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La Vie est comme une Roue

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— Je ne sais pas vraiment si cette histoire me conduira quelque part.

Neah avait suspendu son geste durant un court instant, avant de reprendre tranquillement le tranchage de la viande avec une précision chirurgicale. Il était venu aider sa cousine à préparer le repas et ils échangeaient de tout et de rien. L'Ange évitait de se lancer dans le sujet de conversation le plus évident, à savoir son épouse, pour éviter de digresser durant au moins une heure. Écouter Florine raconter comment se passait sa pleine réintégration, sa recherche d'emploi, de logement et comment son compagnon la traitait lui était profitable. C'était pour ça qu'il se battait, après tout.

— Tu doutes de ses sentiments ?
— Je pense que ce sont les miens qui sont emmêlés, répondit-elle en mettant une main sur son front. Il est tellement agréable au quotidien et pense toujours à mon bien-être ! Et ... Est-ce que je suis assez bien pour lui ? Est-ce qu'une autre femme ne serait pas meilleure que moi ?

Pourquoi se posait-elle toutes ses questions ? Non, en fait, pourquoi les femmes étaient aussi complexes ? Il avait encore en mémoire les positions très affirmées de Mancinia sur leur relation, mais aussi de ses doutes quant à son rôle de partenaire, d'épouse ou de mère. C'était une chaîne sans conclusion réelle ... lui ne pouvant qu'être présent pour l'épauler au mieux.

— Écoute, Florine, reprit-il en posant le couteau et en s'essuyant les mains. Tu ne devrais pas t'interroger de cette manière sur les volontés de Chysäm. S'il est avec toi, c'est parce que c'est toi qui l'intéresses. C'est quelqu'un de bien et, je ne dis pas cela parce que nous sommes amis de longue date, tu peux avoir confiance en lui. Tu l'aimes, n'est-ce pas ?

Malgré sa peau hâlée, ses rougeurs aux joues ne trompaient pas. Lui aussi avait été transis d'amour au point de rougir dès que Mancinia faisait quelques pas de danse, la dévorant des yeux dans l'espoir qu'elle ne remarque rien, tandis que tous le voyait. Pire encore, il avait été aveugle à ses propres sentiments. Alors quel n'avait pas été sa surprise lorsque Chysäm s'était présenté au bras de sa cousine lors du thé organisé à Nylmord. C'était donc elle dont son frère d'armes ne cessait de parler. Si curieux de nature, Neah n'avait pas cherché plus loin en le laissant raconter ce qu'il voulait et le laisser prendre son temps. Cette idée qu'il puisse être de sa famille à l'avenir ne le choquait pas vraiment ... Mais est-ce que Florine le voulait ou fuirait-elle ? Sa réponse était évidente. L'Ange mis une main sur son épaule et essayait de détourner son attention tandis que sa magie se répandait sur son épiderme.

— Tu dois surtout suivre ce que tu veux, toi, tu comprends ? Ne pense pas aux choses hypothétiques qui conviendraient à quelqu'un d'autre ... ce n'est pas quelque chose que tu peux contrôler. Si tu aimes Chysäm, tu dois simplement le lui dire, spontanément, tu verras comme tu te sentiras plus légère.
— Eh bien ... ça t'a changé de te marier.
— Pfff ... c'est toi qui voulais savoir ce que j'en pensais.

Quelques coups à la porte mirent fin à la conversation.

— Oh, c'est lui ! dit-elle en bondissant presque dessus, puis se ravissant pour vérifier sa tenue et sa coiffure en précisément trois secondes. Bonsoir, Chysäm !
— Bon ... !

Il n'avait pas eu le temps de terminer sa phrase qu'elle lui bondit dessus pour l'embrasser. Neah haussait les sourcils, un sourire amusé sur le visage. Efficace ce sortilège pour plus de spontanéité.

— Flo ... Florine, attends ... !
— Ooooh, tu es embarrassé ?

