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 Le temps est la mer, écume de mes désirs. [Terminé]

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Dim 05 Déc 2010, 00:15

    Le temps est la mer, écume de mes désirs.
    Quête pour le fragment de cristal maitre
    TOPAZE : Le trident perdu.
    With Elena
    Le ciel était capricieux ce jour là et le vent soufflait en de violentes bourrasques qui berçaient le bateau si fort que je croyais bien qu'il se retournerait. Aussi le bateau n'était très classe et particulièrement luxueux donc, pas très résistant à mère nature; aussi, par ce temps, les bateaux prêts à naviguer étaient rares et ayant perdu mon don passé pour les transports éclairs, je devais me résoudre à emprunter les mêmes sentiers périlleux que mes congénères mortels et immortels, le bateau n'échappant à cette règle si je voulais naviguer sur l'océan. Je me tenais sur la proue du bateau de plaisance, accroupi sur mes jambes pliées, le regard lointain et porté sur les étendues d'eau infinies. Mon regard était vide, il ne fixait rien mais dévisageait le monde entier, le néant et le tout à la fois, perdant la notion du temps et de l'espace.

    L'eau avait toujours été mon élément de prédilection, comme si toute ma vie avait été régit par une seule molécule aqueuse. Il pleuvait lorsque j'étais triste et les vagues se déchaînaient lorsque ma colère jaillissait du fonds de mon âme. Peut être était-ce alors pour cela que l'océan était si capricieux aujourd'hui, peut être ressentait-il.. Cette peine qui me consumait. Cette rage enfuis de ne plus me souvenir de mon vécut, des personnes qui ont battit ma vie, tout ce que j'avais accomplis jusqu'à là était vain puisqu'au final, je ne me souvenais plus de rien, à part de mon nom. Et encore, sans conviction que Naram était mon véritable nom. Je me souvenais avoir passé beaucoup de temps dans les vallées glacées de Cassilmena, avoir rejoint la plage de sable fin une fois mon retour sur les terres du Yin et du Yang. Tout chamboulement dans ma vie se manifestait par un retour aux sources : l'océan.

    Je ne me souvenais peut être plus de grand choses mais je me souvenais disposer d'une puissance phénoménale de la maîtrise des eaux, j'avais même faillit battre le Marid grâce à cela. Tiens, ce souvenir venait de me revenir au moment où j'y repensai pour la première fois depuis mon amnésie inexplicable. Ma puissance était celle du Marid, il avait sentit sa mort approcher, peut être avait-il alors fait appel à une force magique qui me dépassa. Peut être est-ce ainsi que je fus porté par l'océan, jusqu'au rivage où cette promeneuse me trouva et me soigna. Tout ceci n'étaient que des hypothèses sans fondement, je n'avais que des avis sur des images qui n'étaient même pas dans un ordre logique. Ma vie était confuse, sans aucun sens mais je savais une chose : un jour je retrouverai le Marid et alors, je saurai le fin mot de toute cette histoire. Oui.. Un jour je retrouverai le Marid, je m'en faisais la promesse, il était la pièce maîtresse de mon oubli et de ma peine. Mais avant de le rencontrer, il faudrait que je retrouve ma force d'autrefois, que je recouvre mes forces, retrouve mes pouvoirs et ma magie passée.

    L'œil du diable. L'endroit s'appelait l'œil du diable, je m'en souvenais. Une veille légende parlait du trident qui selon cette dernière, transformait le ciel en mer et vice versa. Beaucoup de mythes sur la fin des temps naquirent de celle du trident mais disons que les gens plus réalistes dans mon genre, savaient ô combien on ne retourne pas le ciel avec un trident, même celui du dieu des océans. De toute façon, peu importe la portée véritable que m'apporterait le trident, ça ne pourrait pas empirer ma puissance magique si faible et si risible. Je commencerai par le trident pour devenir puissant et accomplir mes rêves de grandeur et d'ambitions sombres.

    Je quittai la proue, confiant que ma mission serait une réussite. Je ne savais pas encore comment convaincre le capitaine de plonger son bateau dans l'œil du diable mais après tout, j'étais un génie, si je n'étais pas capable de le convaincre de se mener lui même à sa perte, cela voudrait dire que je n'ai plus qu'à changer de métier ! Je me promenai sur le pont puis, l'esprit occupé et pensif, je bousculai d'un coup d'épaule un passant, ou plutôt une passante. Une bien jolie jeune femme à qui je présentai immédiatement mes excuses, la priant de bien vouloir me pardonner ma maladresse. Je la fixai alors et sentis comme un frisson me parcourir comme si... Je la connaissais. Bien sûre, cette idée était assez bête, si je connaissais cette jeune femme, elle m'aurait reconnu, c'était évident, j'étais véritablement paranoïaque. Ne désirant éterniser les excuses, je la saluai avec un sourire charmant tel le plus gentleman des génies puis repartis vers la cabine où le capitaine buvait une énième boisson alcoolisée.

    Je ne pris pas la peine de frapper avant d'entrer, puis commençai mon laïus bien ficelé pour lui faire doucement comprendre que nous nous dirigerons vers l'œil du diable, que le bateau n'y survivrait sans doute pas mais que beaucoup d'or l'attendrait et qu'un bateau tout neuf ne serait pas du luxe pour cet homme qui dépensait tout son or dans l'ivresse. Bien sûre, il s'en fichait, il me dit que l'or n'avait plus aucune valeur, que sa vie ne valait plus le coup et il me fit d'ailleurs presque pitié. Mais à sa peine, je ne lui répondis en échange que si sa vie ne valait rien, qu'il se jette du bateau et qu'il me laisse mener la mienne comme je l'entendais, son bateau ne le suivrait pas en enfer après tout et je ne tardai pas à lui rappeler. Ne se décidant à me laisser conduire ce vieil engin, je finis alors par lui lancer un défi grâce à deux dés que je fis apparaître sur l'instant. Celui qui remportait la mise, remportait le bateau. Cet idiot n'aurait jamais dû parier avec un génie son bateau. Je dirigeai à présent le bateau vers l'œil du diable et sentais déjà l'eau être plus mouvementé qu'à l'origine.

    « Allons-nous en ! Conquérir les mers et affronter l'enfer mes matelots ! Oh Oh Oh ! » Chantai-je soudainement, sentant que le bateau s'était pris dans un immense tourbillon. La capitaine, ivre mort ne savait même plus où il était, j'étais alors débarrassé d'un poids. Non, tout aurait été parfait si le bateau, comme prévu après tout, ne s’était pas mis à pointer vers la verticale. S'engouffrant dans les eaux glaciales, je pensai un instant aux autres voyageurs qui mourraient sûrement tous noyés mais n'y pensai pas un deuxième instant, mon combat nécessitait quelques sacrifices après tout. Je quittai toutefois la cabine dont les vitres avaient éclaté sous la pression de l'eau et me rendis sur l'unique partie immergée du bateau où se trouvait, miracle, quelques derniers voyageurs dont la jeune femme que j'avais bousculée. Je me tins alors derrière elle sans qu'elle ne sente ma présence et lui susurra à l'oreille doucement : « Avez-vous peur de la mort ? »

    Mais n'attendis pas la réponse. Je la tenais à la taille d'une main pour levai l'autre pour qu'une bulle d'air nous protège tous les deux, le temps que le bateau pose pied à terre, enfin au fonds de l'océan quoi. Serrant toujours la demoiselle par la taille, je nageai sous l'eau vers une sorte d'arche faite de cristal qui cachait un passage plus si secret que ça. Nous nageâmes de cette façon jusqu'à ce que le passage aboutisse à un rivage et que l'on puisse enfin respirer sans mal. Je sentis alors un mur rocheux s'ériger devant moi et su que nous étions arrivés à destination; remonté à la surface, je lâchai la clandestine au sol et lui tournai à présent le dos, observant consterné, le temple sous-marin que nous avions souillé par notre présence. Je n'éprouvai aucun remord et même une certaine exalte à parcourir enfin, les prémices de mon avènement. Je souriais, satisfait d'être arrivé ici en vie et sans me soucier du moyen de locomotion nécessaire au voyage de retour s'il devait y en avoir un... et visiblement, il y en aurait un vue que je ne comptai pas moisir ici bien longtemps. Je me retournai vivement puis tendis ma main vers la demoiselle d'un geste ample et délicat, continuant à lui sourire comme sur le bateau.

    - « Terminus, tout le monde descend ! » Dis-je alors avec une pointe d'humour dans ma voix.

    - « Vous devriez jouer à la loterie aujourd'hui, c'est votre jour de chance ! Par un malheur que personne n'aurait pu prévoir, le bateau a dû rencontrer un méchant iceberg ! Seulement je n'allais quand même pas ne sauver que ma seule peau. Un si joli visage comme le votre, on ne le laisse pas se noyer ! » Disais-je d'une voix à présent énergique et élancée.

    - « Puisque vous êtes-là, autant continuer ensemble, je suis sûre que votre compagnie ravira ma journée et puis je ne pense pas que vous survivrez longtemps si vous repartez par là où nous sommes venu. Autant s'enfoncer dans le temple, qui sait, à deux cela risque d'être bien plus drôle ! »
    Je m'arrêtai alors, fixant la demoiselle de mon regard océanique. Laissant un silence s'installer, je terminai par un simple : « Naram... Naram-Sin ! Et vous ? »
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Dim 05 Déc 2010, 02:25

    A nouveau ce cri de douleur, à nouveau ces yeux emplis de désespoir, laissant s’écouler quelques larmes sous la marque de la souffrance… Cela faisait mal, très mal. C’était comme si je partageais sa torture, comme si je ressentais tout ce qu’elle ressentait à ce moment là. Mes mains tremblantes ne parvenaient pas à stopper l’hémorragie. Il y avait trop de sang, beaucoup trop de sang qui se mêlait aux perles salées qui coulaient à flots sur mes joues, allant mourir dans sa blessure si profonde. Je ne comprenais pas, comment tout cela pouvait-il être réel ? On dit toujours que lorsque l’on frôle la mort, on peut voir toute notre vie défiler en seulement quelques instants. C’est exactement ce qui était en train de m’arriver, même si ce n’était pas moi qui était sur le seuil de la mort à ce moment précis. Le temps semblait s’être ralenti, comme si les secondes devenaient des heures. Des heures pénibles et douloureuses que je m’efforçais à supporter. Et tandis que je revoyais des images de mon enfance où je nageais encore dans le bonheur, la flaque de sang s’élargissait petit à petit sans que je ne puisse y faire quoi que ce soit. Je sentais son corps devenir froid… Vous savez, ce froid qui annonce l’arrivée imminente de la mort, ce froid qui m’habite continuellement aujourd’hui, sans pour autant qu’elle ne vienne chercher mon âme. Mais mon âme, qu’était-elle devenue ? Peut être était-elle réellement partie au loin, laissant mon corps tel une simple poupée sans vie. Mon cœur, lui, était là, je le sentais, même si au fil du temps ses battements étaient devenus si peu audibles que n’importe qui me voyant dormir aurait pu penser que j’étais morte. Et pourtant j’étais là, j’étais vivante, il fallait bien le croire. Mais pourquoi ? C’est pourtant elle qui aurait du vivre, j’aurais du prendre sa place, cela aurait tellement mieux valu… Mais ça n’a pas été le cas. Je suis là, et serai là tant que je ne connaîtrai pas la vérité. Parce que ce qui s’est passé… c’est à peine imaginable, en y repensant, j’ai toujours du mal à croire que les choses se sont déroulées de cette façon. A vrai dire, si j’y croyais vraiment, la folie se serait emparée de mon esprit depuis déjà bien longtemps. Et puis… Il y a toujours ces paroles qu’elle a prononcées juste avant de quitter ce monde, ces paroles qui ne cessent de raisonner dans mes pensées, me rappelant la raison pour laquelle je suis là. « Ce n’est pas toi… C’est autre chose. ».


    ~*~

    -Excusez-moi Mademoiselle, vous allez bien ?

    Elena ouvrit les yeux. La terre s’était mise à bouger. Non pas la terre, c’était la mer, ou plutôt l’océan. Le ciel était d’un gris foncé, menaçant et un vent des plus fort faisait monter des vagues plutôt surprenantes allant s’écraser sur la coque du bateau ainsi qu’à l’intérieur de celui-ci, qui se retrouvait bercé à en donner des hauts le cœur aux hommes les plus résistants.
    La jeune femme ne comprenait pas. Elle n’avait absolument aucune idée de la manière dont elle était arrivée ici, ni de la destination du navire. Elle savait seulement qu’elle était là, appuyée contre le bord et qu’elle venait de se réveiller, sortant de ce cauchemar qui la hantait en permanence. Mais pour ce qui était du reste…

    La déchue regarda un court instant l’homme qui venait de s’adresser à elle qui semblait apparemment quelque peu effrayé, sûrement à cause de sa pâleur, puis, sans dire un mot, elle s’écarta de lui pour aller marcher lentement sur le pont, essayant de garder son équilibre malgré les mouvements du bateau. Soudain, un coup d’épaule la fit s’arrêter, un passager du bateau l’avait heurtée. Elle ne répondit pas à ses excuses mais se contenta de le fixer. Son visage… lui était étrangement familier. Ces yeux, d’un bleu qui rappelait la couleur de l’océan… Elena resta comme figée pendant un moment, jusqu’à ce qu’il ne la salue avant de la laisser. Quelques secondes s’écoulèrent avant qu’elle ne se décide à continuer sa route, elle aussi. Qui était-il ? Pourquoi y avait-il cette impression bizarre de déjà vu, sans que la jeune femme ne puisse se rappeler de son identité ? Ou ne serait-ce que d’un lieu, ou elle l’aurait déjà croisé auparavant… Peut être, tout simplement, n’était-ce qu’une fausse impression et que tout cela ne signifiait absolument rien. Pensant que cela constituait la meilleure hypothèse à prendre, la déchue décida de ne plus y repenser. Elle continua ainsi sa marche, tout en essayant de se concentrer sur des souvenirs proches, ne parvenant pas à se rappeler de la raison pour laquelle elle était sur ce bateau.

