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 Le manteau rouge de Tobieth | Solo

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Zachary Etheirys
~ Lyrienn ~ Niveau I ~

~ Lyrienn ~ Niveau I ~
◈ Parchemins usagés : 47
◈ YinYanisé(e) le : 31/01/2023
◈ Âme(s) Soeur(s) : Sûrement une femme qui gagnera à la loterie
◈ Activité : S'amuser à Basphel
Zachary Etheirys
Sam 17 Aoû 2024, 23:46

Le manteau rouge de Tobieth | Solo Dpb2
Le manteau rouge de Tobieth


« J’arrose… une… deux secondes ! Et vala ! » S’écria Kat en relevant l’arrosoir. Il s’approcha tout près de la terre, si près que des miettes mouillées se collèrent au bout de son nez. Il observa l’eau disparaître progressivement sous la terre pour libérer une délicate odeur de pétrichor. Perdu dans ses rêveries, Kat pensait sentir les racines de la plante absorber son essence de vie : il avait l’impression que sa couleur changeait. Son vert devenait plus vif, sa tige se redressait légèrement. Bientôt, elle offrirait de généreuses tomates que Kat irait piquer discrètement au clair de lune avec Mélodie. « Fais voir ? » Demanda-t-elle. Son amoureuse, la troisième qu'il avait, l’écarta doucement de la plante et planta le bout de son pouce dans la terre. Elle amena son doigt à ses lèvres et suça la terre comme si elle dégustait une pâtisserie. « Hm… » la Lyrienne claqua sa langue. « J’pense que t’as mis trop d’eau. » Elle flanqua ses poings sur ses hanches, fière de sa conclusion. « Elles sont longues tes secondes, hein ! »

Kat releva la tête vers elle, déçu de son échec. Le jardinage n’était pas sa spécialité : il manquait de précision et de patience. Que des qualités qu’il enviait chez son amoureuse. En voyant son air penaud, elle éclata de rire. « T’as une truffe, p’tit renard ! » S’exclama-t-elle en pointant son nez du doigt. « Hein ?! » Il s’essuya et remarqua la terre sur sa manche. « Oups. » Son rire se joignit à celui de Mélodie. Même si elle se moquait de lui, Kat n’était pas vexé : à sa place, il aurait aussi rigolé. Et puis le Lyrienn était tout sauf susceptible : il était persuadé que le monde était comme lui, à savoir gentil et dénué de mauvaises intentions. Retrouvant son sérieux, la Lyrienne se pencha et emporta la plante avec elle. Kat se joignit à elle avec empressement : le pot était plus grand que son torse. « J’peux le tenir toute seule, d'abord ! » Elle gonfla les joues et tenta de s’éloigner de lui, mais il la rattrapa. « C’est bon, fais pas ton alpha ! » Râla-t-il. Mélodie tenta de reculer une nouvelle fois. Le pot glissa de sa main et alla s’éclater contre un autre pot dans un fracas assourdissant. Plus loin, un chien aboya. « Oh non ! Mélo ! » Kat lui tendit la main, mais elle la frappa et se releva toute seule. Mais sa colère s’envola quand son regard se posa sur le désastre.

« Oohlalaa ! Kat, qu’est-ce qu’on va faire ?! » Ses yeux s’embuèrent, et Kat l’imita. Il renifla bruyamment et l’enlaça très fort. « T’inquiète pas Mélo ! J’vais le dire à mamé. » Ils se ballotèrent comme des inséparables et se turent un instant. Le silence envahit la serre, seulement brisé par leurs reniflements ponctuels. La serre des Galariëm était sacrée, si bien que de nombreuses parties, où la flore la plus délicate était rassemblée, n’étaient accessibles qu’aux jardiniers les plus émérites. Il arrivait souvent que les enfants fassent des erreurs, mais les parents mettaient un point d’honneur à leur laisser une partie de la serre à leur charge, pour leur apprendre à s’organiser. Les adultes devaient fréquemment intervenir pour arbitrer des conflits ou réparer les bêtises des jeunes, mais ils étaient rarement punis : voir le résultat de leurs dégâts, et la tristesse de leurs pairs, était une sanction suffisante.

