La cécité posait moins de problème que ce qu'elle avait redouté. Elewonore arrivait à se reperer et à avancer sans trébucher toutes les secondes. Pendant un temps, elle avait été troublé. L'idée de ne plus voir le soleil se couché, le visage des ses proches, ou même se regarder dans un miroir avait quelque chose de déprimant. Cependant, si elle avait fait ce sacrifice, il y avait belle et bien une raison. C'était une nécessité et c'était à elle seule de le faire malgré que Lily-Lune se soit proposé plusieurs fois. En tant que Chef du Conseil, elle se devait de protéger son peuple et assumer ses responsabilités. Si son corps et ses sens étaient fragilisés, son esprit et sa détermination n'en était que renforcés et jamais elle n'abandonnerai les siennes sans avoir recouru à toutes les méthodes possibles et inimaginables. Un peu vacillante, elle continua son chemin sur l'allée de terre qui la conduirait aux grandes portes de Maëlith, chef d'œuvre architectural, symbole de leur art et resplendissant de beauté. Elle gravait dans son esprit l'image qu'elle en gardait, espérant ne pas l'oublier et que son souvenir demeure impérissable. Elle se consolait en sentant qu'à défaut, ses autres sens se développaient de plus en plus quoique lentement. Avec quelques années d'entrainement, elle aurait pu les pousser à des extrêmes et ne même plus se rendre compte qu'elle était aveugle. Une petite voix au fond de son être lui rappelait doucement ce qu'elle savait, et que si l'espoir faisait vivre, on ne pouvait parfois pas lutter contre son destin.

Au loin, elle arrivait à percevoir des bruits de pas légers et pressés, et n'eut aucun mal à deviner de qui il s'agissait. Lily-Lune revenait. Elewonore sourit doucement, son visage s'illuminant d'une expression de douceur presque maternelle même si elle n'était guère plus âgée que sa consœur aux cheveux d'ébène. Elle était gentille et attentionnée... La Reine était satisfaite de voir qu'elle ne s'était pas entourée de n'importe qui. Elle hocha doucement la tête quand Lily lui annonça que les orines étaient en sécurité. Il le fallait. Le village n'était plus un lieu sûr et serait surement dans peu de temps le témoin d'évènements aussi atroces que sanguinaires. Il fallait protéger les non asservis et les enfants, les âgés... Sans dire un mot de plus, elle se dirigea vers la porte dans un moral d'acier. Les ennemis ne gagneraient pas la guerre. Peu importe s'ils remportaient des batailles, seule l'issue du combat avait de l'importance. La situation devenait de plus en plus tendue, la tension se ressentait, et Elewonore arrivait à entendre les battements du cœur de Lily-Lune comme le sien, à l'unisson, en panique dans une rapidité affolante. Toujours positive, elle ne retint que le caractère d'osmose: elles étaient sur la même longueur d'ondes.

« Nous y sommes»

Murmura la jeune femme de sa voix douce et fragile, bien à son image. Elle s'arrêta, se laissant s'envahir par les sensations, le vent ébouriffant ses cheveux. Dame Nature était avec elle, elle soutenait les Orines et se ralliait à leur cause contre l'injustice qui se produisait, protégeant la race si utile pour autrui. C'était une bonne nouvelle. L'Orine se concentra sur sa tâche, laissant le pouvoir de la Nature pénétré en elle, et elle l'accueillait comme son sauveur. Elle se sentait ressourcer, puissante. La vue ne lui était pas nécessaire, tout ce dont elle avait besoin, Mère Nature lui accordait, soucieuse de l'avenir de ses filles. Alors, Elewonore leva les bras, chuchotant des paroles incompréhensible qui se mariait à merveille avec le souffle du vent. Elle aurait tant aimé voir le spectacle qui s'offrait à Lily-Lune, mais par contre, elle le ressentait. Une barrière végétale se formait doucement tout autour de Maëlith, englobant le village tout entier. Les arbres qui composaient la muraille était immense, comme des chênes centenaires. Elle le savait, reconnaissant l'odeur de l'écorce, le bruissement des feuilles.