    *Eden, tu m’entends ?*

    Pas de réponse. Le tigre devait se trouver très loin à l’heure qu’il était, pour qu’il ne puisse pas entendre les pensées d’Elena. Toute cette situation était vraiment très étrange. Et les choses n’allaient pas s’arranger. Le bateau se mit soudainement à couler, à une vitesse incroyable. Les gens paniqués courraient dans tous les sens, se bousculaient, criaient à gorge déployée… Quelques instants plus tard, la majorité d’ente eux étaient déjà en train de se noyer mais la jeune femme ne bougeait pas, figée comme une statue. Elle aurait pu les aider, ralentir l’eau qui montait à grands pas dans le bateau en la gelant mais elle ne fit rien. Son regard vide et inexpressif se perdait au loin tandis que la mort la guettait sournoisement. Etait-ce la fin ?

    Tout à coup, elle entendit un murmure, une voix d’homme lui demandant si elle avait peur de la mort. Au même moment, une main se saisit de sa taille, mais elle n’y fit guère attention. Elena ferma alors les yeux, attendant que la mort ne s’empare d’elle. Etrangement, elle lui paraissait si douce, un sentiment d’apaisement l’avait envahie. Ce n’était pas si horrible que ça, en fin de compte…

    Lorsque ses paupières s’ouvrirent, la jeune femme put constater qu’elle se trouvait dans un temple, en compagnie de l’homme qui l’avait bousculée dans le bateau. Elle n’était donc pas morte ? Mais que s’était-il passé ? Tout en souriant, l’inconnu se mit à lui parler en lui tendant sa main. La déchue hésita un instant mais finit par lui donner sa main à la peau glaciale, afin de se relever, lâchant la sienne aussitôt. Elle regarda alors à nouveau ses yeux qu’elle était intimement persuadée d’avoir vus auparavant. Elle hocha la tête sans réfléchir lorsqu’il lui proposa de faire la route ensemble puis il lui fit part de son nom mais étrangement, celui-ci ne lui évoquait rien. Il lui demanda alors de se présenter à son tour.

    -Peu importe, dit la jeune femme d’une voix froide et quelque peu affaiblie.

    Elle fronça les sourcils, regardant à nouveau ses yeux sans comprendre. Elle semblait se rappeler de son visage mais son nom lui était un mystère et sinon, elle n’avait aucun souvenir de lui. Comment était-ce possible ?

    -Ce bateau… Savez-vous quelle était sa destination avant qu’il ne sombre ? demanda-t-elle, toujours de cette voix glaciale qui lui était habituelle.

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Sam 11 Déc 2010, 03:21

    - « Où le bateau se... rendait...il ?! Vous me demandez où devait se rendre un bateau sur lequel vous vous trouviez ? » Dis-je d'un air surpris et dubitatif. Je la fixai, intéressé, réfléchissant à sa question qui n'avait en soi aucun sens. Comment peut-on ne peut savoir où va un transport où l'on a payé la permission de figurer à bord et où l'on a pris soin d'annoter le cheminement de la fin du trajet. Bon certes, j'avais détourné le bateau tel un révolutionnaire égoïste et sans le moindre scrupule possible, mais en l'occurrence, elle semblait se ficher totalement de l'endroit dans lequel nous nous trouvions, son seul intérêt était porté sur... La destination initiale du bateau. Bien sûre je me fichai éperdument de ce fichu bateau qui nageait avec les coraux en milles morceaux. Nous nous trouvions dans l'entre de l'œil du diable, un temple où la mer a pris vie, ou l'océan est reine et où elle nous observe, sadique, tels des pions sur son échiquier. « Tiens, deux nouveaux joueurs sont prêts à relever le défi » du-t-elle se dire à notre arrivée, et cela se ressentait. L'ambiance semblait étrangement stressante, un silence glaciale régnait dans un lieu où une architecture héritière de l'art des sirènes et des tritons avait donné lieu à un temple emplit de magie. Oui, cet endroit puait réellement la magie à ce à des kilomètres à la ronde. La pression de l'océan sur la tête du temple ne semblait pas une menace malgré l'âge millénaire du vestige culturel que venions de souiller à l'instant où nous étions arrivés.

    - « C’est comme dans mes souvenirs. » Soufflai-je tout doucement, dans l'air sans souffle, plat et vide où le silence décortiquait chaque respiration et disséquait la moindre syllabe prononçait tel un claquement sourd de notre palet. Des souvenirs revenaient par brides comme d'habitude mais cet endroit était l'entrée secondaire par laquelle je m'étais enfui la première fois. Je ne me souvenais aucunement quel avait été la raison de ma première visite mais j'avais la sensation que cette redécouverte m'apprendrait des choses, intéressantes. Le trident me sembla alors une chose bien moins bénîmes, dirai-je même qu'elle me sembla être un fruit dans lequel j'avais déjà croqué il y a bien longtemps. Je devais continuer à présent, j'étais sur la bonne voie !

    Je me retournai et faisait à nouveau face à la demoiselle qui semblait déconnectée de la réalité telle que l'aurait été une addicte des herbes médicinales euphorisantes. Etait-elle si perdu que le laissait prédire son regard ? Je ne savais même pas pourquoi j'avais décidé de lui sauver la vie, elle n'avait d'ailleurs pas eu l'air de l'avoir remarqué et je n'avais aucun désir qu'il en soit ainsi, des fois qu'il faille encore qu'elle me doive quelque chose non. Non merci. Pour être génie, j'ai une expérience suffisante des vœux et des devoirs indélogeables.

    - « Écoutez, mademoiselle " Peu importe ", nous n'avons pas fait une escale dans notre croisière princière, altesse. Nous sommes naufragés et sommes sûrement les deux seuls survivants du bateau. Sa destination initiale ? Peu importe. » Dis-je de même pour faire le parallèle avec la réponse à son nom qu'elle avait vainement esquivé.

    - « A présent, nous devons trouver un moyen de sortir d'ici. » Bien que je pensai a contrario au moyen de trouver l'objet de mes convoitises. Cependant, même si je possédai le trident, celui-ci ne serait qu'un jouet dans un parc pour enfant si je ne pouvais m'en servir au delà du parc et m'extirper vivant de cet endroit peu chaleureux.

    - « Vous m'avez l'air encore sous.. Le choc du naufrage, chose que je peux aisément comprendre. Mais il va falloir vous remettre rapidement, nous n'avons plus de temps à perdre. L'eau va évidemment monter au fur et à mesure que le temps passera. Depuis que vous vous êtes réveillée, le niveau a déjà monté de quelques centimètres. Vous éprouverez bientôt le besoin de manger, boire ou vous reposer. » Dis-je alors en sachant pertinemment que ma condition de génie que je cachai encore, me graciait des besoins alimentaires et primaires du corps humain.

    - « Maintenant suivez-moi et tâchez de ne pas oublier mon nom s'il faille que vous ayez besoin de le hurler dans le noir et les nuits sans lumières. Ce temple n'a aucunement l'air de nous accueillir à bras ouverts si vous désirez connaître le fonds de mon pressentiment. Et puis vous savez, Elena, vos yeux parleront toujours bien plus que la moindre de vos paroles prononcée, peu importe sa teneur et sa couleur. » Dis-je ainsi pour conclure en énonçant volontairement son nom. Je lui prouvai alors son regard la trahirait bon nombre de fois et que le mensonge ou la cachotterie ne nous amènera qu'à notre perte.

    - « Dans un tel... Endroit. Si nous désirons sortir de là vivant, il va falloir s'entraider, au moins le temps de dégager de cette prison ! Alors ménagez vos forces, vous en aurez besoin ! »

    Nous marchâmes ainsi une heure puis deux sans s'adresser la parole ou du moins sans la tenir plus de quelques minutes. Je prenais les devants par la galanterie pour vérifier le danger et ainsi stopper la marche si je sentais que celui-ci se faisait menaçant. La température baissait toujours plus et l'eau coulait doucement à nos pieds, le niveau gagnant doucement et mesquinement du terrain.

    - « Cet endroit est glacial ma chère. » Lançai-je enfin pour rompre le silence. « Vous devez être dans votre élément ici. » Lui dis-je enfin en la regardant et en lui souriant, moqueur mais gentil, faisant référence à l'aura qu'elle semblait aimer vouloir dégager. Je m’arrêtai alors nettement sur mes pas.

    - « Hum… On nous observe, sans surprise. » Dis-je avec une pointe de rire dans mes propos comme résigné avec humour.

    - « Ils ne sont pas fous et savent que nous ne sommes pas nuisibles ou tout du moins que vous ne l’êtes pas ! » dis-je de nouveau en riant.
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Dim 19 Déc 2010, 00:28

    Le dénommé Naram semblait pour le moins sceptique quant à la demande d’Elena. Cette dernière fixa son visage un instant sans rien dire, sans cligner d’un cil, de cet air inexpressif, vide de toute émotion. Elle ne dit rien lorsqu’il répondit avec ironie à sa question, même si elle laissa ses sourcils se froncer légèrement, remarquant que l’homme la prenait sans doute pour une de ces femmes du monde auxquelles n’importe que leur petite personne. Mais après tout, que pouvait-il penser d’autre à la vue de l’étrange réaction de la déchue face à une telle situation, ainsi qu’en étant victime de son impolitesse à ne pas l’avoir remercié de lui avoir sauvé la vie. Néanmoins, elle le laissa continuer son discours sans l’interrompre, analysant le moindre de ses gestes, la moindre de ses expressions. Il semblait donc être déjà venu en ces lieux auparavant et même s’il prétendait le contraire, il n’avait pas réellement l’air de vouloir quitter cet endroit. C’était comme s’il cherchait quelque chose… Peut être même quelque chose d’important. Mais quoi ? La jeune femme ne voulait pas se hasarder à lui demander dès maintenant, car de toute évidence, lui ayant déjà caché ses intentions dès le départ, il lui mentirait.

    Elena était sur le point de prendre la parole, afin d’assurer à son interlocuteur qu’elle allait parfaitement bien et que le naufrage n’était que le dernier de ses soucis, mais il ne s’arrêta pas dans son monologue, appelant même la jeune femme par son prénom. Celle-ci plissa les yeux, perplexe. Il avait donc le don de lire dans les pensées, ou quelque chose du genre. Le fait de savoir que l’homme qui lui faisait face pouvait s’introduire dans son esprit ne la rassurait en aucun cas. La déchue tourna la tête, échappant aux yeux de Naram. Elle put comprendre que c’était par le regard que celui-ci parvenait à lire en elle et cette idée lui déplaisait au plus haut point.

    La jeune femme regarda le sol un instant. Effectivement, l’eau montait de plus en plus, ils ne pouvaient pas rester ici. Ainsi, même si elle n’avait aucune confiance en cet homme qui éveillait en elle bien trop de questions, elle se résolut à hocher la tête lorsqu’il lui demanda de faire route ensemble.

    Ils entamèrent alors une longue marche, dans un silence quasi ininterrompu, si ce n’était que par le bruit de leurs pas. Elena se retenait d’adresser un regard à son compagnon de route, de peur qu’il ne pénètre à nouveau dans son esprit. Sans dire un mot, elle le laissait passer devant elle, admirant toutefois sa galanterie.
    Elle eut un léger sourire presque invisible lorsqu’il lui parla de l’atmosphère qui planait autour d’eux, puis finit par enfin lui répondre.

    -Bien plus que vous ne le pensez.

    Néanmoins, elle ne lui rendit pas son regard, s’obstinant à regarder au loin, examinant l’endroit où ils se trouvaient par la même occasion. En voyant Naram s’arrêter, la jeune femme fit de même, observant les lieux d’un œil interrogatif. Elle fronça à nouveau les sourcils à l’entente des derniers mots de l’homme.

    -Auraient-« ils » des raisons de penser que vous l’êtes ?

    La jeune femme n’attendit pas sa réponse, reprenant directement la parole.

    -Ecoutez, je… Je vous suis très reconnaissante de m’avoir sauvée et je m’excuse de ne p as vous en avoir remercié… Cela dit, ce qui m’intrigue c’est de savoir pourquoi vous l’avez fait. Pourquoi moi alors que vous ne me connaissez même pas ? Ou peut être que vous me connaissez, je ne suis pas en mesure de le savoir. Après tout, ce n’est pas moi ici qui m’introduis comme bon me semble dans l’esprit d’autrui et ce n’est pas moi non plus qui cherche à cacher quoi que ce soit. Je n’ai peut être pas le pouvoir de percer vos pensées mais j’ai pu néanmoins constater que vous n’êtes pas ici par hasard et quitte à ce que je reste à vos côtés car, visiblement je n’ai pas le choix, vous devriez me dire ce que vous avez en tête, dit-elle d’une seule traite.