Quelques instants plus tard, Kat revint dans la serre en traînant des pieds. Mélodie se leva d’une traite, alertée par son air penaud. « Alors, alors !? » Elle s’approcha de lui et entrelaça ses mains dans celles de son amoureux. Il baissa la tête. « Euh… j’ai pas osé lui dire. » Ses joues parsemées de tâches de rousseur se rougirent. Il enfouit ses cheveux pleins de terre dans son cou, laissant tomber des miettes partout sur sa chemise. « Mince alors ! Faut trouver une solution. » Mélo aurait pu le blâmer, mais la dispute était déjà oubliée. Dans la tribu, les Lyrienns étaient rarement épris de colère, et elle s’essoufflait au moindre regard compatissant. « Ui… mamé était en train de râler, elle rangeait plein de trucs en super-vitesse. Avant ce soir, elle veut que tout soit parfait pour la Nuit d’Automne… » Elle hocha la tête en signe de compréhension et ils s’étreignèrent brièvement. Puis elle eut une idée. « T’sais quoi ? On va attendre demain, après le rituel ! Rigarde. » Elle se plia en deux et entreprit de rassembler délicatement les débris pour les glisser sous une étagère. « Et hop ! Ni vu, ni connu. »

Kat se joignit à elle. Seul, il n’aurait pas osé effacer ses traces ; mais s’il ne faisait que suivre les idées de Mélodie, il n’était pas vraiment responsable. Il s’agenouilla et ramassa la plante par les racines, qu’il frotta pour évaluer les dégâts. Elle pourrait survivre. « Eh ! Elle est pas morte. Y’a des pots quelque part ? » La Lyrienne se retourna et observa la pauvre plante dont ils avaient détruit le domicile. Des feuilles gisaient ça et là, mais les racines semblaient intactes. « Ben non, on en a plus, c’est ça le souci… maman doit en rapporter bientôt. » Kat regarda autour de lui. « Oh mais ! On a un arrosoir ! » Les deux éclatèrent de rire et Mélodie amena l’objet près de la terre, qu’elle ramassa et transposa dans l’arrosoir. La plante était sauvée ! Même si maintenant, ils devraient aller piquer l’arrosoir dans une autre branche de la serre. En attendant, leur méfait restait secret, enfoui sous la poussière. Kat ne le retrouverait que plusieurs années plus tard, la veille de son départ pour Basphel. L’un des débris deviendrait son bijou le plus précieux, souvenir de cette époque insouciante.

*

Kat s’allongea de tout son long sur l’herbe humide du crépuscule. Il soupira d’aise en laissant ses pattes se reposer après l’effort. « Yip yip ! » Glapit doucement une renarde à côté de lui. Il tourna la gueule : c’était Pia, son amoureuse. Elle vint se lover contre lui, leurs fourrures rousses et grises s’entrelacèrent. A la faible lueur du soleil, il remarqua que ses babines étaient noircies et les léchouilla pour les nettoyer, un goût sucré étourdissant ses papilles. Les jeunes renardeaux n’étaient pas encore assez vifs pour réussir à chasser des proies de taille, alors ils se contentaient d’insectes et de baies. Pia avait trouvé ces dernières, cachées sous un nid de ronces. Elle y avait laissé quelques touffes de poils. De toute façon, il était interdit aux jeunes de s’attaquer à de gros mammifères : les proies étaient réservées aux adultes, qui n’avaient le droit d’en chasser qu’un certain nombre, suivant la surpopulation. Et s’ils le méritaient, ils se faisaient offrir les morceaux les moins nobles.

La tribu des Galariëm prenait la biodiversité très au sérieux : plusieurs membres y consacraient leur carrière, comme son père. Cette voie était considérée comme l’une des plus prestigieuses, au plus proche des valeurs de l’Æther qui régissait leur quotidien, Natyrië. Les habitants étaient de très bons jardiniers ; la végétation était luxuriante et attirait de nombreux herbivores, qui à leur tour attiraient des carnivores toujours plus voraces. C’était un équilibre fragile qui pouvait être perturbé par les moindres événements, et une véritable science à étudier. Kat était conscient que certaines familles de Lyrienns de Nature étaient végétariens, mais ce n’était pas leur cas : tant que le principe de régulation était respecté, ils pouvaient se nourrir de fibre comme de chair. Pour sa part, Kat n’y tenait pas tellement. Il avait même décidé de passer à un régime végétarien pour imiter le héros de son histoire préférée : Monsieur le Renard Fantastique. L'animal était un symbole omniprésent chez sa famille, qui se transmettait le pouvoir de Transformation en renard de génération en génération, tradition qui aurait été issue d'un ancêtre commun Bélua.