Son regard voulait se traduire par ce n'est pas drôle ! mais Neah n'avait pas l'intention d'oublier toutes ses moqueries et ses regards malicieux lorsqu'il discutait de sa propre épouse. Chysäm allait le subir en retour ... et avec plaisir, évidemment.

— Et tu as passé une bonne journée ?
— Très bien ! Grâce à Neah, je me sens plus légère !

Ce dernier sourit en réponse. Si le Gardien Azuré n'aimait pas influencer les autres au travers de sa magie, il savait parfois qu'un coup de pouce était nécessaire ; les doutes avaient rongés son existence à un point qui lui avait laissé des regrets dans la bouche. À cette époque, il ne voulait plus rien, telle une roche coulant au fond de l'océan. La Vie lui avait rendu Mancinia et ils étaient heureux. Dans cette pièce, ils étaient des survivants et toutes ses mauvaises pensées ne devaient plus empoisonner leur existence. L'Ange ne souhaitait qu'aux amoureux la vie aussi douce que ce qu'il connaissait au bras de son épouse.

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Bénédiction d'Isahora - touché par l'Aurore Écarlate, vous avez en votre pouvoir la possibilité d'influencer les sentiments amoureux pour les renforcer quand ils traversent une période de doute. Ils ne fonctionnent que sur les autres et jamais si vous êtes concerné.

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La Vie est comme une Roue

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— Pourquoi est-ce que tu m'entraînes par-là ?

L'Ange était décontenancé des agissements de sa cousine. Florine avait débarqué brutalement dans la maison, où il n'était que de passage pour saluer ses parents avant de repartir au travail, lorsqu'elle avait ouvert la porte. En découvrant sa présence, son regard avait changé ; il n'était certainement pas sa cible principale, mais visiblement, c'était bien lui le plus concerné dans cette affaire. Elle avait saisi son bras et son corps n'avait pas bougé d'un pouce, mais c'était urgent et absolument indispensable qu'il vienne voir ça, alors il l'avait suivi.

— Florine ...
— Ce n'est pas loin, attends !

Le Capitaine Katzuta était-il vraiment en train de se faire traîner dans les Jardins de Jhēn ? Ce n'était pas qu'il n'avait pas un peu de temps devant lui, mais sans en connaître la raison, son intérêt se résumait à la perte de temps engendrée. Son regard fût néanmoins captivé par le groupe formé d'une vingtaine de personnes qui entourait, un peu surélevé sur un siège, un homme qui chantait ... ou récitait un récit, c'est selon. Ils étaient amusés, puisque des rires atteignaient ses oreilles. Quelques enfants étaient émerveillés, Neah reconnut des Enfants des Cieux et des petits Humains.

— Pourquoi tu veux me montrer un artiste de rue ?
— Chut ! Écoute !

Neah ne comprenait rien et, en vérité, sans doute n'aurait-il rien voulu savoir ...

Voulez-vous connaître une force saisissante ?
Telle un oiseau des cieux, son Destin est prenant !

Mais oui !

Dans un lieu où s'éveille les Braves, sur une terre de feu,
Le Capitaine se lève, son coeur audacieux !

— Mais comment ...
— Il n'arrête pas de vanter tes mérites depuis tout à l'heure, une vraie folie si tu veux mon avis ! Tu as un sacré fan, je serais presque jalouse !
— Aetheri, pourquoi ...

Les moqueries de Florine ne l'atteignait pas, le malaise ne cessait de croître. Mancinia lui avait raconté qu'un homme avait narré ses mérites, sous forme de poésies, de récits ou de chants lors d'une célébration des Orines ; elle n'était pas parvenu à le saisir. Mais même en l'ayant écouté lui raconter cette rencontre, cela lui avait paru si irréel qu'il ne s'en était pas soucié plus que ça. L'exposition à Iyora lui avait montré une facette de sa popularité qu'il n'assumait pas vraiment au regard de son peuple et; même maintenant, voir ces gens écouter ce qu'il avait fait ...