    La déchue s’arrêta un instant, fixant à présent les bras de l’homme qui se trouvait face à elle, n’ayant rien trouvé d’autre pour ne pas laisser ses yeux se perdre à nouveau dans les siens. Soudain, quelque chose lui sauta aux yeux. Les manches de la chemise de Naram ayant été remontées, elle put remarquer des noms tatoués sur sa peau. Ce qui la surprit d’avantage, ce fut le fait que le sien en fasse partie. Elle s’approcha alors de lui, prenant son bras d’une main, l’autre effleurant le tatouage. Le contact de sa peau glacée devait être inhabituel pour l’homme mais Elena ne s’en souciait pas.

    -Qu’est-ce que… murmura la jeune femme d’une voix inquiète, conservant néanmoins sa froideur naturelle.

    La déchue fixait toujours le tatouage, sans détourner son regard. Son pouls, jusque là quasiment inaudible s’accéléra quelque peu. L’un de ses poings se serra et des griffes acérées en sortirent aussitôt, laissant un peu de sang s’écouler des plaies qu’elles avaient ouvertes, tandis que son autre main tenait toujours le bras de l’homme. Elle positionna alors les griffes devant la gorge de Naram, ne la touchant pas pour autant, même si toutefois, un faux mouvement pouvait lui être fatal. Son autre main trembla quelque peu mais elle ne perdit pas son calme pour autant.

    -Je crois que vous me devez une explication, dit-elle d’un ton sec.

    La jeune femme ne bougea pas, même si elle se sentait hésitante. Après tout, il lui avait sauvé la vie et la voilà qui se retrouvait à menacer la sienne. Mais comment pouvait-elle réagir autrement ? Elle était dans un endroit inconnu après s’en être sortie du naufrage d’un bateau sur lequel elle s’était retrouvée sans même savoir comment, en compagnie d’un homme dont elle ne connaissait absolument rien, qui était capable de lire dans son esprit et qui avait son prénom tatoué sur le bras. Cela faisait tout de même beaucoup. Ainsi, la déchue resta immobile, attendant la réponse de Naram, s’efforçant toujours de ne pas croiser son regard.
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Dim 09 Jan 2011, 15:58

    - « Votre beauté ne vous sauvera pas toujours, mademoiselle. » dis-je d'un air plutôt enjoué. Un sourire s'était dessiné sur mon visage dés l'instant où Elena m'avait menacé ave ses griffes.

    - « Ne menacez jamais un génie, c'est un conseil. » lui dis-je en repoussant son bras d'un mouvement délicat du mien et en m'éloignant d'elle de quelques pas. Je détestais être aussi proche, physiquement d'une personne et aussi je préférai prendre de la distance. Je détournai mon attention de la princesse au milles colères pour contempler mon bras sur lequel était effectivement tatoué « Elena » en attaché d'une écriture médiéval fort esthétique. J'en avais souvent conclus de moi même qu'il s'agissait sûrement de mes anciens rêveurs qui avaient été tenté par le diable, soit par ma personne. Elena était donc un de mes anciens maitres ? J'en fus surpris, en effet. Un génie n'éprouve bien entendu jamais la moindre émotion, alors il étai en soit normal que je ne sois ni heureux ni malheureux de l'apprendre. Simplement, intéressé; intrigué que le hasard ne soit justement pas qu’un simple hasard. J’effleurai le tatouage qui portait son nom et souriait en pensant à tout ce que j’avais oublié et qui pourtant agissait au plus profond de moi. J’étais incapable de pitié, pourtant je l’avais sauvé de la noyade et ce, sans raison spéciale, ce qui ne me ressemblait pas, moi qui ne fonctionnait que par intérêt. Il était évident que je devrai trainer Elena tout le long de mon périple au temple, elle serait un poids encombrant, pourtant je désirai plus que tout l’emmener avec moi et ce peut être, parce que mon inconscience a fait un pas en avant que ma conscience ignore encore : peut-être Elena n’avait pas été qu’une rêveuse. Seulement, si mon hypothèse était la bonne, alors pourquoi était-elle aussi surprise que moi ? « Surpris » était un euphémisme pour insinuer le fait qu’elle avait totalement pété les plombs en voyant son nom écrit, ce qui n’était pas rare, l’hystérie étant propre à la femme. Je devais l’avouer, je la fixai avec insistance, elle avait ce quelque chose qui me fascinait et alors qu’elle aurait put prêter à me faire lourdement soupirer, je souriais sans dire mot, l’observant.

    Elle me demanda si j’étais dangereux et cette question me fit rire ; il était évident que j’étais dangereux. Cet endroit je l’avais déjà visité, j’avais déjà exterminé moi-même et sans pitié les gardiens de ces nuits sans lune. Dangereux... Oui, je l’étais pour tous les êtres qui aurait une once de conscience, qui aurait fuit à la vue de ma silhouette, indélébile dans leur esprit, je n’étais plus qu’un fantôme qui vaguerait dans leurs souvenirs, dans le souvenir immuable d’Elena, aussi pourquoi se perdait-elle dans ces méandres aussi vaines ? Qu’avait-elle dû souhaiter à ce diable de génie que j’étais pour avoir tant marqué un esprit sans cœur, que j’étais, à nouveau.

    - « Sachez que pour moi, il n’existe ni bien, ni mal ; il n’y a que ce qui peut m’apporter quelque chose. La morale n’a aucune existence, ni aucune réalité dans mon monde ; ainsi, je ne saurai délier le mystère qui nous aurait uni dans un passé proche ou lointain. Oui vos yeux, aussi hypnotisant puissent-ils être, me sont une fenêtre grande ouverte vers votre cœur et votre âme. Je n’ai pas choisi d’être ainsi, croyez-le. Sachez aussi que votre premier regard a dicté les suivants et que lutter sera inutile, je vois déjà tout mais n’en ai que faire, votre esprit est sinueux, sans sens ni visage. Vous avez, tout comme moi, dû perdre votre passé, oublié par votre conscience mais emprisonné dans votre inconscience. Sachez qu’il est assez facile de déverrouiller ce qui vous torture, aussi cela ne sera pas une douce et agréable révélation. Qu’importe pourquoi je vous ai sauvé, j’ai toujours eu une phobie incontestée pour la gratitude. » Je finissais alors mon laïus ou son paradoxe avant de reprendre ma marche vers le tunnel avant de lancer un subtil « Si je vous intrigue comme vous l’avez dit, cela veut dire que vous me plaisez, vous n’avez donc rien à craindre de moi »

    Je continuai à marcher devant Elena en jetant des coups d’œil discrets derrière moi, histoire de m’assurer qu’il ne lui était rien arrivé. L’eau nous montait jusqu’aux genoux à présent et il semblait évident que ce temple savait que nous étions là, il avait déclenché sa première défense : nous noyer lentement. Les gardiens ne devraient pas tarder et malheureusement, ma mémoire ne me rappela pas comment j’en étais venu à bout la première fois. Les livres que j’avais lu avant mon expédition disait tous que leur peau était insensible à la température, ainsi impossible de les brûler ou les geler. Je priai pour que ce moment soit retardé, je devais avouer que me retrouver seul avec Elena avait été un fardeau tout à l’heure mais à l’heure des choses, je trouvai en ce tête à tête improvisé un certain charme et une certaine chaleur inversement proportionnelle au froids que dégageait la demoiselle derrière moi.

    « J’ai une question à vous poser. Qu’est ce qu’un être, damné tel un ange déchu, pervers et sadique tel un démon, immortel, sans sommeil ni faim tel un vampire si ce n’est ce goût du sang, à l’apparence aussi douce qu’un ange mais aux mœurs aussi sombres qu’un elfe noir ? » Prononçai-je face à un immense mur qui barrait notre route. Sur ce mur était gravé des représentations d’hommes aux bras enroulé de deux serpents ; ces hommes vêtu de vêtements longs se dirigeaient vers des hommes et des femmes nues et à genou, semblant prier la tête entre les bras. Etait gravé peu lisiblement des symboles inconnus datant d’un temps oublié de la culture.

    « Bâtir un empire, bâtir un avenir, par un simple désir ; sachant sans tristesse que pour l’obtenir, il faille mourir » lui traduis-je en la regardant dans les yeux. Je fermai ensuite les miens et m’approchai du mur que j’effleurai des deux mains. Il me semblait qu’une douce musique jouée à la harpe me parvenait au-delà de la porte. Cette presque inaudible mélodie avait quelque chose de frissonnant et pourtant, elle ne me rassurait pas. Je me retournai et faisais alors de nouveau face à Elena, contemplant de nouveau mon bras et le prénom de ma compagne d’aventure.

    « Qu’avez-vous dû souhaiter pour rester ainsi, gravé en moi.. » soufflai-je dans le silence, rompant sa présence, tel un bruit âcre qui résonnait dans l’entre de la mort.
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Dim 09 Jan 2011, 18:52

    C’était donc un génie ? Elena avait entendu parler des génies dans le passé. Depuis sa plus jeune enfance on lui avait répété qu’il ne fallait jamais se fier à ces êtres sournois et manipulateurs qui, malgré le devoir dont ils sont chargés, n’en font qu’à leur tête et feront toujours tout ce qui est en leur pouvoir pour tromper ceux qui auront eu le malheur de croiser leur route, assez naïfs et inconscients pour leur faire confiance. Ainsi, la jeune femme avait eu raison de se méfier de lui, même si, dans un sens, elle trouvait sa présence rassurante, chose qu’elle ne parvint pas à s’expliquer davantage. Quelque peu troublée par cette révélation, elle ne remarqua pas tout de suite que Naram s’était aussitôt écarté d’elle ce qui enleva tout son sens à sa menace. La déchue pensait toujours à tous ces noms inscrits sur les bras du génie. Qui étaient toutes ces personnes et pourquoi en faisait-elle partie ? Etaient-ils d’anciens maîtres, ou plutôt victimes de ce mystérieux personnage ?

    Elle finit par se tourner de nouveau vers Naram, l’air interrogatif, et put aussitôt constater qu’il semblait être lui aussi sous l’emprise de l’étonnement, il avait l’air de ne pas connaître lui-même les raisons de la présence du prénom d’Elena, tatoué sur sa peau. Elle se décida alors de rentrer ses griffes, laissant pour trace quelques blessures desquelles un faible filet de sang s’écoulait encore. La jeune femme ne prit pas la peine de les soigner, ayant bien d’autres soucis qui trottaient dans sa tête à ce moment précis. Elle vit alors Naram l’observer tout en souriant. Elle ne bougea pas, se perdant de nouveau dans ses yeux océaniques, mettant de côté, sans même s’en rendre compte, tout scepticisme. Quelques instants passèrent ainsi puis elle finit par se ressaisir, détournant le regard, se contentant simplement d’écouter le génie parler, sans sourciller, tout en se rappelant de placer ces barrières protectrices qui allaient à présent garder son esprit à l’abri de toute intrusion. Elle ne s’était donc pas trompée, il était bel et bien cet être fourbe qui n’agissait que dans son propre intérêt, se souciant pas mal des conséquences de ses actes. Mais cette façon d’être, faisait-elle pour autant de lui quelqu’un de mauvais ? Non, après tout il ne se contentait que de vivre sa vie dans ce monde bien plus corrompu qu’on ne pouvait l’imaginer…

    Elena fronça les sourcils à l’entente de la suite de son discours tandis qu’il se remettait en marche. Mais qui était-il vraiment et pourquoi éveillait-il en elle tant de questions ? Quel était donc ce lien qui les avait unis dans le passé ?
    La jeune femme savait qu’elle n’était pas obligée de le suivre, elle pouvait rester là où peut être même faire sa route de son côté, à vrai dire, le danger qui semblait planer en ces lieux ne la tourmentait guère, ce n’était que le dernier de ses soucis. Néanmoins, après un court instant d’hésitation, elle finit par lui emboîter le pas, comme poussée par une force étrange dont elle ignorait l’origine. Elle ressentait comme le besoin de rester en sa compagnie et à ce moment précis, elle ne voulait en aucun cas être séparée de lui, allez savoir pourquoi. Ainsi, elle poursuivit sa marche derrière le génie, préservant le silence qui s’était installé de nouveau. Elle remarqua alors que l’eau était encore montée, leur arrivant à présent jusqu’aux genoux, ce qui ne présageait rien de bon. La déchue essaya ainsi de maintenir l’allure qu’avait instauré Naram même si sa robe mouillée trainant dans l’eau, aussi légère qu’elle fut, la ralentissait quelque peu.

    A l’entente de la question de l’homme, dont elle ne comprit d’ailleurs pas réellement le but, la jeune femme se surprit affichant un léger sourire, qui, même s’il n’était que très peu visible, était bien plus qu’inhabituel venant de sa part.

    -Serait-ce un génie ? demanda-t-elle d’un ton qui se trouvait être un tant soit peu espiègle, ce qui ressemblait encore moins à sa personne.