« Tout est en place. La bataille va commencer»

Ses paroles sonnèrent comme un glas de mort. Mais quel camp allait être exterminé sans pitié? Elewonore ne laisserait pas les siens subirent une mort atroce. Ce ne pouvait être que ses hommes abjectes qui rendent l'âme. Ils l'avaient déjà offert aux diables, ils ne perdraient donc pas grand chose. Juste la vie... Elewonore s'aida de la télékinésie et de la glace pour grimper à un arbre. De la, elle aurait pu voir tout ce qui se passait. Elle se contentait de ressentir, et elle savait que ce qu'elle pensait était juste. Les ennemis chargeaient, enragés. Les hurlements de guerre la confortaient dans cette idée...

Les choses sérieuses commençaient. Chaque coup que l'ennemi infligeait à la muraille d'arbres, Elewonore le ressentait, comme si une aiguille transperçait son estomac. Ce n'était qu'une douleur mental, cependant, lui indiquant l'état des protections du village. Pour le moment, elles tenaient bon, mais au fond d'elle, la Reine savait que ce dispositif ne tiendrai pas longtemps. La Nature était surpuissante et reprenait toujours ses droits. Mais face à tant de violence et de mal, elle ne pouvait que céder... temporairement. Malheureusement assez pour que ces rats entrent dans le village et que les combats débutent. Alors, Dame Nature ne pourrait qu'aider à défendre, et non plus attaquer. C'était déjà tant... Tout ses hommes animés par une soif de domination, et surement excités à l'idée de ce qu'ils pourraient faire subir à des jeunes femmes sans défense étaient à l'image de leur âme: noirs et répugnants. La plupart étaient massifs, avec une musculature impressionnante. Les peaux bronzés recouvertes de cicatrices indiquaient qu'ils n'en étaient pas à leur première campagne. Combien de villages avaient-ils rayé de la carte? Combien de peuples massacrés, de familles détruites, d'esclaves maltraités? Toute cette haine qui emplissait leur cœur, Elewonore ne la comprenait pas. Seulement, leur poser la question semblait assez absurdes, alors autant répondre à leur provocation.

Les arbres étaient loin d'être stoïques. Leur troncs s'abaissaient violemment, cognant sans répit les attaquants. Les branches et les feuillages foutaient et lacéraient les visages et les bras. Leur intelligence était surprenante. Ils tentaient de désarmer les hommes, prenant les épées et les brisant sur leur écorces, ou alors les tuant tout simplement avec leur arme. Quelle ironie. Mais constatant les pertes, les soldats n'en furent que plus expéditifs et violents. Les attaques redoublaient de rage et de force, et la muraille faiblissait de plus en plus. Les arbres se déplaçaient, délaissant le sud qui n'était pas attaqué pour se concentrer sur la défense de la porte.

Du haut de son arbre, Elewonore ne restait pas passive. Après tout, elle n'allait pas rester assise sur sa branche en se contentant de se laisser envahir par les sensations et sur l'était des protections. Il fallait qu'elle agisse. Elle était après tout plutôt puissante, et pouvait détruire et anéantir avec ses pouvoirs. Elle tirerai un peu au hasard, certes, mais ils étaient tellement nombreux... Presque à chaque fois, elle toucherait quelqu'un en espérant le tuer. Prévoir la mort d'autrui n'était pas dans ses habitudes. Mais à situation exceptionnelle mesures exceptionnelles. Elle n'allait pas laisser son peuple mourir à cause de ses principes. Elle avait en main son arc et ses flèches, mais les réservait pour la suite de ma bataille. Elle se concentra plutôt sur un monument précis de la ville. Une battisse étrange faîte de glace... Qu'elle pouvait contrôler. Elle entra alors officiellement dans les hostilités en créant des piques glacés acères et les projetant sur le camp adverse. Elle n'y allait pas de main morte, et ne se laissait pas respirer. Dans ses moments là, les pauses étaient interdites. La survie de ses sœurs en dépendait. Elewonore se rendit aussi invisible, ne souhaitant pas se faire tuer maintenant. Elle avait encore tant à faire...

« Et que le sang coule»

De telles paroles dans une bouche si délicate produisait un effet assez paradoxale. Mais l'heure n'était plus à la clémence, mais mieux valait se laisser guider par la démence. Ils n'auraient aucune pitié pour elles, elles n'en auraient aucune pour eux. La situation était pour le moment plutôt à leur avantage. Il n'y avait des morts que dans les camps adverses, mais il ne fallait pas se réjouir trop vite. Ce n'était que partie remise... Quand ils auraient vaincu les arbres, tout Maëlith s'offrirait à eux et avec.... tant de possibilités.

