la mort en riant, lui donna une bouffée de paranoïa. Elle serra plus fort encore le bras d'Akito. Certes une partie de son cinéma était peut être de la comédie, mais rien n'était moins, sur, car en cette créature, les extrêmes se rejoignaient et s'entremêlaient avec une profonde complexité. Des larmes roulèrent sur ses joues, la douleur la submergeait, pourtant bien qu'elle n'y prête pas attention, bien qu'elle ne veuille pas écouter son inconscient en cet instant, celui soufflait que quelque chose clochait, qu'elle aurait du le sentir, elle créature aux sens si aiguës, elle qui décelait les évènements avec tant d'aisances, elle qui comprenait si facilement sans voir... En cet instant elle sanglotait juste sans plus penser à rien. Elle qui parfois dissimulait si bien ses sentiments révélait toute sa sensibilité. Et dans cette posture, alors que le chagrin l'accablait, elle était plus belle que jamais. Ses larmes scintillaient sur sa peau argentée, ses yeux dorés noyés de larmes exprimait si bien ses sentiments, son expression et sa fragilité momentanée que nul ne pouvait rester indifférent face à pareil spectacle.

PS : un admin pourrait-il supprimer le post que j'avais fait plus haut, s'il voua plait je l'ai oublié ^^"

Alors qu'elle se livrait à la douleur sans cherche ne serait-ce qu'un instant à la combattre, elle devina pourtant le moment ou Akito réalisa ce qui se passait. Elle sentit la douleur qui émanait de lui et puis il la prit dans ses bras, il la soutenait emplit de douceur et de tendresse. Voila qui n'apaiserais pas les bruits de couloirs... Mais alors que d'ordinaire cette pensé eut tiré un sourire à la demoiselle, elle ne lui vint même pas. C'est à peine si elle arrivait encore à penser. Elle sanglotait encore et encore tandis que l'ange partageait sa peine tout en lui caressant doucement les cheveux pour l'apaiser. Cette scène n'était pas sans rappeler une autre qui s'était produite des mois auparavant dans la forêt lors d'une fête. Là aussi la jeune drow avait pleuré mais c'était de rage et c'est un démon qui l'avait consolé en ces temps. Mais cela non plus elle n'y repensa pas. Son esprit était vide, vide de tout seul demeurait la peine écrasante. Elle l'entourait comme la toile enferme sa proie. Masha suffoquait. Son esprit refusait d'admettre ce qui arrivait, elle ne pouvait le supporter.

Au bout d'un long moment, le jeune homme lui murmura qu'il était temps d'aller lui rendre hommage. Savait-il qu'elle avait été son amante ? Mais peut importaient ces détails insignifiants... Il la menait vers les lieux de l'enterrement et c'est à son bras qu'elle parue les cheveux retenus en un chignon dont s'échappait des mèches rebelles et bouclées, le visage mouillé et respirant la détresse. Ses épaules tremblaient convulsivement. Comment aurait-il pu en être autrement ? Elle ne vit pas les gens qui l'entouraient, elle passa parmi eux sans les remarquer. Tout ce qu'elle voyait c'est le cercueil qui se trouvait au centre de l'assemblé. Plein de prévenance son ami la conduisait, attentif. Elle s'arrêta devant et à travers le verre elle vit ce qu'elle n'aurait jamais voulu devoir contempler. Le corps de son aimé se trouvait là allongé, inerte, c'était une enveloppe vide, c'était son corps mais rien ne laissait deviner le sourire qui errait autrefois sur ses lèvres, rien qui rappela son rire... Pourtant il résonnait encore à ses oreilles. Elle ne voyait plus le monde qui l'entourait, son esprit s'était réfugié dans ses souvenirs.

Il fallut qu'Akito l'attire vers les sentinelles pour qu'elle reprenne pieds dans le présent. Il la mena devant Echys. Celui-ci leur remit une lettre chacun ainsi qu'à une superbe jeune femme du nom d'Aya, Masha la connaissait car elles faisaient toutes deux parti des veuves noires. Mais elle se moquait bien de tout cela à présent. Quelle importance ? Pourtant elle lut la missive. Tout trois devraient à présent diriger l’Échiquier. C'était une preuve de confiance. Mais elle s'arrêta sur les mots qui apparurent peu à peu au bas de la page. C'est à peine si elle les lu. Déjà elle relevait la tête. Ses sens l'avaient avertie les premiers. Elle ne pouvait pas oublier cette aura. Jamais. Ses yeux se fixèrent sur le visage qui apparaissait. C'était une illusion elle le savait. Mais... La drow projeta ses pensés vers le corps et plongea dans l'esprit de l'être. Elle y découvrit son aimé, changé certes mais c'était bien lui. Alors la colère et le soulagement remplacèrent sa douleur.
*Quel besoin avais-tu de jouer à faire une pareille mise en scène ???!!!!* hurla-t-elle mentalement. Puis un peu calmée et cédant totalement au soulagement elle reprit plus doucement *Mais j'imagine que tu as tes raisons, nous garderons le secret... Tu aurait pu m'épargner cela tout de même...* La douleur avait percée dans ses dernière pensés. Alors elle s'approcha et déposa un simple baisé sur son front. Son attitude balaierait les doutes d'Akito exprimé par son coup d’œil. Cependant il leur fallait jouer la comédie maintenant. Masha fit un pas en arrière et retourna se glisser au bras d'Akito, l'expression de bonheur disparut laissant place à la sourde résignation qu'accompagne tenaces douleurs.

La comédienne s'en remettait à son ravageur compagnon pour mener la suite des évènements.