Comme une brise, il glisse, Insaisissable,
Dans chaque mouvement, sa danse est impénétrable !

Ses frères d'armes à ses côtés, serrent les rangs,
Avec Force et Honneur, ils affrontent le Tyran !

Avec courage, nous avançons, dans l'ombre, nous brillons,
Il guide leurs pas, ensemble, nous encul ... !

— Bon, ça suffit.
— Non, attends !

Florine avait voulu l'arrêter, mais ses deux mains jointes sous son bras ne lui servait qu'à se faire glisser sur le sol. Elle n'était pas encore habituée à ce que son petit cousin, lui qui ne résistait à rien, était désormais cet homme respecté vers chez qui les regards s'était tourné. Pourtant, en arrivant devant l'individu, plus rien. Volatilisé. Téléporté ? Son regard cherchait de droite à gauche, dans l'éventualité que ce soit un tour de passe-passe. Non, pas vraiment.

— Où est-il passé ?
— Anjonù Katzuta !
— Oui, c'est lui !

Neah avait la tête de quelqu'un d'un peu surpris qui ne voulait pas se retrouver mêlé à cette liesse populaire.

— Oui, bonjour ... à tous, tentait-il de se reprendre. Ne faites pas attention à ce cet vous a raconté, c'est simplement une exagération des choses.
— Vous blaguez, j'espère ?

Un homme l'avait interrompu, le sourcil haussé.

— Nous savons bien que ce qu'il a dit est vrai.
— On est peu habitué de l'entendre, c'est tout.
— Oui, c'est incroyable !
— On est supers fiers de vous avoir !

Derrière tout ce beau monde, Florine avait un sourire à la fois amusé de le voir dans l'embarras, mais aussi ravi que son cousin puisse constater de lui-même à quel point les gens lui étaient reconnaissants, seulement derrière chaque sourire joyeux qui se dessinait devant Neah, il y avait toujours des regards sombres. Quelqu'un qui pensait que sa sincérité n'était que simulée, prête à mordre ceux qui s'éloignerait du chemin que des êtres tels que lui traçait sans le moindre sentiments. Les dents serrées, un souffle s'échappait de ses lèvres.

— Sales Extrémistes ...

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La Vie est comme une Roue

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RP Lié ; Étoiles, Copains et Couleurs

— Tu as assisté à une représentation qui t'étais adressé sur la place publique ?
— Tu n'imagines même pas à quel point ce qu'il racontait était ridicule ! déclarait Neah, nappé dans son embarras. Comment est-ce que je suis censé réagir fasse aux gens après ça ?

Assise à son bureau, une plume dans la main, suspendue sur sa correspondance, Mancinia observait son Gardien debout, en proie à des sentiments contraires. Pour toute réponse, elle éclatait de rire ; son désarroi devant la situation ne cessait de l'amuser. Comment son mari ne se rendait-il compte de rien ?

— Mancinia ! protesta-t-il.
— Pardon ! ... Ah ah ah ! Neah Katzuta devant sa célébrité, Aetheri, cela aurait valu le coup d'oeil !
— Mais pourquoi tu ... !

Un soupir résigné s'échappait de ses lèvres, puisque malgré toutes ses protestations, il avait compris. Il la comprenait toujours.

— Je ne suis pas comme toi, Mancinia.
— Tu te fiches de moi, là ?

Son rire s'était mué en quelque chose de plus sérieux, la tournure de la conversation l'exigeait. Ils avaient besoin d'en discuter. Ils l'avaient fait autrefois, mais elle insisterait autant que possible jusqu'à ce que sa réponse soit sincère.

— Tu n'as pas compris la raison pour laquelle ils te laissaient agir à ta guise ?
— Je ne peux pas être certain que ...
— Ils veulent te nommer Olori de Rivellon, Neah.