Dans l’histoire préférée de Kat, le héros était considéré comme le vilain petit canard de sa famille : il n’était pas doué en sport comme son père, et il était plus sensible que sa mère. Il se découvrit une nouvelle ambition quand il fit la rencontre d’une famille de petites souris poursuivies par un chat. Sans réfléchir, il creusa, creusa de toutes ses forces jusqu’à ce que les souris puissent s’enfuir par les souterrains construits par sa famille de renards. Dès lors, il devint le sauveur des jeunes portées de sa forêt. Nuit et jour, il parcourait les chemins à l’affût des cris aigus des bébés et des jeunes animaux vulnérables. Il inspira les habitants de la forêt sauvés qui commencent à l’aider et à rassembler plus de monde dans ses terriers. A l’âge adulte, les animaux quittaient les terriers pour retrouver leur liberté. La mère de Kat lui racontait de nouvelles aventures de Monsieur le Renard Fantastique et il attendait chacune d’elles avec une curiosité toujours plus grande. « La générosité est une arme plus puissante que la haine, mon chéri. Mais comme les pétales des fleurs les plus précieuses, ses résultats ont besoin de temps pour apparaître. » Sa mère lui répétait cela tous les soirs. Elle cultivait l'empathie et la sensibilité de Kat, qui le distinguaient de sa fratrie. Mais aujourd’hui, le programme était différent : la tribu dormirait à la belle étoile, sous forme de renard jusqu’à l’aube, pour le rituel de la Nuit d’Automne.


Chaque année, la Nuit d'Automne animait la tribu de Lyrienns. La fête se préparait toujours au dernier moment car elle était annoncée quand la première feuille de l'érable de Vie, l'arbre central du village, chutait. Il y avait des signes avant-coureurs, mais chaque année était différente. Cette fois, la fête arrivait bien plus tôt que prévu. Line, la cadette de la tribu qui avait appris à marcher il y avait seulement quelques jours, avait découvert la première feuille, qu'elle avait amenée fièrement dans la maison centrale. Du moins, c'était la version officielle : Kat soupçonnait Khoa, qui sortait avec elle tous les matins, de lui avoir attribué le mérite. Quoiqu'il en soit, cette annonce avait remué toute la famille, voire le village entier. Les habitants étaient sortis de leurs maisons, cabanes et terriers pour s'organiser. Certains Lyrienns qui n'avaient pas leur pouvoir pouvaient y assister aussi : la seule condition était de se faire transformer en renard le temps du rituel. C'était ainsi que Kat y assistait aussi, puisqu'il n'avait pas encore la capacité de maîtriser ses transformations lui-même. Au total, ils étaient une quarantaine ce soir. La tribu avait chassé en petit comité. Les adultes finissaient de se repaître de leurs proies, installés à part. Et pendant ce temps, les participants extérieurs à la famille accouraient, transformés un par un par les aînés.

Soudain, Pia posa une patte sur la sienne pour l'alerter. Kat détacha son regard de l'horizon, où le soleil coulait doucement, et se tourna vers l'érable. De nombreuses légendes couraient sur cet arbre, toutes impliquant des Ygdraë mythiques. C'était autour de lui que les Lyrienns priaient Natyrië. Il était immense ; c'était l'un des plus grands arbres de l'île. Il avait vu passer des générations et des âges. Son écorce était sombre et épaisse. Le tronc était plus large que deux renards combinés et ses branches s'étendaient très loin, couvrant tout le groupe de son ombre. Sur la première branche se tenait fièrement mamé. Elle avait pris sa forme de renarde polaire à huit queues. Elle était la seule à avoir cette forme, et nul ne savait pourquoi : elle avait toujours refusé de livrer ce secret. C'était elle qui était responsable des rituels et elle qui avait le dernier mot sur les décisions de la tribu. Kat se releva en position assise et, comme tous les autres participants, fixa ses prunelles brillantes sur elle. Tous attendaient son signal en silence. Le vent faisait chanter l'érable et caressait le pelage des canidés. La lumière du crépuscule embrasait les feuilles et se reflétait sur leurs pupilles alertes. Quelque chose de plus flottait dans l'air : l'aura de la Magie Elémentaire. Tout le monde se préparait. Kat s'imprégna de l'atmosphère. Maintenant qu'il devenait plus mature, il saisissait mieux la solennité de ces moments. Ce serait aussi la dernière Nuit d'Automne avant son départ pour Basphel.

