Excès d'amour
Philomena & Marie-Jane

Black Wayfarers - Cardiknox

Marie-Jane jeta un regard par-dessus son épaule. Personne à l’horizon. Rassurée, elle s’approcha de la salle de club de l’association pour l’avenir amoureux des puissants. Elle ne toqua pas à la porte, s’intéressant à la place à la boîte aux lettres qui avait été installée à l’extérieur de la salle, pour préserver l’anonymat des posteurs. Des rumeurs avaient circulé, comme quoi des alfars auraient dessinés des graffiti sur les murs alentours afin d’espionner les timides qui écrivaient au bureau des Cœurs et exposer leurs entreprises à tout Basphel. Ça avait refroidi quelques timides, qui avaient laissé leurs missives sentimentales cachées au fond des tiroirs de leurs dortoirs. Mais après une inspection minutieuse, les membres de l’association avaient été en mesure de démentir ces accusations et assuré que Janice Posetren ne leur avait jamais écrit pour déclarer sa flamme à Aäron Taiji.

C’était à cause de toutes ces rumeurs que la Lyrienne se retrouvait là. Une copine du Charbon, peut sereine malgré les précautions prises par le club, lui avait demandé de poster sa déclaration d’amour à Mus’san̄je à sa place. Elle avait trop peur de se faire surprendre et que son identité soit révélée avant que le Démon n’ait pu répondre favorablement à ses sentiments. L’amoureuse s’était donc tournée vers la rose pour lui demander son aide. Cette dernière, trop enthousiaste à l’idée d’intervenir favorablement dans une histoire d’amour, n’avait pas hésité une seconde avant d’accepter. Marie-Jane avait récupéré la lettre, et la voilà qu’elle la postait le plus discrètement possible.

Satisfaite de sa bonne action, et ravie d’avoir pu aider une camarade en détresse, la fille de la craie se dirigeait d’un pas sautillant vers le jardin le plus proche. Elle avait envie de célébrer ça en allant raconter ses péripéties aux fleurs qu’elle arroserait. Elle emprunta le petit pont qui reliait les deux bâtiments, un sourire qu’elle ne pouvait retenir flânant sur ses lèvres. La rose avisa l’adolescente qui l’appela – ou bien lui aboya dessus, elle ne savait pas trop. La timide, galvanisée par sa mission, éprouva un enthousiasme débordant en reconnaissant l’Eversha. « Bonjour Philomena ! » Les deux adolescentes n’étaient pas vraiment amies, mais il était compliqué de ne pas avoir entendu parler des deux meutes qui avaient débarqué à Basphel. « Ouah ! » La plus petite s’était laissée entraîner par l’élan de la chienne. Une hilarité bruyante la secoua, tandis qu’elle atterrissait par terre, assailli par les léchouilles de la Dobermann. Loin de s’offusquer du comportement de la Bélua, Marie-Jane entreprit de lui retourner son affection, passant ses bras autour de son buste pour l’étreindre du plus fort qu’elle put. « Haha, tu me chatouilles, Philomena ! » fit savoir l’étudiante de la Craie. Elle ne la repoussa pas pour autant, préférant à la place commencer à lui asséner des caresses sur la tête. Elle avait des cheveux soyeux et tous doux.

474 mots

Excès d'amour
Philomena & Marie-Jane

Black Wayfarers - Cardiknox

Marie-Jane papillonna des yeux, comme si elle reprenait soudainement ses esprits, réalisant la situation dans laquelle elle se trouvait. Elle se redressa avec l’aide de la chienne, esquissant un sourire. « Ce n’est rien, tu n’as pas besoin de t’excuser. » répondit-elle. C’était une interaction peu commune, mais somme toute attendrissante. Si elle avait été surprise par l’engouement de l’Eversha, elle n’en avait pas été contrariée. C’était plutôt l’inverse. Un bon câlin, ça réchauffait toujours le cœur. « Non pas de souci, je ne me suis pas fait mal. » rassura-t-elle la brune. La chute aurait pu être douloureuse, mais ce n’avait pas été le cas. « Il n’y a pas à avoir honte. » essaya-t-elle de décomplexer la fille de magiciens. Marie-Jane avait compris, à force de côtoyer des mages blancs dans son département, que ce peuple tenait très fort à l’étiquette et aux manières, presque autant que leurs cousins maléfiques. « Et puis… Il n’y avait que nous deux ! » rappela la gentille, regardant de droite et gauche du couloir pour s’assurer qu’elles n’avaient pas eu de spectateurs. Personne à l’horizon. « Alors, personne ne se moquera de toi, et tes parents n’auront pas besoin de le savoir si tu n’as pas envie de leur en parler. » Ca s’apparentait à des cachoteries, et la fille de la Craie ne savait pas comment elle se sentait vis-à-vis de ce demi-mensonge. « Ca arrive à tout le monde, de se laisser emporter. Et puisque ça ne m’a pas dérangé, ce n’est pas un problème. » assura-t-elle, comme pour justifier le fait de ne pas avoir à rapporter cet incident.

Lâchant la manche de son uniforme avec laquelle elle avait entreprit de s’essuyer les joues, Marie-Jane accepta le mouchoir avec un nouveau sourire. « Merci. » fit-elle avant de tapoter ses pommettes. Le tissu était soigneusement repassé et sentait le propre.  

Le désarroi de sa camarade chamboula la timide, dont la mine s’arqua d’inquiétude. Lorsque les larmes s’écoulèrent sur le visage de la fille-chien, sa comparse sentit son cœur se serrer. La magie du lieu n’ayant pas tout à fait cessé de faire effet, la rose céda à l’impulsion et se rapprocha de la Puff-Puff-Gueurle, qu’elle prit dans ses petits bras. « Ne t’en fais pas, Philomena. On peut tous avoir un coup de chagrin, de temps en temps. » fit-elle en lui tapotant l’épaule. « Tu y arriveras, j’en suis certaine ! Regarde, tu t’es arrêtée toute seule ! C’est déjà un bon début ! Et puis, avec le temps, tu arriveras à te canaliser. Moi, je crois en toi ! » encouragea la fille de la craie, serrant les poings avec conviction tout en s’éloignant de sa camarade.

Marie Jane tendit le mouchoir à sa propriétaire. « Merci. » fit-elle avant de lâcher un rire. « Et puis, si tu es vraiment contrariée… Tu n’auras qu’à me laisser te coiffer un jour, pour te faire pardonner. » proposa-t-elle, espérant que sa proposition détende la fille de l’Ivoire. « Bon… Je te laisse retourner à ton entrainement. » fit-elle en avisant la tenue de la gymnaste. « Et moi, il faut que je retourne m’occuper de mes plantes. Hier, j’ai vu quelques bourgeons. Et j’ai lu un article sur la façon de faire de nouvelles boutures pour mes … Oh, pardon, je m’emporte encore. » s’excusa la passionnée, s’interrompant dans ses explications. Elle se gratta l’arrière de la nuque avant de pointer la direction dans laquelle elle se dirigeait initialement. « Bon et bien… » commença-t-elle, esquissant quelques pas. « A bientôt, Philomena ! »

582 mots