L'entendre de sa bouche lui donnait la sensation d'une explosion dans sa poitrine.

— Je le sais, admit-il, les lèvres pincées. Je sais qu'ils me mettent à l'épreuve. Et tu sais que je ne suis pas comme ça ! Je suis quelqu'un qui suit un autre de plus compétant, qui l'aide dans ses projets, je ... !
— Et si tu étais le seul individu à l'être ?

Seul le silence lui répondit. Il ne savait pas quoi lui répondre ... Pourquoi ne voulait-il pas l'admettre ?

— Tu es Neah Katzuta, merde ! dit-elle en abattant le plat de sa main sur le bureau et en se redressant. Je comprends que tu sois en proie aux doutes, moi aussi, je l'ai été ! J'ai compris ensuite que je voulais le bien-être de mon peuple, le conduire sur la voie de la renaissance, lui donner prospérité et sécurité, dans la mesure de mes moyens ! Je veux devenir la Reine des Humains et construire ma propre légende pour les générations qui viendront sachent que c'est possible !

Elle contournait le meuble pour marcher dans sa direction, stupéfait de la voir si sereine de vouloir prendre la place d'une autre, comme une continuité cohérente.

— Nous ne sommes pas un peuple de perdants, nous devons faire la différence ! déclara-t-elle, posant son doigt sur son torse. Et toi, Neah. Tu viens me dire que ce n'est pas ce que tu veux pour les tiens ? Ne me fais pas rire, s'il te plaît. Tu es du même bois que moi, tu es peut-être encore trop jeune, à l'image de l'éternité de ta race, pour en prendre conscience, mais tu es comme moi !
— Je ...
— Tu m'as épousé parce que tu es comme moi ! réitéra-t-elle. Et lorsque je serais sur le trône, tu verras, cette sensation va te dévorer !
— Elle le fait déjà.

Il avait détourné le regard, baissant les yeux, comme honteux de sa propre ambition, comme si elle était anormale, peu méritée. Puis, sa main remontait sur son visage, dissimulant sa vue, comme s'il voulait être encore aveugle à sa situation.

— Elle me dévore déjà ...
— Je le savais, sourit Mancinia, satisfaite. Tu l'a enfin admis.

Son Ange la regardait désormais dans les yeux, hésitant, comme un dernier barrage à rompre.

— Est-ce que tu m'imagines, moi, Apakan ?
— Et pourquoi pas ?
— Je ne sais pas ... Être Olori est sûrement ... un premier pas ? Et ... Tu me suivrais ?
— Jusqu'au bout du monde, tu le sais.

Pour toute réponse, l'Ange relevait son visage pour chercher ses lèvres. Douces, agréables, comme sa vie à ses côtés depuis ... longtemps.

— En parlant d'aventures intrépides au bout du monde ... J'ai reçu une lettre pour Ihsan. Elle vient de la part d'Eiko.
— Vraiment ?
— Elle a écrit qu'elle voulait l'épouser et nous demandait notre accord.
— Pfff, Mancinia ...

La légèreté avait été retrouvée, mais une ombre passait dans ses yeux.

— Elle organise un goûter et aimerait inviter Ihsan et Idril, reprit-elle, sa main se posait ensuite sur son front, accablée. Il m'est totalement impossible de prendre part à ce voyage. C'est bien trop loin et trop long pour des enfants et, en toute honnêteté, j'ai mieux à faire en ce moment ...

Taelora. Cela la préoccupait réellement, surtout que toute la cité était menacée, les préparations allaient bon train, dans la mesure de leurs capacités. Si elle se voulait désolée pour la jeune Orine, ce n'était plus dans ses priorités de se plier en quatre pour autrui, confier cette tâche à quelqu'un d'autre ... lancer ses enfants dans un voyage pareil alors qu'ils étaient des cibles évidentes, non, ce ne serait pas sa décision.