Soudainement, Elewonore se courba, comme si on lui avait donné un coup dans le ventre. Elle retint un hoquet effrayé. Le moment qu'elle redoutait était arrivé... Ils avaient réussit à faire une percée, et leur volonté et détermination n'en seraient que croissantes. Bientôt, ils auront complètement détruit la barrière d'arbres. La jeune femme ferma les yeux, presque résignée. La Nature s'était bien battu, elle ne pouvait en vouloir à Mère Nature de ne pouvoir plus leur venir en aide. Elle avait déjà fait temps, leur faisant gagner un temps précieux. Grâce à elle, de nombreux ennemis avaient été éliminé, facilitant la tâche qu'elles allaient devoir bientôt accomplir. Le face à face allait être plus qu'inégale. Une centaine de soldats surentrainés contre quelques Orines... Du moins, si les muses du Conseil et les non asservis arrivaient, ce qui n'était pas encore le cas. Et elle et Lily-Lune seules n'avaient strictement aucune chance contre tant d'hommes armés jusqu'au dent. Elewonore continua ses attaques, incessamment. Chaque ennemi abattu de loin était un adversaire de moins à tuer au corps à corps. La Reine avait bien du mal à retenir des cris de rage à chaque coup qu'elle donnait. Cela lui donnait l'impression de frapper plus fort, avec plus d'ardeur. C'était une véritable tuerie, et le liquide rouge à l'odeur de fer souillait l'herbe terre et la terre fertile de Maëlith.

Puis la chaleur augmenta sans prévenir. Elewonore ne réagit d'abord pas. Ils utilisaient les flammes noires contre la muraille. Celle ci ne tiendrait plus longtemps, son temps était compté, en minutes. Après quelques respirations, elle reprit ses attaques magiques, quitte à s'épuiser. Mais c'est avec soulagement qu'elle entendit des bruits de pas de personnes qui courraient derrière elle pour les rejoindre. Les muses du conseil et les asservis venaient les aider, enfin. Ignorant la question de Lily-Lune car la réponse ne serait pas synonyme d'espoir, elle se contenta de demander:

« Lily-Lune. Combien sommes nous?»

Après un moment de silence, elle entendit un « vingt deux» timide et misérable résonner. Elles étaient si peu... Comme chaque personne comptait, elle ne put s'empêcher d'ajouter:

« Avec ou sans nous?»

Deux personnes de plus n'étaient pas négligeables dans une telle situation. Mais le silence qui suivit lui fit comprendre que le chiffre que Lily-Lune lui avait donné les comprenait. Soit. Cette petite vingtaine d'Orines seraient les plus cruelles et dévastatrices qui soit, et vaincraient les ennemis sans aucune pitié. Peu importe le nombre... peu importe le nombre... La volonté de vivre ou de sauver était plus forte. Elewonore prit une grande respiration, se préparant à dire quelque chose, mais elle n'en eut pas le temps. Un sort de magie noire puissant l'en empêcha... Le souffle des Enfers, lancé par le Chef. Il n'était donc pas un petit plaisantin, mais belle et bien un homme influent. La nature fut totalement balayé par un déflagration de mort. Les abysses s'ouvrirent, et un vent de mort fit périr la nature qui s'effondra doucement. Elewonore tomba de son arbre, mais fut vite ramassé par une proche qui avait vu venir la chute. Le chemin leur était ouvert. C'était le début de leur fin.

« Mesdemoiselles... Soyez fortes»

Que dire d'autres? Ce n'était pas le moment de se perdre en long discours. La mort leur tendait les bras, ironique et souriante, rodant parmi elle, et bien heureuse d'avoir autant de travail aujourd'hui. Sombre jour.

Les Orines se déchainaient comme jamais. Êtres reputés fragiles et doux, elles démontraient en ce moment même qu'elles pouvaient se montrer cruelles et fortes quand il le fallait. Peut-être que leur condition évoluerait après cette prise de conscience et cette démonstration de pouvoirs. Du moins, si elles en sortaient en vie. Mais elles étaient si décidé à défendre leur village, leur sœurs.. leur vie. Une telle ténacité était plutôt rare, chez n'importe qui. Certaines avaient les larmes aux yeux, épuisées, blessées aussi bien physiquement que mentalement face aux brutes qui les violentaient. Mais aucune ne semblait vouloir baisser les bras, et se battait jusqu'à leur dernier souffle. C'était une lutte sans merci qui se livrait au beau village des arts, et même Elewonore devait retenir ses sanglots, imaginant très bien comment Maëlith était en ce moment. Un champ de ruine, souillé de sang, des corps s'entassant un peu partout. Au moins, elle avait eu une prise de conscience: elle arrivait à se débrouiller malgré sa cécité. Certes, c'était perturbant et elle était plus maladroite qu'habituellement, mais elle s'en sortait relativement bien, à sa plus grande fierté. C'était une des choses qui l'aidait à retenir ses larmes, et bien heureusement. Si elle, la Chef du Conseil, montrait qu'elle perdait peu à peu espoir, tout sera fini et terminé.

