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Quête : Padmë et Gyzyl se rencontrent dans l'objectif de déterminer quel petit copain sera Gyzyl.

Je me laissai tomber en arrière, dans la baignoire. L’eau massa ma tête et mes cheveux s’envolèrent pour entourer mon visage. Quelques centimètres supplémentaires me permirent de m’immerger totalement. La chaleur ne me détendit pourtant pas. Je pensais à Padmë et à l’accord que nous avions passé. J’aurais bien voulu faire payer à Pandore son audace mais je ne trouvais pas l’idée si folle. Au fond, le fait de prendre le visage d’un homme et de marcher aux côtés de la rousse ne me dérangeait pas. Je préférais ça au fait d’être obligée de supporter la guerre en cours entre Persée et Judas. Le dernier était comme un lion en cage. Dans notre monde, la tension ne faisait qu’augmenter. Le Démon apprenait à utiliser la magie et plus il gagnait en puissance et plus le Sorcier devenait mauvais. Le ciel lui-même était devenu sombre. Le soleil ne brillait plus que faiblement derrière des nuages de plus en plus épais. Nous avions tous l’impression d’assister à la naissance de quelque chose de nouveau. Quelqu’un allait bientôt nous rejoindre, c’était une certitude. Nous ne savions simplement pas qui. Certains préféraient se cacher. D’autres prenaient parti dans le combat qui se jouait. Jaal’Akim tentait de concilier les rivaux mais le dialogue ne semblait pas les inspirer.  Seule la guerre leur parlait, à l’image de celle qui se jouait dehors entre les Réprouvés et les Sorciers. Dans l’école, certains étudiants s’étaient battus. Les Bipolaires étaient rares mais leur nombre suffisait à mettre le feu aux poudres. Les Mages Noirs, perfides, les provoquaient exprès. Les Manichéens couraient dans les pièges qui leur étaient tendus. Le phénomène ne manquait pas de plaire à Persée. Il avait déchanté lorsqu’une Sorcière s’était fait casser le nez. Certains d’entre nous avaient été heureux de le constater. En moi, les sentiments de tous transitaient. Lorsqu’il se passait un évènement notable, j’étais toujours partagée. J’avais souvent l’impression de ne pas avoir d’avis à moi mais de n’être qu’un récipient rempli des sensations d’autrui. Pour moi, tout était relatif, tout pouvait être acceptable d’un certain point de vue. Je n’avais aucun avis tranché. J’enviais même ceux qui étaient capables de s’affirmer sans jamais se remettre en question, sans jamais questionner le point de vue d’autrui. Ceux-là devaient vivre en paix.

À l’heure de notre rendez-vous, je rejoignis Padmë dans une petite salle d’une des bibliothèques. Il était possible de les réserver afin de travailler seul ou en groupe. Le lieu était idéal pour nos cachoteries. Si Pandore était à l’origine de l’initiative, j’étais partante pour la continuer. Celle-ci prendrait peut-être la relève mais j'espérais que ce ne serait pas le cas. Pour une fois, je voulais vivre quelque chose par moi-même et non par transfusion de la vie des autres. Je posai mon sac sur la table. « J’ai pris un uniforme pour garçon. » J’avais emporté plusieurs tailles puisque je ne savais pas ce qu’elle désirait au juste. Certaines femmes aimaient les hommes petits, d’autres les adoraient grands. J’étais disposée à devenir ce qu’elle voulait. « Il faudra que je me change si tu veux qu’on soit crédibles. » lui expliquai-je. J’étais sûre qu’elle savait déjà tout ça mais il valait mieux trop en dire que pas assez. « On pourra aller en ville pour faire les boutiques si tu veux. » J’ajoutai : « Une fois qu’on aura déterminé comment tu me veux. » Ce serait notre premier vrai rendez-vous.

Je m’assis. « J’ai aussi apporté des images de garçons. C’est difficile de se faire une idée à partir de rien, sauf si tu sais exactement ce que tu veux. Ça pourrait t’inspirer. » Je sortis un classeur de mon sac. J’avais pris beaucoup de temps à tout récupérer. Au beau milieu de ma recherche, j’avais entendu dire que la Coupe des Nations se dérouleraient peut-être chez les Lyrienns. J’avais eu envie de creuser mais m’étais retenue pour honorer le marché passé par Pandore. « J’avoue que je n’ai jamais réfléchi à ce qui me plairait personnellement… » Certains d’entre nous n’étaient pas prêts à me donner leur opinion sur les hommes. Persée trouvait le sujet répugnant. Pandore mangeait de tout. Héra était trop petite. En moi vivait la diversité. « Je ne sais pas si je préférerais un garçon blond ou brun… Je crois que le physique serait secondaire dans mon choix. Cependant, puisqu’il s’agit de faire semblant, j’imagine que ce sera forcément important. » Je la regardai. « N’hésite pas à me demander ce que tu veux vraiment. On est entre filles. » Plus ou moins.

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