— Je vais y aller. Tu sais très bien que cela ne me demande pas tant de temps de déplacement.
— Tu veux téléporter nos enfants ? demanda-t-elle, hésitante. Est-ce que tu penses qu'ils le supporteront ?
— On fera des petits essais, mais tiens, d'ailleurs, où est-ce ?
— À Juvaniel.
— Ah ... Cela demandera quelques ajustements, mais je prendrais le temps. Tu es toujours à t'occuper d'eux, j'ai peu de temps à leur consacrer, les choses doivent changer. De plus, ce n'est que les jumeaux, cela devrait aller.

Petit clin d'oeil complice, soupir amusé. C'était décidé. Juvaniel, hein ? L'Ange avait lu dans le Journal les mentions d'une colocation existante au sein de la nouvelle cité d'une neutralité absolue ... et qui semblait bien se dérouler pour l'instant. Il comprenait la réticence de son épouse, Ihsan et Idril devant un Démon sans protection, devait la rendre dingue. Et il le comprenait très bien. Non. Par sécurité, ce serait certainement mieux qu'il s'y rende. Personne n'oserait quoi que ce soit. D'ailleurs, il ne savait que peu de choses sur les questions débattues lors des récentes réunions, Mancinia ne lui en avait que peu parlée, ce qui pouvait signifier deux choses ; soit elle avait été amplement déçue, soit ce n'était que des élucubrations sans intérêt, à ses oreilles, du moins. Et dire qu'il existait encore des incrédules qui croient à la Conciliation des races ... Les Orines étaient des exceptions, parce qu'elles étaient des créatures protégées par les Aetheri. Son regard se posait ensuite sur Mancinia, qui avait reprit le travail le coeur léger, à son bureau. Les Humains aussi étaient les Enfants de Sympan. Et pourtant, le Dieu-Créateur ne les avait pas protégé jusqu'au bout.

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La Vie est comme une Roue

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Devant son miroir, l'Imprévisible tentait de dompter ses mèches bouclées ayant du mal à tenir en place. Dans un soupir, elle choisit d'abandonner le combat et de se contenter de sélectionner des boucles d'oreilles assorties à sa tenue. Ce n'était pas qu'elle mésestimait le travail de ses domestiques, mais en dehors des habits complexes, comme des robes avec plusieurs fermetures spécifiques, ou des besoins de coiffure et de maquillage exigeant, la Marquise Leenhardt aimait de loin garder des traces de son quotidien et se vêtir comme elle l'entendait. Se faire belle pour plaire à quelqu'un. Pour Neah, par exemple. C'était qu'il devait retomber amoureux tous les mois, pour ne pas se lasser ! Son regard était néanmoins happé, plusieurs fois durant sa recherche, par un coffret posé sur la commode. Elle l'avait sorti de sa réserve, celle cachée de tous les regards. Il n'y avait rien de très dangereux dedans, seulement des artéfacts relativement rares et à manier avec précautions ; c'était les Colliers Raciaux offerts durant son mariage. Ces dernières étaient scellées dans le coffret, les Gardiens Azurés n'avaient jamais pris le temps de les remettre, après un premier essai. La curiosité passée quat à une pose, aucun des deux ne voulait changer sa nature raciale. Pourquoi son mari voudrait-il perdre sa magie et tout ce qui faisait de lui ce qu'il était ? Et pourquoi elle voudrait faire de même ? Ce n'était qu'un gage de confiance, une sorte ... d'amusement, peut-être ? Un échange.

Pourtant, Mancinia avait besoin de vérifier quelque chose.