Le signal fut donné : la matriarche leva lentement la gueule et glapit. Tous les renards se mirent en marche. La danse commençait. Kat se leva et suivit le mouvement de Pia. Elle était un peu plus âgée que lui et avait l'air de savoir où elle voulait aller, alors que lui restait indécis. Les renards allaient danser en cercle autour des arbres pour insuffler leur pouvoir et bénir la saison. Traditionnellement, on disait à Kat que c'était ce rituel qui conférait au sirop d'érable de la tribu sa réputation sans pareille. C'était donc un rituel important pour de nombreuses raisons. Pia s'élança dans les profondeurs des bois. Son pelage brillait de mille feux, sa queue se balançant pour maintenir son équilibre. Elle sautait de racine en racine, elle évitait les ronces avec une grâce et une agilité que Kat lui enviaient. *Elle est jolie tout plein, mon amoureuse… mais elle va trop viiite !* Kat, de son côté, avait du mal à suivre. Puis, elle s'arrêta quand ils rejoignèrent quelques autres renards que Kat reconnut à l'odeur. Ils glapirent puis dansèrent en rond autour d'un grand chêne. Alors qu'ils couraient, les feuilles du chêne changèrent de couleur. Le vert s'éclaira progressivement, puis devint orange, se fondant dans la lumière du crépuscule. Tous les arbres de la forêt allaient être ainsi bénis, et pas seulement les érables. Les renards étaient censés avoir terminé avant que le crépuscule ne soit recouvert par le manteau de nuit, mais selon leur nombre, ils n'y arrivaient pas toujours. Le plus important était de n'oublier aucun arbre : tous devaient arborer leur manteau d'automne au terme de la danse. Les Lyrienns les plus puissants se permettaient d'autres choses. Parfois, ils faisaient grandir ou rajeunir l'arbre. D'autres fois, ils ensorcelaient les racines pour dessiner des arabesques ou des balançoires, de concert avec les branches. Kat, quant à lui, ne faisait que courir, et c'était déjà une bonne chose : il tenait à peine le coup, faute d'endurance. Parfois, un adulte le prenait sur son dos pour terminer la danse. Mais pas cette fois : maintenant, il était Grand. Il devait y arriver.

Les derniers rayons de soleil illuminaient faiblement la forêt quand le village termina sa tâche. Maintenant commençait la dernière étape du rituel. Tous revinrent se poser autour de l'Erable de Vie. Le tronc avait changé : une ouverture s'était glissée dedans, juste assez grande pour glisser une patte. Kat s'était précipité au devant du groupe et se dandinait d'une patte sur l'autre, excité d'effectuer la dernière étape du rituel. Mamé le repéra et hocha la tête pour lui faire signe d'y aller en premier. Il esquissa un grand sourire qui, sous forme de renard, ressemblait plutôt à une grimace menaçante, dévoilant ses crocs acérés. « Yip yip !! » Kat dut se retenir de toutes ses forces de ne pas se précipiter. Il voulait avoir l'air d'un Grand, alors il leva fièrement le museau et s'avança lentement vers le tronc. Une fois arrivé devant, il s'inclina et fit une prière. *Que Natyrië bénisse notre automne… qu'on ait tout plein de récoltes généreuses... que la faune prospère.* Il se releva et se hissa sur le tronc pour atteindre l'ouverture. Il glissa la patte dedans et sentit l'épaisse substance du sirop d'érable se coller à ses poils. Il était blanc, comme le pelage de mamé, et luisait sous la lune. Il regarda sa patte remplie de sirop et se décala sur le côté, puis la posa sur le tronc pour laisser sa trace. Chaque renard ferait de même, apposant une marque qui resterait visible tout au long de l'automne et de l'hiver. Kat admira la forme de sa patte puis lécha le sirop qui restait collé à ses poils. La texture était désagréable, mais son goût était exquis. Le renard s'empressa de reculer et, quand Pia le rejoignit, il lécha sa patte. Il savait qu'elle n'était pas une grande consommatrice de ce sirop à la fois sucré et amer, pour son plus grand bonheur. Puis, les deux amoureux se séparèrent pour rejoindre leurs parents. Cette nuit, ils dormiraient à la belle étoile, sous forme de renards, protégés par le manteau de la forêt d'automne. Chez eux.

2743 mots
FIN
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