Les actions s'enchainaient si rapidement. A peine avait-elle fini d'abattre un ennemi qu'un autre ou plusieurs surgissaient. Pas de répit pour les Orines. Les pertes dans leur camp commençait à se faire ressentir. Elles faiblissaient tant... Était ce vraiment la fin? Si elles continuaient ainsi, oui, il n'y avait aucun doute, elles courraient à leur perte. Il fallait changer radicalement de stratégie. L'intelligence ne manquait pas à Elewonore, mais réfléchir dans de telles conditions était vraiment une dure tâche. Quémandant un peu d'aide, elle appela:

« Lily-Lune! Viens!»

Seulement, elle n'entendit aucune réponse ni mouvement de l'orine en question et son cœur s'arrêta de battre pendant une seconde, un petit raté à peine perceptible, conséquence d'un stress grandissant et qu'une inquiétude non feinte. Son manque de réaction lui valu un coup sur le dos, dont elle s'empressa d'empaler avec un pique de glace la cause. Erato, prévenante, dit dans un souffle que la jeune Orine était trop loin pour qu'elle l'entende, même hors de son champ de vision. Cela apaisa quelque peu la Reine, mais elle devait trouver un autre moyen pour s'isoler, et demanda alors à Erato de la protéger.

Que faire ? Tout semblait perdu. Lentement, elle assembla un puzzle dans son esprit, se concoctant un plan en quelques secondes qu'elles se devaient toutes d'appliquer à la lettre. Rien n'allait. Désastreux... désespoir...

La bataille faisait rage. Maintenant, les combats se déroulaient dans toute la ville, n'épargnant aucun recoin de ce qui était le beau village des Orines il y a quelques heures. Chaque coin de rue était le témoin de combat sans merci opposant les orines et les soldats de toutes races maléfiques et neutres corrompus. Elewonore à travers Mère Nature entendait les pleurs de la végétation qui périssait lentement. Ses longues plaintes brisaient le cœur de la jeune femme qui commençait à douter de l'issue de la guerre, et continuait à se creuser la tête pour trouver une solution à ce drame. Son peuple combattait vaillamment, mais leur nombre restreint était une lacune évidente et causerai leur perte face aux ennemis. Le village était déjà perdu... Maëlith, beauté et délicatesse dans le raffinement le plus exquis, capitale des arts et de la nature n'était plus que ruine et cendre. Les flammes rongeaient le bois des maisons, la végétation et les corps jonchant le sol. Même le ciel encore bleu au début de la journée délaissait sa pureté, virant au noir et au gris. Elewonore le savait, elle le sentait. Dame Nature était avec elle, et pleurait ce désastre, confiant de précieuses indications à la chef des Orines.

Peut-être aurait-elle aimer baisser les bras et laisser un triste destin s'emparer prématurément d'elle et de toutes les autres Orines, se perdre et complaire dans les lamentations et les pleurs. Seulement, ce n'était pas une possibilité envisageable. La solution à tout ce problème était en réalité bien simple et si évidente... Il fallait tuer l'investigateur de toute cette mascarade, et anéantir l'objet maudit qu'il avait emmené avec lui. Si le penser ou le dire était facile, réaliser ce projet serai beaucoup moins aisé. Elewonore savait que peu d'Orines combattaient encore à l'heure qu'il était. La plupart des pauvres et courageuses jeunes femmes et quelques jeunes hommes avaient donné leur vie pour tenter de sauver leur race, les non asservis cachés dans les profondeurs du village. La jeune Reine posa doucement une main sur son coeur, un sourire fragile et tendre sur ses lèvres. Elle avait pris sa décision, et devait en faire part aux orines les plus haut placé encore en vie.