    Elle finit par effacer ce sourire qui s’était installé sur ses lèvres tandis qu’elle se rapprochait de ce mur face auquel se tenait Naram. Elle prit un temps pour observer les gravures qui s’y présentaient se demandant si elles relataient le passé sombre qu’avaient connu les terres du Yin et du Yang. Le génie prit la peine de lui traduire les symboles étranges qui étaient incrustés dans ce mur. A quoi cette phrase pouvait-elle faire allusion exactement ?
    Elena observa Naram s’avancer vers le mur qu’il effleura, avant de se retourner vers elle, rompant de nouveau le silence qui s’était installé.

    -Vous ne vous imaginez pas à quel point j’aimerais pouvoir m’en souvenir… répondit-elle dans semi-murmure, ne lâchant pas le génie des yeux.

    La jeune femme ferma les yeux un instant, essayant de s’aventurer dans les tréfonds de sa mémoire quand tout à coup, des images commencèrent à défiler dans son esprit… Etait-ce une vision ? Elle vit alors une sorte de trident puis des vagues s’échouant majestueusement sur des rochers ainsi un visage masculin dont elle reconnut très vite l’identité par ses yeux d’un bleu de saphir, malgré la vitesse à laquelle les images se succédaient dans sa tête. Les paupières de la déchue s’ouvrirent aussitôt tandis qu’elle était prise d’un léger vertige, déstabilisée par ce nouveau pouvoir auquel elle ne s’était pas encore habituée. Elle dut même s’appuyer un moment contre le mur pour éviter de tomber.
    Elena regarda alors à nouveau Naram. Ce trident… Elle était persuadée d’en connaître l’origine, s’étant beaucoup renseignée sur les pierres que l’on pouvait trouver dans les terres du Yin et du Yang… Espérant ne pas s’être trompée dans l’interprétation de ce qu’elle venait de voir, elle conclut de cette vision que le génie était à la recherche de l’un des fragments du cristal jadis détruit par l’humain qui était en sa possession. Naram était donc en quête de la topaze, la jeune femme savait que l’un de ses fragments permettait de prendre possession d’un trident qui offrait à son possesseur le pouvoir de faire naître des vagues. Mais alors… leur présence ici, le naufrage… tout ceci était prémédité ?
    La déchue fronça de nouveau les sourcils, ne sachant même plus quoi penser de toute cette histoire insolite.

    -Vous ne m’avez pas répondu lorsque j’ai voulu connaître le but de votre présence en ces lieux… Que cherchez-vous Naram ?

    Elena connaissait déjà la réponse à sa question mais elle était curieuse de voir si l’homme allait lui mentir, contourner la question comme il avait certainement l’habitude de faire ou simplement, lui avouer la vérité. Tout en fixant le génie, attendant de voir quelle serait son explication, elle entendit une musique à la mélodie à la fois très belle et étrange s’élever apparemment de l’autre côté du mur. Qu’est-ce que cela pouvait-il bien signifier ?

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Mar 11 Jan 2011, 01:24

    Et ces gouttes orphelines tombaient, s’entrechoquant, voyant leur vie défiler, d’un océan pâle, ils étaient née pour mourir sans destin, au déclin des ambitions malsaines, le monde avait vacillé, et j’aurais entraîné toute la démence de l’univers, avec moi, dans ma chute, si le paradis m’était offert, je n’aurais qu’une loi : celle de ne plus avoir de foi.

    Elena était quelqu’un d’évidemment assez intelligent. Elle comprit rapidement que je parlai des génies et je n’avais de ce fait, pas besoin de lui confirmer la véracité à l’énigme puisqu’elle pouvait déjà le ressentir dans mon silence qui s’en suivait, précédé d’un regard qui lui été destiné et qui voulait tout dire sans détour. Elle était méfiante je le savais mais après tout, c’était une femme et je ne pouvais en attendre moins d’une femme. J’attisai en elle ce feu au cœur d’une passion entre envie et crainte et je trouvai plaisir à nourrir ces flammes impures, après tout, Elena n’avait rien à voir avec de la pureté, sa déchéance et ses traits d’ébène parlaient pour elle.

    « Que feriez-vous si vous aviez vécu des millénaires entiers sans vous rappeler d’un seul instant ? » dis-je enfin, la voix tremblante et faible, la tête inclinée vers le bas mais mon regard fixé dans le sien, mes mèches de cheveux d’un bleu azure les dévoilant avec mystère. Il était peut être l’heure des révélations.

    « Je fus, retrouvé, ensanglanté de la tête aux pieds, pratiquement mort en fait. L’on m’a alors recueilli, soigné. Cette femme douce comme le jour, fut assassinée alors que je m’étais absenté quelques heures. J’ai fort à parier que l’homme qui tua ma belle et l’homme qui a faillit avoir ma peau sont le même homme. Oui je sais, les génies n’ont pas de cœur, ne ressentent ni pitié, ni tristesse. Pourtant dieu sait que je mettrai le monde à feu et à sang pour le retrouver. Vous savez Elena, fut un temps, j’étais le génie le plus puissant des terres du Yin et du Yang, après le Mârid cela s’entend. Lorsque ma puissance était grande, j’avais à ma disposition quelques objets diverses pour détruire le Mârid tel qu’un trident qui obéit aux mers. Je viens reprendre ce qui m’est de droit. Je conçois que mes manières soient peu conventionnelles, que la bonté ait quitté mes habitudes depuis un temps mais. Pour calmer ce feu en moi... » Dis-je en mettant ma main sur ma poitrine « Je suis prêt à brûler le monde, à tous les sacrifices, à tous les crimes. Sachez encore une dernière chose sur moi… C’est pour avoir accordé un vœu sans malice à une femme que j’ai tout perdu. Les génies ont un code et ne peuvent octroyer ces souhaits contés par les légendes sans malice. Mais les génies ne peuvent aussi et surtout aimer et le Mârid ne put accepter que je ne sois comme tous ses autres génies fidèles. J’ai subits la poursuite et la torture des Iblis, sa garde royale toute puissante ; j’ai vue toutes les personnes qui m’entouraient mourir sans que je ne puisse les sauver. Et je suis à l’heure où j’ai tant envie de hurler, déverser ce chaos qui se consume en moi. Je ne vous demande sûrement pas la moindre compassion, chère Elena, mais seulement de la réflexion. Vous ne m’avez pas l’air d’être comme eux, population de ce monde, incapable de voir plus loin que ce que l’on veut leur montrer. Montrez moi que je n’ai pas tords, que vous avez su réfléchir plus loin ! »

    J’écartai alors les bras et deux immenses portes de pierre s’ouvrirent, séparant les hommes aux bras de serpent et nous laissant la voie vers un chemin où l’eau ne semblait pas vouloir s’abriter comme si un barrage invisible s’était formé ; l’espoir guidant nos pas, je tendais alors ma main pour qu’Elena la prenne, la fixant toujours, je lui souriais bien plus bizarrement ; c’était souvent lorsque je perdais mon assurance que les sourires tendus apparaissaient . « Je vous promets de ne pas sortir de là sans vous, et vivante. Ce temple j’ai bien peur de l’avoir piégé moi-même par le passé pour être sûre que personne ne me vole mon trident. Je n’ai aucune idée de l’état de mes pouvoirs à cette époque, j’espère seulement que nous serons assez de deux pour les surmonter. » (Partant du principe qu’Elena prenne ma main) je l’emmenai alors avec moi au-delà de l’entre du diable, là où, quelques années plus tôt, j’avais commencé mon ascension. Les portes se refermant sans surprise derrière nous, Je ne désirai lâcher la main d’Elena tout de suite, pris par la contemplation du décor. Des colonnes aux bordures taillées en arrondie faisaient figure de multiples piliers qui soutenaient le plafond où des fissures sinuaient et laisser l’eau en filet s’écouler le long de la pièce mère. Des statuts aux tailles gargantuesques effrayaient les âmes fragiles, ces gargouilles de corail semblaient garder l’entrer sans bouger d’un poil, on croirait pourtant qu’ils nous fixaient de leur regard de marbre. Des pentacles étaient dessinés par dizaines à plus ou moins grande échelle sur le sol, lui aussi usé par le temps. C’est alors que je me rappelai tenir encore la main d’Elena et je la lâchai aussi tôt e lui jetant un regard gêné sans tenir une seule parole. Je m’étonnai moi-même de mon comportement, je me serai sûrement baffé dans d’autres circonstances, si j’avais été seul par exemple.

    « Cet endroit est des plus conviviales. » dis-je alors, enjoué et sinique. J’avais la curieuse impression que des ombres dansaient sur les murs et attendaient la moindre occasion pour nous bondir dessus alors que des voix se ricochaient dans l’immensité de la pièce, telle des sifflements de serpent à peine audibles s’amusaient à répéter les mêmes phrases. Au début, je croyais que c’était l’écoulement de l’eau mais non, les sifflements de serpents devenaient réels au fur et à mesure jusqu’à qu’une phrase presque complète me parvenait « Avez-vous peur de la mort ? ». Je souriais alors, reprenant mon assurance, marchant d’un pas ample et sûre de moi, soufflant dans le silence d’une même teneur « c’est la mort que vous essayez d’apeurer. » en fermant les yeux, comme si les voix m’entendraient alors. Je n’entendais plus la harpe bien que cela ne me gênait pas tant. Nous étions au forum du hall d’entrée du sanctuaire alors que la plus immense des statuts dont je pouvais me souvenir nous fit face, celle d’un homme aux bras enroulés de deux serpents. Je savais alors que cette fois, nous aurions plus le droit de reculer.

    « Es-tu un Djinn ? » soufflèrent les voix fantômes de serpent dans les airs. Je regardai alors partout autour de moi, sachant au fond de moi que les voix émanaient de la statue me se reflétaient uniquement dans l’esprit d’Elena et dans le mien. Il était intéressant qu’un temple aussi ancien employait encore le terme de Djinn, notre premier nom avant que les contes nous appellent vulgairement les génies. Je lui répondais alors le plus naturellement possible « le plus malicieux d’entres eux. » et je sentais alors comme des grondements légers aller et venir dans les dalles sur lesquels nous marchions. « Et elle ? » fit la voix dans l’infinie. « Elle est avec moi et je refuse de l’abandonner ici. » rétorquai-je avec fermeté. « Est-ce là, la formulation d’un vœu, malicieux Djinn ? » la tension montant alors à son exalte. « C’est là un vœu. » soufflai-je en respirant profondément et en fermant les yeux. « Tout bonheur n’existe que par la manifestation d’un sacrifice. Loi numéro première du code ancestral des génies. Sauras-tu t’en souvenir dans le dilemme qui opposera ton cœur et ta gloire. » Et je répondis sans y réfléchir vraiment « Je choisirai la gloire, je n’ai pas de cœur. » Mais il finit par me surprendre, répondant que « c’est également ce que tu as répondu, la première fois. ».

    Et je vus alors les serpents se mouvoir de leur stratification éternelle, telles des bêtes que rien ne pouvaient arrêter ; ils s’en allèrent des bras de la statue un peu trop bavarde pour s’infiltrer dans les deux verrous du mur que la statue semblait garder et qui ouvrit un passage vers un tout autre endroit. J’entendis alors la harpe reprendre de plus belle à teneur plus grande, telle que cela ne me rassurait pas ; dans quoi avais-je embarqué Elena ? Cette pensée me quitta alors. Que m’arrivait-il de penser à un autre sort que le mien ? Je me retournai pour la regarder à nouveau et réfléchissais, ne comprenant pourquoi était-elle si différente qui déclenchait en moi tant d’humanité. Je ne lui avais pas adressé la parole depuis un bon moment et je m’en serais bien voulu de l’avoir effrayé avec mes histoires de fantôme et de génie, de vœu et de sang coulé, pour le mépris d’un simple rêve. Seulement, m’étant retourné vers elle, j’eus la voix comme coupée. Je ne savais quoi lui dire de rassurant ou de valable. Je détestai parler pour ne rien dire et aucune parole qui n’aurait été vaine ne m’est venu à l’esprit au moment où j’aurais tant voulu me servir de ma verbale sans limite. Je me frottai les cheveux puis les yeux, la poussière s’était lotie, me laissant une mine bien négligé, les génies ayant toujours eu cette coquetterie légendaire que l’on leur connaissait bien. J’arrêtai de fixer Elena, conscient que cela en devenait navrant pour un génie sans scrupule de mon envergure. Et je l’invitai à entrer dans la pièce première, celles des miroirs.

    « Maître des mirages, roi des illusions et bouffon des tours de passe-passe. Ce lieu est impressionnant » criai-je, ne supportant plus le silence et ce sentiment de malaise que faisait régner ce lieu. La pièce devait bien compter des milliers et des milliers de miroirs sur des kilomètres de labyrinthe, s’étendant du sol au plafond, sur les murs jusqu’à couvrir le moindre millimètre. Nous n’avions plus aucun repère, je reconnaissais alors mon propre style et me félicitai ; quelque part, j’avais de l’imagination.
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Jeu 13 Jan 2011, 21:07

    Ce léger sourire qui s’était logé sur les lèvres d’Elena, bien plus rare qu’il ne pouvait le paraître, s’éclipsa progressivement, tandis qu’elle voyait naître ce regard austère dans les yeux de Naram, accompagnant un de ces silences qui avait bien plus de sens que de simples mots. La jeune femme sentit comme une légère vague de tristesse s’emparer de son être, écoutant le génie parler d’une voix quelque peu chancelante, traduisant cette amertume qu’elle avait l’impression de percevoir en lui. Elle voulait le réconforter, lui faire oublier cette peine qu’il traduisait en haine, apaiser ce désir de vengeance inassouvi mais elle ne fit rien. A vrai dire Elle se contenta de l’écouter parler, immobile telle une statue, portant toujours ce regard vide et inexpressif. Ses yeux ne clignaient pas, comme s’ils n’avaient nul besoin de s’humidifier, comme si toute larme leur était étrangère. Lorsqu’il eut fini de parler, elle finit néanmoins par prendre la parole, quelque peu hésitante au début.