Ses doigts effleuraient maintenant les contours blancs du bijou ... La Kaaezi savait ne pas être une Ange, elle assumait pleinement cette différence, demeurant conscience de la puissance de son Lien avec le sien. Pourrait-elle mieux les comprendre en la posant, plus que tout ce qu'elle savait déjà ? Cela n'avait aucune incidence sur son Lien, alors, peut-être ... ? Par sécurité, elle dénouait son haut pour le laisser tomber sur ses hanches, puisque le tissu n'aurait pas résister à l'apparition des ... ses yeux se fermaient, toujours décontenancée par leur lourdeur. Ce n'était pas pareil de le vivre en rêve, même avec un réalisme époustouflant, que de le ressentir pleinement. Comment Neah pouvait-il se battre avec ça ? Ce devait être un entraînement inhumain. Dans le miroir, elle n'avait pas changée, mais deux ailes blanches parcouraient ses côtés. C'était assez encombrant, alors ce n'était pas étonnant que leurs demeures soient épurées. Et ses enfants, devraient-ils vivre ainsi ? Devait-elle songer à rétablir sa décoration ? Et elle ... Est-ce qu'elle était différente comme ça ? ...

— Qu'est-ce que tu fais ?

L'Humaine se redressait d'un bon, relevant le tissu devant sa poitrine. Elle ne s'était pas attendu à ce qu'il arrive aussi tôt ! En se retournant, quelques objets tombèrent et répandait leur contenu sur le bois. Ce n'était qu'un sentiment de surprise, plus que de honte.

— Je ... !

Et là, Mancinia avait compris. Dans son regard, elle ne vit aucun changement. La même douceur, le même sourire amusé, la même position et le même Amour. Oui, Neah l'aimait tel qu'elle était. Rien n'avait changé.

— J'étais curieuse de quelque chose, soupira-t-elle.
— Oh ?
— Je me demandais si tu me regarderais différemment, mais ...

Ce n'était pas le cas. Son mari relâchait un soupir en riant, venant dans sa direction pour passer sa main dans ses plumes ; un frisson remontait sa colonne vertébrale.

— Tu es très belle, ainsi.
— C'est sensible, nota-t-elle.

Plus qu'elle ne l'aurait cru.

— Tu ne voulais pas plutôt savoir quelle sensation te donnait des ailes ?
— Oh, eh bien, disons que c'est un petit plus ! rit-elle, comme soulagée.

L'Ange sourit en observant ainsi la sincérité des traits de son épouse, mais dans toute sa beauté et son aura d'une pureté sans égale, autre chose le heurtait, sans que celle-ci n'en ait conscience ; sa magie était dévastatrice, en reflet exact à son antimagie. Comment aurait-elle pu ressentir ce pouvoir qui rongeait leur chambre et qui l'avait alerté dans le couloir ? Elle ne le maîtrisait pas naturellement et son corps angélique semblait canaliser les pulsions négatives qui pouvait émaner, mais un simple sentiment qui s'éloignait du chemin pouvait tout faire voler en éclats. Devait-il ... apprendre la magie à une Humaine ?

770 mots

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La Vie est comme une Roue

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Musique - Moskau

De nouveau, la Marquise de Nylmord avait un bouquet dans ses bras. Cela amusait énormément son mari de se montrer romantique, au point de mettre la barre relativement haut pour les autres époux, fiancés ou amoureux ; les Magiciennes prenaient leur vie maritale comme modèle, peut-être un peu à tort. Ils n'étaient pas exempts d'erreurs, de disputes ou d'aléas. Ils étaient souvent séparés, en raison de leurs tâches diverses ... La Bague Raciale enlevée, Mancinia était redevenue une Humaine tout ce qui a plus d'exterminatrice de magie, mais fort heureusement, pour leur sortie de ce soir, ils étaient isolés sur un des balcons de la salle. Ils discutaient en riant jusqu'au début de la pièce. Cet Opéra, nommé Balisto, racontait comment le personnage portant le même nom, fille d'un baron, partait dans la forêt pour ramasser des raisins. Son récit débutait lorsqu'elle découvrait un homme blessé, nommé Grills. Étant de nature généreuse, la jeune demoiselle lui vient en aide et, l'homme ayant perdu la mémoire, demeurait aux côtés de sa sauveuse. Au fur et à mesure de l'avancement, ils tombent amoureux. Cependant, le baron veut à tout prix rendre sa famille plus puissante et décide de marier son unique enfant à Kinder, le riche Comte d'une terre voisine. Grills supplie Balisto de fuir avec lui, par amour, mais son fiancé, au courant des sentiments de la demoiselle pour un autre homme, l'appâte avec de l'argent. Et là, c'est le drame. Grills s'avère être un Duc et, lassé de son indécision entre son coeur et son devoir, décide d'en épouser une autre. Au comble du désespoir, Balisto se suicide en se jetant dans une rivière, le Comte retrouvera son corps meurtrit et décide d'honorer son souvenir.