Encore une fois, ce fut la Nature qui vient en aide à Elewonore. Une brise légère se leva faisant tournoyer des fleurs et des feuilles qui devaient venir de loin: elles n'étaient pas souillés par le sang ou par la guerre. Ce petit vent vint tournoyer autour des quelques orines concernées par le message de leur Reine. Celle ci espérait que cela ne surprenne pas ses amies, les déconcentrant. Ce n'était pas le moment de faiblir. Soudainement, Elewonore fit un brusque mouvement de la main, lança des dizaines et des dizaines de petits piques aiguisés et fins qui se logèrent avec puissance dans le corps des soldats. Leur armure n'était pas de fer, ce qui facilitait un peu la tâche. De toute manière, les yeux étaient souvent touché, pour le plus grand plaisir de la jeune femme.

« Erato!»

La jeune femme, épuisée, accouru vers sa Reine, attendant ses ordres avec une légère appréhension. Mais elle avait saisis le signe de la Chef, et lui tira le bras pour se diriger à l'Opéra du village, encore debout. Toutes les muses du conseil encore vivantes y courraient, laissant les autres continuer à lutter. Il allait falloir faire vite et agir avec discrétion. Le départ des jeunes femmes pourraient passer inaperçu... Peut-être. Elewonore manqua de trébucher plusieurs fois, mais peu importe les blessures et les contraintes de son corps, sa cécité, elle persévérait. Ce qu'elle allait dire bouleverserait surement ses proches, mais il était grand temps de dire ce qu'il en était vraiment....

Toutes les muses du conseil étaient encore en vie, et assise sur le grand plateau en bois sombre qui était le parquet de la scène de l'Opéra. Presque à contre cœur, elles avaient répondu à l'appel de leur souveraine. Délaisser les autres se battre tandis qu'elles se reposeraient, bavardant de la situation était pour la plupart une marque de faiblesse et de honte. Mais elles convenaient toutes d'avouer qu'Elewonore ne devait pas prendre ce genre de décision à la légère. Ainsi, elle devait avoir quelque chose de capital à leur annoncer, et les jeunes femmes ne purent que se préparer au pire. Elles tachaient de garder le visage assuré, se tenant bien droites malgré la fatigue aussi bien physique que mentale. Pourtant, certains regards étaient larmoyants, mais elles ne semblaient pas décider à laisser les larmes couler. Les jeunes femmes reprenaient leur souffle, se soignant mutuellement. Certaines murmuraient des paroles rassurantes à d'autres, tandis que quelques prières s'élevaient. Ces petites cérémonies furent interrompu par des bruits légers de pas qui résonnaient à travers toute la pièce. L'atmosphère était lourde et pesante. Les orines avaient les yeux vrillés sur la même direction, attendant de voir si c'était bien leur Reine qui allait faire son entrée.

Et en effet, Elewonore , Erato et Lily-Lune entrèrent comme une seule personne, essoufflées. D'un geste de la main, Erato intima aux orines de se mettre en cercle par terre et d'attendre que la Reine prenne la parole. La Chef du Conseil laissa le silence se prolongé quelques instants. Ce qu'elle allait dire était important, des paroles graves avec lesquelles elle espérait toucher la sensibilité et l'âme de ses consœurs. Elle soupira discrètement avant de prendre une grande inspiration. Elle laissait son regard droit devant elle, stoïque et dur.

« Mesdemoiselles... Vous l'avez compris... Cette bataille ne nous laissera pas indemne. Cependant, je crois en nous, en nos capacités et en notre force. Les Orines ne sont pas des êtres faibles, et elles doivent le montrer. Nous ne laisserons pas ses hommes réduire notre peuple à néant. Battons nous. Bien sur, Maëlith n'est plus qu'une ombre, et est descendu brutalement de sa splendeur. Et alors?»

Elle laissa cette question en suspend quelques instants, que les Orines réfléchissent et trouvent la bonne voie, celle de la sagesse et de la raison. Comprenaient-elles ce qu'Elewonore tentait de leur dire par étape? La jeune femme se mordit les lèvres, tendue, avant d'ajouter:

« Je vous le dit, l'affirme et le revendique: nous ne sortirons surement pas vivantes de cette guerre. Pourtant nous devons nous battre! Gagner! Laissons la chance à nos enfants, aux non asservis de prospérer notre race, de vivre, de reconstruire le village. Nous devons toutes nous allier pour le même but: tuer le chef et l'objet qu'il porte. Une fois éliminé, les choses tourneront en noter faveur.»