    -Naram… dit-elle d’une voix silencieuse dont l’écho ne se perdait que trop vite, Vous savez, bien que je comprenne votre ressentiment et même mieux que vous ne pouvez vous l’imaginer, je ne pense pas que le fait de se laisser aller à ce sentiment ravageur qu’est la colère soit réellement une solution, malgré cette sensation de bien être que peut offrir le goût de la vengeance. Je n’ai certes, pas vécu autant que vous mais j’ai été sujette à des choses que peu auraient le courage de surmonter sans s’abandonner à la pire des folies, j’ai commis les plus atroces des crimes, à tel point que ma mémoire en devienne défaillante. Ces souvenirs… qui reviennent me surprendre tels des poignards que l’on me planterait dans le dos… me font réaliser que s’il y a bien une chose que j’aimerais c’est laver mes mains de tout ce sang dont elles sont imprégnées, de libérer mon esprit de tous ces cris d’agonisants. Mais mon souhait le plus cher serait de comprendre, pourquoi…

    Elle marqua une pause, baissant les yeux, quittant le regard de l’homme qui lui faisait face. Elle n’avait pas l’habitude de s’ouvrir de la sorte, c’était le moins qu’on puisse dire mais bizarrement, elle le voulait en cet instant précis, elle voulait lui expliquer… Parce que même si leurs visions n’étaient pas exactement les mêmes, elle savait qu’il la comprendrait.

    -Le monde dans lequel nous vivons est tellement corrompu qu’il en devient honteux d’en faire partie, nous ne sommes entourés que de lâches et de traîtres, de créatures assoiffées sang tout comme de pouvoir. Croyez-moi, quoi que vous puissiez penser aujourd’hui, ce n’est que la haine qui vous aveugle. Vous avez tord de ne pas me demander ma compassion, vous avez traversé des épreuves que peu oseraient ne serait-ce qu’imaginer et le destin qui vous a été confié n’est sûrement pas des moindres. Mais en vous abandonnant à cette idée de vengeance, le sentiment sera jouissif au début, certes, mais cette rancœur finira par vous ronger de l’intérieur jusqu’à ce qu’elle ne vous mène à votre propre perte. Je sais, vous avez mal et vous ignorez comment venir à bout de cette douleur qui vous détruit jour à jour si ce n’est qu’en exprimant votre fureur. Vous savez, il y a bien d’autres moyens de réclamer justice que de mettre toutes ces terres à feu et à sang.

    La déchue regarda alors Naram ouvrir les portes en pierre qui se dressaient face à eux. Elle le vit alors lui tendre sa main, tout en affichant un léger sourire mal assuré. Elle resta immobile un instant mais finit par y mettre la sienne, le gratifiant de nouveau du contact glacé de sa peau, espérant que cela n’allait pas l’incommoder.

    -Vous n’avez pas à me faire cette promesse, après tout, malgré les intentions qui vous ont mené ici, vous m’avez tout de même sauvé la vie alors que personne ne vous a forcé à le faire. Et quelque soit votre aversion vis-à-vis de la reconnaissance, je vous suis redevable, il en est ainsi... Nous y parviendrons, je n’en ai pas le moindre doute, dit-elle d’une voix qui se voulait être un tant soit peu moins sèche et froide qu’à son habitude.

    Elena en était persuadée, après tout, elle l’avait vu. Et quelques soient les doutes qu’elle pouvait avoir concernant son nouveau pouvoir, elle était convaincue de la véracité de cette vision. Elle suivit alors Naram, le laissant garder sa main dans la sienne. A ce moment précis elle se sentait comme rassurée, bizarrement, la présence du génie près d’elle l’apaisait.
    Elle prit le temps d’observer l’endroit dans lequel ils se trouvaient, admirant le lieu dans lequel se présentait toutefois une atmosphère sinistre. Elle examina alors d’un coup d’œil les pentacles qui se trouvaient au sol tout en pensant qu’ils appartenaient sûrement à la magie noire.
    La jeune femme sentit alors le génie lâcher sa main, affichant un regard embarrassé. Ne sachant pas vraiment comment réagir, elle lui adressa un léger sourire confus avant de détourner le regard. Prenant de nouveau la peine de regarder autour d’elle, elle put voir des ombres se dessiner sur les murs tandis que des murmures inquiétants s’élevaient peu à peu, leur écho résonnant entre les murs. Elle entendit alors une phrase distincte se former : « Avez-vous peur de la mort ? ». La réponse de Naram ne se fit pas attendre, tandis qu’il reprenait de nouveau toute sa confiance, marchant d’un pas assuré et déterminé.
    Ils finirent par arriver devant une statue des plus gigantesques, celle d’un homme à l’allure imposante, deux serpents s’enroulant autour de ses bras. La déchue entendit alors de nouveau une voix retentir dans son esprit, s’adressant au génie. S’en suivit une brève discussion entre lui et cette voix mystérieuse jusqu’à ce la statue ne laisse apparaître un passage jusqu’à un endroit duquel provenait de nouveau cette douce mélodie de harpe.
    Elena vit aussitôt Naram se retourner vers elle, la regardant de nouveau d’un air un tant soit peu hésitant, comme s’il avait voulu dire quelque chose. Mais il finit par quitter ses yeux, la conviant à entrer dans la pièce qui se présentait à eux, chose qu’elle fit sans attendre. La jeune femme se sentit alors déstabilisée, se retrouvant dans un endroit pour le moins intriguant. Des miroirs, rien que des miroirs formant une sorte de labyrinthe. La déchue se tourna aussitôt vers le génie.

    -Est-ce cela votre œuvre ? demanda-t-elle, fascinée.

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Ven 04 Fév 2011, 11:52

    « L’œuvre d’un fou, ma création. » songeai-je si fort que ma voix résonna dans le vide et se fit entendre de tous, des fantômes du néant et de nos deux corps. Je tournai sur moi-même doucement et contemplai avec un entremêlement de crainte et d’admiration ce dont j’avais été capable lorsque j’étais un Iblis, le rang le plus haut et le plus puissant après celui du Mârid, lorsque j’étais prêt à l’affronter et à me venger des crimes qu’il avait commis et qui avait assombrit mon âme jusqu’à la damner. Oui je regardais autour de moi, cherchant un indice, me connaissant sur le bout des doigts, n’oubliant de moi que mon passé mais sachant pertinemment que j’aimais les défis et les énigmes ou au moins les moindres détails auxquels je donnais la plus prépondérante des importances. Chaque miroir était impeccablement propre, sans la moindre éraflure ou la moindre trace de doigt, aucune poussière ne s’étant logée malgré les années et nous tentant à penser que ce lieu n’existait que par la magie qui conservait l’endroit et le rendait immaculé. Voir son propre visage se refléter des milliards de fois n’étaient pas forcement facile et les miroirs étaient une chose plutôt rare en ce monde, j’y repensai dés l’instant où je me voyais et repensai que celait faisait bien longtemps que je ne m’étais plus regarder, oubliant presque à quoi je ressemblai. Légèrement mal rasé, les cheveux ébouriffées et les habilles plutôt en mauvais état, je me rappelais pourtant le temps où j’étais toujours coquet et impeccablement propre sur moi, tout comme les miroirs de ma création ; ces miroirs semblaient alors me correspondre et me rappeler que leur créateur vivait dans la perfection esthétique, dans l’éternel insatisfaction d’une vie de plaisir, haïssant l’épicurisme et idéalisant l’éphémère, toujours plus paradoxal dans mes idéologies, j’étais un as des illusions et des sciences, un penseur de l’imaginaire et du réel. Et pourtant le ciel grondait, au dessus de nos têtes si fragiles, attendant que l’épée de Damoclès ne s’abatte, inéluctable, et nous ricanant que nous étions plus malins que la mort elle-même.

    Ce qui choquait le plus dans cet endroit, c’était le silence, nos pas eux-mêmes étaient muets et même si nous aurions frappés de nos épées un miroir, pas le moindre bruit ne se serait fait sentir. Je n’étais même pas sûre que l’on puisse casser un seul de ces miroirs mais le cas échéant n’aurait put nous rassurer ; oui, nous étions comme sourds et je raclai ma gorge de temps à autre pour vérifier que ce sens n’ait quitté ma qualité d’homme. Nous enlever de l’humanité, voilà le but second de mon esprit dérangé lors de la conception de cet endroit. Je m’étonnai que plus nous avancions, plus l’endroit semblait sombre et plus les coins et recoins semblaient difficiles à scruter d’un regard, nous étions presque dans le noir. Notre vue et notre ouïe étaient à la dérive et je reprenais donc Elena par la main, pour ne pas la perdre ; seulement je ne sentais plus son toucher, ce sens aussi avait disparu mais je sentais au moins la chaleur, ou du moins la fraicheur tangible de son corps glacer. Il ne fallait pourtant pas paniquer, j’aimais observer et dans ce plan machiavélique, il était certain que je voulais tester le sang froids de chacun ; bien sûre jamais je n’aurais put savoir que je serai la propre victime de mon piège mais en même temps, je n’avais pas prévu de me piller moi-même.

    Et puis… tant que le trident n’était pas en ma possession, nous n’étions pas nuisible et jusqu’à maintenant, aucun danger ne s’était présenté, il s’agissait simplement de menaces pesantes sur nos nerfs ; seulement, prendraient-ils forme réels dés l’instant où j’aurais saisi l’objet et pris la pierre ? Oui, cela était certain. Et pourtant, le labyrinthe nous guidait à moins que mon instinct fût maître de mes pas et qu’il était excellent guide. Je me retournai de temps en temps pour vérifier que ma main n’avait pas lâché celle d’Elena et alors même que parfois, ma vision me faisait défaut, je serrai un peu plus fort ses doigts fins, vainement sans la sensation moindre de les avoir saisis, ne serait-ce que de les avoir simplement effleurés. Mais ma peur ne grandissait pas, elle ne ressortait pas, plus je restai calme et confiant, plus nous trouverions rapidement le trident, maître des océans, ma couronne en quelque sorte.

    Cependant la route était longue et je devais avouer repenser aux paroles antérieures de l’ange d’ébène ; n’étais-je réellement capable que de broyer ma peine par l’expression criminelle de la haine ? Je savais pourtant que seuls les ténèbres circulaient dans mes vaines et l’étincelle dans mon regard était la dernière à brûler encore mais dont les cendres déjà s’envolaient. Je désirai tant tuer le Mârid même si j’en avais oublié les motivations. Je lui en voulais sans vraiment savoir pourquoi, mon instinct me soufflait qu’il était géniteur de mes maux et que la conclusion de son règne sur les génies, que la conclusion de sa vie sur ces terres, apporterait le soulagement de toute cette colère, renfermée et concentrée en moi, prêt à être déchaînée lorsque l’heure de la rencontre sera de nouveau venu, enfin, pour de bon et ce jusqu’à ce que la mort de l’un de nous deux s’en suive et l’emporte. Elena était un souvenir égaré, un de plus dans ma longue vie dont je tentai désespérément de rassembler les pièces pour former une histoire avec du sens et une logique, chose qui n’était pas à l’heure actuelle. Peut être avait-elle était quelqu’un d’important pour moi, quelqu’un même de très important. Peut-être l’avais-je haïs ou aimé, trahis ou chéris et ce sans que je ne puisse délier les secrets de cette relation qui nous unissait. Alors qu’étions-nous à part deux amnésiques, dévorés par leur passé, aux desseins douteux ; qu’étions-nous de mieux à cet instant que deux fantômes en quête d’un paradis ? L’enfer et ses délices pourrait bien être revêtue des mêmes habilles, nous n’avions que l’essence du désir en bouche et non son visage.

    Et si, par inconscience, je jetai un coup d’œil tardif sur nos reflets décuplés à l’infinie, je constatai que ceux-ci n’étaient plus nos doubles mais des ombres qui avaient notre apparence, emprisonnés dans le verre, nous fixant et nous souriant avec cruauté et satisfaction alors même que je n’avais jeté qu’un regard discret ; les reflexes du réel et du reflet n’étaient plus coordonnés, ils avaient pris vie en quelque sorte. Sans pente ni montée, nous tournâmes à gauche puis à droite, repassant par un côté puis l’autre et la fatigue artificiel imposé par la magie du labyrinthe nous assommant mais ne nous achevant pas. C’est ainsi que nous finîmes à la salle des armes. Un endroit décorés par milles sculptures et milles joyaux pour habiller la pièce ; celle-ci avait alors un goût de vanité, un si bel endroit qui n’était visité que tous les millénaires par deux errants, ça ne valait pas tous ces efforts. Au centre la pièce, posait fièrement une sculpture humaine qui s’apparentait à mes traits juvéniles. Oui cette statue me représentait et je voyais avec stupéfaction à quoi je ressemblai. Des habilles amples tels des robes de sorciers aux motifs flous et aux couleurs turquoises, des cheveux si longs et un visage plus fin, plus osseux, avec un contour noir sur le bas du regard. A mes mains se trouvaient des chevalières qui brillaient de milles feux et je frôlai le marbre, effleurai la pierre d’un Naram statufié par le temps et les maux.

