« Suivant.» murmura doucement Pandora, un mince sourire aux lèvres, comme pour tâcher de se donner du courage, car en réalité elle redoutait déjà la seconde épreuve. Les organisateurs de ce petit jeu improvisé étaient des tortionnaires et des sadiques. Comment pouvait-il vouloir que des inconnus se mettent dans pareille posture pour une malheureuse pierre ? Magique ou non, l'Orine doutait que ce cailloux mérite qu'on se saigne pour l'obtenir. Du moins, pas alors qu'il était tranquillement dans les mains de quelqu'un qui patientait très certainement confortablement installé, ce n'était pas comme s'il fallait se mettre une seule fois en danger pour attraper la pierre, il s'agissait d'une succession d'épreuves qui mèneraient peut-être à la victoire. Pourtant, la jeune femme ne comptait pas abandonner et elle se battrait comme une tigresse jusqu'au bout de cette étrange aventure. Pandora ferma les yeux alors que le décors tout autour d'elle semblait fondre pour qu'elle se retrouve quelques instants plus tard au beau milieu de l'Université de Magie promise, toujours en compagnie du démon et de l'enfant. Elle susurra un petit merci timide lorsque Kyo lui envoya une trousse de soin qu'elle ne parvint même pas à rattraper, bien trop maladroite pour cela. Elle enleva délicatement dans une petite grimace de douleur le morceau de tissu sacrifié des vêtements du démon pour pansement de fortune avant de s’atteler à sa guérison, la tête légèrement tournée pour que Violette ne revoit pas le sang. L'Orine ne tenait pas particulièrement à ce que la fillette fasse un second malaise. « Oui j'ai un peu faim.» répondit-elle ensuite, toujours souriante. Elle parvenait à avoir l'air calme et posée, s'approchant tranquillement du petit duo pour prendre deux ou trois choses à grignoter, alors qu'elle mourrait littéralement de faim. Il faut dire qu'elle n'aimait pas se comporter comme une crève-la-faim, bien qu'elle ne mange que très rarement convenablement. Toujours dans la retenue, elle gardait une attitude étonnement tranquille.

« Un spectre ?» répéta-t-elle un peu confuse. C'était inattendue et plutôt embêtant. Les lieux étaient vastes, et la morbide réputation qu'on leur accordait était plutôt inquiétante. Si les recherches étaient destinées à être longues, comment allaient-ils bien pouvoir survivre au courroux de la vielle école dévastée ? Pandora n'aimait pas cet endroit, et si elle l'avait maintes fois visitées, elle avait toujours privilégié les excursions rapides. Pensive, elle croqua dans une poire, plongée dans une réflexion intensive, elle finit par ajouter d'une petite voix claire « Il paraît qu'il y a une réserve, où sont entreposés des tas d'objets divers. Peut-être que nous pourrions commencer par là ? » Elle ne savait pas vraiment si ce qu'elle disait avait un sens, mais elle préférait émettre une idée que de rester passive à attendre que l'on réfléchisse et agisse pour elle. « En tout cas, il ne faudrait pas trop s'attarder ..» Sa voix mourut sur la fin. Avait-elle peur ? Très certainement, même si elle rassemblait toutes ses forces pour ne pas le montrer. Elle n'avait guère envie de perdre la raison, elle trouvait déjà qu'elle en avait trop peu.

Des grognements sourds résonnaient dans tous les couloirs où régnaient la pénombre, gargouillements inquiétants qui semblaient sortir des tréfonds des Enfers. Les mains légèrement tremblantes, Pandora sortit la lanterne dont la voix avait parlé, espérant qu'on ne leur avait pas menti et qu'elle repoussait bel et bien les monstres qui rôdaient. La lampe à la main, elle fit deux ou trois pas vers l'un de murs fissurés, effleurant du bout des doigts la peinture effritée. « Oh ! On dirait des griffures.» Et ce n'était pas foncièrement une bonne nouvelle. Pandora avait la désagréable sensation d'être épiée, que des regards jaunes comme deux des créatures infernales ne la quittaient pas. La jeune Orine ne s'en préoccupa pas, ou du moins essaya, et fit quelques pas le long du mur dans un sens, puis dans l'autre. Un pan était bien plus déchiqueté qu'un autre, comme si l'on indiquait la route de la bête. « Alors, par où allons-nous ?» Impatiente elle ne voulait pas trop s'attarder dans les parages. Elle alla d'un pas vif prendre le plan de l'université qu'elle étala sur le sol, et aidée de la lanterne, elle chercha ce qu'elle souhaita. « Nous sommes là.» Elle pointa du doigt un morceau de la carte. « La réserve est là.» Elle le laissa glisser jusqu'à l'endroit qu'elle voulait indiqué. Et dans un soupire, elle souleva le papier pour mieux le contempler.

« Oh ! Regardez !» Elle hésitait entre doute, peur et excitation. À la lueur de la lanterne, des petits points de différentes couleurs s'étaient mis à scintiller sur le papier. Ils se déplaçaient sans cesse et valsaient sur le grain blanc.