— Je ne m'attendais pas à ce que l'histoire soit si macabre ...
— C'est une tragédie comme il convient, j'imagine.

Ce n'était visiblement pas ce à quoi Neah s'attendait en réservant les places du dernier succès chez les Magiciens.

— Dis-moi ... Si tu avais été Balisto, qui aurais-tu choisi ?
— Le Comte Kinder. Je ne me serais pas non plus suicidée en hésitant entre ma raison et mon devoir.
— Vraiment ? Un homme riche ?
— Réfléchis, Neah. Grills n'est pas si bien que l'histoire le laisse supposer.

Son point de vue l'intéressait.

— Tout en connaissant la situation de Balisto, il a caché son identité et son statut de Duc. Toute la seconde moitié du récit nous montre la manière dont il a testé son amour.
— Mais si elle l'aimait réellement, elle n'aurait pas été tentée par la simple richesse.
— Tu vois cela sous le prisme des Anges, répliqua-t-elle, le regard tranchant. Change ta vision.

Cela l'amusait, visiblement.

— La situation de Balisto dépendait de son mariage.
— Le scénario fait passer Kinder pour une sorte de méchant bas de gamme, mais en vérité, lui aussi aimait Balisto. Il était prêt à prendre son temps pour qu'elle l'accepte en lui promettant de lui offrir ce dont elle avait besoin. Pour être honnête, j'ai du mal à accepter la conclusion de cet opéra, même si c'est très touchant.
— Et Balisto se suicide par désespoir après avoir vu Grills se marier avec une autre.
— N'est-ce pas une chose courante chez certains peuples ? Si ce n'était pas une tragédie ...
— Kinder et Balisto auraient pu vivre heureux ensemble, comme un couple normal.

Grâce au temps. Les sentiments que l'on pensait figés pouvaient évoluer et les cicatrices ancrées se muer en quelque chose de doux. Ils l'avaient vécus.

— Et pourquoi me regardes-tu ainsi ?
— Si tu n'es pas encore fatiguée ... est-ce que tu veux m'accompagner pour flâner un moment dans les rues ?

Son Gardien se doutait bien qu'elle aurait une fringale après trois heures assise, lui proposant alors de goûter des brochettes épicées, tandis qu'ils se promenaient, mais ce dernier avait un objectif en tête. Les musiques de la Baronnie de Balisto étaient sensationnelles et avaient données envie à l'Humaine de chanter et de danser sur le balcon après avoir repoussé les sièges ; de ce fait, son mari la conduisait directement vers des animations liées au spectacle qui animaient les rues environnantes et, surtout, l'interprétation de ce Moskau ! Ravie, Mancinia attrapait ses mains, l'entraînant. Elle voulait danser sur cette musique, l'apprendre par coeur et la reproduire avec lui, plus tard ! Ensemble, ils pouvaient tout faire.

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La Vie est comme une Roue

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Essoufflés, les Écuyers de l'Aurore s'étaient éloignés sous le regard des passants et des applaudissements, l'animation concernant la danse avait subitement attiré tout le monde, tel des papillons nocturnes ; leur aura chaleureuse, malgré la perte conséquente de magie, avait ravivé leurs sentiments de bonheur. Dans les rues adjacentes, plus calmes, leurs ombres étaient projetées au sol par des lampions de lumière blanche.