    « Mon passé… » Soufflai-je, « est mon présent. » Dis-je un peu plus fort d’une voix grave. A l’autre main, la statue tenait le trident que j’observai telle une récompense retrouvée. Oui, c’était le bon, il était là et je pouvais le saisir à mon tour tel un héritage que je me transmettais à moi-même, chose qui me fit sourire. Ma gorge me brûlait dés l’instant où je touchai l’arme où le joyau du cristal maître était incrusté. Depuis ma naissance en tant que génie, je ne sentais plus le froids et la chaleur du temps, n’avait plus faim ni soif, ne ressentait plus le besoin de dormir ou aimer. Tout n’était qu’artificiel, être génie m’avait extirpé toute humanité. Et pourtant, ma gorge me brûlait comme si je n’avais pas bue depuis des siècles, et je semblai satisfait, je redevenais l’ancien Naram-Sin ; je n’en étais pas sûre, mais mon instinct me le disait avec assurance, mon plan si parfait ne pouvait qu’aboutir à une réussite évidente. J’arrachai le trident de la main de la statue et la main qui la tenait se brisa en morceaux qui se fracassaient en poussières sur le sol, rompant le silence qui nous avait bercés depuis un bon moment, maintenant.

    « Elena, j’ai peur pour vous. » lui dis-je, conscient que la peur était un sentiment humain qui m’avait quitté depuis bien longtemps. Et pourtant j’étais certain de le ressentir à cet instant, d’avoir peur pour elle et ceci m’effraya encore plus, je ne comprenais tout ce qu’il m’arrivait depuis que j’avais fait la rencontre de cette si charmante mais si dangereuse femme, sur ce bateau, l’ayant sauvée de la noyade sans raison, par simple envie, simple désir, en soit tout ce qui était interdit aux génies de mon espèce. Prohibé puis ce que nous devions attiser le désir chez les mortels et non l’inverse.
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Jeu 24 Mar 2011, 01:13

[HJ: Puisqu'Elena est dans l'impossibilité de continuer cette quête, je reprend le flambeau pour permettre à Naram de terminer ce Sujet.]




● Le temps est la Mer, écume de mes Désirs {Naram} ●
Acte 5 : Le temps efface tout, et à la fin, il ne reste que les ténèbres.

    » Ténèbres.
    Obscurité totale, noirceur infinie, vide. Tous ont connu cette sensation oppressante de se retrouver dans un espace-temps qui n'appartient ni au monde spirituel ni à celui des mortels. Un lieu où tout vos pouvoirs, toutes vos armes et tout votre arsenal ne vous est d'aucune utilité, car vous êtes tout simplement prisonnier d'un endroit où plus rien n'est, plus rien n'existe. Le ciel et la mer ont disparus, le soleil et la lune ne règne plus, tout n'est que noir : En haut, en bas, à gauche, à droite. Partout, le noir est partout, et ce sentiment omniprésent de la chute qui n'en finit plus. Vous qui n'avez plus besoin de manger, de boire ou de dormir, votre estomac est pourtant noué, votre gorge sèche et vos paupières peinent à rester ouvertes. Mais il ne sert à rien de lutter, ici vous n'êtes que victime, pauvre pion de ce que les gens se plaisent à appeler le destin : entité vile, perverse et qui n'a surtout aucun scrupule à se jouer de vous, et c'est justement elle, qui vous nargue depuis son piédestal alors que vous êtes là à sombrer. Ce fameux "vous", c'était moi. Une seconde je survolai les terres Émeraudes en direction du continent dévasté, et tout à coup ce satané médaillon avait recommencé à faire des siennes, mais cette fois bien au-delà des crises qui l'avait précédé. Depuis quelques heures déjà, la pierre cristalline brillait et s'agitait, tout portait à croire que le bijou fut posséder. Il arriva le moment insoupçonné où l'objet se mit à trembler à mon cou, émettant un cri strident à vous fendre le crâne que je semblais être la seule à entendre. La seconde suivante, j'étais entraîné dans un tourbillon d'encre, impuissante et incapable de résister à la détresse du pendentif, car oui, je cernai désormais clairement des plaintes, inconnus et indéchiffrables, tout droit en provenance de cette malédiction enchainé à ma gorge. Et je tombai toujours, encore et encore, d'ailleurs je n'aurai su dire si je tombais réellement : Il n'y avait ni sol ni ciel, j'étais incapable de me repérer. Le bruit insupportable en provenance du joyau azuré ne se taisait pas, je crus bien sentir mes tympans se déchiré sous l'intensité du son. En désespoir de cause, je me saisis du médaillon avec l'idée de le jeter dans l'abîme, mais je fus, une fois de plus, happé par les ténèbres.


    Je fus relâché dans un lieu inconnu, debout et immobile sur un sol rugueux et humide qui écorcha mes pieds nus. La noirceur était totale et pourtant, de petits points lumineux, semblables à des étoiles, semblaient briller un peu partout dans la salle ou l'endroit dans lequel je me trouvais. J'entendais le bruit régulier de gouttelettes d'eau tombant du plafond pour terminer leur course au sol dans de discret "PLOC" qui se répercutait partout tel un écho. J'en déduis donc que je me trouvais probablement dans une grotte ou une cavité, bref, un lieu souterrain. Je me demandai pourquoi le médaillon m'avait transporté dans un endroit pareil. Mes yeux s'abaissèrent sur la pierre à mon cou que je distinguais à peine malgré les minces reflets que renvoyaient sur sa surface les points lumineux fixé dans la paroi. Qu'est-ce qui m'avait pris d'enchaîner à mon cou pareil malédiction, pensai-je.

    Agacée par la noirceur qui semblait apprécier le contraste saisissant d'un Ange prisonnier des ténèbres, je fermai les yeux pour refoulé une certaine frustration de me retrouver dans pareille situation. Une chaleur réconfortante naquit dans mes doigts et remonta le long de mes avants-bras, jusqu'à mes épaules et se rejoignit au niveau de mon abdomen. Là, une douce lumière fébrile et frémissante se propagea le long de mon corps, recouvrant ma peau d'un halo dorée qui éclaira faiblement le lieux où j'étais : une salle décoré luxueusement avec non pas des étoiles, mais des joyaux logés dans les murs qui chatoyait sous l'effet de l'aura d'or qui entourait ma silhouette. Puis soudainement, l'écho d'un bruit de fracas parvins à mes oreilles, tout près, suivie d'une voix qui s'éleva dans un faible murmure. Le ton, un doux ténor qui chantait à mes oreilles, me sembla étrangement familier. Ça n'est que lorsque je m'avançai de quelques pas en faisant disparaître dans une poussière dorée les ailes qui ornaient mon dos que je pus identifier à qui appartenait les mots qui avaient exprimé la crainte pour une certaine "Elena", dont j'ignorais l'identité. Je répondis alors d'un simple
    « Naram-Sin », prononcé d'un ton presque moqueur accompagné d'un discret sourire tendis que les fines particules dorées qui planaient dans l'air me permettaient de redécouvrir son physique si fascinant : Une chevelure qui rappelait les reflets de l'océan pendant la nuit. Deux yeux semblables à deux Lapis-lazuli qui brillait d'une étrange étincelle malgré la noirceur accablante de l'endroit. Une bouche rose et pleine, un nez droit et fier sur une mâchoire carré. Tout en lui respirant l'élégance et respirait le mystère, excepté les habits usés et même déchirés à certain endroit qu'il portait. Mon regard fut attiré quelques secondes sur un drôle de tatouage visible à son épaule droite, des inscriptions d'encre écrite dans une calligraphie particulière. Ce que je croyais d'abord être un texte était en réalité une suite de nom, dont celui d'Elena, gravé dans la peau. Je fus tenté quelques instants de le questionner sur la nature de ces étranges tatouages mais me souvins subitement que c'était son médaillon de malheur qui m'avait transporté de façon peu agréable jusqu'ici.

    J'allai lui reprocher le manque de clarté de ses avertissements quant au port de son bijou lorsque mon attention se porta sur une silhouette derrière lui. C'était en réalité une statue de marbre représentant les traits d'un homme...Non, c'était en réalité ses traits à lui ! Il y avait néanmoins une différence physique nettement visible entre l'être qui se tenait devant moi ainsi que sa représentation de pierre. Tout d'abord il semblait plus jeune, enfin peut-être, j'aurai été incapable de donner un âge, même approximatif à Naram, mais il me semblait que la statue était une image de lui datant d'il y a très longtemps. Son regard trahissait une expression que je n'arrivai pas à identifier mais que je ne retrouvai pas dans son propre regard la même émotion, quoi que du Naram jeune au Naram des temps d'aujourd'hui, il restait aussi insondable et mystérieux. Tout en examinant l'œuvre de pierre, je constatai que sa main gauche manquait à l'appel. Mes yeux s'abaissèrent au sol où des miettes et des morceaux de marbre reposaient, violemment brisés et arrachés de leur emplacement originel. Lorsque mes yeux se portèrent à la main gauche du Naram, le vrai, je distinguais ce que je croyais d'abord être une fourche dans la pénombre, mais tout en gardant mes yeux fixés sur l'objet, je me rendis compte que c'était en réalité un trident. Un magnifique trident dont la beauté et la magnificence ne devait pas qu'être visible à l'extérieur. Je me doutai dès lors que ce fut là le but de cette aventure, excursion, périple ou quête : trouver, ou qui sait peut-être retrouver cet objet perdu, abandonné dans cette armurerie digne des plus grands roi des terres du Yin et du Yang.
    J'abandonnai mes observations lorsque je sentis une présence hostile qui se manifesta petit à petit, comme si elle planait dans l'air et la rendait oppressante pour nous avertir que nous n'étions pas les bienvenus en ces lieux. Intimidée et surtout sentant cette force inconnu nous bannir implicitement, je me tournai vers Naram et lâchai d'une voix neutre où vibrait un ton de reproche :


    « Je ne sais ni pour quelles raisons ni dans quel but vous ou votre médaillon maudit m'avez amené ici, mais chose certaine, je ne compte pas rester. » fis-je en regardant tout autour, embarrassée par l'entité nouvelle qui semblait se rapprocher mais qui restait invisible. Je fis mine de le planter là mais j'abandonnai l'idée de l'abandonner dans pareil noirceur et pareil endroit. Je soupirai, las, et dans un geste non-réfléchis, me saisis de son poignet pour l'entraîné dans le seul couloir qui débouchait sur l'armurerie, ayant pour seul lampe torche mon propre corps dégageant une lumière dorée qui, dans un endroit aussi sombre, avait quelque chose de réconfortant, voir, de vital pour me permettre d'avancer d'un pas assuré dans les ténèbres..



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Sam 09 Avr 2011, 20:50

    Et l’ombre fut une amie envahissante, emportant avec elle la respiration rassurante d’Elena qui me manqua plus que tout à cet instant, s’envolant ses regards odieux et ses paroles assassines, de sa voix d’effrontée, au fond de moi, je ressentais qu’elle s’en était allé et ce même si je ne voulais pas me l’avouer, quelque chose m’avait eu, avait eu tout bon au jeu des ambitieux, tout beau le bal des criminels. Je me retournai dans tous les sens, mes bras frappant violemment une glace, ma respiration s’accélérait d’instant en instant alors que cette harpe était plus forte encore, j’étais seul face au monde fou, et je ne voyais que du noir que je broyais, j’enlaçais le néant et la perte des souvenirs, j’étais en duel avec le génie aux cheveux des ciels d’été.

    Je restai planté là face à la statue qui imitait mes traits à moins que je mimais mon propre passé si je n’étais qu’un pantin de rêves. J’aurais tant voulu toucher son visage, approchant ma main, je n’osai pourtant effleurer mon propre reflet, mon double de pierre me tétanisait presque. Est-ce moi qui avais prévu de revenir lorsque les dieux me seraient plus favorables à la réalisation de mes plans machiavéliques ? Est-ce moi qui aurais pressentie une défaite inéluctable et qui aurait établi un plan de secours pour pouvoir remonter la pente, refaire surface, attaquer par surprise et remporter la manche ? Ou tout n’était qu’un hasard ? Je n’y croyais plus, de toute manière. Et pourtant, alors que le silence et la nuit infinie m’assommaient, sordidement, une voix qui n’était pas atteinte de cécité me parvint, son étreinte de lumière parmi les ombres dansantes, elle fit raisonner mon prénom comme on libéra un condamné à mort, Sayuri au mépris de la rencontre passée à la plage. J’étais déboussolé et je ne compris pas un mot de ce qu’elle dit ensuite, pourtant elle me pris par le poigné pour m’emmener loin et je sentis la chaleur de sa main pénétrer, je sentis sa bêtise et son altruisme mélangées, et je ne su rien dire, comme si j’avais perdu toute verbe à ces instants incompréhensibles, j’étais spectateur de mes faits et gestes.