Il fallait penser avant tout à la pérennité de la race, telle qu'elle était aujourd'hui encore. Les débats s'en suivirent, plutôt animés. Mais les Orines étaient toutes d'accord avec leur Reine. Mais si cette dernière remarqua l'absence de réaction de Lily-Lune. Qu'importe, elles avaient encore beaucoup à faire.

« Ne trainons pas!»

S'écria Thalie, déterminée à en finir. Elewonore sourit, résignée à son sort. Elle savait depuis quelques temps déjà que son destin allait la rattraper. Elle préférait mourir dans l'honneur, aidant sa race. Elles sortirent donc de l'Opéra et furent tout d'abord frappé par le silence qui régnait dehors, avant de constater qu'elles étaient simplement encerclées....

Le monde et les idéologies d'Elewonore s'effondrèrent en même temps que le corps de ses amies autour d'elle. Ainsi, elle se rendit compte que le sacrifice qu'elle avait demander était tout bonnement impensable. Quoique si elles avaient été victorieuses, les choses n'auraient pas été les mêmes. Mais elles n'avaient même pas eu le temps de combattre le chef, celui ci les avait abattue sans aucune pitié, ne leur laissant aucun espoir de réussite. Quelques larmes coulèrent doucement sur les joues de la jeune femme en silence. Les mains posées au sol, elle restait sans bouger, encore sous le choc. Avait-elle réellement fait le bon choix? N'y aurait-il pas eu d'autres alternatives? Est ce que le problème venait de sa façon de voir les choses, de ses ordres... Elle remettait tout en question tandis que Maëlith tombait en ruine, que les derniers bâtiments qui avaient jusque la résister s'effondraient. Son cœur battait violemment, comme s'il allait sortir de sa poitrine. Le Chef qui causait sa perte et celle de son peuple était juste quelques pas devant elle, et elle sentait qu'il allait lancer encore une fois son sort favori et que ce serait ainsi la fin.

Un brusque mouvement lui fit perdre l'équilibre, et elle reconnu la voix de Lily-Lune qui s'était jetée devant elle et renvoyé l'attaque devant elle en se servant d'un des pouvoirs propres à leur race. Elewonore serra les poings, contenant une rage qui faisait son apparition soudainement, mais avec une force incomparable. Certaines jeunes filles se battaient encore pour leur cause. Ce n'était pas perdue. Elles devaient toutes aller jusqu'à se vider de leur énergie, mais jamais laisser tomber. La souveraine grinça des dents, sentant la fureur prendre le contrôle de sa personne. Alors quand elle sentit que le pauvre insecte qui était près d'elle comptait encore une fois utiliser le souffle pour anéantir la Chef, celle ci se leva d'un bond, bousculant l'Orine devant elle qui tentait de la protéger pour la projeter sur un côté. Face à face avec l'homme, aucun obstacle entre eux, elle copia son pouvoir et laissa sa magie se déchainer.

Elewonore n'était plus elle même. La jeune femme douce et calme n'existait plus. Elle avait cédée sa place à une furie. L'Orine n'était que colère et frénésie, et ne semblait presque plus consciente de ses actes. Elle s'abandonnait corps et âme à la fureur, et sa magie libérée s'ablatait sans distinction sur tout ce qu'il y avait aux alentours. La faune et la flore, les ennemis comme les alliés, peu importait maintenant. La mort frappait de toute part. Elewonore usait et abusait du souffle destructeur emprunté à l'ennemi, et dévastait les alentours. Le ciel s'assombrit davantage, devenant menaçant ou pleurant un tel gâchis. Les flammes gagnaient du terrain, s'occupant d'effacer toutes les traces pour laisser un paysage brûlé d'horreur.

A force d'utiliser ce pouvoir interdit, l'atmosphère changea, s'alourdissant encore et toujours. L'air semblait toxique et piquait les yeux comme de l'acide. La frontière entre la réalité et les ténèbres s'amenuisait de plus en plus, et tout les maux arrivaient pour empoissonner les terres du yin et du yang. Ce n'était plus seulement un conflit entre les Orines et un groupe organisé de maléfique, mais un problème universelle. Elewonore était en train de faire une énorme bêtise et devrait bientôt répondre de ses actes. Seulement, elle était incontrôlable et tuait purement et simplement toutes les personnes qui l'approchait. Tous devait mourir...