Le lait

Musique
Attention. C'est un psychopathe.

La langue d’Adriæn remonta le galbe du sein. Une goutte de lait s’était faufilée entre ses lèvres. Une fois qu’il l’eut lapée, il se redressa doucement. Sa partenaire ne lui importait pas. Il avait croisé la jeune mère dans la rue et n’avait pas eu beaucoup d’efforts à faire pour la convaincre de coucher avec lui. Le reste était venu après. Elle aurait probablement refusé de pratiquer ses lubies s’il n’en avait pas fait un jeu. Il l’avait vidée autant qu’elle l’avait fait avec lui et l’Ondin se sentait à présent repu. Il se laissa glisser sur le côté, jusqu’à ce que son dos touchât le matelas. Il se mit à fixer le plafond. Ces victoires sans saveur commençaient à l’ennuyer. Il se mit à imaginer un musée morbide dans lequel il mettrait en avant le corps des femmes enceintes. Ça non plus, ça ne le satisferait pas. Il avait envie de quelque chose de plus… exaltant. S’il ne s’était pas trouvé chez les Mages Blancs, peut-être aurait-il pu tuer sa partenaire. Il en éprouvait le désir actuellement. Pourtant, il savait que s’il voulait satisfaire toutes ses pulsions, il devrait se tourner vers des zones géographiques moins protégées, des endroits où les disparitions ne posaient aucun problème. Souvent, il songeait aux Démons. Il y avait peut-être quelque chose à faire avec eux. Dans ses élucubrations, il imagina une ferme remplie de femmes éternellement enceintes. Toutes auraient du lait. Il pourrait les tirer comme des vaches. Déjà, la vision le satisfit davantage. « À quoi tu penses ? » Il tourna ses yeux clairs vers la mère et lui sourit. « Je pense à toi. À ton corps. À ce qu’on vient de faire… » Il était doué pour mentir. Bien que mauvais pour improviser, il avait appris à séduire et se contenter d’une routine bien huilée lui permettait d’obtenir ce qu’il désirait sans trop d’efforts. Il restait frustré depuis Sceptelinôst. Il avait eu l’occasion de se débarrasser d’Érasme, avait fait le nécessaire en jetant son nom en pâture aux Réprouvés et… le résultat n’avait pas été celui escompté. Il le vivait affreusement mal. « Tu as l’air soucieux. » « Je n’ai pas envie de partir. » « Tu peux rester encore. Mon mari ne va pas revenir tout de suite. » Elle était si sotte. Son lait ne se régénérerait pas avant une bonne heure. En dehors de lui, elle ne l’intéressait pas le moins du monde. « Je ne veux pas que tu ais des ennuis à cause de moi. » mentit-il, tout en se redressant. Il se dirigea vers le berceau. Le nourrisson dormait. S’il concrétisait son idée de ferme, il faudrait séparer les mères des petits. Ils ne serviraient à rien. Peut-être les vendre ? Après tout, des couples bataillaient pour avoir des enfants, et d’autres personnes seraient heureuses de les utiliser à des fins diverses. Ce que ces gens en feraient ne le regardait pas, tant qu’il pouvait en tirer quelque chose. « Il est mignon. » laissa-t-il entendre. Les femmes adoraient qu’on les complimentât sur leurs progénitures. Adriæn pensait souvent à sa descendance ces derniers temps. Il avait évoqué le sujet avec Sympan. Sa sœur faisait partie de lui et, à ce titre, il désirait que leurs deux enveloppes pussent s’unir pour en donner une troisième. Il savait pourtant déjà qu’elle refuserait. C’était la raison pour laquelle il n’avait pas spécialement l’intention de lui demander son avis. Il avait eu Johannês de la même manière. Il n’avait pas besoin que ceux qui l’entouraient partageassent l’amour qu’il leur portait. Ils étaient bien souvent trop stupides pour comprendre. En songeant au Magicien, il eut envie d’enfoncer ses doigts dans les orbites de l’enfant. La présence de Ræn dans le dortoir l’avait empêché de mener à bien ses habitudes nocturnes, là où Pieris continuait de profiter du sang de son meilleur ami. Heureusement pour lui, le Vampire était trop insignifiant pour qu’il le voulût mort. Même s'il rongeait parfois son frein le concernant, sa colère était bien plus portée sur Ræn. Il devrait le faire sortir de Basphel et se débarrasser de lui à ce moment-là. Dire qu’il l’avait apprécié à une époque…

« Je vais y aller. » dit-il, tout en cherchant ses affaires. Adriæn n’était pas musclé, contrairement à d’autres garçons de sa connaissance. Ça ne l’empêchait pourtant pas de conclure. « Est-ce qu’on pourra se revoir ? » C’était la partie qu’il honnissait. Il eut envie de répondre négativement et fermement juste pour voir son visage se décomposer. Il n’en fit rien. Il termina de se rhabiller et prit les joues de la mère entre ses mains. « Bien sûr, le contraire m’aurait attristé. Discutons d’une date. »

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