    Et j’étais perdu mais j’avançais sans la ralentir, je ne savais pas où elle m’emmenait, le trident dans l’autre main disparu d’un geste de ma part dans des poussières noircies, il était à moi et réapparaitrait dans l’ombre dés l’instant où je l’aurais jugé bon. Les murs résonnaient de basses insoupçonnables, et mon regard s’arrêta alors sur une peinture dans le corridor. Stoppant mes pas, net, j’obligeai Sayuri à me lâcher alors que je m’approchai de l’illustration. La lumière de Sayuri me permettait de la percevoir parfaitement mais je n’en comprenais pas les protagonistes. Il s’agissait d’un immense champ de lavande et d’une femme, blonde, belle et souriante ; derrière elle, je semblai être peint, les cheveux d’une teinte aussi bleutée ne pouvaient me confondre avec aucun autre, et l’expression de mon personnage semblait paisible. Cependant, une tâche m’interpella sur le tableau : à l’extrême droite se trouvait un autre homme aux cheveux également foncés, portant le médaillon que portait Sayuri ; son regard à lui était d’une tristesse infinie, et il nous regardait, la femme blonde et moi comme avec jalousie et envie. Et sans comprendre pourquoi, je su que l’homme était Jun, je savais son nom sans savoir qui il était. Voilà pourquoi en touchant le médaillon sur la plage, j’avais eu un tel électrochoc, lui aussi l’avait porté bien avant Sayuri, ses souvenirs me venaient comme ils lui étaient venus en son temps. Plus je regardais le tableau plus je trouvai que le Jun triste et le Naram apaisé, au-delà de l’expression de leur visage, se ressemblaient comme deux gouttes d’un océan et une idée étrange me vint alors : et s’il avait été un membre de ma famille, voir peut être ma seule et unique famille ? Peu importe qui avait été le peintre, il semblait qu’un lien étrange liait ces trois personnages et bien que je fasse parti du tableau, je ne m’étais jamais senti aussi hors contexte, aussi ignorant, aussi illégitime de ma propre existence. Si les souvenirs faisaient l’homme, si son cœur faisait sa vie, alors qui étais-je, moi, sans cœur et sans passé ? Et c’était alors peut être également pour ça que Sayuri avait été envoyé ici, peut être que le Jun triste l’avait amené à moi, peut être qu’une raison à toute cette histoire pouvait décider de la suite des évènements.

    « Sayuri » prononçai-je enfin. « Désolé » alors que je ne maitrisai nullement les effets d’un pendentif aussi âgé que l’était l’océan.

    « L’ombre a gagné mon cœur, vous pouvez partir, ça ne sert à rien, le temple a eu raison de moi, je n’ai pas su affronter toutes ces ténèbres. Sauvez-vous avant que celles-ci ne vous dominent également et ne vous damnent. » et je me mettais à genou devant le tableau, baissant la tête, le regard vide, je ne me souvenais même plus de la raison de ma venue ici, j’oubliai au fur et à mesure que je vivais, comme une coque vide et sans âme, le trident n’avait plus d’importance, le Mârid pouvait bien se pavaner sur les cadavres qu’il accumulait, sur les morts qu’il fauchait, je n’étais plus justicier de rien, j’étais moi-même le criminel. Et je m’en allais à passer que le temple était une prison qui attendait sagement mon retour, m’empêchant de repartir, j’étais enchainé à ces images qui défilaient dans ma tête, j’étais condamné à errer ici et cela n’était pas un piège fatidique, j’avais ressentis le besoin de venir ici, de récupérer le trident qui soulevait les océans, moi qui était la mer et ses déchainements. Et cela marchait, j’étais soulevé puis au sol, comme muselé par le vide. Et non loin, un amas d'ombre apparut, formant un être hybride, il semblait que les coups de minuit viennent rompre le couché de rideau, et telle une faucheuse, l'ombre enfin matérialisée attaquera nos espoirs, avançant vers nous, d'un pas lent mais qu'on ne pouvait pas arrêter.
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Dim 10 Avr 2011, 03:25

● Le temps est la Mer, écume de mes Désirs {Naram} ●
Acte 6 : Hollow Where We Wandered

    » Il était impressionnant de voir à quel point les ténèbres pouvaient être dominant. Nous avancions, ou plutôt je progressai en traînant de force mon compagnon dans des couloirs si sombres qu’il en devenait presque impossible de discerner la droite de la gauche, le haut du bas. C’est comme si nous étions prisonnier d’un cauchemar trop réel, trop effrayant pour être vrai. Peu importait l’endroit où je me trouvais, il était noyé dans l’encre et, quelque part, je fus heureuse de ne pouvoir voir plus loin que le bout de mes pieds : Peut-être que l’origine de ce lieu était plus terrifiant encore que le noir dans lequel il baignait. À travers les ombres, j’avançai d’un pas pressé, voir trottinant. Je laissai ma propre lumière me guider, mais il me semblais toujours marcher en ligne droite, sans jamais rencontrer d’intersection ou de couloir adjacent. Un silence complet régnait en maître, seul le bruit de mon souffle soutenu et de mes pieds nues claquant contre les dalles semblaient lui tenir tête, oh et quelques gouttelettes qui, sans doute, tombaient du plafond, s'écrasant sur le sol dans un "PLOC" en écho. Je fus surprise de ne pas entendre les pas lourds de Naram derrière moi, alors que pourtant, je le traînais vigoureusement par le poignet...Et puis soudainement mon cœur manqua un battement. Je m'arrêtai net, le souffle court, l'esprit emballée. Immobile, les bras ballant, je fis brusquement volte-face pour me retrouver face au néant. Comment avais-je pu ne pas remarquer que Naram ne me suivait plus ? Trop absorbée, j'avais sans doute continué à progresser bêtement lorsque son poignet s'était libéré de ma poigne. Je me mis alors à marcher rapidement dans la direction par où j'arrivais, jusqu'à me mettre à courir, effrayée à l'idée qu'il fut happé par les ténèbres. J'avançais à l'aveuglette, ma propre lumière vacillait comme une flamme sous les assauts du vent. Quelques instants plus tard je m'arrêtai net, découvrant enfin sa haute silhouette masculine qui se tenait face au mur, fixant une photo, ou non un cadre, constatai-je en m'approchant timidement. Une peinture. Je restai en retrait, quelques pas seulement derrière Naram. Assez loin pour lui laisser son intimité mais assez près pour que mon aura dorée éclaire l'œuvre qui représentait trois être. D'abord une femme à la chevelure couleur des blés, ensuite une silhouette en tout point semblable à Naram et un troisième homme que je n'identifiais pas. Toutefois à en juger par l'expression que trahissait le visage de mon compagnon tendis qu'il étudiait la toile, lui semblait reconnaître le dernier élément qui composait la peinture. Toutefois, ce ne fut pas les deux hommes qui m'intrigua, mais plutôt la femme.

    Je m'approchai discrètement, étudiant plus attentivement l'œuvre d'art. La demoiselle avait, comme je l'avais remarqué plutôt, une couleur de cheveux semblable à la mienne, avec des reflets plutôt dorée, et ce fut l'homme à la chevelure couleur océan qui se tenait à ses côtés. La femme, belle et souriante, semblait s'amuser, peut-être même rire, et l'homme près d'elle semblait se réjouir de la joie qui l'habitait, comme si cela suffisait à lui apporté la paix. Et pourtant leur deux expressions contrastaient violemment avec celle de l'homme en retrait, au flanc gauche des deux...Amants ? Je n'aurais su le dire, mais son visage quant à lui semblait crispé, il dévorait du regard les deux être devant lui avec des yeux de fauves, sans toutefois démontré une posture hostile. Plutôt que d'éprouvé une jalousie où se serait mêlé la colère, il semblait envié dans une tristesse douloureuse les deux êtres qui souriaient côte à côte. Bien qu'au départ la joie du personnage représentant Naram et de sa belle m'avait fait sourire intérieurement, elle me désolais désormais lorsque je regardais l'homme qui les jalousais des yeux. D'une part c'était la première fois que je voyais pareil expression sur le visage de mon compagnon d'aventure, mais étrangement j'aurais trouvé plus habituelle de voir les expressions des deux hommes s'échanger entre eux. Oui, pensai-je, des deux hommes, c'était celui en retrait qui me rappelais le plus Naram-Sin.


    « Sayuri. » je sursautai et mes yeux lâchèrent le tableau pour se poser sur sa tête azuré aux reflets cyan à la lumière chatoyante de mon halo. « Désolé. » Désolé ? Mais de quoi ? Je fronçai les sourcils et penchai la tête sur le côté. Désolé pour quoi ? Pour m'avoir foutu une peur bleu quand il m'avait échappé des doigts ? Ou parce que son bijou m'avait entraîné dans un pareil périple ? Je secouai la tête et allais le questionner sur le pourquoi de ses propos lorsqu'il tomba à genoux, les épaules affaissés, la tête baissé. Je m'avançai brusquement de quelques pas, craignant l'espace d'un instant qu'il ne s'effondre au sol, mais je m'arrêtai net dans mon élan lorsque je vis qu'il n'était pas atteint d'un quelconque maux, si ce n'était celui de la résignation. C'est alors que tout s'éclaira. Sa voix, grave et las, s'éleva dans le silence troublant des lieux, me conseillant de partir d'ici pendant que j'en avais encore le temps. Il me fallu quelques secondes de réflexion pour saisir qu'il voulait en réalité que je l'abandonne ici, le laissant derrière moi pour sauver ma propre peau de cet enfer. Je restai un long moment hébétée, ne sachant trop si je devais suivre son conseil et quitter l'endroit alors que je le pouvais toujours, mais je finis par fermer les yeux, esquivant un sourire. Je me surpris même à avoir envisager ne serait-ce qu'un instant de partir et de le laisser derrière moi sans un regard. Je m'avançai à sa hauteur, m'arrêtant dans son dos pour poser une main sur son épaule. Il était immobile et ne bougeait pas, comme une statue de marbre à jamais prisonnière de la même posture. Et parce qu'il ne réagit pas, je me penchai par-dessus son épaule, et cueillis délicatement du bout des doigts son visage entre mes mains. J'appréciais la tiédeur de sa peau au contact de la mienne, et de sa douceur.. Mais je ne me permis aucune caresse, aucun autre effleurement. Je me contentais de relever son menton, de manière à ce que je puisse capter son regard. J'attendis patiemment que ses paupières se soulèvent, ayant enfin le loisir de contempler ses deux yeux d'un bleu qui rappelait les plus beaux joyaux de la mer.

    « Il semble que ce sois précisément pour libérer votre cœur de cette ombre que votre médaillon m'ait conduis jusqu'ici. » Lui dis-je en lui souriant doucement. « Quel piètre ange ferai-je pour abandonner un être dans une détresse semblable à la vôtre, n'est-il pas ? Peu importe la valeur que vous puissiez donner à mon existence -minime je me l'imagine bien, » fis-je sans toutefois n'émettre un ton de reproche, c'était plutôt une constatation. « Sachez ceci : Je ne compte quitter cet endroit sans vous, Naram. Cela prendra le temps qu'il faudra, mais nous chasserons ces ombres. Celles qui entourent ce lieux dans un premier temps... » Et je me tus, laissant ma phrase en suspend. Je lâchai son visage et me relevai doucement, examinant une dernière fois le cadre avant de l'abandonner des yeux pour de bon. Je revins à mon compagnon et lui tendis la main, sans toutefois réellement m'attendre à ce qu'il s'en saisisse. « Aller, venez, il ne sert à rien de s'attarder ici. »


[HJ : Dans le genre réponse ultra-rapide, je me surprend..]


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Dim 26 Juin 2011, 15:50



    Song : https://www.youtube.com/watch?v=rdKQ5YI3jcY

    Je regardais Sayuri, mon regard mêlé entre le regret et le remords, à une frontière confondue, je ne savais assez sur ce qu'il m'arrivait pour en comprendre les fins. Pourtant elle était là, prête à prendre ma main alors que je n'étais amoureux que de la solitude. Qui elle était ? Ce qui me liait à elle demeurait un grand mystère, ce qu'un génie pouvait bien avoir à faire avec un ange était assez blasphématoire et même si j'aimais les belles femmes, elle n'était pas de celles que l'on torturait mais plutôt que l'on protégeait, cela ne pouvait me plaire évidemment; en poussant mon raisonnement plus loin encore, nous étions deux paradoxes, tout nous opposait et même si je ne la connaissais pas assez, même si nous étions deux inconnus l'un pour l'autre, elle n'hésiterait à sauver le diable, à l'extirper de son enfer, prête à se damner ? Oui peut-être mais quel diable serait assez égoïste pour en venir à de tels recours s'il fallait s'en donner à un peu plus de folie. Après tout, je n'étais peut-être pas obligé de vivre si seul ? Peu importait mon passé mystérieux, si je ne m'en souvenais plus c'était aussi peut-être parce qu’il n'y avait rien de bon à ressasser.