— Je me suis bien amusée ! admit-elle, tout sourire, avant qu'un ombre ne passe sur son visage. Je dois être une mère indigne à penser qu'être seule avec toi est vraiment agréable, de temps en temps.
— Nous avons le droit d'avoir nos moments à nous, la reprit-il, avant de se pencher vers son oreille. Sinon, comment aurons-nous des enfants, dis-moi ?

Mancinia éclatait de rire, s'écartant en le repoussant, tout en lui donnant une tape sur l'épaule.

— Où est passé l'Ange qui refusait chacune de mes tentatives ?
— Qui sait ? Il est sûrement parti se reposer, loin d'ici.

Ce dernier avait attendu le mariage, respectant les codes de sa race, sans jamais faillir. Même leur union improvisée sur Koelyë n'avait pas ébranlé ses convictions, peu importait les tentatives de l'Humaine, de ses faiblesses, de son envie de lui ... Neah avait toujours vu son corps, mais l'avait respecté, au point que même Léto Sùlfr avait été en mesure d'immortaliser cet Amour et cette tendresse au travers de sa peinture, qui reposait dans le même lieu que ce coffret contenant leurs bagues raciales. Peut-être devrait-elle le révéler au monde ? Non, son Ange ne le supporterait pas.

— Nous devrions retourner à Koelyë, lorsque tu auras réussi à prémunir les Humains de Taelora et que les Anges seront implantés sur Rivellon. Je sais que Rosa et Ian peuvent se débrouiller, mais je n'ai pas envie de délaisser un territoire si prometteur.
— C'était difficile de nous y rendre à cause des mouvements stellaires.
— Cela a retardé bien des choses, même si les océans sont enfin débarrassés des Voraces.

S'arrêtant au milieu de la rue, à côté du fleuve, les époux regardaient la voûte, l'air songeur.

— J'ai l'impression qu'elles ont cessées de bouger.
— Comment de telles choses peuvent apparaître sans raison un beau soir ?
— N'est-ce pas là une volonté des Aetheri ?

À ses yeux, les Dieux étaient devenus des enfants capricieux. Neah ne parvenait plus à les comprendre, il n'en avait ni le temps ni l'envie, contrairement à son épouse, soucieuse de leur état d'esprit, qui pouvait impacter l'ensemble du monde.

— L'Origami, l'Okae et le Coin-Coin.

Neah ressentait distinctement le regard de l'Imprévisible sur son visage, cherchant une trace de plaisanterie.

— Ce ne sont pas des appellations officielles.
— Choix personnels ?
— Les enfants sont très prolifiques, tu ne penses pas ?

Certainement les Jumeaux qui avaient voulus suivre leurs aînés durant une soirée plus longue que d'ordinaire. L'idée la ravissait, même si Mithra et Rakhshan lui manquait, longuement absents en raison de leur service militaire. Comment ne pas être fier, au-delà de l'absence ?

— Tu as chamboulé ma vie comme les étoiles ont chamboulées le ciel.

Les yeux ronds de l'Humaine regardaient son Gardien.

— La carte du ciel peut être redessinée, les continents être engloutis et même les Aetheri peuvent tomber, que mon amour pour toi ne changera jamais.
— Pourquoi tu ... ?
— Tu n'as pas besoin d'être une Ange.

La Bague, son hésitation.

— Oh, je ... Tu veux devenir Apakan, alors, je ...
— Tu es mon Humaine. Tu n'as pas besoin d'être autre chose. Tu seras notre meilleur soutien, je le sais, tu l'es déjà et je t'aime encore plus pour cela.

Sous les étoiles, observatrices de tout se qu'il se produisait sur les Terres de Sympan, Mancinia et Neah s'embrassaient. S'il y avait bien une chose de certaine en ce monde, c'était qu'ils s'aimaient.

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