    Répéter les mêmes erreurs ou contraire prendre un autre chemin, l'oubli permettait ce coup de poker et si je choisissais cette fois de renoncer à une vie de loup solitaire, alors peut-être pourrai-je vivre plus heureux que les ruines de ce passé si sombre. Qui elle était, ce qui l'avait amené à ce jour saint où elle trouva le pendentif, qu'en avais-je à faire, elle était là avec moi, au coeur des ombres du temple où j'avais trouvé refuge. Peut-être que si j'étais toujours si triste c'était aussi à cause des multitudes de questions qui se bousculaient sans cesse dans mon esprit, j'avais besoin sûrement de spontanéité, de fermer les yeux et de vivre l'instant présent, peut-être avais-je perdu beaucoup par ce procédé mais je voulais refaire cette erreur si cela en était une, elle n'avait pas bien l'air méchante, son air naïvement charmant ne présageait aucune manipulation habile. Oui peut-être, était elle le remède le plus pure au mal qui me dévorait de l'intérieur, peut-être qu'elle m'aiderait à trouver les réponses, peut-être était-elle l'ange, oui, l'ange qu'il me fallait.

    Je respirais, confiant puis certain de mon geste, je lui pris la main pour me relever; je sentis alors une légèreté embaumer mon corps, comme si un poids horriblement lourd l'avait quitté à l'instant sans aucune raison; si raison était encore dans mon vocabulaire; Oui elle m'apportait la lumière.

    " Sortons de cet endroit cruel. Il n'était que l'édifice de ce que j'étais mais ce qu'il faut comprendre... C'est que je ne suis plus cet homme, quoi qu'il fut. " et je lâchai des yeux le tableau qui était sûrement la source, les personnages évidents de ma vie y figurant sans aucun doute, je laissais s'évader la seule piste valable pouvant me ramener des années en arrière. Je ne pouvais pas faire passer mes intérêts avant ceux de Sayuri, mes questions attendraient, je devais mettre la demoiselle en sécurité et s'éloigner d'ici, tout me tentait à embrasser les ombres et je ne voulais plus ça, plus jamais. Nous refîmes alors chemin inverse, mes sens étaient intactes, j'étais roi de mon temple et de ses effets indésirables. Elena n'avait sûrement été qu'un fantôme, un mirage de mon esprit, j'espérais que Sayuri n'était pas qu'un rêve mais réellement là, que mon pendentif m'avait envoyé le ciel aux portes des tréfonds infernales.

    " Je trouverais d'autres pièces de ce même puzzle, je m'en fais pas, j'ai toute la vie devant moi. Après tout, le temps ne passe que pour les mortels, il demeure notre allié, pour nous. " dis-je en riant.

    " Etes-vous prête à.. me suivre ? A m'accompagner, aussi dangereux sera le périple. "
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Dim 26 Juin 2011, 18:15

● Le temps est la Mer, écume de mes Désirs {Naram} ●
Acte 7 : Le temps sera le maître de celui qui n'en a pas

    Musique ~ https://youtu.be/K5VnBTnI3s4

    » Sa main se saisis de la mienne et je l'attirai de façon à l'aider à se mettre sur pied. Autour de nous, les tableaux continuaient de flotter dans l'air tels des souvenirs fantômes cherchant à torturer leur damné maître amnésique. La matérialisation de ces mémoires me fascinaient autant qu'elles m'agaçaient par l'effet pervers qu'elles avaient sur mon compagnon de fortune. Je tentai alors de chasser l'une de ses apparitions des souvenirs de Naram, balayant l'air de ma main comme on le fait pour chasser un insecte agaçant, toutefois malgré que l'une des peintures se dissipa quelques instants, elle reprit forme aussitôt. Je soupira, las, et lâchait des yeux les œuvres d'arts vivantes qui semblaient être les réminiscences d'un homme qui n'était plus, car même si les hommes peints sur la plus part des tableaux ressemblaient traits pour traits à Naram, leur deux corps trahissaient une énergie différente, des ressenties différente, même irai-je même jusqu'à un parcours différent. Je doutais voir un jour le Naram d'aujourd'hui enlacer une femme dans un champ de lavande comme le faisait celui peint sous mes yeux. Quelque part, je ne pouvais que regretter cette constatation car oui, l'homme sur ces tableaux ne semblaient peut-être pas au summum du bonheur, mais il semblait...En paix.

    J'arrêtai de donner de l'intérêt à ses matérialisations d'un personnage qui n'était plus et me tournai vers l'homme au regard aussi sombres que pouvaient l'être les ombres de son cœur, mon propre regard trahissant mes craintes quant aux surprises que nous réservaient sans doute cet endroit plongé dans une noirceur, que je devinais autre que simplement visuel. L'endroit inspirait la peur, les murs étaient empreint du parfum de l'être pervertis qui régnait sur ses lieux, se nourrissant de chaque frisson qu'arrachait au corps son antre maléfique, chaque appréhension qu'il inspirait. Inconsciemment, je pressai le pas pour suivre Naram à travers les dédales de cet endroit qu'il avait vraisemblablement lui-même créer...Non, pensai-je, pas lui. Un personnage comme le sien n'aurait pas conçu un lieu comme celui-là, tout du moins j’essayai de m'en convaincre, car il n'y avait aucun doute qu'avec les ressources et l'imagination dont disposait un être comme Naram, pareil temple aurait facilement pu naître des gerbes de son esprit. Pour l'instant, je n'aspirai qu'à une chose : sortir de cet endroit, je ne me souciait guère de qui ou de quoi avait pus concevoir pareil labyrinthe infernal. Nous zigzaguions à travers des couloirs interminables, je suivais mon compagnon aveuglément -dans tous les sens du termes : Lui seul connaissait le chemin qui nous sortirait de cet enfer, lui seul savait différencier un couloir d'un autre lorsque nous arrivions à une intersection. Je le suivais de très près, suivais ses moindres gestes des yeux. Je craignais à tout instant que les ombres nous engloutissent, nous dévorent en un seul morceau..Le silence était lourd, n'était bercé que par le son de ma respiration saccadée. Je ne me rendais même pas compte que je tremblais, légèrement, mais je tremblais.

    La voix de Naram me parvint enfin, apaisant mes craintes, j'eus crus l'espace d'un instant que mon esprit me jouait des tours et que le maître de ce temple m'avait envoyé un mirage que je suivais comme la lune en pleine nuit. Le doux ténor de sa voix dénoua les tensions ressentis dans chaque parcelle de mon corps, je m'assurai enfin que sa présence n'était pas le fruit de mon imagination maladif. Je l'écoutai attentivement, souriant à sa vision du temps : Il pouvait tout aussi bien être notre allié, que le plus douloureux des poisons d'une vie..Si être Ange signifiais avoir droit à une seconde chance de vivre, cela signifiais également être esclave d'une cause dirigée par un être que personne, encore, ne pouvait s'être vanté d'avoir vue. Certain disait que si Dieu existait, alors Satan tout autant mais ne dit-ton pas que le Diable n'apparaît qu'à celui qui le craint ? Je n'étais pas certaine d'être la personne dont Naram avait besoin dans sa quête, le duo Ange-Génie était pour le moins inhabituel, mais chose certaine, son pendentif ne semblait pas m'avoir choisis au hasard. Je tentai de me persuader que ce n'était que ma bonne foi et ma compassion qui me poussait à aider cet homme, et rien d'autre..

    Je répondis donc, hésitai un instant mais fini par poser ma main sur son épaule.


    « Je ne sais quelles surprises nous réservent cet endroit... » murmurai-je, frissonnant seulement en l'envisageant. « Ni plus que je sais si j'en serai à la hauteur. Mais choses certaines : je vous accompagnerai à chaque pas, jusqu'à ce que toutes les ombres du tableau de votre vie se soient envolés.. »


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Dim 10 Juil 2011, 01:54


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    J'étais plutôt satisfait au final d'être épaulé. Peu m'importait les différences visibles entre Sayuri et moi, j'étais bien capable de faire abstraction de ma solitude même si les paroles étaient plus facilement prononçables que les actes étaient à concrétiser. Je tenais la main de l'ange comme l'on tendait une bougie à travers les méandres du noir, après tout elle dégageait plus qu'une simple chaleur presque humaine : d'elle, émanait l'espoir simple d'une autre vie. Me fier à une inconnue ? Si elle me guidait lorsque la nuit régnait, pourquoi pas. Après tout, je n'avais rien à y perdre, elle n'était pas un danger pour moi, elle n'était, ni une peine, ni une menace envers des faiblesses de mon être que elle seule aurait su dépeindre à travers le mystère barrant mes interlocuteurs de ce que j'étais.

    Nous remontions le même couloir que celui que j'avais traversé quelques heures plus tôt avec Elena, le fantôme qui avait disparu. Je repassai au peigne fin cet endroit dans lequel je n'étais pas resté plus de quelques minutes tout à l'heure. Il m'intriguait pourtant, tant. Tous ses miroirs par milliers, me fixant sans suivre ma gestuelle réelle, comme si chaque reflet était vivant, qu'il m'épiait où semblait me critiquer d'un œil accusateur. Je lâchai Sayuri contre mon gré ou le sien, peu importait; je touchai hésitant la vitre poussiéreuse de mon passé, alors que le reflet restait fixe, il souriait alors que mon expression était neutre. Devais-je correspondre à cette image ? Était-ce un message ? Je regardais Sayuri, je me détournai du regard envoutant de cette nostalgie que je ne pouvais comprendre mais que je ressentais pourtant. Je cherchai un peu plus de réconfort dans la perdition, remarquant alors avec surprise que son reflet à elle ne se reflétait pas dans les glaces, il n'y avait que le vide derrière elle, tentant à corrompre l'illusion qu'elle n'avait pas d'âme et à protester cette idée pour le moins perverse. Me tournant à nouveau vers l'un des miroirs qui n'avait rien de plus que les autres, je frôlai la matière gelée qui réfléchissait une image inconnue, mon front percutant avec douceur le front reflété qui venait rejoindre le mien mais qui ne cessait de me fixer; je lui susurrait alors qu'un jour, je les briserai tous et plus qu'une simple promesse, s'il fallait tuer pour si peu, alors je viendrais à embrasser de telles ombres.

    Se produisit alors le fait le plus imprévisible et pourtant. Du reflet, sortirent les deux bras de mon Némésis, traversant la matière de deux mondes nous séparant, ils m’entourèrent et m'enlacèrent. Rouvrant les yeux, je fixais à nouveau mon reflet et il sembla qu'il me reflétait soudainement beaucoup moins. Oui il me ressemblait mais j'avais manqué de précisions dans ma réflexion puisque malgré la ressemblance, je devais l'avouer, ce n'était pas moi. Et sans que je n'en comprenne le sens, je sentis la chaleur dans mon cœur, cette chaleur que je ne pensais plus voir survivre : les sentiments liés aux souvenirs n'avaient pas disparus. Et c'est ainsi que je faisais un immense bon en avant, soufflant au vent léthargique, un simple : " Jun... " tel que cette évidence ne m'avait jamais quitté mais qu'elle s'était simplement creusé un lit de mort bien confortablement contre mon cœur. Qui était ce Jun que j’appelais sans le connaitre ? Aucune idée mais son nom demeurait malgré ma perte de mémoire, lui demeurait, oui. Son nom m'évoquait un fort ressentiment de manque, j'eus presque la sensation qu'une larme me montait. Ma plus grande surprise muta doucement en ma plus grande peur, celle que la renaissance de mon cœur disparaisse, alors je me le répétais de plus en plus fort, hurlant presque ma catharsis : Jun, Jun, Jun. Rien d'autre ne me venait si ce n'était que je ne voulais pour rien au monde qu'il ne me lâche. Un être vous manque sans que vous ne le connaissiez, plutôt étrange mais... Il s'agissait là de ma vie, je devais m'y habituer. Alors le reflet que je nommais Jun par instinct bougeait la tête pour me montrer une direction et lorsque je la suivais, elle m'indiquait sans protestation, mon ange du réconfort, Sayuri. Il me fit alors comprendre que toute chose aurait son heure de gloire, son temps pour être découvert mais qu'il ne fallait pas oublier l'instant présent puisqu'il comptait tout autant. Ça pouvait paraitre bizarre mais sans prononcer un mot, il me fit ressentir tout ça et je l'en remerciais. Il était vrai que j'avais du mal à donner du sens à mes priorités. Pire encore, ma vie défilait sans profit alors que je courrais après des cendres qui ne brûleraient de toute façon plus jamais.

    - Sayuri. dis-je, lâchant le fantôme qui disparaissait dans le miroir désabusé par tant de mystères.

    - Merci. Maintenant, je suis prêt. Prêt à sortir d'ici, réellement ! Vous êtes sûrement... L'ange le plus détestable, celui que ma nature me dicterait d'haïr mais pourtant, vous m'êtes dés ce soir, des plus précieux. Ne l'oubliez jamais, Sayuri.

    Et les glaces par millier, au plafond, au sol, recouvrant les murs, formant un immense escalier vers l'infini, me semblèrent plus dociles. Le trident n'était pas qu'une arme, elle symbolisait ma renaissance dans ce monde que je ne connaissais pas, que je n'avais pas encore apprivoisé.

    Cependant, le jour était encore lointain. Et malgré mes bonnes volontés, un invité allait se joindre à nous, ce que je ne savais pas, c'est qu'il mettrait à rude épreuve le fragile lien naissant entre Sayuri et moi. Ce qui était sûr, c'est qu'il le rendrait éternel dans le béton qu'était la confiance.

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